La sulfureuse pirate Nelly Kaplan largue les amarres (1931-2020)

Posté par kristofy, le 12 novembre 2020

Nelly Kaplan a succombé à ce satané Covid-19 qui a mis fin à ses 89 ans : elle était l'une des doyennes parmi les réalisatrices. Sa carrière a débuté à une époque où il y avait très peu de femmes qui faisaient du cinéma. Elle est arrivée en France avec ses vingt ans et une passion pour le 7ème art. Elle devient vite l'assistante d'Abel Gance. Nelly Kaplan le glorifiera à travers deux documentaires: en 1963 avec Abel Gance, hier et demain et en 1983 avec Abel Gance et son Napoléon. Elle écrira des livres sur ce réalisateur dont l'œuvre monumentale s'étale de 1911 à 1971. Avec lui, la romancière, essayiste, scénariste, documentariste et scénariste s'intéresse autant au développement de projets qu'aux diverses machines de tournage et de montage. Son autre complice sera le producteur Claude Makovski (décédé ce mois d'août) avec qui ils vont monter ensemble une société de production, Cythère films. Nelly Kaplan veut produire et réaliser, ce qu'elle fait déjà depuis quelques années avec des courts-métrages et des documentaires (dont Le Regard Picasso en 1967 qui gagnera un Lion d'or à Venise).

Son premier long-métrage en 1969, fin d'époque de la 'Nouvelle Vague', va faire sensation. La fiancée du pirate , avec une Bernadette Laffont au sommet de son art, va devenir culte, par son esprit de liberté, son insolence, sa férocité et sa poésie. Cette satire anticonformiste et féministe s'attaque aux conventions bourgeoises dans l'esprit idéologique de l'époque, tout en restant un film populaire et d'apparence romantique. On retient aussi sa musique, avec "Moi, je me balance", de Georges Moustaki et interprétée par Barbara... Avec son personnage amoral et libertaire, dans un style entre art brut et surréalisme, elle fait le portrait d'une femme de son temps, émancipée, dans une époque contraignante et coincée. Le film est alors interdit aux moins de 18 ans. Il faudra attendre vingt ans pour qu'il soit considéré comme grand public.

Nelly Kaplan en plus d'être réalisatrice était écrivaine de romans d'où transpirait beaucoup d'érotisme (d'ailleurs son troisième film Néa est une déclinaison des succès des Emmanuelle). Elle écrivait sous pseudos certaines de ses nouvelles sulfureuses: Mémoires d'une liseuse de draps, chez Pauvert, en 1974, signé Belen, fut censuré et interdit de diffusion.

Retour sur quelques films de Nelly Kaplan :

Abel Gance, hier et demain, 1963 : ce documentaire valorise les différentes recherches techniques de Abel Gance à propos du travelling, de la surimpression d’images, de stéréophonie, et de la polyvision.

La Fiancée du pirate, 1969 : Bernadette Lafont vend ses charmes aux notables de la ville, ils sont se cachent tous d'être ses clients mais publiquement ils veulent la chasser... On y voit un enterrement très aviné. Son histoire à la fois féministe et libertaire est si subversive que Nelly Kaplan en assure elle-même la production. Le film ira au Festival de Venise et deviendra un succès.

Papa les petits bateaux, 1971 : Autour de Sheila White il y a Michel Bouquet, Sydney Chaplin, Michel Lonsdale, Pierre Mondy, Catherine Allegret. Une bande de bandits pas doués kidnappent la fille d’un riche armateur, mais celle-ci leur en fait voir de toutes les couleurs. Une bande rivale est attirée aussi par la rançon, mais c’est aussi le cas de la victime. Un jardin va se remplir de cadavres…. Cette comédie avec une trame de film noir parodique est une curiosité.

Il faut vivre dangereusement, 1975 : Nelly Kaplan est à l'écriture et à la production, mais la réalisation est de son partenaire artistique Claude Makovski. On y suit Claude Brasseur en détective-privé qui accepte un travail de filature d’une femme soi-disant infidèle, Annie Girardot. En fait il s'agit de plusieurs personnes qui convoitent un gros diamant précieux.

Charles et Lucie, 1980 : C'est l'autre grand film de Nelly Kaplan qui se tourne vers un drame plus sérieux, et une chronique douce-amère sur le couple, avec Daniel Ceccaldi et Ginette Garcin. Un antiquaire peu débrouillard et une gardienne d’immeuble perdent le peu qu’ils avaient, victimes d’escrocs qui leur ont raconté une histoire de gros héritage fantôme. Dans leur malheur le couple va rencontrer toutes sortes de gens et leur union en sortira renforcée. Ce film sa séduit jusqu'aux Etats-Unis.

Plaisir d'amour, 1990 : Pierre Arditi est une sorte de Don Juan qui veut séduire trois femmes à la fois, sans se douter qu’en fait ce sont elles qui se jouent de lui (avec Françoise Fabian et Dominique Blanc). Une ronde des sentiments qui a été le dernier film réalisé par Nelly Kaplan, qui se consacrera désormais à l'écriture de scénarios

Abel Gance et son Napoléon, 1983 : Napoléon a été un énorme film et reste l'une des œuvres incroyables d'Abel Gance, avec une durée de plus de 5 heures ! Les évolutions de ce projet d'une ampleur inédite en 1927 sont racontées ici dans cette sorte de making-of passionnant.

Ces films qui représentent l'oeuvre de Nelly Kaplan avait été regroupés dans un coffret dvd chez Potemkine.

Lumière 2020: Michel Audiard et Yves Robert, les mal-aimés populaires

Posté par vincy, le 16 octobre 2020

Ils n'ont sans doute pas eu la reconnaissance nécessaires. Alors que le cinéma populaire et de patrimoine semble retrouver les faveurs de la critique, et forger un vivre ensemble devenu crucial, le festival Lumière braque ses projecteurs sur deux monstres d'un cinéma culte dont les rediffusions télé facilitent la transmission d'une génération à l'autre.

Michel Audiard, dont on fête le centenaire de la naissance, a le droit à sa première rétrospective, 35 ans après sa mort. Lumière accompagne l'événement avec un beau-livre, Audiard-Simenon, en bonus.
Yves Robert est au cœur d'un documentaire, qui révèle une œuvre cohérente, singulière et généreuses.

Les deux ont en commun d'avoir réalisé des succès au box office, mais pas seulement. A contre-courant de leurs contemporains, toujours un pas de côté par rapport au cinéma français, ces producteurs-réalisateurs-scénaristes ont aussi filmé leur société, l'esprit français (et ses contradictions), une certaine bourgeoisie (moyenne le plus souvent), et donné des partitions fabuleuses à des acteurs (plus souvent qu'à des actrices), sublimant souvent le film de copains.

Alors, oui, ça a pris un coup de vieux le plus souvent. Mais il y a aussi quelques exceptions qui les ont conduits à être en vogue et, mieux encore, à être atemporels. Avec Audiard, le plus souvent grâce à ses dialogues et son génie pour adapter les plus grands écrivains (eux-mêmes pas toujours reconnus comme tels à leur époque). Avec Robert, c'était surtout une affaire de découpage et de sensibilité, de mélange de genres, qui donnaient de la profondeur à la légèreté, ou de la légèreté aux malheurs.

Le festival Lumière a célébré le centenaire d'Audiard avec un livre monumental (Actes Sud/Institut Lumière): trois scénarios adaptés de George Simenon, remis en perspective, sous la direction de Benoît Denis, et une rétrospective partielle, dont Les Tontons flingueurs en ouverture. Il a la réplique qui fuse, mais son talent était aussi de trouver l'incarnation pour son verbe. Jean Gabin en était a parfaite illustration (il suffit de revoir Le Président), tout comme Delon et Belmondo ont su s'approprier sa langue. Si les films du réalisateur Audiard sont avant tout d'honnêtes nanards, ses scénarios font le lien avec le cinéma "classique" français d'avant et la comédie à punchlines d'après, en pleine Nouvelle Vague. Il est l'héritier d'un Prévert, où bourgeois et prolétaires, petites frappes et candides honnêtes se confrontaient avec leurs codes. Pas étonnant qu'Audiard s'entoure de fidèles dans les films qu'il écrit: outre Gabin, on croise ainsi souvent Blier, Darc, Ventura, Lefebvre, Girardot... "J'ai divisé la société en deux catégories : mes amis ou mes cons à moi et les cons des autres que je ne supporte pas" a -t-il écrit.

Il y a aussi de cela chez Yves Robert, cette coexistence des classes sociales. Le bourgeois roule en rolls royce et l'agriculteur décide de paresser. Le documentaire de Jérôme Wybon, Yves Robert, le cinéma entre copains, retrace la carrière du saltimbanque devenir réalisateur et producteur de films à gros succès. Ici, tout est famille. Son associée est son épouse, Danièle Delorme. Son égérie est son double, Jean Rochefort. Son "partner-in-crime" est le même que celui de son meilleur ami Claude Sautet, Jean Labadie. On passe ainsi de ses origines modestes à son premier triomphe (La guerre des boutons, Prix jean Vigo, 10 millions de spectateurs et pas un seul prix majeur ). On devine le sacré caractère du monsieur, son perfectionnisme aussi. Si on retient ses cartons au box office - Alexandre le bienheureux, Le grand blond avec une chaussure noire, le diptyque de Pagnol (La gloire de mon père, Le château de ma mère -, ses audaces - producteur de Doillon, distributeur des Monty Python -  le film se concentre surtout sur Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis, tout en passant à côté de plusieurs de ses films, y compris comme producteur (Le peuple migrateur).

L'Atelier d'images

Mais ce n'est pas le propos. 17 films au dessus du million d'entrées (dont 3 qui dépassent les 4 millions) et pas un seul prix majeur à son palmarès. Lui qui a si bien croqué son époque, humé l'air du temps, fait rire des petits drames de chacun, préféré l'élégance à la vulgarité, la comédie sociale ou ironique au pur burlesque, le film familial en lui donnant ses lettres de noblesse, a souvent été méprisé par la critique, qui préférait son copain Sautet.

Comme pour De Funès ou Pierre Richard, les cinéphiles semblent redécouvrir que le cinéma de patrimoine n'est pas composé que de grands drames ou de chefs d'œuvres. Les films d'Audiard et de Robert sont non seulement fédérateurs, mais ils traversent les générations, grâce aux rediffusions à succès à la télévision. On rit toujours d'un quatuor de losers buvant cul sec un petit verre de gnôle dans une cuisine ou d'une partie de tennis à quatre mâles déclinant gâchée par le bruit des avions à réaction. Audiard flirtait parfois avec la poésie (Un singe en hiver) et Robert savait être délicat quand il le fallait (le personnage homosexuel de Claude Brasseur dans l'Éléphant et sa suite).

Ils étaient en phase non pas avec leur époque (leur cinéma n'avait rien d'un cinéma à la mode) mais avec leur culture, ni élitiste ni intellectuelle. S'entourant de leur bande, optant même pour un esprit de troupe, bûcheurs infatigables, ces deux tempéraments pas très consensuels, un peu anar de droite pour l'un, un peu gauchiste caviar pour l'autre, ont su raconter des histoires et créer des personnages au profil sociologique toujours d'actualité. Ils filmaient les hommes mais surtout ils s'en moquaient, avec un sens de la phrase choc assez inné.

Si on devait résumer: Chez Audiard, directeur des mots, il fallait souvent gérer les emmerdes mais prendre du bon temps. Chez Robert, directeur d'acteurs, il fallait gérer le bon temps pour supporter les emmerdes. Dans tous les cas, personne ne travaille vraiment, ou tout le monde fait semblant. "Il faut prendre le temps de prendre son temps" disait le bienheureux Alexandre. Avec le temps, la gloire est enfin arrivée. Posthume.

Ruth Bader Ginsburg (1933-2020), fin d’un suprême parcours

Posté par vincy, le 19 septembre 2020

Ruth Bader Ginsburg, doyenne de la Cour suprême des Etats-Unis, est décédée vendredi à l'âge de 87 ans. Nommée par Bill Clinton en 1993, icône de la gauche américaine et des progressiste, elle était devenue l'une des plus âpres défenseuses de la cause des femmes, des minorités, des droits civiques et de l'environnement. Et surtout elle incarnait l'opposition à Donald Trump.

Au début de sa carrière, dans les années 1970, elle avait co-fondé le Women's Rights Law Reporter, premier journal américain qui se concentre exclusivement sur les droits des femmes et les de discriminations sexistes. RBG avait porté six cas de discrimination devant la Cour suprême entre 1973 et 1976 (une seule défaite).

Son parcours comme son aura et ses décisions symboliques en avaient fait un personnage politique de premier plan. Une héroïne américaine, à sa façon, l’une des femmes les plus influentes de l’histoire des États-Unis pour son combat pour l’égalité des sexes. Les drapeaux américains de la Maison Blanche ont été mis en berne. Ruth Bader Ginsburg était devenue extrêmement populaire malgré une fonction réputée à l'ombre du pouvoir. Grâce à son positionnement, qui séduit les jeunes urbains et les modérés, elle était devenue "Notorious RBG".

Pas surprenant alors qu'Hollywood s'empara de son destin. D'abord avec un film Une femme d'exception (On the Basis of Sex), réalisé par Mimi Leder avec Felicity Jones (dans le rôle de Ruth Bader Ginsburg), Armie Hammer, Justin Theroux, Sam Waterston, et Kathy Bates. Le film a totalisé 38M$ de recettes dans le monde et a attiré 91000 spectateurs dans le salles françaises début 2019. Si le scénario est assez classique pour un biopic qui se concentre sur les débuts de RBG, le film est passionnant par ce qu'il décrypte du personnage et de ses combats.

Et puis il y a eu l'excellent documentaire, RBG, réalisé et produit par Betsy West et Julie Cohen. Présenté en avant-première au Festival du Film de Sundance en 2018, ce docu captivant sur cette personnalité passionnante, est deux fois nommé aux Oscars (documentaire, chanson) et remporte treize prix dans le monde. En France, il est présenté en avant-première à Deauville.

Cannes 2020: la sélection Cannes Classics, et un avant-goût du Festival Lumière

Posté par vincy, le 15 juillet 2020

La sélection Cannes Classics sera présentée, en grande partie, au festival Lumière de Lyon (10-18 octobre), puis aux Rencontres cinématographiques de Cannes (23-26 novembre).

25 longs métrages de fictions et sept documentaires qui composent un panorama éclectique du patrimoine cinématographique mondial, avec en exergue les 20 ans d'In the Mood for Love de Wong Kar-wai. mais aussi un Pasolini, le centenaire de Fellini, les 60 ans de deux grands classiques, et pas mal de films méconnus.

In the Mood for love (2000, 1h38, Hong Kong) de Wong Kar-wai, prix interprétation masculine en 2000 pour Tony Leung
Sortie en France le 2 décembre 2020.

Friendship’s Death (1987, 1h12, Royaume-Uni) de Peter Wollen, qui marque le premier grand rôle de Tilda Swinton au cinéma.

The Story of a Three-Day Pass (La Permission) (1968, 1h27, France) de Melvin Van Peebles

Lyulskiy dozhd (Pluie de juillet / July Rain) (1966, 1h48, Russie) de Marlen Khutsiev

Quand les femmes ont pris la colère (1977, 1h15, France) de Soizick Chappedelaine et René Vautier
Sortie en France en 2021.

Préparez vos mouchoirs (Get Out Your Handkerchiefs) (1977, 1h50, France) de Bertrand Blier

Hester Street (1973, 1h30, États-Unis) de Joan Micklin Silver

Ko to tamo peva ? (Qui chante là-bas ? / Who’s Singing Over There ?) (1980, 1h26, Serbie) de Slobodan Šijan
Sortie en France le 21 octobre 2020.

Prae dum (Black Silk) (1961, 1h58, Thaïlande) de R.D. Pestonji

Zhu Fu (New Year Sacrifice) (1956, 1h40, Chine) de Hu Sang

Feldobott ko (La Pierre lancée) (1968, 1h25, Hongrie) de Sándor Sára

Neige (1981, 1h30, France) de Juliet Berto et Jean-Henri Roger
Sortie en France au printemps 2021.

Bambaru Avith (The Wasps Are Here) (1978, 2h, Sri Lanka) de Dharmasena Pathiraja

Bayanko: Kapit sa patalim (Bayan Ko) (1984, 1h48, Philippines / France) de Lino Brocka
Sortie en France en février 2021.

La Poupée (1962, 1h34, France) de Jacques Baratier
Sortie en France encore non communiquée.


Sanatorium pod klepsydra (La Clepsydre / The Hourglass Sanatory) (1973, 2h04, Pologne) de Wojciech J. Has
Sortie en France en mai 2021.

L’Amérique insolite (America as Seen by a Frenchman) (1959, 1h30, France) de François Reichenbach

Deveti krug (Neuvième cercle / The Ninth Circle) (1960, 1h37, Croatie) de France Štiglic

Muhammad Ali the Greatest (1974, 2h03, France) de William Klein

La Film Foundation de Martin Scorsese fête ses 30 ans

Accattone (Accatone) (1961, 1h57, Italie) de Pier Paolo Pasolini

Shatranje bad (The Game Chess of the Wind) (1976, 1h33, Iran) de Mohammad Reza Aslani

Federico: 100 ans !

La strada (1956, 1h48, Italie) de Federico Fellini

Luci del varietà (Les feux du music-hall) (1950, 1h37, Italie) d’Alberto Lattuada et de Federico Fellini

Fellini degli Spiriti (Fellini of the Spirits) d’Anselma dell’Olio (1h40, Italie / Belgique)

Les 60 ans d’À Bout de souffle et de L’Avventura

À Bout de souffle (Breathless) (1960, 1h29, France) de Jean-Luc Godard
Sortie en France en automne 2020. Sortie vidéo le 4 novembre 2020.

L’Avventura (1960, 2h20, Italie / France) de Michelangelo Antonioni
Sortie en France en novembre 2020.

Les documentaires 2020

Wim Wenders, Desperado d’Eric Friedler et Andreas Frege (2h, Allemagne)

Alida (Alida: In Her Own Words) de Mimmo Verdesca (1h45, Italie)

Charlie Chaplin, le génie de la liberté (Charlie Chaplin, The Genius of Liberty) de François Aymé et Yves Jeuland, réalisé par Yves Jeuland (2h25, en deux parties : 1h05 et 1h20, France)

Be Water de Bao Nguyen (1h44, États-Unis)

Belushi de R.J. Cutler (1h48, États-Unis)

Antena da raça de Paloma Rocha et Luís Abramo (1h20, Brésil)

Cannes 2020: la sélection de l’ACID « hors les murs »

Posté par vincy, le 4 juin 2020

Après la Sélection officielle et celle de la Semaine de la Critique, c'est au tour de l'ACID de vouloir promouvoir 9 films (dont 4 documentaires), qui bénéficieront d’une valorisation au Marché du Film en ligne mais aussi, de projections à l’automne.

- Les affluents de Jessé Miceli (Cambodge)
- Funambules d’Ilan Klipper (France)
- Les graines que l’on sème de Nathan Nicholovitch (France)
- Il mio corpo de Michele Pennetta (Suisse)
- The Last Hillbilly de Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe (France)
- Loin de vous j’ai grandi de Marie Dumora (France)
- Si le vent tombe de Nora Martirosyan (Arménie), une coprésentation avec la sélection officielle du Festival de Cannes. Le film sortira au premier trimestre 2021.
- La última primavera d'Isabel Lamberti (Espagne)
- Walden de Bojena Horackova (Lituanie)

Les films seront projetés du 25 au 29 septembre au Louxor à Paris, du 2 au 4 octobre au Comoedia à Lyon, du 8 au 11 octobre au Gyptis et à La Baleine à Marseille, mais aussi à la Cinémathèque de Corse et dans des festivals partenaires.

Et si on regardait… The Migrating image

Posté par MpM, le 30 mars 2020

Il figurait parmi nos courts métrages préférés de l'année 2018 : The Migrating image de Stefan Kruse est désormais disponible en ligne ! L'occasion de (re)découvrir cette oeuvre importante qui, à partir de photographies et de vidéos trouvées sur les réseaux sociaux ou utilisées par des organismes publics, explore la manière dont sont perçus et représentés les migrants et réfugiés et interroge cette surproduction d'images autour de leurs drames intimes.

Avec une voix off d’une extrême simplicité, Stefan Kruse décortique tour à tour les pages Facebook des passeurs qui affichent paquebots de luxe et autres mers caribéennes, les films de propagande institutionnels qui misent sur l’émotion en présentant les gardes côtes comme des super-héros ou les vidéos faites par les médias pour alimenter leurs différents supports, jusqu’à des films en 360 degrés pour la page Facebook du journal ou de la chaîne.

Dans cette profusion d’images, chacune raconte (comme toujours) sa propre histoire,  au service de celui qui prend ou diffuse ces vidéos, plus que de celui qu’elles mettent en scène. C’est particulièrement saisissant dans les images prises en parallèle au Danemark, d’un côté par les défenseurs des migrants, et de l’autre par des groupes d’extrême-droite qui les rejettent, chacun pensant détenir une vérité absolue sur les réfugiés.

Sous ses airs faussement pédagogiques, le film amène ainsi le spectateur à prendre conscience de ce qui se joue dans chaque image montrée, et à comprendre la stratégie de communication qui accompagne à chaque étape ce que l’on appelle communément la « crise des réfugiés ». Peu importe si l’on donne de la réalité un aperçu parcellaire et orienté du moment que l’on remporte la guerre idéologique, celle des apparences ou tout simplement de l’audimat.

Et si on regardait… Cinéma du réel

Posté par vincy, le 28 mars 2020

Le 42e Festival Cinéma du réel qui se tient traditionnellement mi-mars au Centre Pompidou n'a pas pu avoir lieu. Cela n'a pas empêché les jurys de rendre leurs verdicts et de récompenser plusieurs documentaires. Le Grand prix Cinéma du réel a été décerné à El ano del descubrimineto (L'année de la découverte, photo) de l'espagnol Luis Lopez Carrasco, qui a aussi reçu le prix (ex-aequo) des bibliothèques.

On aussi été primés: Makongo d'Elvis Sabin Ngaibino (Prix international de la Scam, Prix des bibliothèques), Chronique de la terre volée de Marie Dault (Prix de l'Institut français), le premier film Ontem Havia Coisas Estranhas no céu (Hier, il y 'avait des choses étranges dans le ciel) de Bruno Risas (Prix Loridan-Ivens), les courts métrages Back to 2069 et Don't Rush, tous deux de d'Elise Florenty et Marcel Türkowsky (Prix du court métrage), le court This Means More de Nicolas Gourault (Prix du court métrage Tënk, Prix des détenus de Bois d'Arcy), Il n'y aura plus de nuit d'Eléonore Weber (Prix des jeunes), L'âge d'or de Jean-Baptiste Alazard (Prix du patrimoine de l'immatériel) et Maria K. de Juan Francisco Gonzalez (Prix du public "Première fenêtre").

Si le Festival n'a pas pu avoir lieu physiquement, on peut voir une grande partie de ses sélections de chez soi.

Sur Tënk
La plateforme (sur abonnement) dédiée au documentaire d’auteur propose trois programmations successives autour de Cinéma du réel. On peut y découvrir une grande partie des films primés. Par ailleurs, partir du 27 mars, elle proposera Dans la chambre de Vanda de Pedro Costa, film qui a déjà 20 ans, ainsi que trois films de Mosco Boucault (tous projetés durant le festival), et à partir du 3 avril, deux films de l’édition 2020.

Sur Mediapart
Mediapart accueille les 13 films de la sélection Première Fenêtre, une programmation de premiers gestes documentaires venus de réalisatrices et réalisateurs émergents. Le public pourra voter sur la plateforme de Mediapart pour son film préféré jusqu’à la fin du festival.

Sur Festival Scope
La plateforme dédiée aux festivaliers à travers le monde propose l’accès gratuit aux films de la sélection française, en version sous-titrée en anglais. Si la plupart des séances sont déjà complètes, quelques un sont encore accessibles gratuitement.

Sur UniversCiné
A partir du 24 mars, dans la continuité du festival, UniversCiné offre sur un corner dédié de son portail un large choix de films de la programmation hors compétition et du palmarès 2019, ainsi que des éditions précédentes.

Berlin 2020: l’Ours d’or pour l’iranien Mohammad Rasoulof

Posté par vincy, le 29 février 2020

La 70e Berlinale, entre coronavirus menaçant et compétition décevante, s'est achevée. Au moins le public a répondu présent à cette édition, la première de l'ère post-Dieter Kosslick, avec Carlo Chatrian, ex-directeur artistique du Festival de Locarno, qui a transformé la Berlinale en un festival plus pointu (peut-être trop).

Les cinémas latino-américains, italiens et même français (surtout à travers les coproductions ont plutôt brillé dans les différents palmarès qui se sont succédés depuis hier.

C'est un choix politique et courageux d'avoir décerné l'Ours d'or au cinéaste iranien Mohammad Rasoulof. Le réalisateur, primé à Cannes en 2017 pour son film Un homme intègre, a été condamné en Iran le 23 juillet dernier à un an de prison ferme suivi de deux ans d'interdiction de sortie de territoire et d'interdiction de se livrer à une activité sociale et politique. Déjà, en 2011, il avait été condamné à un an de prison et en 2013, l'Iran lui avait déjà confisqué son passeport. Depuis septembre 2017, le cinéaste ne pouvait plus circuler librement, travailler et se rendre à l'étranger.

Malgré les interdictions qui le frappent et à l'instar de son compatriote Jafar Panahi, le réalisateur a pu tourner ce film assez long composé de quatre histoires avec Heshmat, Pouya, Javad et Bahram, quatre personnages face à des doutes et des dilemmes, qui sont incapables de tuer malgré le prix à payer.

10 ans après son Prix d'interprétation masculine au 63e Festival de Cannes pour La nostra vita, Elio Germano est sacré à Berlin. Et 5 ans après son Léopard d'or au Festival international du film de Locarno pour Un jour avec, un jour sans, Hong Sang-soo repart avec l'Ours du meilleur réalisateur. Enfin, la réalisatrice américaine Eliza Hittman, révélée avec Beach rats à Sundance, il y a trois ans, repart avec le Grand prix du jury.

Compétition

Ours d'or: Sheytan vojud nadarad (There Is No Evil) de Mohammad Rasoulof
Grand prix du jury: Never Rarely Sometimes Always d'Eliza Hittman
Ours d'argent du meilleur réalisateur: Hong Sang-soo pour Domangchin yeoja (La femme qui court)
Prix d'interprétation féminine: Paula Beer dans Undine de Christian Petzold
Prix d'interprétation masculine: Elio Germano dans Volevo nascondermi (Hidden Away) de Giorgio Diritti
Prix du scénario: Favolacce (Bad Tales) de Damiano et Fabio D'Innocenzo
Prix du jury : Effacer l’historique de Benoît Delépine et Gustave Kervern
Contribution artistique: Le directeur de la photo Jürgen Jürges pour DAU. Natasha de Ilya Khrzhanovskiy et Jekaterina Oertel

Section Encounters
Meilleur film: The Works and Days (of Tayoko Shiojiri in the Shiotani Basin) de C.W. Winter et Anders Edström
Prix spécial du jury: The Trouble With Being Born de Sandra Wollner
Meilleur réalisateur: Cristi Puiu pour Malmkrog
Mention spéciale pour la réalisation: Matias Piñeiro pour Isabella

Sélection officielle

Prix du meilleur documentaire: Irradiés (Irradiated) de Rithy Panh
Mention spéciale du jury documentaire: Aufzeichnungen aus der Unterwelt (Notes from the Underworld) de Tizza Covi et Rainer Frimmel

Prix du meilleur premier film : Los conductos de Camilo Restrepo
Mention spéciale du jury premier film: Nackte Tiere (Naked Animals) de Melanie Waelde

Audi Short Film Award (court métrage): Genius Loci de Adrien Mérigeau
Ours d'or court métrage: T de Keisha Rae Witherspoon
Ours d'argent court métrage: Filipiñana de Rafael Manuel

Section Panorama
Prix du public fiction: Otac (Father) de Srdan Golubovic
- 2e place: Futur Drei (No Hard Feelings) de Faraz Shariat
- 3e place: Hap (Hope) de Maria Sødahl
Prix du public documentaire: Welcome to Chechnya de David France
- 2e place: Saudi Runaway de Susanne Regina Meures
- 3e place: Petite fille (Little Girl) de Sébastien Lifshitz

Teddy Award
Meilleur film: Futur Drei (No Hard Feelings) de Faraz Shariat
Meilleur documentaire: Si c’etait de l’amour (If it Were Love) de Patric Chiha
Meilleur court métrage: Playback, Ensayode una despedida d'Augustina Comedi
Prix du jury: Rizi (Days) de Tsai Ming-Lang
Prix du public: Futur Drei (No Hard Feelings) de Faraz Shariat

Section Generation Kplus (jeunesse)
Meilleur film: Sweet Thing d'Alexandre Rockwell
Mention spéciale: H Is for Happiness de John Sheedy,
Meilleur court métrage : El nombre del hijo (The Name of the Son) de Martina Matzkin
Mention spéciale: El sghayra (Miss) d'Amira Géhanne Khalfallah

Section Generation Kplus (international)
Meilleur film: Los Lobos (The Wolves) de Samuel Kishi Leopo
Mentions spéciales: Mignonnes (Cuties) de Maïmouna Doucouré ; Mamá, mamá, mamá (Mum, Mum, Mum) de Sol Berruezo Pichon-Rivière
Meilleur court métrage: El nombre del hijo (The Name of the Son) de Martina Matzkin
Mention spéciale: The Kites de Seyed Payam Hosseini

César 2020: « Les Misérables » triomphe

Posté par vincy, le 28 février 2020

Florence Foresti a ouvert cette cérémonie pas comme les autres, avec Tchéky Karyo, qui ne s'est pas "rasé depuis Nikita". La 45e cérémonie des "connards, euh des César" a commencé avec un film court où elle parodie le Joker, personnage qui, rappelons-le, tente de faire rire en se croyant fait pour le stand-up.

Comme quoi le cinéma américain est toujours plus inspirant pour les ouvertures de cette soirée annuelle. Mais il fallait bien chauffer la salle depuis que ces César étaient menacés de gel. "Ça va la diversité? Vous vous êtes crus à la MJC de Bobigny. ici, c'est l'élite, on dégage".  Une polémique de moins. "Je suis très heureuse d'être là... enfin non... je suis très courageuse. Elle a bien choisi son année pour revenir la Foresti", balance-t-elle. "On est sur du rire bio".

Brillante, évidemment, elle s'est moquée de l'époque avec son autodérision habituelle (blackface et salut nazi): "Il semblerait que je sois blanche, hétéro, d'héritage chrétien. C'est pas grave!" Mais évidemment on l'attendait sur J'accuse -" douze moments où on va avoir un souci". Et elle s'en est bien sortie, avouons-le. Piquant avec humour Céline Sciamma et son équipe à 80% féminine, loin des objectifs du collectif 50/50. Du coronavirus à la bite de Benjamin Griveaux, toute l'actu y est passée pendant la cérémonie. Jusqu'à se payer l'Académie: "Y a plus de patron, c'est pas une intérim qui va m'arrêter". Jusqu'à rencontrer Isabelle Adjani dans un sketch filmé. Rappelons que Foresti avait fait il y a 5 ans une parodie de la star qui est devenue culte. Et Adjani de jouer les fausses folles, reprenant ainsi le sketch télévisuel de Foresti.

Sandrine Kiberlain a alors ouvert la soirée en tant que présidente. "Heureuse et touchée" d'être présidente de cette cérémonie, "la dernière d'une époque, la première d'une nouvelle", elle a pesé chacun de ses mots et clamé un discours résolument féministe. Un discours très social aussi  "Je crois profondément aux vertus de la crise" affirme-t-elle, citant Victor Hugo, mai 68, mais aussi des films oubliés par les nominations comme Les invisibles, C'est ça l'amour et Tu mérites un amour. Classe.

Moins convaincants, les discours des remettants, trop insistants, maladroits, parfois lourds ou plombants (on ne le dira jamais assez: l'écriture est le parent pauvre du cinéma), ou alors complètement insipides. Dommage parce que ça allait dans le bon sens de l'inclusion et de la diversité. Au final, beaucoup d'intermèdes étaient trop longs et assez vains. Il a fallu attendre deux heures et demi pour passer aux catégories reines. Imaginez notre supplice. Heureusement, il y a eu le bel hommage à Agnès Varda, en chanson, en voix et en images.

La diversité, l'égalité et la mixité étaient pourtant sur scène, notamment avec beaucoup de femmes lauréates (y compris dans les métiers techniques). Les remettants, bien sûr, mais aussi du côté des lauréats avec la belle double victoire Papicha. Ce n'est pas la seule réalisatrice couronnée puisque Yolande Zauberman a été primée côté documentaires, succédant à Agnès Varda et Mélanie Laurent dans cette catégorie essentiellement masculine. Et le court métrage a récompensé une co-réalisatrice (Lauriane Escaffre).
Avec sa nouvelle règle, le César du public a échappé à Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu?, champion du box office, au profit des Misérables de Ladj Ly.

C'est une fois de plus le festival de Cannes qui cartonne avec J'ai perdu mon corps, La belle époque, Roubaix une lumière, Portrait de la jeune fille en feu, Parasite, Alice et le maire, Les Misérables et Papicha parmi les vainqueurs. Il n'y a pas eu de vrais perdants parmi les multi-nommés. C'est même plutôt un palmarès plutôt équilibré. Et de Roschdy Zem à Anaïs Demoustier en passant par Fanny Ardant et Swann Arlaud, les remerciements étaient beaux, les prix mérités.

Mais c'est bien Roman Polanski, récompensé personnellement par deux César dont celui de la réalisation, qui aura fait un bras d'honneur à tous.  On aurait tellement aimé, pour le symbole, que Céline Sciamma, soit distinguée. Les professionnels ont finalement fait de la résistance en séparant l'homme de l'artiste. Mais c'est quand même une provocation ce César pour Polanski (certes pas le premier). Un "symbole mauvais" comme anticipait le ministre de la Cuture. Adèle Haenel en a quitté la salle. Elle qui a tout bousculé, ouvert la voie, donner de la voix aux femmes, aura finalement été humiliée par les votants de l'Académie. D'autres personnes, dont Céline Sciamma, la suivent en criant "Quelle honte !". Un silence glacial paralyse la salle. Florence Foresti balance un "écoeurée" sur Instagram.

Heureusement, le seul vainqueur est un premier film venue de la banlieue, métissé et certes très masculin. Les Misérables, et son petit budget, a été récompensé quatre fois et sacré par le prix meilleur film. Le cinéma français, terre de contrastes et de contradictions...

Palmarès

César du meilleur film : Les Misérables
César de la meilleure réalisation : Roman Polanski pour J'accuse
César du meilleur premier film : Papicha de Mounia Meddour
César du film d'animation (long métrage) : J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin
César du film d'animation (court métrage) : La nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel
César du meilleur film documentaire : M de Yolande Zauberman
César du meilleur court métrage : Pile poil de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller
César du public : Les Misérables
César du meilleur film étranger : Parasite de Bong Joon-ho

César de la meilleure actrice : Anaïs Demoustier dans Alice et le maire
César du meilleur acteur : Roschdy Zem dans Roubaix, une lumière
César du meilleur second-rôle féminin : Fanny Ardant dans La belle époque
César du meilleur second-rôle masculin : Swann Arlaud dans Grâce à Dieu
César du meilleur espoir féminin: Lyna Khoudri dans Papicha
César du meilleur espoir masculin: Alexis Manenti dans Les Misérables

César du meilleur scénario original : Nicolas Bedos pour La belle époque
César de la meilleure adaptation: Roman Polanski et Robert Harris pour J'accuse, d'après le roman D. de Robert Harris
César de la meilleure musique : Dan Levy pour J'ai perdu mon corps
César de la meilleure photo : Claire Mathon pour Portrait de la jeune fille en feu
César du meilleur montage : Flora Volpelière pour Les Misérables
César des meilleurs décors: Stéphane Rozenbaum pour La belle époque
César des meilleurs costumes: Pascaline Chavanne pour J'accuse
César du meilleur son : Nicolas Cantin, Thomas Desjonquières, Raphaël Mouterde, Olivier Goinard et Randy Thom pour Le Chant du loup

Sundance 2020: Minari plébiscité par le jury et le public

Posté par vincy, le 2 février 2020

Minari de Lee Isaac Chung, avec Steven Yeun, a été doublement récompensé, par le Grand prix du jury, présidé par Ethan Hawke, et par le prix du public, dans la sélection fiction américaine hier soir à Sundance. Le distributeur A24 apparait ainsi comme le grand vainqueur de ce Festival, qui a repris de la vigueur avec un marché en pleine forme, et qui s'est clôturé hier avec la soirée du palmarès. Le film est semi-autobiographique, et raconte l'histoire de la jeunesse du réalisateur américano-coréen en Arkansas.

Le prix de la réalisation est revenu à Radha Blank pour The 40-Year-Old Version. Côté documentaires, le jury a choisi Boys State de Amanda McBaine et Jesse Moss, qui raconte l'histoire d'une expérience de démocratie participative avec des adolescents texans, tandis que le public a plébiscité Crip Camp, film sur l'histoire des combats politiques autour du handicap. Le prix de la mise en scène est revenu à Garret Bradley pour Time.

Une française et Ben Whishaw au palmarès

Dans les sélections internationales, il n'y a pas eu non plus consensus. En fiction, le Grand prix du jury a été décerné au film iranien de  Massoud Bakhshi, Yalda, a Night for Forgiveness, récit autour d'une épouse accusée du meurtre de son mari, alors que le public a préféré Identifying Features (Sin Señas Particulares) de la mexicaine Fernanda Valadez, récompensé également pour son scénario, qui raconte l'histoire d'une femme à la recherche de son fils qui serait mort à la frontière américaine. La française Maïmouna Doucouré pour Mignonnes (Cuties) a été distinguée pour la réalisation. Le film sort en avril en France chez Bac films.

Enfin, Ben Whishaw a reçu un prix spécial pour son interprétation dans le thriller Surge de Aneil Karia.

Pour les documentaires internationaux, le Grand prix du jury a été remis à Epicentro de Hubert Sauper, et celui du public à The Reason I Jump de Jerry Rothwell. Iryna Tsilyk pour The Earth is Blue as an Orange est reparti avec le prix de la mise en scène.

Dans la catégorie NEXT, I Carry You With Me de Heidi Ewing a été doublement primé avec le prix du public et le prix de l'innovation. Il s'agit d'une histoire d'amour, inspirée d'une histoire vraie, entre deux hommes au Mexique, s'étalant sur plusieurs décennies.

Enfin le prix du meilleur film Albert P. Sloan, qui distingue un film dédié aux sciences et aux technologies, a couronné Tesla de Michael Almereyda, biopic sur l'innventeur et industriel avec Ethan Hawke.