Cannes 70 : les temps forts du cinéma LGBT

Posté par cannes70, le 5 mai 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-13.  Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

A quelques jours du lancement de sa 70e édition, il semblait plus qu'évident de revenir sur les films LGBT qui ont marqué l'histoire du festival de Cannes. Qu'ils aient remporté des prix ou simplement choqué critiques et festivaliers, tous à leur manière ont permis aux lesbiennes, gays, bis et trans d'être représentés dans "le plus grand festival de cinéma du monde". Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette représentation remonte à bien plus loin que la Queer Palm, équivalent cannois des Teddy Awards. Tour d'horizon en quelques films-clefs.

Années 1970 : l'incursion d'une thématique

Bien que le cinéma présent à Cannes se soit très tôt intéressé à la sexualité de ses personnages, deux films présentés lors de cette décennie sortent du lot. Il s'agit de Taxi Driver (1976) et  Midnight Express (1978). Le premier, Palme d'or réalisée par Martin Scorsese raconte les péripéties de Travis Bickle, un ancien Marine reconverti en chauffeur de taxi. Paranoïaque et ultra sensible, il tente de secourir Iris, une prostituée de douze ans avec qui il a sympathisé. A l'instar de son scénariste Paul Schrader, Taxi Driver transpire le sexe et la transgression. Sans jamais virer dans le purement pornographique, le film de Martin Scorsese regorge de personnages à la sexualité assumée et non-hétérosexuelle. Ces personnages LGBT ne sont jamais mis en avant mais sont bien présents.

A l'inverse, Midnight Express d'Alan Parker ne rechigne pas contre un peu de frontalité. En voulant se faire de l'argent, le touriste américain qu'est "Billy" tente de rentrer chez lui avec deux kilos de haschisch. Pas de bol, une fouille au corps contrecarre ses plans et il atterrit dans une prison turque. Là-bas, il croise la route d'Erich, un autre prisonnier. Entre les séances de yoga, de méditation et les bains, une certaine tension sexuelle se fait sentir entre les deux hommes. Et le climax érotique est atteint lors d'une scène de baiser. Sont-ils homosexuels, bisexuels ou juste en manque d'affection ? Le scénario d'Oliver Stone en le précisera jamais mais l'oeuvre sur laquelle le film se base est plus claire : William "Billy" Hayes a eu des rapports sexuels consentis avec d'autres prisonniers lors de son emprisonnement.

Années 1990 : sexualité violente pour personnages ambivalents

Film d'ouverture et en compétition pour la Palme d'or lors du Festival de Cannes 1992, Basic Instinct n'a pas manqué de faire beaucoup de bruit. Catherine Tramell, riche romancière, est soupçonnée du meurtre de son amant, Johnny Boz. Assassiné au pic à glace dans des conditions qui ressemblent à celles décrites dans l'un des romans de Catherine, le policier Nick Curran soupçonne naturellement celle-ci. Personnage ouvertement bisexuel, Catherine Tramell n'a pas plu à tout le monde. Car si les scènes de sexe explicite ont été appréciées par les festivaliers à l'époque, des militants pour les droits des personnes LGBT ont été scandalisés. La raison : pour une fois qu'un personnage bisexuel a le rôle principal d'un film à gros budget, il faut que ce soit une sociopathe assoiffée de sexe !

Deux ans plus tard, nouveau coup de tonnerre. Si les films J'ai pas sommeil de Claire Denis et Priscilla, folle du désert de Stephan Elliott ont subtilement mis en scène des personnages LGBT, ce ne fut pas le cas du Pulp Fiction de Quentin Tarantino. Celui-ci reçoit la Palme d'or, certes, mais la violence dont il fait preuve n'a échappé à personne. Si l'usage d'armes à feu, les insultes et les litres de faux sang déversées en ont fait un film culte, la scène de viol homosexuel n'a pas été du goût de tous. En effet, le rapport sexuel entre Zed et Marsellus est certes violent mais surtout présenté comme honteux du fait de la virilité présumée de Marsellus. Drôle pour certains, homophobe pour d'autres, cette séquence continue d'être débattue aujourd'hui encore.

En 1996, c'est le film Crash de David Cronenberg qui marque la Croisette. Prix spécial du jury, Crash suit les aventures de James Ballard, un producteur de films en couple libre et qui nourrit une fascination étrange pour les blessures après qu'il a lui-même été victime d'un accident de voiture. Il a par la suite une liaison avec Vaughan, fétichiste des corps abîmés. L'une des scènes les plus mémorables de Crash est sans doute celle où les deux amants échangent des baisers passionnés pendant plus de deux minutes, découvrent le corps de l'autre avec admiration, le tout menant à une violente sodomie. A sa sortie dans les salles françaises, Crash est interdit aux moins de 16 ans.

Années 2000 : la normalisation des sexualités

Dès 2000, Tabou de Nagisa Oshima participe à la meilleure visibilité de la communauté gay. Pendant 1h40, nous suivons les péripéties de Sozabuo Kano, jeune homme androgyne qui tente d'intégrer une milice de samouraïs. Pensé comme un thriller romantique, le film qui est en compétition pour la Palme d'or traite subtilement de l'homosexualité au 19e siècle et plus globalement du tabou que cela demeure encore dans la société japonaise. Un véritable tour de force bien éloigné de Requiem for a Dream de Darren Aronosfky, présenté la même année, et dans lequel la seule scène de sexe lesbien est filmée d'un point de vue masculin et qui plus est hétérosexuel. Et si cela pourrait être une erreur, cette scène présente dans la dernière partie du film a au moins le mérite de montrer la fascination des hommes hétérosexuels pour les rapports entre femmes comme fondamentalement malsaine.

En 2002, La Chatte à deux têtes de Jacques Nolot, sélectionné pour le prix Un certain regard, traite de l'histoire amoureuse complexe entre une caissière, un projectionniste et un vieil homme dans un cinéma pornographique. La démultiplication des sentiments et la standardisation de l'amour pluriel en font un must-see. Et il en va de même pour Elephant, Palme d'or et prix de la mise en scène 2003. Inspiré par la fusillade du lycée Columbine commise par deux adolescents américains, le film de Gus Van Sant a créé la surprise. Lors d'une scène de douche, le réalisateur de Harvey Milk met en scène un rapprochement et un baiser entre Eric et Alex, unique moyen pour ces deux souffre-douleurs de trouver une forme de réconfort quelque part. A l'image de Midnight Express, Elephant n'explique jamais s'ils étaient vraiment attirés l'un par l'autre mais suggère simplement que c'est dans les bras de l'autre que se trouve leur seul rempart contre la tension psychologique qui les anime une fois avec leurs camarades.

Par la suite, en 2006, le Shortbus de John Cameron Mitchell ira également dans ce sens. Centré sur des personnages qui se croisent et sont obsédés par leur propre sexualité et leur quête de jouissance, Shortbus fascine aujourd'hui encore à cause de ses scènes de sexe non simulées. Rapports hétérosexuels, homosexuels, à deux, à trois ou plus si affinités, Shortbus plaît par sa normalisation pleinement assumée des pratiques sexuelles soft et hard. Un projet qui fait du bien ! L'année suivante, c'est Les Chansons d'amour de Christophe Honoré qui retient notre attention et se retrouve en compétition pour la Palme d'or. Grâce au personnage d'Erwan, le réalisateur des Malheurs de Sophie banalise encore un peu plus l'homosexualité. Erwan se sait homosexuel mais n'a encore jamais eu de véritable relation et échappe ainsi au stéréotype du jeune minet parisien qui enchaîne les histoires. Et si le film n'est pas à la hauteur de nos attentes, il contient une scène à la tendresse folle entre Erwan (Grégoire Leprince-Ringuet) et Ismaël (Louis Garrel).

Pour retrouver autant de tendresse, il faudra attendre l'édition 2009 et I Love You Philip Morris de Glenn Ficarra et John Requa. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, le film raconte l'histoire vraie et rocambolesque de l'escroc Steven Jay Russell (Jim Carrey), passionnément amoureux du naïf Phillip Morris (Ewan McGregor). La même année et dans la même sélection, J'ai tué ma mère intronise le surdoué Xavier Dolan. Colérique et tourmenté, le jeune Hubert tente de composer avec son homosexualité et la haine qu'il voue à sa mère. Un film fort à l'esthétique marquante.

Années 2010 : l'essor des personnages LGBT ?

Lauréat de la première Queer Palm de l'histoire du Festival de Cannes, Kaboom de Gregg Araki met en scène les péripéties de Smith, jeune étudiant toujours accompagné de sa meilleure amie lesbienne, et qui est secrètement amoureux de son éphèbe de colocataire. La même année, Xavier Dolan revient avec lui aussi une histoire centrée sur trois personnages. Les Amours imaginaires raconte ainsi le combat que se livrent Francis et Marie, deux amis de longue date, amoureux du même garçon. Ce dernier, campé par le beau Niels Schneider, est un simple objet de désir comme un autre.

En 2011, La Piel que habito de Pedro Almodovar raconte le changement de sexe d'un personnage à la mystérieuse identité. Prix Vulcain de l'artiste technicien et prix de la jeunesse, le drame espagnol fait du changement de sexe un acte quasi artistique et non une énième mutilation comme cela lui est souvent reproché. L'année suivante, la question transgenre sera brillamment soulevée par le troisième film de Xavier Dolan. Homosexualité, travestissement, transgenre ou transsexualité, Laurence Anyways permet au novice d'y voir plus clair et à la communauté trans de se sentir enfin correctement représentée sur grand écran.

En 2013, la Croisette fait preuve d'une diversité sans précédent en ce qui concerne la représentation des LGBT. Palme d'or historique, La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche traite de l'histoire passionnée et passionnante d'Adèle et Emma. La première croit que le grand amour de sa vie sera un homme jusqu'à ce qu'elle rencontre la seconde, mystérieuse lesbienne aux cheveux bleus. Egalement en compétition, Ma vie avec Liberace s'intéresse à la relation complexe de Scott Thorson, jeune homme naïf, et du célèbre pianiste de music-hall Liberace. Pendant cinq ans, Scott va tout faire pour Liberace, passant à de multiples reprises sur le billard dans le seul but de satisfaire ses désirs.

Dans la section Un certain regard, le thriller d'Alain Guiraudie L'Inconnu du lac ne passe pas inaperçu puisqu'il remporte la Queer Palm cette année-là. Un été, une plage naturiste fréquentée par des homosexuels et une série de meurtres. Tourné avec seulement 850.000€, le film fait sensation sur la croisette et révèle Pierre Deladonchamps, acteur sur lequel il faut désormais compter. Du côté de la Quinzaine des réalisateurs, impossible de ne pas mentionner Les Garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne puisque le film invente le concept de "coming-out inversé". Soit lorsqu'un homme que l'on pense homosexuel se révèle être hétérosexuel.

Les éditions suivantes se montrent alors plus sombres, portées par des personnages LGBT en fin de course, voire en fin de vie. Dès 2014, Saint Laurent de Bertrand Bonello et Sils Maria d'Olivier Assayas donnent le la. Amours contrariées ou impossibles, décadence, haine de soi, tout y est. Cette année-là, la seule éclaircie viendra de Pride, lauréat de la Queer Palm qui raconte comment des activistes gay et lesbiens tentent de réunir des fonds pour aider les familles de mineurs britanniques touchés par la grève de 1984. Oeuvre comique, optimiste et excitante, Pride jure avec les deux films cités avant et avec ceux qui vont venir.

Car en 2015, ce sont Carol de Todd Haynes et Valley of Love de Guillame Nicloux qui étonnent. Le premier raconte l'attirance mutuelle que partagent deux femmes que tout semble opposer, dans le New York des années 1950. Tortueux et profond, Carol est porté par le charisme de ses deux interprètes principales Cate Blanchett et Rooney Mara. De son côté, Valley of Love suit les "retrouvailles" d'un couple séparé, parti à la recherche de leur fils gay qui s'est suicidé quelques mois plus tôt. Absent, ce fils qui a laissé une lettre à ses parents leur permet d'apprendre à le connaître, bien qu'il ne soit plus des leurs.

Et après ?

Dans un registre toujours aussi funeste, l'édition 2016 du festival de Cannes aura été marquée par l'adaptation de la pièce de Jean-Luc Lagarce Juste la fin du monde. Grand prix du jury, le sixième film de Xavier Dolan narre le difficile retour dans sa famille de Louis, un écrivain parti douze ans plus tôt et qui doit désormais annoncer à ses proches sa mort future. Huit-clos troublant, cette version 2016 de Juste la fin du monde laisse entendre que Louis est atteint du sida, sans que cela ne soit le cœur du propos. Complètement assumée, son homosexualité devient dès lors un simple trait de sa personnalité et non l'unique moyen de l'identifier. A l'heure où la sélection de la Queer Palm 2017 vient d'être dévoilée, il se pourrait bien que nous ayons enfin atteint un niveau d'écriture des personnages LGBT dont on peut être fier.

Wyzman Rajaona pour Ecran Noir

Mommy cartonne au Québec

Posté par vincy, le 23 septembre 2014

antoine olivier pilon mommy

Avec 466 776 dollars canadiens de recettes pour son premier week-end, Mommy signe le plus gros démarrage au Québec pour un film de Xavier Dolan. Distribué sur 62 écrans, il réalise une bien meilleure moyenne par copie que Le Labyrinthe, leader du box office (567 057 $CAN), diffusé sur plus de 80 écrans.

Stéphanie Nolin (Cinéac) rappelle qu'aucun film québécois n'a obtenu un aussi bon résultat depuis Le sens de l'humour, en 2011 qui avait engendré des recettes de 467 982$ lors de son week-end de lancement. Surtout, il est déjà le troisième plus gros succès québécois de l'année, derrière 1987 et La petite Reine.

Ainsi en trois jours, Mommy a encaissé plus de recettes que Laurence Anyways et Tom à la ferme durant toute leur carrière. Il est assuré de dépasser celles des Amours Imaginaires.

Le film de Dolan devrait aussi dépasser les 995?000?$ de son premier film, J’ai tué ma mère, qui reste son plus gros succès au Québec. Le film sort le 8 octobre en France. Il avait reçu le prix du jury au dernier Festival de Cannes; il représente le Canada pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.

Quand plan à trois et cinéma font bon ménage…

Posté par matthieu, le 6 mai 2012

Alors que Shame vient tout juste de sortir en DVD/Blu-Ray, l'occasion est venue de se pencher sur les plans à trois au cinéma. L'amour et le sexe qui se pratiquent habituellement à deux selon les coutumes et règles de la société occidentale trouvent de notre temps un tout nouvel écho, en parallèle à d'autres civilisations chez lesquelles cette sphère sexuelle n'est pas autant privée et où l'amour peut se pratiquer en présence d'autres personnes (toutes les civilisations ne se valent pas, paraît-il...). Si chez nous le plan à plusieurs a donc très souvent relevé du simple fantasme, on assiste à une mise en scène du triolisme de plus en plus fréquente. Ceci d'autant plus que les moeurs évoluent et qu'on cherche, dans le domaine érotique, à s'affranchir de nouvelles barrières afin de ne pas laisser s'affadir la chose, notamment au sein du couple.

Le cinéma n'oublie pas, lui aussi, de s'affranchir de ces codes lorsqu'il tente d'illustrer de nouvelles pratiques. Il souligne alors ce qu'il a de bon et de mauvais dans ces rapports à plusieurs. Le plan à trois peut mener à la souffrance, au délaissement, à des désirs dangereux et des situations difficiles à gérer. Dès lors, difficile de ne pas commencer sans citer Salo et les 120 journées de sodome de Pasolini, adaptation de l'ouvrage hallucinant, jubilatoire et cradingue du marquis de Sade, dans lequel on trouve des orgies à tout va dont le seul but est l'humiliation pour le plaisir, dénué de toute morale extérieure. Chaque personne, seule ou en groupe, est livrée au plaisir d'un chef. Dans Shame, le personnage joué par Michael Fassbender se perd dans le monde du sexe à cause de son addiction et termine dans un plan classique avec deux jeunes femmes. Pas vraiment de plaisir, seulement une souffrance morale cachée par une passion fugitive. L'homme assouvit ici non pas un fantasme mais une pulsion. Froideur et malaise transparaissent à travers cette scène qui fait partie d'une succession de plans décadents pour le personnage. Pas si éloigné, on trouve The doom generation de Gregg Araki où le trio finit allongé sur le drapeau américain avant que le tout prenne une tournure dramatique et débouche sur la haine causée par des regards extérieurs. Sans conteste, le plan à trois peut donc être vu comme l'affranchissement de codes sexuels habituels, affichant ainsi des goûts montrés comme douteux voire une débauche immorale.

Toujours dans le milieu adulte plutôt libertin mais cette fois-ci comme célébration du plaisir sexuel, Shortbus propose un trios les plus mémorables avec un couple gay décidant d'accueillir l'acteur/chanteur Jason Brannan dans une scène d'érotisme grandiose; chant d'hymne américain dans les fesses compris. Original, d'autant plus que le film comporte un propos sur l'Amérique post-11 septembre. À noter également : 2 garçons, 1 fille, 3 possibilités (intitulé à juste titre Threesome outre Atlantique), long-métrage qui s'inscrit dans la lignée de ces films pour ados visant le fantasme de la cohabitation et ses multiples possibilités. Non loin du précédent se trouve Sexcrimes avec un célèbre triangle orchestré par Neve Campbell et Denise Richards et qui a dû exciter nombre de pré-pubères. Les campus ont définitivement la cote en terme d'exploration sexuelle des jeunes adultes. On note aussi American psycho où Christian Bale s'en donne à coeur joie dans une scène de sexe à trois assez machiste et narcissique, le personnage s'observant les muscles dans la glace pendant l'acte.

Le plan à trois étant un désir affiché de recherche de plaisirs autres que ceux conventionnels, il appartient à l'initiation sexuelle, qui attire forcément les adolescents. Dans Ken Park, les ados explorent leur sexualité jusqu'à plus soif (jeu de mot douteux), et une jolie scène vient conclure cette utopie sexuelle entre amis tourmentés. Évoquons aussi Kaboom de Gregg Araki, réalisateur dont la filmographie est une mine d'or d'exploration sexuelle, qui proposait un plan à trois spécial fête d'anniversaire. Quoi de mieux comme cadeau après tout que de se faire offrir par son amie un mec convoité pour une bonne tranche de baise avec les yeux bandés ? Difficile alors de ne pas citer également The Dreamers de Bertolucci qui, bien qu'il n'y ait aucun plan à trois explicite, comporte un trio d'adolescents explorant leurs plaisirs dans une ambiance soixante-huitarde avec jeux sexuels autour de plaisirs cinéphiliques : réjouissant. Et puisque l'on en vient donc à évoquer les couples qui maladroitement tentent de se former au sein d'un trio d'adolescents, on peut évoquer ces mêmes problèmes chez les adultes avec La chair et le diable de Clarence Brown, ou encore le célèbre Jules et Jim, des précurseurs dans le genre qui donnent aujourd'hui à voir des films très libres comme Les amours imaginaires ou encore Les chansons d'amour et bien d'autres qui, à l'instar de ce dernier, virent très souvent à l'impossibilité de bien s'entendre au delà de deux. C'est déjà si difficile de construire un couple, alors un trouple...

Evidemment, la liste n'est pas exhaustive. Même Woody Allen s'y est frotté (Vicky Cristina Barcelona). Apparu dans les années 60 avec la libération sexuelle, le phénomène a pris de l'ampleur, y compris dans les séries TV, dans les années 2000. Entre adultes consentants ou bien adolescents à la libido et aux moeurs très libres, le ménage et le plan à trois se font donc indéniablement de plus en plus présents dans le cinéma depuis deux décennies. De nos jours le problème n'est plus tant le jugement social péjoratif ou les maladies sexuellement transmissibles mais le cœur et les sentiments. Le ménage à trois est une forme d'amour de moins en moins marginale. Mais, comme toute chose nouvelle et relativement émergente, elle est complexe à appréhender, et difficile à assumer. Reste alors le sexe à trois, plus libre, même si sa représentation cinématographique comporte plusieurs aspects, mélioratifs comme péjoratifs. Représentations qui présagent encore de bonnes tranches d'amusements sexuels dans des films à venir.

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le trouple selon ELLE
Le polyamour
Le trouple selon TÊTU

Cannes 2011 : Astrid Bergès-Frisbey et Niels Schneider, Espoirs Chopard

Posté par vincy, le 15 mai 2011

Astrid Bergès-Frisbey et Niels Schneider ont reçu samedi soir, au 64e Festival de Cannes, les trophées Chopard 2011 en tant qu'espoirs du cinéma. Ces deux prix encouragent les nouveaux talents. Côté filles, Audrey Tautou, Ludivine Sagnier, paz Vega, Diane Kruger, Marion Cotillard, Kelly Reilly ou encore Léa Seydoux font partie des lauréates depuis 2001. Côté garçons, le palmarès comprend Hayden Christensen, Gael Garcia Bernal, Rodrigo Santoro, Jonathan Rhys-Meyers...

Cette année, Robert De Niro, Uma Thurman et Jude Law se sont déplacés sur la terrasse privatisée du Martinez pour la réception.

Astrid Bergès-Frisbey, 25 ans, est à Cannes cette année pour Pirates des Caraïbes 4, où elle incarne une sirène romantique. On l'a vue dans Sa Majesté Minor de Jean-Jacques Annaud, Un barrage contre le Pacifique de Rithy Pahn, et elle joue actuellement La Fille du puisatier de Daniel Auteuil.

Niels Schneider, 23 ans, a commencé avec Tout est parfait de Yves-Christian Fournier. mais c'est Xavier Dolan qui l'a révélé à Cannes l'an dernier avec le rôle du bel hétéro convoité dans Les Amours imaginaires. Avec le jeune cinéaste québécois, il avait aussi tourné J'ai tué ma mère. Il sera prochainement dans Un autre monde de Gabriel Aghion avec Dominique Blanc.

10 nominations aux prix Jutra pour Incendies

Posté par vincy, le 13 février 2011

On ne voit pas comment une razzia pourrait lui échapper. Malgré les nombreuses nominations de ses rivaux, notamment Les amours imaginaires, 10 1/2, ou dans des catégories techniques La cité, Les sept jours du talion et Cabotins, Incendies rafle 10 nominations aux prix Jutra (les César du cinéma québécois). Face à des concurrents dispersés, il est quasiment donné gagnant dans la plupart de ses catégories.

Denis Villeneuve, qui est aussi l'un des deux favoris des prix Génie (Oscars canadiens, voir actualité du 3 février) et nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, part avec une longueur d'avance. Seul choix cruel, la meilleure actrice puisque Mélissa Désormeaux-Poulin (qui joue la fille) et Lubna Azabal (qui incarne la mère) sont en compétition pour la statuette.

Le Jutra hommage sera remis à Jean Lapointe (prix Génie et prix Jutra du meilleur acteur en 2005 pour Le dernier tunnel). Il joue dans À l'origine d'un cri, trois fois nommé cette année, dont celle de meilleur second-rôle masculin pour Jean Lapointe. Auteur-compositeur-interprète, humoriste et acteur, il a quitté le Sénat du Canada en décembre 2010 où il siégeait depuis 2001. Il est l'un des comédiens les plus populaires de la Belle Province.

Le Jutra Billet d'or, qui récompense le plus gros succès au box office, sera remis à Piché entre ciel et terre, par ailleurs nommé pour le Jutra du meilleur scénario.

Notons enfin les trois nominations techniques pour le film français Oscar et la dame rose.

Les nominations par films :

Incendies (10) : film, réalisateur, actrice (Lubna Azabal), actrice (Mélissa Désormeaux-Poulin), scénario, image, direction artistique, son, montage, costumes

Les amours imaginaires (5) : film, réalisateur, scénario, montage, coiffure

La cité (5) : réalisateur, image, direction artistique, musique, costumes

Les sept jours du talion (5) : second rôle masculin (Martin Dubreuil), image, son, montage, maquillage

Cabotins (5) : second rôle féminin (Dorothée Berryman), direction artistique, son, costumes, coiffure

10 1/2 (4) : film, réalisateur, acteur (Claude Legault), scénario

Barney's Version (4) : scénario, direction artistique, maquillage, coiffure

La dernière fugue (4)  : acteur (Jacques Godin) second rôle féminin (Isabelle Miquelon), second rôle masculin (Yves Jacques), montage

Curling (3) : film, réalisateur, acteur (Emmanuel Bilodeau)

Les signes vitaux (3) : film, second rôle féminin (Marie Brassard), maquillage

A l'origine d'un cri (3) : second rôle masculin (Jean Lapointe), scénario, montage

Route 132 (3) : acteur (François Papineau), second rôle masculin (Alexis Martin), musique

Reste avec moi (3) : second rôle féminin (Danielle Proulx), second rôle masculin (Gérard Poirier), musique

Le journal d'Aurélie Laflamme (3) : second rôle féminin (Geneviève Chartrand) musique, costumes

Oscar et la dame en rose (3) : son, maquillage, coiffure

Tromper le silence (2) : actrice (Suzanne Clément), image

Trois temps après la mort d'Anna (2) : actrice (Guylaine Tremblay), image

Deux fois une femme (2) : actrice (Evelyne Rompre), maquillage

L'enfant prodige (2) : direction artistique, costumes

Piché entre ciel et terre (1) : scénario

The Trotsky (1) : acteur (Jay Baruchel)

Filière 13 (1) : son

Lucidité passagère (1) : musique

Le poil de la bête (1) : coiffure

Incendies et Les Amours Imaginaires primés par le public de Rotterdam

Posté par vincy, le 9 février 2011

Le Festival du film de Rotterdam a plébiscité les deux films québécois de l'année : Incendies, de Denis Villeneuve, a remporté le prix du public, tandis que Les amours imaginaires de Xavier Dolan a obtenu le prix du jeune public (15-18 ans), qu'il avait déjà reçu pour son précédent film l'an dernier, J'ai tué ma mère.

Incendies a devancé This is England et Biutiful.

Le trophée du meilleur film des Tiger Awards a été décerné à trois films :  The Journals of Musan, du Sud-Coréen Park Jung-bum, Finisterrae, de l’Espagnol Sergio Caballero, et Eternity, du Thaïlandais Sivaroj Kongsakul, qui a, en plus,  reçu l’appui du Fonds Hubert Bals.

Le Festival, essentiellement dédiés aux premiers et deuxièmes films ainsi qu'au cinéma d'auteur, a attiré 340 000 spectateurs cette année, soit une baisse 3,6% par rapport à l'an dernier. 2 472 professionnels et artistes ont été accrédité, là encore le chiffre est en baisse (2 717 en 2010).  Seul le nombre de journalistes étrangers (179 contre 163) a progressé, parmi toutes les catégories.

Barney’s Version et Incendies vont se disputer les prix Genie

Posté par vincy, le 3 février 2011

Les Oscars canadiens, les prix Genie n'ont pas su départager entre les deux grands films nationaux de l'année 2010. Barney's Version a reçu 11 nominations tandis que le québécois Incendies en amasse 10. Ils se disputeront dans six catégories. Globalement, Barney's Version a reçu ses nominations sur le plan artistique tandis qu'Incendies les cumule dans le domaine technique (même si Lubna Azabal est nommée en meilleur actrice). Cela signifie aussi que 15 catégories (hors documentaires, courts métrages et chanson) mentionnent au moins l'un de ces deux films.

Dans la catégorie meilleur film, outre les deux favoris, on retrouve Splice, Les amours imaginaires et 10 1/2. Ce sont aussi les réalisateurs de ces 5 films qui sont cités.

Par ailleurs, Resident Evil : Afterlife recevra la Bobine d'or (plus gros succès au box office, Jephté Bastien (réalisateur de Sortie 67) sera honoré par un Prix Claude Jutra, et une mention d'honneur sera décerné à Peter Stebbing (réalisateur de Defendor).

Le Festival de Toronto liste les dix meilleurs films canadiens de l’année

Posté par vincy, le 19 décembre 2010

Comme tous les ans, le Festival International du Film de Toronto liste les dix meilleurs films canadiens de l'année. deux d'entre eux risquent de tout rafler aux cérémonies des Génie (Canada), et Jutras (Québec) : Barney's Version de Richard J. Lewis et Incendies de Denis Villeneuve. Le jury de dix professionnels (réalisateurs, critiques, exploitants, producteurs) ont donc rendu le verdict, sans aucun ordre particulier. Notons d'ailleurs une certaine diversité de style, de la Science-Fiction avec Splice au mélo stylisé Les amours imaginaires en passant par le documentaire Last Train Home.

Ces films seront projetés début 2011 au Bell Lightbox de Toronto, à la Cinémathèque du Pacifique de Vancouver et à l'Institut du Film Canadien d'Ottawa.

- Les amours imaginaires, Xavier Dolan
- Barney's Version, Richard J. Lewis
- Curling, Denis Cote
- The High Cost of Living, Deborah Chow
- Incendies, Denis Villeneuve
- Last Train Home, Lixin Fan
- Modra, Ingrid Veninger
- Splice, Vincenzo Natali
- Trigger, Bruce McDonald
- Trois temps après la mort d'Anna, Catherine Martin.

Cinéma du Québec à Paris : la formule doit changer selon l’organisateur

Posté par vincy, le 22 novembre 2010

La 14e édition de Cinéma du Québec à Paris (22-28 novembre, Forum des Images à Paris) est ambitieuse, avec une multiplication des rendez-vous : marché du film, rencontres de coproduction francophone, dont un panel dédié à l'adaptation littéraire, rencontres autour de films, la Leçon de musique... Pourtant, l'organisateur de la manifestation, la SODEC (Société de développement des entreprises culturelles), institution québécoise, songe à changer la formule.

Le succès de l'événement - une centaine de professionnels québécois se déplacent dans la Ville Lumière cette semaine, environ 5 000 spectateurs attendus - permet aujourd'hui de le considérer comme installé. Mais il semble aussi nécessaire pour la SODEC  d'en réévaluer les objectifs et les missions.

Aucune menace. "Il s'agit de repenser la façon de faire, mais pas la semaine en tant que telle. Elle est là pour rester, mais peut-être pas de la même manière" explique François Macerola, récent patron de l'organisme. Avec le lancement de l'application iPhone cette année, il réfléchit à de nouvelles interactions avec Internet. Ce qu'Ecran Noir leur avait proposé il y a 8 ans. Il est toujours temps..

"Au lieu de n'avoir que des projections publiques, est-ce qu'on peut imaginer une nuit du cinéma québécois sur le Web", demande-t-il.

Car le cinéma québécois peine toujours à toucher un large public français. Hormis quelques films étalés sur une décennie (les comédies de moeurs de Denys Arcand, C.R.A.Z.Y., La grande séduction), seul le jeune Xavier Dolan, par ailleurs parrain de la manifestation cette année, a réussit à se faire un nom auprès des cinéphiles. Les amours imaginaires, son dernier film, a attiré 130 000 spectateurs dans les salles en deux mois.

Cinéma du Québec à Paris va présenter 14 fictions et 4 documentaires, dont Incendies, en clôture, de Denis Villeneuve, adapté de la pièce du libano-franco-canadien Wajdi Mouawad.

Mais derrière l'écran et la volonté de combler un public acquis (canadiens expatriés, cinéphiles, amateurs de culture québécoise), la SODEC ne cache pas qu'il s'agit d'ouvrir les films à un plus large public et de trouver des financements internationaux pour alimenter une industrie qui peine à se produire elle-même, subissant la faiblesse de son marché intérieur et des restrictions budgétaires fédérales (même si le Québec continue d'investir 35 millions de $ Canadiens dans ses productions). Sans parler des sociétés de distributions locales qui ont baissé les bras pour vendre leurs films sur les territoires étrangers, faute de rentabilité. Pourtant le potentiel est là, d'autant plus avec l'explosion de la V.O.D..

Cinéma du Québec à Paris coûte aussi cher que la présence du cinéma québécois à Cannes

Or François Macerola confie ce matin au Devoir, quotidien montréalais que la stratégie est confuse actuellement. "Nous sommes en train de revoir notre participation dans les festivals et les marchés; nous sommes trop éparpillés à l'international."  "Nous allons continuer d'aller à Karlovy Vary pour le rayonnement. À Toronto, on ira pour vendre" précise-t-il.  Concernant le rendez-vous parisien, il avoue : "on veut trop en faire. Nous avons voulu, je crois, justifier notre présence, et la meilleure façon de le faire a été de multiplier les avenues. Je pense que nous devrions revenir à une approche plus puriste et minimaliste en définissant clairement nos objectifs".

Comme toujours, la vision libérale l'emporte : cela coûte 400 000 $ Canadiens aux contribuables québécois. C'est semblablement la même somme dépensée par l'institution au Festival de Cannes, avec une visibilité autrement plus importante. De quoi en effet s'interroger sur la structure et l'impact des dépenses. Une manière d'optimiser celles-ci serait de tisser des liens plus étroits et plus cohérents avec Téléfilm Canada, dont la mission est de promouvoir le cinéma canadien à l'international. Macerola ayant été DG de Téléfilm Canada durant six ans, cette piste s'avère la plus logique.

Mais le cinéma québécois ne résoudra pas tous ses problèmes sans améliorer ses performances locales. La part de marché n'excèdera pas 12% des entrées cette année dans la Belle Province. Certes, une vingtaine de films ont trouvé leur public. Certes, une dizaine de productions ont été primées dans des festivals internationaux. Mais cela ne suffit pas. D'ici au printemps, Macerola espère faire des propositions, après avoir consulté l'ensemble des acteurs de la profession, à Montréal comme à Paris (les coproductions sont indispensables pour la plupart des projets). Surtout que le modèle n'est pas si mauvais. Le cinéma canadien anglophone se porte bien plus mal, avec à peine de 2% du marché national.

La force du cinéma québécois tient en ses créateurs qui offrent des films variés : du polar à la comédie en passant par le cinéma d'auteur. Cinq films cette année ont dépassé le cap du million de $ canadiens de recettes : Piché : entre ciel et terre, Incendies, Filière 13, Les sept jours du talion et Le journal d'Aurélie Laflamme. Mais la plupart des projets vedettes en cours coûte plus de 6 millions de $ canadiens : une équation impossible à résoudre sans le développement à l'international.

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site internet de la manifestation

Cannes 2010 : Xavier Dolan enchaîne les projets

Posté par vincy, le 21 mai 2010

Il a fait mouche l'an dernier avec J'ai tué ma mère à la Quinzaine des réalisateurs. Il est revenu à Cannes cette année, avec succès, grâce à ses Amours imaginaires, présenté à Un certain regard. Xavier Dolan a déjà annoncé plusieurs projet,s qui vise évidemment la compétition du Festival de Cannes 2011 ou 2012.

Lawrence anyways sera l'histoire d'un homme qui veut changer de sexe et de son histoire d'amour impossible avec sa fiancée, qu'il essaie de convaincre pour le soutenir. Louis Garrel (que l'on entraperçoit à la fin des Amours imaginaires)  et Suzanne Clément formeront le couple.

Puis devrait suivre Lettres à un jeune acteur. "Ce sera un regard incisif sur le show business américain" explique-t-il. le tournage est prévu pour les mois à venir et sera filmé sous l'angle d'une "lettre" écrite à un jeune acteur britannique.