Harry Potter : J.K. Rowling a l’avenir devant elle

Posté par vincy, le 13 juillet 2011

Cela fait 16 ans qu'elle est à la fois la mère créatrice, protectrice, et dépendante de Harry Potter. J.K. Rowling est depuis longtemps la Britannique la plus riche du monde. Sa fortune a dépassé les 600 millions d'euros : entre ses 450 millions de livres vendus, les royalties sur les produits dérivés et les pourcentages sur les films, l'écrivain est devenu un modèle. Ironique, quand on sait que quinze éditeurs ont refusé son premier manuscrit...

Outre ses activités caritatives et philanthropiques (nombreuses et généreuses), elle a de quoi encore s'occuper avec ses sorciers. Fin juin, elle a lancé avec fracas le site Pottermore.com, qui permettra de télécharger la saga littéraire en format numérique (pour tous types de tablettes et de "readers"). Dès octobre, le premier tome sera disponible. En plus de devenir éditrice électronique, Rowling proposera sur le site des jeux interactifs et surtout des chapitres inédits. Car Rowling a de la matière pour densifier ses livres déjà vendus avec davantage de précisions ou des récits annexes. Elle cache dans ses tiroirs de nombreux détails (des vertus du sang de dragon aux origines des Weasley) qu'elle peut exhumer pour ravir les fans.

Hormis Harry Potter, Rowling n'a écrit qu'une aventure : Les contes de Beedle le Barde, en 2008. Spin-off de Potter (un livre pour enfants traduit par Hermione Granger et commenté par Albus Dumbledore), les Contes est un recueil qui sert l'intrigue d'Harry Potter et les Reliques de la mort.

Mais sinon, Rowling n'a rien publié. Elle évoque même la possibilité de prolonger un jour d'autres tomes d'Harry Potter. Mais surtout, l'écrivain n'a jamais caché qu'elle avait beaucoup écrit en marge de sa volumineuse série. Elle a accumulé suffisamment d'idées et de récits pour se lancer dans l'Après-Potter.

Marie-France Pisier (1944-2011) : un fantôme en liberté

Posté par vincy, le 26 avril 2011

Marie-France Pisier, la promeneuse du Jardin du Luxembourg, n'était pas que cette voix si distinguée, qui l'avait rendue si singulière dans le cinéma français. Cette voix, qui lui donnait un ton si particulier dans les films de Truffaut et ses héritiers de la Nouvelle Vague, était aussi celle des femmes. Féministe engagée depuis la première heure, signataire du fameux manifeste des 342 salopes, diplômée en droit et fréquentant les cercles intellectuels et les milieux politiques, Pisier était une actrice par accident et une politicienne contrariée.

Si j'osais un aparté personnel, je voudrais écrire à quel point sa voix me ravissait, mais, encore plus, sa contemplation. Jeune cinéphile (gamin, quoi), elle faisait partie de mon panthéon de l'idéal féminin. Brune, gracieuse, élégante, égalitariste et intelligente : son féminisme et sa féminité me séduisaient bien plus que les cérébrales froides ou les géniales tragiques qui émergeaient alors dans le cinéma français.

L'absente de la Croisette

Quelle tristesse d'apprendre, à distance, sa mort, à 68 ans. Retrouvée morte dans sa piscine, une nuit de week-end pascal. L'autopsie est en cours.  Une fin précoce, inattendue, "choquante" selon l'expression de son amie Kristin Scott-Thomas, que Pisier avait dirigée dans sa première réalisation. On devait la voir au prochain Festival de Cannes (voir l'actualité du 30 mars dernier). Elle avait été récemment interviewée dans le cadre du documentaire Belmondo, Itinéraire... qui sera présenté à l'occasion de l'hommage à Jean-Paul Belmondo.

Pisier a joué deux fois avec l'acteur le plus populaire de France. Une première fois en 1976, au sommet de sa gloire cinématographique, dans Le corps de mon ennemi (1,8 million d'entrées), d'Henri Verneuil. Film noir sur la corruption, elle incarnait une bourgeoise raffinée qui s'encanaillait avec le voyou Bébel. Elle retrouvera le comédien dans la comédie L'As des As (5,5 millions d'entrées), où elle joue une journaliste qui s'apprête à interviewer Hitler et pousse Belmondo à jouer les sauveurs d'un enfant juif.

La Colette de Truffaut

Mais Marie-France Pisier a surtout été la muse de deux cinéastes, que tout relie. François Truffaut qui l'a découverte, et André Téchiné, qui l'a consacrée. Le premier en a fait le pendant féminin de Jean-Pierre Léaud dans la série des Antoine Doinel. Elle répond à une petite annonce, alors qu'elle n'a aucune information, pour devenir le rôle principal féminin d'Antoine et Colette (1963). Sa désinvolture, son chic naturel, sa vivacité conquièrent le cinéaste, qui, parlant de sa voix, disait qu'elle était son meilleur atout et son pire handicap. Cette voix qui pouvait être à la fois distante, snob, moqueuse, cinglante, ironique, indifférente, blessante...

Elle prolongera l'aventure avec Truffaut dans Baisers volés (1968) et surtout L'amour en fuite (1979), qu'elle co-scénarise avec le cinéaste, Jean Aurel et Suzanne Schiffman. Elle revient en ex-amour et brillante avocate.

Après Truffaut, Marie-France Pisier trouve un deuxième mentor, Robert Hossein qui l'emploie pour trois polars (La mort d'un tueur, Les yeux cernés, Le Vampire de Düselldorf). Pisier prend alors son envol et tourne avec Alain Robbe-Grillet (Trans-Europe Express), Charles Belmont (L'écume des jours, d'après le best-seller de Boris Vian), Stanislas Stanojevic (Le journal d'un suicidé, mésestimé), Luis Bunuel (Le fantôme de la liberté, avant-dernier film du maître espagnol) et Jacques Rivette (Céline et Julie vont en bateau, qu'elle co-scénarise aussi). Ce ne sont pas forcément des rôles principaux, mais à l'époque sa vie est un peu ailleurs : étudiante politiquement impliquée, ex-fiancée de Daniel Cohen Bendit qu'elle fait revenir en France, au premier rang pour la légalisation de l'avortement... Et à la télévision elle est l'une des héroïne du feuilleton populaire Les gens de Mogador.

Sans compromis chez Téchiné

En 1969, elle avait rencontré le deuxième cinéaste marquant de sa carrière. Avant Catherine Deneuve, le jeune André Téchiné en a fait son égérie : Pauline s'en va, Souvenirs d'en France, Barrocco, Les Soeurs Brontë. Dans Souvenirs d'en France, avec Jeanne Moreau, Pisier est sophistiquée et donne à quelques séquences des moments cultes de cinéma. "Foutaises!" aurait-elle clamé... Avec Barrocco, en second rôle face à la jeune Isabelle Adjani, elle gagne ses gallons : un an après son César dans Cousin, cousine, elle en remporte un second. Dans Les soeurs Brontë, entre Adjani la tragédienne et Huppert la cérébrale, elle trouve sa place en soeur aînée dont le destin sera le moins malheureux de tous. Le film est sélectionné à Cannes. Elle y retournera pour L'oeuvre au noir, d'André Delvaux (d'après Marguerite Yourcenar), en 1988 et pour Le temps retrouvé, de Raoul Ruiz, en 1999. Parfaite dans l'univers de Proust en madame Verdurin

Auparavant, en 1975, Cousin, Cousine de jean-Charles Tacchella, aura connu un joli succès, avec un prix Louis-Delluc et trois nominations aux Oscars. Parfaite pour donner la réplique aux monstres sacrés et aux stars, elle sait leur voler la vedette et habiter un personnage en un geste, un mot, un regard. Elle tourne à l'étranger (La montagne magique, d'après Thomas Mann) et dans des productions de grands auteurs français comme Le prix du Danger (Boisset), La banquière (Girod), Parking (Demy). On l'emploie aussi pour incarner les géantes : Coco Chanel dans Chanel solitaire en 1981, George Sand dans La note bleue en 1991. Elle accepte des rôles plus populaires comme Les Nanas (l'un des premiers films avec Juliette Binoche) et puis récemment Il reste du jambon? d'Anne de Petrini.

La mère d'une nouvelle génération

Son destin est ailleurs. Car, certes, elle a récemment tourné pour une nouvelle génération, sans doute respectable de l'héritage des Truffaut et Téchiné : Maïwenn (Pardonnez-moi), Yamina Benguigui (Incha'Allah Dimanche), Stéphane Giusti (en mère perturbée dans la comédie gay Pourquoi pas moi ?) ou encore Manuel Poirier (Marion). Le plus bel exemple est ce personnage magnifique dans le film de Christophe Honoré, Dans Paris, où elle était la mère, au visage encore sublime, de Romain Duris et Louis Garrel.

A partir des années 80, elle commence à écrire, notamment Le bal du gouverneur, évocation de son enfance en Nouvelle-Calédonie, qu'elle adaptera elle-même au cinéma en 1990. Elle réalisera une suite, Comme un avion, autour du suicide de ses parents. Dans les années 90, elle monte sur les planches. Elle jouera souvent du Guitry. On la croisera aussi sur le petit écran.

Et puis finalement on ne la verra plus. Coincée dans une chaise, dans une piscine, une nuit d'avril, Marie-France Pisier a disparu... A 66 ans, cette native de la ville des fraises des montagnes du centre sud du Vietnam (à l'époque, l'Indochine) a rejoint ses fantômes, ceux de ses parents et d'autres tout aussi intimes. Pour elle, on ne peut que croire à une libération. Il faudra quand même attendre l'élucidation des circonstances de son décès. Cette discrète n'avait sans doute pas prévue le battage médiatique qu'elle susciterait en s'en allant si soudainement...

Bernard Giraudeau (1947-2010), le marin prend la mer

Posté par vincy, le 17 juillet 2010

bernard giraudeauIl était séducteur avec son regard azur irréel. Une des belles gueules du cinéma français. Il était voyageur, baroudeur, explorateur : l'Amérique du Sud, l'Asie orientale ou l'Afrique noire. Il en fait des romans, des documentaires. Sa passion pour l'écrit lui faisait lire Harry Potter ou Le Petit prince pour les enfants. Auteur d'une dizaine de romans, BD ou documents, Bernard Giraudeau (Portraits et films sur Ecran Noir), c'était l'élégance d'un chevalier et la curiosité jamais assouvie. Le regard perdu sur ces horizons lointains, infinis, tentants. Jamais atteints.

Evidemment ce fut d'abord un grand comédien, attachant et juste. Pas simplement pour sa belle gueule, son allure costaud. Dans la comédie ou l'action, le polar ou le drame, il était toujours comme il fallait. Même si peu de films étaient à la hauteur de son talent. Lui-même préférait se disperser, partir ailleurs, sur les planches ou dans des contrées exotiques, pluttôt que de se laisser avaler par le 7e art qui l'avait rendu célèbre.

Ce talent, on l'aura remarqué grâce à des personnages parfois ambivalents, jamais nets. L'homme voilé, Une affaire de goût, Le fils préféré, Gouttes d'eaux sur pierres brûlantes... autant de récents personnages fascinants, troubles, que ce soit chez Garcia, Ozon, Rapp... Mais Giraudeau, préférant multiplier les rencontres et en pas s'enfermer dans une famille, ce qui le conduisit a souvent refuser de grosses productions où on l'aurait cantonné en  héros d'une époque, aura aussi tourné sous les regards d'Assayas, Ruiz, Miller, Giovanni, Arcady, Boisset, Scola, Kurys, Devers... C'est évidemment Leconte qui lui donna deux de ses rôles les plus populaires : en flic sous couverture dans Les spécialistes, avec Gérard Lanvin, et en homme d'église corrompu, cruel et manipulateur dans Ridicule, face à Fanny Ardant. Il aura aussi donné la réplique à Deneuve, Marceau, Cardinale...

Mais s'il ne fallait garder qu'un seul film, ce serait Les Caprices d'un fleuve. Ses documentaires ou ses fictions, à titre de réalisateur, démontraient une grande sensibilité mais surtout un regard sur le monde, métissé et infini, humain et violent, amoureux et avide d'une aventure de plus. Les Caprices d'un fleuve, ambitieuse fresque sur la difficile colonisation de l'Afrique par les Français, était tout cela à la fois, en plus d'être sensuel.

Six fois cité aux Césars, trois fois aux Molières, Giraudeau l'artiste se battait depuis 10 ans contre son cancer. Il ne tournait plus depuis cinq ans, mais écrivait avec succès. Aucun Toubib pour le sauver, plus aucune vie à croquer... Il ne nous reste plus que la tendresse, bordel!, quand on évoque cet homme. Ce souvenir.

PPDA, du livre au cinéma

Posté par vincy, le 28 janvier 2009

poivre d arvorDepuis qu'il a quitté sa position d'homme tronc du journal télévisé de 20 heures, Patrick Poivre d'Arvor, a le don d'ubiquité : sur les plateaux de télévision, où il a été l'invité chouchou des talk-shows de l'automne, avant de reprendre du service sur France 5 (depuis deux semaines) et Arte (dans un mois) ; dans les librairies, où chaque mois, un nouveau livre ou une réédition envahit les comptoirs, même si son dernier ouvrage, un essai intitulé A demain ! En chemin vers ma liberté (Fayard) n'a pas rencontré le succès escompté ; et désormais au cinéma... PPDA passera derrière la caméra cet été, avec son frère Olivier Poivre d'Arvor, par ailleurs président de CulturesFrance, organisme chargé de promouvoir la culture française hors de ses frontières.

Il est évident que ce n'est pas l'expérience de cinéaste qui a facilité le financement du projet. Un coup (raté) à la Houellebecq ou une tentative (sincère) à la Claudel ? Si de plus en plus d'écravins passent derrière la caméra (Eric Emmanuel Schmitt sort un nouveau film cette année, Marc Dugain est actuellement en tournage), et si cela a toujours existé (Cocteau, Duras...), les critiques et cinéphiles restent dubitatifs sur le talent de chacun à mettre en images leurs propres mots.

Le film sera l'adaptation de leur roman J'ai tant rêvé de toi, paru en 2007 chez Albin Michel. Le tournage débutera cet été. Cela devrait se dérouler, comme dans le roman, à Prague. Il s'agit de l'histoire de Youki, fragile, anorexique, nymphomane, à l'enfance dévastée par le manque paternel qui découvre son père, un Casanova vieillissant doublé d'un imposteur... Le film avait reçu les éloges de la critique littéraire, des libraires et avait finit en bonne position dans la plupart des prix littéraires.

La ligne du temps s’arrête pour Michael Crichton

Posté par vincy, le 6 novembre 2008

time_mchaelcrichton.jpgEcrivain à succès, inventeur du techno-roman à succès, Michael Crichton aura été l'un des auteurs les plus rentables d'Hollywood. La plupart de ses livres auront été transposés au cinéma. Le mystère Andromède, Opération Clandestine, L'homme terminal furent les premières adaptations littéraires au début des années 70. Son premier grand succès fut La grande attaque du train d'or, avec Sean Connery et Donald Sutherland. Puis le romancier n'intéressa plus les studios durant quinze ans. La révolution numérique des effets spéciaux va changer la donne. Les producteurs vont s'intéresser de près à ces histoires scientifiques et technophiles. Ainsi Philip Kaufman s'attaque à Soleil levant (Sean Connery, Wesley Snipes, Harvey Keitel), Barry Levinson préfère Harcèlement (Michael Douglas, Demi Moore, Donald Sutherland) et Sphere (Dustin Hoffman, Sharon Stone, Samuel L. Jackson). Durant les années, encore plus que les livres de John Girsham, ceux de Michael Crichton sont tous acquis par un studio. On a ainsi pu voir sur grand écran Laura Linney dans Congo, Antonio Banderas dans Le 13e guerrier, ou encore, plus tard, Paul Walker dans Timeline (Prisonniers du temps) et Nicolas Cage dans Next.

Mais c'est bien évidemment Steven Spielberg qui permettra à Michael Crichton de devenir milliardaire. D'abord avec l'adaptation de Jurassic Park où les magiciens d'ILM font vivre en 1993 le roman publié trois ans plus tôt. L'un des films les plus populaires de l'histoire amènera une suite romancée (Le monde perdu), deux années avant son adaptation cinématographique. Spielberg, dans le même temps, produit la série télévisée imaginée et écrite par l'auteur : Urgences.

Crichton a écrit d'autres livres, pour l'instant ignorés du cinéma, mais aussi des jeux vidéos et un scénario de blockbuster (Twister). Ses personnages sont assez binaires, très américains, toujours dans la norme, mais tourmentés par des divorces, des dilemmes familiaux, un travail passionnant et vampirisant.

Il a aussi réalisé six films : Westworld, Coma (Morts suspectes), La grande attaque du train d'or, Looker, Runaway, Preuve à l'appui. Respectivement un western de science fiction avec Yul Brynner, un thriller avec Michael Douglas, une comédie policière, un film d'horreur avec Albert Finney, un thriller fantastique avec Tom Selleck et un polar avec Burt Reynolds.

Les années 80 auront été très anarchiques : son désir de réalisateur s'est confronté à son talent médiocre, il a écrit ses deux moins bons romans et Hollywood n'avait aucun intérêt pour lui. Après ses débuts dans la série B voire Z, son Parc Jurassique lui permettra de mettre un terme à sa carrière de réalisateur, de s'investir dans celle de romancier. A la manière d'un Grangé en France, il écrivait des livres pour les voir adaptés au cinéma.

Son dernier ouvrage, Final day of Happiness sortira en 2009 en librairies. Au cinéma, ses personnages de Jurassic Park lui survivront dans un quatrième épisode. Et un remake de Westworld est annoncé.

Cannes : Qui est François Bégaudeau?

Posté par vincy, le 23 septembre 2008

francoisbegaudeau.jpgFrançois Bégaudeau. Un nantais de 37 ans. Jolie gueule. Un peu froid, un peu hautain pour ceux qui l’ont croisé. Il sait qu'il est doué (mention très bien au bac). Il travaille aussi énormément.

Un écrivain (son  Anti-manuel de littérature  sort le 2 octobre en librairie). Un journaliste littéraire sur Canal + et cinématographique dans Transfuge et Playboy. Un chroniqueur sportif. Fan de foot, il a commenté le dernier championnat européen dans le journal Le Monde. C'est d'ailleurs un mauvais pronostiqueur... De sa passion, il avait même fait un roman, Jouer juste, où il mélangeait amour et football.

Un asocial, c’est ce qu’on lit Dans la diagonale, considérations de trentenaires qui n’ont plus rien à dire. Un cynique aussi ? Ou plutôt un habile écrivain maniant parfaitement l’ironie. Un ancien professeur (de français), donc. Pour manger. Il plaide pour qu'on ne note plus rien, pour que l'école soit moins un outil sélectif qu'un moyen d'émancipation.

Un chanteur aussi. Dans un groupe punk, Zabriskie point (le titre d’un film d’ailleurs). Il a tout du gendre idéal, hétéro, belle gueule, bonne tête. « Féminisme viril », c’est lui qui le dit.  « Je me trouvais plus séduisant quand j’étais jeune », affirme-t-il pourtant. Un coup de mou ? Ou alors plus assez la pêche pour sauter sur scène, chanter, hurler, grimacer (la tournée du groupe a été filmée dans un enregistrement,  Je suis une vidéo machine). Là encore le corps se mixe avec le bonhomme. Pas pour rien qu’il écrira un roman sur Mick Jaeger. Forcément. « Jouer n’est pas cette chose si difficile, profonde et éprouvante. Les acteurs réfléchissent mal. Un bon acteur accepte le vide. Le rôle se construit comme cela. » Bien réfléchi tout cela. Il aime théoriser sur le corps et la pensée, qui s’entrelacent, qui dépendent l’un de l’autre, qui se mélangent l’un à l’autre.

Un politique bien sûr. Et même un militant (Réseau Education Sans Frontières). Il est de gauche, prépare un documentaire sur la jeunesse sarkozyste. Bégaudeau est un homme qui écrit (beaucoup), mais qui est avant tout un démocrate. Ce qu’il prouve dans Entre les murs (Prix France Culture-Télérama), qui débat constamment du sujet.

Un enfant gâté enfin. « A 15 ans, j'adorais le rock, la littérature et le cinéma et j'ai eu la chance de faire les trois.» Il est un homme de son temps, médiateur et médiatique.