BIFFF 2013 : rencontre avec Dario Argento

Posté par kristofy, le 15 avril 2013

Dario Argento, il maestro del Giallo, est déjà venu plusieurs fois au BIFFF et cette fois c’est pour son dernier film, Dracula 3D. Pour l’occasion, une masterclass était organisée. Racontant de nombreux souvenirs de ses tournages, le réalisateur s’est montré très bavard mais aussi drôle et chaleureux, partageant photos et autographes avec tout le monde…

Ses influences...

Dario Argento a un point commun avec les cinéastes de la Nouvelle Vague : c’est un critique de film qui est devenu scénariste (notamment pour le célèbre Il était une fois dans l’ouest de Sergio Leone), puis réalisateur et aussi producteur de ses films (une structure de production avec son frère Claudio et son père Salvatore Argento).

Il a étudié un peu en France, et à Paris il passait son temps à la Cinémathèque à regarder quantités de films. Le jeune Dario a commencé à écrire des critiques sur les films qu’il aimait, c’était des critiques partiales. Il a contribué à écrire pour une revue communiste qui préférait le cinéma politique plus que les cinéma français ou américain ou d’aventures : on lui disait que tel western qu’il admirait n’était pas dans la ligne du journal, même si le directeur de la revue l'aimait aussi.

Parmi les cinéastes qui ont pu à un moment forger son goût pour le cinéma, il cite Alfred Hitchcock, Ingmar Bergman, Fritz Lang, Luis Bunuel, Carl Theodor Dreyer, la Nouvelle Vague et surtout au moins un millier de films…

Ses premiers pas au cinéma...

Son premier film en tant que réalisateur, L’oiseau au plumage de cristal, était à l’origine un scénario que devait tourner un réalisateur anglais dont il n’appréciait pas le travail. Il choisi de faire le film lui-même. Il a trouvé facile sa première expérience de metteur en scène. Mais certains techniciens et acteurs (surtout un terrible avec lequel c’était une lutte continue) le considéraient comme un débutant alors qu'il savait depuis longtemps comment faire du cinéma.

Il se souvient : "Mario Brava avait déjà fait deux ou trois films de giallo, pas beaucoup, mais c’était très différent de moi, et lui n’aimait pas la musique dans les films. Depuis mon travail avec Sergio Leone, j’étais devenu ami avec le compositeur Ennio Morricone, mon père aussi était ami avec lui, moi j’étais jeune encore et plus tard il a fait des musiques pour mes films. Un jour j’étais allé chez lui avec les disques que j’aimais comme exemple d’accompagnement pour mon film, il m’a dit de les ranger et qu’il ne voulait pas les voir, il m’a dit qu'il composerait de la musique contemporaine originale et on a travaillé plusieurs fois ensemble par la suite".

La censure...

"La censure et moi c’est une longue histoire, depuis mon premier film même. Une fois devant un comité italien qui voulait faire trop de coupures dans mon film je me suis énervé, et ils ont appelé la police pour me faire sortir.

J’ai produit avec George A. Romero Zombie et en France la censure nous a d’abord empêché de sortir le film. Il nous ont dit non, 6 mois après on l’a représenté avec des coupes et non, encore des coupures et toujours interdiction, et encore.

Il a fallu attendre l’élection d’un nouveau gouvernement français plus libéral, on a alors représenté le film dans sa version originale sans coupures et cette fois la censure a autorisé le film, il est sorti sur les Champs-Elysées avec les sous-titres français, c’était magnifique de le voir là. Mes films ont été presque tous interdit en Israël mais je ne sais pas pourquoi, pareil en Scandinavie alors qu’ils produisaient de la pornographie sans limite, et plus tard tous mes films sont sortis en même temps.

En Angleterre sur une affiche de Ténèbres qui montre une femme avec la gorge tranchée qui saigne, ils ont mis à cet endroit une sorte de papillon pour cacher. Aujourd’hui, s'il y a de la censure, elle est surtout chez les producteurs."

Souvenirs...

Dracula 3DDario Argento aime raconter diverses anecdotes de ses souvenirs de tournage. Par exemple, sur le tournage de Dracula 3D, l’acteur Rutger Hauer qui avait une après-midi de libre s’est retrouvé complètement perdu au milieu d’une forêt sans savoir dire où il était et comment le retrouver…

Le réalisateur est en revanche un peu ému de parler de sa compagne Daria Nicolodi (collaboratrice, actrice et co-scénariste de plusieurs de ses films) et préfère évoquer plus longuement son travail avec sa fille Asia Argento qui fréquentait ses plateaux de tournage lors de vacances scolaires avant qu’elle ne devienne une de ses actrices et qu’elle réalise à son tour des films.

Il se montre également très intéressé par la technologie qu’il compare à de la poésie : qu’il s’agisse d’un vieux type de pellicule qui n’existe plus et dont il faut travailler la gélatine, des progrès dans les effets spéciaux, les trucages numériques, et la 3D, ce sont les moyens de créer les images de son imaginaire. Concernant son dernier film, la figure du vampire est évidemment attractive pour lui : un personnage qui est mort mais qui vit encore et qui se nourrit de sang… Toutefois, Dracula 3D n’a pas encore de date de sortie cinéma en France.

Le festival du cinéma brésilien de Paris fête son 15e anniversaire

Posté par MpM, le 15 avril 2013

festival bresilien de parisDéjà la quinzième bougie pour le festival de cinéma brésilien de Paris qui se tient au cinéma l'Arlequin (75016) du 16 au 23 avril.

Pour fêter ça, la désormais célèbre manifestation a concocté un programme riche en événements, rencontres et découvertes, à commencer par un hommage (en sa présence) au réalisateur Carlos Diegues, l'un des cofondateurs du cinema novo, le courant cinématographique brésilien né au milieu des années 50, mélangeant néo-réalisme italien et Nouvelle Vague française.

Le public pourra (re)découvrir dix de ses principaux films, comme Ganga Zumba (Cannes 1964), Tieta (représentant du Brésil aux Oscars en 1997) ou encore Le plus grand amour du monde (Golden globe 2006).

Par ailleurs, le festival propose une compétition de longs métrages de fiction parmi lesquels Shooting de Juliana Reis (primé au festival de Rio 2012) et Il était une fois Veronica de Marcelo Gomes (primé à San Sebastian 2012).

La reste de la sélection mêle films jeune public, documentaires et séances spéciales. Les festivaliers pourront ainsi voir en ouverture l'un des grands succès de l'année 2012 au Brésil, Gonzaga, de père en fils de Breno Silveira, qui a réuni près de deux millions de spectateurs. En clôture seront présentés Viramundo, un voyage avec Gilberto Gil de Pierre-Yves Borgeaud et Hélio Hoiticica de Cesar Hoiticica.

De nombreuses personnalités sont attendues, à l'image de Maria de Medeiros, Gilberto Gil, Guilherme Azevedo, Kleber Mendonça Filho...

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Festival du cinéma brésilien de Paris
Du 16 au 23 avril 2013
Cinéma l'Arlequin
Informations et programme sur le site de la manifestation

BIFFF 2013 : beau triplé pour le court métrage Chambre Double

Posté par kristofy, le 14 avril 2013

Le BIFFF propose différentes sélections de longs métrages (compétition internationale, thriller en compétition, avant-première hors compétition…), et il en est de même pour le court métrage avec également plusieurs jurys. Voici les différents lauréats dans cette catégorie :

- Grand Prix du Jury : Perfecto Drug de Toon Aerts
- Méliès d’argent : Chambre double de Mathieu Mortelmans
- Prix du Jury Jeunesse : Chambre double de Mathieu Mortelmans
- Prix SABAM : Chambre double de Mathieu Mortelmans
- Prix de la 3 (chaine de la RTBF) : Délivre-moi de Antonio Duquenes
- Prix du Jury de la Presse Cinématographique Belge : Pour vous Servir de Christophe Clin
- Prix FedEx : This is Love de Florence Boisée et Callewaert

chambre doubleLe court-métrage Chambre double de Mathieu Mortelmans (photo de gauche) a donc été plébiscité par plusieurs jurys avec trois prix à la clé. Joli résultat pour ce film qui était montré à un public pour la première fois.

Gilles est médecin et est interrogé : tout a en fait commencé quelques heures avant, en pleine nuit, dans un hôtel miteux, où le réceptionniste le sollicite afin de soigner une femme tabassée…

On y retrouve dans le rôle principal Jean-Jacques Rausin, qui compte déjà à son actif de nombreux courts métrages primés (La balançoire de Christophe Hermans) et diverses participations dans des longs métrages au cinéma (Au cul du loup de Pierre Duculot).

Rencontre avec le comédien :

EN : Qu’est ce qui t'as séduit dans ce projet de Mathieu Mortelmans ?
JJR :
C’est principalement le personnage, un genre de personnage que je n’avais pas encore joué. C’est un médecin qui s’arrête pour se reposer dans un motel et il va lui arriver d'énormes mésaventures. Il se rend compte petit à petit dans le film qu’il est responsable d’un acte absolument abominable. C’est un peu kafkaïen parce qu'il ne s’en rend pas compte au début et des gens vont l’accuser d’être responsable d’un crime passionnel. Et donc ça m’intéressait de jouer un personnage avec une certaine autorité et aussi un calme de figure alors que c’est quelqu’un en fait de torturé et un peu schizophrène.

EN : Quel ingrédient fantastique a fait du court-métrage La chambre double un des favoris ?
JJR : Le côté fantastique (qui fait d’ailleurs qu’il a été sélectionné au BIFFF) vient surtout du ton du film qui donne l’impression au début que justement c’est un film fantastique parce qu'on perd un peu le spectateur dans un espace un peu onirique. On ne sait pas très bien si on est vraiment dans la réalité, mais à la fin du film on se rend bien compte que c’est l’histoire d’une pathologie mentale. C'est le sens de la narration de Mathieu Mortelmans qui est fantastique.

EN :  Tu fais quelle différence chambre doubleentre jouer dans un court-métrage ou un long-métrage ?
JJR : Travailler comme acteur sur un long ou un court métrage c’est assez différent en soi, moi je n’ai jamais eu l’occasion d’avoir le premier rôle principal dans un long jusqu'à maintenant.

En ce moment je prépare un long métrage avec le réalisateur Xaxier Sauron, avec qui j'ai déjà fait plusieurs courts comme Mauvaise lune, qu’on devrait tourner normalement en octobre et qui s’appellera Je me tue à le dire. Là ça va être ma première expérience d’un premier rôle dans un long.

Un premier rôle dans un court métrage, c’est aussi un énorme investissement, mais d’une autre ampleur. Tenir un personnage dans un long métrage sur une histoire de 1h30 ou 2h, c’est une tout autre démarche. Moi j’adore vraiment faire des courts métrages parce que c’est l’occasion de rencontrer des réalisateurs et leur univers.

Par exemple j’ai adoré tourner dans le premier court métrage de Amélie van Elmbt qui s’appelait Ghislain et qui était un film de l’ IAD (Institut des Arts et Diffusion, centre de formation au cinéma). Puis elle m’a redemandé de jouer un petit rôle dans son long La tête la première, et j’ai eu beaucoup de plaisir à le faire. C'était un personnage à l’origine un petit peu absurde parce que c’est un éleveur de puces... Ca a été deux jours de tournages mais un plaisir de rencontre avec David Murgia et Alice de Lencquesaing, une chouette rencontre.

Tenir un personnage du début jusqu’à la fin sur une durée courte comme ici 15 minutes, c’est toujours exprimer un personnage avec toutes ses facettes et essayer de le rendre le plus crédible possible.

Jean-Jacques Rausin sera au générique d'un court-métrage qui pourrait être en compétition à la Cinéfondation du Festival de Cannes, le jury sera présidé par Jane Campion.

BIFFF 2013 : petits massacres entre amis et à l’anglaise

Posté par kristofy, le 13 avril 2013

Si les films espagnols sont légion à ce 31e BIFFF, le cinéma britannique est lui aussi bien représenté. Les films anglais ont souvent comme point de départ avant tout des personnages très bien écrits, et d’ailleurs joués par les meilleurs acteurs : on voit des gens issus du peuple et comme tout le monde, ou presque…

Pas de super héros, pas d’esprit d’outre-tombe, pas de possession démoniaque, il s’agit juste de personnes qui vont se retrouver confrontées à une situation violente et qui vont y réagir. Les codes du film de genre, souvent le thriller, sont en même temps respectés et détournés.

the liabilityLe réalisateur Craig Viveiros est venu présenter The Liability, pour lequel il n’a réunit qu’un petit budget d’environ 500 000 dollars...

Grace à son scénario, il a convaincu des acteurs de premier plan comme Tim Roth et Peter Mullan (avec un accès de colère mémorable) de jouer auprès du jeune Jack O'Connell (Eden lake, la série Skins), et de Kierston Wareing (It’s a free world, Fish tank) dans un second rôle méconnaissable.

Un jeune de 19 ans crashe la coûteuse voiture de son beau-père. En guise de début de remboursement, il doit faire le chauffeur pour un ‘ami’ durant une journée. C’est un tueur en mission, dans une forêt il va falloir couper à la hache les mains d’un ‘contrat’, mais les choses vont se compliquer quand une jeune fille les surprend.

Il y aura beaucoup trop de coïncidences au mauvais endroit au mauvais moment pour que certains évènements ne soient pas liés comme on va le découvrir. Le film développe un engrenage qui montre une relation maître-disciple avec un certain humour.

Les récentes émeutes de Londres may I kill you(en août 2011) ont déjà trouvé un écho dans le film May I kill u ? de Stuart Urban. Un agent de police à vélo depuis 8 ans va devenir un justicier en tuant différents hors-la-loi qui d’après lui méritent la mort : un émeutier, un homme coupable de violence conjuguale, deux passeurs de prostituées russes, une suicidaire, une grand-mère qui fait du vol à l’étalage…

On y retrouve Kevin Bishop (un des personnage de la trilogie de Cédric Klapisch L’Auberge Espagnole/Casse-tête chinois).

C’est un homme plutôt effacé, toujours sous la coupe de sa mère, qui va s’affirmer en devenant un mystérieux exécuteur anonyme qui informe la population de ses actes par internet. Ce policier fait de son quartier une zone de tolérance zéro, mais quelqu’un est sur ses traces…

Il s’agit d’un vigilante-movie en forme de comédie avec plein de provocations (un peu dans la lignée de Super de James Gunn), ici pour se justifier il fait avouer à ses victimes qu’elles méritent la mort avant de les tuer, et la nuance est mince entre justicier et serial-killer…

communautyBeaucoup plus sanglant, le survival chez des dégénérés dans Community de Jason Ford. Deux jeunes étudiants en école de cinéma arrivent dans un quartier malfamé, ils y trouvent des enfants qui apprennent différentes phases de la chasse pendant que les parents sont collés au canapé en fumant une herbe locale particulièrement addictive.

Après un comité d’accueil sauvage, ils vont se retrouver, l'un sur une table avec le ventre ouvert et l'autre attachée sur un lit le ventre découvert… Le réalisateur commence par le meilleur avec des enfants tueurs et l’origine de la drogue si particulière, ensuite c’est une course-poursuite plus classique entre assaillants et victimes qui vont essayer de s’échapper (tout en n’étant malheureusement pas assez rigoureux pour finir sur une bonne note).

Trois films qui suggèrent que derrière tout citoyen britannique se cache un psychopathe en puissance. Ils ont aussi en commun d’éviter d’appliquer des recettes pour séduire les spectateurs mais au contraire de les provoquer à rebrousse-poil. Le cinéma anglais a cette qualité de souvent produire des films qui savent fédérer un public avec des ingrédients épicés, loins de ceux sans vraiment de saveur qui visent les critères de diffusion à la télévision à 20h50… à l’image de la France.

Matthew McConaughey : retour en grâce…

Posté par geoffroy, le 13 avril 2013

Matthew McConaugheyMatthew McConaughey, la star en devenir devenu has-been, a confirmé récemment à la presse qu’il allait interpréter le premier rôle du prochain Christopher Nolan, Interstellar, dont la sortie est prévue en 2014.

Comme quoi il faut se méfier des jugements définitifs. Même si, il faut bien l’avouer, ceux-ci étaient plus que mérités.

Surtout lorsqu’ils naissent d’un vide artistique avec pour seul argument des abdos en béton et un sourire enjôleur. La posture, plus que légère, aura quand même duré une bonne décennie…

Alors qu’à 27 ans, il assure dans le remarquable Lone Star de John Sayles (1996), Matthew McConaughey, le beau blond aux futurs abdos en béton, sombre progressivement dans une représentation de soi puérile sans grand intérêt.

Il tourne dans un Zemeckis correct (Contact, 1997), un Spielberg raté (Amistad, 1997), un film choc (Emprise de l’acteur Bill Paxton, 2001) et un autre avec des dragons (Le règne du feu, 2002).

Le reste de sa filmographie se résume à un seul rôle. Celui du play-boy au sourire « ultra brite » sévissant dans des comédies oubliables dont la dernière en date, Hanté par ses ex (2009), est un naufrage artistique.

McConaughey a 40 ans. Et des soucis à se faire. Il vieillit et ses résultats au box-office sont médiocres. Rien de tel pour une petite remise en question. Car le retour en grâce est possible. Incertain, certes, mais possible. Il en va de son statut d’acteur non d’une pipe !

Premier acte de ce revirement, Matthew-McConaugheyLa Défense de Lincoln (2011), polar juridique sans prétention mais bien tenu. L’acteur retrouve son regard malicieux teinté de cynisme. Il semble toujours en vie.

Ce que confirmera son film suivant, acte deuxième d’un retour dans la cour des grands. William Friedkin (French Connection, L’Exorciste)  l’utilise en Lucifer électrique dansant avec la mort dans Killer Joe (2012). Dans le rôle de Killer Joe Cooper il est tout simplement parfait. Dans son élément.

Le retour est consommé. Il s’affiche par la suite dans le prometteur mais raté Paperboy (2012), inexplicablement en compétition officielle lors du dernier Festival de Cannes. Si le film ne tient hélas pas la route, lui fait le job. Tout comme dans le nettement plus réussi Magik Mike (2012) de Steven Soderbergh, succès surprise au box-office américain 2012.

En quatre films et deux ans – dont pas une seule comédie – Matthew McConaughey a, semble-t-il, reconquit Hollywood. Jeff Nichols (Take Shelter) l’a choisi pour interpréter Mud, également présenté au Festival de Cannes 2012, film plus mainstream, d’auteur, dans la lignée de Killer Joe. Le film sortira chez nous le 1er mai 2013 mais on peut d'ores et déjà annoncer qu'il y confirme son grand retour.

Et les projets – pour certains concrétisés – ne manquent pas. Jean-Marc Vallée l’a « casté » pour interpréter Ron Woodroof (The Dallas Buyers Club), électricien diagnostiqué séropositif en 1986 et qui décide d’absorber des drogues alternatives interdites pour soulager la douleur. Scorsese, comme Nolan, s’appuiera sur son physique taillé à la serpe dans The Wolf of Wall Street au côté de Leonardo Di Caprio. Bref, on se l’arrache. Il pourrait même figurer dans Knight of Kups de Terrence Malick.

Passer en à peine quatre ans des nanars que sont l’Amour de l’or et Hanté par ses ex à Friedkin, Scorsese, Nolan, Malick ou Soderbergh est un sacré tour de force. Un tel revirement artistique méritait bien un petit papier. Mais attention, rien n’est définitif. Dans un sens comme dans l’autre.

Lecce 2013 : les aphorismes d’Aki Kaurismäki

Posté par MpM, le 12 avril 2013

kaurismakiDu propre aveu d'Aki Kaurismäki, le Finlandais n'est pas très expansif, voire renfermé.

Il n'y a qu'à se référer à son œuvre, pleine de personnages masculins mutiques et superbes dont seuls les yeux sont expressifs, à l'image du duo magnifique de Tiens ton foulard, Tatiana.

De ce film, il dit d'ailleurs sans détour "l'essentiel est de rendre hommage au silence de l'homme finlandais."

Au festival de Lecce, dont il est l'invité, Aki Kaurismäki a fait honneur à cette réputation. Détendu et souriant, il s'est livré lors de la conférence de presse à ce qui semble être son exercice préféré, la création d'aphorismes mi-ironiques, mi-surréalistes.

"Je suis au service du cinéma", "Le monde change, alors pourquoi le cinéma ne changerait pas lui aussi ?", "Si vous pensez à Cary Grant et Brad Pitt, vous pouvez voir la différence", "Je suis un homme paresseux : je mets de la musique à la place des dialogues car il faut écrire les dialogues alors que la musique est déjà là", "Si les acteurs sont bons, pourquoi en changer ?"...

Inutile d'attendre de longs développements ou des commentaires sur son oeuvre, on n'en saura guère plus, si ce n'est peut-être que le jour où l'on ne trouvera plus de pellicule, il cessera de filmer.

La superbe exposition qui est consacrée kaurismakiau travail de Kaurismäki dans le château de la ville joue aussi sur cette propension qu'a le cinéaste finlandais à expliquer son œuvre en quelques formules bien senties.

Au détour des panneaux reproduisant des images de ses films, on peut ainsi lire : "c'est facile de tirer un drame épique de 2h30 d'un regard échangé dans la rue, à condition de ne pas se promener avec les mains dans les poches. Métaphoriquement, bien sur" ou "Mon éternel projet est de faire un film qu'une paysanne chinoise pourrait comprendre sans sous-titres." (au sujet d'Ombres au paradis).

Mais aussi : "J'ai réalisé que je devais traiter les personnages féminins exactement comme les personnages masculins. Après tout, d'un point de vue existentiel, les problèmes sont les mêmes." (L'homme sans passé) ; "J'ai toujours eu l'ambition secrète que le spectateur sorte du cinéma en se sentant un peu plus heureux que lorsqu'il est arrivé." (Au loin s'en vont les nuages) ; "Le casting, pour moi, c'est engager les bons acteurs, afin de ne pas avoir à les diriger, ce qui est bien pour un homme paresseux." (J'ai engagé un tueur)...

En plus de l'exposition, le Festival de Lecce organise une rétrospective de son œuvre, permettant de revoir pratiquement tous ses films. Un vrai régal, des Leningrad cowboys go to America à son dernier long métrage en date, Le havre. Justement, le meilleur moyen d'en savoir plus sur Aki Kaurismäki est probablement de revoir ses films. Tout ce qu'il a toujours voulu dire est là, à portée de mains, mâtiné d'humour et de cette mélancolie profonde qui vient toujours rappeler que la vie est une farce à la fois noire et ironique.

Django « réenchainé » par la censure chinoise

Posté par MpM, le 12 avril 2013

Une censure de dernière minute s'est abattue sur Django unchained, le dernier film de Quentin Tarantino, le jour même de sa sortie sur les écrans chinois. Le portail d'information Sina.com a expliqué que, selon des "sources anonymes internes à l'industrie", des scènes de nudité seraient à l'origine de cette censure.

Le problème avec la censure chinoise (en plus de sa propension à décider arbitrairement ce qu'un artiste à le droit, ou non, de dire), c'est que ses règles sont parfaitement opaques.  Les autorités avaient exigé en amont que certains passages sanglants de Django soient retouchés, "en faisant apparaître le sang d'une couleur plus foncée et en réduisant la taille des éclaboussures", a expliqué Zhang Miao, un responsable de Sony Columbia Pictures.

Une situation assez classique : dernièrement, Cloud Atlas et Skyfall ont également dû subir des coupes. Le film des frères Wachowski a notamment été amputé de 40 minutes. Il est toutefois rare que la censure intervienne de manière aussi tardive, comme dans le cas du film de Tarantino, et surtout directement auprès des cinémas, sommés d'interrompre immédiatement la diffusion.

BIFFF 2013 : le fantastique cinéma espagnol

Posté par kristofy, le 11 avril 2013

the endEn 2012, la fin du monde prévue par les mayas était aussi au cinéma (de Take Shelter à 4h44 Dernier jour sur Terre…), et également  en Espagne avec le titre le plus simple : The end (Fin) (photo) réalisé par Jorge Torregrossa. Une homme engage une escort-girl pour lui faire jouer le rôle de sa petite amie lors d’un week-end de retrouvailles entre plusieurs couples d’amis dans une maison isolée. Après un étrange bang dans le ciel la nuit, il n’y a plus du tout d’électricité, pas même dans les batteries des téléphones et des voitures inutilisables, et un des amis a disparu... Film d’apocalypse et de mystère avec très peu d’effets spéciaux, l’histoire repose sur un groupe d’acteur et différents paysages vides, dont Maribel Verdu également présente au BIFFF avec Blancanieves de Pablo Berger.

Le BIFFF démontre la vivacité du cinéma espagnol lié au fantastique, qu’il s’agisse de la fin du monde donc ou de fantômes dans une école avec Ghost Graduation (qui aura un remake américain), et d’autres encore. Pourtant l’Espagne connaît une période de grave crise économique, crise qui touche bien entendu la culture avec une baisse terrible du nombre de films produits et aussi du nombre de spectateurs en salles. Invité à présenter son film Afterparty (photo ci-dessous), le réalisateur Miguel Larraya confirme que seul Pedro Almodovar arrive à réunir le budget qu’il veut pour ses films, les autres cinéastes ont plus de difficultés.

Le ‘cinéma de genre’ espagnol fonctionne  souvent à l’international dans d’autres pays, et Miguel Larraya a réussi à avoir des fonds en voulant faire « un film avec  du sang, du sexe, et de la drogue », en fait un slasher en huis-clos. Une vedette de la télévision est entraînée dans une fête dans une grande villa, au réveil le lendemain matin toutes les issues sont verrouillées et plus de moyens de communication vers l’extérieur : il est enfermé avec quatre autres personnes de la fête. Un mystérieux tueur masqué commence à tuer… Les personnages sont toujours en train de se séparer dans le labyrinthe de la maison, le temps de deviner l’identité de qui tue il n’y aura presque plus personne de vivant.

L’Histoire espagnole est aussi un élément souvent exploité dans leurs films fantastiques (L’échine du diable puis Le labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro, Balada triste de trompeta de Alex de la Iglesia, Insensibles de Juan Carlos Medina…), et le BIFFF a fait découvrir un point de vue plus controversé.

Le réalisateur Oscar Aibar est venu défendre son film The Forest (El Bosque) (photo ci-dessous) : l’héroïne est la femme d’un sympathisant fasciste, et ce sont les communistes qui ont le mauvais rôle de persécuteurs…

the forestL’histoire se déroule sur plusieurs années avec les ‘rouges’ qui décident de gérer la nourriture avec des bons distribués, la présence de militaires américains qui portent d’ailleurs l’étoile rouge et qui sont là pour combattre avec eux, plus tard la déroute des ‘rouges’ et l’arrivée de militaires ‘maures’.

Ce sont ainsi plusieurs périodes de la guerre d’Espagne qui sont ravivées dans le film centré autour de la grande maison de l’héroïne dont tout le monde recherche le mari. Celui-ci pour ne pas se faire capturer a décidé de pénétrer dans la mystérieuse lumière verte qui apparaît deux fois par an sur leur terrain, et deux fois par an le mari revient un moment avant de repartir vers un ‘ailleurs’…

Il s’agit de l’adaptation d’un roman de Albert Sanchez Pinol, le film évoque la guerre avec un microcosme de quelques personnages (qui parlent d’ailleurs le matarrani, dialecte espagnol en voie de disparition) et un élément fantastique extraordinaire. Pour Oscar Aibar « chaque réalisateur espagnol se doit de faire un film avec en toile de fond la guerre civile. En ce moment avec la crise en Espagne c’est miraculeux de produire un film, la culture c’est un luxe ».

C’est tout de même étrange que tant de films espagnols si variés, avec des scénarios ambitieux et peu de moyens, voient le jour, quand en France l’argent sert à réunir une multitude de stars sur la même affiche avec un scénario inconsistant...

Catch me if you Cannes : une pléiade de films en course pour le 66e Festival

Posté par vincy, le 11 avril 2013

affiche cannes 2013 © agence bronxA une semaine de la conférence de presse cannoise, voici la liste des films possibles toutes sélections confondues. Des surprises peuvent venir d'Amérique latine, d'Inde (dont on fête le centenaire de son cinéma), de Thaïlande, d'Europe de l'Est et d'Australie... Un blockbuster américain peut se glisser hors compétition... Pour l'instant, seul le film d'ouverture, Gatsby le magnifique, est confirmé.

Asie/Océanie

- Tomogui par Shinji Aoyama

- Bombay Talkies (collectif indien)

- Secretly Greatly de Jang Cheol-Soo

- Le passé d'Asghar Farhadi

- The Congress d'Ari Folman

- Le transperceneige de Bong Joon-ho

- The Charming Rose d'Eric Khoo

- Kuchizuke d'Hirakozu Kore Eda

- Perfect Plesiosaur de Kiyoshi Kurosawa

- La Ultima Pelicula de Raya Martin

- Diary of a Young Boy de Tsai Ming Liang

- Kaze tachinu d'Hayao Miyazaki

- Lootera de Vikramaditya Motwane

- Aga d'Hiner Salem

- Our Sun-Hee de Hong Sang soo

- Mystery Road d'Ivan Sen

- Le conte du coupeur de bambou d'Isao Takahata

- Blind Detective de Johnnie To

Amériques

- White Bird in a Blizzard de Gregg Araki

- Inside Llewyn Davis des frères Coen

- Fruitvale de Ryan Coogler

-The Bling Ring de Sofia Coppola

- Gravity d'Alfonso Cuaron

- May in the Summer de Cherien Dabis

- The Butler de Lee Daniels

- Tom à la ferme de Xavier Dolan

- Low Life / The Nightingale de James Gray

- Only Lovers left alive de Jim Jarmusch

- Gerontophilia de Bruce LaBruce

- Chavez de Diego Luna

- Knight of Cups de Terrence Malick

- Twenty Feet From Stardom de Morgan Neville

- Nebraska d'Alexander Payne

- Beyond the Candelabra de Steven Soderbergh

- An Enemy de Denis Villeneuve

Afrique

- Grigris de Mahamat-Saleh Haroun

Europe

-Nude Area d'Urszula Antoniak

- Spies & Glistrup de Christoffer Boe

- A Most Wanted Man d'Anton Corbijn

- Yes and Yes de Valeriya Gay Germanika

- Under the Skin de Jonathan Glazer

- Adieu au langage de Jean-Luc Godard

- Il est difficile d’être un dieu d'Alekseï Guerman

- Über-Ich und du de Benjamin Heisenberg

- Twelve Years of a Slave de Steve McQueen

- Miss Ming de Yolande Moreau

- The Flying Man de Kornel Mundruczo

- La Vénus en fourrure de Roman Polanski

- At the Manor de Cristi Puiu

- A Nine Minute Interval de Corneliu Porumboiu

- We come as Friends d'Hubert Sauper

- Grande Bellezza de Paolo Sorrentino

- Only God Forgives de Nicolas Winding Refn

- A Field in England de Ben Weathley

France

- Tip top de Serge Bozon

- Abus de faiblesse de Catherine Breillat

- Un château en Italie de Valérie Bruni-Tedeschi

- Eastern Boys de Robin Campillo,

- Blood Ties de Guillaume Canet

- Grace de Monaco d'Olivier Dahan

- Dark Touch de Marina De Van

- Portrait of Jimmy P d'Arnaud Desplechin

- Reality de Quentin Dupieux

- Une place sur la terre de Fabienne Godet

- L'inconnu du Lac d'Alain Guiraudie

- Le bleu est une couleur chaude d'Abdellatif Kechiche

- 100% Cachemire de Valérie Lemercier

- Jeune et jolie de François Ozon

- Michael Kohlhaas d'Arnaud des Pallières

- Biftek de Marin Provost

- Suzanne de Katell Quillévéré

- Jacky au pays des filles de Riad Sattouf

- Gare du nord de Claire Simon

- Quai d'Orsay de Bertrand Tavernier

- Grand Central de Rebecca Zlotowski

Lecce 2013 : lost in translation

Posté par MpM, le 10 avril 2013

lecce3C'est l'un des grands bonheurs de festival que de se retrouver soudainement en vase clos, avec le cinéma pour seul horizon, langage et intérêt. Lorsqu'en plus le festival a lieu dans une ville aussi belle que celle de Lecce, baignée par le soleil, et aux majestueux monuments de l'époque baroque, on se sent véritablement hors de la réalité.

La réalité, heureusement, ne manque jamais de se rappeler à nous. A travers les films, qui évoquent comme partout ailleurs les maux de notre temps : violence, injustice, pauvreté... Mais aussi à travers ces petits pics que le destin sait si bien ménager.

Ainsi pouvait-on découvrir en ouverture du festival un film italien, intitulé Il pasticciere (Le chef patissier), en présence de son réalisateur Luigi Sardiello et de ses acteurs Antonio Catana, Ennio Fantastichini ou encore Luca Cirasola. Le film raconte l'histoire d'un patissier timide et très consciencieux qui se retrouve mêlé contre son gré à une affaire criminelle.

Difficile d'en raconter plus, pastidans la mesure où le film (en italien) ne possédait pas de sous-titres anglais lors de sa projection officielle. Bien sur, c'est une exception, puisque toute la compétition bénéficie d'un double sous-titrage. Toujours est-il que face à ces interminables dialogues italiens (où chaque phrase semble n'être qu'un seul long mot), le journaliste français, si prompt à vanter l'universalité du langage cinématographique, se retrouve un peu perdu, voire complètement largué.

L'ironie du sort... mais qui ne dément pas complètement la théorie. Car face à un film dont on ne saisit ni les ressorts ni les subtilités, on est plus attentif à la construction du plan, aux choix de mise en scène et au jeu des acteurs. On en revient à une sorte d'essence du cinéma. Et puis, parfois, on se laisse aller à imaginer sa propre histoire... peut-être plus riche et plus belle que l'originale.