L’instant Court : culture pub… avec Léa Seydoux, par Jean-Paul Goude, Wes Anderson et Roman Coppola

Posté par kristofy, le 14 octobre 2013

Lea SeydouxComme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage A Corps Perdu et la rencontre avec son actrice Marie Payen, voici l’instant Court n° 117.

Le film La vie d’Adèle, chapitre 1 et 2 auréolé de la palme d’or pour son réalisateur Abdellatif Kechiche et ses actrices Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux est à l’affiche depuis le 9 octobre dernier.

Plusieurs controverses ont précédées la sortie du film : l’avis de l’auteure de la bande-dessinée (qui a inspiré l’histoire) à propos notamment de la représentation des scènes de sexe, la plainte de techniciens à propos de l’organisation des journées de travail, la presse qui amplifie une déclaration des comédiennes sur les conditions de tournage…

Un buzz propice à créer une certaine attente avant la sortie du film, et un mauvais buzz pour Abdellatif Kechiche qui se laisse entraîner à son tour dans cette spirale de petites phrases négatives : « Léa Seydoux vole la vedette au film, ainsi qu’à Adèle Exarchopoulos, et elle ne mesure pas les conséquences désastreuses de ses propos… ».

S'il s’agit d’un débordement plutôt maladroit, cela rappelle aussi que la "valeur" d’une actrice peut également se mesurer avec son "potentiel commercial". Une actrice est un vecteur pour mieux vendre un magazine (pour le lancement de la nouvelle formule de Lui, Léa Seydoux était nue en couverture) ou bien évidement un produit de beauté (nombreuses sont les actrices qui sont amenées à monter les marches du festival de Cannes pour représenter L’Oréal)…

Les marques investissent de plus en plus le monde du cinéma pour faire leur publicité, de manière très voyante comme Shalimar de Guerlain qui place une longue pub de 5 minutes (avec Natalia Vodianova) sur les écrans des salles de cinéma ou de manière plus discrète comme Ralph Lauren qui coproduit un court-métrage de Benjamin Millepied avec Léa Seydoux (à revoir ici).

Voici donc différentes publicités avec l’actrice Léa Seydoux qui incarne une femme explosive, excessive et passionnée qui danse devant la caméra de Jean-Paul Goude ; puis celles de Wes Anderson et Roman Coppola pour une trilogie influencée par Jules et Jim de François Truffaut.

La publicité réalisée par Jean-Paul Goude :

La trilogie réalisée par Wes Anderson et Roman Coppola :


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Léa Seydoux sera à l’affiche de The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson, Adèle Exarchopoulos va tourner dans M le premier long-métrage réalisé par Sara Forestier.

Almodovar accuse (encore) le gouvernement espagnol

Posté par vincy, le 14 octobre 2013

Pedro Almodovar attaque une fois de plus le gouvernement espagnol dans une tribune parue sur le site InfoLibre.es. Il accuse même le ministre du budge Cristobal Montoro d'ignorant. Celui-ci a déclaré la semaine dernière que "les problèmes du cinéma ne sont pas seulement liés aux subventions, mais aussi à la qualité des films qui se font, à leur commercialisation et à beaucoup d'autres choses." Almodovar y voit un complot organisé : "Le gouvernement a établit un plan parfaitement tracé pour asphyxier lentement le cinéma espagnol".

La colère du cinéaste n'est pas neuve (lire : La crise espagnole va faire mal au cinéma, qui se rebelle), mais les arguments font toujours aussi mal. Il rappelle ainsi que 4 des 10 films les plus vus la semaine dernière étaient espagnols. On pourrait ajouter que le cinéma espagnol a récolté 16 nominations aux Oscars depuis 1970 et plus de 30 prix à Cannes, Berlin et Venise depuis 1960, que la part de marché du cinéma national est supérieure à 20% en 2012, soit le meilleur résultat en 27 ans, et que l'industrie a généré l'an dernier un total de 151 millions d'euros de recettes à l'étranger, soit bien plus que dans son propre pays (lire aussi : 40 films pour défier la crise du cinéma espagnol).

La colère d'Almodovar provient de l'annonce du budget 2014 pour la culture qui va enregistrer une baisse de 12,4%, après une forte baisse l'an dernier de près de 23% dans le budget 2013. L'opposition socialiste dénonce une chute de 58 % du budget public destiné depuis 2011 au cinéma.

Dénonçant la hausse brutale du taux de la TVA sur le billet de cinéma (de 8 à 21%), le cinéaste constate que les entrées ont chuté (141 millions de spectateurs en 2002, 94 millions dix ans plus tard) et que les salles de cinéma ont fermé (1223 en 2002 et seulement 841 l'an dernier). "Le problème n'est pas que les spectateurs ne vont pas voir le cinéma de leur pays, mais bien qu'ils ont arrêté d'aller au cinéma" explique-t-il. "Pour la majorité des jeunes il n'est pas vital d'aller au cinéma, ils possèdent une multitude d'appareils avec lesquels s'amuser et qui sont reliés entre eux ; mais je connais quelques jeunes touchés par la maladie terrible de la cinéphilie. Pour tous et plusieurs autres des générations adultes, tous aussi cinéphiles, ces mesures ont non seulement abaissé son économie mais ils accentuent leur désespoir."

Pour Almodovar, l'explication est simple et n'a qu'un objectif, l'extermination du cinéma espagnol : "Toutes les prédictions faites à l'époque de cette hausse de la TVA, (que le public arrêterait d'aller au cinéma, que beaucoup de salles fermeraient), se sont vérifiées, sauf celles du gouvernement qui pensait augmenter ainsi ses recettes, écrit-il. Si le résultat est contraire à leurs prévisions : pourquoi les ministres du secteur et le gouvernement en général se montrent-ils aussi euphoriques ? Il ne peut y avoir qu'une seule réponse : parce qu'ils punissent le cinéma espagnol jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Parce que tout cela suit un rigoureux plan d'extermination."

Pour lui le gouvernement de droite ne veut que prendre sa revanche : "Depuis notre 'Non à la guerre' [d'Irak, ndlr], le cinéma espagnol est devenue la bête noire des gouvernements du PP (Parti populaire). Les coupes et le mépris actuels résultent de ce 'Non', dont je ne pourrais jamais me repentir même s'il ne devait plus rester un cinéma ouvert"

Charlie Hunnam laisse tomber 50 nuances de Grey

Posté par vincy, le 14 octobre 2013

Finalement, Charlie Hunnam n'incarnera pas Christian Grey dans l'adaptation du best-seller de E.L. James, Cinquante nuances de Grey. Samedi 12 octobre, Universal studios a confirmé la nouvelle, en évoquant un conflit de planning avec le tournage de la série dont l'acteur est le héros, Sons of Anarchy.

L'excuse semble étrange. A priori, les plannings de tournage sont connus largement en amont. En tout cas bien avant que son nom ne soit officialisé pour le générique de ce film, il y a six semaines (lire notre actualité). Et si la véritable excuse était un différent artistique (notamment sur les scènes les plus torrides)?

Le tournage doit commencer à la fin du mois d'octobre. Le studio peut encore décider de le retarder d'un mois si un comédien n'est pas trouvé pour remplacer Hunnam. Le film est prévu dans les salles américaines le 1er août 2014.

Saint-Jean-de-Luz 2013 : le cinéma indien, 100 ans d’âge, reçoit deux prix

Posté par vincy, le 13 octobre 2013

Irrfan Kahn The Lunchbox

La soirée de clôture du 18e Festival international des jeunes réalisateurs a commencé avec une annonce rassurante pour son avenir (lire notre article d'hier). La 19e édition aura bien lieu. Mais la marque changera. Un bref clip a d'ailleurs été réalisé pour inaugurer la nouvelle appellation, Festival international du film de Saint-Jean-de-Luz. La ville aurait eu tort de se priver d'une manifestation culturelle qui a accueilli plus de 5000 spectateurs en 5 jours (un record).

Pour le reste, le palmarès - très cosmopolite - a été dévoilé avant la projection de La marche, de Nabil Ben Yadir, en salles le 27 novembre prochain.

Le jury d'André Dussollier, qui trois heures plus tard mettra le feu sur la piste de danse pour le plus grand plaisir des festivaliers, a récompensé 3 longs métrages. Tout d'abord, le film indien The Lunchbox de Ritesh Batra qui a reçu deux prix. Meilleur réalisateur Ritesh Batra a pu remercier le jury avec une liaison Skype.  Le film, présenté en avant-première mondiale à la Semaine de la Critique à Cannes en mai avant de tourner à Karlovy Vary et Telluride, sort en salles le 11 décembre prochain. L'acteur principal de cette comédie "épistolaire", Irrfa a été décerné au plus international des acteurs indiens, Irrfan Kahn (Slumdog Millionaire, L'Odyssée de Pi).

Autre grand gagnant, Le géant égoïste, qui reçoit le prix du meilleur film, une semaine après avoir raflé trois récompenses au Festival de Dinard. Avec ce doublé, et son prix Label Europa Cinemas à la Quinzaine des réalisateurs, le film britannique de Clio Barnard aborde sa sortie en salles le 18 décembre sous les meilleures auspices.

Enfin, le film allemand (et norvégien) D'une vie à l'autre de Georg Mass réalise un doublé meilleure actrice/prix du public. En salles en avril prochain, ce "mélo-thriller", qui flirte entre le polar nordique et le film engagé germanique, est le représentant de l'Allemagne dans la course à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.

Palmarès complet

- Chistera du meilleur réalisateur : Ritesh Batra pour The Lunchbox
- Chistera du meilleur film : Le géant égoïste de Clio Barnard
- Chistera du meilleur acteur : Irrfan Khan dans The Lunchbox
- Chistera de la meilleure actrice : Juliane Kohler dans D'une vie à l'autre
- Chistera du court métrage : Véhicule école de Benjamin Guillard
- prix du jury jeunes / long : La pièce manquante de Nicolas Birkenstock
- prix du jury jeunes / court : Pour le rôle de Pierre Niney
- meilleur court métrage : Clean de Benjamin Bouhana
et mention spéciale à Pour le rôle de Pierre Niney
- prix du public / long : D'une vie à l'autre de Georg Mass
- prix du public / court : Ce sera tout pour aujourd'hui d'Elodie Navarre

76 films pour 5 nominations à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère

Posté par vincy, le 12 octobre 2013
Berenice Bejo dans Le Passé

Le passé, production française en langue française, représente l'Iran

C'est un record : 76 pays ont envoyé un film (docu, horreur, thriller, drame, en costumes, animé...) pour être parmi les cinq éligibles à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Une grande partie des films ont été diffusés (en salles ou dans des festivals) en 2012.
Pour la première fois, des films de Moldavie, d'Arabie Saoudite et du Monténégro seront proposés aux comité de sélection. Tous ne partent pas à égalité. Certains films ont déjà reçu de multiples prix dans de nombreux festivals (celui de Cannes reste le vivier d'oscarisables le plus important), d'autres sont déjà sortis en salles ou s'apprêtent à sortir aux USA.
Et quelques cinéastes déjà nommés aux Oscars ou connus aux Etats-Unis se sont insérés dans la liste : Wong Kar-wai, Thomas Vinterberg, Asghar Farhadi, Paolo Sorrentino, Danis Tanovic, Andrzej Wajda...
Toujours est-il que le système (un pays, un film) est de plus en plus contesté. Nombreux sont ceux qui réclament une réforme de cette catégorie.

Les nominations des 86e Oscars seront annoncées le 16 janvier 2014. Les Oscars seront décernés le 2 mars 2014.

Afghanistan, Wajma, une fiancée afghane (sortie le 27 novembre 2013)
Afrique du Sud, Four Corners
Albanie, Agon
Allemagne, D'une vie à l'autre (sortie avril 2014)
Arabie Saoudite, Wadjda
Argentine, Le médecin de famille (sortie le 6 novembre 2013)
Australie, The Rocket
Autriche, Le mur invisible
Azerbaïdjan, Steppe Man
Bangladesh, Television
Belgique, Alabama Monroe
Bosnie-Herzégovine, An Episode in the Life of an Iron Picker (Grand prix du jury à Berlin)
Brésil, Neighboring Sounds
Bulgarie, The Color of the Chameleon
Cambodge, L'image manquante (Prix Un certain regard à Cannes)
Canada, Gabrielle (sortie le 16 octobre 2013, Prix du public à Locarno)
Tchad, GriGris
Chili, Gloria (sortie le 5 février 2014)
Chine, Back to 1942
Colombie, La Playa
Corée du sud, Juvenile Offender
Croatie, Halima’s Path
Danemark, La Chasse
Equateur, The Porcelain Horse
Egypte, Winter of Discontent
Espagne, 15 ans et un jour
Estonie, Free Range
Finlande, Disciple
France, Renoir
Géorgie, In Bloom (sortie le 27 novembre 2013)
Grèce, Boy Eating the Bird’s Food
Hong Kong, The Grandmaster
Hongrie, The Notebook
Islande, Of Horses and Men
Inde, The Good Road
Indonésie, Sang Kiai
Iran, Le passé
Israël, Bethlehem
Italie, La grande bellezza
Japon, The Great Passage
Kazakhstan, Shal
Lettonie, Mother, I Love You
Liban, Blind Intersections
Lituanie, Conversations on Serious Topics
Luxembourg, Blind Spot
Mexique, Heli (prix de la mise en scène à Cannes)
Moldavie, All God’s Children
Monténégro, Ace of Spades - Bad Destiny
Maroc, Horses of God
Népal, Soongava: Dance of the Orchids
Norvège, I Am Yours
Nouvelle Zélande, White Lies
Pakistan, Zinda Bhaag
Palestine, Omar
Pays Bas, Borgman
Pérou, The Cleaner
Philippines, Transit;
Pologne, Walesa. Man of Hope
Portugal, Les lignes de Wellington
Rép. Dominicaine, Quien Manda?
Rép. Slovaque, My Dog Killer
Rép. Tchèque, The Don Juans
Roumanie, Child’s Pose (sortie hiver 2014, Ours d'or à Berlin)
Royaume Uni, Metro Manila
Russie, Stalingrad
Serbie, Circles
Singapour, Ilo Ilo (Caméra d'or à Cannes)
Slovénie, Class Enemy
Suède, Eat Sleep Die
Suisse, Des abeilles et des hommes
Taïwan, Soul
Thaïlande, Countdown
Turquie, The Butterfly’s Dream
Ukraine, Paradjanov
Uruguay, Anina
Vénézuela, Breach in the Silence

Saint-Jean-de-Luz 2013 : les jeunes réalisateurs passent d’une vie à l’autre, le Festival aussi

Posté par vincy, le 12 octobre 2013

La belle vie

Mensonges et liberté. La sélection des films du Festival international des jeunes réalisateurs est traversée par ces deux thématiques que les "jeunes" cinéastes français et étrangers traduisent en comédie, thriller ou drame avec des personnages solitaires, des couples chaotiques, des familles bancales.

Mais ce qui frappe le plus c'est que tous les personnages de ces films aspirent à une autre vie, et font le choix de provoquer le déclic qui les emmènera dans l'inconnu. Avec Le géant égoïste, deux ados renvoyés de l'école apprennent à appréhender leur avenir. Pour La pièce manquante, un homme doit affronter la disparition de son épouse et mère de leurs enfants. Dans La belle vie, le solaire Sylvain (photo) doit savoir s'il continue à suivre son père dans une vie clandestine et associable ou rejoindre sa mère. Et dans Le sens de l'humour, une jeune veuve ne sait pas comment faire entrer un nouvel homme dans sa vie. D'une vie à l'autre n'est jamais que l'histoire d'une usurpation d'identité : cette femme doit-elle révéler la vérité, quitte à fracasser l'harmonie familiale? Ou encore Attila Marcel, du nom du père de ce jeune homme, silencieux depuis ses deux ans, qui doit explorer sa mémoire pour savoir s'il a un futur, et vivre ainsi pleinement sa vie, et pas celle qu'on lui dicte.

A Saint-Jean-de-Luz, les films montrent à quel point nous sommes enfermés dans nos peurs, aliénés par le monde qui nous entoure, sous l'emprise de gens qui veulent diriger nos vies. Alors ils mentent ou ils se taisent, quitte à mettre leur existence en péril. Tous rêvent de vivre librement, comme ils le veulent, prêts à détruire les liens les plus fondamentaux, amoureux, filiaux ou amicaux. Si les films disposent de gros budgets ou s'ils ont été fabriqués avec une fragile économie, leurs auteurs sont heureux d'avoir pu les aboutir et les montrer à un public venu très nombreux, confirmant la montée en puissance de la manifestation.

Le Festival des jeunes réalisateurs est mort? Vive le Festival de Saint-Jean-de-Luz!

Cette très belle édition, la dix huitième, sera d'ailleurs elle aussi à un carrefour. En effet, dans un élan aussi égotique que destructeur, l'ancien maire de Biarritz, Bernard Marie (le père de Michelle Alliot-Marie) a décidé d'arrêter le Festival. A 95 ans, Bernard Marie aurait pu partir en faisant l'éloge de la jeunesse (colonne vertébrale du Festival), et en transmettant le flambeau. Mais non. Il n’y aura pas de 19e édition en 2014. Cependant il assure qu’un nouvel événement sera organisé : nouveau nom, nouveau concept. Dans un édito titré « End », Marie, président de l’association pour l’Organisation des festivals, explique que "Le thème du Festival des jeunes réalisateurs tel qu’Alain Poiré, Georges Lautner, Claude Pinoteau et moi-même l’avions conçu voici près de vingt ans a changé de style. Il est donc temps que ce festival se retire." L'association, propriétaire du concept depuis le lancement en 1996, aurait pu céder la marque (le concept n'a rien de singulier, il existe de nombreux festivals axés autour des premiers films). Regrettant de ne plus avoir de pouvoir au sein du Festival, Bernard Marie préfère menacer de procès quiconque exploitera cette marque comme ce concept.

Voyons là le verre à moitié plein : l’office de tourisme de Saint-Jean-de-Luz est devenu le maître d’ouvrage de l’événement (et verse 23 800 euros à l’association de Bernard Marie chaque année,) soit 15 % du budget total de l'événement selon Sud Ouest. Cela fera autant d'argent gagné pour enrichir un Festival qui a encore un fort potentiel. Surtout, en se libérant du "concept", les équipes vont pouvoir imaginer un avenir différent.

C'est l'heure des choix, comme dans les films présentés cette année au cinéma Le Sélect.

Rencontres Henri Langlois 2013 : voyage à l’Est du bassin méditerranéen, compétition internationale et leçon de cinéma sur la production

Posté par MpM, le 11 octobre 2013

rencontres henri langlois 2013A l'Est, que du nouveau ! Pour sa 36e édition, le festival international des écoles de cinéma explore les cinématographies du Liban, d’Israël et de Palestine, en présence notamment de Hiam Abbas (Les Citronniers, Héritage...), Raed Andoni (Fix me), Khalil Joreige (The Lebanese Rocket Society, Perfect Day) et Nadav Lapid (Le Policier).

Côté compétition, 45 films (sur les 1424 reçus) venus de 21 pays et 34 écoles ont séduit cette année les membres du comité de sélection. Qu'ils viennent d'Estonie ou du Brésil, de Norvège ou de Turquie, on leur souhaite une carrière à la hauteur de certains de leurs illustres prédécesseurs !

L'an passé, on avait ainsi été bluffé par la mise en scène au cordeau de l'envoûtant Pude ver un puma d'Eduardo Williams ou encore par le ton étonnamment libre et décalé de La Sole, entre l'eau et le sable d'Angèle Chiodo, vrai faux documentaire mêlant animation et prises de vue réelle. Or les deux cinéastes ont à nouveau fait parler d'eux en 2013, le premier avec Que je tombe tout le temps, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, et la seconde avec son nouveau court métrage, Les chiens.

Tous ces jeunes cinéastes sont sur la voie d'auteurs aujourd'hui reconnus comme Andreas Dresen (Septième ciel), Joachim Trier (Oslo, 31 août), Na Hong-Jin (The Murderer) ou encore Pascale Ferran (Lady Chatterley), qui sont eux-aussi passés par les Rencontres Henri Langlois.

Pour compléter ce programme déjà bien rempli, la traditionnelle Leçon de cinéma sera consacrée aux rouages de la production, avec la complicité de la productrice Anne-Dominique Toussaint (Alceste à bicyclette, Le Hérisson, Les Beaux gosses, Respiro...). Plusieurs séances spéciales (dont une consacrée à la Comédie musicale), des avant-premières (dont Jacky au royaume des filles de Ryad Sattouf) et une carte blanche à La Mouette à 3 Queues (collectif d'artistes multidisciplinaires) sont également prévues, sans oublier les incontournables rencontres entre le public et les réalisateurs.

Comme tous les ans depuis 2007, Ecran Noir est fier d'être partenaire de ces Rencontres qui portent si bien leur nom, et vous en fera vivre les principaux temps forts du 29 novembre au 8 décembre.

Daniel Duval range son porte-plume (1944-2013)

Posté par vincy, le 10 octobre 2013

daniel duvalLe comédien et réalisateur Daniel Duval est décédé jeudi à l'âge de 68 ans des suites d'une longue maladie, a appris l'AFP jeudi auprès de l'agence artistique Ubba.

Véritable gueule - une sacrée tronche séduisante et même chaleureuse dès qu'il souriait, abimée comme il fallait pour paraître le dur à cuir façon Lanvin -, visage dont les rides se creusaient avec les années, Daniel Duval endossait souvent les rôles de flics ou de voyous. Dans La dérobade (1979) son deuxième long métrage en tant que réalisateur, il s'était donné le rôle du proxénète pas sympa.

Deux ans auparavant son film L'ombre du château lui avait valu un prix de la mise en scène au Festival de Moscou. Réalisateur au destin prometteur? De ses débuts dans les années 70 à la fin des années 80, Duval était aussi un second rôle, parmi d'autres. Il a longtemps souffert d'avoir un physique et un style de jeu proches de ceux de Philippe Léotard ou Richard Bohringer. On le remarquait dans Que la fête commence de Bertrand Tavernier, Les Loups entre eux de José Giovanni ou encore Stan the Flasher de Serge Gainsbourg. Un mec viril pour des films de mec.

Pourtant c'est grâce aux femmes que l'acteur, charmeur, va prendre sa place dans le cinéma art & essai : en 1996, il est à l'affiche de Y aura-t-il de la neige à Noël ? de Sandrine Veysset et Love, etc. de Marion Vernoux. Sans oublier deux ans après le très torride Si je t'aime, prends garde à toi de Jeanne Labrune où il se fout à poil dans tous les sens du terme.

Par la suite, Duval passe devant la caméra de Xavier Durringer, Christian Vincent, Philippe Garrel (Le vent de la nuit avec Deneuve).

A partir des années 2000, il accepte tout : de Michael Haneke en 2003 Le temps des loups et en 2005 dans Caché à Gomez & Tavarès ou Total Kheops, du polar traditionnel d'Olivier Marchal (Les Lyonnais, 36 Quai des orfèvres) ou d'Alain Corneau (le remake du Deuxième souffle) à des cinéastes populaires comme François Ozon (Le Temps qui reste) ou Pierre Salvadori (De vrais mensonges), de la jeune génération avec Jalil Lespert (Des vents contraires) à la plus ancienne avec Richard Bohringer (C'est beau une ville la nuit)... Duval est libre, solitaire, généreux et se fiche des étiquettes enchaînant Jean de La Fontaine, le défi, 3 amis de Michel Boujenah, Plus tard tu comprendras d'Amos Gitai ou Banlieue 13 ultimatum.

En 2006, après 16 ans d'absence derrière la caméra, il réalise Le temps des porte-plumes, avec Jean-Paul Rouve et Anne Brochet, film inspiré de sa propre histoire.

César 2014 : déjà 10 courts métrages d’animation dans la course

Posté par vincy, le 10 octobre 2013

Le comité animation de l'Académie des arts et techniques du cinéma a présélectionné 10 courts métrages animés afin qu'ils puissent concourir  pour le César 2014 du meilleur film d'animation. Deux sociétés de production, Les Films du Nord et Sacrebleu productions, ont chacune deux films parmi ces 10 présélectionnés. Les courts métrages animés sont nommés dans la même catégorie que les longs métrages animés : une absurdité ou un mépris pour le genre.

Les nominations des prochains César seront révélées le 31 janvier 2014.

Le banquet de la concubine de Hefang Wei - Folimage Studio
Betty's Blues de Rémi Vandenitte - Les Films du Nord
Braise d'Hugo Frassetto - Les Films du Nord
La grosse bête de Pierre-Luc Granjon - Les Décadrés Production
Lettres de femmes d'Augusto Zanovello - Pictor Media Animation
Mademoiselle Kiki et les Montparnos d'Amélie Harrault - Les 3 Ours
Palmipedarium de Jérémy Clapin - Papy3D Productions
Peau de chien de Nicolas Jacquet - Joseph Productions
The Great Rabbit d'Atsushi Wada- Sacrebleu Productions
Tram de Michaela Pavlatova - Sacrebleu Productions

L’image manquante, chef d’oeuvre de Rithy Panh ce soir sur Arte

Posté par MpM, le 9 octobre 2013

image manquante

L'image manquante, documentaire atypique sur les souvenirs impossibles du génocide cambodgien,  fut l'un des temps forts du dernier festival de Cannes, où il reçut le Prix Un certain regard.

Rithy Panh, à qui l'on doit déjà deux des films les plus saisissants sur la période khmer rouge au Cambodge : S21, la machine de mort khmère rouge et Duch, le maître des forges de l'enfer, s'y est cette fois penché sur son propre passé de déporté dans un camp de travail où il perdit une partie de sa famille.

Mais pas question de transformer le génocide cambodgien et toutes les horreurs qui l'ont accompagné en "fonds de commerce" pour documentariste en mal d'idées. "Je trouve qu'il faut qu'on soit aussi cinéaste, et pas seulement cinéaste de génocide", explique Rithy Panh dans une interview à l'AFP. "Il faut une proposition artistique. C'est elle qui doit permettre de transmettre et de s'approcher d'une certaine vérité."

C'est donc en gardant à l'esprit son devoir de cinéaste qu'il a abordé la complexité de ce nouveau projet. Comment raconter une histoire dont il n'existe pas d'images ? Comment transmettre, dans un film qui plus est, un passé qui n'existe plus que dans les mémoires ?

La démarche qui en résulte est d'autant plus passionnante qu'elle mêle souvenirs intimes, événements historiques et réflexion sur le cinéma. Puisqu'il n'a que très peu de matière à sa disposition (les images d'archives sont rares, de même que les documents sur sa famille), Rithy Panh décide de l'inventer et d'utiliser un pur procédé de fiction au service d'une réalité intangible.

L'idée, reconstituer avec des figurines d'argile ce passé à jamais disparu, confine au génie. Parce que ces petites statuettes sont à la fois enfantines, allégoriques et universelles, ce que n'auraient pu réussir des acteurs incarnant les personnages. Mais aussi parce qu'en restant figées, comme en retrait, elles accompagnent la tragédie sans prétendre la mimer artificiellement. Seul compte le récit, terrible et bouleversant, et pourtant d'une sobriété absolue, qui accompagne à la première personne cette reconstitution minutieuse.

On sort ébranlé de L'image manquante qui raconte les pires exactions dont est capable l'être humain. Mais grâce à ce procédé décalé, presque radical, qui permet d'incarner les fantômes du passé en personnages peints, c'est comme si, au final, les victimes finissaient par avoir le dernier mot, à l'image de cette séquence hallucinante où la figurine qu'on enterre resurgit encore et toujours de la terre.

Rithy Panh réussit ainsi l'exploit de livrer un récit intime bouleversant et de porter en même temps un regard critique sur ce qu'il fait. Ne laissant pas l'émotion le submerger tout à fait, il met des mots sur l'horreur, cherchant à l'expliquer pour mieux la comprendre, et réfléchit à son triple rôle d'acteur, de témoin et de narrateur d'un épisode insupportable de l'Histoire. C'est en cela qu'il agit en véritable cinéaste, soucieux d'interroger à la fois les images qu'il montre et la démarche qui l'anime.

Qu'un film aussi singulier, puissant et débordant d'humanité ne bénéficie pas d'une sortie en salles a quelque chose de profondément troublant. Mais peut-être touchera-t-il un plus vaste public lors de sa diffusion télé (mercredi 9 octobre à 20h50 sur Arte), en attendant sa sortie en DVD le 19 novembre prochain. Car quel que soit le support, il ne faut pas passer à côté de cette Image manquante qui invente une nouvelle forme de cinéma, à la frontière du poétique et du réel.