Jim Harrison et Hollywood, une histoire qui a mal tourné

Posté par vincy, le 28 mars 2016

Immense écrivain, Jim Harrison, surnommé « Big Jim », est mort dimanche à l'âge de 78 ans. L'Amérique n'était pour lui qu'un Disneyland fasciste obsédé par le fric. Il préférait René Char, Arthur Rimbaud, Paris et surtout les grands espaces américains, ceux des Western, cette Amérique originelle. Dans ses romans, on baisait, on buvait (beaucoup, le vin pour lui apportait plus de bonheur à l'humanité que toutes les décisions politiques de l'Histoire), on s'interrogeait sur le sens de la vie et par conséquent on se rapprochait de la mère Nature.

On comprend mieux qu'avec Hollywood, ça ne se soit pas très bien passé. L'épicurien qu'il était avait quand même ramé avant d'être riche. Il avait consacré sa vie à l'écriture. Et durant les trente premières années où il a tapé ses romans, nouvelles et poèmes sur sa machine à écrire, n'a pas gagné beaucoup de dollars. Rencontré en 1975, son ami Jack Nicholson jouait les mécènes (et le poussait à travailler pour le cinéma). Car Jim Harrison, pas beaucoup lu à l'époque, ne manquait pas d'admirateurs, Sean Connery et Warren Beatty en tête. Mais lui ne se gênait pas pour détester Hollywood.

Au dessus de son bureau, il y avait un morceau de papier qui lui rappelait toujours ce que lui avait sorti un patron de studio. "Tu n'es rien qu'un écrivain". Ce mépris pour l'écriture de la part de l'industrie cinématographique a sans doute conduit Jim Harrison à ne pas trop fricoter avec elle. Il n'y a eu que six adaptations de ses oeuvres sur petit et grand écran. David Lean et John Huston ont pourtant pris des options sur des nouvelles qu'il avait écrites, sans pouvoir les tourner.

En manque de fric, il a quand même cédé à la fin des années 1980 aux sirènes d'Hollywood. En 1989, il coécrit le scénario de Cold Feet, entre polar et comédie, signé Robert Dornhelm. L'année suivante, il adapte Une vengeance, nouvelle inclue dans le recueil Légendes d'automne. Sydney Pollack, Jonathan Demme et Walter Hill furent intéressés. John Huston devait finalement la filmer. Mais il ne voulait pas de Kevin Costner dans le rôle principal. Celui-ci, en pleine ascension, a donc choisi Tony Scott pour réaliser Revenge. Le polar, honnête, est un joli succès en salles, sans plus.

En 1994, deux hits avec Jim Harrison au générique sortent sur les écrans. Légendes d’automne, l'une de ses trois nouvelles issues du recueil éponyme, est réalisé par Edward Zwick, avec Brad Pitt (qui a pris le rôle à Tom Cruise), Anthony Hopkins (après l'abandon de Sean Connery), Aidan Quinn et Julia Ormond. Le "mélo", dont il n'a pas écrit le scénario, n'est pas forcément à la hauteur de l'oeuvre littéraire, mais le film est gros succès public et récupère un Oscar (pour la photo). Jim Harrison encaisse un million de dollars qu'il dépense en alcool et cocaïne.

La même année, son ami Jack Nicholson parvient à monter Wolf, après douze ans d'efforts. Sur proposition de Nicholson, Mike Nichols réalise ce film fantastique avec Michelle Pfeiffer, James Spader et Christopher Plummer. Jim Harrison scénarise cette histoire (qui n'a rien à voir avec son premier roman, Wolf: mémoires fictifs) d'un éditeur (des comptes à régler, Jim?) qui se transforme en loup-garou. Le tournage est un cauchemar. Le scénario est massacré par le studio quand celui-ci demande une réécriture complète du dernier tiers du film. Harrison quitte la production pour "différences créatives", estimant que leur vision du projet était incompatible: "Je voulais un loup, il en fait un chihuaha". Le film est pourtant un succès en salles.

De là date sa fâcherie avec Hollywood. Deux adaptations verront quand même le jour. Etats de force (Carried Away), d'après son roman Nord Michigan (Farmer). Réalisé par Bruno Barreto, avec Dennis Hopper et Amy Irving, le film est un fiasco total. Et Dalva, l'un de ses meilleurs romans, porté de manière pas trop honteuse sur le petit écran, avec Farrah Fawcett, Peter Coyote et Rod Steiger.

Jim Harrison ne voulait plus entendre parler de cinéma. Pour lui, assister à une projection d'un film qu'il avait écrit ou qui était une adaptation d'une de ses oeuvres c'était comme avoir "le sentiment distinct de se sentir violer par un éléphant ou - si votre imagination est plutôt maritime - par une baleine".

Il reste à savoir si dans son testament l'écrivain a laissé l'ordre de ne pas adapter ses écrits. Ou si Hollywood va désormais pouvoir s'emparer librement des histoires naturalistes et intimes, sans se soucier de l'avis de celui qui fut, jusqu'au bout, un homme libre qui avait la réputation d'être un ours.

Expo Indiens des Plaines : les Amérindiens réhabilités par le cinéma

Posté par vincy, le 8 avril 2014

indiens des plainesDu samedi 12 avril au dimanche 27 avril, le Musée du quai Branly propose une sélection de films, choisis par le critique et historien de cinéma Michel Ciment, à l'occasion de la nouvelle exposition Indiens des Plaines (8 avril-20 juillet 2014), qui s'ouvre aujourd'hui.

Cette exposition composée de 140 objets livre une vision inédite de toutes les traditions esthétiques de ces populations amérindiennes (Sioux, Cheyennes, Arapahos, Comanches...). "Sa particularité tient au fait qu’elle met en évidence la permanence de l’expression artistique et la continuité du style visuel des Indiens des Plaines alors même que les premiers contacts avec les européens, puis les américains, allaient apporter à ces territoires de profonds changements politiques et culturels" explique le musée. L’exposition intègre une salle de cinéma, dont la programmation intitulée "Stéréotypes", est conçue également par Michel Ciment, D'une durée de 20 minutes environ, ce programme intègre notamment des extraits de films de Cecil B. De Mille, John Ford, William A. Wellman...

L'Indien, le barbare qu'il fallait tuer

Pour compléter ce parcours, le cinéma est une bonne manière de découvrir la vision hollywoodienne (mais pas seulement) de ces peuples. Cette vision a évolué avec le temps. "Le musée propose une rétrospective du cinéma américain retraçant l’évolution de la représentation de l’Indien plus complexe qu’il n’y parait" peut-on lire dans le communiqué. Le cycle présente d'ailleurs des réalisations de cinéastes amérindiens, encore trop rares.

Mais, enfin, pendant très longtemps, un bon Indien au cinéma était un Indien mort. L'ennemi facile des Westerns était souvent un guerrier, sauvage, sanguinaire, prêt à scalper les gentils colonisateurs... Le Western était alors fondateur d'un mythe américain : la conquête du territoire, les héros historiques d'un pays neuf, la construction d'une civilisation (à opposer aux Indiens qui n'étaient pas civilisés). A son apogée, dans les années 50, tous les grands cinéastes et toutes les stars devaient se confronter au genre. Globalement, le Western était manichéen, les personnages stéréotypés, l'action assez binaire.

Il y a bien sûr des exceptions : en 1925, dans La Race qui meurt, George B. Seitz montrent les Indiens comme des victimes de la Conquête de l'Ouest. En 1944, dans Buffalo Bill, de William Wellmann, film antimilitariste sur le célèbre pionnier, on fait l'éloge des Hommes "qui se battent les mains nues avec la nature".

Prise de conscience

Dans les années 1950, quelques films réhabilitent les Indiens et tentent de créer des relations amoureuses "mixtes", toujours très compliquées (où souvent l'Indienne est sacrifiée, tuée...). John Sturges, Anthony Mann, Howard Hawks, Henry Hathaway, John Ford, Raoul Walsh ont essayé de les dépeindre de manière plus humaniste. C'est d'autant plus ironique que les mêmes étaient capables de filmer des Westerns racistes et d'autres complètement pro-Indiens. Car Hollywood prend conscience que les Indiens sont des victimes de racisme, comme les noirs à la même époque. Les Indiens ne sont plus forcément les méchants, au pire ils restent une menace.

De plus en plus engagé en faveur des Indiens, Hollywood vire progressivement sa cuti. Samuel Fuller, Martin Ritt, Sydney Pollack, Arthur Penn, Robert Altman, ... : avec les années 60 et 70 et l'arrivée d'un cinéma plus réaliste, les réalisateurs collent davantage à une réalité historique. Dans les films, on cesse de peindre des acteurs WASP pour engager de véritables comédien Amérindiens. Le Western se transforme par la même occasion. Le genre devient spaghetti ou naturaliste, social ou même politique. Puis il va glisser vers un aspect plus crépusculaire : Eastwood et Peckinpah remplacent Ford ou Hawks. John Wayne est mort, Gary Cooper à la retraite. Les héros blancs sont devenus tourmentés, ambivalents. La conquête de l'Ouest a son prix, et laisse un goût amer. Du sang coule à flots, la violence est plus crue. Comme pour le Vietnam, l'Amérique se retrouve face à elle-même : un génocide qu'elle n'assume pas. Avec Jeremiah Johnson, Sydney Pollack veut casser le mythe et préfigure ce que deviendra le Western 20 ans plus tard. Il devenait inconcevable de tourner un Western raciste, de se complaire avec le génocide amérindien. Les historiens, la conscience politique des années 70 étaient passés par là.

Avec l'arrivée des blockbusters et des effets spéciaux, le genre disparaît. Les Indiens avec. Il faut attendre les années 90 pour le voir réapparaître avec des films sombres, des Indiens enfin valorisés. Danse avec les Loups est emblématique de ce tournant : les tribus ne parlent plus anglais, les rites sont observés et respectés, le "blanc" n'est pas forcément le bienveillant. Outre le film multi-oscarisés de Kevin Costner, quelques films se démarquent par leur succès ou leur qualité, tels, respectivement, Le dernier des Mohicans ou Dead Man. L'an dernier, dans The Lone Ranger, l'Indien était même le véritable héros, honnête et "intègre", d'un spectacle où la civilisation "blanche" était corrompue et immorale.

Les films présentés au cycle du musée du Quai Branly:
- Une aventure de Buffalo Bill (The plainsman), Cecil B. DeMille
- Buffalo Bill, William A. Wellman
- The fighting blood, D.W Griffith
- The massacre, D.W Griffith
- The silent ennemy, H.P Carver
- La charge fantastique, Raoul Walsh
- Au-delà du Missouri, William A. Wellman
- La captive aux yeux clairs, Howard Hawks
- La rivière de nos amours, André de Toth
- La prisonnière du désert, John Ford
- Le jugement des flèches, Samuel Fuller
- Le vent de la plaine, John Huston
- Les deux cavaliers, John Ford
- Les Cheyennes, John Ford
- Un homme nommé cheval, Elliot Silverstein
- Les extravagantes aventures d'un visage pâle (Little Big Man), Arthur Penn,
- Le Soldat bleu, Ralph Nelson
- Jeremiah Johnson, Sydney Pollack
- Touche pas à la femme blanche, Marco Ferreri
- Buffalo Bill et les Indiens, Robert Altman
- La revanche d'un homme nommé cheval, Irvin Kershner
- The Black Hills are not for sale, Sandra Sunrising Osawa
- Images of Indians, Phil Lucas
- Our sacred land, Chris Spotted Eagle
- The Great Spirit Within The Hole, Chris Spotted Eagle
- Danse avec les loups, Kevin Costner,
- Jimmy P. (Psychothérapie d'un indien des plaines), Arnaud Desplechin

Jeu concours Instinct de survie : 10 DVD à gagner

Posté par MpM, le 11 juillet 2011

A l'occasion de la sortie DVD et Blu-Ray du film Instinct de survie de Luiso Berdejo avec Kevin Costner, Ecran Noir vous fait gagner 10 exemplaires du DVD.

L'histoire : Affecté par un divorce douloureux, John James décide de venir habiter seul avec ses deux enfants dans une grande maison à la campagne. Rapidement, il remarque le comportement étrange de sa fille. Il suspecte les sépultures, dans le champ tout proche, d’en être la cause.

Pour participer au tirage au sort et remporter l'un des DVD mis en jeu, il suffit de répondre à la question suivante :

Ivana Baquero, qui incarne la fille de Kevin Costner dans Instinct de survie, tenait le premier rôle dans l'un des plus beaux films du maître du fantastique mexicain, Guillermo del Toro. De quel film s'agit-il ?

Votre réponse et vos coordonnées postales sont à envoyer par courriel avant le 18 juillet 2011. Aucune réponse postée dans les commentaires du site ne sera prise en compte.

Marée noire : James Cameron veut éviter le naufrage

Posté par anne-laure, le 5 juin 2010

Le cinéaste James Cameron a rejoint mardi 2 juin à Washington plusieurs experts du secteur pétrolier et spécialistes des eaux profondes pour discuter d’une nouvelle technique permettant de mettre fin au déversement de pétrole dans le golfe du Mexique, suite à la marée noire provoquée par l'explosion d'une plate-forme pétrolière du groupe BP.

Le réalisateur d’Avatar et de Titanic – plutôt spécialiste des fonds marins, il faut l’avouer - était accompagné du canadien Phil Nuytten,  constructeur des submersibles utilisés pour son film Abyss, sorti en 1989, et président de Nuytico Research, une entreprise spécialisée dans les technologies sous-marines.

Les stars américaines du grand écran se sentent concernées puisqu'il y a quelques semaines, c’est Kevin Costner (et son frère Dan, voir actualité du 13 mai) qui proposait la méthode de l'"Ocean therapy", une machine développée au cours du tournage du film Waterworld, permettant de filtrer l'eau et de la séparer du pétrole.

Cannes 2010 : les stars font leur charity-business

Posté par vincy, le 13 mai 2010

Point de Sharon Stone cette année au gala de l'Amfar (elle tourne Largo Winch 2), mais Russell Crowe reviendra à Cannes le 20 mai pour Haïti.

Lors d'une soirée de bienfaisance au VIP Room, la fondation Artists for Peace and Justice défendra la cause de ce pays frappé par un tremblement de terre catastrophique en janvier dernier. On devrait y croiser Paul Haggis, Naomi Watts, Michelle Rodriguez et Timbaland a prévu de donner un concert privé.

Loin de la Croisette, Kevin Costner vient d'annoncer qu'il se rendrait aujourd'hui dans le golfe du Mexique pour soutenir les victimes de la marée noire qui se propage dans les eaux de la Louisiane (et un peu au-delà).

Ironiquement, c'est aussi aujourd'hui que le documentaire cinglant de Sabina Guzzanti sur les conséquences du tremblement de terre de L'Aquila est projeté au festival. Draquila montre, au début du film, le défilé de vedettes politiques et de stars comme George Clooney, dans ce lieu dévasté. Passage médiatique obligé, engagé, sincère ou opportuniste, peu importe : cela n'a pas empêché le gouvernement de Berlusconi de faire ce qu'il voulait avec les décombres et la détresse des victimes.


Robin des Bois de Ridley Scott fait l’Ouverture du Festival de Cannes

Posté par vincy, le 26 mars 2010

robin hood ridley scott russell crowe cate blanchett
Ridley Scott revient sur la Croisette, 33 ans après Les Duellistes. Robin Hood (Robin des Bois) fera l'ouverture du 63e Festival de Cannes, le 12 mai prochain. Russell Crowe (Robin), Cate Blanchett (Marian), Danny Huston (Richard), Max Von Sydow, William Hurt (William), Mark Strong (Sir Godfrey), Léa Seydoux (Isabella), Eilen Atkins (Eléanore d'Aquitaine) et  Matthew Macfadyen (le Shériff de Nottingham) fouleront sans doute, sauf conflit d'agenda, le tapis rouge.

C'est la énième version cinématographique autour du héros. De Disney à Mel Brooks, les parodies n'ont pas manqué. On se souvient évidemment des films avec Errol Flynn et Olivia de Havilland (en 1938), avec Sean Connery et Audrey Hepburn (en 1976), avec Kevin Costner (en 1991).

Ridley Scott a été en rivalité avec Sam Raimi et Bryan Singer pour réaliser cette nouvelle version scénarisée par Brian Helgeland, à qui l'on doit L.A. Confidential (sélectionné à Cannes en 1997), Mystic River (sélectionné à Cannes en 2004), mais aussi A Knight's tale, Payback, et les récents The Taking of Pelham 1,2,3 et  Green Zone.

Russell Crowe retrouve son réalisateur de Gladiator et American Gangster. Il est le plus vieux Robin des Bois de l'histoire du cinéma, puisque Sean Connery n'avait pas encore 45 ans en 1975 lors du tournage. Il a gagné une compétition sévère contre Christian Bale pour obtenir le rôle. De la même manière, Cate Blanchett l'a emporté sur Kate Winslet pour le personnage de Lady Marian, initialement prévu pour Sienna Miller.

En France, le film sortira en salles le jour même de l'ouverture puis dans le monde entier, entre le 13 et le 14 mai. A l'origine, Robin des Bois était prévu pour sortir le 19 mai en France.

AFI (7). Sports : Scorsese met K.O. Rocky

Posté par vincy, le 2 juillet 2008

ragingbull.jpgScorsese, battu côté gangsters, s’octroie la médaille d’or dans le film sportif. Raging Bull reste donc le grand classique du cinéaste. Le genre n’est pas nouveau mais apparemment ses bons films sont récents. Seuls trois films datent d’avant 1975. On voit bien des oublis majeurs (des Chariots de feu à Pat and Mike) mais il faut croire que l’AFI a voulu faire ses jeux olympiques avec du golf, du billard, du vélo, du cheval, du basketball. Pas de tennis, pas de foot (ni européen ni américain)… Mais trois films sur le baseball. Pourtant le sport qui fait fureur reste la boxe. Rocky (2e) et Raging Bull (1e) ne laissent pas de place à Gary Cooper (The Pride of the Yankees), Kevin Costner (Bill Durham), Paul Newman (L'arnaque) ou Tom Cruise (Jerry Maguire)...

Notre avis : là encore, le champion n’est pas contestable, tant Raging Bull incarne le drame sportif dans toute sa splendeur et sa souffrance. Le reste de la liste est trop fantaisiste pour être pris au sérieux.

Prochain épisode : pas de suspens sans Hitchcock