Exception culturelle : réactions en chaîne après la sortie de piste de la Commission européenne

Posté par vincy, le 18 juin 2013

josé manuel barroso Vendredi, après de longues discussions, la Culture, y compris le secteur audiovisuel, est sortie du mandat donné à la Commission européenne pour négocier un Traité de libre-échange avec les USA. Toujours critiquée par les défenseurs du libéralisme (au nom d'une lutte contre un soi-disant déclin), l'exception culturelle est sauvée.

La France était prête à imposer son véto si l'Europe incluait ces secteurs dans les négociations. La ministre de la culture et de la communication Aurélie Filippetti était parvenue à rallier 14 pays à la cause. Le parlement européen avait voté l'exclusion de la culture du mandat. Des cinéastes européens avaient signé une pétition pour soutenir la France dans son combat.

Réactionnaires

Cela n'a pas plu à José Manuel Barroso, président de la Commission européenne. A un an de la fin de son mandat, alors qu'il vise un poste prestigieux international - on parle de l'ONU - qui nécessite l'appui des Américains, Barroso mise gros. Sa réaction ne fut pas très diplomatique : "Cela fait partie d'un agenda antimondialisation que je considère comme complètement réactionnaire", a dit José Manuel Barroso dans une interview publiée lundi par l'International Herald Tribune. "Certains se disent de gauche mais en réalité, ils sont extrêmement réactionnaires" a-t-il ajouté.

Dès le week-end le torchon avait brûlé avec les propos incendiaires  du commissaire européen en charge de la négociation, le très libéral Karel De Gucht. Le commissaire au Commerce a affirmé qu'il discutera du secteur audiovisuel (y compris Internet) avec les Etats-Unis malgré le mandat donné à la Commission par les ministres européens. Pour lui, le compromis voté par les Etats membres n'est que "provisoire". Une sortie de piste peu appréciée (et illégitime).

Chiffon rouge

Or, dans les faits, s'il devait discuter du secteur audiovisuel avec les USA, il devrait demander de nouveau l'autorisation aux Etats membres, et la proposition ne pourrait être votée qu'à l'unanimité. Le Président de la république François Hollande a immédiatement répliqué : "L'exception culturelle est un principe qui a toujours été évoqué et à chaque fois écarté des négociations commerciales" conduites par l'Union européenne ces dernières décennies. Or, tant que la France reste ferme sur ses positions, il n'a aucune chance de pouvoir le faire. Et pour l'instant, les Américains ne demandent pas que la culture et l'audiovisuel soient inclus dans ce futur hypothétique Traité. Au dernier Festival de Cannes, des producteurs comme Harvey Weinstein et des cinéastes comme Steven Spielberg ont clairement défendu l'exception culturelle (autrement dit la préservation des éco-systèmes financiers pour défendre la diversité culturelle). Alors, beaucoup de bruit pour rien?

Cependant, l'état d'esprit de la Commission en dit long : les Etats l'empêchent de réaliser son grand projet de libéralisation totale du marché. Qu'on soit pour ou contre,  elle méprise toute contestation, prête à jouer les marchands de tapis (la Commission rêve d'ouvrir le secteur audiovisuel en échange de l'ouverture du secteur des télécoms aux USA). Mais le mal est fait, et a obligé le porte-parole de Barroso, Olivier Bailly, de rassurer les responsables français. Selon lui, le terme "réactionnaire" ne visait pas la France. "Le président Barroso a toujours affirmé son attachement à l'exception culturelle". Il ajoute qu'"il n'y a aucune divergence sur le fond entre la Commission et le gouvernement français sur ce point".

Barroso, dangereux et cynique?

Car, dans ce jeu politique assez logique, les réactions n'ont pas tardé. Entre consternation et incompréhension, indignation et colère, politiques, artistes et sociétés d'auteurs ont taclé la Commission européenne, coupable à leurs yeux de déni démocratique (et institutionnel).

Si l'on en croit Bailly, Barroso a réagit aux attaques des artistes : "M. Barroso est un homme dangereux pour la culture européenne" avait dit Costa-Gavras. Et la lettre des cinéastes européens (Almodovar, Oliveira, Frears...) l'accusait d'être "un homme cynique, malhonnête, méprisant qui nuit aux intérêts européens".

A cela s'ajoute la pétition lancée par Bérénice Bejo, Lucas Belvaux, Luc et Jean-Pierre Dardenne, Jacques Fansten, Costa Gavras, Michel Hazanavicius, Laurent Heynemann, Pierre Jolivet, Daniele Luchetti, Radu Mihaileanu et Bertrand Tavernier, qui n'attaque personne mais vise clairement la vision de la Commission : "Notre combat n'est pas une revendication corporative, c'est l'affirmation que ce qui est l?âme des peuples ne peut pas se monnayer dans des négociations commerciale. Chaque peuple doit pouvoir soutenir et protéger sa culture : nous l'avions affirmé, c'est "un facteur d'échange et de compréhension mutuelle", c'est encore plus vital en des temps de crise. Le droit à la diversité culturelle est un droit de l'homme." Les auteurs de cette pétition se défendent d'être conservateurs : "Au contraire, nous voulons considérer que c'est un nouveau départ pour construire ensemble l'avenir, et notamment élaborer une économie durable et équitable de la Culture, à laquelle devront aussi contribuer nécessairement les géants numériques, aujourd'hui exemptés de toute responsabilité vis à vis de ce qui fait leur fortune."

Position moderne, combat d'avenir

La ministre Aurélie Filippetti y a vu "une attaque en règle contre tous ceux qui ont suivi la position française", soit "les artistes, les créateurs, et puis évidemment les peuples" en évoquant le Parlement européen. "Certains nous ont traité de réactionnaires. Ceux qui ont traité la France de réactionnaire devraient se souvenir que la France n'était pas seule dans ce combat", a-t-elle ajouté. Le Commissaire européen français Michel Barnier, malgré les contradictions de son communiqué, ménageant la chèvre et le chou a abondé en ce sens : "Quand on défend la diversité culturelle, on n'est pas réactionnaire, on est dans un combat d'avenir".

Filippetti a insisté lors de sa conférence de presse de dernière minute, hier : "Notre position, elle n'est pas défensive, elle n'est pas conservatrice et encore moins réactionnaire, c'est une position résolument moderne parce que sans exception culturelle, nous ne pourrons pas remplir le défi qui s'ouvre à nous, à savoir la transition de nos outils de régulation du secteur économique de la culture à l'ère du numérique".

Dans un an, tout sera oublié?

De son côté Eric Garandeau, président du CNC, a déploré la sortie de route de la Commission : "Si être réactionnaire, c'est de réagir à des idéologies douteuses qui ont fait tant de dégâts en Europe et dans le monde, réagir est un devoir et on veut bien être réactionnaires".

La ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq, qui est responsable du dossier en France, a relativisé tout cela : "Si jamais on y revenait (sur l'exception culturelle), parce que les Américains nous le demandaient, ce qu'ils n'ont pas fait officiellement aujourd'hui, il faudrait revenir vers les Etats pour modifier le projet de mandat et ce serait la même règle c'est-à-dire l'unanimité, et la France dira encore une fois non".

Elle rappelle que ce Traité ne se signera pas dans dans ans. "Avec le Canada ça fait cinq ans que l'on négocie et nous n'avons toujours pas trouvé l'accord". Et elle renvoie le Commissaire dans le fossé : "Nous savons que nous avons beaucoup de sujets à régler mais en tout cas nous n'avons pas à discuter de l'exception culturelle, elle est sortie du mandat".

Et une chose est sûre, Barroso ne devrait pas être reconduit l'an prochain. Il est fort probable que les élections européennes prévues en 2014 renforce même le poids des "conservateurs" et des "réactionnaires" à la politique menée par cette Commission, de plus en plus critiquée et même défiée par les peuples éuropéens.

Appels à la libération du cinéaste Syrien Orwa Nyrabia

Posté par vincy, le 31 août 2012

Orwa Nyrabia, 34 ans, a été arrêté le 23 août à l'aéroport de Damas, capitale de la Syrie, pays qui subit les ravages d'une guerre civile depuis mars 2011. Emprisonné dans les cellules des Services de renseignements du régime de Bachar El-Assad, qui lutte pour son maintient au pouvoir, le cinéaste n'a plus donné signe de vie depuis. Il devait se rendre au Caire (Egypte). La compagnie EgyptAir assure de son côté qu'il n'a pas embarqué.

Le festival de Cannes, la Cinémathèque française, la SACD, la Scam, la SRF et l’ARP ont signé un appel commun, sous forme de pétition, pour réclamer sa libération. "Orwa Nyribia appartient à la jeune génération de cinéastes et cinéphiles syriens, amoureux du cinéma du monde entier et épris de liberté. Son arrestation nous inquiète et nous indigne. Nous exigeons qu’Orwa Nyrabia soit remis au plus vite en liberté" peut-on lire dans ce texte. 140 cinéastes du monde entier ont signé la pétition qui ajoute : "Tout son travail consiste à bâtir pacifiquement des ponts entre les êtres, considérant l'art, le cinéma, comme un des moyens les plus efficaces pour atteindre ce but."

La direction du festival du film de Toronto (Tiff) a fait savoir hier, jeudi 30 août, qu'elle était "extrêmement préoccupée" par la disparition du cinéaste Orwa Nyrabia. Le communiqué indique que "Nyrabia appartient à la génération émergente de réalisateurs passionnés par le monde du cinéma et par la liberté. Nous sommes extrêmement inquiets d'apprendre son arrestation: les réalisateurs doivent pouvoir s'exprimer au travers de leurs films sans craindre de représailles".

Martin Scorsese a également rédigé une déclaration : "Je suis extrêmement inquiet d’apprendre que le réalisateur et producteur syrien Orwa Nyrabia a été arrêté par le régime syrien, est détenu dans un lieu inconnu et privé de toute communication avec le monde exterieur, y compris sa famille proche. La communauté internationale du cinéma doit rester vigilante, et porter attention à toute injustice perpétrée contre contre nos collègues artistes. Nous devons maintenir la pression pour obtenir la libération immédiate d’Owa Nyrabia".

Nyrabia est directeur du festival de documentaires Dox Box (la 5e édition a été annulée en mars dernier et la femme de Bachar Al-Assad siège dans le comité de son festival) ; il fut aussi membre du jury de plusieurs festivals internationaux. Le cinéaste est également producteur de films documentaires (il a notamment partagé avec son associée Diana Al Jaroudi le Grand Prix du Réseau européen du documentaire.

On l'a aussi vu dans La porte du soleil de Yousri Nasrallah, en 2004, sélectionné au Festival de Cannes, où il tenait le rôle principal.

A priori, il allait en Egypte (pays qui critique publiquement les exactions du régime syrien) à l'invitation du collectif Mosireen pour présenter son dernier film, In the Shadow of a man, qui traite de la révolution égyptienne et du rôle des femmes.

Ses proches s'inquiètent. Généralement, selon Claude Kandiyoti, initiateur du mouvement, les prisonniers donnent des nouvelles au bout de 48h. Les services de renseignement ont effacé toute trace de lui sur les réseaux sociaux. Au journal Le Monde, Kandiyoti, désespéré, confie "Ils veulent qu'il disparaisse complètement ". Sa famille se cache à Damas. Un autre acteur syrien a été arrêté pour avoir aidé des concitoyens dans le besoin (perte de logement, d'emploi dû à la répression). D'autres artistes - Mohammed Omar Ouso, Mina Wasif, l'actrice Yara Sabri ou l'écrivaine Rima Flihan, ont ainsi été enlevés.

Orwa Nyrabia utilisait sa notoriété et ses réseaux proches du pouvoir pour mieux combattre le régime, de manière souvent subversive, à travers ses documentaires. Il avait déjà été interdit de production, bien avant le début de la révolte.

Grève à Cinecittà : une pétition pour sauver les studios mythiques romains

Posté par vincy, le 11 juillet 2012

Cinecittà en crise. Les studios romains, qui appartiennent quasiment au patrimoine du cinéma mondial, sont occupés par quelques dizaines de salariés depuis une semaine, qui défendent le site, menacé de démantèlement en vue de projets immobiliers.

"Des dizaines d'ouvriers, d'artisans, doivent quitter ce site pour aller éventuellement travailler ailleurs, certaines tâches seront confiées à des sociétés externes et nous ne comprenons pas comment ces projets peuvent être synonymes de développement des studios", a déclaré Alberto Manzini, responsable régional de la branche spectacle et communication de la CGIL (gauche), la principale confédération syndicale italienne.

L'ARP, société française des Auteurs, Réalisateurs et Producteurs, a lancé une pétition pour protéger les studios. Claude Lelouch, adu Mihaileanu, Jean-Jacques Beineix, Jeanne Labrune, Olivier Nakache, Artus de Penguern, Jean-Paul Salomé, Costa-Gavras, Michel Hazanavicius, Cédric Klapisch, Coline Serreau, Abderrahmane Sissako et Raoul Peck ont déjà signé le texte. EcranNoir.fr s'est joint à eux. Pour l'instant, il y a un peu plus de 200 signataires.

La pétition est ouverte à tous : "Alertés par leur confrère Ettore Scola, les cinéastes européens sont scandalisés de constater que les studios de Cinecitta, haut-lieu du patrimoine cinématographique mondial, sont mis en péril pour des motifs spéculatifs, et honteusement considérés avec aussi peu d'égards qu'un parking ou un supermarché" explique-t-elle.

L'ARP rappelle la place patrimoniale du lieu dans la culture mondiale : "Est-il urgent de détruire ce lieu inséparable du cinéma de Fellini, Visconti, Comencini, Lattuada, entre autres, pour construire un centre de fitness? Maigrir aux dépens du patrimoine et de la culture, tout un symbole: même sous Berlusconi, ils n'avaient pas osé!". Les studios ne sont toujours pas classés monuments historiques.

Le problème vient de la privatisation des studios en 2007. Italian Entertainment Group - IEG (dont l'Etat est actionnaire à hauteur de 20%) a décidé d'optimiser le foncier. Le plan de développement inclue une externalisation des effectifs de la postproduction, des "délocalisations" du personnel de la production, des activités liées au parc automobile et de la scénographie vers des sous-traitants et surtout des projets de construction d’un hôtel de luxe, de parkings, d’un centre de fitness et de restaurants autour d’un nouveau studio (ce qui ferait un total de cinq). Le serpent de mer du parc à thèmes dédié au cinéma revient aussi à la surface.

Les cinéastes Ettore Scola et Sabrina Guzzanti ont très vite soutenu les salariés de Cinecittà Studios. IEG se justifie en affirmant qu'aucun licenciement n'est en jeu et en défendant une stratégie nécessaire pour sa compétitivité internationale. Partout en Europe, les studios se créent ou se modernisent, développement des équipements annexes pour rentabiliser leurs terrains.

Mais l'Italie, frappée durement par la crise, réduit ses interventions publiques. Difficile d'imaginer un gouvernement taillant dans les dépenses venir sauver cette institution, sauf à le classer au registre du patrimoine italien. Les responsables politiques de gauches ont décidé de soutenir les grévistes. "Les travailleurs de Cinecitta occupent les studios pour attirer l'attention de l'opinion publique sur une spéculation incompréhensible qui risque de toucher un secteur important de notre culture et de notre économie", a déploré Antonio Di Pietro, chef du parti d'opposition Italie des valeurs (IDV).

Mais il y a peu d'espoir. Après plus de 30 ans d'abandon de politique culturelle, l'Italie ne parvient pas à sauver son patrimoine historique. Le comble est que la ville de Rome investit massivement dans son Festival de cinéma, afin de battre à moyen terme celui de Venise. Une rivalité insensée qui coûte une fortune aux différentes collectivités concernées.

Le nouveau programme Europe Creative inquiète les organisations professionnelles

Posté par vincy, le 5 mai 2012

Le 23 novembre dernier, la Commission européenne de Bruxelles a crée Europe Créative, un programme (2014-2020) de 1,8 milliard d'euros pour la culture. MEDIA n'est pas dissout mais se voit englobé par Europe Creative et ses fonds sont augmentés. Après une année de discussions, consultations et même de pétitions avec la menace qui pesait sur le programme MEDIA, Androulla Vassiliou, commissaire en charge de l'éducation, la culture, le multilinguisme et la jeunesse, a lancé Europe Créative qui combinera l'ensemble des mécanismes de soutien en un seul organisme permettant de répondre à toutes les demandes émanant des industries culturelles et créatives. 900 millions d'euros seront dédiés au secteur cinématographique et audiovisuel (rappelons que MEDIA bénéficiait sur la période 2007-2013 de 755 millions d'euros).

Selon la commission, ce sont 300 000 artistes et professionnels de la culture, 1 000 films européens, 2 500 salles de spectacles et de cinéma qui sont concernés.

"Les aides attribuées par Europe Créative ne pourront être sollicitées par des individus mais via des sociétés ou des organisations culturelles. Tous les membres de la communauté européenne et du marché commun pourront y prétendre. Les dossiers de demandes devraient se voir grandement simplifiés", explique la Commission. "Sans le soutien de l’Union, il leur serait difficile, voire impossible, de percer sur de nouveaux marchés" ajoute la commissaire Androulla Vassiliou.

Une programme trop flou

Reste que l'initiative inquiète par ses imprécisions. Le 24 avril, deux jours avant l'audition publique à Bruxelles sur les suites du programme Europe Creative, les Coalitions européennes pour la Diversité culturelle ont exigé des éclaircissements et des garanties pour l'autonomie et le financement des actions et des colets média et Culture. Elles ne retrouvent dans cette proposition aucune des garanties qui avaient été promises en mars 2011 par le Président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, et la Commissaire européenne à la Culture.

Dans leur communiqué, elles demandent la garantie de l’autonomie des  volets « MEDIA/MEDIA Mundus» et « Culture »la garantie de l’augmentation réelle de la somme allouée à « MEDIA/MEDIA Mundus » et « Culture » ; la garantie de la préservation de l’identité de « MEDIA/MEDIA Mundus » ; que le futur programme « Europe Créative » s’inscrive dans l’esprit et la logique de la Convention de l’UNESCO pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles ratifiée par l’Union européenne.

Les Coalitions européennes ont déjà annoncé qu'elles se mobiliseraient au cours des prochaines semaines, pour que le Parlement européen, co-législateur sur ce dossier, puisse les transcrire en acte juridique et préciser les lignes d’actions et les moyens qui leur seront alloués.

Une initiative pas isolée

Les Coalitions ne sont pas seules à réclamer des garanties et exiger plus de clarté puisque l'Arp, Europa Distribution, Europa International et Europas Cinémas ont publié une tribune commune datée du 26 avril, jour de l'audition publique. Ils rappellent l'importance du programme MEDIA et son impact sur les productions audiovisuelles, tant d'un point de vue artistique que financier. Ils réclament que le secteur audiovisuel et cinématographique soit spécifiquement pris en compte, de manière particulière et non pas noyé dans un ensemble. Surtout, ils souhaitent que les budgets continuent de financer la distribution des oeuvres européennes.

Lors de cette audition publique du 26 avril, la députée européenne italienne Silvia Costa (Socialiste et démocrates), a félicité l'action de la Commission mais elle a également critiqué l'imprécision du texte et la fusion des différents programmes existants. "Nous devons proposer des programmes distincts : un pour l'industrie culturelle, un pour l'industrie des médias et un pour les secteurs à l'intersection des deux". La présidente allemande de la commission de la culture et de l'éducation, Doris Pack (Parti populaire), a également demandé des détails sur le budget prévu.

Prochaine étape : le 10 mai, où une réunion importante sur le sujet entre les ministres de la culture européens à Bruxelles devrait mobiliser de nombreux professionnels européens. Le rapport du Parlement sera présenté en octobre 2012.

Parallèlement, une campagne a été lancée, We are more, accompagnée d'une pétition et d'un manifeste.

Rappelons que le secteur culturel représente 4,5% de la richesse européenne et emploie 3,8% de sa population active.

Une pétition pour soutenir les cinéastes iraniens emprisonnés

Posté par MpM, le 1 octobre 2011

Un communiqué conjoint du Festival de Cannes, de la Cinémathèque française, de la SRF, de la SACD et de France Culture dénonce les exactions commises par le gouvernement iranien sur les six artistes emprisonnés depuis le 18 septembre (voir notre actualité du 20 septembre) et propose de signer une pétition intitulée "Manifestons notre soutien aux cinéastes iraniens emprisonnés".

Ces derniers, Mojtaba Mirtahmasb (voir aussi notre actualité du 7 septembre), Nasser Saffarian, Hadi Afarideh, Mohsen Shahrnazdar, Marzieh Vafamehr et la productrice Katayoun Shahabi sont accusés d'espionnage par les ministres de l'Information, de la Police secrète et de la Culture, mais également par les médias gouvernementaux, d'autres réalisateurs proches du régime et des associations d'étudiants islamiques.

"Selon nos informations, le gouvernement iranien a l'intention de museler tous les organismes et artistes indépendants", accusent les auteurs du texte. Le régime ne semble en effet pas prêt à en rester là puisque le communiqué révèle qu'un autre artiste iranien, le caméraman Touraj Aslani, a été arrêté "alors qu'il se trouvait dans un avion en partance pour la Turquie". Par ailleurs, toujours selon le texte, la Maison du Cinéma en Iran, qui s'était prononcée pour la libération des cinéastes emprisonnés, a été "accusée d'être un parti politique en contact avec l'étranger" et privée de reconnaissance officielle.

Les détenus ne peuvent recevoir la visite de leurs proches, à qui il a d'ailleurs été interdit d'évoquer publiquement leur situation. Il est presque impossible de réaliser pleinement la violence d'un tel verrouillage de la liberté d'expression. Toutefois, on en a eu un aperçu frappant lors de l'avant-première de Ceci n'est pas un film de Jafar Panahi et Mojtaba Mirtamasb à la cinémathèque française. Le cinéaste Mohammad Rasoulof, lui-aussi en attente d'une décision de justice, avait en effet préféré garder le silence face au public qui l'acclamait, plutôt que de prendre le risque d'une seule parole "déplacée". Dans la guerre symbolique livrée par Téhéran à ses artistes et intellectuels, la chape de silence, qui écrase efficacement toute tentative d'ouverture ou de révolte, s'avère une arme aussi cruelle qu'efficace.

A défaut d'obtenir la libération des cinéastes poursuivis, le public international se doit de briser ce silence insoutenable. Pour cela, deux moyens d'action : signer la pétition proposée par les représentants du cinéma français, mais surtout aller voir les films des cinéastes inquiétés par le régime comme Au revoir ou Ceci n'est pas un film, actuellement en salles, afin de  prouver que leur parole n'est pas encore complétement étouffée.

Soirée de soutien aux cinéastes iraniens condamnés

Posté par MpM, le 29 janvier 2011

liberté pour jafar panahiAlors qu'on attend d'un jour à l'autre la décision des autorités iraniennes sur la recevabilité de l'appel déposé par Jafar Panahi après avoir été condamné à six ans de prison et vingt années d'interdiction de travailler, une soirée de soutien aux trois cinéastes iraniens condamnés (Jafar Panahi bien sûr, mais aussi Mahamad Rasoulov et Mohammad Nourizad) se tiendra le 1er février au cinéma La Pagode.

De nombreux artistes (Agnès Varda, Amos Gitai, Michel Piccoli, Mohsen Makhmalbaf, Romain Goupil, Rafi Pitts...) viendront s'exprimer sur scène tandis que des messages de soutien seront lus (Vincent Lindon, Jeanne Moreau, Jean-Pierre Mocky...). Le dernier long métrage de Jafar Panahi, Hors jeu, sera également projeté.

En mai 2010, le cinéaste iranien déclarait au New York Times : "Lorsqu’un réalisateur ne fait plus de films, c’est comme s’il demeurait en prison". C'est donc une double peine qui le menace, ainsi que Mahamad Rasoulov, coupable seulement d'avoir participé au dernier projet de Jafar Panahi. Les organisateurs de cette soirée de soutien (La Règle du Jeu et le Cinéma La Pagode) veulent également médiatiser le cas de Mohammad Nourizad,  arrêté en décembre 2009 pour avoir écrit une lettre de contestation à l'Ayatollah Ali Khamenei et qui a entamé une grève de la faim en décembre 2010.

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Contacts et informations
La Pagode - Marie Durand 01 46 34 82 54 -
La Règle du Jeu - Maria De França 01 45 44 98 74 -

Malaise dans l’industrie du cinéma au Portugal

Posté par vincy, le 19 mars 2010

Des réalisateurs et producteurs portugais ont lancé une pétition pour sauver leur cinéma national. Ils demandent au ministre de la culture, Gabriela Canavilhas, de prendre des mesures évitant la disparition d'une industrie fragile, dans ce petit pays en proie à de sérieux problèmes économiques.

Le Portugal est l'un des rares pays a avoir subit une baisse de sa fréquentation en 2009, de l'ordre de 2,9%. Avec à peine 470 000 spectateurs dans les salles, les films portugais ne représentent que 3% des entrées.

Mais le groupe, qui inclus Manoel de Oliveira, exige surtout une réforme du Fonds d'investissement dans le cinéma et l'audiovisuel, considéré comme féodé aux chaînes de télévision et composé de membres dépendants de groupes qui ne cherchent pas à valoriser le 7e Art. Le FICA a beau être doté d'un budget quinquennal de 83 millions d'euros, seule une faible part est réellement investie.

Les professionnels demandent aussi des financements supplémentaires, une obligation de la chaîne de TV publique, la RTP, de produire et diffuser du cinéma portugais, un soutien plus affirmé aux distributeurs et aux salles de cinéma indépendantes, et des moyens pour favoriser la diffusion de films européens et indépendants.

 

Polanski : la passion au coeur d’une guerre des lobbysistes (2)

Posté par vincy, le 10 octobre 2009

polanski.jpg"Un jugement équitable n'est plus possible, après tant de temps et d'erreurs dans l'enquête"

Durant le premier jour de son arrestation, les dépêches étaient "froides", très "juridico-légales". Première à réagir : la corporation du 7e Art. L'artiste au-dessus des Lois, les mots maladroits de certains, le sentiment qu'un homme comme Roman Polanski mérite une forme d'impunité. La communication est hasardeuse, fougueuse, et persuadée de son bon sens.

Une première pétition réunissant Costa-Gavras, Wong Kar-Wai, Fanny Ardant, Woody Allen, Martin Scorsese, David Lynch, Michael Mann, Wim Wenders, Julian Schnabel, Pedro Almodovar, Alejandro Gonzalez Inarritu, Ettore Scola, Marco Bellocchio, Giuseppe Tornatore, Monica Bellucci, Abderrahmane Sissako, Tony Gatlif, Pierre Jolivet, Jean-Jacques Beineix, Paolo Sorrentino, Michele Placido, Barbet Schroeder, Gilles Jacob, ou encore Bertrand Tavernier apparait très vite. Hélas, le motif parait faible par rapport aux faits reprochés : "Cette extradition, si elle intervenait, serait lourde de conséquences et priverait le cinéaste de sa liberté." En revanche, elle souligne un point vital pour le cinéma mondial : "Forts de leur extraterritorialité, les festivals de cinéma du monde entier ont toujours permis aux oeuvres d'être montrées et de circuler et aux cinéastes de les présenter librement et en toute sécurité, même quand certains États voulaient s'y opposer."

Car si l'on traque Polanski ainsi, quid des cinéastes dissidents chinois, cubains ou iraniens quand ils viendront dans un pays comme la France, capable, actuellement, de renvoyer n'importe quel enfant afghan ou homosexuel arabe dans son pays ou encore de garder à vue un documentariste pour délit de solidarité?

Le jeune Festival de Zurich a du annuler son hommage à Polanski, mais n'a jamais été aussi médiatisé. Des affiches réclamant la libération ou la non-extradition du réalisateur ont fleuri sur les cinémas de la ville. Les Suisses l'ont d'autant plus mal pris que l'artiste avait un chalet dans le pays où il passait plusieurs mois de l'année. On ne peut y voir qu'une manoeuvre. Les médias ont accusé les pouvoirs publics de salir l'image du pays dans un compromis politique nauséeux (lié au secret bancaire et au blanchiment d'argent). Ils en rajoutent sur l'irrationalité de cette persécution. "Un jugement équitable n'est plus possible, après tant de temps et d'erreurs dans l'enquête", explique le Tages Anzeiger.

Un chapitre qui doit se refermer

Pour défendre leur cause, les avocats de Polanski ont donc vite fait, avec les médias, de rappeler la victime. Samantha Geimer, aujourd'hui 45 ans. "J'ai survécu, j'ai même surmonté cette épreuve et guéri de tous les maux que M. Polanski a pu m'infliger lorsque j'étais enfant. Il est temps que ce chapitre se referme". Elle a ainsi déposé une requête en janvier 2009 pour que les poursuites contre Polanski soient abandonnées. Peut-être est-ce là, la première erreur : personne ne parle vraiment de la victime au moment de sfaits. On raccourcit : elle avait 13 ans, dont elle était mineure. Mais Polanski n'a pas reconnu le viol, il n' a reconnu que les actes sexuels illégaux (sur mineur(e)). La jeune fille était consentante quand elle posait nue à 13 ans devant l'appareil photo du cinéaste, qui a toujours aimé les femmes très jeunes. Elle voulait être mannequin. Une opportunité? Toujours est-il que consciente ou pas elle ne pouvait pas être réellement consentante après avoir bu de l'alcool, pris des drogues, et subit une sodomie forcée. 

C'est tout cela qui devait être éclairci.

Les intellectuels (d'Adjani à Kundera) rejoignent la cohorte, le Ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, écrit à son homologue américain, Hillary Clinton. On croit alors l'affaire pliée... Consternation, déshonneur, choc : Polanski est très entouré, et la communauté artistique et politique se mobilise en sa faveur.

Légalement, pourtant, la Suisse est dans son Droit et les faits incriminés ne sont pas anodins. Bien sûr, les helvètes auraient pu faire preuve de zèle. Après tout, de nombreux pays où Polanski était invité ont retardé les procédures administratives et judiciaires pour qu'il ne soit pas inquiété durant son séjour...

Et les premières voix discordantes vont commencer à se faire entendre.

2 600 signatures contre le plein air payant à La Villette

Posté par vincy, le 3 août 2008

La presse nationale s'est enfin emparée du problème. Depuis deux semaines (voir post du 16 juillet), le cinéma en plein air de La Villette constate que le prix de deux euros par billet ne fonctionne pas. Le choix entre la liberté de programmation et la durée du festival (La Villette était obligée de choisir des films datant d'avant 2007 et surtout de réduire son nombre de séances) en faisant payer l'entrée et se soumettre aux contraintes d'une commission ont hélas eu l'effet inverse à celui souhaité.  Les organisateurs reconnaissent désormais la faillite du modèle payant.

Résultat, depuis le début du festival, la fréquentation est divisée par cinq. Un véritable échec aussi en terme d'action culturelle. D'autant que les seules salles de cinéma, à proximité, qui auraient pu se plaindre d'une concurrence sont celles du MK2 (Quai de Seine / Quai de Loire). Or la société des Karmitz a toujours considéré l'événement comme cohabitable avec son exploitation.

Mais la question est de savoir si Pathé, qui va ouvrir un immense multiplexe dans la Cité des Sciences et de l'Industrie, sera tout aussi bienveillant.

Plus tôt dans la semaine (le 28 juillet), le CNC a accepté de recevoir les représentants du collectif initiateur de la pétition lancée dès la première projection. Tout le monde s'accorde à dire que le système - qui désormais contraint de façon excessive les festivals de projections en plein air - n'est pas acceptable. Au mieux c'est un mauvais compromis.

Il faudra donc tout revoir pour éviter que ce rendez-vous populaire ne s'éteigne faute de spectateurs.

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http://www.cinemaenpleinairgratuit.org/

Plein air payant à La Villette? Les habitués s’insurgent!

Posté par vincy, le 16 juillet 2008

Dans notre "post" du 14 juillet, nous mentionnions le passage du gratuit au payant pour les séances en plein air du Parc de la Villette. Les organisateurs avaient justifié leur choix, arguant que la nouvelle réglementation du CNC contraignait beaucoup trop la programmation et dramatisaient même en soulignant que l'autorisation de projeter des films pouvaient être refusée. Pourtant, de nombreux festivals s'y sont soumis, sans heurts. De plus, la programmation de La Villette cette année ne risquait pas heurter ni le règlement ni les salles voisines : aucun film récent, et très peu de films français.

Résultat, pour la première séance, mardi 15 juillet, ce fut une surprise - eh oui, tout le monde ne semble pas lire la presse ou internet - pour les aficionados de ce rendez-vous annuel. L'un des derniers bastions de la gratuité culturelle est tombée. C'est d'autant plus mal reçu que de nombreux spectateurs étaient des familles qui ne partent pas en vacances ou n'ont pas les moyens d'aller au cinéma.

Le résultat ne s'est pas fait attendre. Une pétition a circulé, et désormais, a été mise en ligne. Personnellement, je l'ai signée. Ce n'est pas un acte contre La Villette ou le CNC. Mais c'est une décision qu'il faut revoir, notamment les conditions d'autorisation pour les projections en plein air afin que les spectateurs et les organisateurs puissent librement partager cette passion du cinéma. La Villette aurait peut-être dû communiquer en amont vis-à-vis de la population plutôt que de lui imposer une stratégie qui n'est pas acceptée.

La gratuité permet de rassembler des populations diverses et pas toujours favorisées. Tout comme les films choisis permettent une éducation par le cinéma patrimonial. Il est important que quelques rendez-vous, spectacles vivants ou cinéma, littérature ou arts plastiques, restent accessibles à tous.

En regardant le succès de la gratuité dans les musées de la ville de Paris, et en observant les records de fréquentations des grands musées payants (Louvres, Orsay, Branly...), on voit bien que les deux systèmes peuvent coexister sans nuire aux uns et aux autres.

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http://www.cinemaenpleinairgratuit.org/