Annie Awards : Une vie de Chat, Chico & Rita et Tintin face à Kung Fu Panda 2

Posté par vincy, le 10 décembre 2011

Trois films animés européens traditionnels - deux espagnols et le français Une vie de chat - se sont glissés au milieu des gros blockbusters américains parmi les meilleurs films d'animation de l'année. Les Annie Awards ont révélé un avant goût des Oscars : DreamWorks emporte le gros lot avec 21 nominations. Rango et Rio parviennent à dominer le Pixar de l'année, Cars 2, talonné par Mission : Noël, pourtant un fiasco au box office.

On notera cependant quelques détails qui révèlent l'absence de favori. Tintin, meilleur film, n'a aucune citation pour Spielberg. Kung Fu Panda 2 n'obtient rien dans la catégorie scénario, tout comme Le chat potté. Rango, à ce titre, cumulant film, scénario, réalisation et montage, pourrait créer la surprise. Autre étonnement, Winnie l'Ourson, l'un des cinq films les plus cités, n'est même pas retenu parmi les meilleurs films, alors qu'il est nommé pour sa réalisation et son scénario.

Les nominations pour le meilleur film animé (et leurs autres nominations)

  • Une vie de chat
  • Arrugas
  • Mission : Noël (6) : performance vocale (Ashley Jensen), performance vocale (Bill Nighy), scénario, dessin des personnages, storyboard
  • Cars 2 (7) : montage, direction artistique, 2 citations pour les effets animés, dessin des personnages, storyboard
  • Chico & Rita
  • Kung Fu Panda 2 (12) : réalisation, performance vocale (Gary Oldman), performance vocale (James Hong), direction artistique, montage, 2 citations pour les effets animés, 2 citations pour l'animation d'un personnage, 2 citations pour le storyboard
  • Le chat potté (9) : réalisation, performance vocale (Zach Galifianakis), montage, effets animés, animation d'un personnage, dessin des personnages, musique, storyboard
  • Rango (9) : réalisation, scénario, montage, 2 citations pour les effets animés, dessin des personnages, 2 citations pour le storyboard
  • Rio (8) : réalisation, performance vocale (Jemaine Clement), direction artistique, 2 citations pour l'animation d'un personnage, dessin des personnages, musique
  • Les aventures de Tintin (5) : scénario, montage, effets animés, musique

Les autres films nommés

Winnie l'Ourson (8) : réalisation, scénario, direction artistique, effets animés, 2 citations pour l'animation d'un personnage, musique, storyboard

Gnomeo & Juliette (4) : réalisation, performance vocale (Jim Cummings), scénario, storyboard

Star Wars : The Clone Wars : effets animés

Pirates des Caraïbes : la fontaine de Jouvence : effets animés dans un film

Transformers : Dark of the Moon : effets animés dans un film

Cowboys & Aliens : 2 citations pour les effets animés dans un film

Hop : animation d'un personnage dans un film

Paul : 2 citations pour l'animation d'un personnage dans un film

La Planète des Singes, les origines : animation d'un personnage dans un film

Steve Jobs (1955-2011) : iDeath

Posté par vincy, le 6 octobre 2011

Steve Jobs, cofondateur d'Apple, est mort à l'âge de 56 ans mercredi soir. Il avait simplifié l'ordinateur individuel pour le rendre accessible à tous. Jusqu'en 1985, 9 ans après la création de la marque à la pomme, il quittait Apple (démis de ses fonctions) pour y revenir en 1997 quand la firme était au sixième sous-sol des ventes. Là il a imposé un nouveau modèle (des produits attrayants avec un design novateur, se différenciant ainsi de l'esthétique froide de l'informatique) puis réorienté la société pour en faire non seulement un producteur d'outils de communication nomades mais aussi un diffuseur de produits culturels, et notamment de films téléchargeables.

Après son premier départ d'Apple, Steve Jobs, sollicité par deux ingénieurs de Lucasfilm, rachète pour 10 millions de $ The Graphics Group, filiale cédée par George Lucas. Jobs créé les Studios Pixar, et détient la majorité des parts. A l'époque, Jobs ne rêve pas d'Hollywood. Il espère juste que les ingénieurs développent des logiciels défiant l'infographie.

John Lasseter, malin, en profite pour l'obliger à produire des courts métrages animés qui servent de vitrine aux technologies développées. Les films d'animation ébahissent les festivals. Mais la structure de développement informatique est un gouffre financier. Le prestige ne suffit pas. Même si, en 1988, Tin Toy remporte l'Oscar... Steve Jobs comprend qu'il se trompe de "business". L'informatique n'est pas l'avenir, mais les contenus en sont un. Il accepte d'investir dans un long métrage, Toy Story, négocie un contrat de distribution et de coproduction avec Walt Disney. Sorti en 1995, le film est un carton mondial.

Pixar se vendra à Disney en 2006 pour 7,4 milliards de $. Entre temps, les longs métrages ont triomphé au box office, récolté des Oscars, volé la vedette aux films d'animation classiques de Disney, en déclin. Walt Disney acquiert un savoir-faire. Steve Jobs devient ainsi le premier actionnaire individuel du groupe Disney (environ 7% du capital). On imagine le pactole. Il entre aussi au conseil d'administration d'un des plus grands studios du monde.

Pendant ce temps Apple, qu'il redirige depuis 1997, se mue en vedette montante de Wall Street : iPods, iPhones, nouveaux MacBooks, iPads, et surtout iTunes et autres boutiques en ligne. La convergence supports-contenus est désormais intégrée dans la stratégie de la société. Quand l'iPad sort, il se publicise avec une image de Là-haut. La boucle est bouclée. Tout son parcours devient cohérent.

Ses vieux complices John Lasseter, directeur artistique de Disney, et Ed Catmull, président de Disney Feature Animation, lui ont rendu hommage : "Il a vu le potentiel de Pixar bien avant le reste d'entre nous et au-delà de ce que quiconque aurait pu imaginer. Steve a parié sur nous et a profondément cru en notre rêve un peu fou de créer des dessins animés par ordinateur. La seule chose qu'il nous disait toujours était simplement : "Faites ça bien.""

Pixar : des dinosaures au cerveau humain

Posté par vincy, le 22 août 2011

Pixar a besoin de se relancer. Malgré le box office honorable de Cars 2 (500  millions de $ à ce jour), il s'agit de la plus faible fréquentation parmi tous les films du studio. Pixar compte rebondir en juin prochain avec Brave, le premier conte de fée du studio (bande annonce), et a déjà prévu pour juin 2013 Monsters University, prequel de Monsters Inc.. La branche de Disney avait aussi annoncé la mise en production de Newt, avant d'abandonner le projet, trop similaire à Rio. Tout comme The Bear and the Bow a été purement et simplement annulé l'an dernier.

Lors du congrès D23 Expo organisé par Disney ce week-end, deux nouveaux films ont été officialisés. Sans titre, mais avec un réalisateur.

Le premier sortirait le 27 novembre 2013 en Amérique du nord. Il s'agirait d'une histoire de dinosaures. Les monstres préhistoriques façon Pixar, on demande à voir. Et cela irait bien au studio, spécialisé dans les mondes où l'humain n'est qu'un faire-valoir. Bob Peterson (scénariste du Monde de Némo et co-réalisateur de Là-haut) en sera le réalisateur. L'histoire, qui se déroule à notre époque, raconte comment vivraient les dinosaures aujourd'hui si la Terre n'avait pas été percutée par un astéroïde.

L'autre cinéaste de Là-haut, Pete Docter, hérite de l'autre nouveau projet de Pixar, celui "qui vous emmène à l'intérieur du cerveau". Il est prévu pour l'été 2014.

D'ici là Disney Animation a plusieurs films aux fourneaux : Le Roi Lion en 3D, The Muppets, Wreck-It Ralph, Planes, Frankenweenie, Le Roi des elfes...

Cars 2 tiendra-t-il la route au Box office US ?

Posté par geoffroy, le 26 juin 2011

Selon les premiers chiffres, Cars 2 démarre en trombe pour son premier weele-end. 25M$ le vendredi pour un week-end estimé à 68M$. Le succès est donc au rendez-vous. Sans surprise.

A dire vrai nous ne nous attendions pas à un échec. Encore moins si l’on prend en compte le relatif échec d’un Kung Fu Panda 2 quelque peu moribond avec un final estimé aux alentours des 160-170M$ sur le sol américain. Relativisons, le Panda est, pour le moment, le plus gros succès animé de l'année, devant Rio et Rango.

La route est tracée pour le bolide rouge de Pixar. A moins que…

Pour la première fois depuis Toy Story (1995), un film estampillé Pixar ne fait pas l’unanimité auprès de la critique américaine. L’excellent site Metacritic reprend l’essentiel des avis des grands médias américains pour établir une moyenne via un barème sur 100. Cars 2 obtient 58/100.

Ce qui est faible pour un studio habitué à livrer des longs-métrages de qualité aussi inventifs visuellement que narrativement. Les notes vont de 28 à 90. Les avis sont donc partagés. Pour rappel voici les moyennes obtenues par les différents Pixar selon le même mode de calcul. Et comme on le constate, cela ne préjuge en rien ni du box office final nord-américain (Toy Story 3, Nemo et Là-haut dominent les recettes) ni du succès international...

1/ Ratatouille : 96/100

2/ Wall E : 94/100

3/ Toy Story 1 & 3 : 92/100

5/ Les indestructibles : 90/100

6/ Le monde de Nemo : 89/100

7/ Là-haut & Toy Story 2 : 88/100

9/ 1001 pattes : 77/100

10/ Cars : 73/100

11/ Cars 2: 58/100

Le résultat est sans appel. Si nous le comparons aux autres films d’animation sortis cette année, Cars 2 reste également derrière.

1/ Rango : 75/100

2/ Kung Fu Panda 2 : 67/100

3/ Rio : 63/100

4/ Cars 2 : 58/100

Nous le voyons, la différence est bien plus faible. Mais contrairement à la norme Pixar, Cars 2 se fait distancer. Pour la critique américaine (nous disons bien américaine), le film a déçu. Ce qui ne veut pas dire qu’il soit forcément mauvais. En effet, un Pixar ne peut se satisfaire d’être bon. Il doit être excellent, novateur, poétique et techniquement parfait. Cela peut paraître injuste mais c’est comme cela.

Le film a réussi sa sortie. Soit. Réussira t-il sa carrière ? Pour cela le bouche à oreille est primordial, ce qui fait des avis postés par les internautes un bon indicateur. Sur ce point, ils sont unanimes et en accord avec la critique.

Sur le site d’IMDB le film récolte un honnête 6,6/10 alors que Là-haut obtenait un 8,4, Wall E un 8,5 et Toy Story 3 un 8,6. Deux points d’écart, c’est beaucoup. Même son de cloche sur le site Rotten Tomatoes. Avec 33% d’avis favorables Cars 2 est « atomisé » par Kung Fu Panda 2 et ses 83%. La logique voudrait que le dernier Pixar ne réédite pas les succès de Toy Story 3 (415M$) ou encore de Là-haut (293M$). Un score à la Wall E (223M$) nous semble bien plus probable.

Mais comme nous le disons souvent rien n’est joué, d’autant que le film de John Lasseter n’affrontera aucune concurrence directe tout l’été puisque le Chat Potté (prochain film d’animation à sortir aux Etats-Unis) ne sort qu’au mois de novembre.

Blockbusters de l’été : 15 films de héros cherchent la bonne recette

Posté par geoffroy, le 30 avril 2011

Comme chaque année depuis la fin des années 70, l’été US se transforme en véritable rampe de lancement pour les blockbusters mijotés par des Majors avides de billets verts. S’il est inutile de revenir sur la politique d’une industrie en panne de créativité, il est intéressant de mentionner la poussée d’une tendance qui se trouve en lien direct avec le concept même du blockbuster estival : le tentpole movie.

Dans les faits, il s’agit d’un film capable d’assurer l’équilibre financier du studio qui le produit. Le film épinglé comme tentpole movie est donc une valeur sûre, sorte de garantie tous risques contre l’échec en salles. Les ingrédients sont simples : budget important voire très important, stars à la pelle, promotions monstrueuses, conquête de l’international. Rien n’est laissé au hasard pour faire du tentpole movie un hit. Il s’agit même de sa raison d’être. Dès lors les ingrédients cités plus haut deviennent bien plus importants que la valeur intrinsèque du film. Le nivellement par le bas est en marche au cours d’une guerre de tranchée entre super-héros, remakes, reboots, suites, prequels et films d’animation.

La saturation est, elle aussi, en ordre de marche ou, depuis l’été 2007, les blockbusters se font de l’ombre. Un comble ! Une situation paradoxale puisque anthropophage. Le pari du tentpole movie est donc risqué mais avant tout contradictoire. En effet, l’offre devient beaucoup trop linéaire, faisant du concept de prise de risque à minima un leurre ou, à défaut, une escroquerie à 8 dollars la place.

Comme d’habitude, il y aura des confirmations, des surprises et de cuisants échecs. Mais l’idée des studios est de limiter les risques de flop. L’international est là pour sauver des eaux certains films qui n’auront pas eu l’audience attendue aux Etats-Unis. Mais alors, quels sont donc ses fameux tentpole movie 2011 qui lanceront l’année US hollywoodienne ? Ils sont au nombre de 15 puisque. Fast Five, le cinquième opus de la saga des Fast and Furious avec Vin Diesel, Paul walker et Dwayne Johnson, sera le premier à rouler ses mécaniques d’un été chaud bouillant dès ce week-end. De quoi donner le ton de la saison, selon si le démarrage est bon. Ou pas.

Nos pronostics :

29 avril
Fast Five : démarrage 65M$ / final 145-155 M$ (Bande annonce)

6 mai
Thor: démarrage 70M$ / final 215-220M$ (bande annonce)

20 mai
Pirates des Caraïbes : la Fontaine de jouvence : démarrage 120M$ / final 300-310M$ (bande annonce)

27 mai
Very Bad Trip 2 : démarrage 75M$ / final 250-260M$ (Bande annonce)
Kung fu Panda 2 : démarrage 110M$ / final 320-325M$ (Bande annonce)

3 juin
X-Men first class: démarrage 55M$ / final 170-180M$ (Bande annonce)

17 juin
Green Lantern: démarrage 60M$ / final 140-160M$ (Bande annonce)

24 juin
Cars 2: démarrage 100M$ / final 280-300M$ (Bande annonce)

1 juillet
Transformers 3: démarrage 140M$ / 380-400M$ (Bande annonce)

15 juillet
HP7 partie 2 : démarrage 125M$ / final 300-320M$ (Bande annonce)

22 juillet
Captain America: démarrage 85M$ / final 220-240M$ (Bande annonce)

5 août
Rise of the Planet of the Apes: démarrage 45M$ / 145-160M$ (Bande annonce)

19 août
Conan the Barbarian: démarrage 35M$ / final 90-100M$ (Bande annonce)
Spy Kids 4: démarrage 40M$ / final 100-110M$

26 août
Final Destination 5: démarrage 50M$ / final 115-120M$

2010 – Films : un grand écart pour que vive le 7e art

Posté par vincy, le 2 janvier 2011

2010 fut assurément une année en demi-teinte. La mirobolante 3D a certes gonflé les recettes et attiré le grand public vers des productions plus industrielles que cinématographiquement intéressantes. La fréquentation n'a pas fléchi (hormis aux Etats-Unis), que ce soit en France ou en Chine. Mais on note que les spectateurs se concentrent de plus en plus sur quelques films, le succès entraînant le succès.
L'année qui vient de passer a réservé quelques jolies surprises, comme tous les ans. Pas forcément des coups de coeur, rarement des oeuvres qui bluffent, mais le plaisir et la qualité étaient au rendez-vous. Souvent, la fraîcheur des uns nous a davantage emballés que la maîtrise des autres, l'imperfection de certains nous a davantage conquis que le savoir-faire de talents en mal de renouvellement.
On peut s'inquiéter du formatage, qui touche l'ensemble des cinémas à des degrés divers. Mais, si nous étions pessimistes, 2010 aura surtout montré que la curiosité a ses limites. Combien de "petits" films n'ont pas trouvé un public à la hauteur des espérances placées en eux? Distributeurs et exploitants vont devoir faire leur révolution, d'autant plus vite que la numérisation des salles s'accélèrent. Chaque blockbuster peut squatter (contractuellement) deux écrans d'un multiplexe, ne laissant que des miettes aux autres. On s'acharne encore à faire un marketing "à l'ancienne" quand les nouvelles technologies permettraient des campagnes et des buzz plus innovants. Et que dire de ces mercredis où 15 à 20 nouveautés sont envoyées au casse-pipe avant même d'exister dans le désir des cinéphiles. La saturation entraîne des distorsions de concurrence sur laquelle il va falloir sérieusement se pencher, avant de s'épancher sur le triste sort des films art-et-essai, indépendants, venus d'ailleurs, et tous, ainsi, marginalisés.
Cependant, soyons optimistes. D'Hollywood à la Thaïlande en passant par le reste du monde, le cinéma est en bonne santé. Financièrement, certes, il est de plus en plus coûteux (ou au contraire se produit avec des moyens dérisoires). Mais, malgré le piratage, le téléchargement légal à domicile, l'invasion des chaînes de télévision, la sollicitation d'autres loisirs (les jeux vidéos en premier lieu), il est vaillant, vigoureux, varié.
Cette diversité, si vitale, se retrouve dans deux des films les plus marquants de l'année.
Toy Story 3. Soit un énorme groupe (Walt Disney), une équipe riche en dollars (Pixar), une suite (de plus). Et pourtant, le divertissement de l'année le plus aboutit. Du scénario bien écrit à la réalisation toujours juste, des émotions qu'il procure à cette volonté de nous séduire, qu'on soit européens, américains ou asiatiques, il est le symbole le plus joyeux, et l'un des plus poétiques, de ce cinéma de masse. La preuve qu'il est possible de réussir, encore en 2010, un film où l'humour et l'aventure se conjuguent dans toutes les cultures.
À l'opposé, Oncle Boonmee qui se souvient de ses vies antérieures. Oeuvre "ovni" et insolite d'un artiste intègre et cohérent, qui a su, cette foic-ci, élever son cinéma vers une proposition plus réceptive, plus généreuse. Cela ne ressemble en rien à un autre film d'un autre auteur. Oncle Boonmee, mélange de cinéma contemplatif, mystique, spirituel, et d'expérience visuelle, sensorielle et onirique, restera sans doute une création marginale pour beaucoup. Mais Tim Burton, en lui décernant la Palme d'or, ne s'y est pas trompé. Là où le cinéaste d'Alice au pays des merveilles déçoit avec des films de moins en moins inspirés, a compris que son homologue thaïlandais, Apitchapong Weerasethakul, savait filmer l'invisible et le merveilleux.

Le 7e art, plus que jamais, a besoin de films fédérateurs, où la profondeur, voire la subversion ou l'inventivité, sont indispensables pour qu'il reste cet art des masses. Il serait périlleux que seuls les grands opéras pyrotechniques attirent les foules, comme il serait suicidaire que le cinéma soit réduit à des films élitistes, qui l'enferment dans un ghettos de "happy few". Ces films dits d'auteur ont juste besoin de place pour exister, et pas seulement dans des Festivals, qui deviennent, année après année, des circuits de distribution et des aides à la production parallèles. On peut s'éclater devant des jouets en 3D comme on peut être émus avec une histoire de fantômes au milieu de la jungle siamoise.
Plus que jamais, la critique a son importance pour inciter le spectateur à oser franchir le seuil d'une salle où sera diffusé un film qui le déroutera ou le marquera. Plus que jamais, les sélections dans les grands festivals doivent continuer à mettre à égalité des cinéastes méconnus et des réalisateurs reconnus. Plus que jamais, il faut produire et aider de nouveaux talents à émerger, en faisant confiance à leur imagination et en ne leur imposant pas des schémas pré-établis. Plus que jamais il va falloir tout réinventer pour que le spectateur puisse redevenir curieux, désireux d'autres formes de cinéma, plutôt que de le voir se précipiter sur des divertissements assez vite oubliés.

Cinq idées pour demain
Face à l'invasion de marques (Disney, Harry Potter, Twilight), il faut résister.
- Changer les règles en contraignant une limitation du nombre de copies par film, en obligeant une certaine durée d'exploitation pour les plus fragiles.
- Faciliter les émergences de nouveaux talents mais surtout mieux les accompagner, de l'écriture à la production, afin de ne pas laisser le cinéma d'auteur se caricaturer, de ne pas abandonner leur oeuvre à l'état d'ébauche acceptable.
- Il faut investir dans la pédagogie, avec une éducation audiovisuelle dès les petites classes. Proposer la connaissance des "classiques" du 7e art comme on impose ceux en littérature. Cela passe aussi par le renouvellement de générations chez les journalistes de "référence", par la transmission du savoir entre critiques issus de la vague des années 60-70 et les plus jeunes. Parler de Godard c'est bien, c'est utile, mais Godard, on peut s'en désoler, n'est plus représentatif de la création actuelle.
- Aider les médias de cinéphilie plutôt que de dépendre d'émissions TV promotionnelles (et assez vides d'intérêt).
- Proposer des avantages ou des tarifs réduits pour ceux qui acceptent d'aller voir des films "difficiles", ne bénéficiant pas de 70 cinémas pour les diffuser. Après tout, on fait bien payer plus cher pour des films en 3D et on dépense quelques millions d'euros pour des mesures antipiratage sans effets (et toujours mal justifiées)!

Le cinéma ne doit pas devenir un amour imaginaire où la nostalgie d'un glorieux passé nous amène à devenir amer. Il doit demeurer cette création dynamique, en perpétuelle évolution, à condition qu'on lui donne une chance. Sinon, en effet, il deviendra abstrait, comme l'art contemporain qui se voit éclipser par les arts populaires, ou désolant, comme peut l'être la littérature dans les rayons des supermarchés et des librairies de gare. Sans prise de risques, par les producteurs comme par les exploitants, il n'y aura point de salut. Le cinéma deviendra alors une industrie, comme la télévision, et oubliera sa vocation artistique.

Défendre tous les cinémas ce n'est pas seulement une devise, c'est une exclamation pour protéger la diversité créative. C'est une manière de prouver que l'on existe grâce à nos différences. Il y a des pays, comme l'Iran ou la Chine où cette menace conduit des cinéastes en prison. Il y en a d'autres, en Occident, où le système, par perversité ou protectionnisme, tend à évincer les plus vulnérables.

Loin des éclats d'antan où le cinéma était au coeur d'une affirmation idéologique, politique, d'une revendication artistique et esthétique, on peut finir entre nous, autour d'un verre, à débattre indéfiniment de l'influence de Kubrick sur Michael Mann ou de l'importance psychanalytique dans les rôles de Deneuve. Cela sert à quoi si nous sommes en petit comité, de plus en plus réduit, sur Twitter ou entre blogueurs, si nous assistons à la fin de notre monde en celluloïd sans rien faire. Faire le constat ne suffit pas. Cela fait 15 ans, que le 7e art glisse lentement vers une exclusion de ce qui n'est pas "rentable", "chiffré", "buzzé". Il n'y a pas moins de cinéphiles. Et les outils sont là pour les rassembler. Hélas, il y a moins de prosélytisme et trop de propagande. On est ainsi passer de Michel Polac à Michel Denisot. De Jacques Chancel à Laurent Ruquier. On attend plus qu'un gros "kaboom" où cinéphiles kamikazes que nous sommes, nous nous précipiterons pour traverser l'autre côté de l'écran.

Mais comme nous sommes des rêveurs, nous croyons qu'il y a l'éternité derrière. Il y a juste 2011, qu'on espère pleine de vitalité et riche en plaisirs, remplie de promesses réjouissantes et d'étonnements mirifiques. De ceux qui nous font passer deux heures dans le noir, happer par cet écran magique, ce miroir qui nous révèle notre inconscient ou tout simplement, le monde dans lequel nous vivons. Une caverne "platonique" où tous les fantasmes sont possibles. Même les plus fous.

Les sociétés Lucasfilm et Pixar contraintes au libre échangisme

Posté par vincy, le 26 décembre 2010

Juste avant Noël, le Ministère américain de la justice a fait un très beau cadeau aux employés de Lucasfilm (le studio de George Lucas) et Pixar (filiale de Walt Disney). Il a obligé les deux entreprises à rompre un pacte anti-concurrence qui empêchait leurs employés de passer librement d'une société à l'autre… Cela concernait notamment les animateurs. Cette interdiction de débaucher les employés du concurrent "était un obstacle totalement injustifié à la concurrence pour les animateurs numériques", a estimé dans un communiqué Christine Varney, procureur-adjointe chargée de la division antimonopole du ministère de la Justice, qui poursuivait les deux sociétés depuis septembre.

Dès que le Ministère a déposé sa plainte contre Lucasfilm et Pixar mardi 21 décembre, les deux studios ont présenté un nouvel accord qui annule les dispositions du pacte antérieur.

Notons que Lucasfilm collabore depuis longtemps avec le groupe Walt Disney pour créer les attractions Star Wars et Indiana Jones dans leurs parcs d'attraction.

Annie Awards 2010 : DreamWorks profite du boycott de Disney

Posté par vincy, le 7 décembre 2010

Puisque Disney a décidé de ne plus sponsorisé la cérémonie des Annie Awards (les Oscars de l'animation) et même de ne proposer aucun de ses films (voir actualité du 26 août dernier), la sélection 2010 semble complètement distordue. DreamWorks Animation en récolte les fruits. Dragons domine le classement avec 15 nominations, tandis que Megamind et Shrek 4 en cumulent 11 (dans des catégories moindres).

Cependant Disney n'est pas complètement à la rue. Volontairement, alors que les films n'étaient pas mentionnés, deux longs métrages Disney se retrouvent dans les catégories reine : Toy Story 3 et Raiponce, chacun nommé pour le titre de meilleur film et de meilleur scénario ; Toy Story 3 se paye le luxe de voir son réalisateur cité.

L'intrus c'est d'abord Moi, Moche et Méchant, fort de son triomphe en salles. 7 possibilités de prix, dont celui du meilleur réalisateur, le français Pierre Coffin. Mais le "frenchy" le plus nommé est Sylvain Chomet. Son Illusionniste surprend avec 5 nominations, dont celle du meilleur film. Chomet, à titre personnel, est cité trois fois : scénariste, compositeur de musique de film, et réalisateur. Si l'on ajoute Mamoru Hosoda (Summer Wars), cela fait trois nominations pour des réalisateurs étrangers!

Les nominations par film:

Dragons (15) : film, réalisateur, scénario, musique, direction artistique, effets animés (deux citations), storyboard (deux citations) animation de personnage (trois citations), dessin de personnage, voix (deux citations : Jay Baruchel, Gerard Butler)

Moi, moche et méchant (7) : film, réalisateur, musique, direction artistique (deux citations), dessin de personnage, voix (Steve Carrell)

Megamind (6) : scénario, storyboard, effets animés, animation de personnage (deux citations), dessin de personnage

L'illusionniste (5) : film, réalisateur, scénario, musique, dessin de personnage

Shrek 4, il était une fin (5) : musique, direction artistique, storyboard, effets animés, voix (Cameron Diaz)

Le Royaume de Ga'Hoole (4) : direction artistique, effets animés, musique, voix (Geoffrey Rush)

Toy Story 3 (3) : film, réalisateur, scénario

Raiponce (2) : film, scénario

Summer Wars (1) : réalisateur

et sinon :
Coyote falls : court métrage
Day & Night : court métrage
Enrique Wrecks the World : court métrage
The Cow Who Wanted To Be A Hamburger : court métrage
The Renter : court métrage
Le choc des titans : animation de personnage dans un film réel
Alice au pays des merveilles : animation de personnage dans un film réel

Prix des jurys:
prix Winsor McCay Award : Brad Bird, Eric Goldberg, Matt Groening
prix June Foray : Ross Iwamoto
prix Ub Iwerks : Autodesk
Prix spécial : Waking Sleeping Beauty

L’illusionniste en lice pour l’Oscars du meilleur film d’animation

Posté par vincy, le 14 novembre 2010

15 dessins animés vont s'affronter pour les trois nominations à l'Oscar du meilleur film d'animation (il y en aurait eu 16 comme prévu, cela aurait donné de l'air avec cinq nominations). Les campagnes de publicité avec la mention" For your consideration" ont déjà commencé. Passage en revue par studios et évaluation des chances.

Bill Plympton Studios peut tenter le coup avec Des idiots et des anges. Ce serait un bon signe pour l'animation indépendante américaine et surtout pour valoriser une autre forme d'animation, plus adulte. L'auteur mériterait aussi une reconnaissance pour l'ensemble de son oeuvre. C'est aussi sa faiblesse : manque de popularité, ton trop décalé, style un peu marginal. Et le studio peut placer plus facilement son court métrage The Cow Who Wanted to Be a Hamburger.

DreamWorks Animation espère bien placer un de ses trois films dans la liste. Pourtant, la déconvenue pourrait être au rendez-vous avec, au final, aucune nomination. Dragons a le plus de chance : c'est le meilleur de tous, et son histoire a séduit le jeune public.  Megamind, malgré son succès public, apparaît beaucoup plus faible en terme artistique. Shrek Forever After ne devrait pas se retrouver dans la liste finale : le box office décevant, la baisse de qualité de la franchise ne lui permettra sans doute pas de faire aussi bien que les deux premiers épisodes : l'Oscar en 2001 et une nomination en 2004. DreamWorks n'a rien gagné depuis 2005 (Wallace & Gromit) et n'a pas été sélectionné depuis 2008 (Kung Fu Panda).

Lionsgate présente Alpha et Omega, qui a peu de chance : critiques médiocres, public pas vraiment au rendez-vous.

Madhouse va essayer de placer un manga (de Science Fiction) dans la liste. Summer Wars, de Mamoru Hosada (le culte La traversée du temps), peut profiter de l'absence d'Hayao Miyazaki (un Oscar, une nomination). Mais les films d'animation visant les ados n'ont jamais été parmi les favoris des "électeurs" de l'Académie.

New Yorker Films parie sur My Dog Tulip, un autre film d'animation indépendant et très personnel, surtout quand ils sont réalisés par des vieux de la vieille. Mais l'aspect artistique, sans qualité réelle, en fait un outsider sans réel potentiel.

Sony Pictures Classics (et Django Films) mise sur L'illusionniste, du français Sylvain Chomet. Le cinéaste est très apprécié depuis Les Triplettes de Belleville (nommé en 2003). L'esthétique, le sujet et le scénario de Jacques Tati sont incontestablement un plus pour des professionnels souvent nostalgiques. A l'inverse, sa mélancolie, sa singularité peuvent le desservir pour séduire des votants sensibles au box office et souvent protectionnistes.

Universal propose Moi, moche et méchant. A priori, le dessin animé a toutes ses chances, malgré des critiques un peu mitigées (pour ne as dire désemparée par l'humour du film). Mais l'énorme succès international et le fait qu'il ait battu Shrek 4 au box office local en fait un compétiteur solide.

Walt Disney / Pixar a trois films dans la course. Le studio a gagné 5 des 9 Oscars du meilleur film d'animation, et n'a pas perdu depuis 2007. Il n'y a qu'en 2005 où aucun film issu de l'un des deux studios, à l'époque pas encore fusionnés, avait fait chou blanc. Cette année devrait confirmer l'hégémonie de John Lasseter sur l'animation américaine. Raiponce devrait plaire avec cette histoire de princesse, à la fois rafraîchie et traditionnelle. L'humour, la romance et l'action sont au rendez-vous. Un carton au box office pourrait faire le reste. Clochette et l'expédition féérique (la suite de La féé clochette) n'est, en revanche, pas à la hauteur de la catégorie. D'autant que le film, sorti directement en DVD, n'a pu bénéficier d'une nomination qu'avec une petite tricherie : le film a été diffusé dans une salle de cinéma durant une semaine. Mais tous les yeux seront rivés sur Toy Story 3, archi grand favori de l'année. Plus gros succès de l'année en Amérique du Nord, troisième épisode d'une trilogie adorée et qui n' jamais pu être récompensée (l'Oscar a été créé en 2001), Toy Story 3 a tous les ingrédients (émotion, action, humour) pour être nommé aussi dans la catégorie meilleur film. C'est dire qu'il domine la concurrence.

Warner Bros n'a que deux cartes à jouer, hélas assez faiblardes. Le Royaume de Ga'Hoole, malgré son sublime travail de l'image de synthèse, manque de consistance côté scénario et a subit un échec public. Les critiques ont pourtant été bonnes et Zack Snyder peut faire une légère différence. Yogi Bear a été disqualifié avant la confirmation de la liste. En revanche, le studio a réussi à placer Comme chiens et chats : la revanche de Kitty Galore, qui n'a pourtant convaincu ni public ni critique.

Et puis, pas encore distribué, notons la présence d'un film chinois en 3D, The Dreams of Jinsha. Avec Summer Wars, il est le deuxième film asiatique, et les deux peuvent être disqualifiés s'ils ne sortent pas dans une salle de Los Angeles ou de New York avant le 31 décembre.

Cars, en attendant la suite, des courts métrages qui « cars-toonent » !

Posté par Claire Fayau, le 12 novembre 2010

bande annonce cars 2Disney et Pixar travaillent sur une suite du film d’animation Cars - Quatre roues, qui sera sur nos écrans pour l'été 2011. Ce sera un remake déguisé de La grande course autour du monde, de Blake Edwards, avec des références à Fast & Furious et James Bond (l'Aston Martin en guest-star), puisque les voitures entrent en compétition à travers les plus belles villes de la planète, de Tokyo à Londres en passant par Paris. Cars est une exception dans l'histoire de Pixar : c'est le seul dessin animé qui a réalisé un box office international moins important que son box office nord-américain, ce qui ne l'a pas empêché de cumuler 460 millions de $ de recettes.
Le logo de Cars 2 a été dévoilé et la bande-annonce divulguée (sur IMDB.com). L'attente est presque insoutenable pour les fans.

Mais en attendant juillet 2011, vous pouvez  voir Martin la dépanneuse rouillée (Mater en VO) et Flash McQueen le bolide rouge dans une compilation de courts-métrages .
Réunis en DVD sous le titre Cars Toon : Martin se la raconte, certains ont déjà pu être projetés dans les salles de cinéma, mais deux d'entre eux sont totalement inédits. Prêt à sortir le 24 novembre prochain, il faut aussi noter que le Blu-ray accompagne systématiquement le Blu ray du premier long métrage.

Au programme, un hommage aux films de genre (film noir, science fiction,"Fast and Furious"/manga.)

  • MARTIN A LA RESCOUSSE : Martin est un camion de pompier, mais aussi docteur qui va sauver Flash ...
  • MARTIN LE GRAND : Martin est un casse-cou qui n'a peur de rien ...
  • LE MARTINDOR : Martin est un célèbre matador espagnol.
  • TOKYO MARTIN : Un  Martin  "modifié" et "super- tuné" participe à une course de" drift-style" contre   un chef yakusa et des ninjas.
  • MARTIN VOLANT NON IDENTIFIE : Martin rencontre un  "OVNI"  du nom de Mator/ Marteau en VF.
  • HEAVY METAL MARTIN : Martin est une star du rock dans un groupe de heavy metal.
  • MARTIN POIDS LOURD : Martin est un lutteur professionnel et participe à un tournoi de catch automobile...
  • MARTIN LUNAIRE (inédit) : Martin est un « autonaute » qui part en mission sauvetage sur la Lune.
  • MARTIN DETECTIVE PRIVE (inédit) : La belle décapotable Mia demande à Martin retrouver sa sœur Tia...

Si les jeunes et moins jeunes se régaleront des aventures de Martin et de Flash McQueen, il ne faut pas qu'ils manquent les passionnantes  52 minutes de bonus. Un vrai plus pour mieux appréhender l'univers de Cars et des artistes Pixar.