5 raisons d’aller à la Cinémathèque française d’ici la fin de l’année…

Posté par vincy, le 10 septembre 2012

La Cinémathèque française a lancé sa saison 2012/2013, proposant un programme aussi chargé que varié. Voici 5 bonnes raisons d'y aller régulièrement d'ici la fin de l'année. En 2013, la saison battra son plein avec le centenaire de Universal, les rétrospectives des Frères Coen, de Bertolucci et de René Clément, le cinquantenaire des Films du Losange, et surtout, bien entendu, la grande exposition dédiée à Jacques Demy.

1. Les enfants du Paradis.

Grande exposition de l'automne. Le film légendaire de Marcel Carné (tourné durant la libération de Paris et sorti en salles quelques semaines avant la fin de la guerre, en mars 1945), sur un scénario de Jacques Prévert, re-sortira en version restaurée dans les salles. Revoir ainsi sur le boulevard du Crime, Arletty, Jean-Louis Barrault, Pierre Brasseur et Maria Casarès. La Cinémathèque organise pour l'occasion une rétrospective Marcel Carné, une autre sur le cinéma de Jacques Pierre Prévert. L'exposition promet des documents rares sur ce film, élu meilleur film de tous les temps par les critiques à l'occasion du centenaire du cinéma. 24 octobre-27 janvier 2013.

2. Otto Preminger.

Deux semaines après sa grande rétrospective au Festival de Locarno, la Cinémathèque lui rend hommage. Gene Tierney dans Laura, Marilyn dans La Rivière sans retour, James Stewart dans Autopsie d'un meurtre, Paul Newman dans Exodus ou encore Frank Sinatra dans L'homme au bras d'or : il a donné aux légendes hollywoodiennes quelques uns de leurs plus grands rôles, entre drame intense et tragédie noire. Prince du classicisme, il a réalisé quelques unes des plus belles oeuvres du cinéma américain, avec un génie de la direction d'acteur et un certain talent pour provoquer la censure. 30 août-8 octobre.

3. Manoel de Oliveira.

Le doyen du 7e art tourne toujours. Avec une carrière en deux temps, qui commence en 1929 mais ne reprend qu'avec la disparition de la dictature au Portugal, ce maître qui sait si habilement mêlé littérature, théâtre et cinéma, a construit une oeuvre aussi singulière que radicale, ironique qu'élégante,, parfois joyeuse, et gourmande en grands comédiens de toutes nationalités. Au-delà de son style a priori statique, cette rétrospective permet  également de deviner les grands thèmes qu'il a voulu aborder en 80 ans de cinéma. 6 septembre-21 octobre.

4. Jean-Louis Trintignant.

L'un des plus grands comédiens français. Devenu rare, pour ne pas dire absent, depuis la tragédie personnelle qui l'a anéanti (la mort de sa fille Marie), il revient en géant dans Amour de Michael Haneke, Palme d'or de l'année (en avant-première le 15 octobre). 4 fois nommé aux Césars, sa nomination en 2013, qui ne fait aucun doute, devrait être la bonne. Un César pour un sacre. Il aura tourné avec les plus grands : Chabrol, Chéreau, Cavalier, Costa-Gavras, Bertolucci, Clément, Deville, Vadim (avec Bardot), Risi, Comencini, Rohmer, Audiard, Scola, Kieslowski, Deray, Lelouch (chabadabada), Truffaut... Une rencontre avec l'acteur se déroulera le 14 octobre. Sans doute l'une des dernières du comédien, qui veut arrêter de faire du cinéma. 26 septembre-12 novembre.

5. Toute la mémoire du monde.

Du 28 novembre au 2 décembre, la Cinémathèque organise son premier Festival international du film restauré. Une manière d'explorer, découvrir, partager le travail de restauration, la sauvegarde d'un patrimoine fragile, les films rescapés, autour de débats et d'ateliers.

Locarno 2012 : les films américains en force, Delon honoré

Posté par vincy, le 11 juillet 2012

On connaissait les jurys, les artistes honorés (Carax, Rampling, Milchan ...), les focus (films africains et mexicains), la rétrospective (Otto Preminger). Locarno a achevé de révéler sa programmation et ses invités. Parmi ces derniers, on note la présence de Elsa Martinelli, Bertrand Bonello, Eric Cantona,  ... "Tout le cinéma, rien que le cinéma" comme le clame Olivier Père dans son édito de présentation.

Locarno remettra plusieurs prix pour l'ensemble de leur carrière : Johnnie To, Harry Belafonte, Peter-Christian Fueter. Mais également un prix pour l'ensemble de son oeuvre à Alain Delon (Rocco et ses fèrres sera d'ailleurs projeté durant le Festival).

Naomi Kawase, Dino Risi, Hannes Schmidhauser, Ben Wheatley, Sarah Morris, Renato Pozzetto, Robert Aldrich, Krzysztof Zanussi, Ornella Mutti, Samuel Fuller seront éclairés sous la forme d'un hommage.

Si on constate la présence de quelques français dans chacune des sélections, ce sont les américains qui semblent omniprésents : 6 films sur la Piazza Grande, 4 en compétition internationale, 3 dans Cinéastes du présent.

Géographiquement,  l'Europe (Royaume Uni, Allemagne, Autriche, Benelux essentiellement), l'Amérique du nord et l'Asie sont très bien représentés, au détriment des cinéphilies latino-américaines, orientales et d'Europe centrale et du sud.

Piazza Grande

  • Bachelorette de Leslye Headland (Etats-Unis)
  • Bonjour tristesse d’Otto Preminger (Etats-Unis)
  • Camille redouble de Noémie Lvovsky (France)
  • The Swiss Miss Massacre de Michael Steiner (Suisse)
  • Lore de Cate Shortland (Allemagne/Australie/Royaume-Uni)
  • Magic Mike de Steven Soderbergh (Etats-Unis)
  • More Than Honey de Markus Imhoof (Suisse/Allemagne/Autriche) film de clôture
  • Motorway de Soi Cheang (Hong Kong)
  • Nachtlärm (Lullaby Ride) de Christoph Schaub (Suisse/Allemagne)
  • No de Pablo Larraín (Chili/États-Unis/Mexique)
  • Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé (France)
  • Elle s’appelle Ruby de Jonathan Dayton et Valerie Faris (Etats-Unis)
  • Touristes de Ben Wheatley (Royaume-Uni)
  • The Black Balloon de Josh et Benny Safdie (Etats-Unis)
  • The Sweeney de Nick Love (Royaume-Uni) film d’ouverture
  • While We Were Here de Kat Coiro (Etats-Unis)
  • Wrong de Quentin Dupieux (France)

Compétition internationale

  • La dernière fois que j’ai vu Macao de João Pedro Rodrigues et João Rui Guerra da Mata (Portugal/France)
  • Berberian Sound Studio de Peter Strickland (Royaume-Uni/Allemagne/Australie)
  • Compliance de Craig Zobel (Etats-Unis)
  • Der glanz des tages de Tizza Covi et Rainer Frimmel (Autriche)
  • Image Problem de Simon Baumann et Andreas P?ffner (Suisse)
  • Jack And Diane de Bradley Rust Gray (Etats-Unis)
  • La fille de nulle part de Jean-Claude Brisseau (France)
  • Leviathan de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel (Royaume-Uni/États-Unis/France)
  • Los mejores temas de Nicolás Pereda (Mexique/Canada/Pays-Bas)
  • Mobile Home de François Pirot (Belgique/Luxembourg)
  • Museum Hours de Jem Cohen (Autriche/Etats-Unis)
  • Padroni di casa de Edoardo Gabbriellini (Italie)
  • Playback de Sho Miyake (Japon)
  • Polvo de Julio Hernández Cordón (Guatemala/Espagne/Chili/Allemagne)
  • Somebody Up There Like Me de Bob Byington (Etats-Unis)
  • Starlet de Sean Baker (Etats-Unis)
  • The End Of Time de Peter Mettler (Suisse/Canada)
  • Une estonienne à Paris d'Ilmar Raag (France/Estonie/Belgique)
  • Wo hai you hua yao shuo de Ying Liang (Corée du Sud)

Cinéastes du présent

  • Ape de Joel Potrykus (Etats-Unis)
  • Arraianos d’Eloy Enciso (Espagne)
  • Boa sorte, meu amor de Daniel Aragão (Brésil)
  • Inori de Pedro González-Rubio (Japon)
  • Ji Yi wang zhe wo de Song Fang (Chine)
  • Les gouffres d’Antoine Barraud (France)
  • Les mouvements du bassin de HPG (France)
  • Not In Tel Aviv de Nony Geffen (Israël)
  • Orléans de Virgil Vernier (France)
  • People’s Park de Libbie Dina Cohn et J.P. Sniadecki (États-Unis/Chine)
  • Tectonics de Peter Bo Rappmund (Etats-Unis)
  • Tower de Kazik Radwanski (Canada)
  • Tutti giù de Niccolò Castelli (Suisse)
  • Vakansi yang janggal dan penyakit lainnya de Yosep Anggi Noen (Indonésie)
  • Winter, Go Away, collectif d'artistes (Russie)

Judith Anderson, gouvernante perpétuelle de « Rebecca »

Posté par benoit, le 4 novembre 2008

judithanderson.jpgDans le domaine de Manderley, une silhouette sombre aux traits et aux cheveux tirés semble flotter et apparaît sans bruit comme une figure de cartoon macabre. Si Mme Danvers, la gouvernante des lieux, s’ingénie à torturer la nouvelle Lady de Winter (la sublime Joan Fontaine, à gauche sur la photo), c’est par amour pour Rebecca, sa maîtresse disparue. Gardienne de sa mémoire, elle règne sur la chambre de la défunte. Morbide jusqu’au fétichisme, elle remet en place une brosse à cheveux telle une relique. Caresse sur sa joue une fourrure des plus douces. Plonge ses doigts dans une lingerie si fine que la peau s’y dévoile. Dévorée par le souvenir, Mme Danvers finit par incendier Manderley pour que personne ne prenne la place de Rebecca.

À mi-chemin entre le drame romantique et le film noir et gothique, Rebecca est la première réalisation de Hitchcock à Hollywood. Adapté d’un roman de Daphné du Maurier, le personnage central de l’intrigue - bien que secondaire - est celui de Mme Danvers interprété à la perfection par Judith Anderson. Ce rôle tragique est complexe. Il traduit non seulement le désarroi d’une domestique frustrée par la mort de sa maîtresse, mais symbolise aussi le rejet de la société tout entière envers les amours homosexuelles. D’où son statut de gouvernante qui la condamne à rester dans l’ombre et à périr dans les flammes comme une sorcière.

Judith Anderson (à droite sur la photo), de son vrai nom Frances Margaret Anderson-Anderson, voit le jour le 10 février 1897 à Adelaide, en Australie. Elle débute au théâtre à Sydney, puis émigre aux Etats-Unis en 1918. Son incarnation de Lady Macbeth sur les planches new-yorkaises dans les années 1930 la fait entrer dans la légende. En 1940, Alfred Hitchcock l’engage pour incarner Mme Danvers dans Rebecca. Elle est nommée à l’Oscar du meilleur second rôle féminin qu'elle ne remporte pas. Judith Anderson se spécialise alors dans les personnages de femme sévère, de matrone vicieuse au physique revêche. Elle campe la rivale de Gene Tierney dans Laura (1944) d'Otto Preminger, la mère torturée de La Vallée de La Peur (1947) de Raoul Walsh avec Robert Mitchum. Elle interprète toutefois un personnage bienveillant, celui de Big Mama dans La chatte sur un toit brûlant (1958) de Richard Brooks aux côtés de Paul Newman et d’Elizabeth Taylor. Judith Anderson meurt le 3 janvier 1992.

AFI (10). Drames judiciaires : quatre grands films en tête

Posté par vincy, le 7 juillet 2008

mockingbird.jpgLe tribunal de justice méritait bien son genre tant de films s’y passent. De Preminger (Autopsie d'un meurtre, 7e) à Wilder (Témoin à charge, 6e), tous les grands cinéastes s’y sont collés. Notamment Sidney Lumet qui place Douze hommes en colère (2e) et 25 ans plus tard The Verdict (4e). Idem pour les écrivains : amis dans la vie, Harper Lee et Truman Capote se croisent aussi dans ce top 10, avec, respectivement, Du silence et des ombres (1e) et De sang froid (8e). Et même les plus grandes actrices y trouvent quelques-uns de leurs plus grands films. Meryl Streep (Kramer vs Kramer, A Cry in the Dark) et Marlene Dietrich (Témoin à charge, Jugement à Nuremberg) classent deux films chacune dans cette liste. C’est un Top 10 très stars avec Gregory Peck, Henry Fonda, Dustin Hoffman, Paul Newman, Tom Cruise, Jack Nicholson, James Stewart, Spencer Tracy, Burt Lancaster… De la peine capitale aux crimes nazis, du divorce à une accusation d’infanticide, du sadisme militaire aux préjugés raciaux, ce classement est bizarrement le plus politique, le plus ancré dans les problèmes de la société.

Notre avis : Difficile de départager les deux premiers tant ils ont installés les bases de ce genre, et ouvert la voie à un cinéma socialement progressiste et politiquement avant-gardiste.

Dernier épisode : les épopées, du péplum à la seconde guerre mondiale

Blockbusters ’08 : Qui est Kim Cattrall?

Posté par vincy, le 27 mai 2008

kimcattrall.jpg

On ne la connaît que dans son rôle de femme quadra (quinca au cinéma) nymphomane et indépendante dans la série (et désormais le film) Sex and the city. Mais Kim Cattrall n'est pas que Samantha Jones! Cette britannique de 52 ans, plastiquement roulée à merveille, a grandi au Canada, fait ses études d'art dramatique à New York, et commencé par le théâtre (notamment une mise en scène d'Otto Preminger dans les années 70). Une vraie passion qui la fera jouer du Mamet, du Miller, du Tcheckov... Cette croqueuse d'hommes (elle fut même la maîtresse d'un ancien Premier Ministre canadien), qui parle allemand comme anglais, est une abonnée des soirées caritatives et des actions de bienfaisance.

Celle qui avoue s'exciter davantage avec un rôle de femme fatale que de mère au foyer a souvent joué au cinéma les blondes de service, celles qui rendent le héros aux gros muscles un peu mou et distrait. C'est le cas de Kurt Russell dans Big Trouble in Little China (John Carpenter), Steve Guttenberg dans le nanar Police Academy, en femme de Tom Hanks dans Le bûcher des vanités (Brian de Palma), et même Jean-Paul Belmondo dans Hold-Up (Alexandre Arcady).

Sinon elle apparaît en "guest star" ou second rôle dans 15 minutes (avec De Niro et Norton), le catastrophique Crossroads (avec Britney Spears), l'énigmatique succès Baby Geniuses (aux côtés de Kathleen Turner), et même Star Trek VI ! La télé l'a souvent utilisée, de "Columbo" aux "Simpsons" (en reporter, Chloe Talbot).

Etonnant que cette femme si exigeante, "golden globisée" pour son incarnation de Samantha Jones, ait fait des choix aussi médiocres. Peut-être, à l'instar de Sharon Stone, que ce genre de femmes très émancipées fait peur aux mâles dirigeants les studios...

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Interview de Micky Sebastian, la voix française de Kim Cattrall, mais aussi de Sharon Stone, Jessica Lange, Jodie Foster...