Le Prix Jean-Vigo honore Leos Carax et récompense un court de la Quinzaine des réalisateurs

Posté par vincy, le 15 mai 2013

Les prix Jean-Vigo ont décerné un prix d'honneur pour l'ensemble de son oeuvre à Leos Carax, dont le dernier film Holy Motors a cumulé louanges critiques et prix de par le monde.

Deux autres prix ont été remis : Jean-Charles Fitoussi, Prix Jean-Vigo du long métrage 2013 pour L'enclos du temps (67 minutes), avec Bernard Blancan. Le jury a précisé que le film était "poétique et lumineux, l'art cinématographique dans toute sa pureté". C'est l'histoire de Théophile qui passe ses vacances d’été en Italie et goûte la liberté chez son grand-père qui vit retiré du monde. Trouvant l’état de santé de ce dernier très dégradé, l’enfant fait appel au docteur William Stein qui, il y a sept ans, avait déjà redonné vie au vieil homme. Stein envoie sur place sa meilleure infirmière… à qui tout est permis.

Yann Le Quellec a reçu le Prix Jean-Vigo du court métrage 2013 pour Le Quepa sur la Vilni ! (37 minutes). Un film "dont la liberté de ton et le goût du burlesque font penser à la fois à Jacques Tati, Luc Moullet et Jacques Rozier" selon les jurés. Le film suit André, qui sort de sa paisible retraite car sur ordre du maire, il doit mener à travers monts une troupe d’hommes-sandwichs à vélos pour attirer les spectateurs à l’inauguration du cinéma local. Malgré sa détermination, l’ancien facteur a bien du mal à dompter ses jeunes et impétueux coéquipiers. Le court métrage est sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. Il sera présenté dans le programme du mercredi 22 mai.

Cannes 2013 : Lettre à Jafar Panahi – jour 1

Posté par MpM, le 15 mai 2013

jafar panahiCher Jafar,

Ca y est, la 66e édition du Festival de Cannes va commencer. Comme chaque année, journalistes, producteurs, cinéastes et distributeurs venus du monde entier vont s’y presser, dans l’espoir de découvrir la pépite ultime. Tout le monde sera là, comme on dit. Tout le monde, sauf toi. Pourtant, comme le soulignaient les militants des droits de l’homme à Berlin en février dernier, tu devrais y être. Définitivement.

D’autant que tu as une longue histoire avec Cannes, qui t’a offert la consécration internationale en 1995 pour ton premier long métrage, Le ballon blanc. Tu as ensuite gagné bien des prix (dont un léopard, un ours et un lion), mais c’est Cannes qui t’a offert le premier : la Caméra d’or. Tout un symbole…

Cannes t’a aussi soutenu dans le conflit qui t’oppose au régime iranien : en 2010, tu es officiellement invité à faire partie du jury. En 2011, Ceci n’est pas un film est présenté hors compétition. Dans les salles, une place reste symboliquement vide, avec ton nom dessus. Et puis le silence… En 2012, un panneau interroge même : "où est Jafar Panahi ?"

Cette année, nous t'avons retrouvé. A Berlin, ton film est en compétition. Toi, tu restes à Téhéran. Interdiction de sortir du territoire...

Alors, c’est décidé, nous t'emmenons à Cannes. Puisque tu ne peux pas faire le déplacement, nous te raconterons chaque jour le festival tel que tu aurais dû le vivre. A travers les films qui, comme les tiens, parlent du monde dans lequel nous vivons. Qui sait, peut-être y trouveras-tu des échos à ta propre vie, à ton propre combat. Une manière comme une autre de te souvenir que tout cela n’est pas complètement vain.

Cannes 2013 : quand les livres se font films

Posté par vincy, le 15 mai 2013

Adaptation livre au cinéma Si Cannes a toujours été littérature (jusqu'à des présidents et membres de jury écrivains) et si son Président a un amour immodéré pour la lecture, les sélections ont souvent flirté avec l'écrit, grâce aux multiples adaptations : le livre demeure un matériau de choix pour l'inspiration des cinéastes.

Cette année, dès l'ouverture, le ton est donné avec Gatsby le Magnifique, quatrième version du roman de Francis Scott Fitzgerald (incarné par Tom Hiddleston dans Minuit à Paris), à qui l'on doit déjà Benjamin Button. A noter : Fitzgerald écrivit les passages les plus bouleversants du roman à Saint-Raphaël, à quelques brasses de Cannes.

Cependant ce n'est pas le seul grand écrivain qui sera présent sur les écrans. Ainsi, James Franco, après avoir interprété Alain Ginsberg dans Howl, le voici à Un certain regard avec As I Lay Dying, transposition du roman de William Faulkner, autre grand fantôme de l'entre deux guerres. Faulkner, scénariste de Ford et Hawks, a souvent été adapté (Sirk, Ritt), y compris par Franco (Red Leaves en 2009).

Lucia Puenzo quant à elle a opté pour son propre roman, Wakolda, qui vient de paraître chez Stock. Elle avait déjà adapté son livre El Nino Pez. Et toujours à Un certain regard, Valeria Golino, pour son premier film en tant que réalisatrice, a choisi de mettre en images le roman d'Angela del Fabbro, Vi Perdono, pour en faire Miele.

Arnaud des Pallières a choisi un livre allemand d'Heinrich von Kleist pour Michael Kolhaas, déjà adapté par Volker Schlöndorff en 1969. Et Jérôme Salle, qui avait déjà adapté des Largo Winch, s'est plongé dans le roman Zulu de Caryl Férey.

Côté Quinzaine, l'événement est bien entendu du côté du film d'ouverture, The Congress, d'Ari Folman, d'après le roman culte Le Congrès de futurologie (lire notre actualité) de Stanislas Lem (Solaris).

Mais il n'y a pas que la littérature puisque Roman Polanski a préféré adapté la pièce La Vénus à la fourrure de David Ives, qui est adaptée du roman éponyme de Leopold Sacher-Masoch (comme masochisme). Arnaud Desplechin s'est basé sur un essai de l'ethnopsychanalyste Georges Devereux, Psychothérapie d'un Indien des plaines pour Jimmy P. ; avec Blood Ties, Guillaume Canet a réalisé le remake des Liens du sang de Jacques Maillot, qui est à l'origine une biographie, Les liens du sang : deux frères flic et truand.

Et encore plus surprenant, Abdellatif Kechiche a trouvé l'inspiration dans une BD de Julie Maroh, Le bleu est une couleur chaude, devenue un film en deux parties (3 heures au total pour un album de 160 pages), La Vie d'Adèle (lire notre actualité). Ce n'est pas le seul à avoir été séduit par le 9e art puisque Takashi Miike a transposé Be-Bop High School du mangaka Kazuhiro Kiuchi pour son film Wara No Tate.

Cannes 2013 : Catherine Deneuve ne sera pas là pour l’hommage aux Parapluies de Cherbourg

Posté par vincy, le 14 mai 2013

Catherine Deneuve sera la grande absente jeudi au Festival de Cannes lorsque Agnès Varda, Michel Legrand, Rosalie Varda et Mathieu Demy monteront les marches de la salle du Soixantième pour découvrir la version restaurée des Parapluies de Cherbourg, Palme d'or 1964, qui fera l'ouverture prestigieuse de Cannes Classics.

Mais la star a une bonne raison : elle tourne son septième film avec André Téchiné, L'homme que l'on aimait trop, avec Guillaume Canet. Téchiné et elle c'est évidemment Hôtel des Amériques, Le Lieu du crime, Ma saison préférée, Les Voleurs, Les Temps qui changent, La Fille du RER. Une liaison unique dans le cinéma français. Le Lieu du crime et Ma saison préférée avaient d'ailleurs été en sélection officielle à Cannes.

Le film est inspiré d’un fait divers des années 1970, l’affaire Le Roux, l'histoire d'une héritière mystérieusement disparue. Les soupçons se tournent alors vers son amant, Jean-Maurice Agnele, qui fut condamné à vingt de prison en 2006 alors qu'il clamait son innocence…

Ironiquement, le tournage a lieu à quelques kilomètres de Cannes, où Deneuve fut révélée au monde avec le film de Demy il y a bientôt 50 ans. Canet, de son côté, est attendu, hors-compétition pour son film Blood Ties, présenté lundi.

Cannes 2013 : Né quelque part, avec Jamel Debbouze, s’ajoute en séance spéciale

Posté par vincy, le 14 mai 2013

Jamel debbouze dans né quelque partLe Festival de Cannes a ajouté un film en séance spéciale, en dernière minute. Né quelque part, le premier film de Mohamed Hamidi, sera projeté dans le cadre de la séance réservée aux lycéens de la Région PACA le 21 mai dans la salle du Soixantième, succédant ainsi au Magasin des suicides de Patrice Leconte l'an dernier. Mais cette année, la presse aura le droit à sa projection "privée" pour découvrir le film qui met en vedette Jamel Debbouze, aux côtés de Tewfik Jallab, Malik Bentalha et Fatsah Bouyahmed. Jamel accompagnera le réalisateur à l'occasion de la projection.

Né quelque part raconte l'histoire de Farid, jeune Français de 26 ans, qui doit aller en Algérie pour sauver la maison de son père. Découvrant ce pays où il n’a jamais mis les pieds, il tombe sous le charme d’une galerie de personnages étonnants dont l’humour et la simplicité vont profondément le toucher. Parmi eux, son cousin, un jeune homme vif et débrouillard qui nourrit le rêve de pouvoir rejoindre la France...

Le film sort le 19 juin en France.

Dujardin et Lellouche connectés dans La French

Posté par vincy, le 14 mai 2013

Ils sont en train de devenir un duo de cinéma. Après Les petits mouchoirs et Les infidèles, Jean Dujardin et Gilles Lellouche seront de nouveau réunis dans La French.

La réalisation est confiée à Cédric Jimenez, qui a cosigné le scénario avec Audrey Diwan (journaliste, scénariste et bientôt réalisatrice). Le tournage débutera en août et le film devrait sortir en octobre 2014.

Le film retracera l’histoire du juge Michel assassiné en 1981. Le juge, grand opposant au trafic de drogue dans Marseille, a démantelé 6 laboratoires de transformation de l'héroïne (source : Wikipédia), et arrêté plus de 70 trafiquants en 7 ans. Il est à l'origine du démantèlement de la French Connection et sera abattu par deux tueurs associés à ce réseau.

Dujardin incarnera le juge et Lellouche le caïd Gaëtan "Tany" Zampa, soupçonné d'avoir commandité l'assassinat, et qui se suicidera plus tard en prison. "Le film racontera ces deux hommes avec leurs forces et leurs faiblesses, mais aussi leurs caractères complexes, dans Marseille en pleine French Connection. Le juge Michel était la face solaire de la ville et Gaëtan Zampa, sa face sombre. Mon père, qui possédait alors un bar-restaurant à la Pointe-Rouge qui faisait boîte de nuit, m’en a tellement parlé que j’ai eu beaucoup d’informations pour nourrir notre scénario" a déclaré le réalisateur Cédric Jimenez au Parisien.fr. Les deux comédiens ont commencé à travailler sur leurs rôles en rencontrant des personnes impliquées.

Producteur de Scorpion et Bangkok Renaissance, Jimenez a réalisé son premier film l'an dernier, Aux yeux de tous, avec Mélanie Doutey et Olivier Barthelemy.

Le film est une grosse production de 18 millions d'euros.

Cannes 2013 : Thomas Vinterberg, prix Media de l’Union européenne

Posté par vincy, le 13 mai 2013

thomas vinterberg

Après Asghar Farhadi l'an dernier, c'est le cinéaste danois Thomas Vinterberg qui recevra le prix Media de l'Union européenne dimanche 16 mai à 11h30 au Café des Palmes lors du Festival de Cannes. Ce prix récompense le meilleur nouveau projet cinématographique avec un fort potentiel de succès, susceptible de bénéficier d'un soutien au titre du programme européen MEDIA pour le cinéma. Cela a porté chance à Farhadi (Une séparation) qui avait bénéficié du généreux chèque de 60 000 € pour finaliser le développement de son film Le Passé (lire notre actualité), cette année en compétition à Cannes.

Vinterberg avait été révélé sur la Croisette en 1998 avec Festen, prix du jury. L'an dernier il était en compétition avec La chasse, prix du jury eucuménique et qui permit à Mads Mikkelsen de recevoir le prix d'interprétation masculine. Président du jury des Courts métrages en 1999, le cinéaste danois est cette année président du jury Un certain regard.

Le réalisateur recevra son prix des mains d'Androulla Vassiliou, Commissaire chargé de l’éducation, de la culture, du multilinguisme et de la jeunesse. Un beau cadeau d'anniversaire puisqu'il célèbrera ses 44 ans ce jour là.

Thomas Vinterberg, son co-auteur Tobias Lindholm et sa productrice Sisse Graum (Zentropa) ont été choisis pour leur film Kollektivet (The Commune) : l'histoire retrace la vie dans une commune danoise dans les années 70.

«Le développement est une étape tellement essentielle et une partie éminemment créative du processus de création cinématographique. Quelle chance de pouvoir compter sur une institution telle que le programme MEDIA de l'Union européenne, qui reconnaît et soutient la création cinématographique à son stade le plus délicat!», a déclaré Thomas Vinterberg.

«Les films de Thomas ne sont jamais banals: ils stimulent toujours la réflexion et sont toujours magnifiquement écrits et interprétés. Il n'a pas peur de prendre des risques et, après le succès mondial de son chef-d’œuvre La Chasse, nous sommes impatients de découvrir son prochain film », a déclaré Mme Vassiliou.

Parmi ses 80 mesures, le rapport de Pierre Lescure met fin à l’Hadopi

Posté par redaction, le 13 mai 2013

rapport mission pierre lescure80 propositions après des mois de consultations. Pierre Lescure a rendu aujourd'hui son rapport "Acte II de l'exception culturelle à l"ère du numérique". Globalement, le rapport a décidé de remettre l'usager au coeur de la réflexion, tout en actant que le numérique était un environnement évolutif mais incontournable pour la culture. "Nous avons imaginé des propositions qui visent à adapter notre système aux évolutions technologiques à 3 / 5 ans" expliquait-il en conférence de presse ce midi au Ministère de la culture. Le postulat de base est simple :"le numérique est désormais le mode principal d'exploitation des oeuvres". Lescure, ancien patron de Canal +, a par ailleurs confié que la participation des internautes au débat avait interpellé les membres de la mission et fait bousculer quelques idées.

Sans vouloir détailler les 80 propositions (vous pouvez télécharger le rapport : tome 1 et tome 2), certaines retiennent notre attention pour le cinéma. La plus symbolique est évidemment la fin attendue de la coûteuse HADOPI. Le CSA, qui doit être complètement réformé prochainement, récupérera la mission d'observation des pratiques culturelles en ligne. Les sanctions liées au piratage ne seront plus d'ordre pénal et l'amende sera forfaitaire et raisonnable (60€). Surtout, la sanction suprême (suspension de l'accès web, alors qu'il est considéré comme un droit universel) est abolie.

Une importante partie du rapport s'attache à détailler une révision complète du calcul des droits d'auteur, en évoquant le principe de rémunération équitable, et la gestion de le leur rémunération.

Mais Pierre Lescure indique bien que le piratage a d'autres causes : délais de diffusion des séries, accès opaque à la VàD, inégalité fiscale entre les géants de la diffusion (Apple, Amazon, Netflix...) et les éditeurs de contenus...

Passage en revue de quelques mesures, qui ne sont que des préconisations et non des lois. Tout cela sera discuté au Parlement d'ici les prochaines semaines :

- Oeuvres au potentiel commercial limité mais à fort intérêt patrimonial : mobiliser les ressources du compte de soutien à la transition numérique, sous la forme de subvention. Certaines oeuvres se prêtant mal à cette classification, la mission préconise un mix de subventions et d'avances remboursables, ce que fait déjà le CNC.

- Révolution dans la chronologie des médias qui incite au piratage : avancer ainsi à 3 mois (au lieu de 6) la fenêtre de la Vidéo à la demande et à 18 mois (au lieu de 36) la fenêtre de la VàDA.

- Défendre auprès de l'Union européenne l'inclusion des aides à la diffusion et à la distribution dans les aides à la promotion de la culture.

- Rétablir l'égalité fiscale entre les diffuseurs basés en France et les autres, en privilégiant l'acte de consommation sur le territoire national.

- Mobiliser les SOFICA au service du développement de la VàD.

- Assujettir à la taxe VàD les services de VàD dont le siège est installé hors de France et qui s'adressent aux publics français.

- Instaurer une taxe sur les appareils connectés permettant de stocker ou lire des contenus culturels (smartphones, tablettes, liseuses, ordinateurs...).

- Clarifier le cadre juridique applicable à la finance participative et le statut fiscal des contributions collectées par les plateformes de crowdfunding.

- Réorienter la politique de sanctions vers ceux qui profitent et s'enrichissent grâce au piratage. "Des systèmes criminels et mafieux" selon Lescure, qui parle de lutte contre la contrefaçon. Pour cela la mission propose d'étendre la compétence du service Cyberdouanes en intégrant les atteintes à la propriété intellectuelle.

- Redéfinir l'exception pédagogique pour y intégrer les usages numériques et inciter les enseignants à mettre à disposition les ressources numériques qu'ils produisent sous licence Creative Commons. Encourager plus généralement les licences libres, notamment si les projets bénéficient de d'aides publiques.

- Amender le code de la propriété intellectuelle pour permettre aux auteurs d'autoriser par avance l'adaptation de leurs oeuvres et de les verser par anticipation dans le domaine public.

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Les trois objectifs de la mission :
- Dans le souci de défendre les créateurs, la mission devait produire des conclusions sur les termes d’une lutte efficace contre les pratiques illégales, mise en place avec nos partenaires européens et qui tienne compte des attentes et des pratiques sociales.
- La régulation des flux financiers associés à la création impliquait aussi de définir les mécanismes qui garantiront un équilibre meilleur et éviteront la concentration progressive de la valeur créée par les échanges, du côté des opérateurs les plus puissants.
- La prise en compte des attentes des publics et la volonté d’offrir un accès du numérique au plus grand nombre supposaient de faire des propositions sur le financement de la numérisation, sur l’adaptation de l’offre à la demande, sur les mécanismes de financement de la création, sur les modalités de gestion des droits.

Les grandes lignes du rapport Lescure :
A. ACCES DES PUBLICS AUX ŒUVRES ET OFFRE CULTURELLE EN LIGNE
1. Dynamiser l’offre en améliorant la disponibilité numérique des oeuvres
2. Favoriser le développement d’un tissu de services culturels numériques innovants et porteurs de diversité culturelle
3. Proposer aux publics une offre abordable, ergonomique et respectueuse de leurs droits

B. REMUNERATION DES CREATEURS ET FINANCEMENT DE LA CREATION
1. Garantir la rémunération des créateurs au titre de l’exploitation numérique de leurs oeuvres
2. Renforcer la contribution des acteurs numériques au financement de la création
3. Soutenir les nouvelles formes créatives et les nouveaux modes de financement

C. PROTECTION ET ADAPTATION DES DROITS DE PROPRIETE INTELLECTUELLE
1. Réorienter la lutte contre le piratage en direction de la contrefaçon lucrative et alléger le dispositif de réponse graduée
2. Adapter le droit de la propriété intellectuelle aux usages numériques
3. Faciliter l’accès aux métadonnées

Andrew Garfield sera la star du prochain film mystique de Scorsese

Posté par vincy, le 13 mai 2013

Andrew Garfield

Andrew Garfield

25 ans que Martin Scorsese caresse l'idée de réaliser Silence. 25 ans que le film est annoncé, prêt à démarrer, renvoyer dans les cartons. Le cinéaste a enfin obtenu le feu vert pour commencer le tournage du film en juin 2014. Il y a trois ans, une pré-production avait été lancée, pour être assez vite mise en stand-by, avec Daniel Day-Lewis, Benicio del Toro et Gael Garcia Bernal pour jouer les rôles principaux.

Silence, adaptation du roman de l'écrivain japonais Shusaku Endo (disponible en format poche), a trouvé ses financements et surtout sa star (l'un ne va pas sans l'autre) : Andrew Garfield. Ken Watanabe (Inception, Mémoires d'une geisha, Le dernier Samouraï) sera le rôle principal japonais. Le contexte est passionné : l'Asie subit des persécutions religieuses, les Européens cherchant à imposer leur foi chrétienne. Le Japon comptait plus de 300 000 chrétiens en 1597 quand s'opéra un brusque revirement à leur égard. Tandis que les missionnaires poursuivaient héroïquement leur apostolat, en 1632, la nouvelle de l'abjuration du provincial des jésuites parvint à Rome.

Le réalisateur a découvert le livre grâce à l'archevêque Paul Moore qui lui avait envoyé après avoir vu La dernière tentation. Le cinéaste avait mis 8 ans à écrire un scénario. Entre temps, Hollywood changeait et ne voulait plus produire ce genre de films...

Garfield incarnera le père Rodrigues, un jésuite portugais du XVIIe siècle, qui effectue un périple au Japon, alors que certains de ses confrères font croire qu'il a abandonné le Christ. Le film est centré sur ce prêtre, homme en conflit avec lui-même s'interrogeant sur l'essence même de la chrétienté. Scorsese se défend de vouloir faire un film sur la religion, préférant questionner la foi.

Watanabe interprétera le traducteur du prêtre. On retrouvera également Issei Ogata (qui avait été l'Empereur Hirohito dans le film de Sokurov, Soleil).

Silence appartient à ces films sur la foi qu'affectionnent tant Scorsese : La dernière tentation du Christ, Kundun... Entre controverse publique et fiascos financiers (respectivement 8 et 6 millions de $ au box office nord-américain). Là le risque n'est pas moindre : le film est en japonais (comme Lettres d'Iwo-jima de Clint Eastwood), le sujet très spécifique et la religion toujours porteuse de clivages... Scorsese explique qu'il s'agit d'une sorte de thriller. Mais ce ne sont plus les flics qui sont infiltrés, mais des prêtres...

La confirmation du projet arrive à temps pour le présenter au Marché du film de Cannes. Il a convaincu un producteur belge, Paul Breul (Corsan Films), qui rejoint Emmett/Furla Films, Irwin Winkler, Barbara De Fina et Vittorio Cecchi Gori.

Silence a déjà fait l'objet d'une adaptation au Japon, en 1971, signée Masahiro Shinoda.

La bande originale du film sera signée Robbie Robertson, qui succède ainsi à Peter Gabriel (La dernière tentation du Christ) et Philip Glass (Kundun).

En attendant, Scorsese a attaqué le montage de The Wolf od Wall Street, avec DiCaprio et Dujardin.

L’instant Court : College Boy, le clip réalisé par Xavier Dolan

Posté par kristofy, le 12 mai 2013

college boyComme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage The Dance de Pardis Parker, voici l’instant Court n° 110.

Le jeune cinéaste canadien Xavier Dolan qui a été révélé au festival de Cannes avec ses trois films est depuis une semaine aussi un réalisateur de clip qui fait sensation : son premier clip est presque partout sur internet et dans les médias. Il s’agit d’images pour la chanson College Boy du groupe Indochine (auparavant Dolan avait voulu incorporer une de leurs chansons dans son film Laurence Anyways).

Le clip arrive en écho direct de l’actualité des diverses manifestations de la part de groupes dits catholiques contre le mariage pour tous : un jeune garçon (supposé homosexuel) est harcelé et violenté dans une école catholique sans la défense de personne (ni autre élève, ni prof, ni police). « Je serai trop différent pour leur vie si tranquille, pour ces gens… J’aime pourtant tout leur beau monde, mais leur monde ne m’aime pas, c’est comme ça. Et souvent j’ai de la peine quand j’entends tout ce qu’ils disent derrière moi… »

Les images font débat et internet de s’agiter pour ou contre, le chanteur du groupe Nicola Sirkis ayant dès l’origine indiqué que le clip peut ne pas convenir à des enfants de moins de 14 ans.

Le buzz sur le web (médias et réseaux sociaux) provoque un effet boule de neige et dans la foulée un début de polémique avec le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel par la voix de Françoise Laborde (membre du CSA pour le groupe de travail sur la jeunesse et la protection des mineurs) qui voudrait en interdire la diffusion à la télévision aux moins de 16 ans ou 18 ans (avec pour conséquence une diffusion possible seulement après 22h30 ou durant la nuit), alors que le clip est visible n’importe quand sur internet.

Françoise Laborde s’offusque d’une collegeboy« violence insoutenable, la violence ce n'est pas esthétique, la torture ce n'est pas esthétique... On ne dénonce pas la violence en montrant de la violence».

Réaction en chaîne : le clip devient le plus regardé et discuté du moment, et il est vu par environ un million d’internautes ! Nouvelle vérification du fameux "effet Streisand" : plus on cherche à censurer une information, plus elle est diffusée.

De son côté, le réalisateur Xavier Dolan a répondu à Françoise Laborde avec une lettre ouverte :

« Votre recommandation, davantage que de préserver l'imaginaire des jeunes, officialisera une posture sociologique sur les notions actuelles de censure, et sur l'inaptitude de l'adulte moderne à tolérer la mise en images des phénomènes sociaux dont il est directement ou indirectement responsable. Empêcher de diffuser la vidéo, c’est enfiler le bandeau que les personnages portent dans le clip, en allégorie de l'aveuglement volontaire de la société face à ces enjeux. Paradoxalement, nos seuls véritables détracteurs sont les bureaux de censure et les chaînes de télédiffusion, qui refusent de passer notre vidéoclip avant même d'avoir eu votre recommandation. Je constate qu'il existe au sein de vos groupes une culture de la lâcheté, presque instinctive, camouflée par une fausse outrance, qui font d'eux, et de vous, des complices de la stagnation. Je ne pourrai, dans cette mesure, jamais assez vous remercier de l'exceptionnelle visibilité que vous avez donné à mon travail, bien qu'il soit dommage que cette polémique n'origine non pas de votre soutien, mais de votre refus de contrer la violence par l'action plutôt que par le silence ».

collegeboyAuparavant, c’étaient les chaînes de télévision qui étaient le principal support de diffusion des clips, depuis une dizaine d’année c’est désormais d’abord internet.

Il faut savoir que les télévisions fonctionnent déjà sur le mode de l’auto-censure (c’est aussi le cas de YouTube et DailyMotion qui suppriment certains clips de leurs sites). Les sujets sensibles par rapport aux ‘bonnes mœurs’ sont pluriels : la sexualité, la drogue, le sang, la religion, la politique…

A l’international, MTV et BBC ne diffusent pas certains clips de Madonna, Rihanna, Nine Inch Nails, Marilyn Manson… C’est pareil en France : M6 a même recalé un clip du gentil Raphaël, qu'en sera-t-il du dernier clip de David Bowie The next day ? …

Avec College Boy réalisé par Xavier Dolan l’explication du CSA sera délicate : comment justifier l’interdiction d’un clip qui dénonce des violences contre un enfant ? Le CSA risque de servir de paravent derrière lequel vont se retrancher les chaînes de télé qui de toute façon n’avaient à priori pas vraiment l’intention de diffuser ce clip…

Peut-être serait-il mieux de simplement se souvenir que "la télévision c’est mieux quand on en parle", comme le conseillait justement le CSA dans l'une de ses campagne, soulignant que : « L’impact des images violentes peut être minimisé lorsque l’enfant peut dire ce qu’il a ressenti. C’est donc aux adultes d’engager la conversation avec lui. Ce sera aussi l’occasion de consolider ses repères, sa représentation du normal et de l’anormal, du juste et de l’injuste».

Voici donc ici le clip College Boy, réalisé par le cinéaste Xavier Dolan pour une chanson du groupe Indochine :

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait de College Boy.