Le festival Cinespana fait appel au financement participatif pour survivre

Posté par MpM, le 1 juillet 2016

C'est le plus important festival de cinéma espagnol d'Europe (en dehors d'Espagne) avec plus de 120 films projetés chaque année depuis 1996. Or Cinespana, dont la 21e édition est prévue à Toulouse du 30 septembre au 9 octobre prochain, est menacé par une baisse drastique de ses subventions. "Ces dernières années, nos subventions ont diminué de façon conséquente et la baisse de budget est à chaque édition plus grave. A tel point que l’existence du festival est remise en cause", expliquent les organisateurs.

Pour l'édition 2016, c'est en effet à une baisse de 30 000 euros que doit faire face la manifestation. D'où l'idée de faire appel au financement participatif. "Nous avons réussi à réaliser 10 000 euros d'économies mais nous avons atteint un seuil et il nous faut encore rassembler 20 000 euros. En attendant de trouver de nouveaux mécènes pour 2017, nous avons besoin de votre soutien", écrivent les organisateurs sur le site de la campagne.

Il s'agit donc de récolter 20 000 euros d'ici le 13 juillet, afin d'assurer notamment le financement du sous-titrage et des frais d'invitations de cinéastes espagnols venus présenter leur film. Parmi les contreparties proposées, on retrouve bien évidemment des places lors du festival 2016, mais aussi des bons pour des assiettes de tapas, un livre de photos ou encore un apéro-rencontre avec un invité. A mi-parcours, environ 25% de la somme nécessaire avait été récoltée.

Amoureux de l'Espagne, cinéphiles ou simples spectateurs, oncompte sur vous pour sauvegarder cet incontournable rendez-vous toulousain qui attire chaque année environ 28 000 spectateurs !

Le festival Différent ! rend hommage à Ricardo Darin

Posté par MpM, le 22 juin 2016

L'acteur argentin Ricardo Darin (Les nouveaux sauvages, Dans ses yeux, Les neuf reines...) a enflammé le festival Différent ! lors de l'hommage qui lui était consacré lundi 20 juin dans un Majestic Passy plein à craquer. Il était de passage à Paris pour présenter son nouveau film Truman, grand succès du cinéma espagnol 2015, en présence du réalisateur Cesc Gay et de son partenaire à l'écran Javier Camara.

L'acteur, visiblement ému par le très joli discours de Laura del Sol, la présidente d'Espagnolas en Paris, l'association qui organise l'événement, a confirmé sa réputation de modestie et de simplicité en déclarant qu'il ne méritait pas la distinction offerte par le festival. Il s'est ensuite rapidement effacé au profit de  Cesc Gay et Javier Camara afin de ne pas voler la vedette au film dont il a précisé qu'il avait été fait "avec beaucoup d'amour" mais que cet amour leur avait été rendu "au centuple".

"Faire des films, c'est un peu comme avoir des enfants qui partent de la maison et qu'on ne voit pas pendant un certain temps", a confié Cesc Gay. "Là c'est un peu comme si je me retrouvais avec mon fils, ce soir ! Ceux qui ont des enfants me comprendront..."

Javier Camara a quant à lui séduit l'assistance en s'exprimant en français. Il a souligné à quel point Truman est un film intime et a avoué que son rôle s'était résumé à regarder Ricardo Darin jouer. "J'ai fait un travail très simple parce que lui a fait tout le travail" a-t-il conclu avec humour.

Truman (qui a reçu cinq Goyas, les équivalents des César) raconte la visite que rend Tomas (Camara) à son ami Julian (Darin), atteint d'un cancer. Entre complicité et désarroi, humour et nostalgie, les deux hommes échangent sur la vie et la mort et retissent avec simplicité des liens qui s'étaient un peu relâchés.

Oscillant entre situations cocasses et passages plus dramatiques, le film joue à fond la carte du Buddy movie et offre une partition de choix à son duo d'acteurs. Ricardo Darin est impeccable en personnage manipulateur et cabotin qui n’a plus rien à perdre tandis que Javier Camara joue avec gourmandise les faire-valoirs un peu dépassés. A découvrir sur les écrans français à partir du 6 juillet.

Crédit photo : Espagnolas en Paris

Psiconautas d’Alberto Vazquez et Pedro Rivero secoue le festival Différent !

Posté par MpM, le 21 juin 2016

psiconautas

On aurait pu craindre qu'avec les années (c'est déjà la 9e édition), le festival Différent ! délaisse un peu sa quête de cet "autre cinéma espagnol" méconnu en France pour se tourner vers des films et des auteurs plus installés. Il n'en est pourtant rien, tant cette fenêtre ouverte sur la production ibérique continue année après année de proposer avant tout des œuvres fortes, qu'elles soient confidentielles ou plus incontournables dans le panorama cinématographique contemporain.

C'est pourquoi le festival 2016 ne pouvait faire l'impasse sur Psiconautas d'Alberto Vazquez et Pedro Rivero, long métrage d'animation envoûtant et puissant qui a fait sa première française au Festival d'Annecy la semaine passée, et avait auparavant conquis San Sebastian (Prix Greenpeace) et Stuttgart (Grand prix). Version plus longue et complexe du court métrage Birdboy (Goya du meilleur court métrage en 2012 et présélectionné pour les Oscar), lui-même adapté d'une bande-dessinée d'Alberto Vazquez, il met en scène les destins croisés de plusieurs enfants vivant sur une île isolée ravagée par un terrible désastre écologique.

Graphisme riche et virtuose

Adoptant un ton résolument sombre, voire tragique, Psiconautas dépeint une société coercitive et artificielle où les seuls échappatoires sont la drogue, la mort ou la folie. Les personnages adolescents tentent de s'abstraire de la réalité en poursuivant le rêve chimérique d'un départ sans retour pour un ailleurs sublimé. Mais l'île, personnage à part entière de l'intrigue, ne semble pas décidée à laisser partir qui que ce soit.

Le graphisme, riche et virtuose, combine différentes techniques en fonction de la tonalité des scènes. Les flash-backs adoptent ainsi des couleurs pastels et douces tandis que les passages les plus dramatiques s'accompagnent d'un trait plus dur et d'un camaïeu de gris et de noirs. Quelques explosions de couleurs, tantôt violentes et criardes, tantôt chaudes et naturelles, permettent par ailleurs d'exprimer les différentes émotions traversées par les personnages tandis que chaque lieu (la décharge publique, la forêt, le sanctuaire verdoyant...) a une identité visuelle très marquée.

Malgré les thématiques abordées (la destruction de la nature, le gaspillage matériel, l'absence d'entraide et de compassion...), Psiconautas n'a pourtant rien du film plombant ou didactique. Ce n'est certes pas un conte de fées avec happy end intégré, mais il s'attache à laisser planer une certaine forme d'espoir, et surtout à prendre systématiquement le spectateur à contre pied avec un humour (noir) ravageur.

Décor artificiel

Critique au vitriol d'une société qui a perdu le sens des réalités, le film présente par exemple une famille complètement dysfonctionnelle où le chien de la maison, considéré comme le fils prodige, est mieux traité que sa "sœur", et où les adultes aspirent seulement à mener une "vie normale" à grands renforts de "pilules du bonheur". Les forces de l'ordre s'acharnent quant à elles à détruire le peu de faune et de flore qui restent tandis que la religion semble n'être qu'une des multiples drogues mises à disposition des habitants. Finalement, les objets, dotés de parole et de conscience, semblent avoir plus d'âme (et de raison) que leurs possesseurs.

Le monde apparaît alors comme un décor insipide et artificiel derrière lequel se dissimulent les horreurs d'une réalité sans fard. Entre la béate ignorance des adultes qui ne semblent pas s'en apercevoir et la révolte impuissante des adolescents qui cherchent à s'en extraire, on ne sait pas trop ce qui est le plus terrible. Immanquablement, on pense au dernier court métrage en date d'Alberto Vazquez, Decorado, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs lors du dernier festival de Cannes, et dans lequel le personnage principal s'aperçoit qu'il vit dans un monde de carton-pâte dont il ne parvient pas à s'échapper.

Génération perdue

Différent 9Difficile de ne pas voir également des échos entre le constat du film et les difficultés rencontrées par l'Espagne ces trente dernières années. "Nous parlons d'une certaine génération perdue et de la réalité sociale des années 80", reconnaît le co-réalisateur Pedro Rivero, qui a échangé avec le public à l'issue de la projection. "Il y a ensuite eu une prise de conscience, notamment dans le domaine de l'écologie, suite aux catastrophes qui se sont produites, par exemple en Galice [comme le naufrage du Prestige en 2002, dont le fioul avait atteint les côtes]."

Par rapport à la bande-dessinée, le duo de cinéastes a par ailleurs étoffé l'intrigue. "Dans la BD, Birdboy ne faisait que se droguer et se plaindre", explique Pedro Rivero. "L'adolescence était vraiment au cœur du récit. Nous avons essayé d'en faire quelque chose de plus vaste en amplifiant les péripéties, les trames secondaires, le cycle animiste de la vie..." La fin a même été remaniée pour offrir au spectateur un "petit quota d'espoir".

Même si cela ne suffit pas à faire de Psiconautas une comédie légère, il ne faudrait surtout pas prendre cela comme prétexte pour faire l'impasse sur cette magistrale démonstration de ce que peut être le cinéma d'animation, et surtout le cinéma tout court. De son propre aveu, Pedro Rivero "n'attend rien du public espagnol", peu enclin à s'enthousiasmer pour ce type de film. La surprise pourrait alors venir de France où il sortira à l'automne 2016, et où il doit absolument être accompagné, soutenu et surtout montré au plus grand nombre. Mais on en reparle très vite.

Différent 9 : Ricardo Darin, José Maria Prado et le meilleur de l’autre cinéma espagnol

Posté par MpM, le 15 juin 2016

Différent 9Le festival Différent !, rendez-vous désormais bien ancré dans l'agenda des cinéphiles parisiens et franciliens, est de retour pour sa 9e édition avec comme toujours une programmation qui fait la part belle aux surprises et découvertes du cinéma espagnol. Cette année, ce sont quinze films inédits mêlant cinéastes à suivre et à découvrir qui attendent les festivaliers.

"Il y en a pour tous les goûts, âges et usages ! Des comédies et du drame, des histoires en ville et à la campagne, du cinéma citoyen, du thriller… Des fictions mais aussi du documentaire et de l’animation. Des films parlés en espagnol, en catalan, en basque, en galicien et même en arabe marocain, et oui !", soulignent malicieusement les organisateurs.

Ce sont donc tous les cinémas espagnols qui se bousculeront au Majestic Passy d'ici le 21 juin prochain. On notera notamment les deux films d'ouverture : Los Comensales de Sergio Villanueva (prix du public à Malaga) et La novia de Paula Ortiz (Prix du public à Créteil) ainsi que l'énorme succès du cinéma espagnol 2015, Truman de Cesc Gay (sortie en France le 6 juillet), le film d'animation Psiconautas d'Alberto Vazquez et Pedro Rivero ou encore Mi gran noche d'Alex de la Iglesia.

Un hommage sera également rendu en leur présence à l'acteur argentin Ricardo Darin (Les neuf reines, Dans ses yeux, Carancho...) et à José Maria Prado, directeur de la Filmoteca Española pendant les 26 dernières années.

Pour compléter cette belle programmation, Différent ! propose par ailleurs une réflexion autour du thème "Cinémas en résistance", une soirée spéciale "Fête de la musique" et des rencontres festives avec les invités présents.

Une 9e édition forcément incontournable pour les amoureux du cinéma espagnol en général, et tous les curieux et/ou cinéphiles en particulier.

______________

Différent, 9e édition

Du 15 au 21 juin
Cinéma Majestic Passy

Horaires et programme

Le Prix Jean Vigo 2016 pour Albert Serra

Posté par vincy, le 6 juin 2016

Le Prix Jean Vigo 2016 été attribué ce soir au cinéaste espagnol Albert Serra pour son film La Mort de Louis XIV, sélectionné en séance spéciale au dernier festival de Cannes.

Albert Serra est distingué pour "sa façon singulière de filmer l'Histoire, pour ses films à la fois somptueux et désinvoltes qui font de lui un cinéaste unique", souligné le jury dans son communiqué. Le Prix Jean Vigo est décerné depuis 1951 à un film et un cinéaste qui fait preuve d'indépendance d'esprit et d'originalité. Albert Serra avait été couronné en 2013 à Locarno par un léopard d'or pour Histoire de ma mort.

Incarnant Louis XIV, l'acteur français Jean-Pierre Léaud a reçu une Palme d'Or d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. Le film met en scène l'agonie du roi de France, entouré de ses fidèles et de ses médecins.

Le Prix Jean Vigo 2016 du court métrage a été décerné à Vincent Le Port pour Le Gouffre.

Cannes 2016: Mimosas et Albüm couronnés à la Semaine de Critique

Posté par vincy, le 19 mai 2016

Premier palmarès remis à Cannes, celui  de la Semaine de la Critique, 55e édition, dont le jury était présidé par Valérie Donzelli, entourée d'Alice Winocour, Nadav Lapid, David Robert Mitchell et Santiago Mitre.

Grand Prix Nespresso : Mimosas de Oliver Laxe. Ce film du cinéaste espagnol de Vous êtes tous des capitaines a été tourné en arabe. Il raconte l'histoire d'une caravane qui accompagne un Cheikh mourant à travers le Haut Atlas marocain. Sa dernière volonté est d'être enterré près des siens. Mais la mort n'attend pas… Craignant la montagne, les caravaniers refusent de transporter le corps. Saïd et Ahmed, deux vauriens voyageant avec la caravane, promettent de porter la dépouille à destination. Mais connaissent-ils le chemin ?  Dans un monde parallèle, Shakib est désigné pour partir dans la montagne avec une mission : aider ces caravaniers de fortune. Le film est distribué par UFO.

Prix Révélation France 4 : Albüm de Mehmet Can Mertoglu. Premier long de ce jeune réalisateur turc, le film suit un couple marié, approchant la quarantaine, qui met en scène dans un album photo une fausse grossesse pour dissimuler à son entourage qu’ils adoptent un enfant. Le film est diffusé par Le Pacte.

Prix Découverte Leica Cine du court métrage : Prenjak de Wregas Bhanuteja.

Fondation Gan pour le cinéma - Prix d'aide à la diffusion: Sophie Dulac, pour la distribution du film One week and a day (Shavua ve yom) de Asaph Polonsky.
Prix SACD : Davy Chou et Claire Maugendre, co-auteurs de Diamond island.
Prix Canal+ du court métrage: L'enfance d'un chef de Antoine de Bary.

Cannes 2016 : Qui est Alex Brendemühl ?

Posté par MpM, le 18 mai 2016

Alex Brendemühl est de ces acteurs dont on se souvient plus facilement du visage que du nom, et qui, de film en film, finit par être étrangement familier. Né d’une mère espagnole et d’un père allemand, il est sans surprise cosmopolite, tournant sans distinction en Espagne et en Allemagne, mais aussi en France ou en Argentine, et depuis ses débuts en 1995, on l’a ainsi aperçu dans pas moins d’une soixantaine de films et de séries.

Son premier grand rôle au cinéma lui est offert par Agustí Vila en 1998 dans Un banco en el parque, mais c’est Las horas del dia de Jaime Rosales, présenté à Cannes en 2003, qui le révèle sur la scène internationale. Il y incarne Abel, l’inquiétant personnage principal, un homme en apparence affable et à l’existence anodine qui s’avérera être un serial killer. Le film reçoit le prix Fipresci à la Quinzaine des Réalisateurs et vaut deux Goya à son réalisateur. Alex Brendemühl enchaîne dès lors les projets, comme En la Ciudad (Cesc Gay, 2002), Inconscientes (Joaquín Oristrell, 2004), Remake (Roger Gual, 2005), 53 días de invierno (Judith Colell, 2006) ou encore Le silence avant Bach (Pere Portabella, 2007).

En 2007, il révèle une autre facette de son talent avec Yo de Rafa Cortes qu’il coécrit, et dans lequel il tient le premier rôle masculin. Le film, qui remporte le prix de la critique internationale à Rotterdam, est présenté comme "révélation de l’année" à la Semaine de la Critique et permet à Brendemühl de remporter le prix du meilleur acteur espagnol (Premio Sant Jordi) en 2008. L’acteur s’essaye alors à la réalisation avec Worstward Ho (Mal barré), un court métrage qui aura les honneurs de la compétition officielle cannoise en 2009.

Par la suite, Alex Brendemühl se concentre sur sa carrière d’acteur et tourne tout azimut des films de styles variés comme El cónsul de Sodoma de Sigfrid Monleón (2009), L’enfant loup de Gerardo Olivares (2010), Insensibles de Juan Carlos Medina (2012)… Une certaine fidélité le lie également aux cinéastes avec lesquels il travaille puisqu’il renoue en 2010 avec Agustí Vila pour La Mosquitera, où il propose à nouveau une composition à la frontière de la folie, et avec Jaime Rosales, avec lequel il doit tourner Petra courant 2016. Il multiplie également les apparitions chez Cesc Gay : les courts métrages conceptuels Alex et Brendemühl, le succès Truman

On le voit également en Argentine pour Le médecin de famille de Lucia Puenzo (Un certain regard 2013), dans lequel il est l’ancien criminel nazi Joseph Mengele (il avoue lui-même une certaine ressemblance physique avec le personnage) et Il Papa della Gente de Daniele Luchetti où il incarne Franz Jalics, prêtre jésuite hongrois et écrivain de renom qui fut l'un des rares survivants des escadrons de la mort de la dictature argentine.

La France fait elle-aussi appel à lui pour le téléfilm Le Sanctuaire d’Olivier Masset-Depasse (2014), le long métrage Parisiennes (Slony Sow) ou encore Mal de Pierres de Nicole Garcia, aux côtés de Marion Cotillard et Louis Garrel, qui lui ouvre les portes de la compétition cannoise. On le retrouvera par ailleurs prochainement dans Django Melodies d’Etienne Comar, un biopic du jazzman Django Reinhardt (incarné par Reda Kateb) dans lequel il sera cette fois un officier allemand. Caméléon, toujours.

Cannes 2016: Le quatuor féminin de Julieta

Posté par vincy, le 16 mai 2016

Dès qu'il s'agit d'un film de Pedro Almodovar, on évoque autant la mise en scène et le scénario que le choix de ses acteurs et actrices. Avec Julieta, en compétition à Cannes cette année, le réalisateur espagnol revient avec un film de femmes, dans la lignée des Tout sur ma mère et autres Volver. Mais là Pedro a été cherché ses femmes ailleurs que dans son cinéma, si l'on excepte la présence de Rossy di Palma dans le film.

Adriana Ugarte, 30 ans, incarne l'une des deux Julieta. C'est sa première collaboration avec le maître madrilène. Très populaire en Espagne pour ses nombreuses participations à des feuilletons comme La Senora, Hospital Central et El tiempo entre costuras, sa carrière cinématographique a commencé à décoller il y a dix ans avec Cabeza de pero, de Santi Amodeo, où elle nommée aux Goyas comme meilleur espoir. A l'affiche de nombreux films qui n'ont pas traversé les frontières, elle est souvent réduite à des rôles dramatiques pour lesquels elle a un talent inné et sa beauté, évidente. Thriller, mélos, comédies, action, Adriana Urgate se disperse dans tous les genres. Avec le téléfilm El Tiempo entre costuras, elle est vue par 5 millions de téléspectateurs. En Espagne, elle a été récemment à l'affiche de la fresque de près de trois heures, Palmeras en la nieve, de Fernando González Molina.

Emma Suarez, 51 ans, est l'autre Julieta. Sa carrière est évidemment plus fournie depuis ses débuts en 1980. Quatre fois nommée aux Goyas espagnols pour La mosquitera, Bajo las estrellas, La ardilla roja et Le chien du jardinier (pour lequel elle est récompensée en 1996), elle a tourné avec des cinéastes aussi différents que Miguel Hermoso, Isabel Coixet, Pedro Costa, Julio Medem, qui en fait sa muse, Mario Camus, Agustí Vila,... C'est aussi sa première fois avec Pedro. Actrice culte qui n'hésite pas à s'embarquer dans des films étranges avec des réalisateurs marginaux ou peu connus, elle est devenue très rapidement une comédienne incarnant des personnages tourmentés et turbulents. Elle aime se mettre en danger et a trouvé ces dernières années plus de plaisir au théâtre avec Genet, O'Neill et Tchekhov. 13 ans après Sansa, la voici de retour sur la Croisette.

Inma Cuesta, 35 ans, incarne Ava. Sublime et voluptueuse, la comédienne a d'abord séduit les foules sur le petit écran, avant d'être convoitée par le grand il y a quelques années. Elle enchaîne une comédie (Primos), un film d'aventures (Le Royaume de sang), un film de guerre multi-nominé aux Goyas (La voz dormida), un thriller populaire là encore multi-nominé aux Goyas (Groupe d'élite), et arrive en 2012 avec le superbe Blancanieves, film en noir et blanc de Pablo Berger où elle tient l'un des rôles féminins de cette oeuvre dix fois récompensée aux Goyas, mais aussi à San Sebastian, aux Arcs et même nommé aux César. De ce moment là, Inma Cuesta devient l'une des actrices espagnoles à suivre. Après sa nomination pour La voz dormida en 2012 comme meilleure actrice, elle les cumule: en 2014 avec son rôle comique dans Tres bodas de mas et en 2015, avec un personnage plus dramatique dans La novia.

Michelle Jenner, 29 ans, est l'autre nouvelle venue dans l'univers d'Almodovar. Depuis ses débuts en 2000, elle n'arrête pas. Comme toutes les actrices de sa génération, c'est par la télévision, dans des rôles récurrents de séries, qu'elle se fait découvrir. Côté cinéma, il faut attendre 2011, avec N'aie pas peur (No tengas miedo) de Montxo Armendáriz (et une nomination aux Goyas pour elle) pour qu'elle s'impose. En 2013, elle reprend son rôle de la série qui l'a fait connaître, Todas las mujeres, pour la version cinéma, qui remporte un joli succès. Mais c'est avec une autre série, Isabel, durant trois saisons, qu'elle va devenir une star espagnole. L'histoire d'Isabelle la Catholique est un événement tout autant qu'un phénomène dans le pays. Elle gagne une dizaine de prix d'interprétation dans le monde. Depuis, elle est l'une des comédiennes espagnoles les plus sollicitées...

Almodovar: les malheurs de Julieta

Posté par vincy, le 12 avril 2016

Pauvre Pedro Almodovar. Cette semaine sera sans doute la pire de sa carrière. Outre que son nom apparaît dans les #PanamaPapers, son vingtième film, Julieta, a fait un bide au box office espagnol ce week-end lors de sa sortie. Selon Rentrak Spain, le film a récolté 585 000 € pour son premier week-end (79 000 entrées) et se fait même battre par Kiki, el amor se hace, qui est sorti la semaine précédente.

Il est ainsi loin des Amants passagers (1,9M€), des Etreintes brisées (912K€), de Volver (1,8M€), de Parle avec elle (1,74M€) et de La piel que habito (1,2M€). Certes la plupart de ces film a eu le droit à une distribution un peu plus massives. Julieta n'est sorti que dans 185 salles quand les autres films cités avaient eu accès à plus de 220 écrans. Paradoxalement, cela lui permet d'avoir la meilleure moyenne par copie de la semaine. Mais au final, Almodovar ne battra pas son trio de tête (Femmes au bord de la crise de nerfs, 3,3M d'entrées, Tout sur ma mère, 2,6M d'entrées et Talons Aiguilles, 2M d'entrées).

Agustin protège Pedro

Julieta a sans doute souffert du souvenir mitigé des Amants passagers et de critiques divisées à son encontre. Mais c'est surtout les révélations autour de la présence de son nom dans les Panama Papers qui ont perturbé le marketing du film. Suite à cette révélation, le cinéaste a annulé sa présence à l'avant-première du film, à la conférence de presse et à ses interviews promotionnelles. Pedro et son frère Agustin, qui gère leur société de production, El Deseo (El Clan, Les nouveaux sauvages), sont en effet mentionnés parmi les noms de possesseurs de comptes offshore gérés par la firme panaméenne Mossack Fonseca. Durant trois ans, entre 1911 et 1994, alors que les films de Pedro Almodovar ont commencé à avoir un succès mondial, El Deseo détenait ne société offshore domiciliée dans les îles Vierges britanniques et gérée par Mossack Fonseca, Glen Valley Corporation. Ça la fout mal pour un cinéaste de gauche qui a toujours vilipendé la corruption et le manque d'argent dans la culture.

On ne sait pas combien d'argent a transité par cette société échappant aux impôts, ni à quoi a pu servir ces sommes. Agustin Almodovar a compris l'impact de ces révélations sur l'image de son frère, la carrière de son film et bien sûr la psychologie du cinéaste, atteint de plein fouet. Après un premier communiqué laconique et clinique, à la manière d'un David Cameron, Agustin a donc rédigé un second communiqué pour endosser toute la responsabilité de l'affaire: "Dès les premiers moments de la constitution d’El Deseo, (…) j’ai pris en charge la gestion de l’entreprise et lui s’est dédié aux aspects créatifs." En 1991, sous la recommandation de ses conseillers, "face à une possible expansion internationale de l’entreprise", il a créé cette société offshore. "Cependant, on a laissé mourir la société sans activité car elle ne collait pas avec notre manière de travailler", précise-t-il, en assurant être en règle "avec toutes les obligations fiscales."

Julieta sort en France le 18 mai. Mais le rayon de soleil pour Almodovar pourrait arriver dès jeudi, avec sa présence dans la compétition du Festival de Cannes.

BIFFF 2016 : le cinéma espagnol n’en finit plus de surprendre

Posté par kristofy, le 7 avril 2016

Le BIFFF a su comme à son habitude trouver des pépites de films fantastiques au Brésil ou au Danemark par exemple, mais, cette année encore, le genre est dominé par le savoir-faire et l'excellence de la Corée du Sud et de l'Espagne. En plus de Summer Camp de Alberto Marini (et coproduit par Jaume Balaguero) qui rivalise (en mieux) avec des productions américaines, voici trois autres films espagnols très différents qui rivalisent d'originalité et d'inventivité. On pourrait d'ailleurs se dire que puisqu'il n'y a pas d'équivalent en France, il serait bon de distribuer ces films en salles de cinéma...

Anacleto, agent secret , réalisé par Javier Luiz Caldera : Son film précédent Ghost Graduation était le grand gagnant du BIFFF 2013 avec le doublé idéal Corbeau d’or et Prix du Public, et là encore il est favori pour au moins le Prix du Public avec son mélange action et comédie irrésistible.

Si on devait comparer Javier Luiz Caldera (toujours inconnu en France), il serait un peu comme un mélange des britanniques Matthew Vaughn & Guy Ritchie +Edgar Wright & Simon Pegg...

En guise d’ouverture, on découvre un agent secret âgé mais au smoking irréprochable qui ne peut empêcher l’évasion d’un criminel qu’il avait mis en prison et qui jure de se venger sur ce qui lui est plus cher : son fils. Le fils est un trentenaire malchanceux qui vient d’apprendre que sa fiancée le quitte et qui a toujours cru que son père était fabriquant de saucisses, et qui se retrouve pourchassé désormais par des tueurs : il va découvrir l’activité d’agent secret tout en essayant de re-séduire son ex-fiancée…

On retrouve au générique Imanol Arias, Quim Gutiérrez et surtout Carlos Areces et Alexandra Jiménez qui étaient déjà dans son film précédent. De retour au BIFFF, Javier Luiz Caldera a expliqué : « L’inspiration est venue de la bande-dessinée du même titre qui date d’il y a environ 30 ans, j’en suis fan, c’était une parodie de James Bond avec un humour un peu naïf. On y a mis notre humour à nous d’aujourd’hui, et surtout on a actualisé le personnage en lui donnant un fils qui ne connaît pas les activités de son père »

Le cadavre de Anna Fritz, réalisé par Hector Hernandez Vicens : Une célèbre actrice est retrouvée morte et son corps vient d'arriver à la morgue d'un hôpital... Evidemment, deux potes demandent à leur ami qui y travaille de les laisser voir ce corps qui les faisait fantasmer. Evidemment, ce trio devant ce beau corps nu ne va pas faire que regarder. Evidemment, cette partie de sexe nécrophile improvisée a pour effet de faire se réveiller la star qui n'était pas vraiment morte... Que faire ? Assumer ce type de viol étant impensable, puisque tout le monde la croyait morte, alors autant qu'elle le reste, elle et tous les témoins potentiels...

Le point de départ est une idée macabre, plutôt traitée comme une comédie au début, mais qui tourne vite au thriller claustrophobe et au suspens (forcément à couper au couteau). Le film a fait le tour des festivals (South by Southwest, Neuchâtel, Sitges...) avec à chaque fois le même engouement.

Tout comme au BIFFF qui est tombé sous le charme de l'actrice Alba Ribas : « Jouer une morte qui revient à la vie c’est plutôt particulier comme rôle, durant la préparation j’ai passé un peu de temps avec un médecin spécialiste des sorties de coma. Avec toute l’équipe on a eu 3 semaines de répétition, on a travaillé sur la confiance entre nous puisque il y a quelques scènes de nudité et d’autres de bagarres. La dernière semaine on a fait une répétition du film dans l’ordre chronologique, ce qui aussi aider le réalisateur à clarifier ce qu’il voulait et ce qu’il ne voulait pas. Le film montre surtout une capacité à faire des choses insensées pour sauvegarder l’honneur de sa vie sociale»

Mi gran noche, réalisé par Alex de la Iglésia : On y retrouve plusieurs de ses acteurs fétiches comme Santiago Segura, Hugo Silva, Carlos Areces (extraordinaire déguisé en Russe), Terele Pávez, Mario casas, sa muse et compagne Carolina Bang, et égalementPepón Nieto, vedette du film avec la belle Blanca Suárez. Presque tout le bottin du cinéma espagnol réuni !

On est en octobre 2015 sur le tournage de l’émission spéciale de télévision du nouvel an 2016, et le tournage est long et chaotique. Un vieux chanteur de charme ne supporte pas de passer après un nouveau chanteur à la mode, une danseuse récupère le sperme d’une vedette pour du chantage, un nouveau figurant pour le public est coincé entre son devoir d’aller chercher sa mère et une jolie inconnue pas farouche, les deux animateurs se disputent, les techniciens redoutent d’être sur la liste de qui sera viré, un homme s’est incrusté avec un pistolet pour tuer une star, et à l’extérieur une manifestation dégénère… Bienvenue dans les coulisses d’un plateau de télé version Alex de la Iglésia !

Le point commun de la plupart est le désir de ne plus être figurant de sa propre vie et de faire en sorte que ça change… On est loin de l’extravagance de 800 balles, Balada triste, Les sorcières de Zugarramurdi, c’est plutôt une folle comédie du genre Le crime farpait ou Un jour de chance. A noter que Mi gran noche est en fait co-écrit par Alex de la Iglésia et son complice habituel Jorge Guerricaechevarría (plus de 10 films ensemble, il est aussi scénariste du succès El nino par Daniel Monzon, toujours inédit en France…), et que faute de réactivité côté distributeur français il y a un risque de sortie directe en vod puisque leur dernier film El Bar dont le tournage s'est achevé en février est déjà prêt pour Cannes ou Venise…