La science-fiction fascine. Mais elle se précipite parfois un peu trop vite. Depuis 2001, imaginé en 1968 par Stanley Kubrick, on sait que le futur au cinéma est souvent à côté de la plaque. Et cela se confirme avec quelques films qui imaginaient les années 2010.
En 2012, le monde n'était pas peuplé de zombies et l'humanité ravagée par un virus comme dans Je suis une légende. Ce n'était pas non plus la vision apocalyptique que nous suggérait Mad Max 3. En 2013, Los Angeles n'était pas un lieu d'affrontement entre terroristes et dealers comme dans Scanner Darkly. Que dire de 2015: Back to the Future II s'est complètement planté: le skateboard à suspension magnétique n'existe toujours pas, pas plus que les affiches sous forme d'hologrammes 3D au cinéma ou les chaussures moulant parfaitement le pieds (il faudra juste attendre quelques années). Et puisque Terminator boucle la boucle cette semaine, rappelons-lui que le deuxième volet se déroulait en 1997 avec une apocalypse nucléaire en jeu et que le quatrième, Terminator Renaissance, avait prédit en 2018, la menace d'une annihilation de l'humanité après une guerre avec les robots. (Souvenons-nous que le premier Terminator prenait moins de risque en se passant en 2029, même si on a du mal à croire que, d'ici 10 ans, il y ait des machines aussi évoluées).
Selon le cinéma, en 2019, on aurait du voir trois types de mondes. Aucun des trois n'est survenu.
La route (John Hillcoat, 2009). Sur une terre post-apocalyptique, ravagée par un cataclysme dont l'origine est inconnue, les animaux et les plantes disparaissent, tandis que quelques humains survivent. Dans ce paysage de cendres où règnent le froid et la faim, le plus grand danger est le cannibalisme. Un homme et son jeune fils veulent rejoindre la mer en direction du Sud. Mais sur ces routes désolées où la barbarie a repris ses droits, il faut trouver un espoir de survie.
The Island (Michael Bay, 2005). Lincoln Six-Echo et sa camarade Jordan Two-Delta font partie des centaines de Produits d'une immense colonie souterraine où la vie est étroitement surveillée et régie par des codes très stricts. Le seul espoir d'échapper à cet univers stérile est d'être sélectionné pour un transfert sur "l'Île". A en croire les dirigeants de la colonie, l'Île serait le dernier territoire à avoir échappé à la catastrophe écologique qui ravagea notre planète quelques années auparavant et en rendit l'atmosphère à jamais irrespirable...
Blade Runner (Ridley Scott, 1982). L'histoire se déroule en novembre 2019, à Los Angeles. La quasi-totalité de la faune a disparu. La population est encouragée à émigrer vers les colonies situées sur d'autres planètes. Les animaux sont artificiels et il existe également des androïdes, des robots à l'apparence humaine appelés « réplicants », fabriqués par la seule Tyrell Corporation. Ceux-ci sont plus ou moins considérés comme des esclaves modernes, qui sont utilisés pour les travaux pénibles ou dangereux, dans les forces armées ou comme objets de plaisir. Ils sont créés à partir de l'ADN humain mais ne sont ni des clones, ni des robots. Après une révolte sanglante et inexpliquée des réplicants dans une colonie martienne, ils sont interdits sur Terre. Mais les androïdes les plus modernes sont difficiles à distinguer des humains.
Il reste quelques films qui ne prennent pas de risque. Alien (2122), Avatar (2154), Matrix(2199), Le Cinquième élément (2263), Star Trek (2387° ou encore Wall-E (2805) peuvent se tromper: on ne sera pas là pour le voir. Si ça se trouve la terre de Wall-E sera déjà au programme à la fin du siècle. Et pour l'instant aucune technologie actuelle ne permet des voyages intersidéraux.
Ce qui nous fait douter de la plausibilité d'Interstellar (2070) ou d'Ad Astra ("dans un futur proche"). Et ne parlons pas de Seul sur Mars (2035) et Total Recall (2048) alors qu'on n'a que Curiosity pour faire des selfies sur la planète Mars. Et bien sûr, on a tout autant de mal à croire aux péripéties de Blade Runner 2049.
En revanche, Her, qui se passe en 2025, n'est plus très loin de la réalité. Tout comme Minority Report (2054) et sa société de surveillance (pardon vigilance), ses journaux sur papiers numériques, sa reconnaissance faciale ou ses voitures autonomes. Il est même possible que les technologies de ces deux films soient dans notre quotidien avant l'époque de leur récit.
On sera moins dupe avec les innovations de Gemini Man ou de Looper (2044-2074) qui font coexister le héros avec leur clone ou l'homme qu'il va devenir. Idem pour Source code, dans une époque relativement contemporaine avec une technique de physique quantique et de réalité parallèle.
Reste I, Robot. Le film est censé se dérouler en 2035. Dans 16 ans donc. Le cadre urbain est réaliste. Des robots sont intégrés à notre vie quotidienne mais un incident révèle que ces machines peuvent prendre le pouvoir sur terre. On n'en est certainement pas là. Mais les humanoïdes imaginés sont assez frappant de ressemblance avec ceux que divers laboratoires fabriquent aujourd'hui, dans le même but: assister l'humanité dans ses routines.
On peut malgré tout s'inquiéter. Dès le XIXe siècle Jules Verne avait pressenti qu'on irait sous les mers et sur la lune. Orwell, en 1949, imaginait pour 1984 un monde totalitaire, sans liberté d'expression n’existe plus, où nos pensées sont minutieusement surveillées, le tout avec un slogan terrifiant: Big Brother is watching you. 35 ans plus tard, on s'en approche. Ce n'est parfois qu'une question de génération, mais la science-fiction a parfois préfiguré la réalité.
Le futur n'est pas si loin, finalement. Même s'il nous appartient encore (un peu).
En passant de cinq à dix nommés, l'Oscar du meilleur film s'expose à deux problèmes. D'abord cela va réduire l'impact de la sélection. Dix films "qualifiés" de meilleur ? Seuls ceux bénéficiant d'un gros nombre de nominations en tireront profit. Pour le marketing de chacun, la présence de la statuette sur les affiches n'aura plus l'intérêt valorisant pour sédurie le spectateur hésitant. Ensuite, cela va affaiblir l'oscar du meilleur film. Avec dix films, le vote sera éclaté et le gagnant poura très bien être élu avec peu de voix, et en tout rarement avec la majorité.
Les organisateurs espèrent surtout éviter la déconvenue de voir le sixième film nominé complètement recalé. Cette année, on murmure que Batman, Le chevalier noir a ainsi manqué de peu de voix son entrée dans les cinq favoris. Cela devrait aussi acccroître le suspens et ouvrir la catégorie à des films plus populaires, des comédies ou des blockbusters de qualité. Mais ils espèrent aussi voir arriver des documentaires, des films en langues étrangères et des films d'animation, comme Wall-E, un des favoris de l'an dernier. Au final, les Oscars espèrent en fait accroître l'audience télévisée de la cérémonie.
Selon le communiqué de l'Académie, "pendant plus d'une décennie, dans les années 1930 et 1940, plus de cinq films étaient sélectionnés pour la récompense du meilleur film, et ils ont été dix pendant neuf ans au cours de cette période."
Parmi la multitude de prix remis en janvier et février aux Etats-Unis, les Annie Awards, les oscars de l'animation, commencent à prendre de l'envergure. Sans doute parce que cette 36e édition correspond à deux réalités : Disney n'a plus le monopole du genre, au contraire. DreamWorks bat le studio au Box Office et les productions de la Fox, Sony, Warner ainsi que de nombreux films étrangers sont devenus des références dans le domaine. Autre facteur : le box office, justement. Les films d'animation ne sont plus seulement réservés aux enfants et deviennent des blockbusters comme les autres. Quatre dessins animés se sont classés dans le Top 15 mondial en 2008. Dont Kung-Fu Panda, sur le podium, en médaille de bronze avec 631 millions de $.
Et c'est d'ailleurs ce dessin animé présenté au Festival de Cannes hors compétition l'an dernier, qui a été le gagnant des Annie Awards. Surprise réelle. Objectivement parce que Wall-E est cité parmi les meilleurs films de l'année, tous genres confondus, jusqu'à obtenir plusieurs nominations aux Oscars, y compris dans la catégorie scénario original. Une amère ironie puisque Wall-E a été nommé dans la plupart des catégories des Annie Awards, sauf celle du scénario!
Subjectivement parce que Kung-Fu Panda, bluffant visuellement, est assez faible scénaristiquement.
Pourtant ce Panda a quasiment tout raflé, et tant pis pour Volt, Wall-E, Horton ou encore Madagascar 2 : meilleur film animé, meilleure réalisation, meilleur jeu vidéo adapté d'un dessin animé, meilleurs effets animés, meilleure animation des personnages (la séquence du rêve), meilleur dessin de personnage (le français Nicolas Marlet), meilleure musique, meilleure direction artistique, meilleur scénario, meilleur storyboard
Dustin Hoffman, incarnant Shifu, a reçu l'immense honneur d'être récompensé pour sa performance vocale.
Notons aussi le prix pour le français, venant de l'Ecole des Gobelins, Pierre Perifel, qui a récolté le prix de la meilleure animation pour un format court ou une production télévisée. Secrets of the Furious Five est un court qui accompagne Kung-Fu Panda. Perfiel, d'ailleurs, a travaillé sur le long métrage, et les deux suivants de DreamWorks. Nicolas Marlet a aussi reçu le prix du meilleur dessin de personnage dans cette catégorie.
Cela veut dire 11 prix (une razzia sans concession) pour le long métrage et 4 pour le court métrage qui lui est attaché.
Par ailleurs, Wallace & Gromit : A Matter of Loaf and Death signe son grand retour, battant au passage, dans sa catégorie court métrage animé, un film issu de Walt Disney, un autre de Pixar et un de Bill Plympton. Une bérézina...
Ceci dit John Lasseter (Pixar), Nick Park (Aardman) et Mike Judge ont reçu des prix honorifiques.
Après les producteurs, les réalisateurs et les acteurs, c'est au tour des auteurs d'avoir récompensé le film de Danny Boyle, Slumdog Millionaire, dans la catégorie meilleure adaptation - Milk, de Gus Van Sant a reçu le prix de la Guide des scénaristes américains pour son scénario original. Autant dire qu'il a eu 100% des votes de chaque caste hollywoodienne et que l'événement est rare. L'an dernier, pareille belle aventure était survenue à No Country for Old Men ; et même Le seigneurs des anneaux en 2003 n'avait pas fait aussi bien (manquant le prix du scénario). Cela signifie aussi que Slumdog Millionaire est désormais en position de favori pour les Oscars. Ce n'est plus un outsider. Cela va contraindre le duo Warner / Paramount a faire un lobbying intense en faveur de Benjamin Button, pourtant leader en nominations.
Le problème est que Benjamin Button, beau succès en salles aux Etats-Unis, est en train de se faire rattraper par Slumdog Millionaire aux Box office. La popularité n'est donc plus son atout unique. L'autre souci réside dans la faiblesse de son palmarès : trois British Awards (maquillage, décor, effets visuels), deux prix du Bureau national des Critiques (meilleur réalisateur, meilleur scénario) et rien d'autres. les critiques plus influents de New York, Chicago et Los Angeles l'ont snobbé; les guildes ont considéré que les nominations suffisaient; les Golden globes l'ont zappé...
Même Crash (Collision) qui avait doublé sur la ligne finale Brokeback Mountain pour empocher l'Oscar du meilleur film, avait eu des reconnaissances mineures plus importantes. On voit mal Benjamin Button inverser la tendance en une semaine (les votes pour les Oscars sont terminés le 17 février).
Les jeux seraient-ils faits? Les British Awards n'ont pas hésité. Remis samedi 7 février, ils ont récompensé Slumdog Millionaire (meilleur film, réalisateur et scénario adapté), Kate Winslet (meilleure actrice), Mickey Rourke (meilleur acteur), Heath Ledger et Pénélope Cruz (meilleurs seconds rôles). Sensiblement, les vainqueurs pressentis si l'on en croit les professionnels, les bookmakers et les prix donnés ces dernières semaines.
Slumdog a aussi reçu des prix dans des catégories techniques : photo, montage, son, musique... Un triomphe pour Danny Boyle, douze ans après Trainspotting.
Les britanniques ont aussi récompensé Il y a longtemps que je t'aime (film étranger), Wall-E (film animé), Man on a Wire (film documentaire), Noel Clarke (espoir), Steve McQueen (nouveau talent pour son film The Hunger), et Wallace & Gromit (court animé).
Année faste pour le studio Pixar, pionnier du cartoon 3D, récemment acquis par Walt Disney. Ed Catmull, ingénieur informatique, co-fondateur de Pixar, Président de Walt Disney & Pixar Animation Studios recevra un prix spécial lors de la prochaine cérémonie des Oscars. Le Gordon E. Sawyer Award lui sera remis pour "sescontributions techniques et son leadership dans le domaine du graphisme informatique pour l'industrie du cinéma." Créateur de trois centres de recherche (New York Institute of Technology, le département informatique de Lucasfilm et Pixar Animation Studio) a fait de lui un lien essentiel entre la science et l'art. Depuis 1981, le Gordon E. Sawyer Award récompense les personnalités dont les contributions technologiques ont fait avancer le cinéma. Un français l'a déjà reçu, Pierre Angénieux, en 1990.
En septembre, ce sera au tour de John Lasseter de recevoir une très belle récompense, un Lion d'or pour l'ensemble de son oeuvre, au festival de Venise. Désormais consultant spécial et chef de la création chez Walt Disney & Pixar Animations Studios, il a piloté tous les récents succès en 3D, de Ratatouille à Volt, qui sort le 4 février en France. Il a réussit à laisser une empreinte reconnaissable dans chacun de ses films, mélangeant émotion, affection et dérision. Pour le directeur artistique du Festival, Marco Mueller, il est au point de rencontre "entre l'avant-garde artistique, technologique et formelle et le blockbuster." "Il n'a pas seulement contribuer à amener l'animation à de nouveaux sommets (...) il est aussi devenu un des symboles les plus précieux, vitaux, inventifs du grand cinéma traditionnel hollywoodien."
Il est la deuxième personnalité du monde de l'animation à recevoir ce prix si prestigieux, après son ami Hayao Miyazaki, en 2005.
L'an dernier, WALL-E a été considéré comme l'un des meilleurs films de 2008, tous genres confondus, et devrait, facilement, ramener le 4e Oscar du meilleur film d'animation le 22 février prochain. Le studio avait aussi raflé deux Oscars dans la catégorie meilleur court métrage d'animation.
photo : Ed Catmull à droite, John Lasseter à gauche
Les Guildes professionnelles remettaient leurx prix ce week end. Très bon indice de prévision dans la course aux Oscars, c'est, contre toute attente il y a encore deux mois, le film de Danny Boyle, qui a récolté le gros lot. Les producteurs ont décrété Slumdog Millionaire film de l'année, au côté de Wall-E (animation) et Man on Wire (documentaire).
De manière plus surprenante, la guilde des acteurs a élu le casting de Slumdog "meilleur ensemble de l'année". Le plus puissante des guildes annonce ainsi son favori pour l'Oscar du meilleur film. Sean Penn (Harvey Milk), Meryl Streep (Doute), Heath Ledger (Batman The Dark Knight) et Kate Winslet (Le liseur) ont été choisis dans leur catégorie respective (acteur, actrice, seconds rôles masculin et féminin).
Les réalisateurs se décideront samedi prochain. En pleine cession de votes pour les Oscars, le "petit" Slumdog aura bien besoin de toutes ces récompenses pour lutter contre le "Goliath" Benjamin Button...
Bien plus que les Golden Globes, les guildes professionnelles reflètent davantage les futures nominations aux Oscars.
Ainsi, la Guilde des producteurs (PGA) ont choisi cinq films très divers, dont deux indépendants. L'étrange affaire de Benjamin Button, Frost/Nixon l'heure de vérité, Batman The Dark Knight, Milk et Slumdog Millionaire partent ainsi favoris pour la catégorie du meilleur film aux Oscars. Man on Wire, Standard Operating Procedure et Trouble the Water concourrent pour le prix du meilleur documentaire. Volt, Kung-Fu Panda et Wall-E ont été retenus dans la catégorie film d'animation. Man on Wire et Wall-E, sélectionnés dans tous les palmarès depuis un mois, paraissent déjà vainqueurs.
La Guilde des réalisateurs (DGA) a surpris tout le monde en nommant les cinéastes de l'année. En effet, ils ont cité les même films que les producteurs en honorant David Fincher (Benjamin Button), Ron Howard (Frost / Nixon), Christopher Nolan (Batman), Gus Van Sant (Milk) et Danny Boyle (Slumdog). L'affaire semble plier pour les Oscars...
La Guilde des scénaristes (WGA) a aussi reconnu la valeur de ces cinq films, mais avec deux catégories, s'est offert un choix plus large. Burn after Reading, Milk, Vicky Cristina Barcelona, The Visitor et The Wrestler sont en compétition pour le scénario original. L'étrange affaire de Benjamin Button, Batman The Dark Knight, Doute, Frost / Nixon et Slumdog Millionaire se livrent bataille pour la meilleure adaptation. Côté documentaires, on retrouve Boogie Man : The Lee Atwater Story, Chicago 10, Fuel, Gonzo : The Life and Work of Dr. Thompson et le dessin animé présenté à Cannes, Valse avec Bashir.
Mais c'est la plus puissante des Guildes, celle des acteurs (SAG) qui est scrutée de près. D'une part, parce qu'elle pèse plus que les autres dans le collège des électeurs des Oscars et aussi, parce qu'elle menace de grève tout le système.
Dans la catégorie acteur, sont cités Richard Jenkins (The Visitor), Frank Langella (Frost / Nixon), Sean Penn (Milk), Brad Pitt (L'étrange affaire de Benjamin Button) et Mickey Rourke (The Wrestler).
Dans la catégorie actrice, sont nommées Anne Hathaway (Rachel Getting Married), Angelina Jolie (L'échange), Melissa Leo (Frozen River), Meryl Streep (Doute) et Kate Winslet (Les noces rebelles).
Pour le meilleur second rôle masculin, Josh Brolin (Milk), Robert Downey Jr. (Tonnerre sous les tropiques), Philip Seymour Hoffman (Doute), Heath Ledger (Batman) et Dev Patel (Slumdog) se disputent le prix.
Concernant le meilleur second rôle féminin, Amy Adams et Viola Davis (Doute), Penelope Cruz (Vicky Cristina Barcelona), Taraji P. Henson (L'étrange affaire de Benjamin Button) et Kate Winslet (La liseuse) sont en lice.
Enfin, la Guilde récompense aussi un casting dans son ensemble (cohérence et qualité). Ont été retenus : Doute, Frost/Nixon, Milk, Slumdog Millionaire et L'étrange affaire de Benjamin Button. Pour les cascadeurs, la Guilde a choisi ceux de Batman The Dark Knight, Hellboy II, Indiana Jones IV, Iron Man et Wanted.
Au 30 décembre 2008, 51 films avaient cumulé plus de 100 millions de $ de recettes dans le monde, dont quatre films étrangers. Cette preuve de la suprématie américaine dans la diffusion audiovisuelle mériterait davantage que des discours politiques stériles ou des mesurettes fiscales intraeuropéennes. Hollywood se flatte d'avoir récolté 9,9 milliards de $ en salles, simplement sur les marchés internationaux (c'est à dire hors Amérique du nord) : un record. De fait, une très large majorité de films rapportent plus de 60% de leurs recettes à l'exportation.
Parmi les statistiques idiotes, on note onze suites, deux remakes, six dessins animés, et seulement dix sept film ayant rapporté davantage en Amérique du Nord qu'à l'étranger.
Parmi les quatre films "barbares" qui osent truster les meilleures places du box office, il y a évidemment Bienvenue chez les Ch'tis. Avec 228 millions de $ à date (le film a aussi cartonné en Belgique, en Allemagne et en Italie), le film est 20e, entre Max la Menace et Jumper. Ensuite, il y a le japonais Ponyo sur la falaise, pas encore sorti en salles en dehors du Japon et de l'Asie, 28e avec ses 169 millions de $. Astérix aux jeux Olympiques a quand même encaissé 131 millions de $ (40e). Dernier film étranger, le chinois John Woo et son épopée historique Red Cliff, pas encore sortie en dehors de l'Asie, ayant déjà empoché 118 millions de $ (43e).
D'ici la fin du mois de janvier, une dizaine de films, dont Twilight, sorti durant le fêtes devrait rejoindre cette liste, qui ne comprend pas les films bollywoodiens.
Aux USA, Wall-E emporte clairement la première place des dessins animés les plus vus (et les plus appréciés) de l'année. Pourtant, et le symbole n'est pas mineur, Disney n'est plus le leader mondial du genre cette année. DreamWorks lui a volé la place depuis quelques années.
Au niveau mondial, Kung-Fu Panda est le troisième film le plus vu de l'année (632 millions de $ de recettes), derrière Batman et Indiana Jones. Wall-E est deuxième (507 millions de $) et Madagascar 2, autre cartoon DreamWorks, troisième (460 millions de $). Mais la carrière de celui-c est loin d'être finie et le film devrait battre le robot de Pixar au finish. En France, Madagascar 2 a même réussi l'exploit d'être le film américain le plus populaire de l'année, devant Indiana Jones et James Bond, et le dessin animé le plus vu, devant Kung-Fu Panda et Wall-E. Clairement DreamWorks est devenu roi dans le genre, onze ans après leur premier long métrage (en 2D).
L'année 2008 aura été particulièrement profitable pour le secteur : on dénombre plusieurs blockbusters internationaux. Horton (297 millions de $, Fox), Ponyo sur la falaise (168 millions de $ seulement en Asie), Bolt (140 millions de $ sur quelques territoires, Disney) ou Les Chimpanzés de l'Espace (64 millions de $, Fox). En France, en revanche, aucune production locale n'a attiré plus de 500 000 spectateurs, laissant l'animation aux mains des distributeurs hollywoodiens.
Disney n'est plus roi en son royaume depuis 2004
De plus en plus, le marché international se concentre autour des productions de DreamWorks, Disney et la Fox. Miyazaki (distribué par Disney de toute façon) reste l'exception qui confirme la règle...Si au début des années 2000, Warner, Paramount et Sony essayèrent de s'imposer dans le genre, ils ne réussirent jamais à déloger le triumvirat, ni à atteindre leurs chiffres au box office international. Jusqu'en 2003, Disney règnait sans partage, ou presque. Shrek menaçait déjà en 2001 le dessin animé maison, Monstres et cie. En 2002, L'âge de glace (Fox) triomphait de tous mais Disney, avec trois films danimation restait le maître en son royaume. En 2003, Disney continuait son emprise sur les publics du monde entier avec Nemo et deux autres cartoons. Mais depuis 2004, Disney a un genou à terre. L'ogre Shrek a tout dévoré. Ainsi, en 2004, 2005 et 2007, et donc en 2008, Dreamworks devient le n°1 du film d'animation. En 2006, la suite de L'Age de glace, dessin animé le plus vu cette année là, permet à la Fox de devenir le champion de l'animation. Depuis Nemo, e fait, Disney n'a jamais trouvé la parade pour reconquérir sa pôle position dans le secter. Toujours 2e, côté films comme côté distributeurs.
Ecran Noir revient, auteur par auteur, à ses coups de coeur de l’année passée… (le classement est ici par ordre chronologique des sorties)
2008 aura marqué les cinéphiles par une certaine vitalité, mélangeant de plus en plus les codes et les genres, se régénérant dans un désir de cinéma plus audacieux. Le 7e art est toujours porté par ce subtil équilibre où, dans un bilan, la force intense du cinéma israëlien coexiste avec la suprématie au box office d'un groupe comme Pathé.
Ecran Noir a donc défendu L'échange comme Louise Michel, descendu Disco comme Sex & the City le film. Les top 5 de nos auteurs se suivent, se ressemblent parfois. J'aurais aussi placé Into the Wild, Le bon la brute et le cinglé, Il Divo, Batman the Dark Knight, Un conte de Noël et Vicky Cristina Barcelona tant ces films m'ont procuré un immense plaisir de spectateur. A ce titre, le plus désopilant sera venu de Norvège avec La nouvelle vie de Monsieur Horten. Mais j'ai préféré opter pour cinq films significatifs, c'est-à-dire qui donnent un sens au cinéma, une voie pour sa propre vie, quand on est simple spectateur...
1. There Will be Blood. Une fresque où la foi et le fric coulent dans les veines d'une oeuvre fiévreuse et tragique. Sa folie puise ainsi dans les deux mamelles d'une Amérique viscéralement violente mais aussi capable de se réinventer, jusque dans son cinéma dit "académique". Paul Thomas Anderson signe là un film magistral, décryptant les maux d'un monde obsessionnel.
1. Wall-E. Dans cette fable écologique, anti-consumériste et romantique, Pixar raconte, en se moquant de notre civilisation, une histoire d'amour universelle qui touche les plus insensibles. Surtout, la grâce de la mise en scène et l'enchantement du scénario déclenchent un attachement imprévisible pour une fiction complètement irréaliste. Nous n'avions pas ressenti cette émotion enfantine et naïve depuis E.T.
3. Be Happy. Dans ce monde chaotique, en pleine crise économique, en pleine déperdition humaine, cette comédie dramatique de Mike Leigh a réchauffé les coeurs et agrandit les sourires. Avec un personnage qui pratique la "positive attitude" sans se forcer, juste parce que "la vie est belle", on renoue aussi avec cette envie de croire en un monde plus solidaire, et pas forcément dévoré par les crédits et la cupidité.
4. Entre les murs. Si le film fait débat, tant mieux. Si le professeur/auteur/acteur agace, ça fait partie du je(u). Ca veut dire que le cadavre bouge encore. Dans notre société amorphe, où les idées sont massacrées par la télé, les réformes manipulées par les paroles, il est sain de voir qu'un film peut encore secouer les préjugés. Celui-ci est alerte, vif, intelligent, ancré dans son temps, loin d'être manichéen, et même divertissant. Jusque là tout va bien, mais on sait que la haine n'est pas loin.
5. The Visitor. A l'image de son personnage central, il est arrivé discrètement et frappe les esprits aussi fortement qu'on joue du djembé. Ce conte de l'amitié ordinaire est la parabole parfaite de ce qui est arrivé cette année : une Amérique intellectuelle, WASP, endormie, aveugle même, s'est réveillée, a tissé des liens avec les jeunes et les autres ethnies, et s'est révoltée en votant Obama. Ici, pas de miracle, et c'est ce qui est bien, mais un sursaut civique qui rend ce film généreux.
Bonus : vu en 2007, véritable coup de coeur, sorti en 2008. Juno. La chronique douce amère et drôle sur cette jeune fille mère a ensoleillé l'hiver dernier. Une écriture subtile qui fait l'éloge de la curiosité, de la responsabilité et d'une certaine crudité ont fait de ce "combat" contre les idées préconçues, déjouant la normalité attendue, et ainsi la moralité si conventionnelle.
Le film le plus attendu de 2009 : Los abrazos rotos (Les étreintes brisées), soit le nouveau film de Pedro Almodovar. Une oeuvre dédiée au cinéma, à la mort, à la renaissance, où la confession se confond avec l'intimité. Avec Pénélope Cruz, en blonde.