Berlin 2016 : les bons chiffres du marché du film

Posté par MpM, le 15 février 2016

Au-delà de la qualité des films et du glamour des intervenants, le principal indice de la réussite d'un festival est le dynamisme de son marché, plate-forme professionnelle où se concluent les négociations des droits des films et où se préparent les sélections des festivals à venir.

Cette année, l'EFM (European film market) de Berlin a annoncé de très bons chiffres à mi-parcours, avec notamment plus de 8500 professionnels accrédités et une centaine de pays représentés. Parmi eux, environ 1500 sont des "acheteurs" en quête des perles rares susceptibles de séduire leur marché local. En tout, 1090 projections sont organisées sur les 9 jours que dure le marché, et la moitié concernent des films qui n'ont jamais été présentés sur un marché européen auparavant.

Des prix pour les professionnels

Preuve de la volonté de mettre l'EFM sous les projecteurs, les organisateurs de la Berlinale ont par ailleurs décidé d'y remettre désormais chaque année un prix récompensant un producteur de premier plan. En attendant, Ben Barenholtz, important producteur de films  indépendants américains (Barton Fink des frères Coen, Bruiser de Romero, Requiem for a dream de Darren Aronofsky...) a reçu une Berlinale Camera dans l'enceinte du marché, en présence de Joel et Ethan Coen et du directeur de la Berlinale Dieter Kosslick. La Berlinale Camera récompense des personnalités du cinéma ou des institutions auxquelles le Festival se sent particulièrement redevable en exprimant ses remerciements.

De nombreux autres événements sont organisés dans l'enceinte du marché comme les "Drama Series Days”, qui proposent des tables-rondes, des sessions de pitch (y compris pour des livres et bd en recherche de producteurs cherchant des histoires à adapater, le "Books at Berlinale") et des projections, ou des focus sur le documentaire ou les indépendants américains à Berlin. Enfin, le premier séminaire de production sino-européen qui se tient le 16 février proposera notamment un état des lieux du marché chinois.

Le prix VFF Talent Highlight Pitch Award (10 000 €) a ainsi été remis au projet Tank et son producteur Ukrainien Max Serdiuk. Le prix Arte (6 000 €) a été décerné à Memories from the Cell d’Alvaro Brechner, produit par la société espagnole Tornasol Films. Enfin le prix Eurimages (20 000 €), a été remis à Blind Willow, Sleeping Woman, projet franco-hongrois de Pierre Földes.

En plus d'être un festival très ouvert au public, Berlin affiche ainsi sans ambiguïté  son intention de se doter également d'un marché suffisamment fort et diversifié pour le rendre à terme incontournable. Une stratégie logique pour contrer la frilosité de certains acheteurs qui doivent enchaîner en trois mois Sundance, Berlin, le MIPTV Cannes et le marché du film à Cannes, et qui a des chances de s'avérer payante. Car là comme ailleurs, Berlin a bien compris qu'il n'était plus possible de se reposer sur le passé, et qu'il lui fallait perpétuellement innover pour s'adapter à la demande d'un milieu lui-même en pleine mutation.

Crédit photo : Ali Ghandtschi © Berlinale 2016

Quand séries et diffuseurs font leur show !

Posté par wyzman, le 17 janvier 2016

Cette semaine avait lieu le tout premier Showeb Séries. Organisé par Le Film Français et  Newcast, c'était l'occasion de découvrir en avant-première la line-up de différents distributeurs, producteurs et chaînes de télévision tels que OCS, Studio+, 13ème Rue, Syfy, Arte ou encore TF1. Et pour cette première édition, chacun à leur manière, ils ont mis le paquet.

D'entrée de jeu, OCS en a mis plein les yeux à l'assemblée via des teasers et quelques bandes annonces des séries produites et/ou prochainement diffusées sur le bouquet. Très orienté cinéma et séries télévisées, ce dernier n'a pas lésiné sur les images (pas forcément inédites) de ses hits tels que Game of Thrones ou The Walking Dead. Tout cela avant d'évoquer ses nouvelles acquisitions : Ash vs Evil Dead (produite par Sam Raimi), Blunt Talk (avec Patrick Stewart), Kingdom (avec Nick Jonas) et Mozart In the Jungle (Golden Globe de la Meilleure série comique), avec Gael Garcia Bernal.

Mais il ne fait aucun doute que la nouveauté la plus attendue sera Vinyl. Produite et diffusée par HBO aux Etats-Unis, le show est le nouveau bébé de Terence Winter (Les Sopranos), Martin Scorsese (Le Loup de Wall Sreet) et Mick Jagger. La série raconte les péripéties d'un label musical dans le New York des années 1970. La première saison compte 10 épisodes et Martin Scorsese devrait en réaliser quelques uns (dont le pilote). La série sera lancée le dimanche 14 février sur HBO et visible le lendemain sur OCS.

Du côté des séries françaises, le diffuseur n'est pas à la traîne puisque les séries Les Grands et Irresponsable ont été produites via son label OCS Signature. La première est co-écrite par Benjamin Parent (Ceci n'est pas un film de cow-boys) tandis que la seconde est l'œuvre de Frédéric Rosset. Et il va sans dire qu'après avoir vu les premières images, on ne peut qu'être impatient. De son côté, Studio+ ce n'est pas fait prier au moment de dévoiler les 3 premiers épisodes de sa digital série Brutal. Tournée en 18 jours à Bangkok, la série raconte les combats ultra violents de David Belle (Banlieue 13 : Ultimatum).

Niveau nouveautés, 13ème Rue et Syfy n'ont pas à se plaindre. La première chaîne diffusera la série Dig à partir du 31 janvier. Signée du créateur de Hatufim et Homeland, Dig s'intéresse aux mystérieuses fouilles archéologiques qui ont lieu à Jérusalem. A son bord, Anne Heche (Arthur Newman) et Jason Isaacs (Fury). Sur Syfy, il est possible de retrouver l'unique saison de Heroes Reborn depuis le 5 janvier tandis que The Shannara Chronicles a débuté cette semaine. Cette dernière est adaptée des romans de Terry Brooks et s'avère être un mix réussi entre Le Seigneur des Anneaux (pour les elfes et les nains), Game of Thrones (pour les personnages tués sans remord) et Hunger Games (pour l'héroïne en devenir et le casting rempli de beaux gosses).

Impossible de ne pas évoquer les pépites d'Arte. Le 21 janvier, Wolf Hall fera son apparition sur la chaîne franco-allemande. Sacrée meilleure mini-série aux derniers Golden Globes, elle raconte les péripéties de Thomas Cromwell à la cour d'Henri VIII. Et diffusée le 11 février, Trepalium raconte comment la société fait face à une population composée à 80% de chômeurs !

Enfin, TF1 a pu fanfaronner au moment de dévoiler sa programmation de 2016. Parmi les séries de retour, on trouve sans surprise : Arrow, The Blacklist, Esprits Criminels, The Flash, Gotham, Grey's Anatomy The Originals et The Vampire Diaries. Et question nouveautés, le plein est largement fait  avec Blindspot (avec Jaimie Alexander), Contaiment (de Julie Plec), Legends of Tomorrow (avec Wentworth Miller), Lucifer (avec Tom Ellis), The Player (avec Wesley Snipes) et Supergirl (avec Calista Flockhart) qui rythmeront nos soirées !

L’instant Zappette: Une saison 2 pour Top of the Lake

Posté par wyzman, le 26 juillet 2015

Les fans de séries étrangères peuvent se frotte les mains ! En effet, BBC Two a commandé une deuxième saison de la série événement Top of the Lake. La première saison de ce drame en 6 heures suivait l'enquête de Robin Griffin, après la disparition d'une fillette de douze ans, enceinte de surcroît. Pour rappel, Top of the Lake est diffusée sur BBC Two au Royaume-Uni, Arte en France et Sundance Channel aux Etats-Unis. Si jusque-là, le pitch et l'ambiance de la série sont similaires à Broadchurch, l'une des particularités de Top of the Lake est qu'elle est co-écrite et réalisée par Jane Campion, la réalisatrice de La Leçon de piano et présidente du Festival de Cannes 2014, ainsi que par Gerard Lee, le scénariste de Sweetie et Passionless Moments entre autres. Bien que la série ait eu un succès relatif au Royaume-Uni (2 millions d'accros) et en France (800.000 fans), elle a été acclamée par les critiques. Son interprète principale, Elizabeth Moss, est ainsi repartie avec un Critics' Choice Television Award, un Satellite Award et un Golden Globe de la meilleure actrice dans une mini-série. La série et les scénaristes ont quant à eux étaient nommés aux Emmy Awards, aux Golden Globes et aux SAG Awards.

Bien que Jane Campion ne souhaitait réaliser qu'une seule saison de Top of the Lake, le succès de la série aura eu raison de sa volonté. Espérons dès à présent que malgré ce léger désagrément, la prochaine salve d'épisodes sera aussi bonne que la première. En attendant, nous savons déjà que les nouveaux épisodes ne se dérouleront plus en Nouvelle-Zélande mais entre Sydney et Honk-Kong. Toujours produite par See-Saw Films, déjà à l'origine de Shame et du Discours d'un roi, cette nouvelle saison devrait également compter 6 épisodes d'une heure. Les deux premiers, eux, seront réalisés par Jane Campion herself. Si aucune date de diffusion n'a encore été annoncée, le tournage de la série devrait vraisemblablement débuter au mois de décembre.

Binoche, Luchini et Bruni-Tedeschi dévorés par Bruno Dumont

Posté par geoffroy, le 8 avril 2015

Bruno Dumont prépare son nouveau long métrage, qu'il tournera cet été pour une sortie dans un an (idéalement prêt pour Cannes 2016).

Selon le Film français, Ma Loute (Slack Bay pour l'international), qui sera distribué en France par Memento films, réunira Juliette Binoche, Fabrice Luchini, Valeria Bruni-Tedeschi et Jean-Luc Vincent. Des vedettes en tête d'affiche chez Dumont, ce n'est pas si courant. Pour être précis, hormis Camille Claudel 1915, avec, déjà, Juliette Binoche et Jean-Luc Vincent (respectivement dans les rôles de Camille et Paul Claudel), le réalisateur a toujours préféré des comédiens non-professionnels.

Le film a reçu l'avance sur recettes et bénéficie du soutien d'Arte.

Dumont qualifie son nouveau film de tragi-comédie. En 1910 dans la baie de la Slack sur la côte d’Opale), Ma Loute Bréfort, 18 ans, cueilleur de moules, pêcheur et passeur de la Slack, vit avec sa famille dont tous les membres mâles sont mystérieusement anthropophages. Les Bréfort aiment dévorer le bourgeois lillois et des environs. Les disparitions font sensation sur tout le littoral et les forces de l’ordre dont l’enquête est malmenée par un inspecteur de police quasi dément, Machin, et son adjoint Malfoy. On se croierait dans le P'tit Quinquin, série TV diffusée avec succès l'an dernier sur Arte après avoir été présentée à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes... Les Van Peteghem, une riche et snob famille de Lille, en vacances dans une villa, se mélangent aux petites gens du pays tandis que Ma Loute et sa famille les mangeraient bien. Manque de chance Ma Loute tombe amoureux de la jeune Billie Van Peteghem, ce qui va bouleverser les deux familles, ébranler leurs conventions et leurs mœurs.

Une farce noire, loin des films dramatiques auxquels Dumont nous avait habitués. le cinéaste semble vouloir changer de ton au fil de ses oeuvre

Manoel de Oliveira: hommages d’Arte, Gilles Jacob, Serge Toubiana…

Posté par redaction, le 3 avril 2015

Suite au décès du doyen du cinéma, Manoel de Oliveira, seul cinéaste de notre époque à avoir travaillé quand le 7e art était encore muet, les réactions n'ont par tardé.

La chaîne Arte rendra hommage au réalisateur le jeudi 9 avril en diffusant son dernier court métrage, Le Vieillard du Restelo, projeté en décembre dernier à Lisbonne et l'un de ses derniers films, Singularités d'une jeune fille blonde, adaptation de la nouvelle Une singulière jeune fille blonde du grand auteur portugais Eça de Queiroz.

Gilles Jacob (Festival de Cannes)
Premier à réagir sur Twitter, l'ancien Président du Festival de Cannes, Gilles Jacob qui a lancé une salve de tweets:
"Tristesse.Mon cher Manoel est mort. Manoel de Oliveira avait 106 ans et moi je suis orphelin comme tt le cinéma mondial.C'était un seigneur."
"Passés cent ans, on s'était habitué à l'idée que Manoel ne disparaîtrait jamais. Bien sûr, il y avait l'œuvre mais lui aussi c'était établi."
"Quand un artiste de renommée mondiale incarne à lui seul dans sa discipline l'âme d'un pays, cela donne Pessoa ou Oliveira, et l'on est fier."
"Comme Dreyer ou Bunuel, l'art d'Oliveira tient de l'ascète baroque ce qui chez eux n'était pas contradictoire. En plus, il était malicieux."
"Non ou la vaine gloire de commander" est l'un des films majeurs de Manoel et quel beau titre! Quelle leçon!"

Serge Toubiana (Cinémathèque française)
"Il ne faudrait vraiment pas que l’on se contente de garder en mémoire, à propos de Manoel de Oliveira, qu’il fut le cinéaste en activité le plus âgé de toute l’histoire du cinéma mondial. Ce serait faire un sort injuste à sa mémoire. Car il fut bien plus que cela, un très grand cinéaste, né en 1908 à Porto, sa ville, qu’il a filmée et qu’il aimait, auteur d’une soixantaine de films, courts ou longs, voire très longs – son adaptation du Soulier de satin, d’après Claudel, œuvre magnifique, autant lyrique que plastique, durait 6 heures cinquante.

Manoel de Oliveira, qui vient de nous quitter à l’âge de 106 ans, était, de tous les cinéastes en activité, le seul qui avait connu le temps du muet. Douro, faina fluvial, son premier film, un documentaire lyrique sur Porto, date de 1929. Cette trace du muet, ce souvenir intime de l’époque où le cinéma n’était qu’images, est demeuré vivace et traverse son œuvre, aiguisant son regard, accentuant son acuité formelle et narrative. Manoel de Oliveira était un infatigable conteur d’histoires, qui croyait ferme au cinéma des temps primitifs, à ce temps où la croyance du spectateur se fondait sur un regard candide, seul à même de pouvoir entrer dans l’écran, comprendre les personnages, vivre leurs sentiments, pénétrer dans la profondeur de leur âme. Lorsqu’il parlait de ses films, ou de ceux des cinéastes qu’il admirait, il y avait chez Manoel de Oliveira, cette même candeur, ce goût dans la croyance des sentiments profonds et exacerbés, quelque chose de l’enfance qu’il exprimait, tel un homme sage et malicieux.

Il était un grand ami de la Cinémathèque française, ayant connu Henri Langlois, qui fut le premier à reconnaître son talent et à montrer ses films. L’an dernier, à l’occasion du centenaire du fondateur de la Cinémathèque, Manoel de Oliveira nous avait adressé un message émouvant et clairvoyant, rendant hommage à ce montreur d’ombres qu’était Langlois.
Nous avions accueilli Manoel de Oliveira à plusieurs reprises à la Cinémathèque, en 2008 pour un formidable dialogue avec Antonio Tabucchi, puis en février 2011 pour l’avant-première de L’Etrange affaire Angelica, et organisé la rétrospective de son œuvre en 2012.

La même année, nous avions découvert Gebo et l’ombre, un de ses derniers films, œuvre qui trouvait son inspiration dans les origines mêmes du cinéma et où l’éclairage des personnages et des décors semblait provenir de lanternes magiques, d’un théâtre optique ou de machines à rêves. Image vacillante et tremblante d’un art balbutiant, qui ne sait pas encore qu’il va devenir l’Art du XXe siècle. Manoel de Oliveira était un paradoxe vivant, à la fois cinéaste des origines, des émotions premières, et cinéaste cultivé, raffiné, inspiré par la grande littérature (Claudel, Flaubert, Dostoïevski, Madame de La Fayette, Agustina Bessa-Luis…), auteur de grands films romanesques, comme Le Passé et le Présent (1972) Amour de perdition (1979), Francisca (1981), Non, ou la vaine gloire de commander (1990), La Divine comédie (1991), Val Abraham (1993), La Lettre, son adaptation de La Princesse de Clèves en 1999. Sans oublier le génial Je rentre à la maison, avec Michel Piccoli, ou Belle toujours, avec Bulle Ogier et Michel Piccoli, suite imaginaire de Belle de Jour de Luis Buñuel.

En France, nous avions découvert ses films vers le milieu des années 70 par l’intermédiaire de Paolo Branco, alors exploitant d’une salle de cinéma à Paris, du côté de République. Ensuite, Paolo Branco devint le producteur attitré de Manoel de Oliveira, l’accompagnant durant deux décennies dans son parcours de cinéaste."

Frédérique Bredin (CNC)
"Frédérique Bredin, présidente du CNC, a appris la disparition de Manoel de Oliveira avec une immense tristesse. Elle rend hommage à la mémoire d’un cinéaste dont l’exigence artistique s’était toujours maintenue au plus haut niveau. Il avait souvent travaillé avec des acteurs et actrices français, et tourné en langue française. L’avance sur recettes l’avait accompagné à plusieurs reprises, saluant la beauté de ses scénarios, emprunts de poésie et de nostalgie. Le cinéma mondial perd l’un de ses grands explorateurs."

Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication
"Manoel de Oliveira nous a quittés le 2 avril, à Lisbonne.

Il avait joué dans La chanson de Lisbonne, le premier film parlant tourné au Portugal. Mais c’est bien sûr comme réalisateur que Manoel de Oliveira s’était fait reconnaître dans le monde entier comme l’un des très grands noms du septième art.

Si son œuvre est profondément marquée par la littérature et le théâtre de son pays, Manoel de Oliveira nous a offert aussi une magnifique adaptation, véritable tour de force, du chef-d’œuvre de Claudel, Le Soulier de satin.

C’est encore une adaptation d’un autre grand texte français, Madame Bovary, qui lui vaudra de s’imposer au-delà de son Portugal natal et avec La Lettre inspirée de La princesse de Clèves qu’il décroche le Prix du jury au Festival de Cannes en 1999.

Manoel de Oliveira avait fêté ses 106 ans ; il y a quelques mois. C’était le doyen des cinéastes en activité, un créateur d’une fascinante énergie que le temps semblait impuissant à lasser. Le grand âge fut pour lui celui de la moisson, continuant à récolter les fruits de toute une vie de méditation et de contemplation, une vie vécue en poète."

De 1990 à 2025, une histoire d’amour et ses conséquences par Jia Zhangke

Posté par vincy, le 2 mars 2015

jia zhangke tao zhao

Jia Zhangke, dont le dernier film - A Touch of Sin - avait remporté le prix du scénario au Festival de Cannes en 2013, s'active actuellement sur son nouveau film, Shan He Gu Ren (Mountains May Depart).

Cette coproduction internationale (Chine/Japon/France) est l'histoire d'une bouleversante histoire d’amour dans une Chine bousculée par ses mutations économiques. Le récit se déroule sur différentes périodes, à partir des années 1990.

"Ce sera la première fois que je mettrai en présence dans un même film passé, présent et futur. Les réalités sociales ne seront présentes qu’en arrière-plan, à peine perceptibles, tandis que je mettrai en évidence, au premier plan, ces instants difficiles mais incontournables que tout individu est amené à vivre, quelle que soit l’époque dans laquelle il vit" précise le réalisateur.

Tao Zhao, son épouse et sa muse, y tient le rôle principal. Elle y incarne une femme qui tombe amoureuse de Dong. Le jeune couple se sépare quand Tao décide de se marier à un riche exploitant de mine. Des années plus tard, de nos jours, Dong, sur son lit de mort, la revoit. Elle est divorcée et son fils est parti en Australie. Le film s'achève en 2025, avec ce fils, exilé loin de son pays d'origine dont il ne se souvient pas.

Le film, dont le projet avait été révélé au marché du film cannois l'an dernier, est produit, entre autres, par MK2, Office Kitano et Arte. C'est aussi la première fois que Jia Zhangke tourne à l'extérieur de la Chine.

Marius de Marcel Pagnol à Cannes Classics

Posté par vincy, le 26 février 2015

marius de marcel pagnol

Pour le 120e anniversaire de la naissance de l'écrivain et cinéaste Marcel Pagnol, le Festival de Cannes diffusera la version restaurée de Marius (1931), dans la sélection Cannes Classics. Marius est le premier film de la trilogie qui comprend Fanny (1932) et César (1936), également en cours de restauration. Ces travaux de restauration se dérouleront sous la supervision de Nicolas Pagnol et de Guillaume Schiffmann, chef opérateur des récents films de Michel Hazanavicius.

Marius sortira également en salles dans cette version et sera diffusé sur Arte.

Le travail de restauration a été rendu possible grâce aux aides d'Arte, du CNC, du Fonds culturel franco-américain et de la Cinémathèque française. Par ailleurs, un appel aux dons avait été lancé en décembre dernier. Il manquait 50000€, et finalement CMF-MPC (présidé par le petit-fils Nicolas Pagnol) a récolté 75400€ sur Ulule
.
A terme, les 17 films de Marcel Pagnol devraient connaître la mêle cure de jouvence... Les négatifs de Marius sont tachés, avec des moisissures, des déchirures, des collures endommagées. Fanny n'a jamais été restauré et César est très abimé. C'est la version longue de césar qui bénéficiera de ce travail de restauration. Les négatifs seront aussi numérisés.

Marius est le premier film tiré de l'œuvre théâtrale de Marcel Pagnol. Il fût produit par Paramount et réalisé par Alexander Korda. Premier "grand" film parlant français, son succès fut considérable et "starisa" Raimu, Pierre Fresnay et Charpin.

Sami Bouajila et Chiara Mastroianni dans le premier film de Farid Bentoumi

Posté par vincy, le 30 novembre 2014

sami bouajila chiara mastroianniDemain, le tournage du premier film de Farid Bentoumi, Sam sera lancé. Sami Bouajila, Franck Gastambide (Les Kaïra, Les Gazelles), Chiara Mastroianni et Hélène Vincent composent le casting de cette histoire co-scénarisée par le réalisateur, Noé Debré (Erran) et Gaëlle Macé.

Le film se base sur l'histoire vraie du frère du cinéaste, même si elle a été considérablement remaniée pour les besoins de la fiction: Sam, 43 ans, décide de participer aux JO pour sauver sa société de production de skis de fond. Particularité: il décide de représenter un pays peu habitué aux JO d'hiver, l'Algérie.

Le film est issu du laboratoire emergence, qui, à l'époque, avait un pitch légèrement différent. Produit par Les films Velvet, Fred Bentouami avait été "marrainé" dans l'édition 2014 par Agnès Jaoui. Le film a reçu l'avance sur recettes avant réalisation en juillet dernier. Il a aussi été récompensé du Prix ARTE des Relations internationales 2012 dans le cadre de l'atelier de coproduction du Festival du film de Dubai. Le projet s'intitulait alors You Are Algeria.

Bentoumi déjà réalisé deux courts métrages, Un autre jour sur terre et Brûleurs (plusieurs fois primés dans les festivals). Ancien stagiaire du Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine, il a été metteur en scène de théâtre (Un repas entre amis). On l' a aussi vu en acteur sur le petit écran (Crimes ordinaires), sur le grand écran (Vivantes, Notre univers impitoyables) et sur scène (Molière, Beckett, Brecht, Racine...).

Festival d’Albi: Printemps Tunisien, un regard intime sur une jeunesse rebelle

Posté par cynthia, le 24 novembre 2014

Printemps tunisienPrintemps tunisien a été présenté en avant-première aux Oeillades, le festival du film francophone d'Albi (18-23 novembre). Une fiction poignante sur le destin de quatre tunisiens quelques semaines avant la chute de Ben Ali. Alors que la Tunisie vient d'élire démocratiquement son nouveau parlement et choisit aujourd'hui son nouveau Président, le film arrive à point nommé.

Printemps tunisien se déroule à Tunis durant l'hiver 2010. Trois amis musiciens - Fathi, Moha et Walid - vivent leur difficile jeunesse. Entre note de musique, amours cachés et déception, ces amis de toujours vont se serrer les coudes dans un pays dirigé par la corruption, la peur et les humiliations.

Walid, sorte de Brad Pitt, se voit entrer dans le cercle très fermé d'un système qu'il méprise. Fathi le plus romantique, met tout en œuvre pour obtenir son concours et faire la fierté son grand amour la rebelle et blogueuse Noura. Et enfin Moha noie sa fureur dans l'alcool et les siestes. Ces trois garçons vont se battre pour s'en sortir et se laisser métamorphosés par la rébellion qui leur pend au nez.

"La colère est toujours là"

''Ce n'est pas un film sur la révolution mais elle constitue la toile de fond de parcours individuels traversés par ce basculement politique'' confie Raja Amari lors de son passage au Festival d'Albi. Et pour cause sa réalisatrice, nous dévoile le portrait de trois jeunes dans une Tunisie qui s'embrase. Très loin du film révolutionnaire classique, Raja Amari (Satin rouge, Les secrets) signe un film bouleversant qui sait mêler à la fois l'humour et l'émotion. Elle ne se contente pas de centrer son récit sur le Printemps Arabe qui a changé la Tunisie il y a 4 ans, mais elle dresse à la perfection le portrait d'une jeunesse à la recherche de liberté, de plaisir charnel, de respect et de réussite. On est séduit puis pris à la gorge dans ce tourbillon de soleil, d'amour, de musique et de rébellion.

"Grâce au scénario d’Omar Ladgham, j’ai pu pleinement m’approprier le projet. En effet, c’est par le prisme de l’intime qu’il abordait l’événement. (...) . Et il est précieux de regarder dans le rétroviseur, de rappeler sans dogmatisme ce qu’était la dictature, le régime policier de Ben Ali d’autant que de nombreux problèmes ne sont pas résolus et la colère est toujours là" explique la cinéaste.

Printemps Tunisien sera diffusé sur Arte le 18 décembre prochain en attendant qu'un distributeur cinématographique ouvre les yeux sur ce petit bijou bien épicé.

11 chiffres à retenir sur le Cinéma à la télévision

Posté par vincy, le 4 novembre 2014

publicité canal +plus avatarSelon le CNC, l’offre de cinéma progresse à la télévision. Alors que Canal +, partenaire incontournable du cinéma célèbre ses 30 ans aujourd'hui, le CNC a publié les chiffres de 2013 (Le document dans son intégralité) concernant l’offre de films sur les chaînes nationales françaises gratuites.

Grâce à la TNT, le 7ème art a connu une renaissance sur le petit écran.

3,7 millions de spectateurs en moyenne sur les chaînes nationales (France 2, France 3, TF1, M6). Cette diminution par rapport à 2012 (231 000 spectateurs perdus) touche avant tout les films français. On est surtout très loin de la moyenne des années 2004-2007 (4,8 millions de téléspectateurs). Mais n'empêche pas le cinéma de redevenir une valeur sûre dans un PAF très fragmenté. De plus, les films inédits enregistrent une audience moyenne supérieure aux autres (4,2 millions de téléspectateurs), même si, là aussi, on constate un déclin par rapport aux années 2004-2007 (5,4 millions de téléspectateurs). Quatre films ont dépassé les 8 millions de téléspectateurs en 2013 (tous sur TF1, lire notre actualité du 30 décembre 2013).

+ 15,9%: 2 129 œuvres cinématographiques différentes ont été diffusées contre 1 837 en 2012. Dont 44,6% sur les chaînes nationales publiques (France Télévisions, Arte et LCP-AN) qui ont diffusé 950 œuvres, soit 65 films de plus qu’en 2012. France 3 et France 4 ont cependant réduit leur offre (respectivement de 26 et 9 films). Les chaînes nationales privées gratuites (TF1, qui revient au niveau de 2010 avec 13 films de plus mais reste très loin de 2005 avec 43 films de moins, M6, stable mais très en dessous de son record de 2005 avec une perte de 68 films, et les chaînes privées gratuites de la TNT) ont programmé 1 219 films en 2013 (+227 films par rapport à 2012).

429 films diffusés sur Arte, la fenêtre la plus cinéphile du PAF (et un record historique pour la chaîne). 51 titres de plus en 2013. Double exploit: Arte diffuse des films art et essai et des films du patrimoine, tout en réussissant à fédérer des audiences qui dépassent souvent le million de téléspectateurs. Arte se distingue en diffusant avant tout des films européens (179) et français (123), loin devant des films américains (101). Et contrairement aux préjugés, Arte diffuse majoritairement des films de moins de 10 ans (58,5%) et une grosse partie d'inédits (46,9%).

1 061 œuvres cinématographiques différentes (dont seulement 96 inédits) pour un total de 2 007 diffusions ont trouvé leur place sur les chaînes de la TNT privée gratuite. C'est une hausse de 243 films (+29,7%). En 2008, l'offre ne représentait que 630 films. Notons que certaines de ses chaînes diffusent davantage de films que des chaînes comme France 3 ou M6. D8 (154 films), TMC (153 films), NT1 (151 films, dont 45,7% déjà diffusés en 2012), HD1 (141 films) et W9 (131 films dont 51,1% de films déjà diffusés en 2012) sont ainsi de gros pourvoyeurs de films sur le petit écran, et souvent avec succès . Le cinéma américain est dominant avec 46,1% des films diffusés. Par ailleurs, Gulli, HD1 et NT1 sont celles qui ont proposé le plus de films inédits.

377 films et 1936 diffusions pour Canal +. Une légère hausse (+6 titres) mais elle est trompeuse. En 2006, la chaîne cryptée proposait 462 films! et 2079 diffusions. Parmi les films diffusés 50,9% sont français, 36,1% sont américains, un écart qui s'est réduit de près de 9 points! Autre particularité, Canal + diffuse 97,9% de films de moins de 10 ans et 89,7% d'inédits.

34,7% des films programmés par les chaînes nationales gratuites en 2013 ont déjà diffusés en 2012. En 2006, cette proportion n'était que de 9,6%!

11,4% des films ont été diffusés sur deux ou trois chaînes différentes à quelques mois d’intervalle en 2013. Cette pratique est également en hausse.

12,1% . C'est la part de films inédits programmés sur les chaînes nationales gratuites, soit un total 483 films, le niveau le plus haut de la décennie.

1 963 diffusions en première partie de soirée. Merci la TNT privée gratuite et les chaînes HD.

412. C'est le nombre de films européens diffusés en 2013. C'est un record depuis 2005! 59 films n'étaient ni français, ni européens, ni américains (loin du record de 2010 avec 75 films). Le cinéma français continue de dominer légèrement le cinéma américain avec 845 oeuvres cinématographiques nationales contre 813 venues des USA. L'écart se réduit au fil des années cependant. En 2005, les films français représentaient 49,1% de l'offre (31,2% étaient américains, 16,7% européens). En 2013, les films français n'occupaient que 39,7% des diffusions (38,2% de films américains, 19,4% européens).

58% des films diffusés l'an dernier étaient vieux de plus de 10 ans. Ainsi les films datant de la période 1983-2003 étaient quasiment aussi nombreux que ceux de la période 2003-2003.