BIFFF 2013 : les premières sensations…

Posté par kristofy, le 7 avril 2013

horror storiesLes premiers jours du BIFFF se suivent et ne se ressemblent pas : chaque film passe seulement une seule fois dans une seule salle (sauf quelques exceptions), le dilemme pour les festivaliers est donc de choisir entre esprit frappeur ou zombie affamé… Toutes sections confondues, il y a 110 films présentés, de toutes nationalités ou presque : on remarque l’absence de films en provenance de France, le "cinéma de genre français" étant plutôt moribond.

Les rares cinéastes français qui s'y intéressent tournent aux Etats-Unis, et le BIFFF a notamment montré Maniac (Alexandre Aja, Franck Khalfoun, Nora Arnezeder) et Kiss of the Damned de Xan Cassavetes (vu à Venise) avec Roxane Mesquida, Anna Mouglalis et Joséphine de la Baume en vampires. D’autres pays comme la Norvège ou la Malaisie ont un film fantastique sélectionné au BIFFF, ou encore la Lituanie et Vanishing Waves, qui d'ailleurs sortira en France le 29 mai.

Déjà quelques très bons films se sont fait remarquer et sont tout à fait recommandables. L’omnibus Horror Stories (photo de gauche) qui réunit plusieurs courts-métrages de Corée du Sud réalisés par Jung Bum-shik, Lim Dae-woon, Hong Ji-young, Kim Gok& Kim Sun, et Min Gyu-dong. A la manière d’autres films du même genre comme 3 extrêmes (de Park Chan-wook, Takashi Miike et Fruit Chan), ce collectif de différentes histoires montre à la fois le travail de talentueux réalisateurs dont on devrait reparler à l’avenir et surtout provoque une multitude de sensations fortes chez le spectateur qui va beaucoup sursauter. On y voit un livreur qui va traumatiser deux enfants seuls dans un appartement, un assassin dans un avion qui va tuer presque tout l’équipage, une femme qui convoite le futur mari de sa sœur à s’en mordre les doigts, un médecin et son assistante qui devront décider dans une ambulance sur une route infestée de zombies si la femme sur le brancard risque de les contaminer…

Dans un genre tout à fait différent de la homme_futurcomédie familiale, il faut saluer le Brésilien Claudio Torres qui a écrit et réalisé O Homem do futuro (l’homme du futur), avec Wagner Moura (Tropa de Elite) et Alinne Moraes (vedette de la télé). Le thème du voyage dans le temps à été maintes fois exploré au cinéma avec la même constante : modifier le passé en mieux peut aussi ensuite modifier le futur en pire. Ici il s’agit d’un prof de physique un peu terne qui ne s’est toujours pas remis de l’humiliation subie quand il était étudiant à cause de la belle fille de ses rêves, et en travaillant à une énergie alternative avec un accélérateur de particules il va se retrouver dans le passé, en 1991, justement à ce moment de sa jeunesse. Cette fois, il va faire en sorte que la belle l’aime, lui…

Le film revisite tous les clichés du voyage temporel avec à la fois une rigueur scénaristique presque scientifique (chaque évènement aura pour cause ou effet un autre évènement à une autre époque, et pour plusieurs personnes) et aussi beaucoup d’humour (à un moment la belle fille verra en face d’elle trois versions de son prétendant à différents âges). Claudio Torres réussit là un film qui se rapproche de l’univers Edgar Wright/Simon Pegg/Nick Frost, O Homem do futuro a d’ailleurs eu un grand succès au Brésil. Avant d'être reconnu en France ?

http://www.youtube.com/watch?v=2SYpV1reefA

Le festival de Venise ajoute des prix et blinde ses règles

Posté par vincy, le 7 avril 2013

Pour sa 70e édition, le vénérable Festival de Venise s'offre trois nouveaux prix et structure ses sélections.

- La compétition n'excèdera pas 20 films, qui devront tous être des avant-première mondiales.
- Le jury sera désormais composé de 9 membres (jusque là, selon les années, le nombre fluctuait entre 7 et 9).
- Un nouveau prix s'ajoute pour la compétition : un Grand prix du jury, comme à Cannes. Il remplace le prix pour la meilleure contribution technique, abandonné.

- La sélection Venice Classics, inaugurée l'an dernier, est maintenue, et se tiendra chaque année.
- Le nombre de films hors-compétition sera limité à 12 aux maximum, avec une préférence aux cinéastes reconnus ou aux habitués de la compétition du Festival.

- Le nombre de films présentés dans la sélection Horizon sera également limité à 20.
- Deux prix sont ajoutés dans la sélection Horizon : meilleur réalisateur, prix spécial de l'innovation.
- Le jury de la sélection Horizon sera composé de 7 membres, tout comme celui du prix Luigi De Laurentiis dédié à la meilleure première oeuvre.

- Le Lion d'or d'honneur pour l'ensemble d'une carrière, jusque là remis à un seul talent par an, peut désormais être remis à deux personnalités durant la même édition.

Le Festival se déroulera du 26 août au 7 septembre.

Bigas Luna (1946-2013) s’est éclipsé

Posté par MpM, le 6 avril 2013

bigas lunasBigas Luna s'est éteint à 67 ans des suites d'un cancer. Le réalisateur catalan avait révélé Javier Bardem dans Les vies de Loulou en 1990 et Penelope Cruz dans Jambon, Jambon en 1992 (Lion d'Argent au Festival de Venise).

"Je dois toute ma carrière à Bigas Luna, c'est le premier à m'avoir fait lire un scénario", avait confié Javier Bardem à la presse espagnole en 2001. Ils avaient également tourné ensemble Jambon, Jambon et Huevos de Oro (Macho), deux films à forte connotation sexuelle.

Bigas Luna est également connu pour les films Lola (1986), Angoisse (1987), La femme de chambre du Titanic (1997), Yo soy la Juani (2006) et La Teta y la luna, dernier volet de sa trilogia testicular.

Malgré sa maladie, le cinéaste continuait à tourner, et préparait un nouveau film.

Sean Penn dans la position du tireur couché…

Posté par vincy, le 6 avril 2013

Un roman français. Un réalisateur français. Et une star hollywoodienne. Sean Penn a accepté de jouer Martin Terrier, le tueur à gages imaginé par Jean-Patrick Manchette dans La position du tireur couché.

Rebaptisé en anglais Prone Gunman, le film sera réalisé par Pierre Morel (Taken). Le tournage devrait commencer ces jours-ci en Europe.

Le film est scénarisé par Pete Travis (qui a réalisé Angles d'attaque). Il s'agit de l’histoire d’un tueur à gages trahi par l’organisation pour laquelle il travaille. Il fuit à travers l’Europe afin de leur échapper et retrouver la femme de sa vie. Il est pauvre, esseulé, bête et méchant, mais c'est un assassin redoutable, avec de bonnes manières.

Le livre de Manchette a été publié en 1982. Jean-Patrick Manchette (1942-1995) était un auteur de romans policiers respecté mais aussi un critique littéraire et de cinéma, un scénariste et dialoguiste de cinéma, et enfin un traducteur. Il était également connu pour ses opinions d'extrême gauche. Les polars de Manchette ont déjà été adaptés par Claude Chabrol, Yves Boisset, Jacques Deray ou encore Alain Delon (Pour la peau d'un flic). Lui-même a écrit des scénarios comme La Guerre des polices (de Robin Davis) ou La Crime (de Philippe Labro).

A noter que Jacques Tardi a adapté le roman de Manchette dans une excellente bande dessinée éponyme (publiée par Futuropolis) en 2010.

Roger Ebert (1942-2013) n’écrira plus

Posté par MpM, le 5 avril 2013

Roger EbertSans lui, le cinéma ne sera plus le même. Ce n'est pas la rédaction d'Ecran Noir qui s'exprime, mais bien Barak Obama, président des Etats-Unis, au sujet de Roger Ebert, le premier critique de cinéma du monde qui ait reçu le prix Pulitzer (en 1975).

Pendant plus de 40 ans, Ebert a travaillé pour le Chicago Sun-Times, célébrant, comme le rappelle le journal, "l'excellence au cinéma, tout en dénonçant la piètre qualité, le manque d'originalité ou la médiocrité [de certains films] avec un regard aiguisé, un esprit vif et une profonde culture qui ont enchanté ses millions de lecteurs et spectateurs".

Il a également officié pour la télévision, où il animait notamment une émission de confrontation de points de vue avec son confrère Gene Siskel. Internet l'avait ensuite conquis. Il écrivait sur le site du Chicago Sun Times, avait créé son blog personnel et alimentait Twitter en messages nombreux et captivants.

Indéniablement, Roger Ebert aimait le cinéma (notamment le jeune cinéma américain des années 70). Mais, pas ingrat, le cinéma le lui rendait bien. Le réalisateur américain Martin Scorsese, qui travaille sur un film qui lui est consacré, a ainsi qualifié sa mort de "perte incalculable pour la culture du cinéma et la critique de film", rappelant qu'Ebert avait toujours été là "quand [il] en avait le plus besoin, quand cela comptait réellement - au tout début, lorsque chaque mot d'encouragement était précieux."

De son côté, Steven Spielberg a rendu un vibrant hommage au critique. "Roger adorait les films", a-t-il rappelé. "Ils étaient sa vie. Ses critiques allaient bien plus loin que deux pouces vers le haut ou deux pouces vers le bas. Il écrivait avec passion et une grande connaissance du cinéma et de son histoire."

Comme beaucoup de critiques, Roger Ebert avait pourtant expérimenté une autre facette du cinéma en écrivant pour le cinéaste controversé Russ Meyer. On lui doit par exemple le scénario de Beyond the Valley of the Dolls (La vallée des plaisirs).

Mais la critique lui collait à la peau. En 2012, il en avait écrit 300. Sa vivacité, son regard et son esprit manqueront cruellement. A ceux qui aimaient suivre ses coups de cœur comme à ceux qui trouvaient la consécration ultime dans une critique positive de sa part.

BIFFF 2013 : Neil Jordan, Dario Argento et autres horreurs au menu

Posté par kristofy, le 5 avril 2013

BIFFF 2013La 31e édition du BIFFF se déroule en ce moment à Bruxelles et promet bien des sueurs froides. Pour qui n’a pas encore été contaminé, il s’agit du fameux Brussels International Fantastic Film Festival qui est devenu au fil des années le rendez-vous incontournable des films de genres qui donnent des palpitations, avec en prime des festivaliers toujours prêts à lancer durant les projections l’un ou l’autre cri de bonne humeur choisi parmi une bonne vingtaine de gimmicks ("attention derrière toi !", "mais pourquoi est-il si méchant ?") que les spectateurs se répètent au fil des ans…

La nouveauté de cette année est d’abord logistique, avec un nouveau lieu (après le Passage 44, après le bâtiment Tour & Taxis), le Palais des Beaux-Arts, qui offre plus de salles confortables. Cette année on pourra y voir des films en provenance de 29 pays, dont 16 avant-premières européennes, 9 avant-premières internationales et quelques avant-premières mondiales. Le calendrier des sorties de films en Belgique fait que certains titres du BIFFF sont déjà bien connus des spectateurs français comme Maniac, Biancanieves (interview du réalisateur Pablo Berger à retrouver ici) ou Antiviral ; d’autres sont restés dans les cartons des distributeurs depuis tellement longtemps qu’ils circulent déjà sous le manteau comme A fantastic fear of everything avec Simon Pegg ou Chained de Jennifer Chambers Lynch.

Parmi d’autres films attendus il y aura également Mama avec Jessica Chastain pour ouvrir une Nuit Fantastique ou encore Stoker de Park Chan-wook en clôture, et aussi Oblivion avec Tom Cruise.

Pour l’ouverture, c’est le réalisateur Neil Jordan qui est venu présenter Byzantium où deux femmes se nourrissent de sang pendant deux siècles : une nouvelle histoire vampirique au féminin de la part de celui qui avait déjà filmé Entretien avec un vampire ! Pour l’occasion, il a été sacré Chevalier de l'Ordre du Corbeau. Un autre maître du genre, Dario Argento, fera quant à lui son retour au BIFFF où il se livrera lors d’une masterclass et présentera son Dracula 3D.

________________

Brussels International Fantastic Film Festival
Jusqu'au 13 avril 2013
Informations et réservations sur le site du Festival

Astérix à la conquête de la Chine ?

Posté par vincy, le 5 avril 2013

Aussi étonnant que ce soit, Astérix est inconnu en Chine. La BD est traduite en 107 langues mais pas en mandarin ni en cantonais. Un peu de japonais, de vietnamien et de coréen. mais point de chinois.

A Berlin, c'était l’un de ces gros deals qui n’intéressent pas grand monde. Et pourtant l’impact financier n’est pas mineur. Astérix part à la conquête du marché chinois, le 2e marché le plus important au monde pour la fréquentation en salles.

Les trois premiers films seraient ainsi disponibles en VOD dans l’Empire du Milieu. Les huit films d’animation sont également proposés dans le contrat. Ce serait un bon moyen de faire connaître le héros gaulois...

Astérix et les Jeux Olympiques était bien sorti en salles, mais il n’a pas trouvé son public.

Les producteurs prévoient de lancer le dernier Astérix, Au service secret de sa majesté, à l’assaut des multiplexes du pays. Pour l'instant le film a attiré 3,7 millions de spectateurs dans le monde, à peu près autant qu'en France. Le film est sorti dans une trentaine de pays.

Jules verne dans les profondeurs australiennes

Posté par MpM, le 4 avril 2013

20 000 lieues sous les mersDavid Fincher et les studios Disney s’apprêtent à tourner en Australie une nouvelle adaptation de l'un des plus célèbres romans de Jules Verne, Vingt mille lieues sous les mers.

Il s'agira, d'après la Première ministre australienne Julia Gillard, de la plus grosse production cinématographique jamais tournée dans le pays.

Pour attirer la manne financière correspondant à un tel tournage, le gouvernement de Canberra n'a d'ailleurs pas hésité à lui octroyer une subvention de 17,5 millions d'euros.

Aucune information n'a pour l'instant filtré sur le casting, si ce n'est un démenti officiel des rumeurs attribuant à Brad Pitt le rôle de Ned Land, le chasseur de monstres marins qui découvre le Nautilus du Capitaine Nemo.

Il s'agira de la quatrième adaptation pour le grand écran de Vingt mille lieues sous les mers après celles de George Méliès en 1907, Stuart Paton en 1916 (avec Allen Holubar et William Welsh) et Richard Fleisher en 1954 (avec Kirk Douglas et James Mason, notre photo).

La patronne de Sony veut en finir avec les insultes homophobes dans les films

Posté par vincy, le 4 avril 2013

andrew garfield amy pascal colin firthL'annonce n'est pas anodine. La coprésidente de Sony Pictures Entertainment, Amy Pascal, a mis en garde la profession lors d'un gala de charité au Centre Gay et Lesbien de Los Angeles : "Que diriez-vous la prochaine fois, quand l'un d'entre nous lira un script avec des mots comme pédé, pédale ou gouine, de prendre un crayon et de les biffer?"

En invoquant la pédagogie, et notamment les valeurs à transmettre aux enfants et aux ados, elle a décidé d'ouvrir la brèche en critiquant ouvertement un humour douteux à l'égard des homos ou des insultes faciles homophobes : "Je parle des enfants qui sont gays et je parle au sujet des enfants qui ne sont pas gays. Un groupe a besoin d'affirmation et l'autre groupe a besoin d'éducation. Et, si je suis honnête, aucune de ces questions n'est à l'ordre du jour dans les studios de cinéma ou de télévision ..."

L'une des femmes les plus puissantes du monde (elle supervise la stratégie internationale, la production, la distribution, les produits vidéos et le marketing de Sony) a ainsi usé de son aura pour faire un discours engagé.

Amy Pascal a d'ailleurs noté que la télévision était bien plus en avance que le cinéma dans la lutte contre les préjugés homophobes.

"Bien sûr il y a Le Secret de Brokeback Mountain, Harvey Milk, Boy's don't cry, Philadelphie, The Hours, Gods and Monsters, The Talented Mr. Ripley, A Single Man, My Own Private Idaho, Cloud Atlas... dans tous ces films, le personnage principal est assassiné ou martyrisé ou se suicide ou meurt juste malheureusement.  Les vieux stéréotypes existent toujours. Les stéréotypes les plus bénins peuvent ainsi conduire un enfant gay à croire qu'il va finir par être asexué, le meilleur ami de la jolie fille, ou une drag queen, un coiffeur... La liste est longue."

Mais en supprimant les mots offensants et les insultes à l'égard des homos, est-ce qu'Amy Pascal utilise les bons moyens pour arriver à ses fins? Tout dépend du contexte du film, des dialogues autours de l'injure, de l'intonation... Et la censure n'est jamais la meilleure des solutions.

De plus, Pascal souligne cependant quelques bonnes évolutions : The Kids Are All Right, Perks of Being a Wallflower, Beginners, The Best Exotic Marigold Hotel, et ParaNorman, première grosse production animée où un personnage est ouvertement gay.

Cependant, elle a le mérite de vouloir tracer une perspective "positive" (comme il y  la discrimination positive) qui mérite débat : "Maintenant il est temps pour nous tous de prendre cette mesure. Tous les personnages homos ne doivent pas être définis par leur sexualité. Etre gay ce n'est pas juste être la pièce rapportée dans la vie de quelqu'un. Ne pouvons-nous pas dépeindre les hommes et femmes - peut-être un avocat ou un soldat ou un cadre d'entreprise ou un scientifique ou un ingénieur ...  - qui s'avèrent être gays, mais dont ce n'est pas le sujet principal?  Nous avons besoin de créer une atmosphère qui encourage les gens à prendre la parole, ... Nous pouvons faire mieux et nous ferons mieux. Nous le devons."

Jess Franco (1930 – 2013) : le maître du fantastique s’en est allé

Posté par kristofy, le 3 avril 2013

jess francoLe réalisateur espagnol Jesus "Jess" Franco, qui a marqué de son nom l’histoire bis du cinéma fantastique avec presque 200 films (certains sous différents pseudonymes), est mort le 2 avril à l’âge de 82 ans.

Pour la plupart, ses films ont été produits avec un budget minimal, et ses histoires de vampires ou de femmes en prison avec des séquences érotiques ont beaucoup alimenté les circuits de films d’exploitation des cinémas de quartier.

Mais Jess Franco n’était pas seulement un réalisateur recherché dans les vidéo-clubs, c’était aussi un auteur admiré qui fait référence.

Un cinéaste célébré : des films à (re)voir...

Il se fait connaître en 1961 avec son 5e film, L'Horrible Docteur Orlof, un premier jalon du cinéma fantastique espagnol qui raconte l’histoire d’un chirurgien qui fait enlever des jeunes filles pour leur retirer la peau afin d’essayer de rendre sa beauté à sa fille défigurée… Ce film (inspiré par Les Yeux sans visage de Georges Franju) aura en 1987 une version différente pour laquelle il réunit Brigitte Lahaie, Caroline Munro et Stéphane Audran : Les prédateurs de la nuit.

Après ces débuts, Jess Franco devient progressivement un cinéaste recherché pour ses expérimentations, et il commence à adapter des récits fantastiques ou déviants plus complexes qui deviendront ensuite des films cultes : Vampire Lesbos, La comtesse perverse, Venus in furs ou encore Necronomicon, sélectionné au Festival de Berlin en 1968. Il met également en scène certains films inspirés de mythes de la littérature, adaptations qui font toujours référence : Les nuits de Dracula (d’après Bram Stocker), Justine (d’après Sade), Jack l’éventreur...

Par ailleurs, Jess Franco fut un proche collaborateur d'Orson Welles pour Falstaff (récompensé au Festival de Cannes 1966), et ses autres projets L'Ile au Trésor et Don Quichotte. Il aura aussi dirigé devant sa caméra de nombreux grands acteurs de son temps comme Klaus Kinsky, Jack Palance,  Christopher Lee…, et aussi les plus belles femmes comme Soledad Miranda, Alice Arno et Lina Romay, rencontrée en 1972, et qui allait ensuite jouer dans la plupart de ses films. Elle fût dès lors sa collaboratrice et aussi sa compagne pendant quarante ans (elle est décédée l’année dernière en février 2012).

Un cinéaste culte : des films régressifs ou transgressifs ?

Dans la plupart des films de Jess Franco, on voit se dévoiler de manière généreuse le corps d’actrices dont le talent était moins de jouer la comédie que leur aisance à courir, couvertes de sang, et à crier, ou à embrasser (et plus) un(e) autre partenaire (ou plus)… Des scènes de nu arrivaient souvent gratuitement sans beaucoup de rapport avec le récit, et quantités de films de série B ou films Z émaillent sa longue filmographie.

Toutefois il en profitait aussi pour aborder différents tabous et autres interdits de l’époque pour aller à l’encontre de la censure que subissait l’Espagne. Travaillant pour diverses productions européennes, il est devenu le réalisateur espagnol le plus prolifique en nombre de films tournés, par exemple 10 rien que pour l’année 1973.

La Cinémathèque Française avait rendu hommage au cinéma de Jess Franco en 2008 en programmant une grande rétrospective avec 69 de ses films. L'année suivante, il avait été récompensé en Espagne par un Goya d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.