Ici commence la carrière d’écrivain d’Alain Guiraudie

Posté par vincy, le 6 juin 2014

alain guiraudieUn an après la sortie de L'inconnu du lac, prix Un certain regard de la mise en scène et Queer Palm au Festival de Cannes 2013, le réalisateur Alain Guiraudie s'apprête à publier son premier roman.

Ici commence la nuit sortira en librairies le 9 octobre, aux éditions P.O.L.

Selon les premières informations, le livre racontera l'histoire d'un jeune homme, Gilles, qui tombe amoureux pour Pépé, vieillard de 98 ans. Le chef des gendarmes du coin s'inquiète de cette étrange relation. D'autant qu'il est lui aussi attiré par Gilles. Il va (ab)user de son autorité pour aller jusqu'au bout de sa passion.

Alain Guiraudie, 50 ans en juillet, né dans un famille d'agriculteur du sud de la France, a réalisé son premier court métrage en 1980, Les héros sont immortels. Il a réalisé 4 longs métrages entre 2003 et 2013.

Adaptation : Les éditeurs français en opération séduction à Cannes

Posté par emeline, le 22 mars 2014

Ils en rêvaient. C'est maintenant une réalité. Pour la première fois, des éditeurs français pourront rencontrer formellement des producteurs de cinéma étrangers au Festival de Cannes. L'opération, intitulée « Shoot the book ! », aura lieu le mardi 20 mai, selon une information parue dans Livres Hebdo ce matin, dans le cadre professionnel du Marché du Film.

Car, l'adaptation est un marché porteur : un film sur cinq sortis dans les salles françaises est une adaptation selon une récente étude du Bief. Un film français sur trois est une adaptation de livre. En 8 ans, les spectateurs ont ainsi pu voir sur grand écran 956 adaptations! 38% des films ayant attiré plus de 500 000 spectateurs sont des adaptations. Pas négligeable. Le chiffre grimpe à 58% parmi les films ayant fait plus de 2 millions d'entrées.
Les producteurs aiment principalement les romans, les oeuvres jeunesse et les BD. A eux trois, ils regroupent 818 des 956 adaptations.

En France, depuis six ans, éditeurs et producteurs ont déjà l'occasion de se regrouper au Salon du Livre, grâce à la Société civile des éditeurs de langue française (Scelf). Hier, 75 éditeurs ont "pitché" leurs romans pour séduire les producteurs en quête de projet. Mais la grande nouveauté de cette année, c'est bien la portée internationale du projet avec l'arrivée sur la Croisette, en plein Palais des Festivals.

En 2013, Nathalie Piaskowski, directrice générale de la Scelf, évoquait Cannes comme lieu de rencontre. « C'est l'un des festivals où le plus de producteurs étrangers sont présents. Et c'est un festival qui travaille, avec des rencontres professionnelles. Ce n'est pas juste le glamour. »

Car malgré le succès de ces Rencontres Scelf de l'audiovisuel (250 producteurs par an depuis 2009), difficile d'adapter son livre à l'international quand la majorité des producteurs présents sont français – francophones au mieux. Et selon le Bureau International de l’Édition Française (Bief), rien ne vaut un ouvrage écrit en français pour décourager les producteurs étrangers.

C'est pourquoi, afin de séduire ces derniers, l'opération « Shoot the book ! » prévoit une session d'une heure où chaque maison d'édition devra vanter le livre retenu pendant cinq minutes et en anglais. Le Festival de Berlin expérimente ce concept depuis 2006 avec « Books at Berlinale » dans le cadre du marché de la coproduction.
Dix titres seront sélectionnés par un jury de professionnels. Ils seront révélés le 31 mars. Les heureux élus auront alors plus d'un mois pour préparer leur prestations, avec l'aide d'un coach, Bertrand Mouiller, professionnel anglophone du cinéma et de la télévision. Enfin, un catalogue audiovisuel en anglais, tiré à plus de 11 000 exemplaires, sera remis à tous les festivaliers dans leur sacoche de bienvenue.

Que peuvent espérer les éditeurs français de cette rencontre ? Probablement beaucoup, à en croire le Bief. Selon Isabelle Fauvel, de la société Initiative Films, qui animera la journée du 20 mai, le Festival de Cannes permet à celui qui est déjà bien intégré dans le réseau des professionnels de l'audiovisuel d'avoir des contacts avec des personnes difficiles d'accès. Et aussi – et surtout – la   « French touch » est toujours aussi populaire auprès des producteurs américains. Une coupe de champagne et le tour est joué ? Verdict le 20 mai sous le soleil de Cannes.

Cannes 2013 : quand les livres se font films

Posté par vincy, le 15 mai 2013

Adaptation livre au cinéma Si Cannes a toujours été littérature (jusqu'à des présidents et membres de jury écrivains) et si son Président a un amour immodéré pour la lecture, les sélections ont souvent flirté avec l'écrit, grâce aux multiples adaptations : le livre demeure un matériau de choix pour l'inspiration des cinéastes.

Cette année, dès l'ouverture, le ton est donné avec Gatsby le Magnifique, quatrième version du roman de Francis Scott Fitzgerald (incarné par Tom Hiddleston dans Minuit à Paris), à qui l'on doit déjà Benjamin Button. A noter : Fitzgerald écrivit les passages les plus bouleversants du roman à Saint-Raphaël, à quelques brasses de Cannes.

Cependant ce n'est pas le seul grand écrivain qui sera présent sur les écrans. Ainsi, James Franco, après avoir interprété Alain Ginsberg dans Howl, le voici à Un certain regard avec As I Lay Dying, transposition du roman de William Faulkner, autre grand fantôme de l'entre deux guerres. Faulkner, scénariste de Ford et Hawks, a souvent été adapté (Sirk, Ritt), y compris par Franco (Red Leaves en 2009).

Lucia Puenzo quant à elle a opté pour son propre roman, Wakolda, qui vient de paraître chez Stock. Elle avait déjà adapté son livre El Nino Pez. Et toujours à Un certain regard, Valeria Golino, pour son premier film en tant que réalisatrice, a choisi de mettre en images le roman d'Angela del Fabbro, Vi Perdono, pour en faire Miele.

Arnaud des Pallières a choisi un livre allemand d'Heinrich von Kleist pour Michael Kolhaas, déjà adapté par Volker Schlöndorff en 1969. Et Jérôme Salle, qui avait déjà adapté des Largo Winch, s'est plongé dans le roman Zulu de Caryl Férey.

Côté Quinzaine, l'événement est bien entendu du côté du film d'ouverture, The Congress, d'Ari Folman, d'après le roman culte Le Congrès de futurologie (lire notre actualité) de Stanislas Lem (Solaris).

Mais il n'y a pas que la littérature puisque Roman Polanski a préféré adapté la pièce La Vénus à la fourrure de David Ives, qui est adaptée du roman éponyme de Leopold Sacher-Masoch (comme masochisme). Arnaud Desplechin s'est basé sur un essai de l'ethnopsychanalyste Georges Devereux, Psychothérapie d'un Indien des plaines pour Jimmy P. ; avec Blood Ties, Guillaume Canet a réalisé le remake des Liens du sang de Jacques Maillot, qui est à l'origine une biographie, Les liens du sang : deux frères flic et truand.

Et encore plus surprenant, Abdellatif Kechiche a trouvé l'inspiration dans une BD de Julie Maroh, Le bleu est une couleur chaude, devenue un film en deux parties (3 heures au total pour un album de 160 pages), La Vie d'Adèle (lire notre actualité). Ce n'est pas le seul à avoir été séduit par le 9e art puisque Takashi Miike a transposé Be-Bop High School du mangaka Kazuhiro Kiuchi pour son film Wara No Tate.

Gilles Jacob quittera la présidence du Festival de Cannes en 2015

Posté par vincy, le 7 mai 2013

Dans un entretien à paraître samedi dans Nice Matin, révélé par l'AFP, Gilles Jacob, 83 ans le 22 juin, a annoncé qu'il quitterait la présidence du Festival de Cannes en 2015. Il avait été renouvelé à ce poste en 2011 pour trois ans. Son mandat devait s'achever initialement à l'été 2012 mais il s'était représenté pour un nouveau mandat courant jusqu'en 2014 (lire notre actualité du 20 décembre 2011). Dans le même temps les prérogatives de Thierry Frémaux ont été élargies à l'ensemble des fonctions exécutives (sélection des films, budget, ressources humaines, développement du festival...).

Gilles Jacob a exercé les fonctions de délégué général du Festival depuis le 30 septembre 1977, avant de prendre la présidence en 2001. La sélection officielle a été déléguée à Thierry Frémaux en 2004. Depuis Ballaciner en 2007, en collaboration avec le Prix Nobel de littérature Jean-Marie Le Clézio, il prend régulièrement la plume, son autre grande passion : La vie passera comme un rêve en 2009 et Les pas perdus, qui vient de paraître chez Flammarion (nous y reviendrons la semaine prochaine).

Gilles Jacob préside également le prix Louis-Delluc.

Nul ne doute qu'avec cette annonce les ambitions de certains ne vont pas manquer de se réveiller... (lire notre actualité du 31 mai 2011). On espère qu'il nous amusera avec ce bal des futurs prétendants sur son compte twitter.

Colin Firth et Michael Fassbender, l’éditeur et son génie

Posté par vincy, le 9 novembre 2012

Colin Firth et Michael Fassbender tourneront début 2014 Genius, un film réalisé par Michael Grandage, légende du théâtre britannique, et scénarisé par John Logan (Lincoln, Skyfall, Hugo Cabret, Sweeney Todd, Gladiator...).

Il s'agit de l'adaptation de Max Perkins : Editor of Genius, d'A. Scott Berg, paru en 1978.  Le film sera fidèle au livre, qui se concentrait sur la relation entre l'éditeur Max Perkins (Firth) et l'un des talents qu'il a découvert, Thomas Wolfe (Fassbender). Une liaison littéraire tumultueuse où Perkins fut un éditeur impitoyable malgré le génie de l'auteur. Ils se séparèrent professionnellement après un conflit éthique sur son troisième roman ; mais Perkins et Wolfe restèrent de très proches amis, au point que l'écrivain fit de son "découvreur" son exécuteur testamentaire.

Perkins fut aussi l'éditeur d'Hemingway et Fitzgerald. Le géant (1m99) Thomas Wolfe a peu écrit, mort prématurément à l'âge de 38 ans en 1938.  Il a cependant influencé des auteurs comme Jack Kerouac et tous ceux de la Beat generation, Ray Bradbury ou Philip Roth. Certains de ses romans ont été adaptés à la télévision.

Hunger Games : les origines d’un phénomène annoncé

Posté par vincy, le 19 mars 2012

Hunger Games sera-t-il le nouveau Twilight? C'est ce qu'espère le studio Lionsgate.

A l'origine une trilogie littéraire pour la jeunesse, comme Twilight, vendue à 30 millions d'exemplaires dans le monde (dont 340 000 en France), principalement aux USA pour le moment. Et les ventes s'accélèrent ces derniers mois : le succès entraîne le succès. Le film sort simultanément cette semaine dans presque tous les pays, à l'exception de l'Afrique du Sud, du Vietnam, de l'Italie et de l'Espagne.

Entre jeux du cirque façon Gladiateur, reality-show et monde apocalyptique style 1984, Hunger Games évoque une Amérique détruite par ses excès et son mépris de la planète. Suzanne Collins, 50 ans, scénariste pour la TV (notamment pour des séries destinées aux chaînes jeunesse), a commencé à publier The Hunger Games en 2008, en se fondant sur le mythe de Thésée et du Minotaure : "tous les neuf ans, on envoyait une phalange de jeunes garçons et filles dans un labyrinthe mortel combattre le Minotaure". Elle y a ajouté les émissions de téléréalité et les reportages de guerre, qui font partie de notre univers visuel. Grâce à elle, on a oublié les magiciens et les vampires. Ni fantasmagorique, ni mélodramatique, Hunger Games est avant tout un reflet d'une civilisation en déclin, absorbée par la dévalorisation et la déshumanisation des images. On peut comprendre que cela séduise les adolescentes accros à la télé, au web et à leurs smartphones. Avec un triangle amoureux qui rappelle aussi bien Harry Potter que Twilight.

Le phénomène a rapidement pris avec 1,5 million d'exemplaires vendus en Amérique du nord durant sa première année.

Lionsgate acquiert immédiatement les droits pour l'adapter. Collins co-écrit elle-même le scénario avec le réalisateur Gary Ross (Pleasantville, La légende de Seabiscuit).

Entre temps, Hunger Games devient le roman le plus vendu sur Kindle en livres numériques. Le magazine Time en fait l'une des 100 personnes les plus influentes de 2010, année de parution du troisième tome.

Collins n'en était pas à son coup d'essai puisqu'elle avait déjà écrit une autre série (de 2003 à 2007), The Underland Chronicles (en France, la saga est traduite sous le nom de Gregor et a commencé à être publiée cet hiver).

Hunger Games en France est édité chez Pocket Jeunesse depuis 2009. A cela s'ajoutent de nouveaux ivres autour du film depuis quelques semaines : Le guide officiel illustré du film, Le guide des Tributs, La saga Hunger Games décryptée, Le guide officiel du film, Le Monde de The Hunger Games. L'éditeur français a misé pleinement sur cette sortie au cinéma en associant les campagnes marketing des livres avec ceux du film ; un concours sur Facebook, jusqu'au 2 avril, permet de gagner des places de cinéma, des posters et autres produits dérivés.

Hunger Games, devenue la série favorite des adolescents américains, est ainsi devenu le film le plus attendu du moment : des centaines de salles de cinéma affichent déjà complet grâce aux pré-réservations en ligne. Le box office de démarrage serait supérieur à celui de Twilight. On parle d'un box office supérieur à 70 millions de $ sur les trois premiers jours d'exploitation.

L'héroïne du film est interprétée par la très douée Jennifer Lawrence (nommée à l'Oscar pour Winter's Bone et vue l'an dernier dans Le Complexe du Castor et X-Men Le Commencement). De quoi changer son statut à Hollywood si le film cartonne au box office.

D'autant que le studio a déjà commencé le développement de la suite (pour une sortie en 2013) et du troisième volet (espéré d'ici 2015).

Pierre Schoendoerffer (1928-2012) : le dernier combat

Posté par vincy, le 14 mars 2012

Pierre Schoendoerffer, 83 ans, est mort dans la matinée de ce mercredi 14 mars, des suites d'une opération à l'hôpital militaire de Percy à quelques kilomètres de Paris. Grand reporter, écrivain, cinéaste, sa carrière polymorphe est centrée sur la grande histoire : la guerre, et la décolonisation.

Témoin d'événements sanglants et violents, il a voulu les restituer avec justesse et vérité que ce soit dans l'écriture ou l'image. Observateur à distance, artiste individualiste, il était pourtant au coeur du XXe siècle.

Membre fondateur des César, académicien aux Beaux-Arts dans le collège du cinéma, récipiendaire de multiples honneurs militaires et culturels, Pierre Schoendoerffer a filmé les combattants, entre grandeur et décadence.

Cela vient de son enfance. Adorateur de Joseph Kessel, qu'il rencontrera à Hong Kong, et de Joseph Conrad, cet ancien cancre s'embarque sur un bateau suédois à la sortie de l'adolescence. Ce garçon auvergnat rêve d'aventures et de grand large. Après la Baltique, il s'engage en 1952 au service cinématographique des armées, où il fait ses débuts de caméraman en Indochine. Il apprend le cinéma en filmant la guerre durant trois ans. En 1954, il est fait prisonnier par le Viêt Minh à Diên Biên Phu, passant quatre mois en captivité. Il transcrira l'expérience de cette défaite française ça dans son film Diên Biên Phu (1992), fresque puissante et brutale.

Une fois libéré, il quitte l'armée et devient reporter photographe pour le magazine Life. 4 ans plus tard, il adapte La Passe du diable, roman de Kessel, à l'écran. Il s'agit de sa première réalisation. L'année suivante, il adapte un roman de Pierre Loti, autre romancier du voyage, avec Le pêcheur d'Islande.

Mais c'est en 1963 que Schoendoerffer se fait un nom. Il écrit La 317e section qu'il adapte deux ans plus tard pour le cinéma. Jacques Perrin et Bruno Cremer donnent corps à cette guerre d'Indochine, dans l'ombre de la seconde guerre mondiale pas si lointaine. Déjà il pose les fondations de son oeuvre : les sacrifices inutiles de la chair à canon, l'honneur de l'armée, les illusions saccagées, la dureté des combats. Ses films sont aussi documentaires que fictifs, francs et humains. Prix du scénario à Cannes, 45 ans plus tard, il s'agit toujours du film symbolique sur la guerre d'Indochine.

En 1967, il réalise un documentaire, toujours sur le Vietnam, La section Anderson, où l'on suit une troupe de soldats américain en pleine guerre. Oscar à Hollywood. Puis il y aura une longue absence au cinéma. Il écrit en 1969 L'adieu au Roi, qui sera transposé au cinéma 20 ans plus tard par John Milius, prix Interallié.

En 1976, il écrit un autre roman, Le Crabe-tambour. Grand prix du roman de l'Académie française, le livre croise les guerres de décolonisation (Indochine, Algérie). Il réalise le film un an plus tard, inspiré de la vie du Commandant Pierre Guillaume, avec Jean Rochefort, en officier austère proche de la retraite, et Claude Rich. 6 nominations aux César (dont film et réalisateur), dont trois prix : acteur (Rochefort), second-rôle masculin (Dufilho), photo.

5 ans plus tard, il filme L'honneur d'un capitaine, avec Jacques Perrin et Nicole Garcia,de nouveau un portrait de soldats, durant la Guerre d'Algérie. Toute cette filmographie a fait de Schoendoerffer une icône de l'Armée comme de l'extrême droite, rôle qu'il refusait obstinément. Lui préférait se voir en contributeur d'un récit de l'Histoire de France contemporaine, réveillant les mémoires et affrontant les sujets tabous.

La guerre et l'humanité, voilà son oeuvre. Un homme d'honneur, pudique, tourmenté, nostalgique que le goût des horizons lointains a mené à l'horreur des émotions intimes. L'homme en gros plan dans des situations extrêmes où la vie de chaque des personnages est en jeu. Un cinéma hanté, lucide, réaliste, prenant tous les risques, voulant flirter avec ses souvenirs atroces.

Loyal et fidèle, cet ancien combattant détestait les artifices et faisait l'éloge de la liberté. Sa caméra héroïsait des hommes à son image. Des individus défaits. Comme pour vouloir se prouver qu'il n'avait pas subit son calvaire indochinois en vain. Il préférait l'universalité de son propos à la récupération politique. De même sa condition d'artiste, d'artisan selon lui, sublimait son passé militaire.

En 1981, il écrit son avant-dernier roman, Là haut (le dernier date de 2003, L'aile du papillon), qui deviendra son dernier film, en 2004. Bruno Cremer, Jacques Perrin et Claude Rich retrouvent leur cinéaste d'autrefois. Il utilise d'ailleurs des images de ses précédents tournages avec ces comédiens pour des flash backs dans cette histoire qui revient en Indochine, période post-coloniale. Un film testament.

Le cinéaste Emmanuel Carrère reçoit le prix Renaudot pour son roman Limonov

Posté par vincy, le 2 novembre 2011

Emmanuel Carrère avait déjà été récompensé du prix Femina il y a 16 ans pour La classe de neige. Le romancier vient d'être couronné aujourd'hui par le prix Renaudot aujourd'hui pour son dernier livre, Limonov (P.O.L.).

Ce n'est pas la première fois qu'un cinéaste ou un écrivain devenu réalisateur reçoit ce prestigieux prix littéraire : l'an dernier Virginie Despentes, ou encore Philippe Claudel en 2003, Frédéric Beigbeder (président du jury du Renaudot par ailleurs) il y a deux ans... C'est une tendance.

Emmanuel Carrère, 54 ans, écrit depuis 27 ans. Deux de ses romans ont connu une très belle carrière au cinéma : La classe de neige de Claude Miller, prix du jury à Cannes en 1998 et L'Adversaire, somptueuse oeuvre de Nicole Garcia en compétition à Cannes en 2002. Carrère a été membre du jury au Festival de Cannes en 2010, sous la présidence de Tim Burton.

En 2003, cet ancien critique de cinéma (Positif, Télérama), passe à la réalisation avec un documentaire, Retour à Kotelnitch, récit très personnel de la Russie qu'il a connu enfant. En 2005, il adapte son propre roman, La moustache, avec Vincent Lindon et Emmanuelle Devos. Le film est présenté à la Quinzaine des réalisateurs et emporte le Label Europa Cinémas.

Un autre de ses romans, D'autres vies que la mienne, a été librement adapté par Philippe Lioret sous le titre Toutes nos envies, avec Vincent Lindon et Marie Gillain. Lioret (Welcome) a décidé d'inventer de nouveaux personnages, ainsi qu'une nouvelle histoire, tout en conservant l'univers sombre du livre très autobiographique. Il sort en salles le 9 novembre prochain.

Le gang des barbares fascine cinéma et littérature

Posté par vincy, le 17 septembre 2011

Thomas Langmann va passer derrière la caméra. Le fils de Claude Berri et producteur de films comme le diptyque sur Mesrine ou La (nouvelle) guerre des boutons avait déjà coréalisé Astérix aux Jeux Olympiques (avec Frédéric Forestier). Ce sera son premier film comme réalisateur unique, en plus d'en être le scénariste et le producteur.

Il s'attaque à un sujet délicat : l'affaire du Gang des barbares. Langmann s'inspirera de la mort épouvantable d'Ilan Halimi, à l'âge de 23 ans, en janvier 2006. En échange d'une éventuelle rançon, sous prétexte qu'il était juif les coupables ont cru qu'il était riche, il fut séquestré et torturé pendant trois semaines en région parisienne. Il avait été retrouvé agonisant avant de mourir lors de son transfert à l'hôpital. Le scénario tournera autour des 73 personnes auditionnées dans l'affaire, les silencieux comme les meurtriers. 27 personnes ont été mises en examen (dont 9 femmes) et 19 ont été emprisonnées.

Les ignorants, le titre du film, devrait se tourner d'ici la fin de l'année.

Cette sale affaire avait déjà inspiré une chanson et surtout de nombreux essais publiés entre 2007 et 2010. L'écrivain Morgan Sportès vient de faire paraître Tout, tout de suite, roman froid retraçant la chronologie des événements à la manière de Truman Capote dans De sang froid. Le livre est édité par Fayard.

Langmann a certainement accéléré le processus de production afin de ne pas subir la même déconvenue qu'avec la Guerre des boutons (deux films, un même sujet). En effet Alexandre Arcady avait annoncé au dernier Festival de Cannes avoir acquis les droits du livre d'Émilie Frèche et de Ruth Halimi, la mère d'Ilan, 24 jours, la vérité sur la mort d’Ilan Halimi, publié au Seuil en 2009.

L’Académicien François Weyergans invite Jafar Panahi dans son Comité de l’Epée

Posté par vincy, le 13 juin 2011

L'écrivain et cinéaste franco-belge François Weyergans est devenu immortel, jeudi, en entrant à l'Académie française. Le Prix Goncourt 2005 (Trois jours chez ma mère) a fait coexister ses deux passions, littérature et cinéma, dans son Comité de l'Epée (un comité de parrainage pour les nouveaux académiciens). Il y a invité le réalisateur iranien Jafar Panahi, qui "a tout de suite accepté de figurer dans ce comité" : "Y aura-t-il un fauteuil vide à son nom sous la Coupole le jour de ma réception, comme ce fut le cas lorsqu'il n'a pu être membre du jury du Festival de Cannes ou de celui de Berlin?"

Présidé par Pierre Bergé, le Comité de l'Epée de Weyergans comprend des prix Nobel de littérature, des éditeurs ou de grands écrivains, mais aussi des dissidents chinois comme l'artiste Ai Weiwei. Il a invité tous les représentants de la chaîne du livre, du libraire à l'imprimeur, le directeur de la compagnie Béjart (le chorégraphe fut l'objet de son premier documentaire). C'est d'ailleurs l'épée de son défunt ami Maurice Béjart qui lui a été léguée. On y trouve aussi des personnalités du cinéma telles que Isabelle Huppert, Michel Piccoli, Michael Haneke, Hong sang-soo et Hou Hsiao-hsien.

François Weyergans sera reçu jeudi prochain sous la Coupole et "rêve de monter un jour en habit vert (dessiné par la productrice et styliste Agnès b.) les marches (rouges) du Palais des festivals à Cannes". "Cela lierait mes deux bicornes, d'écrivain et de cinéaste". "Cela rappellerait aussi que l'Académie française a eu des liens étroits avec Cannes. Plusieurs académiciens ont été présidents du jury ou jurés, comme Pagnol ou Cocteau". Weyergans a suivi les cours de l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC) dans les années 60.

L'écrivain a réalisé le documentaire Béjart (1962), un moyen métrage consacré à Robert Bresson (1965) et plusieurs films de 1967 à 1978 : Baudelaire is gestorven in de zomer, Aline, Un film sur quelqu'un, maladie mortelle, Je t'aime tu danses, Couleur chair. Il se consacra par la suite à la littérature.

Lui même succède au fauteuil 32 à Maurice Rheims, père de Nathalie Rheims, productrice de cinéma et compagne de Claude Berri, et Alain Robbe-Grillet, cinéaste et romancier comme lui. Un fauteuil académicien qui semble dédié aux deux arts.