BIFFF 2016 : les films dont vous êtes le héros

Posté par kristofy, le 9 avril 2016

Cette année, la programmation du BIFFF comporte trois films qui exploitent le principe dit de la caméra subjective : ce que vous voyez à l’écran est la vision du personnage via ses yeux. Le spectateur se retrouve à la place du héros, ou presque. Le procédé est surtout utilisé dans les jeux-vidéo puisque le joueur avec sa manette doit conduire une voiture ou tirer sur des ennemis en étant actif sur l’action. Le processus d’immersion fonctionne alors à plein.

Devant un film, c’est plus difficile de se croire dedans : il faut déjà s’identifier au personnage principal (La femme défendue de Philippe Harel avec sa voix d’homme qui tombe amoureux de Isabelle Carré fonctionne mieux pour les spectateurs masculins), il faut s'imaginer agir comme lui (dans le remake de Maniac par Franck Khalfoun le spectateur est donc le tueur), il faut ne pas être trop attaché à ce qui est crédible dans la réalité (dans Enter the void de Gaspar Noé vous êtes un esprit entre la mort et la vie)... Le fantastique en général offre un fabuleux terrain de jeu d'expérimentations, en voici trois en particulier au BIFFF :

Jeruzalem, réalisé par Doron et Yoav Paz : tout ce qui se passe est vu à travers des smartglasses, une paire de lunettes connectée au web qui peut à la fois enregistrer des images photo ou vidéo, faire apparaître dans un coin le profil facebook de la personne devant soi, voire communiquer avec quelqu’un d’autre via skype. Le point de vue est celui d’une jeune femme qui fait du tourisme en Israël. Avec une amie, elle découvre Jérusalem : visite de la ville, arrivée à hôtel, repas entre amis…

Environ un tiers du film montre des choses anodines, longtemps après le début on attend encore qu’il se passe quelque chose avec les créatures infernales que l’on pressent. Enfin, une alerte dans la ville, des gens courent dans la panique, il faut s’enfuir ou se cacher. Comme tout le film est raconté via des lunettes électroniques, il va donc y avoir du mouvement : images saccadées, un endroit sans lumière, une chute, on pourrait presque s’y croire face ces immenses bestioles qui nous attaquent... C'est du found-footage (connecté au web), l'immersion fonctionne donc plutôt bien, mais au fond seule l'utilisation de ce procédé rend le film original.

Pandemic, réalisé par John Suits : tout ce qui se passe est vu à travers une petite caméra située dans le casque d’une combinaison de protection contre un virus. Une petite équipe qui porte ce type de combinaison a pour mission de retrouver des personnes qui ne seraient pas infectées par le virus Fila qui transforme tout le pays en zombies… Ici, il y a surtout le point de vue subjectif de quatre personnages qui sont presque toujours ensemble, le principe de caméra subjective ne fonctionne pas vraiment puisque en fait il y a des champs contre-champs comme dans n’importe quel autre film, même des transitions via des images de surveillance vidéo et même quelques plans où des personnages sont filmés de face alors qu’il n’y a personne devant eux.

Au début, cela ressemble à beaucoup d’autres histoires du même genre, cependant au fil des rebondissements, le scénario est assez malin pour se distinguer des autres films du même acabit. Mieux, ce procédé de point de vue subjectif qui donc ne fonctionne pas se révèle pour plusieurs séquences un moyen original de filmer l’action (par exemple lors d'un combat façon fps dans une école, ou lorsqu'on est à la place d’un personnage qui se fait dévorer les boyaux…). L'immersion fonctionne moyennement, il aurait mieux valu ne garder ce procédé que pour certaines séquences, mais le film est plutôt vraiment bien.

Hardore Henry, réalisé par Ilya Naishuller : tout ce qui se passe est vu à travers les yeux de Henry (pas de caméra), dès le début du film Henry se réveille sans presque aucun souvenir et sans pouvoir parler, Henry (et donc le spectateur lui-aussi) découvre où il est et ce qui lui est arrivé : vous avez été sérieusement blessé et on vous greffe des prothèses. Soudain un commando arrive et il vous faut fuir : vous êtes alors lancé dans une folle course-poursuite pendant environ 90 minutes en Russie. Vous allez chuter de haut, courir au dessus d'un fleuve, être dans un bus en flammes; et surtout taper et tuer beaucoup d'ennemis dans la rue, dans un club libertin, dans une forêt...

L'immersion fonctionne très bien, le film est une succession de séquences complètement dingues rien que vos yeux. Pour qui n'est pas allergique aux films de genre cyberpunk et surtout pour qui aime être époustouflé par de l'action quasi non-stop dans tout les sens : rendez-vous pour découvrir cette folie en salles de cinéma le 13 avril !

15 films avec Pierre Richard à voir à la Cinémathèque

Posté par vincy, le 9 avril 2016

En avril, découvre des films. Pierre Richard appartient à notre mémoire cinéphilique collective. On le voit gamin, au premier degré, en maladroit burlesque, plus Harold Lloyd que Chaplin. Et puis, en revoyant ses films, cet anti-héros lunaire apparaît comme étrangement subversif, rebelle même dans des comédies qui dénonçaient les individualismes, le consumérisme, ou même le repli sur soi. La poésie se mêle au rire, l'absurde compromet les tenants de l'ordre. Il est un grain de sable, à la Chaplin, dans les Temps modernes.

Heureuse initiative, donc, de voir la Cinémathèque française lui rendre hommage, depuis mercredi et jusqu'au 27 avril.

15. La Course à l'échalote de Claude Zidi (1975), avec Jane Birkin, Michel Aumont.
Les banques coupables de malversations? Le film est une aimable comédie où le patronat est pourri jusqu'à la moelle.

14. Un nuage entre les dents de Marco Pico (1973), avec Claude Piéplu, Philippe Noiret.
Film très méconnu autour de deux journalistes de faits-divers qui démontre, notamment, la manipulation des médias, avides de scoops.

13. Le Retour du grand blond d'Yves Robert (1974), avec Mireille Darc, Jean Rochefort.
La suite du Grand Blond est moins percutante mais pas moins drôle. La séquence finale empruntée à L'homme qui en savait trop d'Alfred Hitchcock vaut à elle seule le détour.

12. Essaye-moi de Pierre-François Martin-Laval (2005), avec Pierre-François Martin-Laval, Julie Depardieu.
L'ex Robin des Bois rend hommage à Richard avec son personnage de rêveur romantique. La comédie se laisse regarder pour ceux qui doutent encore qu'il faut garder son âme d'enfant.

11. On aura tout vu de George Lautner (1976), avec Miou-Miou, Jean-Pierre Marielle.
Satire sur le monde du cinéma, avec en toile de fond, l'avènement et la puissance du film porno. On reconnaît là le goût de Pierre Richard pour les sujets de société, où l'idéal et le rêve se fracassent à une réalité cynique.

10. En attendant le déluge de Damien Odoul (2003), avec Anna Mouglalis, Damien Odoul.
Peut-être l'un des plus beaux personnages incarné par le comédien. Dans ce délire entre hurluberlus, où la mort se confronte à la vie, il y a une envie jouissive, à la Tati, de profiter du présent. Pierre Richard y est impérial.

9. Le Coup du parapluie de Gérard Oury (1980), avec Gert Froebe, Valérie Mairesse.
Entre potacherie et jamesbonderie, cette comédie policière sous le soleil de Saint-Tropez est un enchaînement de gags à la Blake Edwards, avec, en moment culte, une publicité pour de la nourriture pour chiens.

8. Juliette et Juliette de Remo Forlani (1973), avec Annie Girardot, Marlène Jobert.
Richard est entouré de deux des plus grandes actrices de l'époque. Entre portrait d'une société où la précarité est déjà là et féminisme affirmé, ce film oublié, qui passe parfois à côté de ses sujets, révèle déjà la vulnérabilité des mâles.

7. Je suis timide mais je me soigne de Pierre Richard (1978), avec Aldo Maccione, Mimi Coutelier.
Impossible de vivre quand on est timide à l'extrême. De ce constat, Pierre Richard va créer des situations rocambolesques et parfois de grands moments de cinéma comique (notamment la scène du resto et celle des pompiers).

6. Le Jouet de Francis Veber (1976), avec Michel Bouquet, Fabrice Greco.
Sans doute l'un de ses films les plus noirs, sous ses apparences très colorées. Véritable cri de révolte contre un monde trop cadré et critique du pouvoir sans âme, le film "s'amuse" avec perversité d'une relation masochiste entre un patron et un chômeur.

5. Les Malheurs d'Alfred de Pierre Richard (1971), Anny Duperey, Pierre Mondy.
Tout commence avec un suicide et tout finira avec un carnage. Se moquant de l'élite parisienne, de la télévision, de ses jeux débiles et de ceux qui se prennent trop au sérieux, cette comédie des petits contre les forts reste étrangement actuelle.

4. Le Distrait de Pierre Richard (1970), avec Marie-Christine Barrault, Bernard Blier.
Ode à l'imagination et à la rêverie. La distraction comme hymne à la vie: c'est le moteur d'une succession de scènes d'anthologie où là encore le système trop cadré (ici du milieu de la publicité) se voit dynamité à coups de gaffes.

3. Les Fugitifs de Francis Veber (1986), avec Gérard Depardieu, Jean Carmet.
Dernier film de la trilogie inégalée du trio Veber-Depardieu-Richard, cet immense succès des années 1980 compose avec un scénario bien ficelé et des situations cocasses, en finissant en famille recomposée se jouant des genres sexués.

2. Le Grand blond avec une chaussure noire d'Yves Robert (1972), avec Bernard Blier, Jean Rochefort, Mireille Darc, Jean Carmet.
L'une des plus grandes comédies du cinéma français: casting, dialogues, scénario. Tout y est. Les acteurs, au jeu volontairement désaccordé, sont en totale harmonie. Mais à y réfléchir de plus près, Le grand blond est aussi un film d'anticipation sur la société de surveillance et le peu de considération de l'autorité pour la liberté et l'individu.

1. La Chèvre de Francis Veber (1981), avec Gérard Depardieu, Corynne Charbit.
Summum de l'art comique de Pierre Richard, l'alchimie avec Depardieu (il faut voir la tête du monstre face au distrait-timide-maladroit) fonctionne à merveille, entre aventures improbables, répliques cultes, humour décalé, usant aussi bien des gags du cinéma muet que de situations atemporelles. Assurément le chef d'oeuvre de la filmographie de Richard (et de Veber), parvenant à montrer que la folie douce est un moyen de trouver le bonheur et l'amour dans un monde violent.

La fin du Grand Ecran Italie

Posté par vincy, le 9 avril 2016

Depuis la fermeture du Grand Ecran Italie il y a dix ans, la guerre était ouverte entre une association (Sauvons le Grand Ecran) qui défendait l'idée d'une grande salle de cinéma dans le centre commercial du sud de la capitale, et la mairie, qui avait d'autres projets pour occuper les lieux. Un temps, cet espace a failli devenir une sorte de megastore de fringues, un musée, un club de gym et même un multiplexe.

Le Grand Ecran c'était le plus grand des écrans parisiens. Inauguré en 1992, il est alors un survivant d'une époque dont il ne reste plus que le Max Linder sur les Grands boulevards: une salle panoramique dédiée aux films spectaculaires. Finalement, il va passer sous la coupe de Juste pour rire, la société québécoise chargée de produire des festivals, des spectacles, des émissions télévisées et des programmes pour les compagnies aériennes. A deux pas du Chinatown de Paris, le groupe va installer son QG européen.

Juste pour rire va devoir gérer une salle de 900 places et une plus petite de 150 places. La métamorphose du lieu a été confiée à l'architecte Daniel Vaniche (Bercy, Pleyel). On se doute que les spectacles (musique, cabaret, humour, danse, cirque...) y seront en vedette. Mais c'en est terminé du cinéma, hormis des projections ou événements exceptionnels.

On peut se réjouir que le lieu ne devienne pas un énième magasin de fripes ou une grande enseigne de bricolage, et conserve ainsi sa vocation "culturelle". Mais on peut aussi constater que c'est un cinéma qui meurt définitivement. Ce qui ne fera pas pleurer MK2 (Bibliothèque), Pathé (Les fauvettes, Ivry), UGC (Gobelins) et les indépendants du coin (La Clef, L'Escurial, L'Epée de bois). Le quartier dispose de pas mal de salles.

La Place d'Italie et son quartier vont être complètement réhabilités à l'occasion d'une grande opération urbaine. A l'horizon 2017, le Grand Ecran se transformera en Grand Eclat de rire (ou pas). Juste pour rire a, parmi ses artistes, Franck Dubosc, Stéphane Rousseau, Arturo Brachetti, André Sauvé et Alex Vizorek. La société a été créée en 1983 par Gilbert Rozon.

Whoopi Goldberg se lance dans le business du cannabis

Posté par vincy, le 8 avril 2016

Whoopi Goldberg n'est plus beaucoup présente sur le grand écran, même si elle est très active sur le petit. l'actrice de Sister Act et Ghost revient de temps en temps, en dilettante, au cinéma soit dans son propre rôle, soit en second-rôle anecdotique dans des films qui n'ont pas été vraiment remarqués. A 60 ans, elle ne compte que quelques hits depuis les années 2000, si on excepte ses participations aux films d'naimation: Teenage Mutant Ninja Turtles, Star Trek Nemesis et Rat Race. Mais bon, globalement, la comédienne a disparu de nos écrans radars depuis 20 ans, après 10 ans en haut de l'affiche.

Whoopi Goldberg reste une star à la télévision américaine, notamment en animant The View et en étant invitée dans de nombreuses séries. Mais son nouveau rôle n'a rien à voir avec un écran. Elle se lance avec Maya Elisabeth dans le commerce de produits à base de marijuana, destinés aux femmes.

"Whoopi & Maya" ce sera des crèmes, des teintures, du chocolat au cannabis. Le tout pour soulager les douleurs menstruelles. L'idée est venue à l'actrice à partir de sa propre expérience.

Désormais le cannabis est légalisé dans 23 états et la capitale des Etats Unis. Quatre l'autorise même pour des usages personnels non médicaux. Cela rapporte beaucoup, fiscalement, à ces états, et globalement l'industrie du joint pèse 5,4 milliards de dollars (contre 4,6 milliards en 2014).

Tout le monde s'y met, de Snoop Dogg au fils de Bob Marley (sans rire). Après avoir expliqué comment rouler un bon pétard en direct dans "Watch What Happens Live", Whoopi Golderg lancera sa marque cosméto-thérapeutique en avril en Californie, même si aucune scientifique ne prouve qu'un joint calme la douleur des règles. Mais nul ne doute que sa popularité va faire sa prospérité.

BIFFF 2016 : le cinéma coréen éclatant de vitalité

Posté par kristofy, le 8 avril 2016

Le BIFFF a su comme à son habitude trouver des films de zombies divers et avariés (dans une station de ski en Autriche, en film d'animation à Séoul...), mais, cette année encore, les meilleurs thrillers sont marqués par le savoir-faire et l'excellence de la Corée du Sud.

Les débutants livrent d'ailleurs des films très aboutis et maitrisés. The Deal, premier film de Son Yong-ho qui dans un premier tiers de bobine semble s'inspirer de The Chaser (un tueur en série qui doit révéler l'emplacement des corps de ses victimes aux policiers...) mais dont le sujet se déroule trois ans plus tard : un proche d'une victime entreprend une vengeance contre le tueur qui est en prison (un moyen de le faire sortir et de le kidnapper pour le tuer...), avec une conclusion qui fait débat sur l'application de la peine de mort.

The phone de Kim Bong-joo, également un premier film, joue avec les codes du polar avec une variante de science-fiction : une bizarrerie temporelle où un veuf reçoit un appel téléphonique de sa femme un an après jour pour jour qu'elle soit retrouvée assassinée, il va alors enquêter pour faire en sorte qu'en parlant avec elle au téléphone elle évite d'être tuée un an auparavant...

Voici trois autres films coréens très différents les uns des autres mais avec une même exigence autant visuelle que narrative. Encore une fois on pourrait d'ailleurs se dire que puisqu'il n'y a pas d'équivalent en France et qu'il serait bon de distribuer ces films en salles de cinéma...

Veteran, réalisé par Ryoo Seung-wan : C'est lui le spécialiste du film d'action sud-coréen depuis longtemps avec par exemple No blood no tears, Arahan, Crying first, The Unjust (tous directement en dvd, sauf The city of violence qui a eu une sortie en salles). Un flic aussi habile pour se battre qu'intègre en toutes circonstances va enquêter contre un puissant dirigeant d'entreprise chez qui un syndicaliste aurait été retrouvé 'suicidé'...

Le film est généreux avec deux longues séquences d'ouverture pour en même temps présenter les membres de l'équipe de police et le début de l'intrigue, surtout l'occasion de deux séquences d'action (bagarre contre plusieurs dans un garage, arrestation à plusieurs d'une bande dans un port) à la fois drôles et spectaculaires avant de rentrer dans le vif de l'histoire. Tout à fait le genre de film qui rend jaloux et envieux ceux qui ont œuvré à Taken 3 ou Die Hard 4...

The exclusive : beat the devil's tatoo, réalisé par Roh Deok : Derrière ce titre en anglais improbable il y a une réalisatrice (son deuxième film, à 36 ans), car oui en Corée du Sud il y a des femmes qui dirigent des polars ! Elle confronte deux univers qui font des enquêtes : la police et la télévision. Un reporter se fait virer de sa chaine mais va tout de même voir un témoin qui avait téléphoné pour une info à propos d'un serial-killer. Il revient avec une lettre manuscrite du tueur inconnu qui y confesse ses crimes : le voila de nouveau réembauché avec ce scoop diffusé à l'antenne.

Les policiers qui enquêtaient dans une autre direction veulent en savoir plus sur sa source mais, petit problème, il s'agît d'une méprise qui n'a rien à voir avec l'individu recherché. Trop tard, la machine médiatique et policière est lancée et son erreur devient impossible à révéler tandis que le véritable tueur va continuer ses crimes... Le film est plus centré sur le fonctionnement des médias mais il contient aussi sa part de scène d'action (dont un duel brutal impliquant une troisième personne pendue...). Pour qui a trouvé le temps bien long devant Zodiac ou Spotlight...

Memories of the sword, réalisé par Park Heung-sik : La Corée du Sud, c'est aussi tout un pan de films de sabres en costumes, celui-ci est un peu la réponse coréenne aux voltiges de Tigre et dragon, aux combats du Secret des poignards volants, aux chorégraphies de Yuen Woo-ping dans Kill Bill 1&2, à l'esthétisme de The assassin... Une jeune fille qui n'a pas encore 20 ans mais est déjà experte en arts-martiaux dédie sa vie à venger l'assassinat de ses parents, mais elle ignore des secrets sur ses origines. En même temps se trame un complot politique pour prendre le pouvoir sur le trône...

On y retrouve la star Lee Byung-hun (révélé avec A bittersweet life, Le bon la brute et le cinglé, J'ai rencontré le Diable, puis GI Joe, Terminator genisys...), Jeon Do-yeon (à Cannes dans Secret sunshine, The housemaid...) et la jeune Kim Go-eun (à Cannes l'année dernière avec Coin locker girl) dans des combats virtuoses en suspension ou avec des ralentis. Les décors et costumes sont majestueux, le film est à la fois spectaculaire pour l'action et émouvant dans sa résolution. Tant de somptuosité donne la larme à l’œil...

Charlize Theron met le turbo pour Fast 8

Posté par vincy, le 8 avril 2016

La rumeur est devenue actualité. Charlize Theron, l'une des rares stars hollywoodiennes à avoir briller dans des films d'action (Hancock, Prometheus, Mad Max Fury Road), sera la méchante de fast 8, le 8e épisode de la franchise Fast and Furious.

Avant d'accepter, l'actrice souhaitait que le scénario soit finalisé par Chris Morgan. Le tournage doit commencer cet été pour une sortie prévue dans un an. Vin Diesel, Dwayne Johnson, Tyrese Gibson et Michelle Rodriguez reprendront leurs rôles dans la série. F. Gary Grey (Straight Outta Compton) sera derrière la caméra.

Charlize Theron sera à l'affiche à la fin du mois du Chasseur et la Reine de Glace, toujours avec son personnage de la Reine Ravenna, et devrait monter les marches cannoises avec The Last face, réalisé par Sean Penn. Elle a terminé le tournage de The Coldest City, de David Leitch, avec James McAvoy, et celui de Brain on Fire de Gerard Barrett, avec Chloë Grace Moretz.

Elle devrait ensuite enchaîner avec The Grey Man, que Sony espère décliné en franchise. Le projet a pris du retard puisqu'initialement le scénario était destiné à un homme avant que l'actrice ne se l'approprie et oblige à une réécriture complète du script. Cette adaptation d'une série de livres sera réalisé par les frères Russo.

La franchise Fast and Furious a déjà rapporté 3,9 milliards de dollars dans le monde. Universal a déjà programmé deux autres suites, en 2019 et 2021.

BIFFF 2016 : le cinéma espagnol n’en finit plus de surprendre

Posté par kristofy, le 7 avril 2016

Le BIFFF a su comme à son habitude trouver des pépites de films fantastiques au Brésil ou au Danemark par exemple, mais, cette année encore, le genre est dominé par le savoir-faire et l'excellence de la Corée du Sud et de l'Espagne. En plus de Summer Camp de Alberto Marini (et coproduit par Jaume Balaguero) qui rivalise (en mieux) avec des productions américaines, voici trois autres films espagnols très différents qui rivalisent d'originalité et d'inventivité. On pourrait d'ailleurs se dire que puisqu'il n'y a pas d'équivalent en France, il serait bon de distribuer ces films en salles de cinéma...

Anacleto, agent secret , réalisé par Javier Luiz Caldera : Son film précédent Ghost Graduation était le grand gagnant du BIFFF 2013 avec le doublé idéal Corbeau d’or et Prix du Public, et là encore il est favori pour au moins le Prix du Public avec son mélange action et comédie irrésistible.

Si on devait comparer Javier Luiz Caldera (toujours inconnu en France), il serait un peu comme un mélange des britanniques Matthew Vaughn & Guy Ritchie +Edgar Wright & Simon Pegg...

En guise d’ouverture, on découvre un agent secret âgé mais au smoking irréprochable qui ne peut empêcher l’évasion d’un criminel qu’il avait mis en prison et qui jure de se venger sur ce qui lui est plus cher : son fils. Le fils est un trentenaire malchanceux qui vient d’apprendre que sa fiancée le quitte et qui a toujours cru que son père était fabriquant de saucisses, et qui se retrouve pourchassé désormais par des tueurs : il va découvrir l’activité d’agent secret tout en essayant de re-séduire son ex-fiancée…

On retrouve au générique Imanol Arias, Quim Gutiérrez et surtout Carlos Areces et Alexandra Jiménez qui étaient déjà dans son film précédent. De retour au BIFFF, Javier Luiz Caldera a expliqué : « L’inspiration est venue de la bande-dessinée du même titre qui date d’il y a environ 30 ans, j’en suis fan, c’était une parodie de James Bond avec un humour un peu naïf. On y a mis notre humour à nous d’aujourd’hui, et surtout on a actualisé le personnage en lui donnant un fils qui ne connaît pas les activités de son père »

Le cadavre de Anna Fritz, réalisé par Hector Hernandez Vicens : Une célèbre actrice est retrouvée morte et son corps vient d'arriver à la morgue d'un hôpital... Evidemment, deux potes demandent à leur ami qui y travaille de les laisser voir ce corps qui les faisait fantasmer. Evidemment, ce trio devant ce beau corps nu ne va pas faire que regarder. Evidemment, cette partie de sexe nécrophile improvisée a pour effet de faire se réveiller la star qui n'était pas vraiment morte... Que faire ? Assumer ce type de viol étant impensable, puisque tout le monde la croyait morte, alors autant qu'elle le reste, elle et tous les témoins potentiels...

Le point de départ est une idée macabre, plutôt traitée comme une comédie au début, mais qui tourne vite au thriller claustrophobe et au suspens (forcément à couper au couteau). Le film a fait le tour des festivals (South by Southwest, Neuchâtel, Sitges...) avec à chaque fois le même engouement.

Tout comme au BIFFF qui est tombé sous le charme de l'actrice Alba Ribas : « Jouer une morte qui revient à la vie c’est plutôt particulier comme rôle, durant la préparation j’ai passé un peu de temps avec un médecin spécialiste des sorties de coma. Avec toute l’équipe on a eu 3 semaines de répétition, on a travaillé sur la confiance entre nous puisque il y a quelques scènes de nudité et d’autres de bagarres. La dernière semaine on a fait une répétition du film dans l’ordre chronologique, ce qui aussi aider le réalisateur à clarifier ce qu’il voulait et ce qu’il ne voulait pas. Le film montre surtout une capacité à faire des choses insensées pour sauvegarder l’honneur de sa vie sociale»

Mi gran noche, réalisé par Alex de la Iglésia : On y retrouve plusieurs de ses acteurs fétiches comme Santiago Segura, Hugo Silva, Carlos Areces (extraordinaire déguisé en Russe), Terele Pávez, Mario casas, sa muse et compagne Carolina Bang, et égalementPepón Nieto, vedette du film avec la belle Blanca Suárez. Presque tout le bottin du cinéma espagnol réuni !

On est en octobre 2015 sur le tournage de l’émission spéciale de télévision du nouvel an 2016, et le tournage est long et chaotique. Un vieux chanteur de charme ne supporte pas de passer après un nouveau chanteur à la mode, une danseuse récupère le sperme d’une vedette pour du chantage, un nouveau figurant pour le public est coincé entre son devoir d’aller chercher sa mère et une jolie inconnue pas farouche, les deux animateurs se disputent, les techniciens redoutent d’être sur la liste de qui sera viré, un homme s’est incrusté avec un pistolet pour tuer une star, et à l’extérieur une manifestation dégénère… Bienvenue dans les coulisses d’un plateau de télé version Alex de la Iglésia !

Le point commun de la plupart est le désir de ne plus être figurant de sa propre vie et de faire en sorte que ça change… On est loin de l’extravagance de 800 balles, Balada triste, Les sorcières de Zugarramurdi, c’est plutôt une folle comédie du genre Le crime farpait ou Un jour de chance. A noter que Mi gran noche est en fait co-écrit par Alex de la Iglésia et son complice habituel Jorge Guerricaechevarría (plus de 10 films ensemble, il est aussi scénariste du succès El nino par Daniel Monzon, toujours inédit en France…), et que faute de réactivité côté distributeur français il y a un risque de sortie directe en vod puisque leur dernier film El Bar dont le tournage s'est achevé en février est déjà prêt pour Cannes ou Venise…

Edito: L’avenir, quand on a 17 ans

Posté par redaction, le 7 avril 2016

Quand on a 17 ans, on a l'avenir devant soi. Mais il semble que ce soit plus compliqué à imaginer quand on vieillit, que la mort rode. Etrangement, cette semaine, les fantômes hantent les salles de cinéma. Le deuil est ainsi diversement vécu. Jake Gyllenhaal est prêt à tout démolir, avec une certaine jubilation. Tom Hiddleston cherche vainement un anonymat au milieu de gens qu'il ne connaît pas. Kate Dickie et Paul Higgins se sont isolés dans une forêt, se coupant de tout contact avec le reste du monde. Dakota Johnson fuit le paradis factice d'une villa italienne pour retourner chez sa mère. Le peuple argentin refuse qu'on lui retire le corps de son idole défunte, Evita, prête à être embaumée. Et le spectre de Manoel de Oliveira plane dans un film posthume.

Quand on a 17 ans, que son père meurt, on peut toujours lutter: on ne pense qu'à l'amour, aux sentiments, aux sensations, à ce désir prégnant qui nous donne l'impression d'être invincible, capable de toutes les audaces, d'être comme des lions, de passer des nuits debout, de croire que Demain sera toujours meilleur. Il suffit de faire confiance à la vie. Le cinéma, quand il nous renvoie cette envie folle de vivre par procuration des moments que l'on a pu vivre ou, mieux, que l'on aurait aimé vivre, est alors doté d'une force ensorcelante qui réveille en nous le plaisir pervers qui nous conduit dans une zone floue où réalité et rêve se confondent.

Quand on 17 ans, on peut aimer croire aux fantômes ; et on ne sait pas encore qu'ils existent vraiment quand nos proches sont passés de l'autre côté du Styx. On dérive alors sur son Y. En espérant atteindre l'instant X. Le 7e art joue alors de catalyseur et même, parfois, d'embarcation vers ces limbes virtuelles où les personnages fictifs deviennent comme nos amis. On se prend d'empathie ou de compassion pour ces gens qui souffrent de la perte de leur épouse, soeur, fils, père, icône.

"Et si la mélancolie nous gagne infailliblement lorsque nous sommes au bord des eaux, une autre loi de notre nature impressible fait que, sur les montagnes, nos sentiments s'épurent". Quand on a 17 ans, on devrait lire Honoré de Balzac.

Mimi & Lisa: un film animé et coloré dont l’héroïne est non-voyante

Posté par vincy, le 7 avril 2016

30 jours pour un scénario, 30000 euros par épisode, 3 mois pour le tourner: voilà les six histoires de Mimi & Lisa qui débarquent sur les écrans français ce 6 avril. Le film animé de Katarina Kerekesova n'est pas un film comme les autres. Conseillé à partir de 5 ans, ce moyen métrage de 45 minutes distribué par Cinéma Public Films, spécialisé dans les films d'animation singuliers pour les enfants: " C’est cette finesse d’écriture qui nous a convaincus de distribuer la série Mimi & Lisa. Ce programme ne se contente pas de sensibiliser aux handicaps, il montre aussi à quel point nous nous complétons tous. La tolérance n’est qu’une étape, la fraternité une finalité."

L'histoire: Timide et non-voyante, Mimi perçoit le monde différemment grâce à ses autres sens. Lisa, sa voisine de palier délurée, est toujours prête à provoquer des situations amusantes. Ensemble, elles découvrent les univers de leurs voisins dans lesquels le moindre objet peut devenir le théâtre d’une aventure fantastique, avec l’imagination pour seule frontière.Car pour s’échapper de son environnement morose et enfermé, il faut aller chercher la vie derrière les portes et profiter de l’imagination débordante des enfants. Car c’est bien grâce à eux que béton, escaliers et paliers deviennent terre, collines et forêts. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, la cécité de Mimi ne fait pas d’elle une super-héroïne ; c’est même plutôt l’extravagante Lisa qui entraîne son amie vers des situations extraordinaires. Mais face aux dangers qu’elles inventent, les deux doivent agir de concert, chacune profitant des forces de l’autre.

L'origine: "J’ai commencé à penser à “la fille aux yeux fermés” accidentellement, après avoir lu une chronique sur une école de non-voyants. Les enfants rapportaient à l’écrit la visite d’une exposition de fruits qu’ils avaient le droit de toucher" explique la réalisatrice Katarina Kerekesova. "Et soudain, la petite Mimi est apparue, au milieu de ces enfants. Submergée par les émotions, elle gardait les yeux fermés sans pour autant perdre cette rationalité si particulière chez les enfants non-voyants. (...) Je ne racontais pas d’histoires sur une pauvre petite aveugle ; mon héroïne avait de nombreuses capacités surprenantes. Nous explorions ensemble un monde fantastique, rempli de possibilités. Quelque chose de particulièrement naturel pour l’animation. À cette époque, j’étais réalisatrice de films d’animation pour adultes mais je voulais déjà créer des choses pour les enfants" ajoute-t-elle.

La construction: "Chaque épisode se conclut sur un dialogue entre les filles et leurs parents, avant de se coucher. Comme si l’enfant racontait son rêve avant même d’avoir dormi. C’est une bonne remarque, je n’avais jamais vu les choses de cette manière. La réponse simple est que tout doit rentrer dans l’ordre pour les héroïnes à la fin de chaque épisode. Comme nous n’avons pas de narrateur dans la série, nous devions utiliser Mimi et Lisa pour rendre compte de ce qui s’est passé. Et si elles racontent leurs histoires au lit, avant de dormir, c’est parce que la série a été pensée pour la télévision slovaque comme une histoire légère à regarder avant de se coucher. On espérait que ce genre de fin permettrait aux enfants de sauter dans leur lit et de passer une bonne nuit".

BIFFF 2016 : les fantômes font-ils encore peur ?

Posté par kristofy, le 6 avril 2016

Strange houseS'il y a un endroit où il n’est pas rare de se retrouver face à un fantôme, c’est bien le festival fantastique de Bruxelles, et de manière générale se faire tuer ou revenir d’entre les morts est d’ailleurs un peu la vie du BIFFF…
On attendait donc beaucoup des maîtres asiatiques avec leurs nouveaux films du genre spooky, tout en étant curieux des autres apparitions d'esprits, et finalement la véritable bonne surprise est venue de Pologne.

On a apprécié la belle ambiance étrange avec Sensoria, où une fillette recherche une mère en Suède, la vengeance sanglante d'orgueil adolescent dans Some kind of hate aux Etats-Unis, ou encore l'invocation d'un mauvais esprit qui ne veut plus partir en Russie avec le passable Queen of spades, mais trois films en particulier nous ont marqués :

The strange house, réalisé par Danny Pang : les frères Pang resteront toujours les réalisateurs qui ont secoué Hong-Kong avec leurs premiers films Bangkok Dangerous et The Eye (d’ailleurs ils ont ensuite eu des remakes américains). Danny et Oxyde Pang travaillent ensemble sur leurs films mais depuis quelques années, ils travaillent parfois en solo surr certains projets. La France les a quelque peu oubliés depuis Re-cycle pourtant présenté à Cannes en 2006 alors que depuis il y a eu tout de même le succès chinois Out of inferno 3D (d’ailleurs passé par le BIFFF en 2014, sorti directement en dvd en 2015).

Hélas ce n’est pas avec The strange house que ça va changer : une jeune fille accepte la proposition de se faire passer pour une autre morte qui lui ressemble face à une grand-mère presque mourante, elle va voir des fantômes dans cette autre famille qui semble vouloir la tuer pour un héritage à moins que… Le scénario bancal peine à se redresser avec un twist final, les personnages sont outrageusement mal joués, la musique et les effets sonores essaient de sauver une mise-en-scène guignolesque. On espère que Danny Pang a été plus inspiré pour son film suivant Blind Spot

Ghost theater, réalisé par Hideo Nakata : Même malheureux constat d'oubli pour l’auteur de Ring et Dark water, mais en moins pire. Depuis Chatroom son thriller américain en 2010 ses autres films d’épouvante tournés au Japon (The suicide forest, The complex…) ne sortent plus en France, pas même son remake très réussi de Monsterz que Hideo Nakata était pourtant venu présenté à Deauville en 2014 (et toujours pas disponible non plus en dvd).

Avec Ghost theater il reprend ghost theatre la classique figure de la poupée maléfique, ici elle est sur la scène d’un théâtre comme accessoire d’une grande pièce dont c’est les répétitions et différentes actrices dans le rôles principal vont être troublées par cette poupée qui va faire perdre la vie à différentes personnes de la troupe… Histoire classique sans surprise, le déroulé en images est plutôt lent et ne fait d’ailleurs jamais peur, le film ne laisse aucun souvenir particulier sauf si on en était encore au début des années 2000. Un faux-pas de Hideo Nakata sans conséquences.

Demon, réalisé par Marcin Wrona : Il s’agit du troisième long-métrage de ce Polonais habitués des festivals (ses deux premiers films ont eu de multiples récompenses), son dernier film aussi puisqu’il s’est suicidé à l’automne dernier à 42 ans… Le début de Demon est un peu laborieux avec un jeune-homme qui s’apprête à se marier avec une femme dont il ne connaît pas vraiment la famille, le couple prévoit des travaux dans une ancienne maison et en creusant un trou lui va découvrir un squelette. La cérémonie du mariage commence et elle va durer toute la nuit, et ce sont ces heures de fête pour les uns et de malheurs pour les autres qui occupent alors toute la durée du film : depuis sa macabre découverte le marié ne semble plus être le même, son esprit serait possédé par l’âme d’une fille décédée depuis plusieurs générations…

Marcin Wrona réussit le tour de force de faire plutôt une comédie à partir d’un cas de possession, il utilise la figure d’un dibbouk (l’âme d’une personne morte qui s’attache à un vivant dans la religion juive) peu traitée au cinéma, il fait le portrait de la Pologne d’aujourd’hui tout en évoquant celle d’antan, et surtout son récit est celui d’un mariage où les proches de la mariée (le père qui réprouve cette union, le prétendant éconduit, le prêtre qui veut surtout rentrer chez lui, un médecin qui se cache son alcoolisme…) tentent de sauver les apparences afin que tout se passe bien pour les nombreux invités alors que le marié n’est plus du tout lui-même… Demon est original parce qu’il s’éloigne d’un fantôme qui fait peur aux vivants (et au spectateur) et s'intéresse plutôt aux conséquences dramatiques de son apparition avec en prime un certain humour : une belle surprise.