La pionnière Mag Bodard (1916-2019), productrice de Demy, Godard, Deville, Varda et Bresson, nous quitte

Posté par vincy, le 1 mars 2019

La productrice Mag Bodard est décédée mardi à l'âge de 103 ans, a annoncé jeudi son associé Alain Bessaudou. Pionnière, elle était la première femme productrice française. Née en 1916 en Italie, Marguerite Bodard, communément appelée Maguy, tait plutôt destinée au journalisme, où elle fait ses débuts.

Elle avait commencé sa carrière un échec en 1962 avec La Gamberge de Norbert Carbonnaux (avec son amie) Françoise Dorléac son amie. Quand elle voit Lola de Jacques Demy, elle s'embarque dans le projet fou du jeune réalisateur: un drame musical. Les parapluies de Cherbourg obtient la Palme d'Or et lance la jeune Catherine Deneuve, sœur de la vedette Françoise Dorléac, consacre le musicien Michel Legrand et panthéonise Jacques Demy dans le cinéma français. Avec eux trois, elle produit ensuite Les Demoiselles de Rochefort en 1967 et Peau d’Âne en 1970.

La fondatrice de Parc Films Mag Bodard c'est aussi la productrice de la Nouvelle vague: elle accompagne Agnès Varda avec Le Bonheur en 1965 et Les Créatures en 1966, Robert Bresson avec Au hasard Balthazar en 1966, Mouchette en 1967 et Une femme douce en 1969, Jean-Luc Godard avec Deux ou trois choses que je sais d’elle et La chinoise en 1967, Alain Resnais avec Je t’aime, je t’aime en 1968 ou encore Maurice Pialat avec L’Enfance nue en 1968, Michel Deville avec Benjamin ou les mémoires d'un puceau en 1967, Bye-bye Barbara en 1968, L'ours et la poupée en 1969 et Raphaël ou le débauché en 1970.

Elle suit aussi fidèlement Nina Companez (Faustine et le bel été, L’histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse Chemise, Comme sur des roulettes, Je t’aime quand même pour le cinéma ; Les dames de la Côte, La grande cabriole et L’allée du roi pour le petit écran). Jusqu'en 2006, elle n'a cessé de faire ce métier avec passion.

"Persévérante, déterminée et moderne, Mag Bodard se vouait intégralement à chaque projet et à son réalisateur, l’aidant par tous les moyens à mener à bien son projet, tel que celui-ci l’avait imaginé. Telle était sa plus grande force, savoir magnifier les artistes et leur donner les moyens d’exprimer tout leur talent" rappelle l'Académie des César en lui rendant hommage.

Agnès Varda lui a dédié un texte, diffusé sur le site de la Cinémathèque française: "Cette petite femme avec sa silhouette de jeune fille et sa tête d'oiseau a pesé lourd dans nos vies de cinéastes." Elle se souvient: "Elle venait peu aux tournages, mais elle faisait impression, toujours accompagnée par un chauffeur, élégante, coiffée, manucurée (elle avait des mains particulièrement jolies). C'est curieux que son apparence délicate soit si présente dans mon souvenir, alors qu'elle avait et qu'elle a toujours une énergie farouche mise au service de ses projets, une obstination à les faire vivre et une énorme capacité de travail."

Les films français les plus rentables en salles en 2018

Posté par redaction, le 28 février 2019

Chaque année, Le film français établit une liste des films quo ont le mieux amortis leur budget de production grâce à leurs recettes (hors taxes et commission exploitant) en salles. Autrement dit, la performance se situe au dessus de 25% en taux d'amortissement, sans calculer précisément ce que le film a rapporté aux producteurs. 38 films (majoritairement français) ont dépassé ce seuil.

Les cinq premiers

L'amour flou, premier de Romane Bohringer et Philippe Rebbot (195000 spectateurs), domine le classement devant Les Tuche 3, plus gros succès de l'année avec 5,7 millions d'entrées, Tout le monde debout (2,4 millions de spectateurs), Mademoiselle de Jonquières (825000 entrées) et Le Grand bain (4,25 millions de spectateurs). Soit trois films au dessus de 10M€ de budget, un film du milieu à 3,6M€ et un film indépendant à 440000€. Que ce soit le film le moins cher des 35 films les plus rentables qui soit finalement le plus profitable ne peut que réjouir. Mais c'est un peu l'arbre qui cache le désert. Si on prend les petits budgets (moins de 2M€), on retrouve deux autres films dans le Top 40: Sofia de Meryem Benm'Barek et Retour à Bollène de Saïd Hamich.

Les comédies reines

Les Tuche 3 (2e), Tout le monde debout (3e), Le grand bain (5e), La ch'tite famille (6e), Le jeu (7e), Taxi 5 (8e), Les vieux fourneaux (10e), Neuilly sa mère, sa mère (11e): la comédie est bankable indéniablement, qu'elle coût 5-6 millions d'euros ou 18-26 millions d'euros. Même des films comme Les déguns, Alad'2, Ma reum ou Larguées tirent leur épingle du jeu en se classant dans les 25 premiers. Le rire reste une valeur sûre. Les Tuche 3 en sont la preuve: chaque épisode est de plus en plus rentable. Cela explique sans doute aussi pourquoi c'est dans ce genre que les investissements sont les plus massifs: 7,2M€ pour Neuilly, 8M€ pour Le jeu, 10M€ pour Tout le monde debout, 13M€ pour Les Tuche 3, 19M€ pour Le grand bain, 20M€ pour Taxi 5, 27M€ pour La ch'tite famille. Et en plus ils fédéreront un large public lors des diffusions et rediffusions télévisées.

Les autres bonnes performances

Outre Mademoiselle de Joncquières qui surprend à un tel niveau, plusieurs films, dramatiques ou animés, familiaux ou plébiscités par la critique, ont réussi à limiter les risques financiers. C'est le cas de Première année (9e), Sauver ou périr (12e), Belle et Sébastien 3 (14e, et l'un des gros budgets de l'année), Jusqu'à la garde (17e), I feel good (18e), Pupille (20e), Les chatouilles (25e), En liberté (27e)...  Côté animation, l'un des plus gros budgets tous genres confondus, Astérix - le secret de la potion magique (33,7M€) s'est avéré rentable (et peut compter sur son exportation) grâce à ses 3,8 millions d'entrées (il finit 24e), devançant Dilili à Paris (28e). Les films du milieu s'en sortent finalement plutôt bien, dès lors qu'ils dépassent les 500000 spectateurs.

Les fiascos

Il y a deux sortes de flops: les gros budgets qui n'ont pas trouvé leur public. C'est le cas notamment de Croc-blanc et Rémi sans famille, deux adaptations familiales de classiques littéraires, qui peuvent cependant être moins désastreuses avec leurs résultats à l'export, tout comme Les Frères Sisters (35M€) ou Dans la brume (11M€). Le flic de Belleville avec Omar Sy (15M€), L'Empereur de Paris avec Vincent Cassel (22M€), Gaston Lagaffe (19M€), Un peuple et son roi (17M€), Les aventures de Spirou et Fantasio (16M€), L'extraordinaire voyage du Fakir (11,5M€) sont les gros échecs de l'année 2018.

Il y aussi ceux qui, sans avoir coûté trop chers (3-5M€), ont été des bides avec moins de 200000 spectateurs: Volontaire, Abdel et la comtesse, Gaspard va au mariagen, Frères ennemis, Comment tuer sa mère, Razzia, ... Le bas du tableau comprend aussi les films de Samuel Benchetrit, Guillaume Nicloux, Eva Husson, Mia Jansen-Love, Diane Kurys, Mahamat Saleh-Haroun, Patricia Mazuy, Abdellatif Kechiche et Yann Gonzalez.

Mais le cancre c'est Braqueurs d'élite de Steven Quale, production Europacorp, qui avec 47000 entrées pour 66,2M€ est bon dernier du classement.

Jusqu’à la garde reçoit le premier César des lycéens

Posté par vincy, le 27 février 2019

On se demandait bien pourquoi le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer assistait aux César. on avait oublié que le César des lycéens, sur le modèle du Goncourt des lycéens, allait être décerné pour la première fois.

Le Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma ont donc annoncé le lauréat de ce premier "César des Lycéens". Et les votants ont suivi les professionnels de la profession en choisissant parmi les nommés, Jusqu'à la garde de Xavier Legrand. Le film avait remporté vendredi soir 4 prix: Meilleur film, Meilleure actrice (Léa Drucker), Meilleur scénario (Xavier Legrand) et Meilleur montage (Yorgos Lamprinos). Le film a séduit près de 400000 sectateurs en France. Haut et Court a décidé de le remettre en avant avec 70 salles supplémentaires (soit une centaine au total) ce mercredi.

"Ce "César des Lycéens" a été attribué par un corps électoral de 1 276 élèves de terminale issus de 54 lycées généraux, technologiques et professionnels situés sur tout le territoire métropolitain, en Angleterre et à Mayotte, choisis par le Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse" précise le communiqué. Les lycéens ont visionné en compagnie de leur professeur référent les sept films nommés au César du Meilleur Film.

La remise du "César des Lycéens" s’effectuera le mercredi 13 mars 2019 à 13h30 au Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, à l’occasion d’une rencontre-débat avec les lycéens et en présence du lauréat et de son équipe, du Ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse et du Président de l'Académie des César.

Nice girls don’t stay for breakfast : Robert Mitchum à l’honneur dans un film et dans un livre

Posté par MpM, le 27 février 2019

Robert Mitchum, l'inoubliable interprète de La nuit du chasseur de Charles Laughton et des Nerfs à vif de Jack Lee Thompson, a disparu depuis plus de vingt ans, mais demeure encore l'un des acteurs les plus charismatiques de l'histoire hollywoodienne. En cette fin février, les fans, les nostalgiques, les cinéphiles en général mais aussi ceux qui le connaissent mal ont de quoi se réjouir car il est de retour à la fois sur grand écran dans un documentaire riche en images d'archives, Nice girls don't stay for breakfast de Bruce Weber, et en librairie, avec le très beau livre Mitchum X Weber aux éditions La Rabbia.

Le film montre notamment Robert Mitchum au travail, au début des années 90 (il enregistre un album de reprises) et compile différents témoignages auxquels s'ajoutent le récit à la première personne du réalisateur et des extraits de ses films. Bruce Weber, photographe de renom, était en effet parvenu à convaincre Mitchum de se laisser filmer, et de partager ses souvenirs devant la caméra.

Pourtant, on le sent réticent à se livrer. Il est souvent élusif, préférant répondre par une blague, ou un bon mot, que de parler véritablement de lui-même. Le film, parfois, y perd en cohérence, ou donne l'impression de passer un peu à côté de son sujet. Qu'importe, ces images et ces paroles rares sont précieuses, car elles nous permettent de côtoyer, à des années de distance, le vrai Robert Mitchum, à la fois éloigné du cliché du sex symbol, et néanmoins terriblement séduisant et drôle.

Le livre qui accompagne cette sortie, lui, associe les clichés de Bruce Weber, pour la plupart inédits, à différentes images d'archives et coupures de presse, ce qui en fait une mine d'or pour tous les amoureux du cinéma. Photos de films y côtoient portraits et clichés plus spontanés, qui recomposent l'image publique du comédien, entre faux dur et vrai séducteur. Des anecdotes s'y mêlent également, souvenirs de Benicio del Toro ou Johnny Depp, ou encore de Mitchum lui-même.

Avec ce livre, Bruce Weber propose ainsi clairement un bel ouvrage (d'ailleurs publié dans une édition limitée à 1500 exemplaires numérotés) plutôt qu'une biographie ou un livre de témoignages plus traditionnels. Il offre ainsi un panorama riche et fascinant des différents visages de Robert Mitchum, que l'on revisite avec la même fascination qu'à l'époque de l'âge d'or d'Hollywood.

Alejandro G. Iñárritu, président du jury du 72e Festival de Cannes

Posté par vincy, le 27 février 2019

Alejandro G. Iñárritu a été choisi comme président du jury pour le 72e Festival de Cannes, qui se déroulera du 14 au 25 mai prochains.

Le cinéaste mexicain est un habitué du festival. Il est venu sur la Croisette en 2000 avec son premier film, Amours Chiennes (Grand prix de la Semaine de la critique), puis Babel en 2006 (en compétition, Prix de la mise en scène), en 2007 avec un segment du collectif Chacun son cinéma produit pour le 60e anniversaire du festival et en 2010 avec Biutiful (en compétition, prix d'interprétation masculine). Inarritu a été oscarisé cinq fois. Avec Birdman (2014), il a reçu personnellement trois Oscars (scénario, réalisateur, film). The Revenant (2015) lui vaut de nouveau un Oscar du meilleur réalisateur. Et son court-métrage en réalité virtuelle, également présenté à Cannes en 2017, Carne y Arena a été consacré par un Oscar spécial. On peut ajouter à son palmarès deux nominations aux Oscars (film, réalisateur) pour Babel, deux Golden Globes du meilleur réalisateur, trois prix Bafta et un César (et quatre nominations au total). A cette filmographie flamboyante, il faut ajouter 21 grammes (2003), qui avait été présenté à Venise.

"Dès le début de ma carrière, le Festival de Cannes a été important pour moi. Je suis honoré d’y revenir cette année et immensément fier de présider le jury", a expliqué le cinéaste mexicain dans le communiqué, ajoutant: "Je suis honoré et ravi de revenir cette année avec l'immense honneur de présider le jury." Il ajoute également : "Le cinéma coule dans les veines de la planète et ce festival en est le cœur. Avec le jury, nous aurons le privilège d’être les premiers spectateurs des nouveaux films de nos collègues cinéastes venus du monde entier. C’est un véritable plaisir et une grande responsabilité, que nous assumerons avec passion et dévouement."

Premier cinéaste latino-américain président du jury

Pour Pierre Lescure, président du Festival, et Thierry Frémaux, directeur artistique, le cinéaste n'est pas seulement audacieux et surprenant, mais aussi un "homme de conviction, un artiste de son temps." "Il est très rare qu’Alejandro G. Iñárritu accepte de participer à un jury et c’est la première fois que le Jury du Festival de Cannes sera présidé par un artiste mexicain. Cannes est le lieu de tous les cinémas, et à travers la présence de l’auteur de Babel, c’est tout le cinéma mexicain que le Festival célébrera."

Car c'est aussi un cinéaste engagé. D'une part, il a toujours mis l'humain, souvent confronté à l'hostilité du monde ou de son monde, au centre de ses récits. D'autre part, à travers son formalisme, il a également poussé le cinéma dans ses retranchements, notamment en manipulant la narration et le découpage de ses récits ou en offrant un faux plan séquence unique pour Birdman.

Cannes s'ouvre ainsi au cinéma du "Sud", tout en s'offrant un cinéaste indépendant qui est intégré à la planète Hollywood (Birdman et The Revenant ont été soutenus par les studios. S'il n'a plus tourné au Mexique depuis Babel, il s'est intéressé aux drames de la planète à l'instar des tensions migratoires dans Carne y Arena. Mais surtout, Inarritu, pour l'instant, ne s'est jamais compromis avec Netflix.

Avec Alfonso Cuaron et Guillermo del Toro, ses amis, associés et compatriotes, désormais tous bardés d'Oscars et de prix dans les plus grands festivals, Inarritu symbolise un cinéma mexicain ouvert sur le monde, aventureux dans les genres et curieux des évolutions techniques du cinéma.

Si c'est la première fois qu'un artiste mexicain préside le jury cannois, c'est aussi, et seulement, la deuxième fois qu'un latino-américain accède à ce "poste" éphémère prestigieux, 49 ans après l'écrivain guatémaltèque Miguel Angel Asturias.

Trois films et deux projets pour Ben Affleck

Posté par vincy, le 26 février 2019

Ben Affleck abandonne le costume de Batman mais enchaîne les projets. L'acteur, absent des écrans depuis Justice League fin 2017, est attendu dans 3 films et vient de confirmer un quatrième.

Universal Pictures a acquis les droits de distribution de I Am Still Alive, adaptation du roman éponyme de Kate Alice Marshall, qui, selon l'éditeur américain est un mix entre Into the Wild et The Revenant, avec une dose de girl power.

Lori Evans Taylor écrira le scénario: l'histoire d'une adolescente gravement blessée après un accident de voiture, qui a tué sa mère. Elle est obligée de migrer chez son père, qui vit reclus dans le Canada sauvage, et va devoir trouver des ressources en elle pour s'adapter à cet environnement isolé et hostile. Affleck incarnerait le père.

L'acteur va être en vedette d'une prochaine sortie attendue sur Netflix le 13 mars, Triple frontière, réalisé par J.C. Chandor, avec Charlie Hunnam, Adria Arjona, Oscar Isaac, Garrett Hedlund et Pedro Pascal.

Toujours sur Netflix, il sera ensuite aux côtés d'Anne Hathaway et Willem Dafoe dans The Last Thing He wanted de Dee Rees. Enfin, cette fois-ci en salles, il sera une ancienne star de basket et veuf dans le drame Torrance de Gavin O'Connor.

Côté réalisation, après l'immense flop de Live at night, le réalisateur d'Argo, a en projet l'adaptation d'un Agatha Crhistie, Witness for the Prosecution (Témoin à charge), déjà transposé au cinéma en 1957 par Billy Wilder avec Marlène Dietrich et Charles Laughton. Le scénario a été confié à Christopher Keyser.

Couac aux César: Hirokazu Kore-eda « triste et contrarié » que son message n’ait pas été lu

Posté par vincy, le 25 février 2019

C'était l'un des moments embarrassants des César vendredi soir. La cérémonie, qui a attiré à peine1,6 million de téléspectateurs, a connu beaucoup de flottements, mais lors de la remise du césar du meilleur film étranger, le summum a été atteint. Et pour cause, après le dévoilement du lauréat - Une affaire de famille - personne n'est venu chercher la récompense et remercier les votants. Le JDD a révélé que le réalisateur Hirokazu Kore-eda était "très triste et contrarié". On le comprend. retenu à Los Angeles pour les Oscars, d'où il est reparti bredouille cette nuit, il avait transmis une lettre "au cas où".

Or personne n'a pris le temps de lire son message. "J'avais rédigé et confié un message à mon équipe française au cas où le film serait primé. Mais il semblerait qu'un petit couac ait empêché le message de vous parvenir et que personne n'ait été présent dans la salle pour recevoir le prix à ma place. Au nom de toute l'équipe du film, je présente mes plus sincères excuses à l'Académie des César pour cette impolitesse" explique-t-il au journal.

Le JDD s'est donc procuré le courrier du réalisateur, qui, malicieusement, espère être présent l'année prochaine avec son premier film français.

"Chers amis français, bonjour.

Si ce message vous parvient, c'est que mon film Une affaire de famille a reçu le César du meilleur film ­étranger. Merci infiniment.

Il se trouve que je vous écris ce message avant même de connaître les résultats car, à mon grand regret, je ne pourrai pas être présent parmi vous lors de la cérémonie du palmarès. Une affaire de famille a reçu un excellent accueil en France et je remercie les spectateurs français d'être allés si nombreux en salle pour le découvrir. Le parcours du film a brillamment démarré par une Palme d'or et je suis heureux de voir qu'il se conclut également de la plus heureuse des manières grâce à ce César. Je voudrais exprimer toute ma gratitude aux organisateurs du Festival de Cannes ainsi qu'au distributeur français du film, Le Pacte, et au vendeur international, Wild Bunch, qui ont accompagné la sortie française du film avec succès.

Je suis actuellement en train de finaliser le montage du dernier film que j'ai tourné entre octobre et décembre dernier. Le film mettra en scène Catherine Deneuve et Juliette Binoche dans une histoire de famille [La vérité, ndlr].

J'espère sincèrement que l'an prochain, je serai à nouveau nommé aux César avec ce film et que cette fois je pourrai être avec vous pour la cérémonie de remise des prix. Merci beaucoup."

Les funérailles des roses, un inédit intrigant, queer, drôle et cruel

Posté par vincy, le 25 février 2019

Carlotta a sorti cette semaine dans quelques salles françaises un film japonais du regretté Toshio Matsumoto (vidéaste, théoricien, artiste et réalisateur), Les funérailles des roses (en japonais Bara no soretsu). Le film a 40 ans et il est inédit. Ce premier long métrage, récit d'un Oedipe gay tragique dans Tokyo, explore le monde souterrain des travestis japonais, officiant dans des bars chics et bien tenus, et notamment le si bien nommé Genet (en hommage à l'écrivain français). Mais Toshio Matsumoto, avec un cinéma héritier de Bunuel, Godard et Marker, va beaucoup plus loin sur la forme comme sur le fond. Si le fil conducteur suit Peter, jeune garçon qui fuit le domicile matriarcal pour s'émanciper en fille, amoureuse de son employeur, le film est une succession d'audaces narratives, profitant sans aucune limite de sa non-linéarité. Les funérailles des roses mélange ainsi allègrement la chronologie des événements, avec certains enchaînements proches du surréalisme, et s'amuse de manière très libre à flirter avec le documentaire (des portraits sous forme de micro-trottoir face caméra de jeunes tokyoïtes gays) et le cinéma expérimental.

Hybride jusqu'au bout, le film se travestit comme ses personnages. Il est à la fois une étude anthropologique de la culture queer et underground du Japon des années 1960, pas très loin du swinging London côté mode, et fortement influencé par la Nouvelle vague, le situationnisme et l'existentialisme français. Tout en respectant les contraintes de la censure, il y a un côté punk, c'est à dire un aspect de contre-culture dans le film, qui passe aussi bien par la distanciation (on nous montre parfois le tournage même de la scène que nous venons de voir), la dérision (des gags comme du pastiche), l'angoisse psychologique (tous ont peur d'être abandonnés et sont en quête d'affection), le sous-entendu (sexuel), l'horreur (finale, tragique) et surtout, la surprise.

Car le cinéaste ne ménage pas le spectateur en s'offrant des virages inattendus, passant d'un genre à l'autre, de scènes parodiques et rythmées (les rivalités façon western ou kung-fu sont hilarantes) à des séquences plus oniriques où le temps se distord (sous l'effet d'un joint ou de la peur). On est alors fasciné par ce délire maîtrisé, où se croisent bulles de bande dessinée et art contemporain, plans surexposés ou références détournées, qui brouille les codes du cinéma, pour accentuer la folie du personnage principal, et ce réalisme passionnant d'une communauté loin des stéréotypes filmés par le cinéma japonais parvenu jusqu'à nous à cette époque.

Il y a ainsi le film dans le film (y compris l'insertion de courts métrages du cinéastes), le film d'un Tokyo gay, le film d'un duel entre deux concubines, le film d'un jeune gay paumé, le film d'une jeunesse alternative, le film politique, le film comique, le film romantique, le film dramatique et le film psychologique. Les témoignages sont aussi intéressants que cette histoire est intrigante.

Ces funérailles sont parfois bricolées, mais elles gagnent leur dignité: l'œuvre est assurément majeure dans le cinéma LGBT, le cinéma japonais et le cinéma des années 1960. C'est un film engagé, et même activiste, où se mêlent les avant-gardes de l'époque, entre sentiment de révolte et aspiration au changement. Qu'il soit flamboyant, moqueur, érotique, théâtral ou bordélique, le film est transgressif cinématographiquement (il y a longtemps que le queer ne l'est plus tant que ça dans la société). Toshio Matsumoto a finalement réalisé un film dont les héros revendiquent leur place dans la société comme Les funérailles des roses réclament sa place singulière dans le septième art.

Oscars 2019: Green Book, Oscar du meilleur film!

Posté par wyzman, le 24 février 2019

La 91e cérémonie des Oscars ont soufflé un vent de fraîcheur avec plusieurs adaptations de comics récompensés. La diversité, qu'elle soit LGBT (les deux Oscars d'interprétation masculine pour deux personnages gays, l'Oscar de la meilleure actrice pour une reine lesbienne), afro-américaine ou latino-américaine, a été le mot d'ordre avec Bohemian Rhapsody et Rami Malek, Alfonso Cuaron (deux Oscars ce soir et quatre au total), Regina King, Mahershala Ali et Green Book, Black Panther, Blackkklansman.

Les histoires vraies (Green Book, La favorite, Roma, Bohemian Rhapsody...) ont quasiment tout raflé. Green Book - 3 Oscars - a été le choix consensuel de la soirée mais Bohemian Rhapsody repart vainqueur avec 4 statuettes. Le palmarès a été très éclaté entre plusieurs films, récompensant ainsi un peu tout le monde, sans offrir le sacre à Netflix pour Roma (qui repart quand même avec l'Oscar film en langue étrangère et l'Oscar du meilleur réalisateur).

MEILLEUR FILM: Green Book
Meilleur réalisateur: Alfonso Cuaron, Roma
Meilleure actrice: Olivia Colman, La favorite
Meilleur acteur: Rami Malek, Bohemian Rhapsody
Meilleur second-rôle féminin: Regina King, Si Beale Street pouvait parler
Meilleur second-rôle masculin:Mahershala Ali, Green Book
Meilleur scénario: Green Book
Meilleur scénario (adaptation): Blackkklansman
Meilleur film en langue étrangère: Roma
Meilleur court métrage: Skin
Meilleur documentaire: Free Solo
Meilleur court métrage documentaire: Period. End of Sentence
Meilleur film d'animation: Spider-Man: New Generation
Meilleur court métrage d'animation: Bao
Meilleure musique: Black Panther
Meilleure chanson originale: "Shallow" (A Star is born)
Meilleure photo: Roma
Meilleur montage: Bohemian Rhapsody
Meilleurs décors: Black Panther
Meilleurs costumes: Black Panther
Meilleurs maquillages & coiffures: Vice
Meilleurs effets visuels: First Man
Meilleur montage son: Bohemian Rhapsody
Meilleur mixage son: Bohemian Rhapsody

« Si Beale Street pouvait parler » et Barry Jenkins couronnés aux Indie Spirit Awards

Posté par vincy, le 24 février 2019

Relativement snobé par les Oscars, Barry Jenkins, sacré par les Oscars justement il y a deux ans avec Moonlight, a triomphé aux Independent Spirit Awards hier soir avec Si Beale Street pouvait parler, meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur second-rôle féminin. Ce n'est que justice pour l'un des plus beaux films, formellement, du cinéma américain cette année. Et cela confirme tout le talent du cinéaste. D'autant que les Spirit n'ont pas été avare avec le cinéma afro-américain puisque l'excellent Sorry to Bother You a remporté le prix du meilleur premier film.

D'autres œuvres ont remporté plusieurs récompenses, comme Suspiria et Can You Ever Forgive Me?. Roma a une fois de plus raflé le prix du meilleur film étranger.

Film: If Beale Street Could Talk
Réalisateur: Barry Jenkins, If Beale Street Could Talk
Prix Robert Altman: Suspiria
Premier film: Sorry to Bother You
Film internationalRoma (Mexique)
PhotographieSayombhu Mukdeeprom, Suspiria
Montage: Joe Bini, You Were Never Really Here
Scénario: Nicole Holofcener & Jeff Whitty, Can You Ever Forgive Me?
Meilleur premier scénario: Bo Burnham, Eighth Grade
Actrice: Glenn Close, The Wife
Acteur: Ethan Hawke, First Reformed
Second-rôle féminin: Regina King, If Beale Street Could Talk
Second-rôle masculinRichard E. Grant, Can You Ever Forgive Me?
Producteur: Shrihari Sathe
Documentaire: Won’t You Be My Neighbor?
Prix "Plus vrai que la fiction: Bing Liu, réalisateur de Minding the Gap
Prix Bonnie: Debra Granik
Prix John Cassavetes: En El Septimo Dia
Prix espoir (Someone to Watch): Alex Moratto, réalisateur de Sócrates