Peter Jackson défie le 24 images par seconde

Posté par vincy, le 13 avril 2011

James Cameron et Wim Wenders ont avoué avoir été frustrés de ne pas pouvoir tourner leurs films en 3D, respectivement Avatar et Pina, en 72 images par seconde. La technologie les contraignait au classiques 24 images par seconde, ce qui freinait la fluidité des mouvements, pour leur plus grand désespoir artistique.

Peter Jackson, qui a enfin commencé le tournage de Bilbo le Hobbit, après des mois de retards (financement du film périlleux, séisme en Nouvelle-Zélande, hospitalisation du cinéaste) a décidé de filmer en 48 images par seconde. "C'est ce qui ressemble le plus au réel et est le plus facile à regarder, spécifiquement en 3D". C'est une révolution aussi majeure que l'arrivée du son, de la couleur et de l'image en relief.

Cela posera quelques problèmes techniques : comment adapter cette vitesse à des projecteurs non numériques, qui équipent encore une grande partie des salles mondiales. Une simple conversion rendrait l'image plutôt bizarre sur des projecteurs normaux. Il faudra donc fusionner deux images en une en post-production.

Warner Bros peut aussi décider de ne miser que sur les cinéma numériques, de plus en plus nombreux, et couvrant l'ensemble des territoires occidentaux.

Après Bilbo le Hobbit, Jackson tournera la suite de Tintin, Le secret de la Licorne, de Steven Spielberg : Tintin, Le temple du soleil, à condition que le film de Spielberg cartonne. A l'origine , il s'agissait d'une trilogie. Mais jamais la réalisation du deuxième film n'avait été explicitement conditionnée au succès du premier. La crise économique incite les studios à la prudence.

Road to nowhere : le retour de Monte Hellman

Posté par MpM, le 13 avril 2011

Vingt ans que Monte Hellman n’avait plus réalisé de long métrage. Vingt longues années à essayer de monter des projets et à se consacrer à des courts métrages et à quelques apparitions dans les films des autres (I Love L.A. de  Mika Kaurismäki, There is no Direction de Sarah Bertrand…)  « J’ai travaillé pendant ces 20 ans même si rien n’a abouti », assure-t-il. On le croit, et on pense à Buffalo'66 qu’il aurait pu réaliser si les producteurs n’avaient pas été effrayés par sa réputation…

Car Monte Hellman n’a pas usurpé sa légende de « poète maudit » du cinéma. Depuis ses débuts en 1959 (Beast From Haunted Cave), le succès a rarement été au rendez-vous. Même ses œuvres les plus cultes (Macadam à deux voies, Cockfighter…) ne trouvèrent pas vraiment leur public. La critique, elle, fut souvent enthousiaste, saluant l’épure ou l’onirisme de ses longs métrages les plus emblématiques.

Son nouveau film, Road to nowhere, en salles à partir d’aujourd’hui, était donc forcément attendu au tournant. Un film noir et énigmatique se situant sur le tournage d’un cinéaste qui a failli s’appeler… Monte Hellman. De quoi ravir les fans, dont Quentin Tarantino, président de la Mostra de Venise où le film a été présenté, et qui lui décerna un Lion d’or spécial pour l’ensemble de son œuvre.

Le spectateur, lui, risque d’être une nouvelle fois déconcerté par ce puzzle existentiel où les pièces s’emboîtent sans forcément former de motif, et où tout reste toujours dans le non-dit. A chacun de décoder les symboles, de relever les coïncidences, de se laisser envoûter (ou non) par cette mise en abyme vertigineuse, dépassant largement le cadre du film dans le film.

Quoi qu’il en soit, quand un cinéaste se fait aussi rare que Monte Hellman, la moindre occasion de faire un petit bout de chemin avec lui est bonne à prendre, même si cela ne mène nulle part.

Black Death en DVD : rencontre avec le réalisateur Christopher Smith

Posté par kristofy, le 12 avril 2011

Le film Black Death resté inédit au cinéma est maintenant disponible en dvd et en blu-ray depuis début avril. Cette sortie est accompagnée d’un visuel publicitaire sur lequel figure une critique (venant du magazine Mad Movies) qui en fait l’éloge suivante : "une épopée barbare, une symphonie sombre et cruelle, un chef d’oeuvre".

Black Death : Angleterre, 1348. Alors qu’une épidémie de peste bubonique ravage le pays, Osmund, un jeune moine, reçoit la mission d’accompagner un groupe de chevaliers mené par le redoutable Ulric pour enquêter sur d’étranges phénomènes se produisant dans un petit village reculé. Il semblerait en effet qu’en ce lieu les morts reviennent à la vie…

Il s’agit en fait du quatrième film de Christopher Smith, le réalisateur le plus passionnant issu de la vague ‘horror made in UK’ (Creep, The Descent, Wilderness, Isolation…). Il était venu présenter en avant-première Black Death lors du festival britannique de Dinard (en octobre 2010), l’occasion de le revoir et de l’interviewer.

EcranNoir.fr : Avant de parler de Black Death revenons un instant sur votre film précédent qu’on avait déjà découvert à Dinard en 2009 : comment se fait-il que Triangle ne soit pas encore sorti en France ?

Christopher Smith : Je ne sais vraiment pas pourquoi Triangle n’est pas sorti en France, je crois qu’il va arriver début 2011. De tout les pays du monde, je pensais que la France serait le premier pays à vouloir l’acheter pour le distribuer ! Je pense que c’est une question économique, Triangle était un film plus cher à  acheter que mes films d’avant (Creep, Severance), je pense que les distributeurs voulaient payer l’ancien tarif et pas celui proposé, c’est juste une histoire d’argent. C’est la récession je suppose, maintenant il y a un distributeur (NDA : en fait sortie directe en dvd été 2011). Je pense que Triangle est un film très  intéressant, pas un film étrange.

EN : Black Death est une nouvelle étape dans votre carrière : alors que c’est vous-même qui aviez écrit vos autres films, là pour la première fois vous n’êtes pas à l’origine du script. Pourquoi vous être impliqué dans ce projet ?

CS : Je n’ai pas écris le script, on me l’a proposé, mais j’avais la main sur absolument tous les aspects créatifs qui donnent la forme du film. La première version du scénario que j’ai lue était en fait assez similaire pour la première moitié du film tel que vous le voyez. J’ai travaillé avec le scénariste pour réécrire toute la deuxième moitié de l’histoire en fait. Le film traite beaucoup de fondamentalisme, de religion, et de la façon dont on se sert de la religion. Bien que je n’ai pas écrit ce script, je me le suis approprié pour en faire ce que je voulais comme si j’étais le scénariste.

EN : Est-ce que certains films comme Le nom de la rose de Jean-Jacques Annaud ou Aguirre la colère de Dieu de Werner Herzog vous ont influencé ?

CS : J’avais quelques références en tête, c’est bien vu pour Aguirre la colère de Dieu qui était une référence majeure effectivement. Il y avait Le nom de la rose et quelques autres films comme par exemple Le septième sceau et La source de Ingmar Bergman. A un moment dans le film, quand Sean Bean tue la femme accusée de sorcellerie, c’est cruel, la scène d’après il explique pourquoi et on comprend que c’est juste. C’est un exemple de comment cette époque était trouble, comme la notion du bien et du mal selon les points de vue. Je voulais une expédition avec comme un sentiment à la Apocalypse now, c’est en quelque sorte un voyage vers l’enfer aux frontières de la raison.

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Cannes 2011 : une Palme d’or d’honneur pour Bernardo Bertolucci

Posté par vincy, le 11 avril 2011

A partir de cette année, le Festival de Cannes a décidé de remettre une Palme d'or d'honneur lors de la Cérémonie d'ouverture, qui aura lieu le 11 mai. Cette Palme sera décernée à un réalisateur majeur qui n'a jamais obtenu la Palme à l'instar de Woody Allen (2002) et Clint Eastwood (2009). On pourrait rajouter la Palme des Palmes de 1997 à Ingmar Bergman. Jusque là, la Palme d'or était aussi attribuée à des personnalités du 7e art ayant marqué l'histoire du Festival comme Jeanne Moreau (2003) et Catherine Deneuve (2005).

Pour cette première Palme d'or d'honneur rituelle, Cannes a choisi le cinéaste italien Bernardo Bertolucci, 71 ans. Bertolucci (Le dernier Empereur, archi Oscarisé, Le dernier tango à Paris, qui vient de perdre son actrice principale, Le conformiste), déjà auréolé d'un Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière, en 2007, a été révélé à Cannes en 1964 avec Prima della Rivoluzione. Il revient sur la Croisette en 1969 pour Partner, puis monte les marches, hors-compétition, pour 1900 en 1976. Avec un certain Robert De Niro à l'affiche. En 1981, il est en compétition avec La tragédie d'un homme ridicule, tout comme en 1996 avec Beauté volée. Il fut aussi Président du jury en 1990.

Innocents (The Dreamers), son dernier film date de 2003. Il devrait revenir sur les écrans en 2012 avec Io e Te (Toi et moi), adaptation d'un roman de Niccolo Ammaniti. Le film est encore une histoire d'adolescents, à Rome. Un jeune homme introverti fait la connaissance d'une demi soeur qui ne sait pas comment se sortir de sa dépendance à l'héroïne.

Le Festival justifie dans son communiqué que le réalisateur "a marqué le cinéma italien de
chefs-d’œuvre intimistes comme de fresques monumentales
". "Son implication politique et sociale, portée par un profond lyrisme et une mise en scène précise autant qu’élégante, donne à ses films une place singulière dans l’histoire du cinéma mondial."  Le Président Gilles Jacob et le Délégué général Thierry Frémaux précisent que "la qualité de son œuvre, qui se révèle aujourd’hui dans toute sa singularité et dont l’ampleur nous parvient chaque jour plus intacte, la force de son engagement en faveur du cinéma et des liens qui l’unissent à Cannes font de lui un premier récipiendaire légitime."

Tout cela conforte la tendance de l'année : un cinéma italien très présent (Moretti et Sorrentino devraient être dans la compétition, l'italo-américain De Niro en président du jury) et une thématiques très années 70 (que l'affiche confirme).

Cannes 2011 : Almodovar revient dans la course

Posté par vincy, le 11 avril 2011

Dans trois jours, nous saurons (presque) tout du prochain Festival de Cannes (11-22 mai). 64e édition qui promet quelques rebondissements et qui suscitent de nombreuses rumeurs.

Première d'entre elle, qui nous ravira : le nouveau film de Pedro Almodovar, qui sort exceptionnellement en septembre en Espagne (et en novembre en France) serait finalement dans la compétition. Le réalisateur espagnol se serait laissé convaincre, selon le magazine professionnel Variety, par Thierry Frémeaux, en charge de la sélection officielle du Festival. Venise n'aurait donc pas le droit aux honneurs de l'autre Roi d'Espagne. Almodovar rejoindrait ainsi les habitués - et souvent primés - déjà confirmés (non officiellement) : les frères Dardenne, Lars Von Trier, Nuri Bilge Ceylan, Aki Kaurismäki, Lou Ye, Nanni Moretti et Paolo Sorrentino (voir actualité du 25 mars dernier).

Terrence Malick, sans doute à cause de sa sortie avancée en Grande Bretagne (voir actualité du 31 mars dernier), devrait être hors compétition.

Autres cinéastes fortement pressentis : la japonaise Naomi Kawase, Grand prix du jury en 2007 avec La forêt de Mogari, le grec Yorgos Lanthimos (Canine avait fait sensation à Un certain regard) avec Alpes, et le russe Andrei Zvyagintsev qui avait séduit avec Le retour et Le bannissement et qui revient avec Elena. Pour ce dernier film, convoité aussi par Venise, il faudra cependant attendre que les sélectionneurs puissent le voir... On évoque de plus en plus la réalisatrice écossaise de Lynne Ramsay, avec We need to Talk about Kevin, qui retrace l'histoire d'un massacre dans un école.

Cela rappellera Elephant, Palme d'or de Gus Van Sant. Etrangement, toujours selon Variety, le nouveau film du réalisateur de Portland, Restless, irait à Un certain regard. C'est d'autant plus étonnant qu'il n'y a, pour le moment, aucun grand nom américain en compétition.

Parmi les autres candidats à la sélection officielle, les noms de Nikolai Khomeriki, Victor Ginzburg, Brillante Mendoza, Pen-ek Ratanaruang, Na Hong-jin, Antonio Vampos, Ruben Ostlund reviennent rituellement.

Côté français, Christophe Honoré (voir actualité du 28 juillet 2010), Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, Maïwenn Le Besco, Xavier Durringer, Roschdy Zem et Mathieu Kassovitz (voir nos articles sur L'ordre et la morale) semblent bien partis pour aller grimper les marches, les rouges comme les bleues.

Bonitzer cherche Hortense avec Bacri, Carré et Scott-Thomas

Posté par vincy, le 11 avril 2011

Cherchez Hortense sera le cinquième long métrage de Pascal Bonitzer, trois ans après Le grand alibi, quinze ans après Encore, son premier long métrage.  Le scénariste attitré de Jacques Rivette a choisi Jean-Pierre Bacri, Isabelle Carré et Kristin Scott-Thomas (qui a déjà tourné avec lui dans Petites coupures) pour les trois rôles principaux de cette comédie écrite avec Agnès de Sacy (partenaire d'écriture de Zabou Breitman et de Valéria Bruni-Tedeschi).

Selon les informations du Film Français, Jean-Pierre Bacri sera un professeur de civilisation chinoise qui est  mis sous pression par sa femme Iva, une metteur en scène de théâtre, de demander un service à son père, avec qui il a des rapports difficiles. Bonitzer évoquera comme toujours les mensonges et l'adultère, la tentation et l'incommunicabilité, pour parler d'un sujet plus grave, les sans-papiers et leur légalisation..

Le Saint-Germain-des-Prés fait peau neuve et s’associe à BHL

Posté par vincy, le 11 avril 2011

Le cinéma Saint-Germain-des-Prés (alias Le Saint-Germain) achève ses derniers travaux, après deux mois de chantier (voir aussi actualité du 28 novembre 2009). La soirée inaugurale aura lieu le 5 mai. Située à deux pas des cafés des Deux magots et du Flore, la salle s'offre aussi une nouvelle orientation culturelle.

La famille Henoschberg, qui exploite le cinéma depuis 1987 sous le label Etoile Cinémas (La Pagode, le Balzac et bientôt le multiplexe Porte des Lilas), "s'est associée avec un nouveau partenaire: l'écrivain et philosophe Bernard-Henri Lévy (via la société éditrice de La Règle du Jeu, la revue qu'il dirige depuis 20 ans)" annonce le communiqué reçu aujourd'hui.

BHL est aussi le réalisateur de films désastreux et détenteur d'une grosse fortune grâce à la vente de La Becob, société importatrice de bois africain fondée par son père. Figure médiatique omniprésente, il s'est récemment investit, avec passion, sur le dossier de la révolution libyenne, l'emprisonnement du cinéaste Jafar Panahi et sur l'affaire Roman Polanski.

Le cinéma Saint-Germain-des-Prés va devenir un lieu de programmations décalées, d'échanges et de dialogues, d'événements culturels. Un nouveau prix de cinéma va être créer, le prix Saint-Germain-des-Prés, décerné chaque année le deuxième lundi de janvier, par un jury exclusivement composé d'écrivains. Des rendez-vous comme les Rencontres entre cinéma et littérature, des cartes blanches offertes à des personnalités du cinéma ou du livre émailleront le calendrier.

"Côté jeune public, le club cinéma pour les enfants “la lanterne magique” débutera à la rentrée 2011-2012" précise le communiqué.

La salle se dote d'un miroir et d'un lustre à l'accueil, les murs noirs deviennent bleu nuits, l'espace de réception sera caché derrière l'écran : "le film à peine terminé, l’écran remonte et
dévoile un espace chaleureux pouvant accueillir une centaine de personnes
." Magique ...

Verdict final pour Sidney Lumet (1924-2011)

Posté par vincy, le 10 avril 2011

Un grand cinéaste ce Sidney Lumet. Il avait un savoir-faire qui restait toujours au service de ses scénarios et de ses comédiens. Il refusait l'approche esthétique pour privilégier l'aspect naturel et réaliste. Peu d'esbrouffe, et pourtant... ses meilleurs films dégageaient une tension qui mettaient nos nerfs à rude épreuve et défiaient les aspects les plus noirs de ses personnages tourmentés.

Il a frappé fort dès son premier film. 12 hommes en colère, en 1957. Tous les éléments sont là : un jeu d'acteur précis, un montage qui soutient une narration a priori simple et pourtant complexe, des enjeux sociaux et humains. L'artisan fait d'un huis-clos juridique un véritable suspens où la morale humaniste l'emporte sur la démagogie. Il vient du théâtre et de la télévision, maîtrisant le rythme, le cadre, tournant vite sans abuser des prises de vue, imposant des répétitions à ses comédiens. 12 hommes en colère marque évidemment par ce retournement de situation où un condamné va être innocenté grâce à la notion de doute. Mais ce serait oublié le visage d'Henry Fonda, entre conviction et affliction, face à ses collègues jurés qui jugent sur des préjugés. Ours d'or à Berlin.

Sidney Lumet apparaîtra ainsi comme un cinéaste de gauche. Nombreux sont ses films où la victime, la minorité, l'Amérique du bas est montrée sous un autre angle. Idéaliste, il glisse derrière un apparent classicisme des notions plus subversives. En 1959, il réunit Marlon Brando et Joanne Woodward dans L'homme à la peau de serpent, film noir sublime où un musicien croise la route d'une nympho alcoolique. En 1962, il réalise Long voyage vers la nuit, avec Katharine Hepburn. Oeuvre sur le déclin et les dépendances (alcool, drogue, gloire...) pour laquelle les quatre acteurs principaux remportent le prix d'interprétation à Cannes.

Ce passionné, suractif sur les plateaux de tournages, émotif avec ses acteurs, livre un film par an, au minimum, jusqu'en 1993. Du moins bon comme du très grand. Il se frotte à la guerre froide (Point limite) et à l'holocauste (Le prêteur sur gages). En 1965, il réalise La colline des hommes perdus, l'un des meilleurs films de guerre, avec Sean Connery. Il observe l'évolution du comportement de militaires anglais emprisonnés en Libye, confrontés à des exercices vains et rituels. Kubrickien et prix du meilleur scénario à Cannes.

La seconde guerre mondiale, ses causes et ses conséquences, est son principal décor durant plusieurs films. Mais rapidement, il va donner une autre couleur à sa filmographie. Son judaïsme va s'inviter dans ses thématiques. New York va devenir son cadre naturel. Il est précurseur des oeuvres de Scorsese et la face dramatique d'un Woody Allen. Cet amoureux des classiques du théâtre (outre les pièces de Tennessee Williams, il adapte aussi La mouette de Tchekhov) aime les histoires d'espionnage, de mafia et les polars. Des films qui rencontrent leur public et possèdent toujours le charme nécessaire pour séduire à travers le temps. Il faudra d'ailleurs attendre 35 ans pour que le public français découvre The Offence, avec Sean Connery. Le studio Universal détestait le film et n'a pas assumé sa distribution. Pourtant, sans être un grand film, The Offence aborde des sujets comme la pédophilie et ose une obscurité quasi totale de certaines scènes : l'audace n'est pas forcément récompensée à sa juste valeur.

C'est en 1973 que Sidney Lumet entre dans l'histoire du cinéma. Il va enchaîner des grands films. Serpico pour commencer. Al Pacino y joue un flic idéaliste qui veut dénoncer la corruption qui gangrène la police de New York. A partir d'un essai authentique, Lumet livre une réalité brutale mais aussi fantaisiste. Il s'agit sans doute d'un des meilleurs portraits de l'Amérique des années 70.

L'année suivante, il filme le roman culte d'Agatha Christie, Le Crime de l'Orient Express. Casting chic (Finney, Bacall, Bergman, Bisset, Connery, Redgrave, Widmark...), intrigue géniale. Même l'écrivaine qui détestait les adaptations de ses livres reconnaissait que Lumet avait réussi son coup.

En 1975, il filme Un après-midi de chien. Une histoire vraie autour d'un cambriolage qui foire. Il retrouve Al Pacino (incroyable performance), à la fois suspens et film engagé, Lumet affirme à travers le final que la répression ne peut pas être la seule réponse à un délit. Il se moque aussi des moyens démesurés de la police américaine face à une bande de voyous amateurs. Terrible prémonition...

Lumet aime ces films crus, sans artifices. Il fera de même avec Network, en 1976. Malgré son aspect satirique, ce film emblématique sur la télévision, avec une superbe Faye Dunaway et un magnifique William Holden. Lumet en profite pour dire le fond de sa pensée sur la société américaine, avec un certain cynisme. Là encore, il a du flair et donne les clés de ce que deviendra le monde occidental dominé par la puissance cathodique. Le film obtiendra 4 Oscars, sur dix nominations

Lumet aura moins de chance par la suite. Il ose quand même adapté la pièce "gonflée" Equus, avec Richard Burton, mélange de beauté, de sauvagerie et de nudité sous un vernis psychanalytique. Même pour ses films mineurs, il parvient à attirer les plus grands acteurs : James Mason, Simone Signoret, Sophia Loren, James Coburn, Vanessa Redgrave, Anouk Aimée, Omar Sharif, Michael Caine, Richard Gere, Gene Jackman, Andy Garcia, Anthony Perkins, ... Beaucoup ont reçu des prix, des nominations grâce à lui. Les films de Lumet totalisent 46 nominations aux Oscars toutes catégories confondues.

A partir des années 80, Lumet a moins la main. On lui doit l'affreux The Wiz avec Micheal Jackson et Diana Ross. Mais il y a quelques pépite. Le verdict, avec Paul Newman et Charlotte Rampling, oeuvre crépusculaire où un avocat banni va tenter d'en sortir par la rédemption... Dans Garbo Talks, il offre l'un des derniers beaux rôles à Anne Bancroft. Presque sentimental, ce film, qui dénote dans la longue série de films policiers du réalisateur, montre à quel point le cinéma peut bouleverser une vie. Ce testament ne signera pas sa fin de carrière, heureusement.

A bout de course (avec River Phoenix), Family Business (avec Connery, Matthew Broderick, Dustin Hoffman) sauvent les séries B qu'il se contente de faire, avec toujours de grandes stars. Leur tonalité, plus légère, leur lumière, en font des oeuvres plus plaisantes. On comprend qu'il ait voulu faire le remake de Gloria, avec Sharon Stone : New York, le crime, la responsabilité parentale... ça restera raté.

Pourtant Lumet finira en beauté. 7h58 ce samedi-là pourrait presque être le titre de sa dernière journée sur terre. Polar où le hasard et le déterminisme transforment les protagonistes, film noir et sang, sombre et moderne, classique et intelligent, il reste l'un des meilleurs films de genre de l'année 2007. En version originale, il s'intitulait Before the Devil knows you're Dead (Avant que le diable ne sache que tu es mort).

Aucun doute, le diable n'était pas en Sidney Lumet. Il croyait trop en l'homme et pardonnait tous ses travers.

Les studios d’Hollywood ne veulent pas de Zediva

Posté par vincy, le 10 avril 2011

Les studios Disney, Paramount, Warner Bros et la 20th Century Fox ont porté plainte contre Zediva, start-up proposant le visionnage de films en streaming sur internet, qu'ils accusent de ne pas payer les droits d'auteurs liés aux oeuvres diffusées.

L'association Motion Picture Association of America (MPAA) considère que la société enfreint la loi sur les droits d'auteurs sur les films en utilisant un faux modèle de location de DVD pour ce qui est en réalité un service de visionnage de films en streaming. Pourtant, selon les conditions générales de vente du site Zediva, l n'est pas possible de regarder le film sans connexion ou de le télécharger.

Cependant les studios expliquent que Zediva propose un service équivalent à celui de Netflix ou Amazon. La start-up réplique qu'elle est une entreprise de location de DVD à distance.  Les utilisateurs de Zediva paient (à partir d'1$99) pour louer des "DVD par internet" qu'ils peuvent regarder sur leurs ordinateurs personnels, un iPad ou un smartphone. La durée d'utilisation est de 14 jours! Les films peuvent être sous-titrés en espagnols et en français.

Lancée le 16 mars, cette offre semble cartonner. Mais la MPAA compte bien arrêter ce service, tout en réclamant  150 000 dollars par film diffusé.

Zediva se vante de proposer des films plusieurs semaines et même mois avant les plateformes de Netflix ou Redbox. Par ailleurs, Google a annoncé le lancement d'une chaîne VOD sur YouTube.

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site de Zediva

Very Bad Trip 2 : Liam Neeson coupé au montage, remplacé par Nick Cassavetes

Posté par vincy, le 9 avril 2011

Selon Variety, qui a balancé l'information dans la nuit de vendredi à samedi, la participation de Liam Neeson en tatoueur de Bangkok dans Very Bad Trip 2 n'est plus qu'un lointain souvenir. Le réalisateur Todd Phillips a confirmé au magazine professionnel américain qu'il avait coupé la scène au montage. "La scène n'était pas nécessaire dans la logique du scénario, n'apportant aucune information utile pour la scène qui suivait."  Rôle maudit? À l'origine, c'était Mel Gibson qui devait interpréter ce personnage ; mais, suite à ses démêlés judiciaires et médiatiques, le studio, Warner Bros, avait décidé de le remplacer à la dernière minute.

Cependant, étrangement, le réalisateur a décidé de retourner la séquence : ça confirme qu'il s'agissait avant tout d'un problème d'écriture... Hélas, Liam Neeson n'était pas disponible, occupé sur le plateau londonien de la suite du Choc des Titans, un autre film de la Warner Bros.

Par conséquent, Todd Phillips a choisi de remplacer Neeson par l'acteur et réalisateur Nick Cassavetes (en photo). Les prises de vue ont été filmées il y a trois semaines.

Le réalisateur l'affirme : ce sera cette séquence que nous verrons. Et tant pis pour celle de Liam Neeson...

Le film doit sortir le 25 mai en France, le 26 mai aux USA, et les avant-premières sont prévues juste avant le Festival de Cannes. Chaud timing...