Trois questions à Jesús Asurmendi, Bibliste, pour comprendre le « Noé » de Darren Aronofsky

Posté par MpM, le 10 avril 2014

NoéD'un point de vue cinématographique, le Noé de Darren Aronofsky nous a laissés au mieux perplexes, au pire assez excédés par la maladresse d'un scénario qui semble toujours rester au premier degré. Mais qu'en est-il du point de vue de la relecture contemporaine de ce grand mythe universel ? Pour en avoir le cœur net, nous avons demandé à Jesús Asurmendi, Bibliste, de nous livrer quelques clefs sur le récit initial, et sur le regard qu'il porte sur cette adaptation tonitruante.

Ecran Noir : Quel regard portez-vous sur l'adaptation de l'histoire de Noé par Darren Aronofsky ?

Jesús Asurmendi : Le problème de fond, c'est qu'il s'agit d'un récit mythique. Il est très difficile de transcrire ce genre de récit en langage cinématographique. Il y a un piège énorme, c'est que les mythes sont des récits. Mais qui dit "récit" ne dit pas du tout "histoire". Or, nous, quand nous entendons "récit", nous pensons "histoire". Une sorte de compte-rendu de ce qui s'est passé. Des faits. Or le récit mythique, ce n'est pas du tout ça : c'est dire quelque chose dont on ne connait pas les raisons ni le pourquoi, et le dire sous forme non-rationnelle, parce qu'on n'a pas de réponse rationnelle. Toutes les grandes questions sont traitées par des mythes. Par exemple la mort. Il y a de supers récits sur la mort et sur le fait que l'homme n'a pas l'immortalité. Et dans ces mythes interviennent toujours des hommes et des Dieux. Là, c'est exactement le cas. Et curieusement, dans l'Antiquité, le mythe le plus répandu est celui du déluge, jusque dans les civilisations les plus "primitives". Plus que la création ! C'est assez surprenant, quand même. Donc pour un cinéaste, retranscrire en langage cinématographique ce genre de récit, cela implique déjà qu'il comprenne ce qu'est un mythe. Quels sont les moyens mis en œuvre pour dire ce qui est dit. Et ensuite les transcrire dans une forme cinématographique.

EN : On a l'impression que Darren Aronofsky n'y est pas du tout parvenu avec Noé...

JA : Ce qu'il a fait, c'est prendre le texte de la Bible agrémenté de textes apocalyptiques, et l'adapter de manière linéaire et littérale, sans aucune analyse, sans aucune posture qui lui aurait permis un traitement autre que linéaire. Mais je reconnais que ce n'est pas simple. D'autant que le réalisateur ne met pas en langage cinématographique un texte précis. Pour cela, il aurait fallu qu'il lise le texte en tant que tel et qu'il en traduise à sa manière la substantifique moelle. Mais il a ses propres idées de départ. Il se sert du récit de ceci et de cela pour faire quelque chose qui, dans sa tête même, n'est pas trop construit. En tout cas j'ai cette impression. On peut résumer le film à "ça ne fera pas de mal, ça ne fera pas de bien". Ca ne sert pas à grand chose...

EN : Le personnage de Noé tel qu'il est montré dans le film n'a rien à voir avec celui de l'Ancien testament. C'est quasiment un intégriste qui pense savoir ce que Dieu veut, mieux que Dieu lui-même...

JA : Exactement ! Il en fait quelqu'un qui fait sienne cette cause, interprétée à sa façon. Dans le texte, on lui dit de faire ceci, cela, il le fait, point à la ligne. Il est sous-entendu que Dieu est suffisamment fort pour en finir avec tout le monde s'il le veut. S'il laisse quand même ça, cette arche, c'est en vue d'un après, d'un recommencement. Alors le cinéaste en fait effectivement autre chose... mais sinon ça n'aurait pas duré deux heures et quart ! Bien sûr, c'est une trahison du texte. Il est écrit que les trois fils de Noé ont des femmes. Ils ne jouent aucun rôle, si ce n'est qu'ils seront le point de départ de la suite. D'ailleurs, en dehors de ce texte, dans l'Ancien testament, Noé n'est cité que deux fois. Il ne faut pas oublier que ce n'est pas "Monsieur Noé", c'est une figure. Les mythes ne disent pas ce qui se passe un jour, mais ce qui se passe tout le temps. Ce n'est pas une histoire, c'est un paradigme.

Pierre Niney chez Yann Gozlan et Jérôme Salle

Posté par cynthia, le 9 avril 2014

Prix Patrick Dewaere cette année, Pierre Niney, en pleine tournée promotionnelle de Yves Saint Laurent, s'est enfin choisi un nouveau projet cinématographique. On savit depuis un mois qu'il jouerait dans un thriller de Yann Gozlan (Captifs), avec Ana Girardot, L'homme de paille.

Il enchaînera ensuite, selon l'entretien qu'il a accordé à Allociné, avec L'Odyssée, le nouveau film de Jérôme Salle, biopic sur le commandant Jacques-Yves Cousteau, vraisemblablement aux côtés de Romain Duris. Jérôme Salle est le réalisateur de Anthony Zimmer, des deux Largo Winch et de Zulu.

Le film  "se tournera aux quatre coins du monde : en Antarctique, au Canada, en Afrique du Sud..." L'acteur est resté tout de même très évasif concernant le projet: "je ne sais pas à quel point j'ai le droit de révéler l'histoire du projet mais ça promet d'être un beau film d'aventures. Il va falloir prendre son mal en patience avant d'en avoir le cœur net."

Pierre Niney joue actuellement dans Un chapeau de paille en Italie à la Comédie-Française.

ÉCU 2014: focus sur la sélection du futur

Posté par emeline, le 9 avril 2014

Le 6 avril, le Festival ÉCU du cinéma indépendant européen a dévoilé le palmarès des meilleurs films diffusés le week-end dernier. La sélection de cette 9e édition s'est révélée riche en surprises, et ce dans chacune des 12 catégories.

Parmi les 85 films diffusés, une tendance se dégage : celle des films futuristes. De Blade Runner (1982) à Her (2014), difficile d'ignorer le potentiel d'un scénario où se mêlent technologie et philosophie. Le film futuriste peut, de plus, revêtir plusieurs formes, celle du blockbuster de science-fiction (Alien, Jurassic Park) comme celle de la dystopie (Bienvenue à Gattaca ou le récent Divergente).

Voici notre sélection des courts-métrages futuristes du Festival :

- Otto Floss: Freelance Watcher, de Arturo Bandinelli et Gevi Dimitrakopoulou. Le court-métrage se veut l'esquisse d'une société où l'individu est invisible à moins d'être vu par quelqu'un d'autre, autrement dit le watcher. C'est le métier d'Otto Floss, observer les gens et les écouter sans leur parler. Pour échapper à la banalité de son quotidien, il essaye de comprendre la déconnexion profonde de chaque être qu'il côtoie et dans sa propre vie. Cette réalité, pas si alternative, renvoie à la nôtre, à l'ère des selfies et réseaux sociaux en tous genres qui répondent à un profond besoin d'identification. Les nuances de gris, l'allure fantomatique des protagonistes, soulignent la nature de ces identités, qui n'existent que par le regard de l'autre.

- The Ballad of Bloom, de Dan Herlihy. On a en déjà parlé, mais ce court-métrage n'en demeure pas moins étonnant autant sur le fond que sur la forme. En filant la métaphore de la connexion (mentale et physique), le réalisateur a voulu démontrer le caractère inexplicable des liens qui nous unissent. L'univers coloré de The Ballad of Bloom se modifie au fur et à mesure que le personnage animé reprend « corps » et rencontre l'Autre. Une façon élégante et poétique d'analyser le phénomène de l'alchimie.

- Distance, de Aimee Long. En 2038, la surface de la Terre sera entièrement polluée, rendant difficile la circulation entre les pays. On n'économise pas de l'argent mais des kilomètres, pour des vacances au soleil ou retrouver des proches après des années d'éloignement forcé. Dans ce court-métrage, un père sacrifie les kilomètres destinés à rejoindre sa fille aux îles Canaries pour financer l'opération de celle-ci, après un tremblement de terre. Déprimant, mais clairvoyant.

- Jiminy, de Arthur Molard (prix du jiminymeilleur réalisateur) Si vous avez vu Her, le nouveau film de Spike Jonze, en voici la version gore. En 2002, des scientifiques de l'université de New York ont intégré dans le cerveau d'un rat une puce électronique capable de recevoir directement des signaux, de sorte qu'ils pouvaient contrôler les mouvements du rongeur au moyen de mécanisme de direction.

Le court-métrage s'inspire de ce fait d'actualité en remplaçant la puce par un criquet (« Jiminy », la bonne conscience de Pinocchio). Dans un futur proche, les personnages qui n'ont pas de criquet développent le syndrome de Buridan, ou l'incapacité à choisir entre deux éléments. Glauque et puissant, Jiminy invite à réfléchir sur nos rapports avec la technologie, et particulièrement les enjeux d'une technologie qui, servant de guide à l'aveugle (en mode « automatique », les personnages ont les yeux fermés), fait de la dictature un mode d'existence.

BIFFF 2014 : rendez-vous à Bruxelles jusqu’au 20 avril

Posté par kristofy, le 9 avril 2014

bifff2014Le BIFFF (Bruxelles International Fantastic Film Festival) s'attache chaque année à proposer la cartographie la plus complète de tout ce que le genre fantastique peut proposer, avec à la fois du gore sanguinolent, de l'étrange effrayant, du thriller musclé et même quelques comédies. Cette année, le Festival proposera 100 longs-métrages dont 28 premières œuvres, près d'une quarantaine de films en avant-première internationale ou européenne et 9 films en avant-première mondiale. Soit 130 films en tout, à découvrir entre le 9 et le 20 avril.

Venir au BIFFF, c'est aussi goûter à la chaleureuse ambiance d'un festival unique au monde : les projections sont animées d'une bonne humeur communicative (les commentaires "La porte !", "N'y vas pas !",  "Derrière toi !", "Aaaahh !"... fusent pendant les séances), chaque personnalité participe à une session de questions-réponses avec le public, et diverses animations sont organisées comme le Bal des vampires ou le concours de body-painting.

Les invités...

Plus d'une trentaine de personnalités de tous les horizons sont attendues. Pour l'anniversaire des 40 ans des productions Troma, Lloyd Kaufman viendra présenter sa dernière réalisation Return to Nuke 'em High, volume 1. Terry Gilliam fera découvrir The Zero Theorem, l'iconoclaste Bobcat Goldthwait présentera Willow Creek, Alexandre Bustillo et Julien Maury feront peur avec Aux yeux des vivants, Alex de la Iglesia et son actrice Carolina Bang seront là pour Les sorcières de Zugarramurdi, Jean-Pierre Jeunet se livrera lors d'une master-class...

Les films les plus attendus...

Il y aura en avant-première mondiale le film Let us prey de Brian O'Malley (avec Liam Cunningham et Pollyanna McIntosh), les films Haunter de Vincenzo Natali, Yellow de Nick Cassavetes, Ablations de Arnold De Parscau... Egalement beaucoup de films asiatiques : Young Detective Dee-Rise of the sea dragon de Tsui Hark, Out of Inferno 3D de Danny & Oxide Pang, L'Honneur du Dragon 2 de de Prachya Pinkaew avec Tony Jaa, Killers de Kimo Stamboel & Timo Tjahjanto, The Raid 2-Berandal de Gareth Evans, et aussi The Apostles de Joe Chien en avant-première mondiale. Pour la clôture, il y aura par ailleurs Police Story 2013 (avec Jackie Chan) et Ennemy de Denis Villeneuve (avec Jake Gyllenhaal et Mélanie Laurent).

...mais aussi des films dont on s'est déjà fait l'écho :

Bruxelles découvrira certains films qui viennent tout juste de sortir en France comme Wrong Cops de Quentin Dupieux, Real de Kiyoshi Kurosawa, le dyptique Goal of the dead de Benjamin Rocher & Thierry Poiraud, le film d'animation Albator en 3D. Le BIFFF programme aussi quelques films qui ont déjà été sélectionnés dans d'autres festivals comme par exemple : Moebius de Kim Ki-duk (Venise), Shield of straw de Takashi Miike (Cannes), Monsoon Shootout de Amit Kumar (Cannes), Ugly de Anurag Kashyap (Cannes), The necessary death of Charlie Countryman avec Shia LaBeouf  (Berlin 2013), All cheerleaders die de Lucky McKee & Chris Sivertson (Toronto, Sitges)...

Et pour vous mettre le sang à la bouche, le BIFFF a rassemblé 47 extraits de nouveaux films dans une bande-annonce de 3 minutes :


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Brussels International Fantastic Film Festival
du 9 au 20 avril
Informations et réservations sur le site du Festival

Adèle Exarchopoulos et Pierre Niney logiquement récompensés

Posté par vincy, le 8 avril 2014

pierre niney et adèle exarchopoulos prix patrick dewaere prix romy schneiderIl n'y avait pas vraiment de suspens.Les prix Romy Schneider et Patrick Dewaere ont logiquement récompensé les deux jeunes comédiens les plus remarqués de ces derniers mois, respectivement Adèle Exarchopoulos et Pierre Niney. Exarchopoulos avait face à elle sa propre partenaire dans La vie d'Adèle, Léa Seydoux, et Marine Vacth. Niney a triomphé sur Guillaume Gallienne et Reda Kateb.

Grâce à La vie d'Adèle, Adèle Exarchopoulos, qui succède à Céline Sallette, a reçu cette année le César du meilleur espoir féminin, le Globe de cristal de la meilleure actrice, deux Etoiles d'or (meilleure actrice, meilleure révélation), le Prix Lumières du meilleur espoir, et ce rien qu'en France. Elle avait partagé la Palme d'or de La Vie d'Adèle avec le réalisateur Abdellatif Kechiche et sa partenaire Léa Seydoux. Depuis Cannes 2013, la jeune actrice s'est engagée dans plusieurs films, dont M de Sara Forestier.

Succédant à Raphaël Personnaz, Pierre Niney a reçu son prix pour Yves Saint Laurent. Il était déjà nommé en 2012 pour Comme des frères et en 2013 pour 20 ans d'écart. La troisième fut la bonne.  C'est son premier grand prix en tant qu'interprète. Il a été deux fois nommés au César du meilleur espoir masculin. Sociétaire de la Comédie française, réalisateur, il est principalement occupé par la tournée promotionnelle internationale du film de Jalil Lespert. Mais un projet devrait être bientôt annoncé.

Cannes 2014 : Pablo Trapero présidera le jury Un Certain Regard

Posté par vincy, le 8 avril 2014

pablo traperoPablo Trapero, sera le Président du Jury Un Certain Regard du 67e Festival de Cannes.

Dans le communiqué diffusé par le Festival, le scénariste, producteur et réalisateur argentin a déclaré : « Je suis très fier d’être le Président du Jury du Certain Regard. Fier de participer à l’aventure cannoise d’une autre manière. Le Certain Regard, où j’ai présenté trois de mes films, est une sélection toujours passionnante. On y trouve de grands maîtres, de jeunes promesses, les nouveaux pays et les formes nouvelles du cinéma. »

Trapero, 42 ans, avait reçu le Prix de la Critique à Venise en 1999 avec son premier long métrage Mundo Grúa. Avec son film suivant, El Bonaerense, en 2002, il est sélectionné à Un Certain regard au Festival de Cannes. Depuis, il ne quittera pas la Croisette : en compétition avec Leonera en 2008, à Un Certain Regard avec Carancho en 2010 et Elefante blanco en 2012.

Avec sa société Matanza Cine, il a produit des cinéastes comme Lisandro Alonso, Albertina Carri, Enrique Bellande, Ezequiel Acuña et Raúl Perrone.

Cette année Prix Un Certain Regard sera décerné le vendredi 23 mai 2014. La sélection des films sera annoncée le 17 avril.

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Lire aussi notre entretien avec Pablo Trapero

Expo Indiens des Plaines : les Amérindiens réhabilités par le cinéma

Posté par vincy, le 8 avril 2014

indiens des plainesDu samedi 12 avril au dimanche 27 avril, le Musée du quai Branly propose une sélection de films, choisis par le critique et historien de cinéma Michel Ciment, à l'occasion de la nouvelle exposition Indiens des Plaines (8 avril-20 juillet 2014), qui s'ouvre aujourd'hui.

Cette exposition composée de 140 objets livre une vision inédite de toutes les traditions esthétiques de ces populations amérindiennes (Sioux, Cheyennes, Arapahos, Comanches...). "Sa particularité tient au fait qu’elle met en évidence la permanence de l’expression artistique et la continuité du style visuel des Indiens des Plaines alors même que les premiers contacts avec les européens, puis les américains, allaient apporter à ces territoires de profonds changements politiques et culturels" explique le musée. L’exposition intègre une salle de cinéma, dont la programmation intitulée "Stéréotypes", est conçue également par Michel Ciment, D'une durée de 20 minutes environ, ce programme intègre notamment des extraits de films de Cecil B. De Mille, John Ford, William A. Wellman...

L'Indien, le barbare qu'il fallait tuer

Pour compléter ce parcours, le cinéma est une bonne manière de découvrir la vision hollywoodienne (mais pas seulement) de ces peuples. Cette vision a évolué avec le temps. "Le musée propose une rétrospective du cinéma américain retraçant l’évolution de la représentation de l’Indien plus complexe qu’il n’y parait" peut-on lire dans le communiqué. Le cycle présente d'ailleurs des réalisations de cinéastes amérindiens, encore trop rares.

Mais, enfin, pendant très longtemps, un bon Indien au cinéma était un Indien mort. L'ennemi facile des Westerns était souvent un guerrier, sauvage, sanguinaire, prêt à scalper les gentils colonisateurs... Le Western était alors fondateur d'un mythe américain : la conquête du territoire, les héros historiques d'un pays neuf, la construction d'une civilisation (à opposer aux Indiens qui n'étaient pas civilisés). A son apogée, dans les années 50, tous les grands cinéastes et toutes les stars devaient se confronter au genre. Globalement, le Western était manichéen, les personnages stéréotypés, l'action assez binaire.

Il y a bien sûr des exceptions : en 1925, dans La Race qui meurt, George B. Seitz montrent les Indiens comme des victimes de la Conquête de l'Ouest. En 1944, dans Buffalo Bill, de William Wellmann, film antimilitariste sur le célèbre pionnier, on fait l'éloge des Hommes "qui se battent les mains nues avec la nature".

Prise de conscience

Dans les années 1950, quelques films réhabilitent les Indiens et tentent de créer des relations amoureuses "mixtes", toujours très compliquées (où souvent l'Indienne est sacrifiée, tuée...). John Sturges, Anthony Mann, Howard Hawks, Henry Hathaway, John Ford, Raoul Walsh ont essayé de les dépeindre de manière plus humaniste. C'est d'autant plus ironique que les mêmes étaient capables de filmer des Westerns racistes et d'autres complètement pro-Indiens. Car Hollywood prend conscience que les Indiens sont des victimes de racisme, comme les noirs à la même époque. Les Indiens ne sont plus forcément les méchants, au pire ils restent une menace.

De plus en plus engagé en faveur des Indiens, Hollywood vire progressivement sa cuti. Samuel Fuller, Martin Ritt, Sydney Pollack, Arthur Penn, Robert Altman, ... : avec les années 60 et 70 et l'arrivée d'un cinéma plus réaliste, les réalisateurs collent davantage à une réalité historique. Dans les films, on cesse de peindre des acteurs WASP pour engager de véritables comédien Amérindiens. Le Western se transforme par la même occasion. Le genre devient spaghetti ou naturaliste, social ou même politique. Puis il va glisser vers un aspect plus crépusculaire : Eastwood et Peckinpah remplacent Ford ou Hawks. John Wayne est mort, Gary Cooper à la retraite. Les héros blancs sont devenus tourmentés, ambivalents. La conquête de l'Ouest a son prix, et laisse un goût amer. Du sang coule à flots, la violence est plus crue. Comme pour le Vietnam, l'Amérique se retrouve face à elle-même : un génocide qu'elle n'assume pas. Avec Jeremiah Johnson, Sydney Pollack veut casser le mythe et préfigure ce que deviendra le Western 20 ans plus tard. Il devenait inconcevable de tourner un Western raciste, de se complaire avec le génocide amérindien. Les historiens, la conscience politique des années 70 étaient passés par là.

Avec l'arrivée des blockbusters et des effets spéciaux, le genre disparaît. Les Indiens avec. Il faut attendre les années 90 pour le voir réapparaître avec des films sombres, des Indiens enfin valorisés. Danse avec les Loups est emblématique de ce tournant : les tribus ne parlent plus anglais, les rites sont observés et respectés, le "blanc" n'est pas forcément le bienveillant. Outre le film multi-oscarisés de Kevin Costner, quelques films se démarquent par leur succès ou leur qualité, tels, respectivement, Le dernier des Mohicans ou Dead Man. L'an dernier, dans The Lone Ranger, l'Indien était même le véritable héros, honnête et "intègre", d'un spectacle où la civilisation "blanche" était corrompue et immorale.

Les films présentés au cycle du musée du Quai Branly:
- Une aventure de Buffalo Bill (The plainsman), Cecil B. DeMille
- Buffalo Bill, William A. Wellman
- The fighting blood, D.W Griffith
- The massacre, D.W Griffith
- The silent ennemy, H.P Carver
- La charge fantastique, Raoul Walsh
- Au-delà du Missouri, William A. Wellman
- La captive aux yeux clairs, Howard Hawks
- La rivière de nos amours, André de Toth
- La prisonnière du désert, John Ford
- Le jugement des flèches, Samuel Fuller
- Le vent de la plaine, John Huston
- Les deux cavaliers, John Ford
- Les Cheyennes, John Ford
- Un homme nommé cheval, Elliot Silverstein
- Les extravagantes aventures d'un visage pâle (Little Big Man), Arthur Penn,
- Le Soldat bleu, Ralph Nelson
- Jeremiah Johnson, Sydney Pollack
- Touche pas à la femme blanche, Marco Ferreri
- Buffalo Bill et les Indiens, Robert Altman
- La revanche d'un homme nommé cheval, Irvin Kershner
- The Black Hills are not for sale, Sandra Sunrising Osawa
- Images of Indians, Phil Lucas
- Our sacred land, Chris Spotted Eagle
- The Great Spirit Within The Hole, Chris Spotted Eagle
- Danse avec les loups, Kevin Costner,
- Jimmy P. (Psychothérapie d'un indien des plaines), Arnaud Desplechin

Décès de Mickey Rooney, 93 ans, dont 86 sur les plateaux de cinéma

Posté par vincy, le 7 avril 2014

mickey rooneyL'acteur américain Mickey Rooney est mort hier, dimanche 6 avril, à l'âge de 93 ans. Il avait commencé sa carrière en 1926, quand le cinéma était encore muet, et a tourné plus de 330 films jusqu'à récemment. Avec Mickey Mouse, "nous sommes les deux Mickey les plus célèbres au monde", aimait-il dire.

Né Joseph Yule le 23 septembre 1920 dans le quartier de Brooklyn, Mickey Rooney fut l'un des premiers enfants stars au cinéma. Il fut surtout l'un des rares à avoir conservé sa popularité avec l'arrivée du cinéma parlant et surtout en grandissant. Son âge d'or se situe dans les années 30 et 40.

Dès son deuxième film, Mon coeur avait raison, il devient une star en incarnant le personnage de Mickey McGuire, qu'il incarnera 63 fois dans des courts et longs métrages jusqu'en 1934.

Au début des années 30, il commence à interpréter d'autres personnages dans des comédies, des Westerns, des polars, des comédies musicales, des films d'aventures... Cantonnés souvent aux seconds rôles et rarement dans de grands films, sa carrière ne s'envole que vers 1934 avec des films comme Death on the Diamond (d'Edward Segwick), Hide Out (de W.S. Van Dyke) ou Imprudente jeunesse (de Victor Fleming). Les rôles s'étoffent, les partenaires sont de catégorie A, à l'instar de La loi du plus fort avec Jean Harlow et Spencer Tracy, en 1936.

Il devient la jeune idole de l'Amérique en 1937 avec A Family Affair, comédie de George B. Seitz, avec Lionel Barrymore. En créant le personnage d'Andy Hardy, fils de famille turbulent, il s'engage dans l'une des premières franchises de l'histoire d'Hollywood : 19 films de 1937 à 1958. Ce rôle lui vaut un Oscar spécial (Juvenile Award) pour "sa contribution significative à personnifier à l'écran l'esprit de la jeunesse" qu'il partage avec Deanna Durbin.

Il sera quatre fois cité aux Oscars. Deux fois comme meilleur acteur avec Place au rythme en 1940 et Et la vie continue en 1943. Deux fois en second-rôle masculin avec Le brave et le téméraire en 1956 et L'étalon noir en 1979. Il recevra la statuette d'honneur en 1983 pour 50 de performances "variées et mémorables".

mickey rooney judy garlandRooney devient surtout un mémorable Huckleberry Finn dans l'adaptation du roman de Mark Twain par Richard Thorpe (1939). La même année, il triomphe dans Place au rythme, avec Judy Garland à ses côtés. le film réalisé en 1939 ne sortira qu'en 1945 en France. Il retrouve Judy Garland dans un autre hit, En avant la musique, en 1940. Leur duo devient légendaire avec d'autres comédies musicales comme Débuts à Broadway en 1941, Girl Crazy en 1943 .

Rooney a toujours la longue mèche en bataille, ce côté fantaisiste, insolent et candide qui fonctionne si bien dans les comédies romantiques. Mais il ne sera jamais une star de premier plan. Sans doute trop enfermé dans l'image que les Américains ont de lui. Pourtant, entre quelques navets, durant cette carrière erratique, il tourne avec de grands cinéastes, face à de grands comédiens : La parade aux étoiles de George Sidney, avec Gene Kelly (1943), Le grand National, de Clarence Brown avec une jeune Elizabeth Taylor (1944)... Mais les séries B se multiplient. Ses personnage de Mickey McGuire et Andy Hardy disparaissent progressivement des grands écrans. Il tourne régulièrement grâce à quelques cinéastes. Commence à s'intéresser au petit écran : il crée The Mickey Rooney Show en 1954.

Au milieu des années 50, cependant, sa filmographie retrouve un peu d'intérêt avec des films de guerre : Les ponts de Toko-Ri, de Mark Robson, avec William Holden et Grace Kelly, Le brave et le téméraire de Lewis Foster, Le bal des cinglés de Richard Quine, avec Jack Lemmon. En 1957, Il obtient le rôle principal d'un film noir de Don Siegel, L'ennemi public, qui restera sans aucun doute l'une de ses meilleures performances.

Mais à partir de là, Rooney sera davantage invité comme guest-star dans des productions hollywoodiennes. La télévision accapare tout son temps. En 1961, il est l'hilarant Mr. Yunioshi dans Diamants sur canapé, de Blake Edward. Il tourne dans des films étrangers de seconde zone. Heureusement, de temps en temps on le retrouve dans des films plus dignes : aux côtés de Gene Hackman dans La théorie des dominos de Stanley Kramer (1977), par exemple. mais ce sont surtout les films familiaux qui vont le recruter : Peter et Elliott le dragon (1977), La magie de Lassie (1978), L'étalon noir (1979), Babe (1998), La nuit au musée (2006)... jusqu'aux Muppets en 2011. Sans compter toutes les voix pour des dessins animés!

mickey rooneyIl a été marié 8 fois (de Ava Gardner en 1942 à Jan Chamberlin, qui avait sur le garder depuis 1978) et a eu neuf enfants. Au passage, son beau-fils lui doit 2,8 millions de $. Rooney et l'argent ça fait deux. Il avait été déclaré en faillite en 1962, criblé de dettes. Pas étonnant que pour Un monde fou, fou, fou, en 1963, il empoche son plus gros salaire : 100 000 $.

Ce petit gaillard rouquin avec une bouille éternellement jovial avait souffert d'un système qui a exploité son image jusqu'à ce que l'âge ne puisse plus lui donner les rôles qui avaient fait son succès. "Quand j'avais 19 ans, j'ai été le numéro 1 pendant 2 ans. Arrivé à 40, personne ne voulait de moi!" Et d'ajouter : "Hollywood, ça n'existe plus. Ce n'est plus qu'un grand panneau sur la colline, là-haut (...) A mon époque, il y avait au moins 55 grandes stars. Où sont les stars maintenant ? Il n'y a plus de John Wayne, de Spencer Tracy, ou de James Cagney. De la grande époque, il n'y a plus que moi...".

Beaune vibre pour un polar drôle venu de Norvège

Posté par vincy, le 6 avril 2014

in order of disappearance

Le Festival International du film policier de Beaune, dont la 6e édition s'est achevée ce soir, a couronné l'un des coups de coeur de la compétition de la dernière Berlinale, le polar drôle et saignant de Hans Petter Moland, In order of Disappearance (lire notre actualité et avant-critique sur le film). Le film devrait sortir au second semestre sous la bannière de Chrysalis Films. Il va être présenté à Tribeca la semaine prochaîne.

Le jury de Cédric Klapisch lui a décerné le Grand Prix. Deux prix du jury ex-aequo ont été remis : '71 de Yann Demange, qui avait aussi été présenté en avant-première à Berlin (il avait reçu une mention spéciale du jury écuménique). Pas de date de sortie prévue mais le film sera distribuée par Ad Vitam ; et Les poings contre les murs de David Mackenzie, qui a déjà fait le tour des festivals (Toronto, Londres, prix du public aux Arcs, Rotterdam et bientôt Tribeca).  Il sortira dans les salles françaises le 4 juin avec Le Pacte/Wild Side.

Le jury spécial Police a également récompensé In Order of Disappearance. Le prix de la Critique a été remis à l'Ours d'or du Festival de Berlin, Black Coal, Thin Ice, de Diao Yinan. Memento le distribuera en France le 11 juin. Autre film asiatique, R100, de Hitoshi Matsumoto, qui avait tourné à Toronto et Rotterdam, et qui a reçu le prix Sang neuf du jury présidé par Jacques Maillot.

ÉCU 2014 : pour l’ouverture, les « fauchés » entrent en scène

Posté par emeline, le 5 avril 2014

© ecran noirMercredi, c'était l'inauguration de la 9e édition du Festival ÉCU au cinéma les 7 Parnassiens à Paris ! Producteurs, réalisateurs, acteurs et festivaliers ont ainsi pu échanger autour d'une bière (petit avant-goût de l'after party qui les attendaient en fin de soirée sur le bateau Concorde Atlantique) et profiter de la Grande Salle où étaient diffusés 10 courts-métrages en compétition.

Des films qui manquent cruellement de visibilité dans le paysage cinématographique actuel. Scott Hillier, le fondateur du festival, dans un discours aussi drôle que sincère, ne manque pas de le rappeler. « Un cinéaste indépendant est souvent fauché, fatigué, et étonnamment confiant. Mais quand il voit son film sur grand écran, c'est le bonheur absolu. Dans cette salle, ce soir, il y a des hommes et des femmes qui se battent jour et nuit pour raconter leurs histoires. Ce sont les storytellers de notre génération. »

Un festival sans soutien financier

ÉCU n'a pas de soutien financier, mais des partenaires dans le monde entier. Chaque année, plus de 1000 films sont soumis à 50 professionnels qui sélectionnent les meilleures réalisations. De la nouveauté, de la fraîcheur, de la liberté d'expression, voilà ce que le cinéma indépendant offre de nos jours, problèmes financiers ou non.

Et de l'innovation, ce soir, il n'en manquait pas. Du film d'animation poético-philosophique (The Ballad of Bloom) à la fable moderne (Doigt d'honneur) en passant par la comédie totalement barrée (Battlecock!), il y en avait pour tous les goûts. Nos coups de cœur :

  • Chains of Love, de Martina Plura (catégorie Film étudiant) : Hannah veut surprendre l'amour de sa vie. Mais c'est elle qui le surprend avec une autre fille. Hannah a donc envie de mourir... avec sa chaîne de vélo. Ici, rien de macabre, que de l'humour noir et blanc.
  • The Ballad of Bloom, de Dan Herlihy (catégorie Film d'animation) : Le court-métrage met en scène les connexions amoureuses de nos neurones à l'intérieur du cerveau. La métaphore, incarnée par un homme et une femme, est sublimée par la maîtrise de l'animation et de la dramaturgie. En gros, 5 minutes de beauté et d'émotion.
  • Not Anymore: A Story of Revolution, de Matthew VanDyke (catégorie Documentaire non-européen) : Un documentaire brutal et puissant sur deux jeunes Syriens, un partisan de l'ASL et une journaliste, qui se battent quotidiennement et au péril de leur vie pour la libérer le peuple syrien de l’oppression du régime de Bachar Al-Assad. Ils ont connu la torture, la mort de leurs proches, et préfèrent mourir plutôt qu'être les victimes collatérales d'une attaque terroriste ou arrêtés par le gouvernement.
  • Jiminy, d'Arthur Molard (catégorie Film étudiant) : Dans un futur proche, la plupart des êtres humains ont un « criquet » implanté dans le cerveau : une puce électronique qui les dote de compétences physiques préprogrammées. Nathanaël, le personnage principal, ferme les yeux et se met en mode automatique quand il veut nouer sa cravate ou conduire sa voiture. Le court-métrage s'inspire de la nouvelle de Hoffmann, L'homme au sable, dans lequel le protagoniste (qui s'appelle Nathanaël) tombe amoureux d'une automate et en devient fou. Une réalisation bluffante et un sujet traité avec subtilité et humour, sans jugement.

Rendez-vous demain pour le compte-rendu des ateliers et des séances de l'après-midi !