Le Syndicat français de la critique couronne Amour, Tabou et Louise Wimmer

Posté par MpM, le 19 février 2013

Comme tous les ans, le Syndicat français de la Critique de cinéma remettait lundi 18 février ses prix pour l'année cinéma 2012. Sans beaucoup de surprise, c'est Amour de Michael Haneke qui a été couronné meilleur film français à l'issue du vote des adhérents. Le prix du meilleur film étranger est revenu à Tabou de Miguel Gomes tandis que Louise Wimmer de Cyril Mennegun s'est vu attribuer celui du meilleur premier film. On perçoit dans ces choix tout l'éclectisme du cinéma contemporain qui réunit à la fois audaces esthétiques, réalisation choc et écriture ténue.

Les autres prix, remis par différents jurys constitués de membres du Syndicat, récompensent eux-aussi des oeuvres fortes et à l'identité affirmée. Ainsi, le bien nommé Prix singulier francophone a été attribué à Bovines d'Emmanuel Gras et Je suis une ville endormie de Sébastien Betdebder a été nommé meilleur court métrage français.

Par ailleurs, c'est Take shelter de Jeff Nichols qui a été récompensé du prix du meilleur DVD récent tandis que celui du meilleur DVD du patrimoine est allé à La Nuit du chasseur de Charles Laughton. Melancholia de Lars von Trier (meilleur film étranger l'année dernière) récolte quant à lui le prix du meilleur Blu-ray. Enfin, c'est Agnès Varda qui remporte le prix du meilleur coffret DVD avec Tout(e) Varda.

Du côté des livres de cinéma, trois prix ont été remis : meilleur livre français à Jean Renoir de Pascal Mérigeau ; meilleur livre étranger à 5e avenue, 5h du matin de Sam Wasson et meilleur album sur le cinéma aux Annales du cinéma français - Les voies du silence (1895-1923) de Pierre Lherminier.

A noter que le Syndicat récompense également des oeuvres de télévision, à savoir Une vie française de Jean-Pierre Sinapi (meilleure fiction), Noirs de France de Juan Gelas et Pascal Blanchard (meilleur documentaire de télévision) et Un village français, saison 4 de Frédéric Krivine, Philippe Triboit et Emmanuel Daucé (meilleure série).

Berlin 2013 : Bruno Dumont, Volker Schlöndorff, Pia Marais et Emily Atef plaident pour que le cinéma redevienne un art

Posté par kristofy, le 19 février 2013

L’Office Franco-Allemand a accueilli à la Cinémathèque de Berlin une table ronde sur le thème "Tradition et contre-courants", plus précisément les traditions, les ruptures avec les conventions et les contre-courants politiques et sociaux dans le 7ème art.

Ce débat en public, où les festivaliers de la 63e Berlinale ont aussi posé leurs questions, a réuni un panel de quatre cinéastes :

Volker Schlöndorff : arrivé en France en 1956 il a été assistant-réalisateur (de Jean-Pierre Melville, Alain Resnais, Louis Malle…) avant de réaliser son premier film à 26 ans, Les désarrois de l'élève Törless (prix de la Critique internationale à Cannes en 1966) et devenir ensuite une des figures du Nouveau Cinéma Allemand ; son film le plus célèbre Le Tambour a reçu la Palme d’or à Cannes en 1979 et l'Oscar du meilleur film étranger en 1980 ; l’année dernière son film sur la résistance française La Mer à l’aube était au Festival de Berlin.

Bruno Dumont : ses films L’Humanité et Flandres ont été récompensés à Cannes par le Grand prix du jury (un doublé rare) ; il était en compétition officielle cette année à Berlin avec son nouveau film Camille Claudel 1915, avec Juliette Binoche.

Emily Atef : après son premier film Molly’s way, son second film L’Etranger en moi est passé à La Semaine de la Critique à Cannes, et son troisième film Tue-moi est sorti l’année dernière. Elle est la présidente du jury jeune du Prix OFAJ.

Pia Marais : déjà réalisatrice de deux film Trop libre et A l’age d’Ellen, son troisième film Layla Fourie, en compétition officielle à Berlin, a reçu une mention spéciale du jury de Wong Kar-wai.

La discussion qui abordait les liens entre leur travail et celui d’autres cinéastes de différentes générations a pris la tournure de la complexité de faire et de voir des films de cinéma aujourd’hui. Bruno Dumont très en verve a lancé la question très intéressante de l’éducation à l’image…

En voici la synthèse :

-Volker Schlöndorff : La notion de ‘cinéma d’auteur’ de La Nouvelle Vague était d’imprimer sa personnalité dans son film ; avec un cinéaste qui écrit, réalise, produit. Voir même qui parle de lui, ce qui fait du cinéma dit nombriliste. C’était une époque de révolution culturelle, avec la mort du ‘cinéma de papa’. Se posait la question pour des réalisateurs comme Howard Hawks ou Raoul Walsh qui n’était pas à l’origine de la création de leurs films, ni à l’origine de la production ni à l’origine du scénario, qui pouvaient être considérés comme des auteurs.

-Bruno Dumont : Je suis devenu cinéaste en voyant des films, la notion d’auteur n’était pas très claire, elle désigne un peu du cinéma pas commercial. Pour moi un auteur est à l’origine de son film, en écrire le scénario et le réaliser. C’est ce que je fais. Robert Bresson et Maurice Pialat n’ont souvent pas écrit les scénarios, ils sont considérés comme ‘film d’auteur’. ‘Auteur’ signifie surtout que le réalisateur doit être le chef à bord, la personne la plus importante, celui qui s’oppose aussi à l’industrie. Le cinéma est un art avant un divertissement. Beaucoup de films sont des projets industriels plus que de la culture…

-Pia Marais : J’ai réalisé trois films, tous différents les uns des autres, il y a une certaine antipathie de ‘l’école berlinoise’, mes films n’en font pas partie.

-Emily Atef : Les trois films que j’ai réalisés étaient avant tout des souhaits profonds que j’avais. Je n’ai pas l’impression aujourd’hui que les gens veulent voir beaucoup de cinéma d’auteur en Allemagne. Mes films ont eu plus de succès d’estime et ont été mieux accueillis en France qu'en Allemagne. Mon prochain film sera beaucoup plus français que les autres.

-Bruno Dumont : Le public n’a pas l’habitude de voir des films d’auteur. On présente Intouchables aux Oscar, il y a quelque chose de grave, c’est aussi un problème politique. Il n’y a que dans les festivals de cinéma où on voit vraiment une diversité. Aujourd’hui personne ne veut regarder un film de Bergman. Aujourd’hui il est hors de question qu’un comédien se dise tragédien, il n’y a plus que de la comédie. On met des stades de foot en banlieue où le modèle c’est Zidane, donner à la jeunesse des modèles qui ne sont pas culturels c’est une faute politique. En France on a un système pas mal avec le CNC pour le financement où les recettes des gros films peuvent contribuer au budget des petits films. Je fais des films pour environ 2 millions d’euros parce que on ne me donnera pas plus. Pour un film à 15 millions d’euros il faut rendre des comptes aux différents financiers, il n’y a plus de liberté. Alors pour un petit film on se débrouille, on privilégie des décors naturels, on ne loue pas de grue pour des plans en hauteur, des techniciens sont payés 30% en dessous du tarif, tout le monde fait un effort. Moi c’est vrai que j’écris en fonction de mon budget, je n’ai pas de difficulté à écrire en me limitant.

-Volker Schlöndorff : C’est encore pire en Allemagne, il y a moins de cinéphilie, moins de films en version originale, moins d’aides financières. Est-ce qu’on parviendra à redonner sa place au cinéma ? L’âge d’or des années 60-80 quand le cinéma était pris au sérieux est révolu. Maintenant 90% des films sont du divertissement. Il faut éteindre la télé.

-Bruno Dumont : On a le cinéma qu’on mérite. Il faut changer notre culture et notre rapport aux autres, redistribuer les cartes, fermer ça et ouvrir ceci. C’est une décision politique.

-Volker Schlöndorff : C’est un choix de faire du cinéma avec du contenu qui soit aussi divertissant, et parfois ça peut être bien. Mais quand quelqu’un comme Martin Scorsese a fait Shutter Island j’ai été indigné. Faire des films et faire du cinéma ce n’est pas pareil.

-Emily Atef : Un film qui a de bonnes critiques dans un festival quand il est diffusé à la télévision c’est après minuit. Parce que on a peur de perdre l’audience des jeunes.

-Pia Marais : Le cinéma a perdu le contact avec les jeunes générations. Certains ne supportent pas les longs plans, il faut que ça bouge dans tous les sens le plus souvent.

-Bruno Dumont : Les films sont là. Ce sont les médias qui choisissent de ne pas cultiver et d’abrutir le public. Quand Flandres est passé à Cannes mes acteurs n’ont pas été invités à passer à la télévision. A Cannes, Canal+ ne parle pas de cinéma, ils invitent des people comme une femme de footballeur ou un chanteur, pour eux c’est de l’évènementiel. Il m’est arrivé qu’un responsable de France Télévisions me dise que mon film est formidable, mais ils ne l’ont pas produit et il ne le diffuse pas. Il faut diffuser plus de cinéma, il faut éduquer les masses. Il suffit de commencer par Charlie Chaplin, Robert Bresson. Il faut subventionner le cinéma, il ne faut pas viser la rentabilité. Si on veut que le cinéma redevienne un art, il faut le subventionner : gagner de l’argent avec des films c’est de l’industrie. Le poison vient de mélanger l’art et l’argent. Ce qui est grave c’est d’estimer un film en fonction de son nombre d’entrée. Aujourd’hui j’ai réalisé Camille Claudel 1915 avec Juliette Binoche, et là enfin des médias commencent à être excités, beaucoup plus par ce film que par mes films d’avant, mais c’est parce que il y a Juliette Binoche.

-Pia Marais : L’époque de Volker Schlöndorff était révolutionnaire, les gens s’intéressaient au cinéma. J’espère que ça va revenir, j’espère que la prochaine génération sera plus curieuse.

-Bruno Dumont : Il faut accepter la marginalité et accepter les contradictions du système qui fait que des premiers films et des films dits élitistes peuvent avoir une avance avec de l’argent qui vient des tickets vendus par les gros succès commerciaux. Le monde ancien est en mutation, MK2 arrête ses activités de production. Il y a des films qui se font avec 500 000 euros, pour 200 000 euros, pour moins. Il ne faut pas penser à un monde idéal, France Télévisions ne diffusera jamais un film de Jean-Marie Straub à 21 heures. Je pense que aujourd’hui avec le numérique on peut tourner un film pour rien ou pas grand-chose. La jeune génération doit prendre acte des nouvelles technologies, Internet peut diffuser des films sans distributeur de cinéma.

Sophie Dulac devrait distribuer l’Ours d’or début 2014

Posté par vincy, le 18 février 2013

Sous quel titre sortira-t-il? Pozitia Copilului en roumain, Child's Pose en anglais, ... La place de l'enfant ou La position de l'enfant en français?  Sophie Dulac distribuera le film de Calin Peter Netzer, qui a reçu l'Ours d'or à Berlin samedi soir. Le drame roumain ne sortira pourtant que début 2014 selon le distributeur.

Le film était l'un des favoris de la critique internationale, si l'on en croit le tableau de Screen International, qui le plaçait derrière le chilien Gloria.

Avec dans le rôle principal Luminita Gheorghiu (Code inconnu, Le temps du loup, La Mort de Dante Lazarescu, 12h08 à l'est de Bucarest, 4 mois 3 semaines 2 jours, Au-delà des collines), et la réputation du réalisateur, sans compter l'intérêt croissant pour le cinéma roumain, le film devrait trouver son public.

Calin Peter Netzer a déjà remporté plusieurs prix pour son premier long métrage Maria (Grand prix à Bratislava, prix spécial du jury à Locarno, prix Europa) et le suivant Médaille d'honneur (prix du public à turin, prix de la critique internationale à Thessalonique, mention spéciale à Miami).

Le film raconte l'histoire d'une mère de famille aisée ultra-possessive qui cherche à protéger et même exempter (avec son argent et ses réseaux) son fils immature, responsable d'un accident de la route mortel.

Un cinéma roumain adoré dans les Festivals, ignoré dans son pays

C'est la première fois qu'un film roumain gagne l'Ours d'or à Berlin. La Berlinale avait cependant récompensé d'un grand prix du jury If I Want to Whistle, I Whistle en 2010. Le cinéma roumain n'a jamais été récompensé par le prix suprême à Venise (Terminus Paradis avait reçu le Grand prix du jury en 1998). En revanche, Cannes avait décerné la prestigieuse Palme d'or à 4 mois 3 semaines 2 jours en 2007.

Cet Ours d'or arrive à point nommé au moment où les réalisateurs roumains souffrent d’un manque sévère de fonds pour monter leurs projets et pour montrer leurs films (la Roumanie compte environ 240 écrans) face à un gouvernement qui cherche à contrôler de plus en plus la production cinématographique.

Jean Rochefort tire sa révérence après 58 ans de beaux et loyaux services

Posté par vincy, le 18 février 2013

A 82ans, Jean Rochefort pense que c'est le bon moment. Ses deux prochains films, L'Artiste et son modèle, de l'espagnol Fernando Trueba et Jappeloup de Christian Duguay, sortent le 13 mars dans les salles françaises. Ce seront peut-être ses deux dernières apparitions au cinéma. Il l'avait déjà fait comprendre dans un entretien à France Culture il y a quelques mois. Il le confirme en termes plus clairs dans le dossier de presse du film de Trueba.

"Quand on fait partie de ma génération, je n'aime pas dire 'à mon âge', on ne veut plus s'emmerder. J'ai une peur bleue que l'osmose ne s'opère pas avec un metteur en scène, de devoir penser 'encore trois semaines de tournage avec lui. J’ai la sensation que ça va, que la route a été faite. Avec des joies, des peines, des insatisfactions... une vie, quoi. J’ai déjà décidé de ne plus jouer au théâtre. A moins que je tombe sur un projet de film qui me bouleverse, j’arrêterai aussi le cinéma. Et je serai très heureux que ce soit avec ce film-là : j’ai eu énormément de plaisir à le tourner, à passer du temps avec l’équipe technique. Vous savez, je reçois beaucoup de scénarii qui racontent comment se débarrasser de Pépé, ou Pépé part en vacances... En aucun cas je ne veux sortir de scène avec ça. Quand j’ai vu L’artiste et son modèle, je me suis dit qu’il y avait matière à le faire, la tête haute."

Le film a reçu la Coquille d'argent du meilleur réalisateur au dernier Festival de San Sebastian.

Rochefort a arrêté le théâtre en 2007. Trois fois récompensé aux Césars (pour son second-rôle dans Que la fête commence, son interprétation dans Le Crabe-tambour et honoré en 1999) et quatre fois nominé aux Césars, il vient de recevoir une nomination aux Prix Goya (Espagne) pour son rôle dans L'Artiste et son modèle. Passant de Chabat à Canet (Ne le dis à personne), de Tavernier à Leconte, de Robert à de Broca, le comédien et tragédien éclectique aura connu les succès populaires, les navets alimentaires et les grands drames signés des plus grands auteurs.

Les Goyas sacrent 10 fois Blancanieves et récompensent Intouchables

Posté par vincy, le 18 février 2013

10 Goyas pour le film en noir et blanc de Pablo Berger (photo). Blancanieves est le grand vainqueur de cette 27e soirée des Goyas espagnols avec le prix suprême du meilleur film. Il a également remporté le prix du scénario original, de la musique (Alfonso de Vilallonga), de la chanson ("No te puedo encontrar"), de la meilleure actrice (Maribel Verdu), de l'espoir féminin (Macarena Garcia), de l'image (Kiko de la Rica), de la direction artistique, des costumes, du maquillage.

The Impossible a réussit le tour de force de résister légèrement à cette razzia avec le prix du meilleur réalisateur (J.A. Bayona), du montage, du son, des effets spéciaux et de la production.

Autre gagnant, Las aventuras de Tadeo Jones, un film d'animation qui repart avec le prix du meilleur nouveau réalisateur, du scénario adapté et du film d'animation.

Il ne reste donc que quelques miettes aux autres : El muerto y ser Feliz est couronné pour son acteur (José Sacristan), Grupo 7 pour le second rôle masculin (Julian Villagran) et pour l'espoir masculin (Joaquin Nunez), Una pistola en cada mano pour le second rôle féminin (Candala Pena).

Dans les autres catégories, c'est évidemment la victoire d'Intouchables que l'on retient en tant que meilleur film européen, devançant ainsi De rouille et d'os, Dans la maison et Shame. "Nous sommes très émus. Recevoir ce prix constitue un grand honneur" a déclaré l'un des deux réalisateurs, Eric Tolédano. Intouchables avait fait son avant-première internationale au Festival de San Sebastian, en Espagne, en septembre 2011.

Juan de los muertos d'Alejandro Brugués, une comédie cubaine avec des zombies, primée aux Festival de Miami et Porto et présentée à Gerardmer l'an dernier, remporte le prix du meilleur film latino américain. Hijos de las nubes, la ultima colonia, produit par Javier Bardem, a gagné le prix du meilleur documentaire.

Côté courts métrages, Aquel no era yo (fiction), El vendedor de humo (animation) et A story for the Modlins (documentaires) ont été victorieux.

La soirée fut monopolisée par les discours politiques ou révoltés de la profession, en colère contre la hausse de la TVA sur les billets de cinéma, notamment, mais aussi sur la nécessité d'avoir un cinéma diversifié, entre petites et grosses productions. Ironiquement, on a ainsi pu voir parmi "les disparus de l'année", l'exploitant de salle de cinéma espagnol. Paradoxalement, l'industrie cinématographique espagnole n'a jamais gagné autant d'argent avec des revenus au box office s'élevant à 106 millions d'euros en 2012, et une part de marché de près de 18% pour les films nationaux. La soirée télévisée a aussi battu des records d'audience avec 4 millions de téléspectateurs!

Fusion douloureuse entre la Cinémathèque de la danse et le Centre national de la danse

Posté par vincy, le 17 février 2013

La Cinémathèque de la danse et le Centre national de la danse fusionnent. Si la niche semble étroite, l'enjeu est important et concerne aussi bien la recherche, la conservation, la sauvegarde et la diffusion des films et documents filmés relatifs à la danse - toutes les danses -, que le développement de la culture chorégraphique et l’élargissement des publics de la danse. Les membres de l’Assemblée Générale de l’association de la Cinémathèque de la danse et du conseil d’administration du Centre national de la danse ont voté à l’unanimité, "leur volonté de donner un cadre renouvelé pour le développement des missions à caractère public de la Cinémathèque de la danse depuis trente ans."

Depuis le 1er janvier 2013, l’équipe de la Cinémathèque de la danse (9 salariés) est donc accueillie dans un nouveau département « Cinémathèque de la danse » au sein du CND. Le Centre national de la danse, dont le siège (rénové) est à Pantin (près de Paris), a ouvert des espaces dédiés à la Cinémathèque de la danse pour le stockage et le traitement des documents audiovisuels mais aussi pour l’accueil du public, notamment avec l’ouverture d’une salle de projection de cent places. Les travaux ont été financés par le Ministère de la Culture et de la Communication, qui indique par ailleurs avoir "prévu dans le Projet de loi de finances 2013 le transfert au Centre national de la danse de l’intégralité de la subvention précédemment allouée à l’association et l’inscription des emplois nécessaires."

Choix cornéliens

Pourtant, il y a encore trois mois, la fusion n'allait pas de soi. Le 13 novembre, le Conseil d’administration de la Cinémathèque de la Danse devait décider de la dissolution ou non de l’association qu’il contrôle. En cas de dissolution, cela signifiait une perte de son autonomie, de son nom, et même de son identité. En cas de refus, le Ministère avait prévenu que les subventions seraient coupées dès le 1er janvier 2013. Autant dire que le choix n'existait pas vraiment.

Clairement, la Cinémathèque a préféré la survie, même en situation de dépendance. Créé en 1998, le CND était logiquement programmé pour accueillir la Cinémathèque de la Danse, créée en 1982 au sein de la Cinémathèque française (elle est indépendante depuis 2005). Mais, selon le directeur de la Cinémathèque et ses nombreux soutiens, le CND est mal desservi (l'accès s'est amélioré depuis l'arrivée du Tramway à proximité, en plus du métro et du RER) et le lieu ne parviendrait pas à attirer les parisiens (ce qui est démenti par le Centre et qui n' aucun sens à un moment où l'on imaginele Grand Paris). Voilà pourquoi la Cinémathèque de la Danse était très réticente à y emménager : une cinémathèque sans public, ça n'a aucun sens. A ce déménagement qui ne soulevait aucun enthousiasme, il fallait ajouter un manque de fonds, des crédits en berne et une administration indécise... Certains craignaient même que le budget de la Cinémathèque (800 000 €) sera amputée pour combler les déficits du CND. Costa-Gavras, président de la Cinémathèque française, avait alerté en avril dernier les pouvoirs publics d'une telle annexion.

Polémique et inquiétudes

Quand le précédent Ministre de la culture, Frédéric Mitterrand décrète que la Cinémathèque doit perdre son statut d'association pour devenir un simple département du CND, la polémique enfle. La profession s'inquiète de l'avenir de la Cinémathèque puisque le CND n’a soi-disant aucune expérience en matière cinématographique, d’acquisition de films, de programmation, de diffusion et même de relations internationales (la Cinémathèque de la danse a une antenne à Pékin et une autre en cours de réalisation à Rio de Janeiro) ... Le Centre réfute ses arguments en affirmant disposer de 4100 titres dans la collection principale, 80 fonds d’archives riches en document vidéos, 1500 heures de programmes captés à Pantin depuis 2005 et les vidéos déposées par les compagnies depuis 1998.

Après huit mois de négociations et, reconnaissons-le devant l'évidence et la céessité d'un tel rapprochement, la fusion s'avère inéluctable. Tout dépendait de savoir dans quelles conditions. Et si cette fusion était actée dès novembre, ce n'est seulement que le 15 février 2013 que le Ministère de la Culture s'est félicité de "l'heureux dénouement". Coûteuse issue aussi puisque les travaux du siège de Pantin s'élèvent à 6 millions d'euros.

Reste à attirer le public

La Cinémathèque de la danse conserve son nom et devient donc le département Cinémathèque du CND. Et le budget sera inscrit en tant que tel dans l’analytique du CND pour le département Cinémathèque, autrement dit il este autonome. La Cinémathèque gardera son nom et son logo. Le Ministère de la culture et celui de l'Economie ont tout fait pour déminer le terrain, jusqu'à maintenir les 8 membres de la Cinémathèque de la danse. Arriveront-ils à travailler avec les équipes du CND?

Toutes les inquiétudes ont donc été effacées. Toutes? Non : il reste à savoir si le public sera au rendez-vous.

Le CND a mis en place une importante programmation cinéma/danse pour la saison en cours. Une nuit de la danse et du cinéma allemand le 21 juin est même prévue. Mais pour l'instant, les deux sites internet sont toujours distincts... et la Cinémathèque s'affiche toujours dans le 12e arrondissement de Paris. Le temps des synergies est venu...

Berlin 2013 : le jury de l’OFAJ récompense Zwei Mütter

Posté par kristofy, le 16 février 2013

Durant ce 63e Festival de Berlin, un jury composé de 7 jeunes a été invité par l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (OFAJ) à se rencontrer et à échanger autour des films de la sélection ‘Perspective Deutsches Kino’ qui privilégie les premiers films de jeunes cinéastes allemands. Le Prix OFAJ – Dialogue en Perspective existe depuis 2004, doté de 5 000 euros (et d’une aide au sous-titrage et à sa diffusion), cette année ils ont été choisis parmi plus de 120 candidatures : 3 jeunes originaires de France, 3 jeunes originaires d’Allemagne, et 1 originaire du Portugual (tous billingue français-allemand). Ce jury OFAJ était présidé par la réalisatrice Emily Atef (de culture à la fois française, allemande et iranienne).

L’objectif est de proposer à de jeunes européens un espace de dialogue autour du 7ème art, et à Berlin en particulier avec le jeune cinéma allemand. Durant quelques jours, nous avons rencontré plusieurs fois ces jeunes jurés dans les salles et entre deux projections. Jorge, 23 ans, est celui qui vient de Lisbonne mais il est en ce moment étudiant à Paris pour un master en communication, il aime autant Godard et Fassbinder que Audrey Estourgo et Jan Raiber : "on a des journées où on voit 5 films, dans le jury chacun donne son avis, on s’est réunis plusieurs fois ensemble pour en débattre. On a tous différentes sensibilités mais aussi des références communes. Notre présidente Emily Atef elle nous écoute, elle demande qu’on argumente, elle pose des questions."

Clara, 24 ans, vient de Reims et fait un master d’études cinématographiques, elle s’intéresse à l’enfance dans le cinéma avec Jacques Doillon, Bruno Dumont et Ramon Zürcher : "Emily Atef donne un avis plus appuyé en général que le notre mais elle ne vote pas, les débats sont fructueux, on parle des films de manière large, aussi bien de questions techniques qu'esthétiques".

Un film sur deux femmes amoureuses qui désirent un enfant

Ce prix du jury de l’OFAJ 2013 a donc été remis au film Zwei Mütter (deux mères) : en Allemagne, l'histoire de deux femmes amoureuses (43 et 37 ans) qui pendant plus d'un an vont être confrontées à diverses difficultés dans leur désir d'avoir un enfant (pas de don de sperme aux lesbiennes, inséminations, donneurs à chercher...) et comment tout cela va affecter leur couple. « Le long-métrage d’Anne Zohra Berrached a convaincu le jury tant par son esthétique et son travail sur la forme, que par sa sincérité et la profondeur de son contenu. Le film parvient avec beaucoup de délicatesse à traiter d’un thème politique, sans pour autant chercher à être militant. L’authenticité du jeu des deux actrices principales permet au film de dresser le portrait convaincant d’une relation amoureuse complexe entre deux femmes aspirant à une vie de couple et de famille. En trouvant l’équilibre entre une démarche documentaire et le construction d’une fiction, la réalisatrice parvient de manière très intelligente à ouvrir de nouvelles perspectives où les deux formes trouvent leur place et se conjuguent parfaitement. »

La diversité des films en sélection a été saluée. Florian, 27 ans de Paris, a fait son mémoire sur l’œuvre de Werner Herzog précise en aparté que "le choix du jury n’a aucun rapport avec l’actualité en France sur le mariage pour tous ou la PMA, ce sont les qualités de narration du film qui l’ont emporté" ; et Tatiana, 29 ans de Karishue, étudiante en journalisme et déjà co-fondatrice d’un magazine de cinéma : "il n’y a pas eu unanimité, on a discuté de tous les films, chacun a défendu son préféré, il y a eu un débat animé et constructif avant de choisir le film lauréat".

Théophile, 22 ans originaire de Picardie, étudiant en sciences politiques dans un double cursus franco-allemand, est très impliqué dans un ciné-club : "Je ne vois pas de différence entre les jurés français et allemands, on ne peut pas résumer une culture à 3 jurés, on vient tous d’univers très différent, ce qui compte plus que notre pays d’origine ce sont nos origines universitaires. On expose plusieurs arguments qui ouvrent des champs de perspectives, on part avec un à-priori et puis la discussion peut faire considérer un film sous d’autres angles. Avec Emily Atef on a une grande complicité, elle a une façon d’enrichir la conversation qui permet un dialogue constructif et une certaine qualité de discussion."

L’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse célèbre cette année 2013 les 50 ans du traité de l’amitié franco-allemande.

Le palmarès de Berlin 2013 : le film roumain Child’s Pose remporte l’Ours d’or

Posté par vincy, le 16 février 2013

child's pose ours d'or berlin 2013

Lire aussi : Berlin 2013 : pronostics et favoris ; Une édition dominée par les femmes, le poids de la religion et le spectre de l’enfermement

Child's Pose du roumain a surclassé tous les favoris, y compris Bruno Dumont, ignoré par le jury. A cet Ours d'or, ajoutons les deux prix pour le film de Danis Tanovic, An episode in the Life of an Iron Picker (belle, sensible et réaliste incursion dans une petite communauté rom où la solidarité finit par prédominer) et tout cela confirme que le cinéma d'Europe de l'Est continue de séduire ; sans oublier le Teddy Award remis hier au très beau film polonais In the Name of...!

Child's Pose, "portrait d'une époque et d'un certain milieu social en même temps que celui d'une mère possessive", aborde le conflit de générations et la question de la culpabilité. Ce tableau d'une classe moyenne dominante et arrogante est composé de "scènes étirées, de dialogues brutaux et tout contribue à un sentiment de malaise qui sonne juste" écrivions-nous dans notre bilan.

Un court-métrage Français (La fugue), une grande actrice chilienne, Paulina Garcia, époustouflante Gloria, et un cinéaste québécois, Denis Côté, qui aime les chemins de traverse, au point d'être autant adoré que détesté avec son Vic + Flo ont vu un Ours, sont parmi les primés de ce soir, qui feront oubliés des choix plus discutables dans d'autres catégories.

Jafar Panahi n'hérite ainsi que d'un modeste prix du meilleur scénario pour son film clandestin Closed Curtain. Harmony Lessons du Kazakh Emir Baigazin, magistralement filmé, ne revient qu'avec le prix, mérité, de la meilleure contribution technique. Gold et In the Name of Father... ont été snobé, tout comme les films français, pourtant appréciés par la critique. Ne parlons pas du cinéma américain : on trouve Wong Kar-wai bien indulgent d'avoir décerné une mention spéciale à Gus Van Sant pour son Promised Land.

On reste aussi circonspects avec le prix de la mise en scène pour David Gordon Green, dont Prince avalanche a séduit une partie de la presse, et qui s'avère un remake d'Either way de l'Islandais Hafsteinn Gunnar Sigurðsson, dont le charme décalé avait plus d'intérêt.

Palmarès du jury

Ours d'or : Pozitia Copilului (Child's Pose) de Calin Peter Netzer (Roumanie)

Deux mentions spéciales : Layla Fourie de Pia Marais et Promised Land de Gus Van Sant

Grand prix du jury : An episode in the Life of an Iron Picker de Danis Tanovic (Bosnie Herzégovine)

Prix Alfred Baueur (innovation) : Vic+Flo ont vu un Ours de Denis Côté (Canada)

Meilleur réalisateur : David Gordon Green pour Prince Avalanche (USA)

Meilleure actrice : Paulina Garcia dans Gloria de Sebastian Lelio (Chili)

Meilleur acteur : Nazif Mujic dans An episode in the Life of an Iron Picker de Danis Tanovic (Bosnie Herzégovine)

Meilleure contribution technique : le directeur de la photographie Aziz Zhambakiyev pour Harmony Lessons d'Emir Baigazin (Kazakhstan)

Meilleur scénario : Closed Curtain de Jafar Panahi (Iran)

Ours d'or d'honneur : Claude Lanzmann

Prix du premier film (toutes sélections confondues)

Meilleur premier film : The Rocket de Kim Mordaunt (Australie), sélectionné en Generation Kplus

Mention spéciale : A batalha de Tabatô (The Battle of Tabatô) de João Viana (Guinée Bissau/Portugal)

Court-métrages

Ours d'or  : La Fugue de Jean-Bernard Marlin (France)

Ours d'argent : Die Ruhe bleibt (Remains Quiet) de Stefan Kriekhaus (Allemagne)

Berlin 2013 : The Broken Circle Breakdown, coup de coeur du public dans la section Panorama

Posté par vincy, le 16 février 2013

Les prix du public (28 000 votes cette année) pour la section Panorama de la 63e Berlinale ont été révélés cet après-midi. Le public berlinois devait choisir parmi 52 films venus de 33 pays.

Après avoir conquis le jury du prix Europa Cinémas du meilleur film européen hier, The Broken Circle Breakdown, du Belge Felix Van Groeningen, vient d'obtenir les faveurs du public de cette section parallèle. Le film sera distribué en France par Bodega Films. Selon le communiqué de presse, le film s'est installé en favori très tôt durant le Festival, et a gagné de manière très nette.

The Broken Circle Breakdown, histoire passionnelle sous influence américaine tendance musique country, est l'adaptation d'une pièce de Johan Heldenbergh et Mieke Dobbels. Il s'agit du quatrième long métrage du réalisateur Felix Van Groeningen.

Reaching the Moon, du vétéran brésilien Bruno Barreto, récit auour de la poétesse new yorkaise Elizabeth Bishop lors d'un voyage à Rio de Janeiro, est classé 2e ; Inch'Allah de la canadienne Anaïs Barbeau-Lavalette, jusque là plutôt documentariste, a reçu suffisamment de suffrages pour obtenir la 3e place avec son histoire humaniste où une médecin québécoise est confrontée aux problèmes des femmes palestiniennes.

Côté documentaires, The Act of Killing de l'américain Joshua Oppenheimer, qui revient sur le coup militaire indonésien de 1965, l'a emporté sur Salma de la britannique Kim Longinotto, qui nous emmène dans une minorité musulmane en Inde, et A World Not Ours du citoyen sans frontières Mahdi Fleifel, qui nous immerge dans un camp de réfugiés palestiniens au Liban.

Berlin 2013 : Teddy Awards évidents pour « In the Name of… » et Sébastien Lifshitz

Posté par vincy, le 16 février 2013

C'est un film de la compétition qui a été élu meilleur film par le jury des Teddy Awards (les prix LGBT de la Berlinale). Logiquement, In the Name of (W Imie) de la polonaise Malgoska Szumowska (avec ses deux comédiens principaux sur le photo) a été couronné par le prix le plus convoité par le cinéma LGBT. Il a aussi été récompensé par un prix du public. Nous avions déjà prédit sa victoire dans notre actualité du 8 février...

Logique car le sujet était en soi porteur : un prêtre catholique amoureux d'un de ses protégés, résistant aux tentations alors que son Jésus s'offre à lui. Il doit également géré des adolescents turbulents, mal à l'aise avec leur sexualité, certains ayant des penchants sodomites ou juste une orientation clairement homosexuelle. Mais le film valait bien ce prix tant sa mise en scène sobre et sensible, son image sublime, ses comédiens charismatiques et sensuels, et son scénario très bien construit en font aussi l'un des favoris pour un Ours du jury ce soir à Berlin.

Les Teddy Awards étaient remis hier. Sébastien Lifshitz (Les invisibles) a été sacré par le prix du meilleur documentaire pour Bambi, qui retrace le parcours d'un homme, né en 1935 en Algérie, devenu femme française de 77 ans.

Les autres prix ont été remis à Undress me du suédois Victor Lindgren (meilleur court métrage) et à Concussion de l'américaine Stacie Passon (prix spécial du jury).