Montréal se dote d’un studio d’animation ambitieux

Posté par vincy, le 9 février 2016

La société Cinesite a inauguré hier lors d'une conférence de presse l'ouverture d'un studio d'animation à Montréal. Neuf productions seront lancées dans les cinq prochaines années.

Les 5000 m2 pourront accueillir 500 employés. Cinesite étant spécialisé dans les effets visuels (007 Spectre, The Revenant, Ant-Man), les studios doubleront leur capacité dans ce domaine sur ce site. Au total, il s'agit d'un investissement de 58M€. Cinesite avait installé un studio d'effets spéciaux à Montréal il y a deux ans.

Trois films sont déjà en développement. Trois ont été confirmés hier: Klaus, coproduit par Comic Animations, SPA Studios et Astresmedia Cine, réalisé par Sergio Pablos ; Riverdance, inspiré par le spectacle musical homonyme, coproduit par Comic Animatons et River Productions, sera supervisé par Moa Doherty cocréateur de la compagnie irlandaise qui parcourt toujours toutes les scènes du monde ; et Charming, projet le plus avancé, comédie musicale animée américano-canadienne en 3D, écrite et réalisée par Ross Venokur, avec Blanche-Neige (Avril Lavigne), Cendrillon (Ashley Tisdale) et la Belle au Bois Dormant (G.E.M.) qui découvrent qu’elles sont fiancées avec le même Prince Charmant (Wilmer Valderrama).

Cinesite est également présent à Londres et Vancouver.

Les prix Magritte sacrent Le tout nouveau testament

Posté par vincy, le 8 février 2016

Le tout nouveau testament de Jaco Van Dormael n'a pas fait de quartier. Certes, il faisait la course en tête avec dix nominations. Les Magritte du cinéma, les César belges, lui ont décerné quatre trophées: meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleure musique. Dieu est décidément partout. Jaco Van Dormael continue sa moisson dorée au fil des films. Le cinéaste avait déjà remporté tout au long de sa carrière une Caméra d'or à Cannes, plusieurs Prix Jsoeph Plateau (qui n'existe plus), un César du meilleur film étranger, un prix du public aux European Film Awards, et déjà trois Magritte (film, réalisateur, scénario pour Mr. Nobody en 2011, date de la création du prix).

Présidée par Marie Gillain, la cérémonie a aussi récompensé un peu tout le monde: Tous les chats sont gris (meilleur premier film, meilleur second rôle féminin pour Anne Coesens), D'Ardennen (meilleur film flamand), La famille bélier (meilleur film étranger en coproduction), Un début prometteur (Veerle Baetens, meilleur actrice), Je suis mort mais j'ai des amis (Wim Willaert, meilleur acteur), L'enquête (Laurent Capelluto, meilleur second rôle masculin), Melody (meilleur espoir féminin pour Lucie Debay), Être (meilleur espoir masculin pour Benjamin Ramon), Alleluia (meilleure image, meilleur son, meilleurs décors, meilleur montage), La dame dans l'auto (meilleurs costumes), L'homme qui répare les femmes (meilleur documentaire).

On notera que ce sont deux acteurs flamands qui ont remporté les prix d'interprétation alors que la plupart des films distingués sont francophones. Alleluia est reparti avec 4 prix sur 8 nominations mais Préjudice, nommé 6 fois a fini bredouille.

Enfin, Vincent Lindon a été honoré, succédant à Pierre Richard, Emir Kusturica, Costa-Gavras et Nathalie Baye.

La nouvelle génération des cinéastes taïwanais pendant 3 jours à Paris

Posté par vincy, le 8 février 2016

Les rencontres du cinéma taïwanais organisent du 9 au 11 février un cycle Nouveaux auteurs au cinéma Les 3 Luxembourg à Paris. Cette 2e édition propose 11 courts métrages et 2 longs métrages, quasiment tous inédits en France et souvent primés dans les festivals. L'entré est libre. Design 7 Love de Hung-I Chen et Together de Chao-Jen Hsu sont les deux longs présentés respectivement le 9 février à 21h45 et le 10 février à la même heure.

Les courts métrages présentés durant ces trois jours sont: Chicharon de Rina Tsou, Fan Fan de Chia-Hsin Liu, Nia's Door de Ket-Huat Lau, Some Conjonctures on existence d'Albert Zoe, The Death of a Security Guard de Wei-Hao Cheng, The Great Buddha de Hsin-Yao Huang, Summer Trifles de Dan-Chi Huang, The Palace on the Sea de Midi Z, Running de Yung-Chi Chen, The Great Escape from Café City de John Hsu et Coop of Blemishes de Ming-Yen Su.

La plupart de ces films a en commun la jeunesse, avec des personnages lycéens ou étudiants. L'autre thème qui traverse une partie de ces 13 fictions est lié à la disparition et au mystère.

Cinéma méconnu (une cinquantaine de films par an) même dans un pays aussi cinéphile que la France, hormis quelques grands noms comme Ang Lee (passé à Hollywood), Hou Hsiao-Hsien et Tsai Ming Liang. Bon an, mal an, un à trois films sortent sur les écrans français chaque année. Même les films très populaires de Wei Te-Sheng n'arrivent pas jusqu'ici.

Les rencontres du cinéma taïwanais sont l'occasion d'explorer cet autre grand cinéma asiatique.

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Lire aussi notre carte postale de Taïwan

Truman fait son show aux Goyas

Posté par vincy, le 8 février 2016

Pour leur 30e édition, les prix Goyas, les César espagnols, ont fait un triomphe à la comédie dramatique de Cesc Gay, Truman. C'est la première fois que le cinéaste remporte les prix de meilleur film et meilleur réalisateur. Révélé par Krampack en 2000 (sélectionné à Cannes, nommé comme meilleur nouveau réalisateur et meilleur scénario), on lui doit les films En la ciudad (nommé au scénario et la la réalisation) et Les hommes de quoi parlent-ils?. Truman sort en France le 6 avril, distribué par La Belle Company. Il s'agit de l'histoire de Julian, un acteur argentin vivant à Madrid, atteint d'un cancer en phase terminale. Il reçoit la visite inattendue de son ami d'enfance, Tomas, qui va l'accompagner pendant quatre jours intenses pendant lesquels il devra trouver un nouveau propriétaire pour son chien, Truman.

Truman a également récolté le prix du meilleur scénario original, du meilleur acteur (l'argentin Ricardo Darin, pour la première fois récompensé après trois nominations infructueuses) et du meilleur second-rôle masculin (Javier Camara, déjà "goyaisé" comme meilleur acteur en 2014, trois autres fois nommé comme meilleur acteur une fois comme meilleur second rôle, et une fois comme meilleur espoir).

Les prix Goyas ont aussi récompensé l'acteur Daniel Guzman pour A cambio de nada (meilleur réalisateur pour un premier film, mais aussi meilleur espoir masculin pour Miguel Herran), Un dia perfecto (meilleure adaptation), Nadie quiere la noche (meilleure musique, meilleurs décors, meilleurs costumes, meilleurs maquillages), Palmeras en la nieve (meilleure chanson, meilleure direction artistique), El desconocido (meilleur montage, meilleur son), Un otono sin Berlin (meilleur espoir féminin pour Irene Escolar, qui a pourtant 12 ans de carrière derrière elle) et Anacleto: agente secreto (meilleurs effets spéciaux).

La jeune comédienne Natalia de Molina (Techo y comida) a été sacrée meilleure actrice avec son personnage de mère célibataire sans emploi, tandis que la vétérane Luisa Gavasa a été distinguée comme meilleur second rôle féminin pour son rôle dans La novia (également récompensé pour l'image).

Dans les autres catégories, les professionnels espagnols ont récompensé l'excellent El Clan de Pablo Trapero (meilleur film hispano-américain) et Mustang de Deniz Gamze Ergüven (meilleur film européen. Atrapa la bandera a reçu le prix du meilleur film d'animation tandis que Suenos de sal a été couronné par le Goya du meilleur documentaire. Enfin, un hommage a été rendu au scénariste et réalisateur Mariano Ozores, auteur de près de 100 films ayant totalisé 90 millions de spectateurs.

Pour le reste, dans cette période si particulière en Espagne (le nouveau gouvernement n'est toujours pas formé), les Goyas n'ont pas manqué à leur tradition de tribune engagée en présence de plusieurs premirrs ministres éventuels.

Vice-Versa fait une razzia sur les Annie Awards

Posté par vincy, le 7 février 2016

Sans surprises, les 43e Annie Awards, Oscars de l'animation, ont fait la joie de Pixar. Vice-Versa est reparti avec 10 trophées : film, réalisateur (Pete Docter), scénario, musique, décors, montage, storyboards, interprétation vocale (pour Phyllis Smith qui incarnait la tristesse), personnages et dessin des personnages. Pixar a aussi récolté un prix pour Le voyage d'Arlo (effets animés dans un film d'animation).

La domination artistique de Pixar n'a fait aucun doute cette année. Et Vice-Versa devrait logiquement être sacré par un Oscar du meilleur film d'animation dans trois semaines.

Notons quand même que Le garçon et le monde, Grand prix à Annecy en 2014, du brésilien Ale Abreu, est reparti auréolé du prix du meilleur film indépendant, prix créé cette année afin de valoriser les productions hors studios.

Côté court métrage, c'est le conte extravagant de Don Hertzfeldt, World of Tomorrow, également en course pour l'Oscar dans sa catégorie, qui a été récompensé.

Et pour le petit écran, les Simpsons sont toujours là (meilleure série télévisée)

Les Annie Awards priment aussi des films en prises de vues réelles pour leurs effets animés notamment. Avengers: Age of Ultron a ainsi récolté le prix des meilleurs effets animés dans un film non animé) tandis que The Revenant a été loué pour son ours, en effet impressionnant, dans la catégorie meilleur personnage dans un film non animé.

Deuxième DGA Award consécutif pour Alejandro Gonzalez Inarritu

Posté par vincy, le 7 février 2016

inarritu

Pour la première fois dans l'histoire des prix de la Director's Guild of America, un réalisateur a été couronné une deuxième fois consécutive. Alejandro Gonzalez Inarritu, déjà récipiendaire l'an dernier avec Birdman (avant de remporter l'Oscar), a été récompensé pour The Revenant. Dans les deux cas, la mise en scène se veut virtuose mais les films laissent de glace.

Peu importe. Le cinéaste mexicain entre dans l'histoire des palmarès américains. Et en a profité pour tacler Donald Trump et son projet de muraille entre les Etats-Unis et le Mexique, rappelant que la puissance des Etats-Unis provenait de la diversité.

Certes, on attendait plutôt Ridley Scott ou surtout, George Miller. Il est clair désormais qu'Inarritu fait la course en tête pour les Oscars. Depuis 1948, les Oscars n'ont pas fait le même choix que la DGA à sept occasions seulement.

Un club de 9 cinéastes

Inarritu rejoint ainsi Ang Lee, Francis Ford Coppola, Clint Eastwood, George Stevens, David Lean, Ron Howard et Joseph Mankiewicz dans le club des double primés. Steven Spielberg est le seul cinéaste à l'avoir emporté trois fois.

Les DGA Awards ont aussi récompensé David Nutter (Game of Thrones, série dramatique), Chris Addison (Veep, série comique) et Dee Rees (Bessie, minisérie ou téléfilm).

Pour le documentaire, Matthew Heineman avec Cartel Land a été élu. Pour la première remise de prix du meilleur premier film, Steven Spielberg a décerné le trophée tout nouveau tout chaud à Alex Garland pour Ex Machina.

Vesoul 2016 : table ronde sur l’évolution du cinéma coréen

Posté par kristofy, le 7 février 2016

table ronde cinéma coréen

Le Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul est cette année à l’heure de la Corée du Sud avec notamment une thématique « Corée : littérature et cinéma, 1949-2015 » (pour marquer l'Année France-Corée, le 130e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Corée du Sud). Les spectateurs ont ainsi pu découvrir Le rêve avec le réalisateur Bae Chang-hoLe vieux Jardin avec Im Sang-soo (le président du jury 2016), et en compétition Another way de Cho Chang-ho (qui avait déjà réalisé The Peter Pan formula).

Trois générations de cinéastes coréens étaient donc présents à Vesoul, l’occasion de les faire se réunir ensemble lors d’une table ronde pour évoquer à la fois la problématique de la production en Corée et de la diffusion à l'étranger. Retour sur un bref historique du cinéma coréen avec quelques morceaux choisis lors de la discussion de ce tour de table...

Double censure

La Corée du Sud a connu bien des troubles politiques qui pendant longtemps ont freiné la production de films : l’occupation japonaise au début du siècle, la division de la Corée en deux pays (Corée du Nord et Corée du Sud après la seconde guerre mondiale), la guerre de Corée (1950-1953) avec un premier âge d’or du cinéma coréen qui n’a duré qu’un dizaine d’années avant de péricliter…  En 1962 arrive le régime dictatorial de Park avec la ‘Motion Picture Law’ qui va limiter à la fois le nombre de films importés de l’étranger (de l’occident dont Etats-Unis tout comme du reste de l’Asie) et le nombre de films produits en Corée du Sud (le nombre de compagnies de production va chuter de environ 70 à une dizaine…), avec aussi en 1972 carrément une censure de tout film avec une critique politique ou sociale.

bae chang hoBae Chang-ho : « J’ai tourné mon premier film en 1982. C'était Les gens d’un bidonville, soit des personnages qui n’étaient pas un genre de représentation souhaitée officiellement, donc le film ne devait pas être montré dans des festivals étrangers.

Dans les années 80, il y avait presque une double censure, avant avec le scénario et après le tournage. Des représentants du gouvernement indiquaient des modifications à faire… »

Im Sang-soo : « Je me souviens avoir vu ce film quand j’étais jeune, c’était au moment de sa sortie en salles. Ce que j’ai ressenti à sa vision m’a inspiré, et m’a conforté dans mon désir de faire du cinéma .»

Quotas

Il y a presque toujours eu en Corée différentes règles de quotas, à la fois pour limiter l’impact des films étrangers et aussi dans le but de favoriser un relèvement des productions coréennes.

Face aux films américains produits à Hollywood, il y a eu par exemple une limitation d’importer un film étranger uniquement si en parallèle une société produisait 4 films coréens (donc souvent avec peu de moyens et d’ambition juste pour satisfaire le quota), une limitation du nombre de jours durant lesquels un film étranger était exploité dans les salles (les cinémas devaient diffuser au moins 146 jours par an des productions coréennes en 1993), une limitation du nombre de films importés par an (une mesure aussi en vigueur en Chine)…

Un assouplissement arrivera au cours des années 80, avec des règles de quotas revues, et au début des années 90 certains studios américains ont une filiale installée en Corée du Sud (United international pictures, Twentieth century fox, Warner bros, Columbia, Disney…) et on arrive en 1999 à une situation de 42 films coréens contre 233 films étrangers…

Avec les années 90, il y a un développement des multiplexes (588 écrans en 1999 à 1451 écrans en 2004) tout comme des grosses sociétés de production aux moyens importants (Daewoo, Hyundai, Samsung produisent du cinéma, et les studios CJ, Orion et Lotte qui produisent et possèdent aussi leur circuits de salles pour distribuer leurs films…), et le cinéma coréen s’exporte de plus en plus à l’international.

En 1999 la Corée du Sud se dote du KOFIC (l’équivalent de notre CNC) et le film Shiri (avec la révélation de Choi Min-sik) dépasse sur son territoire le box-office de Titanic, et la répartition en tickets vendu entre films coréens est autour de 50% face aux films américains (un peu comme en France).

Im Sang-soo : « Je me souviens en particulier de l’année 1998, dans notre industrie du cinéma il n’y avait plus d’intervention du gouvernement de type censure, mais plutôt des mesures favorables pour soutenir la culture. Du coup il y avait plus d’investisseurs pour les créateurs. Cette année-là, j’ai pu moi réaliser mon premier film Girls night out, et moins de deux ans après je sortais Tears.» (ndr : son 3e film en 2003 Une femme coréenne le fait connaître en France)

cho chang hoCho Chang-ho : « La capacité créative individuelle est une force importante. Le cinéma commercial est celui qui est très bien distribué, les autres films c’est du cinéma indépendant moins bien distribué et c’est logique.

C’est peut-être plus le canal de distribution (multiplexes ou pas) qui fait une différenciation entre les types de films. Pour les distributeurs de films indépendants c’est difficile d’obtenir des salles pour que leurs films soient vus par le plus grand nombre de spectateurs.

Cette situation est je pense la même dans plein de pays. Je voudrais moi faire moi-même la distribution de mes films, le réalisme de Another way est d’ailleurs compliqué à commercialiser. »

Im Sang-soo : « Il faudrait peut-être une nouvelle loi à propos des gros conglomérats de la distribution, leurs poids et leur influence est peut-être trop lourd. Mais les réalisateurs coréens les plus en vogue actuellement avec du succès vivent de ces conglomérats, alors… »

Désormais chaque année ou presque un nouveau film coréen dépasse un record de spectateurs comme The Host en 2006 (qui a fait bondir à 64% le taux de tickets vendus pour voir un film coréen), The king and the clown, D-war, Joint security area, My sassy girl (qui aura un remake américain)…

Les festivals européens récompensent régulièrement des talents de Corée du Sud comme les films de Lee Chang-dong (Oasis à Venise, Secret sunshine et Poetry à Cannes), Kim Ki-duk (Samaritan girl à Berlin, Locataires et Pieta à Venise, Arirang à Cannes) ou de Park Chan-wook (Oldboy et Thirst à Cannes), mais aussi des réalisateurs comme Hong Sang-soo, Bong Joon-ho, Kim Ji-woon, et évidement Im Sang-soo (son dernier film Intimate enemies n'a pas encore pas de date de sortie en France).

Crédit photos : José Da Cunha

Les snobés des Oscars primés aux NAACP Image Awards 2016

Posté par wyzman, le 6 février 2016

Lorsque l'association nationale pour la promotion des gens de couleur (NAACP) a dévoilé la liste des nommés à l'édition 2016, nous aurions dû nous en douter. En effet, dès ce 8 décembre, nous aurions déceler dans la liste des sélectionnés tous ceux qui allaient être snobés aux Oscars. Car un mois plus tard, lors de l'annonce des nominations aux Oscars 2016, le couperet est tombé.

Une seule nomination pour Creed (l'acteur blanc Sylvester Stallone) tandis que le film était nommé 6 fois aux NAACP Image Awards. Le film de boxe a été récompensé à 5 reprises, glanant au passage le titre de meilleur réalisateur d'un film et meilleur acteur et meilleur artiste en la personne de Michael B. Jordan ! Du côté de Straight Outta Compton : malgré une unique nomination aux Oscars (meilleur scénario original), cela n'a pas empêché le film d'être nommé 5 fois aux Image Awards et de remporter les prix de meilleur film et meilleur acteur dans un second rôle (O'Shea Jackson Jr.). A l'image de l'acteur Idris Elba, nommé pour Beasts of No Nation et Luther, les résultats de Image Awards font davantage écho aux SAG Awards qu'aux Oscars. On notera tout de même le sacre de Beasts Of No Nation, un film produit et diffusé par Netflix, sacré meilleur film indépendant. En voilà une belle victoire !

Côté télévision, les grands gagnants étaient tout trouvés dès l'annonce des nominations ! Présente à 10 reprises, Black-ish a fini la soirée avec 6 trophées dont celui de la meilleure sitcom. Nommée 12 fois, la série Empire est repartie avec 5 prix dont celui du meilleur drama et de la meilleure chanson contemporaine pour "You're So Beautiful". A l'instar des SAG Awards, Queen Latifah a été récompensée pour son rôle dans Bessie. Cérémonie jugée mineure pour de nombreux journalistes américains, il convient de rappeler que tous les membre de la National Association for the Advancement of Colored People peuvent voter lors des Image Awards. En d'autres termes, les résultats sont plus souvent en accord avec les goûts du public de manière globale que vers ceux d'une certaine élite. Pour voir la liste complètement des gagnants, c'est ici.

ARTISTE DE L’ANNÉE

Michael B. Jordan

TÉLÉVISION

Meilleure série comique

Black-ish (ABC)

Meilleur acteur dans une série comique

Anthony Anderson – Black-ish (ABC)

Meilleure actrice dans une série comique

Tracee Ellis Ross – Black-ish (ABC)

Meilleure série dramatique

Empire (FOX)

Meilleur acteur dans une série dramatique

Terrence Howard – Empire (FOX)

Meilleure actrice dans une série dramatique

Taraji P. Henson – Empire (FOX)

CINEMA

Meilleur film

Straight Outta Compton (Universal Pictures)

Meilleur acteur dans un film

Michael B. Jordan – Creed (Warner Bros. Pictures/Metro-Goldwyn-Mayer Pictures)

Meilleure actrice dans un film

Sanaa Lathan – The Perfect Guy (Screen Gems)

Meilleur acteur dans un second rôle de cinéma

O’Shea Jackson, Jr. – Straight Outta Compton (Universal Pictures)

Meilleure actrice dans un second rôle de cinéma

Phylicia Rashad – Creed (Warner Bros. Pictures/Metro-Goldwyn-Mayer Pictures)

Meilleur film indépendant

Beasts of No Nation (Netflix)

Des remakes de Memento et La Dolce Vita ?

Posté par vincy, le 6 février 2016

Il n'aura pas fallu quinze ans pour que Memento, premier exercice de style épatant de Christopher Nolan, fasse déjà l'objet d'un remake. AMBI Pictures a acquis les droits de ce thriller noir à la narration complexe (des séquences en noir et blanc pour l'aspect chronologique et des scènes en couleurs pour un récit raconté à l'envers). Pour justifier une telle incongruité, AMBI explique que le film est culte, qu'il a été vu plusieurs fois par les fans, qui peuvent le revoir plusieurs fois. Dans ce cas, pourquoi vouloir refaire un bon film? D'autant que ses dirigeants confessent que la barre est mise très haute avec la mise en scène de Nolan...

Dans le genre, la société a aussi annoncé un remake de La Dolce Vita, le chef d'oeuvre de Federico Fellini. Un film "hommage" autorisée par la nièce du cinéaste italien, et dernière ayant-droit vivante, qui, officiellement, s'est laissée convaincre par la vision moderne des producteurs. Sic.

AMBI Pictures, créée il y a un an, a acquis The Exclusive Library en septembre dernier et cherche à exploiter son catalogue de 400 titres, qui comprend également des films cultes comme Cruel Intentions, Donnie Darko, The Mexican et Parkland. Elle a les droits sur tous les films pour en faire des remakes ou des suites, et, en levant 200 millions d'euros, a reçu les moyens financiers d'investir sur 5 budgets moyens et 10 petits budgets dans les deux ou trois prochaines années. Elle a déjà financé le nouveau film de James Franco, In Dubious Battle, avec Selena Gomez, Ed Harris et Robert Duvall, le film d'animation Arctic Justice avec les voix de Heidi Klum, James Franco et Alec Baldwin et Septembers of Shiraz, mélo avec Salma Hayek et Adam Brody.

Rétrospective Sharunas Bartas aux cinémas du centre Pompidou

Posté par MpM, le 5 février 2016

sharunas bartas

Décidément, la période est faste pour les amateurs (il faudrait dire : les inconditionnels) du cinéaste lituanien Sharunas Bartas. Après son grand retour au dernier festival de Cannes (voir notre chronique de l'époque), il illumine le mois de février avec un nouveau film en salles (Peace to us in our dreams, le nouveau volet envoûtant d'une oeuvre qui ne cesse de remettre l'humain au centre de son existence), une exposition (Few of them, à découvrir jusqu'au 27 février au passage de Retz, dans le 3e arrondissement de Paris), un ouvrage collectif (Sharunas Bartas ou les hautes solitudes, dirigé par Robert Bonamy) et une rétrospective de l'ensemble de son travail qui se tient aux cinémas du centre Pompidou jusqu'au 6 mars.

En plus de (re)découvrir les œuvres emblématiques du réalisateur (Trois jours, Corridor, Freedom...), il sera possible de voir ses courts métrages, certains des films produits par son studio Kinema (Earth of blind d'Audrius Stonys, Sharunas Bartas, An army of one de Guillaume Coudray) et même deux films dans lesquels Sharunas Bartas fait l'acteur pour d'autres cinéastes, Leos Carax (Pierre ou les ambiguïtés) et Claire Denis (Les salauds). Une rencontre aura également lieu avec le public le 13 février à 17h.Un moment rare et précieux à ne rater sous aucun prétexte, même s'il ne faut pas trop compter sur le cinéaste pour expliquer son oeuvre (il a horreur de ça) ou livrer beaucoup de lui-même (il préfère parler des autres).

C'est peut-être pour cela que le peu qu'il accepte de dire a autant de valeur, et de puissance d'évocation. La preuve par l'exemple avec cette conversation entrecoupée de silences que nous avons eue avec lui à l'occasion de cette rétrospective.

Ecran Noir : Le centre Pompidou consacre une rétrospective de l'ensemble de votre oeuvre. Est-ce un exercice que vous appréciez de vous retourner sur votre travail et plus généralement sur le passé ?

Sharunas Bartas : En fait, j'ai un sentiment un peu double. Me retourner sur mon passé, c'est quelque chose que je fais tous les jours : je réfléchis, j'analyse... Je pense à hier, à ce que j'ai fait, et c'est quelque chose qui est important pour moi. Mais par contre, pour les films, c'est l'inverse. Les films, je ne peux pas les changer. Ce n'est pas important pour moi de me repencher dessus. C'est même extrêmement rare que je regarde un film plusieurs fois. C'est plus par accident lorsque cela arrive. Je ne peux pas changer mes films, mais de toute façon je ne le veux pas. Pendant le tournage, pendant la production de chaque film, c'est le moment où j'ai donné tout ce que j'ai pu. C'était le moment où je devais donner ce que j'ai donné, et maintenant c'est terminé. Je ne vois pas de sens à regarder mes films et à revenir dessus. Mais concernant le rétrospective, bien sûr, c'est agréable que les gens voient ces films, qu'ils ne soient pas oubliés et qu'ils ne disparaissent pas.

EN : Que diriez-vous à un spectateur français qui n'a jamais vu aucun de vos films et qui s'apprête à aller à cette rétrospective ?

SB : De ne pas avoir d'idée toute faite et de juste regarder.

EN : Vous avez déclaré dans des interviews que de même qu'il n'y a rien à expliquer dans l'art, il n'y a rien à expliquer dans les films. Plutôt que de les comprendre, il faut d'abord les ressentir ?

SB : Je pense que cela va ensemble, le fait de comprendre et de ressentir. Si le spectateur ressent et vit ce qui est en train de se passer à l'écran, alors il le comprend aussi. Je ne pense pas qu'on puisse dire que les films sont au même niveau d'abstraction que la musique mais c'est pareil pour la musique, quelle qu'elle soit. Si on la ressent, on la comprend, d'une certaine manière. Si on parle de la création en général, le fait de créer, c'est aussi montrer un moment d'une vie, un moment de vie. On le montre de manière extérieure à soi mais en fait c'est aussi la possibilité de le vivre à l'intérieur. Ce moment de vie que l'on voit, on peut aussi le ressentir très fortement en nous. Et c'est peut-être aussi une manière d'échapper à la solitude et de se sentir moins seul.