Pinocchio sur Amazon

Posté par vincy, le 30 avril 2020

Présenté à Berlin hors-compétition, Pinocchio, dans une version réalisée par Matteo Garrone (Gomorra, Dogman) devait sortir en salle le 18 mars 2020. Pour cause de confinement, Jean Labadie, président du producteur-distributeur Le Pacte, avait pris en compte la fermeture des salles et reporté le film: "Notre seule ressource est la salle puisque le piratage a tué la vidéo qui autrefois pouvait rattraper un échec en salle. L’investissement très important de Le Pacte déjà pris pour que ces films existent nous oblige à la prudence."

Le film avait alors été décalé au 1er juillet. Or, les salles sont toujours fermées. Et une éventuelle réouverture le 1er juillet reste hypothétique pour l'instant.

L’adaptation moderne du conte avec Roberto Benigni dans le rôle de Gepetto ne sera finalement visible que sur Amazon Prime Video. Un choix étrange de la part du Pacte tant Amazon symbolise, en tant que Gafas, la non exception culturelle. Certes, ce n'est pas Netflix (qui veut anéantir la chronologie des médias). Les films d'Amazon studios sortent en salles. Mais pour avoir accès à Prime Video, il faut être membre du service Prime du géant du e-commerce, condamné en France le 14 avril pour non respect des règles sanitaires, l'obligeant à fermer ses entrepôts. Et on ne parle pas de l'évasion fiscale pratiquée à un haut niveau par le groupe de Jeff Bezos. Un pacte avec le diable?

Toujours est-ils que les consommateurs d'Amazon (un tiers des acheteurs de produits en ligne en France) pourront voir Pinocchio dès le 4 mai. Nommé 15 fois aux David di Donatello (les César italiens), le film est une coproduction franco-italienne. Amazon Prime Video avait déjà récupéré un film prévu en salles le 18 mars la comédie de Katia Lewkowicz, Forte, avec Valérie Lemercier, Melha Bedia et Alison Wheeler, disponible depuis le 15 avril sur la plateforme.

Les premières images du Pinocchio de Matteo Garrone

Posté par vincy, le 11 décembre 2019

Une nouvelle version de Pinocchio sera dans les salles françaises le 18 mars 2020. Cette fois-ci, c'est Matteo Garrone qui en est le réalisateur. Le film pourrait être l'un des événements de la Berlinale, mais avant cela il testera son succès auprès des spectateurs italiens dès le 19 décembre.

Selon la note d'intention, il s'agira de l'adaptation fidèle du conte de Carlo Collodi, paru en 1883, en utilisant l'art des maquillages et des trucages plutôt que les technologies numériques. "Quiconque s'est approché de Pinocchio a toujours pris la liberté de réinventer, d'actualiser. Chaque époque a cherché à se l'approprier. De sorte qu'en relisant l'original, presque tout y paraît inédit" explique le réalisateur.

Matteo Garrone, Grand prix du jury à Cannes pour Gomorra en 2008 et Reality en 2012, renoue avec son amour des fables, quatre ans après Tale of Tales, présenté lui aussi à Cannes, tout comme son dernier film, Dogman (2018).

Le rôle de Gepetto sera interprété par Roberto Benigni. C'est son premier film depuis 2012 (To Rome with love de Woody Allen). Benigni, Grand prix du jury à Cannes pour La vie est belle en 1997, avait lui-même réalisé une version de Pinocchio en 2002, où il incarnait le pantin au nez qui s'allonge quand il ment.

Federico Ielapi (Pinocchio), Rocco Papaleo (Gatto), Marine Vacth (Fata Turchina) et Massimo Ceccherini (Volpe) complètent le casting.

Outre la version de Walt Disney en 1940, Pinocchio a été le héros de nombreux films et variations cinématographiques comme A.I. Intelligence artificielle de Steven Spielberg. Guillermo del Toro prépare lui-même une adaptation pour 2021 pour Netflix.

Jeu concours : des places à gagner pour Tale of tales de Matteo Garrone

Posté par MpM, le 22 juin 2015

Tale of Tales de Matteo Garrone, présenté en compétition lors du 68e Festival de Cannes, sort sur les écrans le 1er juillet prochain. Dans un récit tour à tour burlesque, terrible, picaresque et merveilleux, il fait se croiser et se rencontrer Vincent Cassel, Salma Hayek, John C. Reilly et Toby Jones.

Il était une fois trois royaumes voisins où dans de merveilleux châteaux régnaient rois et reines, princes et princesses : un roi fornicateur et libertin, un autre captivé par un étrange animal, une reine obsédée par son désir d'enfant... Sorciers et fées, monstres redoutables, ogre et vieilles lavandières, saltimbanques et courtisans sont les héros de cette libre interprétation des célèbres contes de Giambattista Basile.

Le pacte vous fait gagner 5X2 places pour le film. Il suffit de répondre par courriel à la question suivante (en mentionnant votre nom et vos coordonnées postales) :  en 2008, Matteo Garrone a remporté le Grand Prix du Festival de Cannes avec un film traitant de la mafia napolitaine. De quel film s'agit-il ?

Attention, aucune réponse postée dans les commentaires du site ne sera prise en compte.

Vincent Cassel et Salma Hayek chez Matteo Garrone

Posté par vincy, le 20 janvier 2014

Après Gomorra et Reality, tous deux grand prix du jury à Cannes, respectivement en 2008 et 2012, Matteo Garrone prépare son prochain film, The Tale of Tales.

Pour la première fois, le cinéaste italien a engagé deux vedettes internationales. Salma Hayek et Vincent Cassel se donneront la réplique, en anglais. Le tournage, selon les informations de Variety, se déroulera en Italie ce printemps.

Le film est une co-production franco-italienne. Le Pacte, déjà distributeur des deux premiers films du cinéaste, s'est associé à Archimede film, la société de Garrone.

On ne sait pas grand chose de l'histoire. Tout juste Garrone a-t-il expliqué qu'il s'agit d'une "revisitation" des différents contes traditionnels italiens, transposés à notre époque.

A noter également que Le Film français avait annoncé la semaine dernière que Vincent Cassel serait l'une des vedettes du prochain film de Maïwenn (Polisse), aux côté d'Emmanuelle Bercot. Le film devrait se tourner début mars.

Venise 2012 : Marco Bellocchio et Matteo Garrone, deux divorces à l’italienne

Posté par kristofy, le 12 septembre 2012

Le président du jury Michael Mann et ses huit jurés parmi lesquels il y avait le réalisateur italien Matteo Garrone (tout juste auréolé d’un grand prix à Cannes par son compatriote italien Nanni Moretti pour son film Reality) ont rendu leur verdict, et celui-ci fait grincer quelques dents en Italie.

Matteo Garrone ne veut plus être juré dans un festival italien


Pourtant ce palmarès récompense effectivement les films qui étaient les meilleurs de l’avis général : The Master de Paul Thomas Anderson, Pieta de Kim Ki-duk, Paradise : Faith de Ulrich Seidl, ainsi que Après mai de Olivier Assayas et Fill the Void de Rama Burshtein : tous ces films étaient pressentis dans nos pronostics, mais avec un ordre différent pour les récompenses.

Cependant les réactions, grogne en partie chauvine, n’ont pas tarder à faire grincer des dents chez nos voisins italiens : ils reprochent à Michael Mann et à son jury de ne pas avoir mieux récompensé le cinéma italien. Le dernier film "local" à avoir eu le Lion d’or remonte à 1998 (Mon frère de Gianni Amelio). La pression des médias nationaux est telle que Matteo Garrone, membre du jury, a du faire une déclaration pour prendre ses distances, en avouant que c’était un cauchemar : il ne veut plus jamais être juré dans un festival italien.

Marco Bellocchio ne présentera plus de films à Venise

Le problème s'appelle Marco Bellocchio. Celui-ci a exprimé publiquement sa colère à propos de son film La Bella addormentata. Complètement ignoré du palmarès, il confesse, dépité ;  « je ne présenterai plus jamais un film à Venise ! » Son film aborde un épisode politique en Italie : le cas de d'Eluana Englaro euthanasiée par sa famille après 17 ans de coma, luttant ainsi contre la pression de plusieurs manifestations de fidèles catholiques (le Pape est quasiment le chef d'état d'un des pays les plus conservateurs d'Europe) et des hommes politiques qui préparaient une loi interdisant cet acte.

Pour lui « L'Italie s'est affrontée sur le destin de cette pauvre jeune femme, il y a eu une grande tension médiatique, un affrontement entre catholiques et laïcs. Je ne voulais pas comparer les différentes positions sur l'euthanasie, ni condamner ceux qui ont la foi. » Son film fait se mélanger quatre histoires inégales, un politicien qui voudrait voter contre les consignes de son parti, une mère (Isabelle Huppert, mal dirigée) qui veut qu’on prie pour sa fille dans le coma, un médecin qui  soigne une toxicomane, et un coup de foudre. Malheureusement La Bella addormentata semble passer à côté de son sujet. Sorti le 6 septembre en Italie, il ne cumule que 400 00 euros de recettes, et n'est que 6e au box office. Le film n'a pas encore de distributeur en France. L'exportation risque d'être difficile. Même si à Toronto le marché peut se réveiller grâce aux prestigieux noms à son affiche, La Bella addormentata ressemble plus à un téléfilm sans grande envergure…

Mauvais joueur?

Marco Bellocchio est très mauvais joueur. Ce n'est pas la première fois qu'il s’offusque ainsi quand un de ses films n'est pas récompensé. Déjà en 2003 son film Buongiorno Notte avait été ignoré du jury (pourtant composé d'italiens comme Stefano Accorsi et Mario Monicelli qui était le président) ; il avait déjà fait le reproche de récompenser des films étrangers plutôt que le cinéma italien.

Cette année, la sélection officielle (toutes sections confondues) comptait 14 cinéastes italiens contre 11 cinéastes américains.

Le jury de Michael Mann à tout de même fait une concession en accordant un prix de la meilleure contribution technique à Daniele Ciprì pour È stato il figlio (prix plus diplomatique que mérité), et même un prix révélation meilleur jeune interprète à Fabrizio Falco (pour ce même film et aussi  pour La Bella addormentata).

On ajoute aussi que l’une des meilleures surprises de cette 69ème édition du Festival de Venise est Low Tide (certes tourné aux Etats-Unis avec des acteurs américains) de Roberto Minervini, un réalisateur italien !

Venise 2012 : Michael Mann connaît les membres de son jury

Posté par vincy, le 13 juillet 2012

Deux comédiennes, une artiste (légèrement masochiste), cinq cinéastes. Ou une française, une serbe, une britannique, un italien, un argentin, une suisse, un israélien et un hong-kongais. Voilà le casting final!

La 69e Mostra de Venise a dévoilé son jury aujourd'hui. Michael Mann, déjà annoncé le 1r juin, comme président, sera donc entouré de Laetitia Casta, atout charme, Marina Abramovic (Lion d'or de la meilleure installation à la biennale de Venise en 1997), Samantha Morton (et pas Norton comme l'a écrit l'AFP, ndlr), Matteo Garrone (deux fois Grand prix du jury à Cannes, dont cette année avec Reality), Ari Folman (Valse avec Bashir), Pablo Trapero (dont le dernier film était à Cannes cette année), Ursula Meier (Home, L'enfant d'en haut) et Peter (Ho-Sun) Chan (Les seigneurs de guerre, Swordsman et Comrades ; Almost a Love Story).

Cannes 2012 : Une absurde accusation de corruption contre le jury de Nanni Moretti

Posté par vincy, le 3 juin 2012

Il y avait un précédent à l'affaire qui suivit la remise des prix cannois dimanche soir. Souvenez-vous en 2004, Quentin Tarantino remettait la Palme d'or à Fahrenheit 9/11, le documentaire de Michael Moore. Or Tarantino et Moore ont le même producteur, Harvey Weinstein. Il n'en suffisait pas plus pour croire à une connivence, un cadeau, que renforça le Lion d'or que Tarantino, alors président du jury de Venise, décerna à son ex-copine Sofia Coppola en 2010.

Un complot? une corruption passive? De quoi était accusé le jury de Moretti? Que de grands mots! En effet, selon un article du Monde, si "la Palme d'or décernée à Michael Haneke pour Amour n'a guère souffert de contestation", sur internet,  "les critiques se sont concentrées sur le reste des prix attribués. Quatre des six films récompensés par le jury présidé par Nanni Moretti sont en effet coproduits et/ou distribués par une même société, Le Pacte." Le quotidien établissait ainsi un lien insidieux entre la société de production et de distribution Le Pacte et Nanni Moretti, dont le dernier film Habemus Papam a également été produit (et distribué en France) par Le Pacte.

Certes, on pouvait s'étonner de la concentration par un distributeur des films primés ; d'autant que le film de Mungiu a récolté deux prix, le très contesté (pour ne pas dire rejeté) Reygadas a eu les honneurs de la mise en scène et l'italien Matteo Garonne, moyennement apprécié par les festivaliers, a hérité du Grand Prix. Mais Le Pacte, créé par Jean Labadie en 2007, monte en puissance années après années. Rien d'étonnant donc à le voir avec autant de films en compétition. En 2011, le distributeur avait 7 films sur la Croisette (dont le Moretti, Drive, Les bien-aimés, ...). Cette année, idem : 7 films (dont cinq en compétition et le film d'ouverture de la Semaine de la critique).

Thierry Frémaux, délégué artistique du Festival, a remis les pendules à l'heure, sur Twitter, en jouant la transparence. Déjà il est revenu en arrière en mentionnant le soupçon qui pesait sur le jury de Tarantino : « Sans enquête et en se faisant l'écho "des réseaux sociaux", Le Monde affirme l'existence d'un supposé conflit d'intérêt Moretti/Palmarès. C'est oublier que Moretti n'a qu'une voix sur 9, c'est mal le connaître que le croire corrompu, comme le serait tout le jury. Aggravant son cas, Aureliano Tonet dénonce Tarantino accordant en 2004 la Palme à Michael Moore produit comme lui par Harvey Weinstein. En 2004, Michael Moore l'avait emporté 5 voix à 4 contre Park Chon-wok (Old Boy). Il y a prescription: TARANTINO N'AVAIT PAS VOTE MOORE! »

Voilà, désormais, on le sait, Park Chan-wok a frôlé la Palme, et ce n'est pas la faute de Tarantino. Frémaux a raison de rappeler qu'un jury est une somme d'individualités. Même si Gilles Jacob a rappelé dans ses livres que certains Présidents avaient une autorité parfois trop pressante, que certains choix ont divisé et même déchiré des jurys, il reste qu'il faut choisir 7 ou 8 films sur 22. Le reproche que l'on peut faire à Moretti et son jury, outre l'absence du Carax, c'est d'avoir gâché un prix en en remettant deux à un même film ou encore de ne pas avoir utilisé le cadeau bonus du prix du 65e anniversaire. Mais reconnaissons que le Mungiu, le Garrone et le Loach avaient toute légitimité d'être sur scène dimanche soir.

Il a fallu 8 ans pour connaître les détails des délibérations du jury de Tarantino. Le temps est souvent long à Cannes. Il y a une sorte de durée de prescription respectée par la direction du Festival. Peut-être qu'en 2020, on saura pourquoi et à cause de qui Reygadas l'a emporté sur Carax.

Thierry Frémaux rappelle le bon sens de ce jeu injuste qu'est une délibération de jury : « Que le jury fasse bien ou mal, c'est une chose et on peut le juger. Le soumettre à cette culture du soupçon, c'en est une autre ». Il ajoute : « Vous savez quoi? A Cannes comme ailleurs, les jurés votent selon leurs… convictions. Décevant, non? Rassurant, plutôt, hein. »

Concentration et transparence

Rien n'empêche le public d'aller voir ailleurs, les films préférés par les critiques ou les festivaliers par exemple (même si trois des primés ont fait plutôt consensus). Le palmarès n'est pas parole d'évangile. Le Festival de Cannes cette année fut bon, mais son palmarès n'en est pas la meilleure illustration.

Quant au soupçon généralisé, il traduit deux choses : les films présentés dans les festivals sont de plus en plus liés à un petit nombre de sociétés qui misent encore sur une politique d'auteurs et de cinéma art et essai (c'est le cas du Pacte comme celui des frères Weinstein) ; et puis, il y a ce diktat contemporain de la transparence. Les rumeurs cannoises le dimanche font partie du jeu, mais celui-ci devient de plus en plus agressif. Comme si la frustration de ne pas en être - ce qui explique pourquoi on fait payer si cher un jury qui se serait égaré - accentuait la nervosité de chacun. Faut-il skyper ou webcamer les délibérations? Les diffuser le lendemain comme on filme le moindre pas d'une campagne électorale? En cela, pas sûr que les tweets ludiques et légers de Gilles Jacob, Président du Festival, photographiant les jurés dans leur conclave, révélant l'animation des débats avec des gestes saisis sur le vif, arrangent les choses : les médias en voudront toujours plus, encore plus, insatiables.

Ce serait regrettable d'aller plus loin. Le mystère et la surprise ont du bon. Cela sert un certain suspens. Et par conséquent, le plaisir (ou pas) de découvrir le palmarès, à égalité avec tous les téléspectateurs. Journalistes, nous avons quand même eu l'immense privilège de voir ces films avant tout le monde. C'est aussi notre rôle de ne pas se soucier des prix (les Oscars et les Césars ont rarement récompensés les meilleurs films de l'année) et de convaincre le public, parce que nous avons vu ces films dans des conditions exceptionnelles, de nous faire confiance en suivant nos recommandations.

Mise à jour 4 juin 2012

Cannes 2012 : Amour, Palme d’or normale pour un palmarès frustrant

Posté par vincy, le 27 mai 2012

=> Tous les prix remis à Cannes cette année.

La cérémonie du 65e Festival de Cannes commençait pourtant bien avec la Caméra d'or pour Les bêtes du sud sauvage de Benh Zeitlin, projeté à Un certain regard. Coup de coeur d'Ecran Noir, nous ne pouvions que retrouver le sourire après un dimanche de rumeurs agaçantes, de spéculations hasardeuses. Heureusement Gilles Jacob twittait et même "twitpicait', Thierry Frémaux faisait un heureux parallèle entre la Palme d'or et Roland Garros, qui débutait aujourd'hui.

Et cette année, la première surprise de ce palmarès était de n'avoir vu aucune Palme d'or d'honneur décernée, et finalement aucun prix du 65e anniversaire, une première depuis sa création en 1982 (ce prix est remis tous les 5 ans).

Le jury était donc sûr et certain : sur les 22 films présentés, seulement 6 allaient se partager 7 prix. On oublie le Audiard, soit. Mais le Loznitsa (prix de la critique internationale) et le Carax (prix de la jeunesse) ? Carax repart donc les mains vides alors même que son film était l'un des plus réussis, les plus audacieux, les plus "amoureux". Un prix aurait été nécessaire pour sa carrière. Au lieu de cela on donne un prix du jury à Ken Loach (qui n'en a pas besoin pour séduire le public tant sa comédie est réjouissante), même si La part des anges méritait d'être au tableau d'honneur (le scénario aurait été plus juste).

Mais le scénario a été remis à celui de Cristian Mungiu, pour Au delà des collines. On reste stupéfaits tant le film a justement une faille, son scénario. Celui-ci tourne autour de la psychologie intime des deux rôles féminins principaux sans jamais aborder frontalement leur lesbiannisme et se perd dans sa dernière heure, dans une histoire répétitive, parfois vide, et mal emboîtée. Le prix d'interprétation féminine pour les deux comédiennes semblait plus évident. Il s'agit du premier film de Cristina Flutur et de Cosmina Statran. Deux prix pour le Mungiu, c'est un de trop.

Heureusement, le jury présidé par Moretti a eu du bon sens en récompensant Mads Mikkelsen d'un prix d'interprétation masculine. Dans La chasse, son jeu subtil prend une dimension presque tragique face aux accusations qui pèsent sur lui. On peut être également content de voir Matteo Garrone remporter son deuxième Grand prix, après Gomorra. Reality était l'un des films les plus intéressants, malgré ses maladresses, de la Compétition. Mais un Grand prix du jury, n'est-ce pas un peu trop haut?

A contrario, la Palme d'or pour Amour de Michael Haneke (qui rejoint le club des double palmés, composé de l'Américian Francis Ford Coppola, du Danois Bille August, du Serbe Emir Kusturica, du Japonais Shohei Imamura et des frères belges Dardenne), est un choix évident. D'autant que Moretti a bien spécifié qu'il y associait Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva "pour leur contribution fondamentale en tant que comédiens". Favori des critiques, ce film épuré et bouleversant nous avait conquis. C'est sans doute l'oeuvre la plus maîtrisée du cinéaste avec La pianiste et Le ruban blanc.

En revanche, on ne peut que contester le prix de la mise en scène pour Carlos Reygadas nous glace. Post tenebras Lux est un film où la forme, incompréhensible, parfois grotesque, écrase un fond, assez banal sous son apparence ésotérique. "Il faut parfois accepter de ne pas tout comprendre et de se laisser porter par les sensations générées par un film" écrivions-nous. Mais l'exaspération nous gagnait face à cette oeuvre aussi opaque qu'égocentrique (partiellement autobiographique, obsessionnelle, et peu généreuse). En soutenant ce genre de propositions, on comprend les louables intentions du jury, qui se doit aussi de défendre le cinéma dans toute sa diversité. Mais dans ce cas, il ne faut pas oublier les cinéastes qui savent allier la forme et le fond (ou le genre), à l'instar d'Anderson, de Loznitsa ou de Carax, pour ne prendre que trois exemples. Reygadas peut toujours ironiser sur les critiques qui n'y comprennent rien : il sera difficile d'inciter les spectateurs à subir une telle purge.

Cependant, tout cela peut se comprendre, a un sens pour ne pas dire une grande cohérence. Les films choisis, hormis le Loach, évoquent tous la mort ou/et la folie de manière parfois radicale ou clinique. La pluie aura donné des idées grises anthracite à ce jury, qui, en passant à côté d'autres propositions plus harmonieuses, a donné une tonalité grave et frustrante à une édition presque aussi bonne que celle de l'an dernier.

Comptez sur nous pour défendre les films que nous avons aimés, même s'ils ne sont pas dans la liste de M. Moretti.

Cannes 2012 : L’acteur principal de Reality, film en compétition, est en prison

Posté par vincy, le 18 mai 2012

Comme l'avait annoncé Thierry Frémaux lors de la conférence de presse du Festival de Cannes, le 19 avril dernier, l'acteur Aniello Arena, rôle principal de Reality, de Matteo Garrone, présenté aujourd'hui en Compétition, est toujours incarcéré. Absent de la conférence de presse du film ce midi, il ne sera pas non plus sur les marches ce soir.

Le réalisateur a pris soin d'évoquer le problème : "Aniello Arena est membre de la Compagnia della Fortezza constituée de détenus: il a obtenu l'autorisation de nous rejoindre pour le tournage mais pas celle de venir à Cannes". Si l'on ignore les raisons de cet emprisonnement, Garrone a tenu de préciser qu'il "est en prison depuis 18 ou 19 ans. Il a commencé à jouer il y a 12 ans avec la Compagnia della Fortezza. Le juge l'a autorisé à jouer dans notre film". Il poursuit : "Pendant la journée, il était sur le tournage et le soir il retournait en prison".

Incarcéré à la Maison d'arrêt de Volterra (près de Pise en Toscane), où fut fondée il y a plus de 20 ans la Compagnia della Fortezza dirigée par le metteur en scène Armando Punzo, Aniello Arena, 44 ans, a joué de nombreuses pièces (Shakespeare, Brecht) y compris en tournée (depuis 5 ans). On l'a aussi aperçu dans des documentaires.

Rappelons que les Frères Taviani ont reçu en février l'Ours d'or à Berlin pour leur film César doit mourir, qui met également en scène des acteurs emprisonnés : ils y interprètent librement "Jules César" de Shakespeare par des détenus d'un quartier de haute-sécurité de la centrale de Rebbibia, à Rome.

Gomorra, grand gagnant des European Film Awards

Posté par vincy, le 7 décembre 2008

statue.gifEn recevant le Prix du meilleur film européen le 6 décembre à Copenhague, Gomorra, adaptation du best-seller de Roberto Saviano, Grand Prix du jury à Cannes et représentant l'Italie pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, conjure un absence de onze ans dans ce palmarès, depuis La vita è bella en 1997. Le film de Garrone obtient cinq prix, dont celui du meilleur acteur partagé avec un autre film italien primé à Cannes, Il Divo : le comédien Toni Servillo jouant dans les deux. Deux autres prix son à distingués. Hunger, découverte de l'année, qui confirme ainsi sa Caméra d'or cannoise. Et Kristin Scott-Thomas en meilleure comédienne dans le film français Il y a longtemps que je t'aime. L'actrice pourrait obtenir une nomination à l'Oscar pour ce film, mais surtout part favorite pour les César, face à Deneuve, Testud, Baye et Moreau (Yolande).

Meilleur film : GOMORRA (Italie)
Meilleur réalisateur : Matteo Garrone (Gomorra, Italie)
Meilleur acteur : Toni Servillo (Gomorra et Il Divo, Italie)
Meilleure actrice : Kristin Scott Thomas (Il y a lontemps que je t'aime, France)
Meilleur scénario : Maurizio Braucci, Ugo Chiti, Gianni di Gregorio, Matteo Garrone, Massimo Gaudioso & Roberto Saviano (Gomorra, Italie)
Meilleure photo : Marco Onorato (Gomorra, Italie)
Prix d'excellence : Magdalena Biedrzycka (costumière de Katyn, Pologne)
Meilleur compositeur : Max Richter (Valse avec Bashir, Israël)
Découverte de l'année : Hunger, de Steve McQueen (Royaume Uni)
Prix FIPRESCI de la critique européen : La graine et le mulet (France)
Prix Arte du meilleur documentaire : René, de Helena Trestikova
Prix UIP du meilleur court métrage : Frankie, de Darren Thornton

Prix d'honneur : Dame Judi Dench

Prix pour la contribution européenne au cinéma mondial : Le Dogme danois - Søren Kragh-Jacobsen, Kristian Levring, Lars von Trier, and Thomas Vinterberg

Prix du public 2008 : Harry Potter et l'ordre du Phoenix, de David Yates (Royaume Uni)