Elmore Leonard, petit arrangement avec la mort (1925-2013)

Posté par redaction, le 20 août 2013

Elmore Leonard

L'écrivain américain Elmore Leonard, surnommé "Dutch", est décédé aujourd'hui à l'âge de 87 ans. Victime d'une attaque, le mois dernier, il rédigeait son 46e roman. Et là aucun twist final pour nous faire croire à une arnaque.

Baptisé par le New York Times du "plus grand auteur de polars vivant",, son talent particulier à décrire des personnages atypiques, entre crime et humour noir, en a fait l'un des auteurs les plus inspirant pour Hollywood. Apôtre de la rédemption, roi du twist final qui détermine la vraie couleur (et donc la morale) de ses personnages, prince de la digression avec de multiples pistes qui perdent le lecteur, il était surtout apprécié pour ses dialogues non pas littéraires mais "parlés", vivants et réalistes. Entre Far-West et "pulps" cultes, il laisse une oeuvre profondément américaine, en détournant les myhtes, ou au contraire en les glorifiant jusqu'à la noirceur.

3h10 pour Yuma (deux versions en 1957 et 2007) est resté dans l'histoire du Western. Mais Leonard est aussi à l'origine d'autres westerns comme Hombre (de Martin Ritt, avec Paul Newman, 1967), Valdez (d'Edwin Sherin, avec Burt Lancaster, 1971) ou Tandado ville sans loi (1990).

Il a également écrit lui-même les adaptations de La guerre des bootleggers (The Moonshine War, 1971), Stick le justicier de Miami (de et avec Burt Reynolds, 1985), Paiement cash (de John Frankenheimer, 1986), Cat Chaser (d'Abel Ferrara, 1989). Leonard était aussi scénariste : Joe Kidd (de John Sturges, avec Clint Eastwood, 1972) et Monsieur Majestyk (de Richard Fleischer, avec Charles Bronson, 1974).

En 1995, un changement se produit : les films adaptés de ses romans deviennent meilleurs et profitables. Ainsi Get Shorty, de Barry Sonnefeld, avec John Travolta, Gene Hackman et Rene Russo ramène une sélection à Berlin, un Golden Globe du meilleur acteur et 77 M$ au box office US. Deux ans plus tard, Tarantino adapte Rum Punch qui deviendra Jackie Brown, sans doute l'un de ses plus grands films, avec Pam Grier, Samuel L. Jackson, Robert De Niro, Michael Keaton, Bridget Fonda, Chris Tucker, Robert Forster... Là encore le film est en compétition à Berlin. Tarantino aime tellement les bouquins de Leonard qu'il avoue avoir écrit le scénario de True Romance en s'inspirant de lui.

L'apothéose arrive en 1998 avec Hors d'atteinte, de Steven Soderbergh, film qui fait renaître le cinéaste et révèle Clooney en star de cinéma. Le style Leonard est en parfaite adéquation avec la mise en scène, mixant érotisme, passion et film noir. Le scénario est nommé aux Oscars et le film remporte de multiples prix cette année-là.

Tout Hollywood voudra alors faire un film adapté d'un de ses romans ou nouvelles : Owen Wilson, Morgan Freeman, Charlie Sheen se retrouvent dans La grande arnaque (The Big Bounce) en 2004 ; Travolta, Uma Thurman, Vince Vaughn, Harvey Keitel, Danny DeVito sont réunis dans la comédie noire Be Cool en 2005 ; Joseph Gordon-Levitt réalise un court métrage à partir de Sparks, avec Carla Gugino, en 2009 ; Jennifer Aniston, Isla Fisher et Tim Robbins vont être à Toronto en septembre avec Life of Crime, de Daniel Schechter.

Elmore Leonard a également été très exploité par la télévision. Il a d'ailleurs écrit la série Justified, dont la 5e saison est déjà signée avec FX Networks.

Il avait conscience que les studios massacraient parfois ses histoires. Universal avait par exemple acquis les droits de son roman La Brava, sans jamais le produire. Pas rancunier, le romancier issu d'une famille prolétaire continuait inlassablement d'écrire. Il n'hésitait pas non plus à donner des conseils. Avec une bibliographie prolifique, nul ne doute que les producteurs continueront à puiser dans ce vivier d'histoires qui jouaient avec la mort (souvent pour du fric).

Ma Vie avec Liberace, grand favori des Emmy Awards

Posté par vincy, le 19 juillet 2013

ma vie avec liberace

A priori les récompenses pour honorer le meilleur de la télévision nous concerne peu. Pourtant, cette année, les Emmy Awards, les Oscars du petit écran, nous intéressent. Ecran Noir ne fera pas de prosélytisme vis-à-vis de telle ou telle série. Et même si on se félicite des nominations d'acteurs aussi brillants que Kevin Spacey et Robin Wright (House of Cards), Jeff Daniels (The Newsroom), Damian Lewis et Claire Danes (Homeland), Alec Baldwin (30 Rock), Laura Dern (Enlightened), ou encore Vera Farmiga (Bates Motel), c'est toujours dans les catégories des téléfilms ou miniséries que nos regards se portent. Ces films de télévision - qui flirtent avec la qualité des très bons films de cinéma - offrent souvent de très grands rôles à d'immenses comédiens.

Ainsi Al Pacino et Helen Mirren (Phil Spector), Jessica Lange (American Horror Story : Asylum), Laura Linney (The Big C. Hereafter), Peter Mullan (Top of the Lake), Charlotte Rampling (Restless), ou encore Sigourney Weaver (Political Animals), parfois délaissés par Hollywood, trouvent ici un second souffle bienvenu.

Deux Palmes d'or dans la catégorie meilleur réalisateur

Mais c'est évidemment la présence de Matt Damon et de Michael Douglas, tous les deux nommés pour le titre de meilleur acteur, qui nous a attiré l'oeil. Ma vie avec Liberace, en compétition au dernier Festival de Cannes, a connu un très beau succès lors de sa diffusion sur HBO en mai dernier. Il récolte 15 nominations aux Emmy Awards!

Le film produit par la chaîne HBO (qu'aucun studio n'a voulu distribuer dans les salles américaines) est nommé dans presque toutes les catégories : meilleur minisérie ou film, meilleur second rôle masculin (Scott Bakula), meilleur scénario (Richard LaGravenese, face à Jane Campion et David Mamet, excusez du niveau!), meilleure direction artistique, meilleur casting, meilleure image, meilleurs costumes, meilleur montage, meilleure coiffure, meilleurs maquillages, meilleures prothèses, meilleur mixage son, et bien entendu meilleur réalisateur (Steven Soderbergh, qui lui aussi fait face à Campion et Mamet dans sa catégorie).

Notons enfin, par pur plaisir, que Diana Rigg et Jane Fonda, deux des plus belles femmes du cinéma des années 60 et 70, s'affronteront dans la catégorie meilleure actrice invitée (série dramatique), la première pour Games of Thrones, la seconde pour The Newsroom. On remarque aussi la présence de David Fincher dans la catégorie meilleur réalisateur (série dramatique).

Cannes 2013 : Palm dog pour Baby boy, le caniche aveugle de Liberace

Posté par MpM, le 24 mai 2013

cat palmPour ce qui est annoncé comme son dernier film, Steven Soderbergh ne repartira pas les mains vides. Quoi qu'il arrive, le cinéaste pourra en effet s’enorgueillir d'avoir au moins reçu l'un des prix les plus exigeants du Festival de Cannes : la Palm dog. Pour obtenir ce prix, la condition sine qua non est en effet... de compter un personnage canin dans son casting, ce qui n'est pas donné à tout le monde.

Behind the candelabra, lui, met en scène un caniche du nom de Baby Boy souffrant de graves problèmes oculaires et qui favorise (bien malgré lui) l'histoire d'amour compliquée entre son maître, le pianiste Liberace (Michael Douglas), et un jeune soigneur d'animaux interprété par Matt Damon.

Cette récompense pourrait être la première d'une longue série, puisque le film est régulièrement pressenti pour un double prix d'interprétation masculine.

Un prix spécial a par ailleurs été accordé aux chiens très toilettés  de The Bling Ring de Sofia Coppola.

Toutefois, cette année, c'est un chat qui vole la vedette à tous les animaux acteurs du festival. Il faudrait en effet inventer une "Palm Cat" pour récompenser l'interprétation tout en retenue d'Ulysse, très joli félin roux, qui est l'hilarant fil conducteur d'Inside Llewin Davis des frères Coen.

Quand Steven Soderbergh décide de tweeter une nouvelle policière…

Posté par vincy, le 5 mai 2013

Steven Soderbergh compte twitterDepuis lundi dernier, Steven Soderbergh s'initie à un nouveau métier : il publie une nouvelle sur son compte Twitter. Le New York Times en a rendu compte dans sa section livre dans un article intitulé "A Novella Emerges Tweet by Tweet" (Une nouvelle émerge tweet par tweet). L'exploration d'un nouveau médium par un cinéaste est toujours intrigante, même si la twittérature s'est banalisée depuis quelques mois...

A 50 ans, le réalisateur (Palme d'or pour Sexe, mensonges et vidéo, Oscar du meilleur réalisateur pour Traffic) avait récemment enchaîné les films (du très bon Magic Mike aux médiocres Contagion, Piégée et Effets secondaires). Il s'apprête à monter les marches cannoises pour Behind the Candelabra («Ma vie avec Liberace»), avec Michael Douglas et Matt Damon. Le film sera diffusé sur HBO aux USA (aucun distributeur n'en a voulu) le 26 mai. Soderbergh, l'an dernier, avait affirmé qu'il s'agirait de son dernier film avant très longtemps. Jeune retraité de 50 ans, il avait alors confessé qu'il voulait devenir peintre.

En attendant d'être exposé, il se lance donc dans l'écriture. Soderbergh a publié plus de 100 tweets (11 chapitres pour l'instant) : « Je vais maintenant essayer de tweeter une nouvelle intitulée "Glue" », a-t-il annoncé le 29 avril à ses quelques 9000 abonnés sur son compte Twitter @Bitchuation. Parfois cela tient en deux trois mots. les tweets sont entrecoupés de messages personnels, avec ou sans photo (il voyage actuellement en Europe).

Soderbergh nous fait donc partager un roman policier, torride et cynique. Un éventuel scénario à la deuxième personne du singulier?

Berlin 2013 : une édition dominée par les femmes, le poids de la religion et le spectre de l’enfermement

Posté par MpM, le 14 février 2013

Berlin a depuis longtemps une réputation de festival "politique" qui est rarement usurpée. Chaque année, on semble plus qu'ailleurs prendre ici des nouvelles du monde et de la nature humaine, comme le prouvent ne serait-ce que les derniers prix attribués à Barbara, Cesar doit mourir ou encore Une séparation. 2013 n'y fait pas exception qui voit la majorité des films de la compétition aborder des sujets sociaux, politiques ou économiques, ou au moins interroger les fondements de nos sociétés faussement policées.

Globalement, cinq grandes thématiques ont ainsi hanté les films en compétition, amenant parfois deux ou trois oeuvres à se faire étrangement écho au-delà les frontières géographiques, stylistiques ou historiques.

Le poids de la religion

2013 fut une année faussement mystique mais réellement critique envers une religion catholique sans cesse prise en flagrant délit d'hypocrisie. La démission du pape Benoit 16, en beau milieu de la Berlinale, a d'ailleurs semblé participer du mouvement... Qu'on juge un peu : un prêtre homosexuel amoureux (In the name of de la Polonaise Malgoska Szumowska), une jeune fille cloîtrée contre son gré (La religieuse de Guillaume Nicloux) et une artiste de talent enfermée dans un asile par son frère dévot (Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont)  font partie des figures les plus marquantes croisées pendant le festival.

Dans le premier film, un prêtre tente tant bien que mal de refouler ses penchants homosexuels. Travaillant avec des adolescents difficiles, il est comme soumis à une tentation permanente qui transforme sa vie en cauchemar. Le film rend palpable les contradictions criantes de l'Eglise catholique sur le sujet, montrant à la fois l'hypocrisie du système et les dangers que cela engendre.

Pour ce qui est de La religieuse et de Camille Claudel (voir article du 13 février), leurs héroïnes sont toutes deux victimes à leur manière d'individus se réclamant de la foi catholique. La religion n'est plus seulement un carcan dans lequel il est difficile de s'épanouir, mais bien un instrument de pouvoir utilisé contre ceux (en l'occurrence celles) qu'il entend confiner. Ce n'est d'ailleurs pas le seul point commun entre les deux films, qui s'inscrivent clairement dans la thématique de l'enfermement arbitraire et dans  l'exercice complexe et délicat du portrait de femme.

Enfermement arbitraire

Il ne fallait en effet pas être claustrophobe cette année pour supporter des oeuvres où l'individu est confiné, empêché, gardé physiquement et mentalement contre son gré. Outre Suzanne Simonin et Camille Claudel, la jeune héroïne de Side Effects (Steven Soderbergh) est emprisonnée dans un asile psychiatrique où elle se transforme lentement en zombie sous l'effet des médicaments. Celle de Paradis : espoir (Ulrich Seidl) est elle dans un "diet camp" d'où elle n'est pas censée sortir, sous peine de brimades et dangers.

Dans Harmony Lessons du Kazakh Emir Baigazin, les choses vont plus loin : le jeune héros est carrément en prison, où les méthodes policières ne se distinguent pas tellement de celles (brutales) des racketteurs de son lycée. Il est donc torturé, battu et menacé par des hommes qui ne cherchent pas tant à trouver le vrai coupable du meurtre sur lequel ils enquêtent qu'à se débarrasser au plus vite de l'affaire. Glaçant.

Et puis, bien sûr, il y Closed curtain de Jafar Panahi, parfait symbole de l'oppression et de l'arbitraire, entièrement tourné dans une villa dont les rideaux restent clos pendant presque tout le film. Le contexte de création du film (l'assignation à résidence du réalisateur et son interdiction de tourner) renforce le climat anxiogène de ce huis clos psychologique. D'autant que Jafar Panahi est également sous le coup d'une interdiction de voyager, et donc de quitter son pays. L'enfermement est ici à tous les niveaux, y compris mental.

Ce qui évoque une thématique sous-jacente : celle de l'artiste empêché, dans impossibilité de laisser libre cours à son art, et qui meurt à petit feu de ne pouvoir travailler.  Jafar Panahi est dans cette situation intenable qui le contraint métaphoriquement à choisir entre tourner illégalement (avec les risques que cela suppose) ou mourir. Camille Claudel 1915 aborde la question sous un angle légèrement différent, mais on retrouve également cette inextinguible soif de création, qui ne peut être satisfaite, et conduit l'artiste sinon à la mort, du moins à la déchéance.

Portraits de femmes

Les femmes étaient par ailleurs au coeur de nombreux films présentés. Non pas en tant que compagnes ou petites amies potentielles, mais bien en tant qu'héroïnes à part entières. D'ailleurs, plusieurs films sont nommés d'après leur personnage féminin principal : Gloria du Chilien Sebastian Lelio, Layla Fourie de Pia Marais, Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont, La religieuse de Guillaume Nicloux ou encore Vic+Flo ont vu un ours de Denis Coté. Toutes ont en commun de savoir ce qu'elles veulent et d'être prêtes à tout pour parvenir à leurs fins.

La chercheuse d'or de Gold (de Thomas Arslan) n'est pas en reste dans le genre superwoman indestructible qui vient à bout de tous les obstacles et tient la dragée haute aux hommes. Même chose pour la mère (certes horripilante, mais dotée d'une vraie force de caractère) de Child's pose (de Calin Peter Netzer). Loin du cliché sur les femmes fragiles, féminines, maternelles, ou autres, tous ces personnages mènent leur vie comme elles l'entendent ou, si on les en empêche, n'ont pas peur de se rebeller pour gagner leur liberté. Et lorsqu'elles sont confrontées à des hommes, c'est plus dans une relation de collaboration, voire de domination, que de séduction ou de soumission.

Probablement pour cette raison, leurs relations familiales demeurent relativement conflictuelles. L'héroïne de Child's pose est ainsi une mère envahissante excessive et odieuse, qui se désespère de ne pouvoir contrôler entièrement l'existence de son fils devenu adulte.  Elle est l'archétype de cette mère terrible qui conçoit la vie comme une incessante lutte de pouvoir et a tant investi son fils qu'elle est incapable de le laisser voler de ses propres ailes. A l'inverse, la mère du héros dans La mort nécessaire de Charlie Countryman reconnaît lucidement qu'elle n'a pas été très bonne dans ce rôle, et qu'elle est incapable de conseiller son fils en pleine crise existentielle. Elle se dédouane et répond à ses questions par des pirouettes. Quant à Gloria, elle aimerait avoir une relation conviviale avec ses enfants mais souffre en silence d'une immense solitude. Elle est pile dans cette période de la vie où les femmes se retrouvent seules parce que leurs enfants sont grands et que leur mari est parti avec une plus jeune. Un long parcours d'obstacles les attend avant qu'elles soient en mesure de refaire véritablement leur vie.

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Juliette Binoche, Catherine Deneuve et Isabelle Huppert en compétition à Berlin

Posté par vincy, le 11 janvier 2013

Berlin a ajouté 9 films à sa compétition. Les Français Dumont, Bercot et Nicloux vont faire venir Binoche, Deneuve et Huppert dans la capitale allemande. On note aussi les présences de cinéastes reconnus comme Danis Tanovic, Steven Soderbergh et surtout le dernier film de Jafar Panahi, toujours condamné à résidence en Iran.

Ils s'ajoutent aux 5 films déjà annoncés parmi lesquels les derniers Gus Van Sant, Hong Sansoo et Ulrich Seidl.

La 63e édition du festival du film de Berlin se déroulera du 7 au 17 février 2013.

Camille Claudel 1915, de Bruno Dumont, avec Juliette Binoche, Jean-Luc Vincent

Elle s'en va, d'Emmanuelle Bercot, avec Catherine Deneuve

Epizoda u životu bera?a željeza (An Episode in the Life of an Iron Picker), de Danis Tanovic, avec Senada Alimanovic, Nazif Mujic

Gold, de Thomas Arslan, avec Nina Hoss, Marko Mandic

La Religieuse, de Guillaume Nicloux, avec Pauline Etienne, Isabelle Huppert, Louise Bourgoin

Layla Fourie, de Pia Marais, avec Rayna Campbell, August Diehl,

The Necessary Death of Charlie Countryman, de Fredrik Bond (premier film), avec Shia LaBeouf, Evan Rachel Wood, Mads Mikkelsen

Parde (Closed Curtain), de Jafar Panahi, avec Kambozia Partovi, Maryam Moghadam

Effets secondaires (Side Effects), de Steven Soderbergh , avec Jude Law, Rooney Mara, Catherine Zeta-Jones, Channing Tatum

Un film de Soderbergh, jugé trop « gay », ne sortira pas en salles aux USA

Posté par vincy, le 10 janvier 2013

Behind the Candelabra, de Steven Soderbergh, ne sortira pas dans les salles de cinéma américaines. HBO devrait cependant assurer sa diffusion sur le petit écran. Pour l'instant, aucune sortie n'est programmée sur les marchés internationaux. Ce ne serait pas la première fois qu'un "téléfilm" américain sorte en salles à l'étranger...

Le film retrace la relation, tortueuse, longue et tourmentée, entre le pianiste Liberace (Michael Douglas) et son amant (Matt Damon). Le film affiche également les grands come-backs de Rob Lowe, Dan Aykroyd et la légendaire Debbie Reynolds. Le film est l'adaptation d'un livre sur Liberace, scénarisé par Richard LaGravenese (Sur la route de Madison, L'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux).

Liberace, star des années 1950 à 1970, était un des artistes les mieux rémunérés au monde. Son image très kitsch, ses costumes excentriques, son style baroque - sur scène comme en privé - ont fait le tour de la planète. Le titre du film est inspiré de son symbole, le candélabre. Homosexuel jamais sorti du placard, il est mort du SIDA en 1987.

Dans un entretien daté du 4 janvier au magazine The Wrap, le cinéaste a déclaré qu'il manquait "5 millions de dollars pour sortir le film en salles" dans des conditions acceptables. Or, selon lui, aucun studio n'était prêt à investir cette somme. Ironique quand on sait que son dernier film, Magic Mike, qui a coûté moins de 10 millions de $, a rapporté 114 millions de $ aux USA (et 54 millions de $ dans le reste du monde), le rendant parmi les plus rentables de l'année. Globalement, Soderbergh est plutôt "bankable" puisque 7 de ses films ont récolté plus de 75 millions de $ au B.O. US. Hormis ses films expérimentaux, un seul film - The Good German - n'est pas rentré dans ses frais depuis Hors d'atteinte en 1998.

Soderbergh explique qu'il a pourtant fait le tour des studios. " Ils ont dit qu'ils trouvaient le film "trop gay"", qu'ils ne savaient pas "comment le vendre".

Y a-t-il une malédiction autour de ce film, qui devait être tourné en 2008, avant que le cancer de Michael Douglas ne retarde de trois ans la mise en production du projet?

Behind the Candelabra est présenté par Steven Soderbergh comme son ultime film avant sa retraite cinématographique. Il souhaite se risquer dans la peinture.

Son avant-dernier film, Effets secondaires, avec Jude Law, Channing Tatum, Rooney Mara et Catherine Zeta-Jones. doit sortir sur les écrans américains en février et le 3 avril en France.

Berlin 2012 : la sélection officielle avec Jacquot, Mendoza, Taviani, Thornton, Jolie, Soderbergh, Daldry et les autres

Posté par MpM, le 9 février 2012

La sélection officielle du 62e festival de Berlin qui s'ouvre aujourd'hui fait une nouvelle fois la part belle à un cinéma d'auteur exigeant venu en priorité d'Europe (Danemark, Grèce, Hongrie, Portugal, Espagne...) et d'Asie (Philippines, Indonésie, Chine), laissant peu de place aux films venus d'Amérique du Nord : seulement deux sur dix-huit (le premier long métrage réalisé par Billy Bob Thornton et le nouveau film du Canadien Kim Nguyen) !

Automatiquement, les cinéastes retenus ne font pas partie (à quelques rares exceptions-près) des grands habitués des palmarès et des tapis rouges, ce qui promet à la fois un renouvellement salutaire, et de belles découvertes.

Pour trouver des réalisateur plus "grand public", il faudra donc se tourner du côté du "hors-compétition", qui accueille le premier film d'Angelina Jolie, les nouveaux opus de Stephen Daldry et de Steven Soderbergh, le très attendu Iron lady, et deux films d'action asiatiques signés par des maîtres du genre : Zhang Yimou et Tsui Hark.

Sur la papier, la section la plus prestigieuse du festival semble donc d'ores et déjà bien équilibrée, entre découvertes intrigantes et retrouvailles attendues. Exactement ce que l'on espère chaque année de Berlin, grand pourvoyeur en surprises cinématographiques, à qui l'on doit d'avoir su attirer l'attention avant tout le monde sur des auteurs comme Wang Quan'an, Hans-Christian Schmidt ou Asghar Farhadi. Le prochain est peut-être dans la liste ci-dessous...

Compétition

  • Les adieux à la reine de Benoît Jacquot
  • À moi seule de Frédéric Videau
  • Aujourd´hui d'Alain Gomis
  • Bel Ami de Declan Donnellan et Nick Ormerod
  • Captive de Brillante Mendoza
  • Cesare deve morire de Paolo et Vittorio Taviani
  • Childish Games d'Antonio Chavarrías
  • L´enfant d’en haut d'Ursula Meier
  • Gnade de Matthias Glasner
  • Home for the Weekend de Hans-Christian Schmid
  • Jayne Mansfield’s Car de Billy Bob Thornton
  • Just the Wind de Bence Fliegauf
  • Meteora de Spiros Stathoulopoulos
  • Postcards From The Zoo d'Edwin
  • Rebelle de Kim Nguyen
  • A Royal Affair de Nikolaj Arcel
  • Tabu de Miguel Gomes
  • Bai lu yuan de Wang Quan'an

Hors compétition

  • Au pays du miel et du sang d'Angelina Jolie
  • Extremely Loud and Incredibly Close de Stephen Daldry
  • The Flowers of War de Zhang Yimou
  • Haywire de Steven Soderbergh
  • Shadow Dancer de James Marsh
  • The Iron lady de Phyllida Lloyd
  • Flying swords of Dragon Gate de Tsui Hark

Steven Soderbergh enrôle Rooney Mara

Posté par vincy, le 31 janvier 2012

Certains s'inquiétaient de l'absence de projet de la jeune comédienne vedette de Millénium, Les hommes qui n'aimaient pas les femmes. Nominée à l'Oscar de la meilleure actrice, Mara a sans doute attendu que le film soit un succès international (200 millions de $ dans le monde) pour négocier et mieux choisir.

Steven Soderbergh l'a enrôlée pour être l'interprète principal de son prochain film, Side Effects. Elle remplace Blake Lively. Soderbergh avait déjà engagé Channing Tatum, Jude Law et Catherine Zeta-Jones. Le film raconte l'histoire d'une femme dépressive très dépendante aux médicaments qui appréhende la sortie prochaine de prison de son époux.

Ce sera le premier film de l'actrice depuis la fin du tournage du David Fincher. Rooney Mara a refusé plusieurs propositions, dont le film de Kathryn Bigelow autour de Ben Laden (finalement, Jessica Chastain l'a accepté). Elle s'est aussi engagée sur les deux suites de Millénium. Elle tournera, entre temps, Lawless, de Terrence Malick, avec Ryan Gosling et Christian Bale.

Steven Soderbergh est beaucoup plus présent sur les écrans. Après Contagion à l'automne 2011 (135 millions de $ de recettes dans le monde) et Haywire qui vient de sortir en Amérique du nord (sans rencontrer un gros succès), le réalisateur s'apprête à sortir Magic Mike cet été (avec Channing Tatum) et prépare pour la chaîne de TV HBO le biopic sur Liberace, Behind the Candelabra (avec Matt Damon et Michael Douglas).

Le guide de la rentrée (1) : 15 films incontournables venus du monde entier

Posté par MpM, le 2 septembre 2011

L'automne sera cinématographique ou ne sera pas. D'ici fin 2011 vont en effet défiler sur nos écrans certains films parmi les plus alléchants de l'année. Derrière la caméra, on retrouve de grands cinéastes, dont chaque nouvelle œuvre est un événement en soi, et des auteurs plus "récents" avec lesquels il faudra désormais compter. Pour commencer ce petit florilège forcément subjectif des incontournables de la rentrée, quinze longs métrages venus du monde entier (et classés par date de sortie) que l'on a d'ores et déjà très envie de (re)découvrir.

Et maintenant on va où ? de Nadine Labaki
Sortie le 14/09
Un de nos coups de coeur de Cannes. Mélange de comédie musicale et de fable politique, le 2e film de la jeune réalisatrice-actrice libanaise parle de tolérance, d'humanisme et de solidarité avec des accents si sincères et justes qu'il nous bouleverse. On veut croire en son utopie intelligente et optimiste pour régler les conflits religieux et ethniques.

Attenberg de Athina Tsangari
Sortie le 21/09
Depuis Canine en 2009, le cinéma grec suscite chez le cinéphile à la fois curiosité et désir. Comme si les cinéastes du pays avaient le secret pour nous livrer des oeuvres audacieuses et atypiques réinventant à elle seule un univers d'étrangeté, de sensualité et d'intimité auquel le langage cinématographique apporte une véritable universalité. C'est en tout cas exactement l'impression provoquée par Attenberg, conte plus doux qu'amer sur l'être humain, la jeunesse et l'existence en général.

We Need to Talk About Kevin de Lynn Ramsay
Sortie le 28/09
Si l'on ne devait retenir qu'une chose de cette adaptation du roman de Lionel Shriver, ce serait le regard au-delà de toute douleur de son actrice principale, Tilda Swinton, qui réalise une performance violente et subtile à la fois en mère d'un adolescent assassin. A voir aussi pour l'audace esthétique et formelle de la réalisatrice, qui ose une proposition de cinéma radicale, étouffante, et au final envoutante.

Ceci n’est pas un film de Jafar Panahi
Sortie le 28/09
Tourné alors que le réalisateur iranien est en résidence surveillé, frappé d'une interdiction de tourner, ce journal filmé en forme de déclaration d'amour au métier de cinéaste prend forcément un relief particulier. On y sent l'absolue nécessité qu'a Panahi du cinéma, et à quel point ce besoin est réciproque.

Drive de Nicolas Winding Refn
Sortie le 05/10
Le jury présidé par Robert de Niro a logiquement récompensé d'un prix de mise en scène ce thriller brillant, esthétique à outrance et ultra-violent où la musique, le cadre et l'image subliment une intrigue minimaliste mais terriblement efficace. Nicolas Winding Refn s'inspire à la fois des polars US des années 80 et du cinéma d'action asiatique, pour mieux réinventer un genre dont on ne se lasse pas.

Love and bruises de Lou Ye
Sortie le 2/11
Film après film, le réalisateur chinois nous intrigue, entre récits intimistes, sensualité feutrée et propos politique. Pour raconter cette nouvelle histoire d'amour violente et passionnée, il est venu tourner à Paris, avec un casting principalement français : Jalil Lespert, Vincent Rottiers, et surtout Tahar Rahim, la brûlante révélation du Prophète de Jacques Audiard. On est curieux de découvrir ce que l'exil, et la totale liberté d'action, vont apporter à son travail.

Contagion de Steven Soderbergh
Sortie le 9/11
Un virus mortel se répand à la vitesse de l'éclair, laissant la communauté médicale démunie et impuissante... Un point de départ classique mais prometteur pour le nouveau thriller de l'insatiable réalisateur américain, qui réunit devant sa caméra rien de moins que Matt Damon, Kate Winslet, Jude Law, Marion Cotillard, Gwyneth Paltrow et Laurence Fishburne. De quoi frôler l'épidémie de talent...

A Dangerous Method de David Cronenberg
Sortie le 30/11
Viggo Mortensen en Sigmund Freud, Michael Fassbender en Carl Jung, et Keira Knightley en patiente "hystérique". Le cinéaste canadien s'attaque au père de la psychanalyse, et à ses relations complexes avec l'un de ses plus célèbres collaborateur, et il n'en faut pas plus pour faire fantasmer les cinéphiles.

Le Cheval de Turin de Bela Tarr
Sortie le 30/11
Pour son dernier film annoncé, le cinéaste hongrois réalise une oeuvre-somme qui peut être prise comme un testament, ou un ultime pied de nez. On y suit le quotidien austère et répétitif d'un fermier et de sa fille, filmé dans un noir et blanc riche en contrastes et en clairs-obscurs. Couronné d'un Ours d'argent à Berlin, cet envoûtant (et radical) Cheval de Turin incarne  la quintessence d'un cinéma esthétique et sensoriel qui réinvente l'expérience même du cinéma.

The Lady de Luc Besson
Sortie le 30/11
Avec ce film, Luc Besson surgit sur un terrain où on ne l'attendait guère, celui du film biographique. The lady retrace en effet une période de la vie d'Aung San Suu Kyi, célèbre opposante à la junte militaire birmane, en mettant l'accent sur la relation extrêmement forte qui l'unissait à son mari, décédé en 1999. Michelle Yeoh, qui a parlé la première du projet à Luc Besson, incarne la prix Nobel de la paix aux côtés de David Thewlis.

Take shelter de Jeff Nichols
Sortie le 7/12
Plongée paranoïaque dans le quotidien d'un homme tiraillé à la fois par la peur de la folie et par la peur d'avoir raison contre tous, Take shelter est un thriller poisseux et minimaliste, anxiogène et étouffant, qui laisse le spectateur exsangue et à bout de souffle. Devant la caméra implacable de Jeff Nichols, Michael Shannon est exceptionnel en homme submergé par l'irrationnel.

Sur la route de Walter Salles
Sortie le 7/12
On ne sait pas ce qu'il y a de plus excitant dans cette adaptation ambitieuse du roman culte de Jack Kérouac : le frisson de voir transposé à l'écran le manifeste de toute une génération ?  Le bonheur de retrouver Walter Salles derrière une caméra ? Ou encore la curiosité de découvrir Sam Riley, l'inoubliable Ian Curtis de Control, dans un rôle une fois encore mythique ?

Carnage de Roman Polanski
Sortie le 7/12
Avant même le triomphe de The ghost writer, Roman Polanski avait décidé d'adapter la pièce de Yasmina Reza (Le Dieu du carnage) qui met en scène deux couples réglant leurs comptes après une bagarre entre leurs enfants. Transposé à New York avec l'aide de la dramaturge elle-même (et préparé pendant l'assignation à résidence du cinéaste à Gstaad), Carnage réunit Kate Winslet, Jodie Foster, Christoph Waltz et John C. Reilly.

Hugo cabret de Martin Scorsese
Sortie le 14/12
Chaque nouveau film de Martin Scorsese est un événement en soi... Mais on est d'autant plus excité par ce nouvel opus qu'il lorgne du côté du film d'aventures pour adolescents, s'attaque à la D et se veut en même temps un hommage à l'un des pères fondateurs du cinéma moderne, le génial Georges Méliès. Tout simplement irrésistible.

Shame de Steve McQueen
Sortie le 14/12
Après le choc Hunger, on attend beaucoup du deuxième film de "l'autre Steve McQueen". Shame aborde de manière frontale la question de l'addiction sexuelle, et met en scène un trentenaire new-yorkais ayant de plus en plus de mal à dissimuler sa vraie vie à sa soeur venue vivre chez lui. Le cinéaste, qui retrouve son acteur de Hunger, Michael Fassbinder, ainsi que son directeur de la photographie, Sean Bobbit, et son monteur, Joe Walker, pourrait bien transformer l'essai et revenir tout sauf honteux de Venise où il est sélectionné.