Posté par MpM, le 20 mai 2013
Cher Jafar,
Tu sais que le monde du cinéma ne t'oublie pas ? Depuis mercredi, tu es même à l'honneur sur les murs du Palais des festivals à Cannes ! C'est dans le cadre de l'exposition "les dessins de la liberté" qui réunit des dessins de presse du monde entier.
Dessins qui sont vendus aux enchères aujourd'hui au profit de Cartooning for Peace. Créée en 2008 par Kofi Annan et Plantu, cette association combat toute forme d’intolérance et rassemble des dessinateurs chrétiens, juifs, musulmans, agnostiques et athées.Environ 80 dessins humoristiques sur le thème du cinéma et de la liberté artistique ont ainsi été retenus pour la vente.
Au palais, tu apparais sous le coup de crayon tendre de Plantu dans un panneau consacré à l'Iran. Sur les deux dessins, la pellicule symbolise l'évasion sous la forme de tapis volant et d'ailes dans le dos. Ce qui est à la fois joli et ironique : dans ton cas, la pellicule peut aussi être vue comme une entrave : c'est bien parce que tu tournes des films que tu as été condamné. Une idée révoltante, insoutenable, d'un autre temps.
Depuis longtemps, Cannes défend toutes les formes de liberté d'expression. On l'oublie parfois à cause des paillettes et des montées des marches glamour, mais les artistes persécutés ont toujours trouvé leur place ici, à l'époque soviétique comme à celle de la censure chinoise. C'est pourquoi tu te devais d'être là, ne serait-ce qu'en esprit.
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Posté par vincy, le 20 mai 2013
Guillaume Canet ne peut pas être accusé d'être macho, ni son cosécnariste James Gray. Pourtant leur film Blood Ties, hors compétition à Cannes (et c'est déjà un trop grand honneur) électrisé mollement par l'abus de testostérone, offre un portrait affligeant de la femme. Pour ne pas dire révoltant. Certes, le film est la transposition d'un livre ancré dans une époque, mais pourquoi dépeindre ainsi, aujourd'hui, les femmes?
Au choix, elles sont putes, "infirmières" pour les bobos des mâles, même ceux à l'âme, ou dociles épouses. Marion Cotillard hérite du rôle de la prostituée, forcément camée, un peu grossière, et traître par la même occasion. Zoe Saldana est une gentille mère, qui n'hésite pas à lâcher le père de sa fille pour vivre "paisiblement" son rôle de femme au foyer chez un flic. Mila Kunis, qui avait au moins l'avantage de bosser, se marie avec un truand et abandonne toute activité professionnelle, devenant la patiente et passive épouse qui n'a plus rien à faire à part tomber enceinte. Ajoutons Lili Taylor, soeur des frères rivaux, qui ne sert qu'à cuisiner la dinde pour Thanksgiving et soigner leur père, bien traditionnaliste (comprendre : il préfère l'aîné, plus viril).
Une vision aussi "corrézienne" de la femme ("Pour moi, la femme idéale, c'est la femme corrézienne, celle de l'ancien temps, dure à la peine, qui sert les hommes à table, ne s'assied jamais avec eux et ne parle pas" dixit Jacques Chirac) stupéfait à notre époque. D'autant que les deux compères n'y vont pas avec le dos de la cuillère. On connaît l'adage "toutes des putes sauf ma mère" : dans Blood Ties, la mère des deux "héros" (et de la bonniche de soeur) est décrite comme "pute", "violente", "alcoolo", "vicieuse" et on en passe. Bref, elle a été chassée pour le bien commun de la famille. Sympathique vision qui est répétée, et donc appuyée, lorsque le meilleur pote du frère voyou se souvient : le pire souvenir de sa vie est la mort de son père et sa mère "n'était jamais à la maison" car "elle en n'avait rien à foutre". Décidément les mamans s'en prennent plein la gueule.
On peut toujours essayer de coller à un réalisme, souligner un manque de repères, décrire une société qui se désagrège, mais pourquoi en vouloir autant aux femmes? En 2013, cette vision du sexe opposé par deux scénaristes consacrées est tout simplement infecte : ils auraient pu montrer que la femme, même dans les années 70, avait un autre destin que celui de finir en prison, sur le trottoir ou derrière les fourneaux. Manque d'imagination ou, comme le film, reprise nauséeuse de clichés cinématographiques d'un autre temps? Imagine-t-on aujourd'hui un western où un cowboy affirme qu'un bon indien est un indien mort ?
On peut écrire et réaliser un "thriller" reprenant les codes d'un genre sans pour autant reproduire les poncifs idiots et désuets d'il y a 40 ans...
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Posté par vincy, le 20 mai 2013
Musique! Justin Timberlake, second-rôle masculin et chanteur dans le film des frères Coen (en compétition), a dévoilé l'un des prochains projets, Spinning Gold. Il s'agit d'un biopic sur le producteur légendaire Neil Bogart (Donna Summer, KISS, The Village People), décédé prématurément à l'âge de 39 ans. le tournage devrait être lancé l'an prochain. Le chanteur/acteur sera également producteur, souhaitant donner un nouveau sens à sa carrière.
Amour. Double Palme d'or, Emir Kusturica revient derrière la caméra pour un long métrage de fiction avec Love and War, adaptation de son court-métrage Worlds with Gods. Le tournage débutera en juin en Serbie. Monica Bellucci (qui a pour l'occasion appris à parler serbe) y sera l'ancien amour d'un homme qui devient moine au crépuscule de sa vie. Kusturica devrait incarner lui-même le personnage principal.
En quête de vérité. Cate Blanchett, qui répète actuellement Les bonnes de Genet avec Isabelle Huppert pour le théâtre à Sydney, sera le personnage principal du nouveau film de David Mamet, Blackbird. Le scénario hitchcockien tourne autour de l'assassinat de Kennedy. Blanchett incarne une femme dont le grand père qui vient de mourir était un spécialiste des effets visuels à Hollywood et un collaborateur du gouvernement. L'un de ses secrets menace la vie de sa petite-fille.
Campagne de Russie. Ralph Fiennes va tourner en Russie Two Women, de la réalisatrice Vera Glagoleva. Adapté de la pièce d'Ivan Turgenev, le film se déroule au XIXe siècle. Fiennes interprétera un riche propriétaire terrien, dont la femme va tomber amoureuse de la préceptrice de son fils. Sylvie Testud sera aussi au générique.
Pas perdus. Leur humour décalé est de retour. Après L’iceberg, Rumba et La fée, Dominique Abel et Fiona Gordon s'apprêtent à tourner au début de l'année prochaine Lost in Paris.
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Posté par MpM, le 20 mai 2013
Oscar Isaac fait partie de ces acteurs dont on retient le visage presque malgré soi, à force de le croiser au détour de films et de rôles variés. Habitué aux rôles secondaires, mais de plus en plus importants, il a prouvé ces cinq dernières années qu'il est à l'aise avec tous les registres.
Le jeune acteur d'origine sud-américaine (père cubain, mère guatémaltèque), qui a grandi à Miami, se destinait pourtant à l'origine à une carrière musicale. Il a notamment chanté dans le groupe The Blinking Underdogs avant de partir tenter sa chance à New York pour devenir comédien.
En 2005, il sort de la prestigieuse Juilliard School et obtient l'un des rôles principaux de la Nativité de Catherine Hardwicke, celui de Joseph, aux côtés de Keisha Castle-Hughes (la jeune comédienne nommée à l'Oscar pour Paï (Whale Rider)). Il enchaîne alors les petits rôles dans des productions d'envergure internationale comme PU-239 aux côtés de Paddy Considine (2006), Mensonges d'état de Ridley Scott (2008) ou Che : 1e partie de Steven Soderbergh (2008), présenté en compétition à Cannes.
En 2009, c'est le début de la reconnaissance avec le rôle d'Oreste, préfet d'Alexandrie, dans Agora d'Alejandro Amenábar, hors compétition à Cannes cette fois-ci. Rival de Max Minghella (l'affranchi Davus, devenu chef de file des chrétiens) et soupirant de Rachel Weisz (l'astronome Hypatie), il joue la carte de la diplomatie et de la retenue.
Mais il rompt presque immédiatement avec cette image positive en enchaînant deux rôles brutaux et antipathiques. Il est d'abord le roi félon Jean sans Terre dans le Robin des bois de Ridley Scott (2010), qui ouvre le Festival cette année-là ; puis Blue Jones, le responsable cruel et inhumain d'un asile psychiatrique terrifiant imaginé par Zack Snyder pour Sucker Punch (2011).
L'année suivante, il prend part à l'aventure Drive de Nicolas Winding Refn où il incarne le mari ex-taulard de Carey Mulligan. Tout le monde ne retiendra que la prestation de Ryan Gosling et la mise en scène (méritoirement primée à Cannes), mais Oscar Isaac impose en quelques scènes son style de jeu ambivalent et nuancé. Sa performance, entre intimidation et émotion, apporte un relief supplémentaire au film en faisant de son personnage de malfrat un homme révolté pris en otage de son propre passé.
La stratégie est payante : non seulement les réalisateurs n’en finissent plus de lui offrir des rôles, mais surtout ils l’imaginent tous dans des personnages radicalement différents les uns des autres. Ainsi, il est un immigré russe qui s'éprend d’une New-yorkaise malheureuse en ménage (W.E. de Madonna), puis une machine à tuer froide et insensible (Jason Bourne : L'Héritage de Tony Gilroy), un amant meurtier (Thérèse Raquin de Charlie Stratton) et même un homme qui enquête sur la mort suspecte d’un chien (Revenge for Jolly ! de Chadd Harbold) !
Puisqu’il peut tout jouer avec la même aisance, rien d’étonnant à ce que les frères Coen lui aient finalement donné le rôle titre de leur nouveau film, Inside Llewyn Davis, qui évoque le quartier new-yorkais de Greenwich village à travers la vie d’un chanteur de folk en galère. Le film est l'un des films les plus attendus de la compétition cannoise. Une occasion en or de constater que ce comédien multitâche n’a pas fini de nous surprendre et de lui offrir, enfin, la reconnaissance qu’il mérite. Sous forme d’un prix d’interprétation ?
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Posté par vincy, le 20 mai 2013
Le jury de la Queer Palm présidé par Joao Pedro Rodrigues aura finalement 8 films à départager : deux viennent de s'ajouter dans la liste, Opium d'Arielle Dombasle (Cannes Classics) et Sarah préfère la course de Chloé Robichaud (Un certain regard).
6 films avaient déjà été sélectionnés :
- La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche (Compétition)
- Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh (Compétition)
- Bombay Talkies d'Anurag Kashyap, Djbakar Banerjee, Zoya Akhtar et Karan Johar (Hors compétition)
- L'Inconnu du lac d'Alain Guiraudie (Un certain regard)
- Les Rencontres d'après minuit de Yann Gonzales (Semaine de la critique)
- Les Garçons et Guillaume à table! de Guillaume Gallienne (Quinzaine des réalisateurs)
Le palmarès sera dévoilé samedi 25 mai.
Depuis 2010, la Queer Palm a été décernée à Kaboom de Gregg Araki, Beauty d'Oliver Hermanus et Laurence Anyways de Xavier Dolan.
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