Gérardmer 2012 : Extrêmes sensations promises

Posté par geoffroy, le 26 janvier 2012

La 19ème édition du Festival de Gérardmer, présidé par l’auteur-dessinateur et réalisateur français Enki Bilal (Immortel (Ad Vitam)), ouvre ses portes du 25 au 29 janvier 2012. Le festival, comme à son habitude, prône la diversité (nombreux sous-genres, nationalités et, Gérardmer oblige, multitude de sections). Cette année le festival innove en créant une toute nouvelle sélection sobrement baptisée « Extrême ». Son but, défendre les couleurs d’un cinéma fantastique toujours prompt à défier les limites d’un genre. 5 films assureront le spectacle pour un public avisé. L’effroi sera au rendez-vous !

Outre un hommage rendu à l’acteur Ron Perlman (La guerre du feu, Le nom de la rose, La cité des enfants perdus, Alien resurrection, Blade II, Hellboy I et II ou encore Drive), notons la venue du dernier Francis Ford Coppola – Twixt – qui fera l’ouverture du festival. La compétition officielle propose 8 films allant de de la Corée du Sud au Mexique en passant par l’Allemagne. Un regret. Il n’y a pas de film français à l’exception du Petit Poucet de Marina de Van (Hors-Compétition). A noter la présence de The Moth Diaries de la Canadienne Mary Harron (American Psycho) vu au dernier festival de Venise.

Cela suffira-t-il pour redorer son blason ? Avec  la nouvelle rivalité du Festival du film fantastique de Paris et un film de genre de plus en plus polymorphe, Gérardmer joue gros cette année. Il est indispensable que médiatiquement et cinématographiquement le Festival parvienne à convaincre les distributeurs qu'il est toujours le "Sitgès" français.

Membres du Jury
Président compétition officielle longs métrages
Enki Bilal (Illustrateur, réalisateur, auteur, scénariste)

Jury compétition officielle longs métrages
Christine Citti (Comédienne)
Vincent Desagnat (Comédien)
Dinara Drukarova (Comédienne)
Tonie Marshall (Réalisatrice, comédienne et scénariste)
Agnès Merlet (Réalisatrice)
Joann Sfar (Dessinateur et réalisateur)
Tomer Sisley (Comédien)

Compétition officielle
The Cat, Seung-Wook Byun
Babycall, Pål Sletaune
Beast, Christopher Boe
Eva, Kike Maillo
Hell, Tim Fehlbaum
La Maison des ombres, Nick Murphy
The Moth Diaries, Mary Harron
Pastorela, Emilio Portes

Hors Compétition
Beyond the Black Rainbow, Panos Cosmatos
The Caller, Matthew Parkhill
Chronicle, Josh Tank
Comforting Skin, Derek Franson
Corman's World: Exploits of a Hollywood Rebel, Alex Stapleton
The Day, Douglas Aarniokoski
The Divide, Xavier Gens – Film de clôture
Emergo, Carles Torrens
Invasion of Alien Bikini, Young-doo Oh
Norwejian Ninjas, Thomas Cappelen Malling
Perfect Sense, Adam Wingard
Le Petit Poucet, Marina de Van
Rabies, Aharon Keshales & Navot Papushado
The Theatre Bizarre, collectif
Twixt, Francis Ford Coppola – film d’ouverture
Underwater Love a pink musical, Shinji Imaoka
The Woman, Lucky McKee

Section “Extrême”
Blood Creek, Joel Schumacher
Choose, Marcus Graves
Grave Encounters, Vicious Brothers
The Incident, Alexandre Courtès
Mother's Day, Darren Lynn Bousman

La nuit Fantastique
Juan of the Dead, Alejandro Brugués
New Kids Turbo, Steffen Haars, Flip Van der Kuil
Tucker & Dale fightent le mal, Eli Craig

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Pour plus d’info: Festival de Gérardmer

Palmarès de la 16è édition du Festival du Film Fantastique de Gérardmer

Posté par denis, le 1 février 2009

Une année de plus pour le petit frère d’Avoriaz qui continue d’ensanglanter les montagnes des Vosges.

Présidée par John Landis, le papa des Gremlins, cette seizième édition aura été marquée par un cinéma fantastique toujours plus vigoureux, n’ayant de cesse de pomper un sang éternellement neuf. Excepté une rétrospective consacrée aux Lumières et couleurs du fantastique, avec entre autres le Nosferatu d’Herzog, un certain Elephant man, un méconnu Shining ou encore les bien calmes Blue Velvet et Possession, et un superbe hommage en l’honneur du Président cuvée 2009, les séances ont alterné entre films furibards, le français Mutants, le remake En quarantaine, et OFNI, Repo ! the genetic Opera et le petit dernier d’Henenlotter, Bad Biology. Sans oublier la version restaurée des Prédateurs, de Tony Scott.

En compétition, tout autant de diversité à se mettre sous la dent. Au choix une version coréenne d’Hensel et Gretel, un accouchement forcé dans Grace, un survival des familles avec Manhunt, de l’art photographique mortifère dans The Midnight Meat Train, des films historico-horrifiques, The Burrowers et Sauna, et l’éternel film de vampires, venant du Nord cette fois-ci, Morse. C’est d’ailleurs ce dernier, qui sort cette semaine dans les salles françaises) qui a remporté le grand prix du festival.

GRAND PRIX : Morse (Let the right one in) de Tomas ALFREDSON (Suède)
PRIX DU JURY : Grace de Paul SOLET (Etats-Unis)
PRIX DE LA CRITIQUE : Morse (Let the right one in) de Tomas ALFREDSON (Suède)
PRIX DU JURY SCIENCE FICTION : The Midnight Meat Train de Ryuhei KITAMURA (Etats-Unis)

L'an dernier, L'orphelinat et REC, deux films espagnols, avaient trusté le palmarès. REC a même réussi à être le deuxième film européen le plus vu dans les salles françaises en 2008.

Le festival aurait attiré 30 à 40 milles spectateurs. Les fans de cinéma fantastique se donnen rendez-vous à Bruxelles, prochain grand rendez-vous du genre, du 9 au 21 avril prochain.

Histoires enchantées : le désenchantement

Posté par Morgane, le 21 décembre 2008

histoires enchanteesSynopsis : Skeeter Bronson travaille comme homme à tout faire dans un hôtel. Pour aider sa sœur, il accepte sans enthousiasme sur son neveu et sa nièce pendant une semaine. Avant qu’il ne s’endorme, il leur raconte des histoires inventées de toutes pièces, mélangeant sa propre vie et celle de son entourage. Mais lorsque mystérieusement elles deviennent vraies, Skeeter prend soudain conscience de l’importance des enfants de sa vie…

Ce que l’on en pense : Il est bien difficile de se laisser porter par l’univers "fantastique" dans lequel Adam Sandler et ses deux petits conteurs (en l’occurrence, son neveu et sa nièce) tentent de nous entrainer. Les mondes féeriques semblent en réalité très pauvres et collent bien souvent aux clichés du genre. Le héros finit inévitablement avec la belle jeune femme tandis que les gentils réussissent, in extremis, à prendre le dessus sur les méchants.

De plus, les contes ici présentés ont une morale parfois douteuse. L’argent y règne en maître ainsi que le leitmotiv "si on veut réussir on peut". Les hamburgers deviennent le repas des rois détrônant ainsi la détestable "malbouffe" à base de germe de blé, de soja et de riz. Puis peu à peu, le film se révèle être une véritable publicité géante à l’effigie de Disney (Buzz l’éclair par ci, Le Roi Lion par là…).

Mais ce qui rend Histoires Enchantées encore plus inaccessible réside dans l’univers froid de l’hôtellerie où se déroule l’action et l’aspect fade des parties imaginaires. Les mondes "rêvés" se situent dans l’Antiquité, au Moyen Age ou bien chez les cow-boys et les Indiens et manquent cruellement d’imagination. De plus, ces mondes, au lieu d’être un moyen magique de s’évader se révèlent avoir une utilité concrète dans le monde réel. En effet, Skeeter s’aperçoit bien vite de leurs répercussions dans sa vie et va les utiliser pour servir ses propres ambitions. Le rêve se trouve vite brisé et la magie s’envole loin, très loin du film.

Il n’y a guère qu’Adam Sandler et son jeu (même si on est bien loin de sa prestation dans Punch Drunk Love) ainsi que Globule, le cochon d’Inde des enfants, avec ses yeux exorbités et sa découverte des hamburgers et des chamallows, qui nous font sourire. La Monica (Courtney Cox), maniaque de la propreté dans Friends, fait également une impression cocasse et reprend ici du service en maman poule ne jurant que par la nourriture macrobiotique. Ces quelques aspects donnent un peu de pep’s au film mais il n’en reste pas moins que les histoires de l’Oncle Skeeter sont bien loin de nous enchanter.

Sitges : le cinéma fantastique à l’honneur

Posté par MpM, le 6 novembre 2008

Festival international du film de Catalogne à SitgesPour sa 41e édition, le Festival international du film de Catalogne, consacré au cinéma fantastique, a confirmé le succès croissant rencontré lors des éditions précédentes avec pas moins de 140 000 festivaliers sur une dizaine de jours. Qu’est-ce qui attire les amateurs du cinéma de genre à Sitges ? Probablement la diversité des films présentés, allant de l’épouvante pure et dure au surnaturel, en passant par la science fiction et l’héroïc fantasy. Par le passé, des cinéastes aussi différents que Woody allen (Scoop), Jaume Balagueró (Rec) ou Hayao Miyazaki (Le château ambulant) ont ainsi participé à la compétition principale !

Sans surprise, cette année, il y en avait donc encore pour tous les goûts. Après le très moyen Mirrors d’Alexandre Aja en ouverture, la compétition a enchaîné Surveillance de Jennifer Lynch (meilleur film), Eden Lake de James Watkins (Prix du jury), Le bon, la brute et le cinglé de Kim Jee-woon (meilleur réalisateur et meilleurs effets spéciaux), The Sky Crawlers de Mamoru Oshii (meilleure musique), Tale 52 d’Alexis Alexiou (meilleur scénario), Red de Trygve Allister Diesen and Lucky McKee (Brian Cox meilleur acteur), Martyrs de Pascal Laugier (prix des meilleurs maquillages FX)… Soit à la fois le plus radical et le plus délirant, le plus pervers et le plus philosophique. Hors palmarès et hors compétition, on croisait également Transsiberian de Brad Anderson, Rocknrolla de Guy Ritchie, Dachimawa Lee de Ryoo Seung-wan ou encore The broken de Sean Ellis.

Côté événements, un hommage a été rendu au film 2001, Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick dont c’était le 40e anniversaire. Les réalisateurs Nicholas Meyer (C’était demain, Star Trek 2, 4 et 6…) et John Carpenter (New York 1997, Los Angeles 2013, The thing…) ont par ailleurs reçu un "Time Machine Award" (Prix de la machine à remonter le temps) pour l’ensemble de leur carrière. Enfin, et les mini-events trauma du festival de cannes sont battus à plate couture, une parade de zombies ("Eastpak Zombie Walk") a réuni plusieurs centaines de personnes déguisées en zombies et autres morts vivants, sous la houlette du spécialiste George Romero qui a lui-même donné le coup d’envoi.

L’édition 2009 du Festival de Sitges devrait faire la part belle à l’univers d’Alien (on fêtera le 30e anniversaire du premier volet dirigé par Ridley Scott) et au phénomène Ghostbusters. Avec peut-être, pour fêter l’événement, un défilé nocturne de fantômes ?

AFI (3). Fantastique : la domination d’Oz

Posté par vincy, le 26 juin 2008

oz.jpgAujourd’hui très prisé, le rayon fantastique n’a, selon l’AFI, qu’un seul récent film digne d’être dans les dix meilleurs, Le seigneur des anneaux. Deuxième du classement, il fait la « nique » à Harry Potter (absent). Trois autres films « relativement récents » s’invitent dans le club des 10 : Jusqu'au bout du rêve (avec Kevin Costner) et deux comédies, Big (avec Tom Hanks) et Un jour sans fin (avec Bill Murray). Le fantastique aurait donc connu son âge d’or entre 1933 (King Kong) et 1950 (Harvey). Ce qui fait d’ailleurs deux films avec James Stewart (en plus de Harvey, le classique La vie est belle, 1947). Il est assez logique de retrouver en tête du Top 10, Le Magicien d’Oz (1939), qui s’accapare tous les prix d’excellence des listes de l’AFI depuis 10 ans. Une domination sans partage possible…

On constate aussi la présence de deux des films les plus anciens de tous les autres classements de l’AFI avec Le voleur de Bagdad (muet) et King Kong (1933). Deux manières de voir le fantastique : le rêve ou l’horreur. C’est peut-être pour cela que cette liste laisse sur sa faim, un peu bancale.

Notre avis : Inventif et audacieux, Le magicien d’Oz fait oublier quelques aberrations et quelques omissions.

Prochain épisode : le film de gangsters, suite et remake

Différent ! : le cinéma espagnol investit Paris

Posté par MpM, le 19 juin 2008

Différent !Après la réussite des soirées Espagnolas à Paris, qui se sont tenues au Majestic Passy le premier lundi de chaque mois depuis janvier 2008, le concept initié par une poignée de cinéphiles hispanisants (faire connaître le cinéma espagnol dans toute sa diversité) s’étend au reste de la capitale ! Jusqu’au 22 juin, le festival "Différent !" propose ainsi de nombreuses projections dont une nuit de l’étrange espagnol (Les proies de Gonzales Lopez-Gallego suivi d’un programme de courts métrages), un après-midi thématique sur les discriminations ("Intolérances"), une sélection spéciale Fête de la musique, un concert quasi improvisé et une soirée spéciale en présence de Catherine Deneuve (projection de Tristana de Luis Bunuel ce soir à 20h au Majestic Passy). Même si le but de la manifestation est de casser les habituels clichés sur l’Espagne et sa cinématographie, on croit quand même pouvoir dire sans trop s’engager que l’ambiance sera à la Fiesta.

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Du 19 au 22 juin
Cinémas Majestic Passy, le Latina et Reflet Medicis
Horaires et informations sur le site de Différent !

Jeu Concours, mardi 3 juin : DVD Le Pensionnat

Posté par Raphaël, le 29 mai 2008

Le 3 juin, Ecran Noir fait gagner à ses abonnés des DVD du film Le Pensionnat, sorti en salles le 22 août dernier.

Malgré ses qualités indéniables, le film n'a pas rencontré le succès qu'il méritait. C'est l'occasion de découvrir en DVD ce film émouvant et humaniste entre fantastique et nostalgie de l'enfance, si vous l'avez manqué ou si vous l'avez adoré en salles.

Réalisé par un espoir du cinéma thaïlandais, du cinéma d'auteur à découvrir de toute urgence.

Synopsis, casting, liens, critique

Pensez à vous abonner à la newsletter avant le 2 juin si ce n'est pas déja fait.

Game in Thailand & Cottage in U.K.

Posté par denis, le 8 avril 2008

Le déferlement des productions fantastiques asiatiques au BIFFF est tel qu’il est maintenant habituel de redouter le pire, entre l’énième film de fantômes, de malédictions, ou d’horror-action mou du genou. D’autant plus que la Thaïlande n’est pas réputé pour son panel cinématographique exportable (si ce n’est un Ong Bak renvoyant Van Damme jouer avec ses petits soldats ou un Tropical malady enchanteur pas sa poésie naturaliste). Et à la vision de 13 Beloved, on ne peut que faire la révérence devant ce thriller psychologique et manipulateur, empruntant tout autant à The Game et à Saw et ne lâchant pas son spectateur jusqu’à la dernière seconde pour une conclusion malheureusement bien contemporaine. Un pauvre quidam a qui rien ne réussit se voit proposer un jeu en 13 épreuves qui, s’il parvient à les franchir, le rendront riche. A lui de savoir s’il acceptera de jouer jusqu’au bout. Si ce pitch n’a rien de très original, le traitement thématique quant à lui se démarque par un comique de situation parfois irrésistible entrecoupé de réflexions sur la place de l’homme dans cette société capitaliste. Est-ce que tout est consommable, que vaut l’homme dans une époque où le divertissement peut devenir meurtrier pour le simple plaisir du jeu (cette thématique fut abordé brillamment dans Le prix du danger et son remake Running man) sont des questions revenant sans cesse au fil des épreuves subies par le héros. Seront aussi égrenés des thèmes comme l’abandon des personnes âgées, la violence urbaine, le voyeurisme. Bref, c’est un portrait bien noir du monde que brosse le jeune réalisateur, mis en image avec intelligence, humour et énergie, et dont le savant mélange rend d’autant plus percutant le propos ( les scènes gores désamorcent d’ailleurs à chaque fois la noirceur du propos). Et le final, sans être un banal twist, débouche sur une morale imparable. 13 Beloved aurait donc beaucoup de chose à apprendre à de nombreuses productions occidentales ultra-balisées et codifiées. Que dire de plus, si ce n’est de lui souhaiter un distributeur français avant que les américains s’en emparent pour encore une fois en faire un remake.

Autre style plus léger mais versant avec allégresse dans les tripailles, The cottage est un film anglais appartenant au genre de la comédie horrifique qui, depuis le succès de Shaun of the dead, est de nouveau bien accueilli par les producteurs et le public. Et comme son aîné ou Severance, The cottage ne se veut rien d’autre qu’un hommage au genre, instillant ici où la des dialogues ciselées et des situations rocambolesques pour justement sortir du genre. Ainsi Shaun of the dead est initialement un film de zombies, Severance un survival, et The cottage un film de gangster. Sauf lorsqu’un fermier psychopathe se met en colère et décime tous ces intrus qui n’ont rien à faire en pleine campagne. Equilibrant parfaitement les ambiances, Paul Andrew Williams réussit un patchwork tout ce qu’il y a de plus réjouissant grâce au traitement de ses personnages et aux liens les unissant. L’humour reposera pour beaucoup sur la relation fraternelle, et les acteurs sont tous suffisamment pittoresques pour que leurs personnages ne soient jamais pris au sérieux. Et c’est après avoir décrédibilisé la pseudo tension du début du métrage que le réalisateur fait verser The cottage dans le gore horrifique avec ce mutant attardé découpant tout ce qui lui tombe sous la main. Le film ne fait pas peur, ce n’est pas le but, mais amuse énormément grâce à cet esprit B loufoque qui ne se prend pas au sérieux. Rire de bon cœur ... 

BIFFF 2008 expressionism kitsch and Roma

Posté par denis, le 6 avril 2008

Le suranné a toujours un goût de douce mélancolie qui ne demande qu’à réinvestir l’affect des spectateurs du BIFFF. Loin des grosses productions actuelles, avec SFX digitaux monstrueux et bande-son tonitruante, quelques films résistent à l’appel du toujours plus avec les nouvelles techniques, et préfèrent se tourner vers leurs aînés pour construire bout à bout des pelloches fleurant bon les eighties voire les sixties.

The Aerial

Commençons par The Aerial, film espagnol réalisé par Esteban Sapir, pamphlet sévère sur la colonisation des esprits dont l’esthétique rappelle autant les films de Murnau que ceux de Guy Maddin. Construit en ombres chinoises, en superposition de plans, en images irisées et sur des surimpressions de dialogues, The Aerial est un exercice de style surprenant, ne tombant jamais dans la démonstration de savoir-faire de son réalisateur mais appliquant par amour du cinéma les multiples techniques du langage cinématographique. On peut même oser faire le grand écart entre l’utilisation de ces dialogues incrustés dans l’image rappelant le Domino de Tony Scott et le maelstrom de plans se chevauchant digne de L’homme à la caméra de Dziga Vertov. D’ailleurs tout le spectre du cinéma expressionniste se retrouve dans le film, de l’utilisation des ombres et des lumières aux axes de caméra tarabiscotés, sans oublier les décors parfois en trompe-l’oeil et sentant bon le carton pâte sortis tout droit du Cabinet du Dr Caligari. Et tout cela ne serait qu’une suite de référence si The Aerial n’était pas aussi contemporain dans son propos et si humain dans le traitement de ses personnages. Une famille résiste à l’hégémonie du directeur d’une chaîne de télévision qui a asservit toute la population. Après avoir mangé leurs paroles, les habitants ne parlent plus, ce dictateur veut aussi s’approprier leurs mots et leurs pensées. « Il nous a pris la parole, mais ils nous restent encore les mots » dit le grand-père, décidé à ne pas se laisser abattre. A l’heure actuelle où Rupert Murdoch, Bouygues et autres oligarques des médias s’arrangent pour asseoir leurs pouvoirs, The Aerial est une excellente piqûre de rappel. Et puis souvenez vous, la fameuse Métropolis de Fritz Lang date de 1927. Pourtant son approche des classes sociales et sa démonstration de la manipulation des masses sont toujours aussi pertinentes au XXIème siècle. Métropolis, The Aerial, même combat et même croyance en l’image pour réveiller l’imaginaire. L’imaginaire, seul territoire encore inexploré par tous ces assoiffés du pouvoir.

Flick

Changement d’épaule avec Flick, film semblant sortir tout droit d’une petite production des années 80, avec zombie belliqueux et bande-son rock’n roll. Pour son premier film, le réalisateur a joué la carte de l’esthétique kitsch et pulp, avec moult éclairages flashys bleus verts rouges grimant son film comme une B.D. live. D’ailleurs l’insert de cases de B.D. pour les scènes d’action appuie son parti pris de réaliser un petit film héritier du cinoche d’exploitation monté avec trois francs six sous, et rappelant lors de quelques séquences un certain Evil Dead tant pour son personnage principal grimé en Ash que pour le rouge gore éclaboussant les murs. Pâtissant d’une histoire assez simpliste, le gentil Flick revient d’entre les morts habillé de son éternel costard à la Elvis pour se venger de ceux qui l’ont ridiculisé lors du bal quand il avait 20 ans, Flick se voit donc avec plaisir principalement pour les souvenirs qu’il réanime quand on découvrait en cachette ces petites VHS d’horreur sans grande envergure mais fabriquées dans le respect du genre. Et puis il ne faut pas oublier le caméo de Faye Dunaway en flic manchot combattant cet Elvis mort-vivant. Du cinoche d’antan quoi !

La trilogie d'Argento

Et nous arrivons maintenant à ce qui aurait du être la continuité par excellence d’un cinéma révolu, un cinéma bercé par Mario Bava et par l’esthétique baroque, transporté par une folie meurtrière et social, diabolique et surréaliste, ce cinéma d’antan que seuls les noms de Carpenter ou Argento peuvent ressusciter. Voilà maintenant plus de 25 ans que les fans d’Argento attendaient une suite à Inferno et Suspiria, plus d’un quart de siècle que l’on désirait voir le dernier épisode de sa fameuse trilogie sur les Trois Mères. Mais de la même manière qu’un grand cru devient du vin de sauce si l’on attend trop longtemps, Argento a laissé les années prendre le pas sur son imaginaire débridé, et ne livre aujourd’hui qu’une bien triste conclusion à ses deux précédents chefs d’œuvre.

Par où commencer tant la déception est grande. Abandonnant totalement ce qui faisait sa marque de fabrique, à savoir des éclairages oniriques jusque là inégalés et une utilisation quasi subliminale de la musique (ah la séquence dans l’appartement dans Inferno), Argento opte pour une approche réaliste afin de mieux plonger Rome dans un délire dionysiaque sombrant involontairement dans le Z grotesque. Une fois passé ce changement de cap desservant le film, les éclairages sont proches du téléfilm et les lieux ne sont jamais mis en valeur, il devient impératif de retrouver les ambiances ésotériques qu’Argento affectionnait tant. Nous sommes dans le monde de la sorcellerie et de la magie noire, où les apparences sont trompeuses et où la réalité se cache derrière l’invisible. Du moins c’est ce qu’Argento fait dire à l’un de ses personnages sans prendre lui-même en compte ces règles de base. Sans jamais accorder une quelconque concordance des lieux et des personnages, les acteurs apparaissent les uns après les autres pour la minute d’après se faire trucider, et les déambulations de la pauvre Asia ne sont compréhensibles que pour elle-même, le spectateur s’interroge sur ce qui défile devant ses yeux. Et plus le métrage avance et plus l’on se rend compte que le maître transalpin choisira à chaque fois les mauvaises directions pour construire son chant du cygne bien funeste. Il est pourtant évident que quelques signes cabalistiques et des demoiselles habillées en succubes ne suffisent pour construire et rendre crédible cette deuxième chute de Rome tant annoncée. Et si les meurtres sont suffisamment sauvages et balancés selon la régularité d’un métronome, sur ce point là Argento remplit plus que le cahier des charges et donne à voir éventrements, émasculation, égorgements en cascade et même une pénétration par arme blanche particulièrement sadique, ils ne viennent que compenser un manque dont le réalisateur semble bien avoir conscience sans pouvoir toutefois y remédier. Sa plus mauvaise idée sera alors l’utilisation d’éléments érotique pour donner le change. Des poitrines généreuses se dévoilent, des femmes font l’amour entre elles, la Mère en question se balade un sein dénudé. On se croirait être dans la pantalonnade ironique de La Neuvième porte de Polanski, et le comble est atteint lors de l’orgie finale, caricature involontaire d’un sabbat. Notre belle Mother of tears tombe alors dans les limbes d’un Z italien. On passera sur le jeu des acteurs, Asia trouve ici peut-être l’un de ses plus mauvais rôles, et la dernière scène du film, quasi insultante pour tous les fans du maître. Pourtant les épisodes réalisés par Argento pour les Masters of Horror avaient laissé espérer une résurrection improbable. Las. Cette troisième mère aurait mieux fait de ne jamais voir le jour.

BIFFF 2008, laugh dream and blood

Posté par denis, le 6 avril 2008

L’avantage du BIFFF est son ouverture à toute culture singulière, qui plus est quand celle-ci tranche dans le vif et abreuve les pupilles d’images frelatées à l’alcool de la folie.

Prenons la culture asiatique par exemple. Ne vous inquiétez pas, il n’est pas question ici de Wong Kar Waï ou d’Ang Lee, les films d’auteurs esthétisants risquant de se faire siffler dès les dix premières minutes. Non, ici la culture asiatique plébiscitée est à chercher du côté de Takashi Miike ou de Sono Sion, des réals déviants et stylistiquement créatifs n’ayant pas peur d’enfoncer des aiguilles sous les ongles. D’ailleurs cela tombe bien car Sono Sion y présente son dernier film, Exte-Hair extensions. Oui, vous avez bien lu, un film sur des extensions capillaires. Venu d’Europe cela semblerait ridicule, mais en provenance du Japon, rien ne peut sembler plus normal, d’autant que les cheveux ont beau dos depuis presque une dizaine d’années dans le fantastique nippon. Des cheveux gras, longs, noirs comme de l’ébène, appartenant à des spectres mécontents et qui sortent au choix d’une TV, d’un téléphone portable, d’une cassette vidéo, etc. Mais Sion, empêcheur de tourner en rond, utilise cette thématique capillaire pour la détourner de son usage habituel et en fait une métaphore, certes tirée par les cheveux, de la consommation de l’apparence. Bénéficiant d’un postulat surréaliste, une morte a la capacité de se laisser pousser les cheveux à un point tel qu’elle ferait passer le cousin Machin de La Famille Addams pour un chauve, Sion brosse le portrait d’une société japonaise en proie à son obsession de l’apparence. Epinglant au passage les relations tendues voire masochistes des membres d’une même famille, il donne à voir des scènes absurdes et tristes à la fois, où le désir d’être beau pénètre sous le derme et détruit l’enveloppe corporelle pour n’en faire qu’un support de l’esthétique. Et si quelques longueurs se font sentir, le final non-sensique est indispensable pour les zygomatiques. Exte aura peut-être la chance d’être diffusé dans une des éditions de L’étrange festival.

Autre production asiatique extrême, Gong Tau est un pur film d’horreur n’ayant que faire du bon goût. Film classé dans le cinéma de Category III – catégorisation qui correspond à une interdiction aux moins de 18 ans- Gong Tau compense son manque de moyens par une violence gore et graphique. Le réalisateur n’hésite pas à transformer un bébé en cadavre putrescent, à faire décoller la tête d’un sorcier qui s’envole par la suite dans les airs, ou bien encore à recueillir de l’huile de graisse humaine. Vous l’aurez compris, Gong Tau verse dans le grand guignol malsain, sans pour autant pâtir d’une réalisation dilettante. La pellicule est chiadée pour ce genre de métrage, et l’on est même surpris de déceler une ambiance à la Seven lorsque l’on s’aventure dans les appartements du tueur. Une curiosité, comme seule l’Asie peut en produire.

Changement de cap, changement de lieu et toujours le même esprit de folie avec Postal d’Uwe Boll, film germano-canadien ne rechignant pas à briser tous les tabous pour au final être un des films les plus politiquement incorrects que l’on ai vu depuis les ZAZ et autres productions Troma. L’histoire n’est qu’une excuse pour tirer à boulets rouges sur le puritanisme, la politique américaine, les cultes religieux j’en passe et des meilleurs afin de déclencher un fou rire toutes les dix secondes. Rien n’échappe à la moulinette de Boll, que ce soit les obèses, les handicapées, les musulmans, les nazis, les gourous, les blondes à forte poitrine ou le massacre d’enfants. C’est irrévérencieux, foutraque, ne cherchez pas à trouver un langage cinématographique cohérent car il n’y en a pas, et tout ce qu’il y a de plus politique malgré les apparences. Après Bourdieu et Baudrillard, voici la nouvelle critique, écrite au marteau-piqueur, de notre société contemporaine. A voir au premier comme au dixième degré.

Parmi toutes ces folies la programmation offre quelques moments de détente et de poésie, où l’enfance trouve encore sa raison d’être et où la magie de l’imaginaire nous libère de tant d’hémoglobine. Nevermore donc, film d’un jeune réalisateur ayant tout juste terminé ses études en cinéma, sous ses allures de conte, narre l’histoire du fils d’un pêcheur abandonné à son sort dès l’instant où son père sera emporté par les vagues. Minimaliste, la baraque du pêcheur est isolée au milieu des plages de sable, un arbre décharné trône au bord de la mer, lyrique et sombre, l’enfant est émerveillé par un cirque itinérant, thématique du monstre et des marginaux, et est terrifié par l’image du pasteur qui l’a recueilli, métaphore da la castration de l’enfance par les figures religieuses, Nevermore enchante pas sa simplicité et sa lumineuse pulsion de vie. D’une maîtrise technique étonnante, les paysages lunaires de la mer relèvent d’une ambition stylistique digne d’un Caro et Jeunet ou d’un Tim Burton, ce court film envoûte et laisse à présager d’un bel avenir à son jeune auteur. Espérons que le Goethe Institut, à qui l’on doit sa programmation dans le festival, pourra lui trouver un diffuseur en France.