[We miss Cannes] 15 longs métrages d’animation qui ont marqué l’histoire du Festival

Posté par MpM, le 22 mai 2020

Ce qui frappe dans les relations que Cannes entretient avec le cinéma d'animation, ce n’est pas de constater que celui-ci est omniprésent depuis les premières années, mais bien de remarquer que toutes les formes d’animation ont trouvé leur place sur la Croisette : pas seulement les plus populaires, ou à contrario pas seulement les plus « nobles » et/ou auteurisantes, mais bien un mélange rigoureux des deux.

Sont ainsi passés sur la croisette, en vrac, Norman Mc Laren, Walt Disney, Jan Svankmajer, Michel Ocelot, Bill Plympton, Pete Docter, Jean-François Laguionie, Peter Foldes, Florence Miaihle, Bretislav Pojar, Garry Bardine, Walerian Borowczyk... ou encore Georges Schwizgebel, Mamoru Oshii, Chris Landreth, Rosto, Gitanjali Rao, Isao Takahata, Vincent Patar et Stéphane Aubier, Jérémy Clapin, Boris Labbé, Mamoru Hosada, Virgil Widrich... sans oublier, via les programmations de cinéma "underground" des années 70 (telles que s'en souvient le spécialiste de cinéma expérimental Raphaël Bassan dans cet article de 2017), Robert Breer, Jordan Belson ou James Whitney.

Cannes, d'une manière globale et au fil des années, ne semble donc pas avoir eu de préjugés particuliers concernant l'animation - plus ponctuellement, et au gré des délégués généraux des différentes sections, c'est une autre question.

Du Prix du dessin animé à la Palme d'or


Dès 1939, il est d'ailleurs prévu dans le règlement du Festival la possibilité de décerner (s'il y a lieu) un Grand prix international du Dessin animé, à la fois dans la catégorie longs et courts métrages. Comme on le sait, cette édition n'aura pas lieu. Mais en 1946, le long métrage La boîte à musique (produit par Disney, et composé en réalité de dix courts métrages musicaux) remporte ce Grand Prix. L'année suivante, ce sera au tour de Dumbo, puis, en 1949, du court métrage Sea Island. La récompense réapparaîtra sporadiquement, au gré des aléas des appellations officielles du palmarès.

Ainsi, en 1952, Animated Genesis de Joan et Peter Foldes reçoit le prix de la couleur, tandis qu'en 1953, le prix du film d'animation court métrage refait son apparition, et récompense The romance of transportation in Canada de Colin Law. Mais il faut dire que cette année-là, sont aussi remis un "prix international du film de la bonne humeur" ou encore un "prix international du film légendaire", sans oublier le "prix international du film le mieux raconté par l'image", ce qui en dit long sur la fantaisie du réglement de l'époque.

En 1954, on en revient à une certaine sobriété sur le nom des prix : une multitude de prix internationaux ex-aequo. Malgré tout, un prix du film de marionnettes est remis à Un Verre de plus de Bretislav Pojar. La création de la Palme d'or l'année suivante amorce heureusement la normalisation des intitulés, et le retour à la raison concernant le cinéma d'animation qui ne sera dès lors plus considéré (officiellement) comme un genre. C'est d'ailleurs Blinkity Blank de Norman Mc Laren qui remporte cette première Palme d'or du court métrage. Il sera suivi en 1957 de Scurta istorie de Ion popescu-Gopo et de La petite cuillère de Carlos Vilardebo en 1961. A noter qu'entre les deux, en 1959, Le songe d'une nuit d'été de Jiri Trnka remporte le prix de la meilleure sélection à la Tchécoslovaquie (ex-aequo). Quoi que cela veuille dire, il n'est pas fait de la mention de la technique utilisée pour réaliser le film, et cela restera ainsi. On savoure les victoires que l'on peut, histoire de voir le verre à moitié plein.

Nouvelle dynamique ?

On peut aussi regarder le verre à moitié vide : aucun long métrage d'animation n'a gagné la Palme d'or et il faut même remonter à 2008 pour trouver un film d'animation en compétition (Valse avec Bashir de Ari Folman). Les sections parallèles font plus d'effort, surtout ces dix dernières années, mais les réticences envers l'animation au sein des différents comités de sélection sont palpables. Le cinéma image par image n'y est jamais vraiment traité comme du cinéma à part entière. Au mieux, c'est une case à remplir. Au pire, cela ne choque personne qu'il soit totalement absent d'une sélection.

Heureusement, le court métrage est là pour assurer une place à l'animation. Qu'on ne pense surtout pas qu'il s'agisse d'un lot de consolation. En animation, depuis toujours, c'est le format court qui est le format noble et prisé, et souvent le plus riche, innovant et inspirant. Pour des raisons de temps de fabrication, bien sûr, mais aussi parce que l'animation entretient depuis ses origines une relation privilégiée avec le cinéma expérimental et d'avant-garde, qui se moque du sacro-saint format long métrage, imposé avant tout pour les facilités de l'exploitation en salles. L'animation a compris depuis longtemps que la valeur n'attend point la durée du métrage. Ce qui ne l'empêche pas de s'essayer avec bonheur à d'autres formats.

En effet, depuis un peu plus d'une décennie, une nouvelle dynamique semble s'être mise en place pour la production de longs métrages d'animation. De nombreux auteurs de courts tentent l'aventure (à l'image de Jérémy Clapin, Florence Miaihle, Benoit Chieux, Franck Dion, Chloé Mazlo...) et insufflent peu à peu l'envie à d'autres. Mécaniquement, le long animé a de plus en plus souvent les honneurs de Cannes, que ce soit en ouverture de la sélection officielle, en compétition et bien sûr à Cannes Classics et dans les sections parallèles. Les films présentés l'année passée étaient d'ailleurs au nombre de quatre, comme l'année précédente. On ne saura jamais ce qu'il aurait pu en être de cette édition, les annonces à venir ayant probablement été faussées par les circonstances, mais on avait l'impression avec ce chiffre d'avoir passé un cap. N'oublions pas qu'une journée dédiée à l'animation a désormais lieu chaque année pendant le festival : l'Animation Day, dans laquelle s'intègre également l'événement "Annecy goes to Cannes" lancé en 2016. Difficile de ne pas y voir un signe du temps.

L'avenir nous dira si le mouvement amorcé se confirme, ce que rendrait possible le dynamisme actuel du long métrage animé, ou s'il s'essouffle malgré cet essor. En attendant, histoire de se souvenir de ce que l'animation a fait pour l'aura de Cannes (et réciproquement), retour sur 15 longs métrages qui ont durablement marqué l'histoire du Festival. Il faudra, un jour, établir la même liste pour le court métrage. Bien plus de quinze entrées seront alors nécessaires.

Peter Pan de Clyde Geronimi, Hamilton Luske et Wilfried Jackson


Walt Disney lui-même accompagna Peter Pan sur la Croisette en 1953. Présenté en compétition, le film est le 18e long métrage d'animation des studios Disney. Adapté de la pièce de J. M. Barrie créée en 1904, il raconte le voyage au Pays imaginaire de Wendy, Michel et Jean, trois enfants guidés dans cet univers fantastique par Peter Pan et la fée Clochette. Ils y rencontrent le terrible Capitaine Crochet, mais aussi les garçons perdus, et vivent toutes sortes d'aventures extraordinaires. Considéré par beaucoup comme l'un des chefs d'oeuvre des studios, c'est incontestablement l'un des grands classiques du cinéma d'animation familial.

La planète sauvage de René Laloux

Présenté en compétition en 1973, La planète sauvage est le premier long métrage de René Laloux, adaptation (libre) du roman Oms en série de Stefan Wul, co-écrit avec Roland Topor, dont les dessins ont servi de bases pour la fabrication des images. Sur la planète Ygam, les Draags, une espèce d'humanoïdes bleus aux yeux rouges mesurant douze mètres de haut, pourchassent et exterminent une autre espèce, les Oms, perçus au mieux comme des animaux de compagnie, au pire comme des créatures nuisibles. Dans un univers surréaliste, tantôt onirique, tantôt cauchemardesque, cette planète pleine de surprises nous tend un miroir souvent dérangeant, et nous interroge sur nos propres pratiques face aux espèces que nous ne jugeons pas aussi évoluées que nous. Le film, envoûtant et curieux, fut l'un des tout premiers longs métrages d'animation destiné à un public adulte. Malicieuse fable écologique avant l'heure, il fit grande impression à Cannes et repartit auréolé d'un prix spécial du jury présidé par Ingrid Bergman.

Shrek d'Andrew Adamson et Vicky Jenson

On l'oublie parfois, mais Shrek, l'ogre vert et bougon de Dreamworks a été en compétition à Cannes. Deux fois, même, en 2001 et avec son deuxième volet en 2004. On ne présente plus ce personnage misanthrope qui voit son beau marais boueux envahi par des créatures de conte de fées qui ont été expulsées de leur royaume par le tyrannique Lord Farquaad. Irrévérencieux, hilarant et irrésistible, le film se moque de Disney, dynamite les contes de notre enfance, et détourne tous les codes du genre. Un pur divertissement qui a enchanté par deux fois les spectateurs du Théâtre Lumière.

Innocence : Ghost in the shell de Mamoru Oshii


Suite du film culte Ghost in the shell sorti en 1995 (et adapté du manga du même nom de Shirow Masamune), Innocence a eu les honneurs de la compétition en 2004, soit en même temps que le 2e volet de Shrek. Une situation qui ne s'est pas reproduite depuis, et dont on se demande parfois si elle est encore possible. Toujours est-il qu'inviter le cinéma complexe et visuellement éblouissant de Mamoru Oshii dans la course à la palme d'or fut à l'époque une manière élégante de mettre sur un pied d'égalité prise de vue réelle et animation, et surtout de rendre hommage à la beauté de l'animation japonaise d'anticipation. Innocence, véritable réflexion sur l'Humanité et son avenir, est l'une des incursions les plus marquantes du Cyberpunk sur le tapis rouge cannois.

Persépolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud

Adapté des romans graphiques de Marjane Satrapi, Persépolis est une plongée dans l'Iran de la fin des années 70. Avec humour et justesse, la dessinatrice-réalisatrice y raconte son enfance puis son adolescence à Téhéran, avant, pendant et après la Révolution. Dans un style graphique très dépouillé, tout en noir et blanc, fort d'un casting voix impressionnant (Catherine Deneuve, Danielle Darrieux, Chiara Mastroianni), le film repartira de la compétition cannoise 2007 avec un prix du jury, et rencontrera un énorme succès critique et public. Douze ans plus tard, il reste un exemple à suivre, voire un eldorado inatteignable, pour le long métrage d'animation pour adultes.

Valse avec Bashir de Ari Folman

En 2008, les festivaliers médusés découvrent un film mi-documentaire, mi-fiction, qui s'inspire de témoignages réels et d'un montage de 90 minutes d'images tournées en vidéo. Il aborde l'histoire personnelle du réalisateur qui a participé à l'opération israélienne au Liban "Paix en Galilée" pendant son service militaire. Peu à peu, des souvenirs de son implication dans le massacre de Sabra et Chatila remontent à la surface... Valse avec Bashir marque ainsi un jalon dans l'histoire du cinéma d'animation, à la fois parce qu'il est l'un des premiers documentaires animés découverts par le grand public, mais aussi par son sujet, et par son retentissement.

Panique au village de Vincent Patar et Stéphane Aubier

Hors compétition en 2009, certains festivaliers découvrent abasourdis l'univers burlesque et délirant de Panique au village. Les autres avaient déjà eu l'occasion de voir la série diffusée sur Canal + et mettant en scène les principaux personnages du long métrage : CowBoy, Indien, Cheval, Gendarme ou encore Steven. Avalanche de gags, de dialogues cinglants et de situations cocasses, le long métrage est un régal pour ceux qui aiment l'humour plus que décalé, le nonsense, et l'absurde dans tous ses états. Son style particulier (animation en stop motion de figurines rigides) ajoute un côté artisanal et ludique qui renforce l'auto-dérision débridée du récit.

Le Conte de la Princesse Kaguya de Isao Takahata

Joli coup de la Quinzaine en 2014 qui sélectionne le dernier film du réalisateur japonais culte Isao Takahata. On n'a toujours pas compris comment l'officielle a pu dédaigner une telle prise, mais rappelons qu'aucun autre film de Takahata n'a été sélectionné en compétition (idem pour Miyazaki, seulement sélectionné à Cannes Classic en 2006 avec Nausicaa, mais aussi Satoshi Kon, et tant d'autres). Oui, l'Officielle a commis un nombre important d'impairs concernant le cinéma d'animation, cela ne fait aucun doute. Revenons en au Conte de la Princesse Kaguya qui est une fable délicate et poétique inspirée d’un conte populaire datant du Xe siècle, considéré comme l'un des textes fondateurs de la littérature japonaise. L'héroïne, enfant libre littéralement née de la nature, se retrouve brutalement confrontée au carcan douloureux des apparences et du jeu social. Comme prisonnière de son existence, et même de sa propre enveloppe corporelle, elle n'aura de cesse que de retrouver l'osmose avec l'univers, non sans éprouver une forme de nostalgie pour les fugaces bonheurs terrestres.

La tortue rouge de Michael Dudok de Wit

Première collaboration des studios Ghibli avec une production européenne animée, La Tortue rouge est un conte minimaliste sans dialogue, au dessin épuré, qui raconte l'existence d'un naufragé sur une île déserte. Ce premier long métrage du réalisateur Michael Dudok de Wit (connu pour ses courts Le Moine et Le Poisson et Père et Fille) s'affranchit d'une écriture traditionnelle pour aller vers une forme de parabole poétique qui interroge les rapports de l'homme à la nature. Présenté à Un Certain regard en 2016, il s'avère parfois un peu trop "mignon" et "charmant", mais séduit par ses couleurs pastels chaudes et la simplicité épurée de son récit. Le public, peu habitué à ce type de fresques animées, plébiscite le film qui remporte le prix spécial du jury Un Certain Regard et connaît ensuite un beau succès en salles.

Ma vie de courgette de Claude Barras

Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs en 2016, Ma vie de courgette est l'adaptation en stop-motion, avec des marionnettes, du roman Autobiographie d’une courgette de Gilles Paris. Un drôle de film tendre et joyeux malgré son sujet, la vie d'un petit garçon qui se retrouve placé dans un foyer pour enfants après la mort accidentelle de sa mère. Entre complicité et mélancolie, amitié et résilience, le récit parvient à nous émouvoir tout en nous faisant rire, quand ce n'est pas l'inverse. Toujours avec une forme de simplicité qui permet d'aborder les sujets les plus graves sans jamais perdre le jeune public.

La jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach

2016 fut définitivement une grande année d'animation sur la Croisette, puisqu'on y découvrait aussi le premier long métrage de Sébastien Laudenbach, connu pour ses courts. Réalisé dans une grande économie de moyens, avec une animation esquissée qui assume d'être inachevée, le film qui fit l'ouverture de l'ACID est adapté d'un conte de Grimm, dans lequel un meunier vend son plus bel arbre ainsi que sa fille au diable en échange d'une richesse éternelle. Vendue et mutilée, la jeune fille s'enfuit, s'émancipe des hommes, et commence ainsi un parcours initiatique destiné à la libérer de toutes ses entraves. Un conte à la fois édifiant, poétique et follement libre, dans son propos, sa tonalité et son esthétique.

Là-haut de Pete Docter et Bob Peterson

En 2009, c'est un film d'animation en 3D qui faisait l'ouverture du festival. Là-haut, issu des studios Pixar, est un merveilleux récit d'aventures et de transmission qui nous emmène de la tristesse d'un maison de retraite à la jungle amazonienne en Amérique du Sud. On y suit Karl, un vieil homme de 78 ans bougon et solitaire, s'envoler littéralement pour le voyage de sa vie, emmenant sans le savoir Russell, un scout de neuf ans. Evidemment, ces deux-là devront apprendre à se connaître et à s'apprécier, tout en déjouant les plans machiavéliques d'un autre explorateur. Gai, irrévérencieux et profondément humain, c'est probablement l'un des rares films d'ouverture cannois à avoir allié aussi brillamment le pur divertissement et le cinéma d'auteur.

Vice-versa de Pete Docter, Ronaldo Del Carmen

En 2015, Cannes présente Vice-Versa en séance hors compétition... et s'entend dire par certains journalistes facétieux qu'il s'agit du meilleur film du festival et qu'il méritait la Palme. Et pourquoi le dernier-né des studios Pixar n'aurait-il pas mérité une place en compétition ? Drôle et malin, divertissant et fantasque, et surtout singulier et audacieux, il met en effet en scène un "quartier général" qui régit les humeurs et les réactions de la petite Riley, 11 ans. Formé par cinq émotions complémentaires (la colère, la peur, la joie, le dégoût et la tristesse), ce centre de contrôle aide la fillette à mener une vie heureuse et paisible, jusqu'au jour où Joie et Tristesse se perdent accidentellement dans les recoins les plus éloignés de sa mémoire... plongeant le spectateur dans une longue suite d'aventures cocasses, entre pur divertissement et tentation psychologique d'analyser nos comportements par le biais d'un trop plein d'émotions.

Teheran tabou d'Ali Soozandeh


En compétition à la Semaine de la Critique en 2017, ce premier long métrage du réalisateur d'origine iranienne Ali Soozandeh confirme la propension du cinéma d'animation à s'emparer de questions politiques ou sociales sensibles, voire taboues, en mettant en scène trois femmes et un jeune musicien dans la ville de Téhéran. Tous les quatre cherchent à leur manière un moyen de s'émanciper d'une société iranienne corsetée par la morale et gangrenée par l'hypocrisie. Utilisant le procédé de la rotoscopie, qui consiste à filmer des acteurs, puis à les redessiner et à les intégrer dans des décors peints, le réalisateur propose un pamphlet politique virulent et d'une extrême noirceur, qui trouve parfois ses limites, mais n'en demeure pas moins un portrait saisissant et singulier de l'Iran contemporain.

J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin

C'est l'un des films dont on a le plus parlé l'an passé sur la Croisette : même avant son Grand Prix à la Semaine de la Critique (ce qui fait de lui le premier long métrage d'animation à remporter cette récompense), J'ai perdu mon corps était incontestablement l'un des événements de Cannes 2019. On connaît la suite : achat par Netflix, course aux Oscar, 2 César, et un succès en salles loin d'être négligeable (même si l'on espère toujours mieux pour les films que l'on aime). Avec son sens époustouflant de la mise en scène, son intrigue intimiste et  ténue et sa narration alternée jouant à la fois sur le registre du film sentimental, du cinéma de genre et du récit initiatique, le premier long métrage de Jérémy Clapin réconcilie toutes les cinéphilies, et prouve la nécessité de décloisonner une bonne fois pour toutes animation et prise de vue continue.

Edito: Une exception française

Posté par redaction, le 30 mars 2017

Juliette Binoche tente une opération grande séduction auprès d'un public populaire et jeune. L'une des rares actrices françaises oscarisées, et la comédienne française de sa génération la plus récompensée dans le monde (Un César pour 9 nominations, deux European Film Awards, et le grand chelem des festivals avec Venise en 1993, Berlin en 1997 et Cannes en 2010) réalise un virage étonnant ce printemps.

Binoche, on a pu admirer ou adorer récemment en Mademoiselle Julie ou en Antigone au théâtre. Au cinéma, elle a brillé chez Godard, Téchiné, Carax, Malle, Kieslowski, Haneke, Boorman, Cronenberg, Dumont, Hsiao-hsien, Gitai, Kiarostami ou Assayas. Une comédienne libre, instinctive, respectée. Juliette fut aussi l'égérie du 63e festival de Cannes. Bref, Binoche, dans l'esprit du public, est une actrice pointue, exigeante mais certainement pas populaire.

Sur le plan des chiffres, sa carrière comporte six-sept succès importants, dominés par deux fresques historiques et romanesques. Une seule comédie se classe dans son box office.

Juliette Binoche opère donc un virage à 180° cette semaine en étant à l'affiche d'un blockbuster américain et d'une comédie française grand public, en plus d'être une des guests de la série TV "Dix pour Cent" (qui sera diffusée à partir du 19 avril sur France 2). Après avoir refusé Jurassic Park et n'être passé que quelques minutes dans Godzilla, Binoche tient enfin un second-rôle étoffé dans une grosse production hollywoodienne. Là encore, elle avait failli passer son tour mais l'univers l'a séduit et le cinéaste Rupert Sanders l'a convaincue, arguant qu'il voulait "une femme authentique, une femme d’émotion". Binoche, malgré son pédigrée, a vu pas mal de films et projets lui passer sous le nez (pour diverses raisons).

En acceptant de faire le grand écart entre une chercheuse expérimentant la cybernétique et une adulescente enceinte tardivement, entre un rôle de "mère" dramatique et celui d'une maman comique (girly et blonde!), elle montre et démontre qu'elle est tout terrain et qu'elle veut plaire. En France, seule Cotillard s'est risquée jusque là à de tels contorsions cinéphiliques, passant de Mal de Pierres à Assassin's Creed à Rock n' Roll, pour prendre ses trois derniers films.

Ce come-back dans le cinéma populaire et ce surgissement sur le petit écran à heure de grande écoute s'accompagne d'une promotion logiquement ciblée sur des émissions comme "Quotidien" (qui a déjà reçu Deneuve, Huppert, ...) ou l'émission de radio de Nagui (et pas celle de Trapenard). Sur les tapis rouges, elle mise sur le glam sexy (décolleté plongeant) plus que sur le chic élégant qu'on imaginerait pour une star quinquagénaire.

On espère que ce triplé printanier permettra aux producteurs et aux réalisateurs de redécouvrir l'une de nos meilleures actrices. Mais une chose est certaine: on est ravi de voir qu'une comédienne de 53 ans (depuis le 9 mars) peut encore être en haut de génériques de films aussi différents, avec des personnages aussi contrastés, alors qu'Outre-Atlantique, toutes ses consœurs se plaignent d'un jeunisme meurtrier, et qu'en France, on range les interprètes dans des cases trop étanches. Binoche, avec Deneuve, Cotillard, Baye, Seydoux et autres, prouve qu'il y a bien une (belle) exception française.

Ghost in the shell vs La Belle et la bête: « girl power » dans les trailers

Posté par cynthia, le 15 novembre 2016

Les fêtes approchent et les studios sortent les bande annonces des grosses sorties à venir ce printemps. Il faut bien allécher le spectateur. Deux bandes annonces ont captivé notre cerveau noyé par la polituqe, la super lune et les prix littéraires: Ghost in th shell et La Belle et la bête, deux films prévus pour le mois de mars. Scarlett vs Emma, la Veuve noire contre Hermione Granger. Un manga culte face à un conte européen hors du temps.

Scarlett Johansson sexy et violente

Non il ne s'agit pas de la suite du tristement Lucy, mais bel et bien de l'adaptation du manga, devenu un jeu vidéo, Ghost in the shell. Il s'agit d'une Scarlett Johansson forte et sexy (comme dans le manga original de Masamune Shirow) qui apparaît dans une carapace de cyborg (imberbe), laissant entrevoir ses magnifiques formes. toujours plus désincarnée et robotique, l'actrice d'Under the Kin, aux côtés de Juliette Binoche, interprète le major Kusanagi, un agent spécial et hybride. Se passant dans un Japon angoissant, post-apocalyptique et entièrement dominé par des réseaux informatiques, Ghost in the Shell promet avec son trailer explosif, d'être le film coup de poing/blockbuster/fantasme de geek de 2017.

Princesse Emma Watson

Côté tremblement d'excitation, le film annonce de La Belle et la bête nous en a donné tout autant. Emma Watson étincelle avec fougue cette version en prises de vues réelles du célèbre dessin animé de Disney (donc rien à voir avec le film de Jean Cocteau), face à un Dan Stevens couvert de poils mais toujours aussi sexy.  La bande-annonce nous replongeons dans les années 90 avec cette adaptation littéralement copiée du dessin animé, de quoi raviver les fans tout en séduisant les novices.

Tout comme le Disney initial, Belle se livre à la Bête afin de sauver son père et se retrouve ainsi prisonnière d'un somptueux château. Et nous y retrouvons aussi le chandelier, la tasse à thé et sa maman, l'horloge ainsi que Gaston qui est interprété par le bandant Luke Evans.

Nous ne savons pas pour vous mais, on a hâte d'être en mars 2017! Pas vous?

Scarlett Johansson, du Major Motoko Kusanagi à Zelda Fitzgerald

Posté par vincy, le 25 avril 2016

En plein tournage de la version en prises de vues réelles de Ghost In The Shell, Scarlett Johansson a confirmé son intérêt pour incarner l'épouse de Francis Scott Fitzgerald (auteur de Gatsby le Magnifique et du Dernier Nabab), Zelda Sayre. Le biopic sur "la première garçonne américaine", comme l'appelait son mari, s'intitulera The Beautiful and The Damned (inspiré du titre du livre de F.S. Fitzgerald, Les heureux et les damnés). Il est écrit par Hanna Weg et se focalisera sur la vie tumultueuse de cette femme "délurée", émancipée, provocatrice et surtout insatisfaite. Egérie de son mari, romancière elle aussi (Accordez-moi cette valse) et auteure de nouvelles, elle a séjourné plusieurs fois en hôpital psychiatrique, souffrant de schizophrénie, avant de mourir prématurément en 1948 à l'âge de 47 ans. le scénario était dans la Black List d'Hollywood depuis 2007.

En attendant, Johansson sera le Major Motoko Kusanagi dans Ghost In The Shell. Alors que les fans occidentaux du manga ont crié à la trahison, les japonais ont opposé une certaine indifférence voire un enthousiasme, comme la maison d'édition Kodansha qui s'est félicité du choix d'une star internationale. Réalisé par Rupert Sanders (Blanche Neige et le chasseur), et programmé pour le 29 mars 2017, le remake du film d'animation de Mamoru Oshii, adapté des mangas de Masamune Shirow, est actuellement tourné en Nouvelle Zélande. Au casting, on retrouve Michael Pitt, Juliette Binoche, Takeshi Kitano et Pilou Asbaek. Là aussi, le projet traînait dans les cartons des studios depuis 2008.

Annecy 2015: des Minions, des Disney, des femmes et de l’animation espagnole au programme

Posté par redaction, le 30 avril 2015

affiche festival annecy 2015Le Festival International du Film d'Animation d'Annecy se déroulera du 15 au 20 juin.

Cette année, les femmes seront à l'honneur, avec, notamment un Cristal d'honneur remis à Florence Miailhe, dont les films seront programmés à l'occasion d'une rétrospective. Une importante programmation de films dédiés à la maternité, l'imaginaire féminin et la sexualité et réalisés par des femmes seront diffusés, ainsi qu'une rétrospective de l'oeuvre de Janet Perlman. Enfin, notons que l'affiche a été créée par Regina Pessoa.

Les jurys seront aussi exclusivement féminins: Marge Dean, Guillemette Odicino et Valérie Schermann pour les longs métrages et Bonnie Arnold, Isabel Herguera et Niki Lindroth von Bahr pour les courts métrages.

Annecy projettera au total 215 films de 40 pays, dont 8 longs métrages en compétition (très française et sans américains) et 9 hors-compétition. Un nouveau prix naît par la même occasion. Le prix André Martin récompensera un long et un court métrage français.

Pays invité d'honneur, l'Espagne. Avec un film en compétition et deux hors compétition, Annecy présentera aussi des films illustrant plus de cent ans d'animation espagnole. Guillermo Garcia Carsi fera la Leçon de cinéma.

Les Minions seront assurément les stars du Festival avec l'avant-première européenne. Parmi les autres séances événements, il y aura La montagne magique (documentaire animé), les premières images de Zootopie, le premier long du studio Ankama, Dofus, Le voleur et le coordonnier et Ghost in the Shell: The Movie.

Enfin, Disney sera aussi présent avec les projections de Vice-Versa (hors compétition à Cannes), La Reine des neiges, une fête givrée. Les premières images du Voyage d'Arlo (The Good Dinosaur) qui sortira en novembre en France seront aussi de la fête.

Longs métrages en compétition
Adama de Simon Rouby (France)
Avril et le monde truqué de Christian Desmares et Franck Ekinci (France)
Mune d'Alexandre Heboyan et Benoît Philippon (France/Canada)
Pos Eso de Sam (Espagne)
Sabogal de Juan José Lozano et Sergio Mejia Forero (Colombie)
Sarusuberi: Miss Hokusai de Keiichi Hara (Japon)
The Case of Hana & Alice de Shuni Iwai (Japon)
Tout en haut du monde de Rémi Chayé (France/Danemark)

Longs métrages hors-compétition
Desterrada de Diego Guerra (Colombie)
Dragon Nest: Warrior's Dawn de Yuefeng Soong (Chine)
Eden's Edge de Gerhard Tremi et leo Calice (Autrice/Etats-Unis)
Histoires extraordinaires de Raul Garcia (Belgique/Espagne)
Moradelo y Filemon contra Jimmy El Cachondo de Javier Fesser (Espagne)
Petite de la Poissonnerie de Jan Balej (Rép. Tchèque)
Rocks in My Pockets de Signe Baumane (Etats-Unis/Lettonie)
Stand By Me Doraemon de Yagi Ryuchi et Takshi Yamazaki (Japon)
The Snow Queen 2 d'Aleksey Tstsilin (Russie)

Inabouti mais élégant, The skycrawlers de Mamoru Oshii

Posté par MpM, le 4 septembre 2008

The sky crawlers

On n’avait plus de nouvelles de Mamoru Oshii depuis la sélection d’Innocence à Cannes en 2004, son avant-dernier film (Tachigui : the Amazing Lives of the Fast Food Grifters), déjà présenté en compétition à Venise il y a deux ans, n’ayant toujours pas fait l’objet d’une sortie en France. The skycrawlers aura peut-être plus de chance. Inspiré d’un roman en six volumes de Mori Hiroshi, ce film se situe dans un monde ressemblant étrangement au nôtre, où la guerre est devenue une sorte de divertissement opposant deux compagnies privées. Les pilotes sont des "Kildren", des adolescents qui ne vieillissent jamais et consacrent leur vie à des combats aériens vertigineux amplement médiatisés.

Pendant plus de la moitié du film, on suit l’un de ces pilotes, Yuichi Kannami, dans la nouvelle base où il a été affecté. Le scénario alterne alors scènes banales du quotidien (dont l’ambiance infiniment morne laisse entrevoir le malaise qui règne parmi les pilotes) et combats spectaculaires dans les airs. Le contraste est saisissant entre l’apathie dont ils font preuve lorsqu’ils sont à la base (ils ne font rien d’autre qu’attendre) et l’énergie qui les anime dès qu’ils sont aux commandes de leurs engins. Mamoru Oshii a d’ailleurs choisi d’utiliser deux techniques d’animation différentes selon les situations : les séquences intimistes sont réalisées à la main et en 2D tandis que celles des combats bénéficient de la technologie 3D générée par ordinateur. Indéniablement, cette dernière offre au film ses plus beaux moments visuels avec des ballets aériens extrêmement fluides et réalistes qui emportent le spectateur au cœur de l’action. On est moins convaincu par l’animation plus basique des personnages, stylisés et peu expressifs.
Lire le reste de cet article »

Ghost in the Shell bientôt américanisé?

Posté par geoffroy, le 17 avril 2008

Steven Spielberg vient d'annoncer qu'il a racheté - de sa poche - les droits du manga culte de Masamune Shirow, Ghost in the Shell, déjà adapté à deux reprises par le génial Mamoru Oshii.

Produit par Avid Arad (Spider-man 1 & 2, X-men et prochainement Iron Man), ce projet d'adaptation tombe dans l'escarcelle de DreamWorks. Le studio envisage un film en "3D photo réaliste" à l'image du récent Beowulf ou du prochain Cameron (Avatar). Projet ambitieux pour un pari risqué. Le format, techniquement de plus en plus au point, n'a pas encore convaincu les foules. De plus une américanisation du propos pourrait fortement édulcorer tous les sous-textes du manga (même si aux USA, le phénomène manga n'a pas le même impact qu'en Europe).

Le matériau de base est si complexe et foisonnant dans sa mythologie postmoderne, qu'il n'est pas vain d'espérer un traitement fidèle, sérieux et techniquement irréprochable. Sachant que pour Spielberg Ghost in the Shell est l'une de ses histoires préférées, gageons qu'il restera vigilant afin que l'oeuvre originale ne soit pas dénaturée, ni aseptisée. En attendant Tintin servira d'expérience de labo.