Alain Resnais : « Aimer, boire, chanter » et filmer

Posté par vincy, le 3 avril 2013

Aimer, boire, chanter. Tel est le titre du nouveau film d'Alain Resnais, dont le tournage démarre aujourd'hui, le 3 avril.

Son 21e long métrage est l'adaptation de la pièce d'Alan Ayckbourn, Life of Riley (voir notre actualité du 16 mai 2012). Le scénario a été écrit par Alex Réval, Laurent Herbiet (tous deux ont déjà scénarisé les deux derniers films du cinéastes, Les herbes folles et Vous n'avez encore rien vu) et Jean-Marie Besset (metteur en scène, auteur et traducteur de pièce de théâtre).

Pour les trois couples qui s'entrecroiseront, Resnais a choisi des fidèles comme Sabine Azéma et André Dussollier, des réguliers tels que Michel Vuillermoz et Hippolyte Girardot, et des nouvelles têtes dans son univers, Sandrine Kiberlain et Caroline Silhol.

Le budget est confortable (7 millions d'euros). Le film a reçu l'avance sur recettes du CNC. Distribué par Le Pacte, il devrait sortir dans les salles d'ici la fin de l'année et pourrait être à Berlin en 2014.

Vous n'avez encore rien vu avait été présenté à Cannes en compétition en 2012. Snobé aux Césars, le film a également été un échec cuisant au box office avec 160 000 spectateurs (en comparaison Les herbes folles avait séduit 466 000 spectateurs). Tout cela n'empêchera pas le ColCoa Film Festival de Los Angeles (15-22 avril) de lui réserver un focus, avec la projection de plusieurs de ses films. La réputation du maître est intacte...

Les sorties cinéma du 3 avril 2013

Posté par MpM, le 3 avril 2013

Ill Manors- Ill manors **** de Ben Drew (Royaume Uni / Israël, 2h01) avec Riz Ahmed, Ed Skrein, Natalie Press. Prix du meilleur scénario et prix Coup de coeur au Festival de Dinard 2012.

- Amour et turbulences *** de Alexandre Castagnetti (France, 01H36) avec Ludivine Sagnier, Nicolas Bedos.

- Berberian Sound Studio *** de Peter Strickland (Royaume Uni, 01H32) avec Toby Jones, Cosimo Fusco. Meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure production et meilleure collaboration artistique aux British independent awards.

- Dead man down ** de Niels Arden Oplev (USA, 01H57) avec Colin Farrell, Noomi Rapace, Isabelle Huppert.

- Effets secondaires ** de Steven Soderbergh (USA, 01H46) avec Rooney Mara, Catherine Zeta-Jones, Jude Law, Channing Tatum. Présenté par le cinéaste lui-même comme son avant-dernier film.

- Perfect mothers de Anne Fontaine (France, 01H51) avec Naomi Watts, Robin Wright. Adaptation d'un roman de Doris Lessing, Les grand-mères.

- Quartet **  de Dustin Hoffman avec Maggie Smith, Tom Courtenay (USA, 01H38). Le premier long métrage de Dustin Hoffman en tant que réalisateur.

Et aussi :

- 11.6 de Philippe Godeau (France, 01H42) avec François Cluzet, Bouli Lanners. Inspiré de témoignages et du livre de la journaliste Alice Géraud-Arfi paru en janvier 2011, Toni 11,6 : Histoire du convoyeur aux Editions Stock.

- Inch'Allah de Anaïs Barbeau-Lavalette (Canada-France, 01H41) avec Evelyne Brochu, Sabrina Ouazani.

- Free Angela de Shola Lynch (France-USA, 01H37). Documentaire.

- La maison de la radio de Nicolas Philibert (France, 01H43). Documentaire.

- Kinshasa kids de Marc-Henri Wajnberg (France-Belgique, 01H25) avec Emmanuel Fakoko, Gabi Bolenge .

- Jaurès de Vincent Dieutre avec Eva Truffaut, Vincent Dieutre (France, 01H22). Documentaire.

- Men on the bridge de Asli Ozge (Turquie/Allemagne/Pays-Bas, 1H27) avec Fikret Portakal.

- Une jeunesse amoureuse de François Caillat (France, 1H45). Documentaire.

- La venta del paraíso de Emilio Ruiz Barrachina (Espagne, 1H42) avec Ana Claudia Talancon, William Miller, Juanjo Puigcorbé.

Une suite à Hope and Glory pour Cannes 2014 ?

Posté par redaction, le 2 avril 2013

John Boorman a beau avoir fêté ses 80 ans le 18 janvier dernier, il est loin d'avoir renoncé non seulement au cinéma, mais également aux joies (et au stress !) de la compétition et du tapis rouge. En effet, le réalisateur britannique, déjà lauréat d'un double prix de la mise en scène à Cannes pour Leo the last (1970) et The general (1998) aimerait séduire à nouveau la croisette avec une suite à Hope and glory, qui s'inspirait de ses souvenirs de jeune Londonien pendant la seconde guerre mondiale.

"J'ai réalisé Hope and glory en 1987 et j'ai toujours eu l'intention de continuer l'histoire. Mais je n'ai jamais eu le temps de passer à l'acte, parce que d'autres projets ont pris le dessus", confiait-il  lors du festival Premiers plan d'Angers où il faisait l'objet d'une rétrospective intégrale. "Le tournage aura lieu en Angleterre, à partir du 2 avril, avec un petit budget. Normalement, je le terminerai à la fin de l'année et j'espère le proposer à Cannes !"

Le film tourne autour de ses souvenirs d'adolescence. "J'ai 18 ans et je suis parti pour faire mes deux ans de service militaire. Le film parle de cette période. C'est avoir 18 ans, l'âge où l'on sait tout, où l'on tombe amoureux de la mauvaise fille, tout ça..."

Mais quelle que soit l'histoire, rien ne pourrait nous faire plus plaisir que de retrouver le cinéaste et son double de cinéma sur les célèbres marches et surtout sur le grand écran du Palais des festivals...

Mon petit MK2 : même les jeunes parents ont le droit d’aller au ciné !

Posté par MpM, le 2 avril 2013

Mon petit mk2MK2 a eu pitié des couples qui voient leur fréquentation des salles obscures chuter drastiquement avec l'arrivée de leur(s) premier(s) enfant(s). Depuis le 30 mars, le réseau parisien inaugure en effet une nouvelle formule permettant aux parents cinéphiles de confier leurs charmants bambins à des équipes pédagogiques le temps de se faire une toile.

C'est au MK2 Bibliothèque (Paris 13), les matinées des week-ends et des jours fériés, que sera d'abord expérimentée cette nouvelle opération. Les enfants de 3 à 10 ans seront pris en charge pour des "activités intelligentes" moyennant une réservation obligatoire et 25 euros par enfant (pour 4 h d'atelier). Lors du week-end d'ouverture, les enfants présents ont ainsi pu jouer autour de films de Charlie Chaplin. Des activités de construction de marionnettes, déguisement ou explication des 24 images/seconde du cinéma sont par ailleurs prévues.

Si le succès est au rendez-vous, Mon petit MK2 pourrait être étendu à d'autres salles et d'autres jours de la semaine.

On ne peut que se réjouir d'une telle initiative, qui a le mérite de s'adresser à une cible demandeuse. Toutefois, le prix global de l'opération (malgré le "tarif réduit" de 4,90€ par place de cinéma achetée) risque d'être rapidement rédhibitoire, surtout pour les familles nombreuses. Par ailleurs, les jeunes parents ont envie de retrouver le chemin des salles bien avant que leur précieuse progéniture n'atteigne l'âge de trois ans... On attend donc avec impatience "mon bébé MK2" qui accueillerait les enfants dès la naissance et permettrait aux nouveaux parents de ne pas se couper totalement de toute vie culturelle (voire d'une vie tout court).

Kathy Bates et David Lynch en vedettes américaines du Festival de Beaune

Posté par vincy, le 1 avril 2013

Kathy BatesLe 5e Festival International du Film Policier de Beaune (3-7 avril) a la bonne idée de rendre hommage à Kathy Bates. L'immense Kathy Bates. Inoubliable dans Misery, en fan sadique, rôle qui lui a valu l'Oscar de la meilleure actrice, elle a su s'imposer à Hollywood, faisant fi de ses rondeurs peu appréciées par les patrons de studios (sauf chez les comiques). Kathy Bates a tourné avec Sidney Lumet, Amos Kollek, Warren Beatty, Rob Reiner, Stephen Frears, Woody Allen... Souvent sous-exploitée, elle a quand même pu briller dans Beignets de tomates vertes, Dolores Claiborne, Primary Colors de Mike Nichols (nomination à l'Oscar du meilleur second rôle féminin), Les Noces rebelles, Monsieur Schmidt (nomination à l'Oscar de la meilleure actrice) et bien entendu Titanic, en fabuleuse nouvelle riche américaine au grand coeur.

A 64 ans, celle qui peut jouer, de la pure tragédie aux personnages les plus ambivalents, est aussi une guest des sitcoms et feuilletons TV parmi les plus demandées. Elle se bat depuis plus de dix ans contre un cancer. Attachante, elle a un franc parler qui détonne à Hollywood.

Beaune rendra également hommage à David Lynch, qui devrait être présent. Le cinéaste est actuellement en gestation de son futur film. Nominé huit fois aux Oscars pour Elephant Man (dont celui du meilleur réalisateur), Prix de la Mise en scène à Cannes pour Mulholland Drive, et Palme d’Or pour Sailor et Lula, il n'a tourné aucun long métrage depuis Inland Empire en 2007.

Le festival proposera aussi un regard sur l'histoire du polar italien: Rome, Naples, boulevard du crime. L'avant-première de Stoker, de Park Chan-wook, sera assurément l'un des événements de la manifestation. Autre avant-première prévue, celle de L'hypnotiseur, le nouveau Lasse Hallström.

Le jury sera présidé par Pierre Jolivet, qui sera entouré de Richard Anconina, Pascale Arbillot, Laurent Gerra, Vahina Giocante, Cédric Kahn, Thierry Neuvic, Maya Sansa et Florent Emilio Siri.

La compétition regroupe A Single Shot (présenté à Berlin), L'autre vie de Richard Kemp, Corruptions, Drug War (le nouveau Johnnie To), Hijacking (primé aux Arcs), New World, Northwest et Welcome to the Punch.

Enfin, le Prix Claude Chabrol sera remis aux films 38 Témoins de Lucas Belvaux et Mains armées de Pierre Jolivet, en leur présence.

L’instant Court : Coming out, avec Dave

Posté par kristofy, le 31 mars 2013

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après Que fabriques-tu Sophie Letourneur ?, une discussion avec la réalisatrice de Les Coquillettes, voici l’instant Court n° 107.

La famille du cœur est à l’honneur cette semaine avec la belle surprise de Stories we tell de Sarah Polley, et aussi la comédie Une chanson pour ma mère (avec une idée proche du film Le grand rôle de Steve Suissa) avec le chanteur Dave. Celui-ci n’hésite pas à malmener son image, il avait par ailleurs déjà joué son propre rôle dans L'Esprit de famille de Jean-Pierre Lang. Il est aussi devenu animateur de diverses émissions de télévision.

Le groupe Les Fatals Picards continue de faire des chansons joyeusement foutraques (ils sont d’ailleurs passé par l’Eurovision, comme Dave). Pour le clip de l’une d’elles ont été réunies deux personnalités d’émission de télé-crochet, dont justement Dave dans un rôle étonnant : le chanteur qui ne cache pas partager la vie d’un homme joue ici à contre-emploi un père de famille plutôt homophobe...

Voici donc Coming out, un clip de Julien Bloch pour Les Fatals Picards avec déjà Dave qui fait l'acteur. Cette chanson date de 2011, soit un an avant l'élection présidentielle et bien avant les diverses manifestations à propos du mariage pour tous…

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait de Coming out

Le futur « miniplexe » de Clichy-Batignolles a trouvé son exploitant

Posté par vincy, le 30 mars 2013

L'appel d'offres avait été lancé le 5 novembre dernier par la Ville de Paris (lire notre actualité sur les détails du projet). Mi-février, Paris Batignolles Aménagement et la Mairie ont annoncé leur choix pour exploiter le futur miniplexe cinématographique de la ZAC Clichy-Batignolles, dans le nouveau quartier du XVIIe arrondissement de Paris.

La Société Nouvelle d’Exploitation et de Spectacles (SNES), nouvelle venue dans la gestion de salles parisiennes, gérera les 7 salles (1198 sièges). Le cinéma sera à proximité du bâtiment annexe du Théâtre national de l'Odéon, du futur Palais de justice, et au cœur d'un quartier en construction où l'on attend 6 500 nouveaux habitants et 12 500 emplois supplémentaires. Le cinéma sera desservi par les prolongements du tramway T3 et du métro 14, en plus des accès actuels.

Le cinéma devrait ouvrir en 2017.

La bouche de Jean-Pierre de Lucile Hadzihalilovic enfin en DVD

Posté par MpM, le 30 mars 2013

la bouche de jean-pierre dvdEn 1996, Lucile Hadzihalilovic achève son moyen métrage La bouche de Jean-Pierre après bien des difficultés financières. Quelques semaines plus tard, le film est présenté à Cannes, en section Un certain regard. Salué de toute part, il bénéficie d'une sortie en salles l'année suivante, reçoit le prix "très spécial" et devient surtout une référence pour toute une génération de cinéphiles et de jeunes cinéastes.

Aujourd'hui encore, on peut comprendre pourquoi cette œuvre intrigante et déroutante aux choix esthétiques affirmés (avec Gaspard Noé à la direction artistique, cela n'étonnera personne) a tant marqué les esprits. La bouche de Jean-Pierre se veut en effet un film "d'horreur sociale" où le climat anxiogène et menaçant prend le pas sur l'intrigue. A travers le regard de la petite héroïne, on découvre un monde oppressant où, sous des dehors souriants et polis, se côtoient la xénophobie, la malveillance et la médiocrité les plus communes.

Isolée dans cet univers très rapidement hostile (où chaque chose a une place, sauf elle), Mimi doit subir les manies et autres lubies de sa tante et de son petit ami. La petite fille, trop jeune pour se rebeller franchement, et sans nulle part où se réfugier, est comme prise dans un piège paradoxal, menacée par ceux-là mêmes qui prétendent la protéger.

Malgré le sujet presque naturaliste, le film a des accents fantastiques, renforcés par une mise en scène elliptique qui mêle gros plans très découpés et séquences à la limite de la fantasmagorie. Une maîtrise formelle et scénaristique qui annonçait dès 1996 les films à l'univers très personnel réalisés depuis par Lucile Hadzihalilovic et Gaspard Noé. Et qui donne aujourd'hui au film un relief supplémentaire.

Par chance, grâce à Badlands, tout jeune éditeur indépendant, La bouche de Jean-Pierre existe depuis peu en DVD, permettant à ceux qui ne le connaissent pas de le découvrir, et aux autres de le revoir dans une version de qualité. Badlands, qui se décline également sous la forme d'une société de production audiovisuelle dont les membres sont issus du webzine 1kult, a en effet bien fait les choses en proposant un DVD complet, supervisé par la réalisatrice elle-même, et comportant plusieurs bonus de nature à ravir les fans.

En plus du film, restauré à partir des éléments négatifs originaux, on trouve ainsi Les souvenirs de Jean-Pierre, qui réunit une partie de l'équipe du film plus de quinze ans après le tournage, Les amis de Jean-Pierre, documentaire passionnant sur l'influence qu'a eu La bouche de Jean-Pierre sur le travail de réalisateurs comme Christophe Gans, Nicolas Boukhrief ou Fabrice du Welz, le court métrage Good boys use condoms de Lucile Hadzihalilovic et un livret contenant le scénario original.

Un (bel) objet à recommander d'urgence à tous les amateurs de cinéma singulier et intelligent.

Cannes 2013 : Raoul Peck, parrain des cinémas du monde

Posté par MpM, le 29 mars 2013

Raoul PeckLe Pavillon des cinémas du monde, dédié à l’ensemble des cinématographies d’Afrique, d’Asie, d’Amérique Latine, d’Europe Centrale et Orientale, du Proche et du Moyen-Orient, accueille pour la 5e année consécutive la Fabrique des cinémas du monde, un programme destiné aux nouvelles générations de cinéastes issus de pays "où les outils de création cinématographiques demeurent fragiles".

Les porteurs de projets sélectionnés, qui sont cette année au nombre de neuf, bénéficient pendant le festival de Cannes d'une immersion professionnelle et d'un accompagnement personnalisé  à travers des rendez-vous individuels avec les acteurs clés de l'industrie cinématographique.

C'est Raoul Peck qui sera le parrain de la promotion 2013, composée de Mohammed Latrèche (Algérie), Nora Martirosyan (Arménie), Gustavo Pizzi (Brésil), Michel K. Zongo (Burkina Faso), Monica Bravo (Colombie), Pierre Lucson Bellegarde (Haïti), Wanuri Kahiu (Kenya/Afrique du Sud), Joanna Arong (Philippines) et Joel Karekezi (Rwanda). Le réalisateur haïtien (Lumumba, Assistance mortelle...), ancien ministre de la culture dans son pays, partagera son expérience avec les jeunes lauréats et animera également une Master Class.

Jusqu'à présent, la Fabrique des cinémas du monde a découvert plus de 60 réalisateurs et producteurs en provenance de 35 pays. 15% des projets retenus ont été réalisés et plusieurs ont été sélectionnés dans des festivals internationaux, comme Yema de Djamila Sahraoui (FESPACO 2013, section Orizzonti de la Mostra de Venise 2012) et Los Viejos de Martin Boulocq (Festival international du film de Busan 2011).

Une année en enfer : prison ferme pour John McTiernan

Posté par geoffroy, le 29 mars 2013

john mc tiernanL’affaire John McTiernan n’est pas drôle. Elle ressemblerait plutôt à une mauvaise blague dont les conséquences, dramatiques pour le coup, ont muselé l’un des cinéastes les plus talentueux de l’Entertainment américain.

Privé de films depuis dix ans (Basic avec John Travolta et Samuel L. Jackson, sorti en 2003), le réalisateur de Piège de cristal sera bientôt privé de liberté.

En effet, le tribunal supérieur de Los-Angeles a confirmé la peine d’un an de prison ferme qu’il devra purger dès le 3 avril 2013.

Tout commence en 2000 sur le tournage catastrophe du film Rollerball. Un différend artistique oppose le réalisateur et son producteur, Charles Roven. À tel point que McTiernan, qui soupçonne Roven de vouloir saboter le film, décide d’engager l’emblématique détective privé des stars, Anthony Pellicano. À la demande du réalisateur, il espionne le producteur et le met sur écoute. Proche de la mafia, Pellicano est devenu au fil des ans et jusqu’en 2008 l’homme « de mains » des stars, des agents de stars, des producteurs et des avocats des stars (il a été reconnu coupable de 70 chefs d’accusation et condamné à quinze ans de prison).

L’erreur de stratégie

L’arrestation de Pellicano aurait dû mettre fin à la procédure contre McTiernan. Il n’en n’a rien été. Tout simplement parce que le fond de l’affaire, celle qui lui brisa les reins, le moral et sa capacité à tourner des films depuis maintenant dix ans, n’a rien à voir avec les mises sur écoute d’un détective peu scrupuleux.

Non, la « faute » de McTiernan est tout autre. Il paye pour avoir menti à deux reprises au FBI puis, sous la pression des autorités, d’avoir plaidé coupable lors de son procès. Lequel s’est éternisé de recours en recours jusqu’à sa mise en probation courant 2007 l’empêchant de réaliser des films. Car quel studio aurait accepté d’assurer un artiste susceptible de passer par la case prison…

Qu’aurait-il dû faire ? Nier comme ses petits copains stars, se prendre un « blâme » et s’en retourner, la « queue entre les jambes », sur les plateaux de tournage ? Son honnêteté a fait de lui le bouc-émissaire idéal d’une affaire dont il n’a, à vrai dire, pas grand-chose à se reprocher. D’autant que sa condamnation, nous rapporte l’excellente enquête de l’Express, ne prend pas en compte une erreur de procédure que la juge chargée de l’affaire, Dale Susan Fisher, aurait refusé de transmettre au jury.

En effet, les agents du FBI doivent se présenter en personne avant d’interroger un suspect. Petit problème : McTiernan a été contacté par téléphone. Si vous ajoutez à cela les retranscriptions des écoutes illégales sur le producteur Charles Roven, peu concluantes, ainsi que le retrait d’un témoin à charge important, l’affaire « McTiernan » ne tient plus vraiment la route ! Et pourtant, il semble peu probable qu’il puisse échapper à la prison pour s’offrir un happy-end dont Hollywood a le secret.

Le 7 mars 2013 une page Facebook Free John McTiernan a été lancée en soutien au réalisateur, il était temps. Depuis son ouverture, la page a récolté plus de 4000 « likes » et recueilli le soutien de stars américaines telles que Samuel L. Jackson, Brad Bird ou encore Joe Carnahan.

Quand la solidarité se joint à l’indignation, l’espoir est de mise. Même le plus mince. Jean-François Rauger, directeur de la programmation de la Cinémathèque française et soutien du réalisateur dans cette épreuve, est prêt à organiser une rétrospective intégrale et rappel que John McTiernan « est un cinéaste et un artiste important et ce n’est pas le diable ! »

Un gâchis pour le cinéma

L’esprit frondeur, bougon et libre de John McTiernan, artiste entier dévoué totalement à son art, n’a jamais été apprécié des grands studios. Ce vilain petit canard un brin taciturne n’a sans doute pas rapporté assez d’argent avec ses derniers films pour être sauvé de cette descente aux enfers. Le gâchis est énorme. Inconcevable. Insupportable. Alors que l’industrie hollywoodienne aurait besoin de réalisateurs de sa qualité, elle préfère utiliser des faire-valoir interchangeables responsables de la médiocrité artistique actuelle.

John Mctiernan a eu 62 ans cette année. Malgré l’épreuve terrible qu’il endure, il serait formidable d’imaginer – à l’instar d’un Francis Ford Coppola revenu, lui aussi, après 10 ans d’absence – qu’il puisse irradier de son génie visuel de nouvelles histoires libres de toute pression vénale de certains producteurs attirés uniquement par l’appât du gain.