Arras 2013 : des avants-premières, une compétition européenne inédite et Patrice Leconte, Philippe Lioret et Yolande Moreau en invités d’honneur

Posté par MpM, le 9 octobre 2013

arras 2013On ne présente plus l'Arras Film Festival qui met à l'honneur chaque année en novembre le meilleur du cinéma contemporain tout en proposant des rétrospectives thématiques originales et passionnantes.

Pour cette 14e édition, trois invités d'honneur se succéderont devant le public arrageois pour des leçons de cinéma ouvertes à tous : le réalisateur Philippe Lioret (qui avait ouvert le festival en 2011 avec Toutes mes envies), l'actrice Yolande Moreau (qui présentera son deuxième film en tant que réalisatrice, Henri, découvert à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes) et le cinéaste Patrice Leconte (qui accompagnera son nouveau long métrage, Une promesse).

Une sélection des films de chacun sera également proposée au public, ainsi qu'une carte blanche offerte à Yolande Moreau et composée de La strada de Federico Fellini, La fille aux allumettes d'Aki Kaurismaki et Raining stones de Ken Loach.

Les avants-premières constitueront également l'un des temps fort de la manifestation, avec des oeuvres attendues comme Cartel de Ridley Scott, The immigrant de James Gray, La Vénus à la fourrure de Roman Polanski, Mandela : long walk to freedom de Justin Chadwick ou encore le formidable Suzanne de Katell Quillévéré.

Le "jeune cinéma européen" ne sera pas en reste avec la présentation de quelques films qui ont déjà fait parler d'eux dans d'autres festivals, à l'image du Géant égoïste de Clio Barnard (acclamé à Dinard), de 2 automnes, 3 hivers de Sébastien Betbeder (remarqué à l'ACID) et de Joy d'Elias Yannakakis (présenté à Karlovy Vary), sans oublier la désormais incontournable compétition européenne qui met neuf films en lice pour l'Atlas d'or. Cette année, c'est Philippe Faucon qui présidera le jury chargé de distinguer les lauréats.

La section Visions de l'Est présente par ailleurs, et comme son nom l'indique, un autre panorama du cinéma est-européen (dont l'Ours d'or 2013, Child's pose - Mère et fils - de Calin Peter Netzer) tandis que la section Cinémas du monde invite quelques œuvres internationales remarquées principalement à Cannes et à Berlin comme Gloria de Sebastian Lelio, Tel père, tel fils de Kore-eda Hirokazu et A touch of sin de Jia Zhang-Ke.

Et ce n'est pas tout ! S'il reste un peu de temps dans le planning (surchargé) des festivaliers, ils pourront profiter des rétrospectives thématiques "Nord contre Sud" (avec notamment Autant en emporte le vent de Victor Flemming et Les cavaliers de John Ford) et "Drôles d'espions des sixties" (avec l'incontournable Monocle rit jaune de Georges Lautner, chef d’œuvre parodique à réhabiliter immédiatement) ; rajeunir avec le "festival des enfants" et même continuer de travailler avec les différentes journées professionnelles dont les Arras days (qui font la promotion des coproductions internationales) et les rencontres cinématographiques réservées aux exploitants.

Du 8 au 17 novembre prochains, tous les cinémas se donnent donc rendez-vous à Arras, carrefour désormais incontournable d'une cinéphilie à la fois populaire et de qualité, où se retrouvent durant dix jours les films les plus attendus des six mois à venir. Ecran Noir, partenaire du festival depuis 2008, ne pouvait bien entendu pas louper ça, et vous fera partager ici même et au jour le jour les temps forts de la manifestation  !

Retour sur Dinard 2013 : rencontre avec Jodie Whittaker, Charlie Cox et Anthony Wilcox pour Hello Carter

Posté par kristofy, le 9 octobre 2013

Le dernier Festival britannique de Dinard et son jury présidé par Eric Cantona ont décerné le Hitchcock d’or au film The Selfish Giant, attendu en salles le 18 décembre prochain. Parmi les autres films en compétition, il y avait notamment Hello Carter, un premier long-métrage réalisé par Anthony Wilcox avec Charlie Cox et Jodie Whittaker. Cette dernière était déjà présente à Dinard l’année dernière pour le film Good Vibrations, qui d’ailleurs avait eu le prix du scénario.

Jodie Whittaker est une actrice éclectique que l’on a remarquée dans différents types de projet, aussi bien au cinéma qu'à la télévision. La plupart des films dans lesquels elle apparaît restent pour le moment inédits en France, à l'image de Venus (avec Peter O'Toole et Vanessa Redgrave), Good (avec Viggo Mortensen) et Ashes (avec Ray Winstone et Jim Sturgess), et à l'exception d' Attack the block. Elle continue également de tourner dans des courts-métrages (encore deux l'année dernière), comme Two Minutes (à revoir ici).

C'est actuellement le BFI London Film Festival (jusqu'au 20 octobre). Ce festival compte différentes sélections et différents jurys dont les membres sont entre autres Lone Scherfig, Cillian Murphy, Miranda Richardson , Emilia Fox, Jim Broadbent (dont le film Week-end à Paris était en avant-première à Dinard) ou encore Saoirse Ronan (dans How I live now aussi découvert à Dinard). Un prix honorifique sera également remis à Sir Christopher Lee.

Parmi les films présentés, Hello Carter dont Ecran Noir a rencontré l’équipe venue à Dinard :

hello carterEcran Noir : Anthony, pourquoi avoir choisi Jodie Whittaker et Charlie Cox pour Hello Carter ?
Jodie Whittaker : On va faire semblant de ne pas écouter ;-)
Anthony Wilcox : Ce sont deux acteurs dont j’admire beaucoup le travail. J’ai connu Jodie bien avant Charlie. Il y a plusieurs années, j’ai réalisé un court-métrage avec Jodie qui s’appelait déjà Hello Carter, le même titre, qui a ensuite inspiré ce film dans lequel évidement elle devait être. Pour le rôle masculin, j’ai rencontré Charlie par le biais d’un directeur de casting, et la première fois qu’on s’est vu c’était par internet avec Skype car à ce moment-là il travaillait à New-York. C’était un peu étrange comme première rencontre par écran interposé. C’était d’ailleurs le moment idéal pour nous car Charlie après deux années à New-York (ndr : acteur dans la série Boardwalk Empire) voulait revenir à Londres pour de nouveaux projets et il était disponible.

Ecran Noir : Et vous deux, Jodie et Charlie, comment Anthony vous a convaincu de participer à ce film ?
Jodie Whittaker : On avait donc déjà fait ce court-métrage, alors c’était une décision facile de dire oui. J’avais beaucoup apprécié le tournage du court, signer pour le long métrage, je savais que ça allait être une bonne expérience.
Charlie Cox : J’ai reçu le scénario par mon agent, et j’ai trouvé que c’était une histoire charmante et légère et fraîche. Le script était assez original et unique et c’est le genre d’histoire qui ne peut être réalisée que par la personne qui l’a écrite : comme ça a été le cas avec Anthony, alors ça a été sans hésitation. J’étais ravi d’avoir cette proposition.

Ecran Noir : Le film est en équilibre hello carter entre ‘action’ et ‘romance’, est-ce que c’est quelque chose de voulu dès le début où préfériez-vous un aspect plutôt que l’autre ?
Anthony Wilcox : C’est en fait la chose la plus difficile, ne pas avoir trop d’action sans être trop dans la love-story. A la fois durant l’écriture et durant le tournage, je voulais cet équilibre. Dès l’écriture je voulais faire monter progressivement l’histoire d’amour au fur et à mesure des péripéties, comme ils se retrouvent plusieurs fois ensemble par la force des évènements, ils ne pouvaient que finir ensemble et se séduire. On se rend compte que chaque personnage a des raisons différentes qui les font rester ensemble au fur et à mesure de la nuit, et ces raisons changent peu à peu de manière subtile vers une attirance mutuelle.
Jodie Whittaker : On a souvent tendance à me voir comme une fille fragile ou maltraitée ou sur le point de se mettre à pleurer, et là c’était différent. C’était intéressant de passer outre tout ça et les dialogues jouent sur différents niveaux. C’était intéressant de jouer dans un film comme ça qui est un peu multi-genres.
Charlie Cox : Mon sentiment est qu’à travers toute l’histoire on voit l’évolution du personnage qui passe par différents stades. Il subit la vie qui passe sans la vivre et enfin il va pouvoir agir pour que sa vie soit plus belle. Au début c’est quelqu’un d'un peu passif et avec cette soirée très bizarre où il va se passer plein de choses mouvementées, il va devenir plutôt actif et prendre sa vie en main. D’une manière étrange ces moments où il est pris dans l’action vont lui révéler qu’il peut ouvrir son cœur à quelqu’un d’autre.

hello carterEcran Noir : Quand Hello Carter sortira-t-il en salles en Angleterre ? Et pour la France ?
Anthony Wilcox : Pour la sortie du film, à priori ça devrait être début 2014 en Grande Bretagne, mais je ne sais pas encore pour la France. En fait, le film est terminé depuis à peine deux mois ! Il est sélectionné ici à Dinard et il sera aussi montré au festival de Londres.
Jodie Whittaker : C’est excitant que le film soit découvert d’abord par des Français avant les Anglais, en particulier à Dinard. J’étais déjà venue ici et c’est un festival assez unique parce dans les salles les films sont vus en majorité par des fans de cinéma, et pas que des professionnels comme presse, distributeurs, vendeurs ou acheteurs de films comme dans d’autres festivals. Ici, les salles sont vraiment pleines et les spectateurs, c’est vraiment le public. Dinard c’est un peu comme un petit échauffement pour nous avant de présenter le film à Londres.

Pas de Blue Jasmine en Inde

Posté par vincy, le 8 octobre 2013

Woody Allen a refusé de changer son film Blue Jasmine pour complaire aux lois de l'Inde.

Le réalisateur a ainsi usé de son droit de contrôle artistique sur son film. En Inde, une loi oblige à l'incrustation d'un avertissement anti-tabac sous forme de pop-up en bas de l'écran dès qu'on allume une cigarette à l'image. Or Cate Blanchett fume beaucoup dans Blue Jasmine (que dire de Deneuve dans Elle s'en va?).

Le cinéaste pense que "lorsque le message anti-tabac commence à défiler sur l'écran, l'attention du spectateur va vers lui plutôt que vers la scène." Allen veut que son film soit montré tel qu'il l'a fait, sans aucun autre ajout ou modification.

Bleu Jasmine
devait sortir en Inde le week-end dernier.

9e édition du Festival Brésil en mouvements

Posté par MpM, le 8 octobre 2013

bresil en mouvementsLe grand rendez-vous annuel du cinéma documentaire brésilien ouvre ses portes au cinéma La Clef (Paris 5e) ce mercredi 9 octobre, pour cinq jours de rencontres, débats et discussions autour des réalités sociales du pays et d'une sélection de films articulés en sept thématiques : travail domestique ; femmes en résistances ; santé et exclusion sociale ; santé : modes de vie en question ; dictature et résistances ; football, la Coupe est pleine ? et musique en action.

La soirée d'ouverture sera ainsi consacrée au travail domestique à travers le documentaire Doméstica de Gabriel Mascaro dans lequel sept adolescents ont accepté de filmer leur employé(e) de maison durant une semaine.

Un débat (quels  statuts,  quels  rôles  et  quels  droits  pour  les  employé(e)s  de maison ?) suivra la projection, en présence de Pedro Barbosa Mendes (membre du réseau universitaire Nômade, chercheur au laboratoire  « Territoire  et  Communication »  de  l'Université  Fédérale  de  Rio  de Janeiro) et d'Annie Pourre du réseau No-Vox.

Au cours de la semaine, d'autres débats aborderont la question des droits des femmes, les corrélations entre choix de société et santé ou encore la dictature militaire, le droit à la vérité et à la mémoire et leurs impacts sur la société brésilienne aujourd'hui. Enfin, un concert du groupe Filosofia do Samba clôturera la manifestation en toute convivialité.

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9e édition de Brésil en mouvements
Du 9 au 13 octobre 2013
Cinéma La Clef
34 rue Daubenton - 75005 Paris
Informations et programme complet sur le site de la manifestation

Patrice Chéreau (1944-2013), rideau!

Posté par vincy, le 7 octobre 2013

Patrice Chéreau

Patrice Chéreau vient de succomber d'un cancer du poumon à l'âge de 68 ans. Né le 2 novembre 1944 à Lézigné (Maine-et-Loire), il a réalisé 10 longs métrages de 1974 à 2009. Il était avant tout considéré comme l'un des plus grands metteurs en scène de théâtre et d'opéras, transcendant des actrices comme Dominique Blanc (La douleur de Marguerite Duras) ou révélant Marina Hands (Phèdre). On lui doit de sublimes mises en scène de Marivaux et de Koltès. Il préparait également une mise en scène de Shakespeare.

Homme engagé politiquement (à gauche), assumé sexuellement avant l'heure (ardent défenseur de la lutte contre le SIDA), Chéreau fut un éphémère patron de la Fémis, patron emblématique du Théâtre des Amandiers à Nanterre durant 8 ans (il fit émerger toute une génération de comédiens) et président du jury du Festival de Cannes. Cette homme errait dans sa solitude. Et ne savait que transposer ses doutes existentiels : "Je ne sais raconter les choses qu'à travers moi".

8 ans après avoir commencé sa carrière théâtrale, il passe derrière la caméra, en 1974 avec La Chair de l'orchidée, avec Charlotte Rampling, Bruno Cremer, Edwige Feuillère et Simone Signoret. "J'ai dû le raccourcir car les producteurs me l'avaient demandé. Et à l'époque je pensais qu'en raccourcissant un film long, on le rendait rapide. Alors qu'en fait on fait un film long tronqué !" expliquait-il, comme pour justifier les maladresses de l'oeuvre. Il retrouve Signoret pour son deuxième long-métrage, Judith Therpauve (1978).

Mais c'est en 1983 que Chéreau se révèle comme cinéaste avec L'Homme blessé. Alors que l'homosexualité n'est plus un délit ni une maladie, depuis peu, il filme l'histoire d'un adolescent bourgeois qui croise un homme plus âgé impliqué dans le milieu de la prostitution et qui décide de se prostituer pour gagner son amour. Le film, César du meilleur scénario, forge la carrière du jeune et sensuel Jean-Hugues Anglade.

Pour Hôtel de France, il prend sa troupe des Amandiers, Laurent Grévill, Valeria Bruni Tedeschi, Bruno Todeschini, Agnès Jaoui et Vincent Pérez. Sa mise en scène s'affine, entre esthétisation, tragédie sentimentale et drame humain. Ce style sera porté à son paroxysme avec La Reine Margot en 1994, où Anglade, Auteuil, Lisi, Todeschini croisent la folie d'Adjani, qui joue ici, sans qu'on le sache alors, son dernier grand rôle. Le film est en compétition à Cannes et lui vaut le prix du jury et un prix d'interprétation à Virna Lisi.

Il revient sur la Croisette avec Ceux qui m'aiment prendront le train, épopée chorale qui transporte le cortège à Limoges, entre comédie à l'italienne et mélancolie très française. Il récolte le César du meilleur réalisateur. Mais, après ses deux films, Chéreau décide de changer de registre avec des films plus claustrophobes, plus sexuels aussi. Des films de passion.

Intimité (Intimacy), en 2000, est cru. Ce film londonien expose homosexualité et hétérosexualité en chair et en os. Brillamment mis en scène, sans doute son plus abouti, le film est primé (Ours d'or à Berlin, Prix Louis-Delluc) mais boudé par le public. Prix de la mise en scène à Berlin, Son frère en 2003, à l'origine un téléfilm, est dans la même veine. Inspiré d'un livre de Philippe Besson, cette oeuvre presque mortifère, avec Bruno Todeschini et Eric Caravaca, évoque le combat contre la maladie (le SIDA). Sans doute le plus beau film français sur le sujet. Mais derrière ce thème, Chéreau filme avant tout une superbe relation fraternelle, où l'émotion, palpable, tire les larmes.

Après Gabrielle, huis clos en costumes avec Isabelle Huppert et sa "muse" Pascal Greggory, il flirte avec Visconti mais échoue à séduire public et critiques. Son ultime film, Persécution, en 2009, avec Romain Duris, Charlotte Gainsbourg et Jean-Hugues Anglade, ne parvient pas plus à reconquérir ses aficionados malgré un thème très contemporain, le harcèlement et l'intrusion.

Chéreau était aussi acteur, souvent impeccable et même parfois formidable. On l'a vu chez Andrzej Wajda (Danton), Youssef Chahine (Adieu Bonaparte), Michael Mann (Le dernier des Mohicans), Claude Berri (Lucie Aubrac), Raoul Ruiz (Le temps retrouvé), Ronie Marshall (Au plus près du Paradis) et Michael Haneke (Le temps du loup). Rien que ça.

Audacieux, le metteur en scène avait cet aspect bipolaire qui introduisait de la théâtralité dans le cinéma et du mouvement presque cinétique sur les planches. Amoureux des acteurs, il aimait les voir souffrir sur scène et semblait fasciner par les gros plans sur grand écran. Lyrique, spectaculaire, sa mise en scène était aussi intérieure et intimiste. Désir, folie, mort et liberté étaient les piliers d'une oeuvre où l'homme, aliéné par le conformisme, était prêt à tous les excès pour s'en sortir. Peu importe le risque, l'issue.

A l'image de cet homme qui ne se reposait jamais et qui lançait sans doute à ceux qui acceptaient de s'engager avec lui : "que ceux qui m'aiment me suivent". Peu le pouvaient.

Le cinéma dakarois en vedette à Paris

Posté par vincy, le 7 octobre 2013

Des étoiles de Dyana GayeA partir du 15 octobre, dans le cadre du Tandem Dakar-Paris, le cinéma de la capitale du Sénégal sera à l'honneur dans la Ville Lumière. Le Tandem est une programmation de plus de 50 événements culturels (du cirque au numérique, de la danse à la photographie, de la mode à la musique) organisé par l'Institut français cet automne.

Côté cinéma, la programmation cinéma fera le grand écart entre les grands classiques sénégalais et la nouvelle garde du cinéma dakarois.

Ainsi, le cinéma les Cinq Caumartin près de Saint-Lazare diffusera tous les mardis du 15 octobre au 5 novembre des films consacrés à la ville de Dakar, des rencontres avec des réalisateurs et deux ciné-concerts. On pourra y voir Ramata de Léandre-Alain Baker, Madame Brouette de Moussa Sene Absa, Mossane de Safi Faye, Un transport en commun de Dyana Gaye, La noire de... et Moolaade d'Ousmane Sembène et enfin en avant-première, L'absence de Mama Keïta.

En novembre, un hommage à Djibril Diop Mambety (1945-1998) sera rendu au nouveau cinéma le Louxor (Barbès). 3 films seront projetés : Touki Bouki, le voyage de la hyène (1973) le 12 novembre, La petite vendeuse de Soleil (1998, son dernier film) le 17 novembre et Hyènes (1991) le 24 novembre.

L’association Clap Noir proposera le temps d’un week-end, les 22 et 23 novembre, un panorama du cinéma dakarois au Nouveau Latina (dans le Marais), avec des films anciens et récents signés Augustin N'Dong, Djibril Diop Mambétu, Samba Félix Ndiaye, Ismaël Thiam, Angèle Diabang, Alice Diop (en sa présence), Oismane Sembène et Serine Mbodj.

Enfin l’Institut des Cultures d’islam (Goutte d'or) proposera le 19 décembre une avant-première du film Des étoiles (photo) en présence de sa réalisatrice Dyana Gaye.

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Tandem Dakar-Paris toutes les informations sur le site officiel

Cinespana 2013 : trois prix pour Los Ilusos de Jonás Trueba

Posté par MpM, le 7 octobre 2013

los ilusosLa 18e édition de Cinespana s'est achevée par le sacre de Los ilusos de Jonás Trueba, récompensé à la fois de la Violette d'or du meilleur film, du prix d'interprétation masculine (Francesco Carril) et de la meilleure musique (Abel Hernández).

Ce deuxième long métrage du fils de Fernando Trueba (L'artiste et son modèle) est un film expérimental qui parle, avec poésie et liberté, du désir de cinéma, thème récurrent de la compétition 2013.

Trois autres films se partagent les autres prix : la heridaFrontera de Manuel Pérez (un huis clos dans une prison, quimêle détenus et acteurs professionnels) est distingué pour sa photographie, La plaga de Neus Ballús (documentaire sur différents individus confrontés à la crise sociale) pour son scénario et La Herida de Fernando Franco (sur une femme souffrant d'un trouble de la personnalité borderline) vaut un second prix d'interprétation à Marian Álvarez après celui remporté à San Sebastian en septembre dernier.

otelloA noter enfin que le public a récompensé El Cuerpo de Oriol Paulo (le nouveau polar des producteurs de l'Orphelinat Juan Antonio Bayona) tandis que Otel.lo de Hammudi Al-Rahmoun Font (mise en abyme du tournage d'une adaptation décomplexée d'Othello) recevait le prix du meilleur premier film et Dime quien era sanchicorrota de Jorge Tur Molto (portrait en creux d'un bandit-héros du sud-est de la Navarre qui volait aux riches pour donner aux pauvres) celui du meilleur documentaire.

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Le palmarès complet

Violette d'or
Los ilusos de Jonás Trueba

Meilleure interprétation féminine
Marian Álvarez pour La Herida de Fernando Franco

Meilleure interprétation masculine
Francesco Carril pour Los ilusos de Jonás Trueba

Meilleure photographie
Oriol Bosch Vázquez, pour Frontera de Manuel Pérez

Meilleur scénario
Neus Ballús et Pau Subirós pour La plaga de Neus Ballús

Meilleure musique
Abel Hernández, pour Los ilusos de Jonás Trueba

Prix du public
El Cuerpo de Oriol Paulo

Meilleur premier film
Otel.lo de Hammudi Al-Rahmoun Font

Meilleur documentaire
Dime quien era sanchicorrota de Jorge Tur Molto

Prix du meilleur court métrage
Eskiper de Pedro Collantes
Mention spéciale à
Bendito machine IV de Jossie Malis

Dinard 2013 : Rencontre avec Shane Meadows

Posté par kristofy, le 6 octobre 2013

shane meadowsLe Festival Britannique de Dinard a fait découvrir il y a plus de 10 ans le réalisateur Shane Meadows, dont le film Dead Man Shoes a gagné le Hitchcock d’Or en 2004.

Depuis, il est revenu régulièrement presque chaque année accompagné de son producteur Mark Herbert.

Twentyfour Seven était en compétition en 1998, Once Upon A Time In The Midlands en première en 2002, This Is England et un hommage à son parcours (déjà) en 2007, Somers Town en clôture en 2008, Le Donk & Scor-Zay-Zee en première en 2009...

Cette année, Shane Meadows est venu présenter en avant-première son documentaire The Stones Roses : made of stone :

Ecran Noir : Que représente ce groupe The Stones Roses pour vous ?
Shane Meadows : Il y a eu un grand mouvement musical au début des années 90 qu’on appelle "la scène de Madchester", avec énormément de groupes originaires de Manchester qui étaient composés de jeunes issus de la classe ouvrière sans beaucoup d’éducation. C’étaient une époque où il y avait beaucoup de gens sans travail et sans espoir. Beaucoup de jeunes ont formés leurs groupes en jouant dans des garages puis dans des bars. Ils jouaient avec dévotion pour les gens du coin qui pouvaient se reconnaître en eux. Le groupe The Stone Roses était spécial, un peu plus que d’autres groupes, et quand leur disque est sorti on les a considérés comme le meilleur groupe du monde. A l’époque pour les adolescents comme moi, The Stones Roses ont insufflé une idée comme "même sans éducation, tu peux faire ce que tu veux dans la vie". J’ai été fan de ce groupe étant jeune, quand j’ai reçu ce coup de téléphone pour ce projet j’ai été super heureux, c’était d’ailleurs il y a deux ans justement au moment du festival de Dinard. C’est un documentaire sur la reformation des The Stones Roses et en même temps en quelque sorte ma lettre de fan au groupe.

made of stone EN : Après beaucoup de films très différents les uns des autres, cette fois The Stones Roses : made of stone est un documentaire, et vous avez dit que c’était à la fois votre premier documentaire et probablement le dernier…
ShM : La grande différence est qu'avec un documentaire vous ne contrôlez pas l’histoire qui est racontée. Dans mes films comme par exemple This is England ou Dead Man Shoes, c’est moi qui invente ma version de l’histoire, et quand je tourne des images un jour je sais d’avance quelles images je vais tourner le lendemain. Ici c’est le groupe The Stones Roses qui décide de ce qui se passe, il y a la reformation du groupe et les concerts et tout ce que ça implique autour, et moi je dois capturer ce qui se passe. Ce documentaire c’est filmer la vraie vie, c’est rendre compte ce que représente ce retour de The Stones Roses. C’est assez difficile de savoir sur le moment si ce qui est filmé est bon ou pas, si ça aura sa place dans le montage ou pas. Surtout qu'à un moment le groupe a connu des tensions (ndr : le batteur qui s’en va) et ne voulait plus être filmé ! J’ai réalisé ce film sans savoir ce qu'il allait être vraiment. J’ai accepté de faire ce documentaire surtout parce que The Stone Roses était mon groupe préféré. Une autre difficulté était l’accumulation des séquences filmées, j’avais plus de 300 heures d’images à choisir d’intégrer dans le montage ou à rejeter.

EN : Comment on prépare le dispositif de tournage pour un projet de cette ampleur ?
Shane Meadows : On a commencé avec 2 caméras, puis il y avait 4 caméras pour les répétitions du groupe, puis pour le premier concert 13 caméras, et puis les concerts suivants on avait 36 caméras ! Le tournage a commencé comme un projet personnel et c’est devenu quelque chose de très ambitieux.

EN : Quels films musicaux ont pu vous influencer ?
Shane Meadows : J’avais déjà vu plusieurs documentaires avant ce projet, comme Some Kind of Monster sur Metallica, Anvil qui est génial, Dig est aussi un film formidable. Mais justement je ne voulais pas reprendre une idée de quelqu’un d’autre, j’ai évité de regarder d’autres documentaires sur la musique.

made of stoneEN : A deux moments, il y a une citation à propos du fait qu’un film documentaire doit témoigner et ne pas donner un point de vue alors que vous-même apparaissez à l’image pour livrer différents commentaires sur les évènements. Comment être à la fois le plus neutre possible et en même temps être très impliqué ?
Shane Meadows : C’est quelque chose de très difficile car j’étais en même temps cinéaste et fan. C’était très difficile surtout au moment où le groupe est sur le point de se séparer et que tout risque de s’arrêter. L’existence du groupe était déjà fragile avant leur séparation et ça recommençait de nouveau, j’étais face à une situation où c’était peut-être la fin de tout. Je devais continuer à filmer quelque chose et j’étais triste de cette situation à la fois en tant que fan et que cinéaste. Mon intervention est une réaction honnête à ce qui se passe en étant moi-même au cœur de l’évènement. Je ne suis pas le genre de documentariste journaliste qui doit tout couvrir, j’ai mon point de vue et j’ai choisi à ce moment-là de ne pas filmer ce qui relève de la sphère plutôt privée du groupe. C’est la meilleure chose que j’ai faite, une semaine plus tard ils m’ont invité à revenir en me disant que la raison pour laquelle ils m’avaient choisi pour réaliser ce film étaient qu’ils savaient que je n’allais pas faire ce que n’importe qui d’autre aurait fait comme les coller constamment avec la caméra et chercher du sensationnel à tout prix.

EN : Est-ce que le groupe à voulu contrôler le montage du film ?
Shane Meadows : Ils n’ont jamais interféré avec le film, ce qu’ils auraient pu faire pour certaines scènes que l’on voit. J’ai eu carte blanche pour tout,  le tournage et le final cut pour le montage. Et ça a été quand-même un soulagement pour moi le moment où le groupe a vu le film et qu'ils l'ont vraiment aimé. Ils ont été sur la même longueur d’onde depuis le début du projet : c’était mon film à propos d'eux, The Stone Roses.

made of stoneEN : Pourquoi le premier concert est filmé en noir et blanc et les autres en couleur ?
Shane Meadows : J’aime le noir et blanc, et j’ai d’ailleurs déjà fait quelques films en noir et blanc, comme Sommers Town. Ici, pour ce tout premier concert après tant d’années personne ne savait vraiment ce qui allait se passer. L’idée de passer du monochrome à la couleur pour les concerts était cohérente avec le fait de les découvrir d’abord chez eux dans cette petite salle puis ensuite en tournée ailleurs en Europe comme par exemple Barcelone. Il y a aussi le fait que ce tout premier concert était une surprise (ndr : une annonce à la radio et  internet d’un billet de concert gratuit pour les fans qui viendraient avec un disque ou un tshirt), c’était le début d’une nouvelle histoire et en même temps un moment de légende.

EN : Il y a une scène lors du concert à Lyon où dans les coulisses on voit le groupe avec Eric Cantona qui est cette année le président du jury ici à Dinard…
Shane Meadows : J’ai vu Eric Cantona hier soir et justement je lui ai dit qu’il apparaissait dans mon film. Lui aussi, comme eux, c’est une légende de Manchester, le voir en compagnie de The Stone Roses était un moment magique.

EN : Est-ce que ce film The Stones Roses : made of stone arrivera en France ?
Shane Meadows : Il y a eu une sortie dans les cinémas en Angleterre et le film est maintenant en dvd depuis trois semaines, avec un dvd de bonus. Pour une sortie dans les autres pays, c’est en cours de discussion pour ce qui est d’une sortie cinéma ou plus probablement directement en dvd. Pour la France on parlait justement avec un distributeur hier mais je ne sais pas ce qu’il adviendra.

EN : Vous pouvez parler de votre prochain film ?
Shane Meadows : Il y a déjà les retrouvailles avec Thomas Turgoose et Vicky McClure et les autres pour This is England 90 (ndr : après le film This is England il y a eu la série This is England 86 (4 épisodes) et This is England 88 (3 épisodes) encore inédite en France, la série a gagné le prix Best Mini Series aux BAFTA Television Awards 2012). Il y a aussi un projet de film qui serait un genre de biopic à propos du cycliste anglais Thomas Simpson mort au Mont Ventoux durant Le Tour de France de 1967, le film serait tourné entièrement en France. Je vais devoir finalement apprendre à parler un peu votre langue le français…

Le prochain Festival Britannique de Dinard en 2014 va fêter ses 25 ans. Il se pourrait que Shane Meadows soit une nouvelle fois présent à Dinard avec pour l’occasion une projection de ses 25 courts métrages…

L’inconnu du lac interdit au Liban

Posté par vincy, le 6 octobre 2013

L'inconnu du lac d'alain guiraudie

L'inconnu du lac d'Alain Guiraudie n'a pas pu être diffusé au Festival international du Film de Beyrouth (2-10 octobre), au Liban. Le film devait y être projeté ce week-end mais le comité de la censure a décidé que le thriller homoérotique n'était pas compatible avec ses critères.

Dans un article du journal Le Monde, Colette Naufal, directrice du Festival, explique que le film était sans doute "osé. Trop osé pour le Liban". Elle s'en désole : "C'est ridicule de l'interdire". L'inconnu du lac, queer palm et prix Un certain regard au dernier festival de Cannes, évoque une série de crimes sur une plage fréquentée par des gays. Elle avait sélectionné le film dans la section Panorama, aux côtés de Gravity, Attenberg, Balncanieves, All is Lost, Fruitvale Station et Jimmy P.

Mais la loi est floue. Elle permet au comité de censure d'interdire un film, local ou étranger, considéré comme provocateur pour la paix civile et les bonnes moeurs : politique, religion et sexualité sont souvent les ingrédients qui peuvent empêcher un film d'être diffusé au Liban, où l'homosexualité reste un délit pénal malgré une tolérance plus libérale que dans de nombreux pays arabes. Le Monde rapporte les propos de l'artiste Akram Zaatari, dont deux films, Red Chewing-gum (2000) et How I Love You (2001), traitant de l'homosexualité : "Sur la sexualité, les censeurs ne veulent pas être attaqués par les autorités religieuses". Et il ajoute : "Si l'homosexualité était dépénalisée, ce serait peut-être un premier pas. Mais cela ne changerait pas le problème de fond. Une relation homme-femme est autorisée au Liban, la montrer à l'écran est tabou."

Toute scène sexuellement explicite est donc interdite. L'inconnu du lac pourra toujours se rattraper en format DVD, piraté, comme tous les autres films censurés.

En attendant un jour que le comité de censure soit lui même interdit.

Dinard 2013 : Le géant égoïste couronné de trois prix

Posté par kristofy, le 6 octobre 2013

le géant égoiste the selfish giantAu Festival du film Britannique de Dinard, les films en compétition étaient au nombre de 6. Le jury, présidé par Eric Cantona et composé de Fred Cavayé, Hippolyte Girardot, Michael Smiley, Alice Eve, Amanda Sthers, Toby Jones, Natalie Carter et David Parfitt, en a primé trois samedi soir lors de la cérémonie de clôture.

Pour le Hitchcock d’or et les autres prix, Eric Cantona avait en préambule indiqué que la décision de son jury serait forcément subjective et qu’un autre jury aurait pu faire un autre choix. Cependant, pour la récompense suprême, il se révèle que le choix est des plus objectif : le film The Selfish Giant - qui avait déjà remporté le prix Label Europa Cinémas à la Quinzaine des réalisateurs en mai dernier - était meilleur que les autres à plusieurs égards.

Dans l’histoire de Dinard, des films comme Tyrannosaur en 2011, White Lightnin’ en 2009, Boy A en 2008, Dead Man’s shoes en 2004 se sont logiquement imposés au palmarès.  The Selfish Giant est l’histoire de deux garçons d’à peine 15 ans qui vont à  la recherche de divers matériaux (des produits électroménagers, des câbles électriques…) pour les revendre à un ferrailleur. Tous les deux donnent régulièrement un peu de cet argent récolté à leurs parents (pour payer les factures d’électricité). Un garçon Swifty gagne un peu plus d’assurance au contact du cheval qui sert à tirer leur charrette tandis que l’autre Arbor devient de plus en plus insouciant des dangers... Le duo de ces enfants livrés à eux-mêmes joués par les jeunes Conner Chapman et Shaun Thomas ont su émouvoir spectateurs et membres du jury : le film repart avec trois prix.

Le palmarès de cette 24ème édition du Festival du film Britannique :

Hitchcock d’or : The Selfish Giant, réalisé par Clio Barnard, avec Conner Chapman et Shaun Thomas
Prix du scénario : Spike Island, réalisé par Matt Whitecross
Prix de l’Image : The Selfish Giant, réalisé par Clio Barnard
Mention spéciale : pour les trois interprètes de Everyones going to die : Nora Tschiner, Rob Knighton, Madelinne Dugan

Prix du Public : Titus, réalisé Charliez Ctrall

Prix coup de cœur-La règle du jeu (association d’une quarantaine d’exploitants de salles) : The Selfish Giant, réalisé par Clio Barnard

Prix du meilleur court-métrage : Trucs de gosse, réalisé et écrit par Emilie Noblet

A noter que de nombreux films sélectionnés à Dinard n’ont pas encore de distributeurs français (promouvoir ces films britanniques en France est une des missions que se fixe le festival). Cependant The Selfish Giant (Le géant égoïste) sortira en salles le 18 décembre, distribué par Pyramide.