En 2016, 204 films ont été rendus accessibles pour les malvoyants et malentendants

Posté par vincy, le 7 janvier 2017

En 2016, 204 films sont sortis en France avec une adaptation aux personnes souffrant d'un handicap auditif ou visuel. C'est une hausse de 33% par rapport à 2015 selon le bilan de l'association Ciné Sens, chargée de sensibiliser et de promouvoir l'accessibilité du cinéma, des salles et des films.

Les versions sous-titrées pour les sourds et malentendants (SME) et l'audiodescription pour les aveugles et malvoyants (AD) ont fait un bond considérable grâce aux recommandations de la Commission Supérieure Technique de l'Image et du Son (CST) sur l'accessibilité des livrables DCP (Digital Cinema Package) permettant de simplifier la diffusion des versions "adaptées".

Onze distributeurs ont ainsi mis à disposition plus de 10 films en version adaptée: Metropolitan (16), Mars Distribution (15), Pathé Distribution et StudioCanal (13 chacun), Diaphana, Disney, Gaumont et Wild Bunch (12 chacun), 20th Century Fox France et SND (11 chacun) et Universal (10). "Certains se sont lancés dans une adaptation systématique ou presque des films qu’ils proposent, et les mettent à disposition des salles sur un DCP d’exploitation unique, avec les clés KDM correspondantes envoyés systématiquement. D’autres proposent des adaptations selon le profil du film" rappelle l'association.

En décembre, la DMA, Délégation Ministérielle à l’Accessibilité, a conçu un guide à l’usage des Etablissements Recevant du Public ( ERP), ce qui concernent les cinémas, pour les accompagner dans leurs réflexions et la mise en oeuvre de l’accueil des personnes porteuses de handicap.

Hugh Jackman va produire une adaptation d’un livre très controversé

Posté par vincy, le 7 janvier 2017

En attendant de le voir dans Logan (sortie le 1er mars prochain) et The Greatest Showman (en salles dans un an), Hugh Jackman va produire avec Fox 2000 l'adaptation du roman jeunesse de Sherman Alexie, The Absolutely True Diary of a Part-Time Indian, traduit en France sous le titre Le premier qui pleure a perdu.

Il s'agit de l'histoire d'Alexis, un jeune Indien Spokane né dans une réserve, qui a survécu par miracle à un accident alors qu'il n'était qu'un bébé. Pestiféré au sein de sa communiste mais optimiste invétéré, il réalise durant son adolescence qu'il doit quitter la réserve.
Il est admis à Reardan, une école prestigieuse fréquentée par des Blancs... Il y est le seul amérindien.

Le livre a été très controversé lors de sa sortie. Traitant d'alcoolisme, de pauvreté, de violence et de sexualité, en plus d'évoquer la mort, le suicide, l'homosexualité et le handicap mental. Certaines écoles ont préféré tout simplement le retirer de leurs bibliothèques. Néanmoins, il a reçu le National Book Award en littérature jeunesse.

L’inde en deuil avec le décès d’Om Puri (1950-2017)

Posté par vincy, le 6 janvier 2017


La star indienne Om Puri est décédée ce vendredi 6 janvier des suites d'une crise cardiaque à son domicile de Mumbay, rapporte le Press Trust of India. Acteur sans frontières, passant du cinéma indépendant aux productions hollywoodiennes, du drame à la comédie, des premiers rôles dans des hits bollywoodiens aux seconds rôles où il s'amusait avec son statut de patriarche du cinéma national, Om Puri avait 66 ans et tournait toujours plusieurs films chaque année.

Né le 18 octobre 1950, Om Puri avait débuté dans les années 1970 dans des films en marathi, avant de tourner dans de nombreuses productions en hindi, et même dans certains films pakistanais. Mais son statut de vedette du cinéma bollywoodien et de tête d'affiche du cinéma art et essai indien a pris une autre ampleur lorsqu'il a été l'un des premiers grands acteurs du pays à joué dans des productions occidentales, et notamment Gandhi, la monumentale fresque de Richard Attenborough, huit fois oscarisée. Om Puri a aussi été vu dans La Cité de la joie et La Prophétie de l'anneau (The Lovers) de Roland Joffé , Wolf et La Guerre selon Charlie Wilson (où il incarnait l'ancien président pakistanais Mohammed Zia) de Mike Nichols, L'ombre et la proie de Stephen Hopkins, The Mystic Masseur d'Ismail Merchant, L'Intégriste malgré lui (The Reluctant Fundamentalist) de Mira Nair ou Les recettes du bonheur de Lasse Hallström, qui se déroulait en France. Om Puri aura donc donné la réplique à Ben Kingsley, Patrick Swayze, Jack Nicholson, Tom Hanks, Michael Douglas, Helen Mirren...

Son immense filmographie, étendue sur cinq décennies, ne peut pas être résumée. Il avait notamment été distingué comme meilleur acteur aux National Film Awards de l'Inde en 1982 pour Arohan et en 1984 pour Ardh Satya (qui lui valu aussi le prix d'interprétation masculine au festival de Karlovy Vary), au Festival international du film de Bruxelles de 1998 pour My Son the Fanatic. Aux FilmFare Awards, l'une des récompenses les plus prestigieuses et la plus populaire du cinéma indien, il avait reçu le prix du meilleur second-rôle masculin pour Aakrosh en 1981, en plus d'être nommé trois fois au cours de sa carrière et d'être honoré par un prix pour l'ensemble de sa carrière en 2009. Le Festival des Films du Monde de Montréal et le Festival de Telluride lui ont aussi décerné un prix pour toute sa carrière, respectivement en 2000 et 2001.

Enfin, les BAFTA (Oscars britanniques) l'avaient nommé dans la catégorie second-rôle masculin pour sa performance dans Fish & Chips (East is East), jolie comédie sociale britannique de Damien O'Donnell sortie en 1999. Gros succès en Grande Bretagne qui a éclipsé l'énorme succès en Inde de A.K.47, un polar en langue Kannada. Ce coup double révélait bien la curiosité et l'audace d'un comédien toujours juste et charismatique.

Edito: 2017, année de l’esthète?

Posté par redaction, le 5 janvier 2017

Une nouvelle année commence. Même si la plupart des films qui sortent en salles ont été tournés l'an dernier, ont déjà été vus dans des festivals ces douze derniers mois, ont déjà bénéficié d'avant première en 2016, on remet les compteurs à zéro.

2017 s'annonce riche en respectables ou vénérables signatures. Scorsese, Kaurismäki, Haneke, Coppola (fille), Villeneuve, Lelouch, Gray, Payne, Dolan, Desplechin, etc... Il y aura aussi la dose de blockbusters, des Marvel aux DC Comics, de Transformers à World War Z, de Ghost in the Shell à l'épisode VIII de Star Wars. Sans oublier les suites de Alien et Blade Runner.

Une année prometteuse, d'autant qu'on découvrira aussi des nouveaux talents inattendus, des propositions cinématographiques audacieuses et des coups de cœur qui marqueront nos esprits. Plus de 700 films sont sortis l'an dernier en France. Autant dire que le choix sera vaste, sans doute trop vaste. Qu'il y en aura pour tous les goûts (même si une écrasante majorité ira voir à peu près les mêmes films que les autres).

Spotlight

Si la critique a de moins en moins d'impact comparé au marketing publicitaire, elle a encore son importance pour des films art et essai. La bonne visibilité du cinéma dans les médias en France contribue sans doute au succès public de films comme ceux de Dolan, Loach, Farhadi ou Almodovar.

On peut mépriser la critique, parce qu'elle ne va pas dans le sens du goût populaire, parce qu'elle est parfois trop radicale ou exigeante. Néanmoins, elle est avant tout là pour éclairer le spectateur. Elle décrypte une œuvre, tente de départager les grands films des bons films. Elle n'est pas si méchante que ça même avec des films dits populaires (Deadpool, Zootopie ont été plutôt très apprécié). Mais le travail de la critique cinématographique, musicale ou littéraire c'est de défendre un film bien, davantage que de descendre un film médiocre.

Mais comme chaque année, on veut y croire, on a l'espoir, on a même la foi de découvrir des films enthousiasmants. On veut être éblouis, séduits, stupéfaits. L'art doit déranger. Il n'y a pas de recettes: un film peut transporter chaque spectateur par son récit, son émotion, son esthétique. C'est une expérience unique. C'est ça le cinéma: une religion, qui relie les gens, où il faut garder les yeux ouverts, et s'éloigner de l'esprit de chapelles.

Réouverture en février du cinéma Les 3 Luxembourg

Posté par vincy, le 5 janvier 2017

Le cinéma Les 3 Luxembourg rouvrira ses portes début février 2017 a annoncé un communiqué du cinéma. Ce vénérable cinéma du Quartier Latin à Paris, s'est offert une cure de jeunesse, 30 ans après sa dernière modernisation.

Reprise en 2012 par Charlotte Prunier, la salle avait d'abord fait évoluer sa programmation, jusqu'à y organiser quelques projections pour la presse.

Mais, dans son vieux jus, Les 3 Luxembourg avait besoin d'être rénové, notamment en améliorant les conditions d’accueil et de projection.

Après quelques mois de travaux, le cinéma se lancera dans une année ponctuée d'événements: une nuit de cinéma culte, une rencontre avec Bertrand Tavernier autour de son film Voyage à travers le cinéma Français, l’avant-première du programme de court métrages La Fontaine fait son cinéma ou encore le retour des ciné-clubs.

Les 3 Luxembourg conserveront leur programmation art et essai, avec des projections-événements des débats et des rencontres, des films nouveaux "plus rares, exigeants, politiques, militants" et "accompagnés sur la durée pour leur donner une meilleure visibilité", et des œuvres marquantes plusieurs semaines après leur sortie en salles.

Ouvert en 1966, avec ses trois salles superposées (130, 110 et 80 fauteuils), Les 3 Luxembourg était le premier complexe du genre dans Paris. Rappelons que "Les 3 Lux" avait accueilli en mai 1968 les États généraux du cinéma. Un temps, la salle a était dans le réseau de salles Olympic de Frédéric Mitterrand dans les années 1980.

Un premier film français ouvre le Festival de Berlin 2017

Posté par vincy, le 4 janvier 2017

Le 67e Festival de Berlin s'ouvrira le 9 février avec le premier film du français Etienne Comar, Django. Le film sera également en compétition. Django raconte comment le célèbre guitariste et compositeur de jazz Django Reinhardt a réussi à fuir Paris sous l'Occupation en 1943, alors que lui et sa famille étaient harcelés et pourchassés par les Nazis.

Ce "biopic" qualifié de "poignant" par le directeur de la Berlinale, Dieter Kosslick est aussi une histoire de survie et de persévérance: le musicien n'a jamais cessé de jouer. Reda Kateb incarne le jazzman, aux côtés de Cécile de France (qui interprète une admiratrice), Alex Brendemühl (vu récemment dans Mal de pierres), Antoine Laurent, Aloïse Sauvage et Ulrich Brandhoff.

L'histoire a été écrite par le réalisateur (scénariste de Des hommes et des dieux, Timbuktu et Mon Roi) et le romancier Alexis Salatko, qui avait sortie en 2013 une biographie sur le musicien, Folles de Django.

Soulignons que la musique de Django Reinhardt a été réenregistrée par le groupe de jazz néerlandais Rosenberg Trio. Cette coproduction Fidélité, Arches Films et Pathé, est prévue dans les salles françaises le 26 avril prochain.

En 2016, le cinéma français toujours addict à ses comédies

Posté par vincy, le 4 janvier 2017

C'est incontestable: le cinéma français n'aurait pas atteint sa part de marché de 34% et des poussières sans les comédies françaises. Le genre reste le plus populaire auprès des spectateurs, malgré les critiques souvent médiocres (à juste titre), malgré les recettes pas forcément à la hauteur, malgré les stéréotypes (une vision un peu réac de la France à quelques excceptions près) des plus gros succès.

Et le phénomène n'est pas réservé qu'aux salles de cinéma. En vidéo à la demande, les seuls films français véritablement plébiscités sont des comédies (Camping 3, Retour chez ma mère, Un homme à la hauteur sont les seuls à avoir dominé le top ces derniers mois). A la télévision, parmi les 100 meilleures audiences de l'année, sept étaient des films avec dans l'ordre Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu (10,8 millions de téléspectateurs), Les Tuche (8,8 millions), Eyjafjallajokull (7,6 millions), Les visiteurs (7,5 millions), Supercondriaque (6,7 millions) en tête devant La Reine des Neige et Avatar. Soit deux films avec Christian Clavier et deux avec Dany Boon, définitivement les rois de la comédie. Et deux films dont la suite est sortie en 2017 dans les salles.

Au box office, 2016 aura fait la part belle aux marques américaines (Disney, Marvel, Star Wars, Harry Potter, DC Comics) mais le cinéma français a pu compter sur Jean-Paul Rouve, Franck Dubosc, Alexandra Lamy, Dany Boon, Christian Clavier, Jean Dujardin, Omar Sy... On prend les mêmes et on recommence.

Les Tuche 2 (4,6M d'entrées), Camping 3 (3,2M), Radin! (2,9M), Retour chez ma mère (2,2M), Les Visiteurs 3: la révolution (2,2M), le plus mélo Demain tout commence (2,1M), Brice 3 (1,9M), Pattaya (1,9M), le tendre La vache (1,3M), Papa ou maman 2 (1,2M), La folle histoire de Max et Léon (1,2M) et Adopte un veuf (1,1M) ont clairement dominé le cinéma hexagonal. Seuls quelques drames ont réussit à surnager: Les saisons, L'odyssée, Médecin de campagne et Chocolat (Sy et Lambert Wilson sont les seuls acteurs français à avoir eu deux films au dessus du million de spectateur).

On notera la forte présence des vedettes cathodiques, nées de la télé, ou issues des one-man show. On remarquera, en second rôle, la belle popularité des vétérans (Brasseur, Balasko, Dussollier). On soulignera la prépondérance des suites (5 parmi les millionnaires). Bien sûr on peut aussi voir le verre à moitié vide: Camping, Les visiteurs, Brice ou encore Papa ou maman ont attiré beaucoup moins de spectateurs que leurs prédécesseurs et n'ont pas forcément recouvert leurs budgets ; ou le verre à moitié plein avec l'émergence d'une nouvelle génération (Gastambide, le Palmashow, le duo Lacheau/Boudali ...).

Mais ce qu'on veut retenir c'est bien la frilosité des producteurs. Evidemment, elle est gagnante puisque ces films ont attiré le public dans les salles, bien plus que les comédies indépendantes ou des films dits du "milieu" signés par des réalisateurs primés dans les palmarès ou reconnus depuis des lustres. Mais il est quand même difficile de voir dans ces films autre chose qu'une vision un peu caricaturale et même formatée du rire, voulant reproduire l'humour des De Funès, des Charlots, ou du Splendid.

Au moins Pattaya s'essaie au vrai délire à l'Américaine (gross-comedy), en flirtant avec quelques tabous faisant rougir le politiquement correct. Et La Vache réussit à être à la fois tendre et poétique tout en étant émouvant et drôle. Pour le reste, on préfèrera la famille dynamité de Papa ou maman 2 ou le style anglo-saxon plein de bons sentiments de Demain tout commence (remake déguisé de Trois hommes et un couffin) et, allez, la beauferie crasse des Tuche qui au moins revisite le navet (à gros budget certes) en l'assumant (Rouve is the new Darry Cowl?). Ces films ont en commun de faire rire en n'utilisant pas "l'autre" ou "le socialement inférieur" comme bouc-émissaire.

Formules éprouvées et érpouvantes

On préfère ça à des formules toutes faites où les femmes, les homos, les non-blancs, les immigrés sont prétextes à des blagues douteuses de la part de héros se protégeant derrière leur ridicule ou leur ringardisme.  Car on peut ajouter Un homme à la hauteur, Ma famille t'adore déjà, Joséphine s'arrondit, Tamara etc... Différent, petit ou gros, il faut savoir s'adapter pour être adopté. On pourra toujours rétorquer que l'autre doit faire le reste du chemin (accepter le petit ou le gros), c'est quand même le prétexte pour faire rire (quand ça fait rire). Au moins avec Pattaya, on ne prend aucun gant, ce qui normalise tout de suite les personnages même "différents", dont un nain et une femme en surpoids. Alors qu'avec Bienvenue à Marly-Gomont on préfère rassurer sur la différence en opposant "ploucs" forcément pas si racistes, mais un peu quand même, et "bons étrangers" forcément intégrables s'ils sont utiles (à ce titre lire le décryptage de Cyprien Caddeo dans Le vent se lève).

Le système a beau atteindre ses limites depuis des années, il fonctionne encore, à la stupéfaction des critiques. La honte nous étreint parfois à la vue de tant de malaise et de gène. D'ailleurs, certains distributeurs ne montrent plus ces grosses comédies à la presse. Et même le public a boudé Les naufragés, Ils sont partout, Tout schuss... Car il y a des gros flops, malgré casting, blietzkrieg médiatique, campagne marketing nationale...

Pourtant, il y a eu d'assez bonnes comédies en France, qui osent des variations un peu plus originales ou au moins différentes dans le style comme dans le récit. On pense à Rosalie Blum, touchant, Tout pour être heureux, romantique, Ma Loute, fortement dérangé, Five, très frais, La loi de la jungle assez délirant en son genre, ou le bancal mais charmant Vicky. Et bien sûr la meilleure d'entre elle: Victoria. Ce qui ne signifie pas victoire pour un genre qui va devoir se réinventer avant de nous lasser complètement.

Un photographe globe-trotter archive et expose les salles de cinémas de l’âge d’or du 7e art

Posté par vincy, le 3 janvier 2017

Stephan Zaubitzer a eu un coup de blues. A l'heure des smartphones et de Netflix, il a subitement pris conscience que le cinéma pouvait disparaître. La salle de cinéma en tout cas. Le photographe allemand, par nostalgie et par envie, a donc eu l'idée de garder les images de ces vieux cinémas qui brillaient dans leurs villes dans les années 1930, 40, 50... L'âge d'or du "silver screen".

De ce tour du monde commencé en 2003 au Maroc, il a rapporté des images de cinémas fermés ou toujours debout, parfois transformés. Brésil, Burkina-Faso, Cuba, Californie, Egypte, France, Inde, Liban, République Tchèque, Royaume Uni... ce tour du monde étonnant et insolite se prolonge en livres comme CinéMaroc sur les salles de cinéma du pays (Ed. de l'œil, 2015) ou en expositions (au prochain festival Travelling en février, qui est dédié à la ville de Tanger).

Vous pouvez admirer ses clichés sur son site (en français): www.stephanzaubitzer.com

2016: Un cinéma d’animation riche et varié en 14 films

Posté par cynthia, le 3 janvier 2017

L'année 2016 se termine et à l'aube de 2017, il est l'heure du bilan. Mais alors que vous vous faites la liste des personnes avec qui vous n'auriez pas dû coucher, des soirées où vous n'auriez pas dû aller, les séances de sport que vous n'auriez pas dû manquer etc...nous vous proposons avec douceur et pertinence une sélection (sans ordre particulier) de films d'animation qu'il ne fallait pas manquer en 2016 mais que vous pourrez toujours rattraper en 2017 (en dvd, vàd, etc). Hommes seuls, femmes aventureuses, alliances de la carpe et du lapin: les grandes tendances sont montrent que le cinéma d'animation n'est plus une affaire de princesses patientes et de princes charmants.

Ma vie de Courgette de Claude Barras

En tête, le film le plus top. Un film d'animation qui débute par un meurtre non prémédité et qui se poursuit dans un orphelinat pourrait faire peur. Nous préparons les mouchoirs tout en s'attendant à être choqué et pourtant...

Dans Ma vie de Courgette nous passons de rire aux larmes en quelques minutes tout en restant envahi par ce sentiment enfantin offert avec amour par l'animation. Lorsque le film se termine nous avons du mal à quitter le siège tant le film nous a fait traversé toutes les émotions possibles. Si nous rigolons en entendant la description d'un acte sexuel par les enfants ("et puis le zizi explose") Ma vie de Courgette fait autant rire que réfléchir en abhorrant des sujets épineux tels que le viol, la drogue et bien évidemment l'abandon. Le film de Claude Barras est une œuvre qui ne laisse pas de marbre. Tout le monde est séduit... petits et grands. Son palmarès est déjà impressionnant depuis sa présentation à la Quinzaine des réalisateurs.

Zootopie de Byron Howard, Rich Moore et Jared Bush

Lorsqu'un Disney sort au cinéma c'est un événement, surtout depuis que l'industrie de Mickey a mis les clichés à la poubelle. Avec Zootopie il n'y a pas de princesses ou d'amour mais de l'amitié, un message d'acceptation et un personnage homosexuel, certes pas flagrant mais tout de même! Ce buddy-movie animalier procure un véritable plaisir avec ses prouesses techniques et son scénario original de polar style L'arme fatale. Nous saluons la scène du centre de naturistes mais aussi la morale de l'histoire qui rappelle la peur constante face à la différence dont notre société souffre un peu plus chaque jour. Le film a terminé leader de l'année (même si au final, il se fera dépasser par le Disney de Noël).

Sausage Party de Conrad Vernon et Greg Tiernan

Non ce n'est pas pour les enfants: inutile de faire un procès pour ça non plus. Mais Sausage Party est un délire entre adultes pour les adultes. Même si la fin laisse de marbre, le film se déroule de manière divertissante et drôle (le papier toilette est sans conteste le meilleur personnage du film). Nous rigolons, nous ouvrons les yeux comme des soucoupes puis nous rigolons encore, car Sausage Party ressemble aux soirées entre potes: nous nous éclatons mais plus nous buvons de l'alcool, plus la soirée part en cacahuètes. Du coup restez sobre puis bourrez-vous pour LA scène (plus que) fantasque de Sausage Party.

La tortue rouge de Michael Dudok de Wit

Rescapé d'un naufrage, un homme se retrouve seul sur une île tropicale et tente de survivre. Épié par les crabes, l'homme apprivoise l'endroit et se met à construire un radeau en vain à cause d'une force sous-marine qui s'en prend à son embarcation. L'homme découvre bientôt que l'animal qui a détruit son moyen de fuite est une tortue rouge. Entre Robinson Crusoé et Le vieil homme et la mer d'Ernest Hemingway, La tortue Rouge (fable sans dialogue) plonge le spectateur dans un songe marin qui s'enivre de la beauté des éléments avec un scénario qui ne manque pas de poésie et de la magie des studios Ghibli. Après avoir séduit les spectateurs cannois (Un certain regard), l'oeuvre de Michael Dudok de Witt n'attend plus que d'être découverte.

La jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach

Conte angoissant des Frères Grimm, La jeune fille sans mains est illustré à la perfection par son dessinateur/réalisateur. Telle une estampe japonaise qui prend vie sous nos yeux, ce film pénètre chaque parcelle de votre corps avec fougue et frappera les esprits les plus innocents. Ajoutons à cela une profondeur psychanalytique et une noirceur propre aux contes tel Peau d'âne qui donnent à ce film une dimension particulière et qui en fait une œuvre singulière. Sans morale gnangnan La jeune fille sans les mains est un cadeau à faire aux petits et aux grands.

Louise en hiver de Jean-François Laguionie

Tout comme avec La tortue rouge, nous suivons l'aventure d'une rescapée mais sur une plage moins exotique cette fois. Autre grosse différence, Louise est une petite vieille attachante qui représente la métaphore de la vieillesse et de l'abandon par les jeunes. "Ah, maintenant je comprends pourquoi tout le monde me fuit...les gens pensent que je suis contagieuse?!" dit-elle devant un miroir abandonné sur la plage. Durant toute cette fresque, Louise va survivre à la vie mais surtout à elle-même, offrant ainsi un hymne existentiel et un hommage au temps qui passe: un portrait de la solitude et une douce claque visuelle qui donne des palpitations au cœur et à l'âme.

Kubo et l'armure magique de Travis Knight

Véritable pépite de l'animation, Kubo et l'armure magique est poétique, fantastique, émouvant. Dans cette histoire aux sonorités japonaises.,Kubo, jeune garçon vif et généreux voit son quotidien doux et tranquille bouleversé lorsqu'il invoque malencontreusement un esprit de son passé. Produisant un chaos extraordinaire, Kubo va devoir survivre face à des forces qui le dépassent. Produit en stop-motion, Kubo et l'armure magique ne laisse guère de doutes: c'est un des meilleurs films américains dans le genre, entre subtilité et pur ludisme.

Comme des bêtes de Chris Renaud et Yarrow Cheney

Comme des bêtes, notre plaisir coupable de l'animation 2016, est un véritable produit du divertissement qui fait agiter autant votre âme d'enfant que votre cœur de cinéphile. Plongeant littéralement dans le quotidien de nos petits poilus, nous suivons avec amour les aventures de ces bêtes drôles et intelligentes. Avec les fêtes entre poilus, les délires de la gamelle et des "va chercher baballe"Comme des bêtes n'est pas seulement un film d'animation pour enfants (d'ailleurs est-il vraiment pour les enfants?), il est aussi une dédicace à nos amis à quatre pattes, à écailles et à carapace. Grand plaisir à voir ce film pour le personnage Pompom incarné avec brio par Kevin Hart (à mourir de rire). Et avant l'arrivée de Tous en scène, la preuve qu'Illumination n'est pas qu'une success-story de "minions".

Vaiana, la légende du bout du monde de John Musker et Ron Clements et Le Monde de Dory d'Andrew Stanton et Angus MacLane

Vaiana, le dernier Disney est un véritable cadeau de Noël pour les enfants et les grands. Fable écologiste et ode à l'audace, il n'y a pas de prince ici (à l'instar de Rebelle) ni d'histoire d'amour mais son récit ne manque pas de piquant ou de chansons ("How Far I'll Go" – "Le bleu lumière" ou le nouveau "Libéré, Délivré"). Vaiana emporte avec douceur les spectateurs tel un raz-de-marée. Ce sera le film le plus vu sorti en 2016 en France. Aux Etats-Unis, la médaille d'or est revenue à un autre Disney (côté Pixar), un autre film "océanique" sans prince charmant (quoique ce poulpe à sept tentacules, on en parle?). La suite du Monde de Nemo, Le Monde de Dory remplit son contrat: drôle, enlevé, coloré. Vaiana et Dory, deux héroïnes pas comme les autres, audacieuses et assumant leurs failles, sont des aventurières des temps modernes prêtes à traverser le Pacifique pour préserver leur culture/liberté et pour sauver leur foyer. Mention à Dory qui assume toutes les formes de familles, recomposées comme adoptées.

Les Trolls de Mike Mitchell et Walt Dohrn

Bien que l'histoire n'ait rien de captivant ou d'innovant (les héros quittent leur monde d'arcs-en-ciel et de cupcakes pour une opération sauvetage) les personnages sont terriblement attachants. Visant clairement les plus jeunes spectateurs, Trolls s’offre une bande-son (nommée aux Golden Globes) explosive et une vision plus simple (et plus droguée) du déroulement du cerveau que le Vice-Versa de Pixar. Le succès du film sauve DreamWorks de son déclin, notamment face à Illumination qui, avec Tous en scène, réussit bien mieux l'animation-musical.

Your Name de Makoto Shinkai

Fresque romantique et surnaturelle, Your name est l'ovni animé de 2016 qui hypnotise et attrape les cœurs jusqu'à l'explosion. Un garçon qui rêve de nature et une fille qui souhaite vivre dans une ville, échange de corps sans crier gare (un souhait inavoué qui se réalise sans doute). Métaphore du genre, fantasmagorie romanesque, distorsion du temps et phénomène fantastique, l'oeuvre de Makoto Shinkai est une fresque contemporaine, romanesque et romantique, intime et spectaculaire, où la vie de chacun est à la croisée du hasard et du déterminisme, de ses rêves et de sa volonté. Un doux songe animé. Et un triomphe au Japon qui cherche son nouveau Myiazaki.

Cigognes et compagnie de Nicholas Stoller et Doug Sweetland

Cigognes et compagnie fut la bonne surprise de 2016, injustement boudée. Conter une histoire sur l'arrivée des bébés dans les familles aurait pu être un énième animé un peu niais et pourtant la Warner Bros. signe un conte des temps modernes où la famille, une fois de plus, s'offre un visage recomposé (il suffit de voir la meute de loups). Papa, maman sont ensemble pour avoir des bébés: non ils peuvent prendre leur temps et il peut même avoir deux papas (prends ça la manif pour tous). Véritable comédie animalière qui ne laisse pas de marbre (la séquence des pingouins est un must), ces cigognes savent séduire et faire rire.

Tout en haut du monde de Rémi Chayé

Voyage glacial et inquiétant, Tout en haut du monde, est un récit plus dur qu'on aurait pu imaginer allant parfois dans la noirceur, parfaitement illustrée par un dessin épuré à l'extrême et sans contours. De plus, tout comme La jeune fille sans mains, le film conte une histoire de femme courage, une héroïne épique et aventureuse (coucou Vaiana) qui séduit par sa prestance et sa liberté.

Il ne reste plus qu'à vous, cinéphiles, à rattraper votre retard et à attendre impatiemment l'arrivée du cru 2017.

Le film que j’attends le plus en 2017 : Blade runner 2049 de Denis Villeneuve

Posté par MpM, le 2 janvier 2017

blade runner

En réalité, c'est une attente mêlée de scepticisme, voire d'appréhension : cette suite de Blade runner peut-elle réellement être à la hauteur de notre désir ? On a tous en tête l'imagerie crépusculaire du film de Ridley Scott, néo-polar stylisé et élégant qui mêlait chasse à l'homme (ou plutôt au "répliquant") et quête existentielle nébuleuse. Bien sûr, on a très envie de retrouver cet univers fascinant, cette ambiance envoûtante, ce personnage ambivalent, et surtout d'être conquis par une suite qui serait à la fois audacieuse et singulière, voire qui dépasserait formellement le premier film.

Mais au fond, que sait-on de ce nouveau volet qui arrive 35 ans après le premier ? Très peu de choses : Harrison Ford rempile dans le rôle de Rick Deckard, il est rejoint par un nouveau personnage incarné par Ryan Gosling, et le tout se déroule devant la caméra de l'inégal Denis Villeneuve. De quoi s'inquiéter autant que de se réjouir. À force de voir défiler suites, spin-offs, prequels et autres reboots, on devient forcément méfiant.

D'autant que la vraie grande question est finalement de savoir si cette suite (relativement improbable) trahira moins le formidable roman de Philip K. Dick Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? que l'original, qui était passé à côté de ses thématiques les plus riches (la tropie, l'empathie comme essence de l'humanité, la philosophie "merceriste", etc. ) pour ne conserver que le concept de l'enquête policière et des (plutôt basiques) affrontements entre homme et intelligence artificielle.

De ce point de vue-là, l'exercice est quasi impossible : soit Denis Villeneuve reste dans la ligne de Scott, et il trahit une nouvelle fois l'auteur de science-fiction le plus pillé par le cinéma, soit il rompt avec l'original, se frotte aux complexes obsessions de K. Dick, et perd potentiellement les fans de la première heure. Ce que l'on espère est donc rien de moins qu'un miracle, une troisième voie permettant au film d'être le chef-d'œuvre ultime qui mettrait tout le monde d'accord.