Le Festival du film asiatique de Deauville annulé en 2015

Posté par vincy, le 18 novembre 2014

"Les contraintes financières liées essentiellement à l'insuffisance des financements publiques (à l'exception de celui de la ville, principal partenaire) et privées nous amènent à le reformater, le modifier, le réorganiser" explique le communiqué du Public Système Cinéma pour justifier l'absence d'une 17ème édition du Festival du film asiatique de Deauville en 2015. Le Public Système Cinéma organise plusieurs festivals dont celui du Festival du film américain toujours à Deauville, qui lui-même est fragile.

Dans Le Figaro, Bruno Barde, patron de la manifestation précise que "Cela fait des années que nous produisons à perte, malgré la qualité de talents présents chaque année. Nous cherchons d'autres partenaires, mais dans la culture, il s'agit surtout de sponsors privés." L'annulation est temporaire. Une année 2015 sans ce festival.

Selon lui, "Le cinéma asiatique demeure un marché difficile, qui ne représente qu'1% des entrées en France. La réalité économique nous rattrapent. (...) La décision a été unanime entre les différents partenaires: la ville de Deauville, le Centre International de Deauville et nous."

"Plus personne ne soutient ce qui est exigeant de nos jours. Tout le monde confond notoriété et talent"

Mais Bruno Barde ne veut pas y voir qu'une affaire d'argent. A juste titre, dans l'entretien, il déplore "qu'on ne parle que de Nabilla ou de vedettes" à la télévision. "Malheureusement, un réalisateur comme Kurosawa ne reste connu que par les spécialistes. L'Asie produit énormément: Hong Sangsoo, Park Chan-Wook... Les médias ne parlent que de Takeshi Kitano et de Wong Kar Waï! Et encore... Le problème, mais cela ne devrait pas en être un, c'est que le cinéma asiatique ne se repose pas sur des vedettes." Et il ajoute : "Plus personne ne soutient ce qui est exigeant de nos jours. Tout le monde confond notoriété et talent. Le premier est constamment honoré. Si le talent se voyait soutenu, nous aurions plus de publicité et donc plus de sponsors. Malheureusement, le talent passe à la trappe."

De plus en plus de festivals sont fragilisés depuis la crise de 2007/2008. A commencer par Paris Cinéma dans la capitale. Et les sponsors privés préfèrent se concentrer sur les gros événements (récemment le Festival de Cannes a signé un contrat pluri-annuel avec le groupe de Pinault, Kering).

Si le cinéma asiatique disparaît de la côte normande, on peut toujours se consoler: le plus grand événement du genre en Europe, le Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul tiendra sa 21ème édition du 10 au 17 février prochain.

Arras 2014 : Fair Play et The fool se partagent les prix

Posté par MpM, le 17 novembre 2014

fairplayDurant cette 15e édition du Arras Film Festival, la compétition européenne a mis en avant des sujets forts, très narratifs, dans lesquels les aspects plus formels restent souvent au second plan, discrets et efficaces.

Il y avait là plusieurs candidats solides pour un grand prix : Aces d'Alfonso Zarauza (Espagne) qui observe les effets de la crise à travers le regard d'une mère célibataire qui devient manœuvre dans le bâtiment ; Quod erat demonstrandum d'Andrei Gruzsniczki (Roumanie) sur les exactions du régime Ceausescu ; Monument to Michael Jackson de Darko Lungulov (Serbie) qui dresse un portrait pessimiste et ironique sur la Serbie actuelle...

Atlas d'or pour Fair play

C'est finalement Fair Play d'Andrea Sedlackova (République tchèque) qui a remporté l'Atlas d'or décerné par Solveig Anspach et ses jurés (Jean-Luc gaget, Sophie Guillemin, Anamaria Marinca et Miel van Hoogenbemt). L'histoire d'une jeune athlète dopée à son insu par les autorités de son pays et dont la mère, sympathisante de l'opposition au régime, se révèle prête à tout pour permettre à sa fille d'émigrer.

Basé sur une construction dramatique assez classique, le film fonctionne sur le plan narratif tout en restant assez convenu dans son rythme, son montage et ses rebondissements. Exactement le genre d'objet qui, à défaut de déchaîner les passions cinématographiques, est suffisamment consensuel pour séduire un vaste public.

Triplé gagnant pour The fool

The fool, l'autre grand gagnant de la compétition, aurait pu faire office de favori tant sa mise en scène sèche, son rythme âpre, son sujet brûlant en faisait le candidat idéal à la récompense suprême.

Au lieu de quoi, il décroche l'Atlas d'argent de la mise en scène, le prix du public et le prix du jury jeunes. Difficile de faire plus unanime. Ce troisième long métrage de Youri Bykov (The major) est une tragédie implacable sur la corruption des élites et le sort cruel réservé à ceux qui tentent de s'opposer au système. Malgré sa véhémence un peu appuyée, c'est une œuvre dense, à la noirceur vertigineuse, qui propose sur la compromission et le cynisme une réflexion dénuée de toute complaisance.

Comme dans The major, ce qui intéresse Youri Bykov, c'est d'observer celui qui ose s'élever contre tous et de le confronter à ses propres contradictions. Les chevaliers blancs, chez le réalisateur russe, ne sont guère récompensés de leur intégrité.

Quod erat demonstrandum et Pause en embuscade

quod erat demonstrandumEnfin, deux autres films sont mentionnés au palmarès : le roumain Quod erat demonstrandum qui a convaincu le jury critique avec son noir et blanc élégant et sa lenteur étudiée de thriller totalement intériorisé.

Un film au fond assez classique, pour ne pas dire académique, qui ne prend guère de risques, tout en racontant une histoire tristement convenue de dictature politique. Et puis l'étonnante comédie sentimentale Pause, pleine d'humour et de musique country sensible, qui a reçu une mention spéciale.

Si les palmarès sont parfois décevants, celui de cette 15e édition s'avère au contraire équilibré et évident. Il était impossible de passer à côté de The fool, et son triplé final est à l'image de sa domination sur la compétition. La grande homogénéité du reste des films, en termes de propositions et de style, a permis au jury professionnel de jouir par ailleurs d'une grande souplesse pour les autres prix. Son choix témoigne d'une envie d'éclectisme mais aussi d'exigence, parfaitement à l'image de l'édition 2015.

Le palmarès complet

Atlas d’Or
Fair Play d'Andrea Sedlackova (République tchèque)

Atlas d’Argent de la mise en scène
The fool de Youri Bykov (Russie)

Prix du public
The fool de Youri Bykov (Russie)

Prix Regards jeunes/ région Nord-Pas de Calais
The fool de Youri Bykov (Russie)

Prix de la Critique
Quod erat demonstrandum d'Andrei Gruzsniczki (Roumanie)

Mention spéciale
Pause de Mathieu Urfer (Suisse)

Prix Arrasdays
Free till dawn de Iris Elezi et Thomas Logoreci (Albanie)
The tree de Hafsteinn Gunnar Sigur?sson (Islande)

32 comédiennes et comédiens proposés pour les César du meilleur espoir 2015

Posté par vincy, le 17 novembre 2014

cesar32 comédiennes et comédiens ont été choisis par le Comité Révélations de l’Académie des César lors d'une délibération qui a eu lieu aujourd'hui..

Cette liste à titre indicatif est révélée chaque année afin de faciliter le vote des professionnels pour les César 2015 du Meilleur Espoir Féminin et du Meilleur Espoir Masculin. Ce qui signifie que d'autres noms peuvent être ajoutés par les votants lors du choix des nominations.

Certains films comptent plusieurs nominations tels que Respire, Bande de filles, La crème de la crème, Vie sauvage, Eastern Boys.

Les Révélations 2015 – Comédiennes :

Soumaye Bocoum dans Papa was not a Rolling Stone

Armande Boulanger dans La pièce manquante

Lolita Chammah dans Gaby Baby Doll

Lou de Laâge dans Respire

Louane Emera dans La Famille Bélier

Alice Isaaz dans La crème de la crème

Joséphine Japy dans Respire

Ariane Labed dans Fidelio, l’odyssée d’Alice

Sofia Lesaffre dans Les 3 frères le retour

Mélodie Richard dans Métamorphoses

Solène Rigot dans Tonnerre

Ariana Rivoire dans Marie Heurtin

Anna Sigalevitch dans Loup-Garou

Philippine Stindel dans Mercuriales

Assa Sylla dans Bande de filles

Karidja Touré dans Bande de filles

Les Révélations 2015 – Comédiens :


Kévin Azaïs
dans Les Combattants

Thomas Blumenthal dans La crème de la crème

Bastien Bouillon dans Le beau monde

Zacharie Chasseriaud dans La belle vie

Félix de Givry dans Eden

Romain Depret dans Vie Sauvage

Ahmed Dramé dans Les Héritiers

Kirill Emelyanov dans Eastern Boys

Jean-Baptiste Lafarge dans La crème de la crème

Ymanol Perset dans Colt 45

Jules Ritmanic dans Vie Sauvage

Pierre Rochefort dans Un beau dimanche

Fayçal Safi dans L’Apôtre

Thomas Soliveres dans À toute épreuve

Daniil Vorobjev dans Eastern Boys

Marc Zinga dans Qu’Allah bénisse la France

Les studios de Bry-sur-Marne victimes de la spéculation immobilière?

Posté par vincy, le 16 novembre 2014

Les mythiques Studios de Bry-sur-Marne sont menacés. 12 associations du monde du cinéma et de l'audiovisuel ont lancé mi-octobre une pétition, une page Facebook et un compte Twitter avec pour objectifs:

1. Empêcher la possible démolition des Studios de Bry-sur-Marne.
2. Créer une synergie pour le rachat et le développement de ces studios.
3. Maintenir l’activité location du stock de meubles et accessoires au
sein du studio.

A Bry-sur-Marne, on tourne des émissions TV comme The Voice ou Le plus grand cabaret du monde ou des films comme Hunger Games 3, Marie-Antoinette, Le Prénom, Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec, Carnage, Micmacs à tire-larigot, Un long dimanche de fiançailles, Babylon AD, Trois places pour le 26, L'odeur de la papaye verte, Le pacte des loups, Jeune & Jolie, Le passé...

"Rénover Bry aurait coûté trop cher" selon le propriétaire

Les 12 associations ont alerté toutes les institutions concernées sur une fermeture programmée fin avril 2015, suite à la vente de ces studios par Euromedia. "Les promesses de développement des Studios de Bry-sur-Marne lors de leur rachat en 2001 par Euromedia n’ont jamais été tenues. Le désengagement du groupe Euromedia des studios de fiction français ne doit pas entraîner la disparition d’un outil de travail performant, indispensable à la profession, dans un pays positionné comme le premier producteur d’Europe" explique le communiqué. Euro Média répond que "Rénover Bry aurait coûté trop cher, d'autant que la rentabilité n'est pas là. Les tarifs de location des plateaux sont très serrés, et nous subissons la concurrence étrangère, où les subventions publiques sont plus importantes.". Le groupe a donc vendu le site.

Idéalement situé à côté de la future ligne de métro 15

Selon Mediapart, "les studios ont été vendus à un marchand de biens, adossé à un investisseur brésilien, spéculant vraisemblablement sur une flambée des prix à venir avec les opérations d’aménagement du « Grand Paris ». Seule une première partie de la transaction (12 millions sur 32 millions) a été versée." En effet, les studios seront à proximité de la future gare Bry-Villiers-Champigny de la ligne de métro express 15 qui doit être construite di'ici 10 ans. De quoi aiguiser les appétits immobiliers. L'enqûete de Mediapart ajoute "Aujourd’hui, sans changement de PLU, il est impossible de construire des logements sur cette zone d’activité. L'information concernant la transformation des studios en logements est donc erronée."

La Mairie de Bry-sur-Marne "s’est déclarée attachée au maintien et au développement de ce site." La région Ile-de-France et la mairie de Villiers-sur-Marne soutiennent également la poursuite d'activités du Studio.

"Ces équipements n'ont pas d'équivalent en Ile-de-France"

Le regroupement d'associations, créé par L’Association des chefs décorateurs de cinéma (ADC) et l’Association des métiers associés de la décoration (MAD), affirme: "Alors que la mise en place du crédit d’impôts commence à porter ses fruits en ce qui concerne les relocalisations, il est vital pour l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel de conserver des infrastructures pour les tournages, comme les Studios de Bry-Sur-Marne".

Dans Télérama, en avril, le décorateur Allain Veissier rappelait que "Ces équipements n'ont pas d'équivalent en Ile-de-France. A moins d'occuper un plateau à moi tout seul, je n'aurais pu préconstruire ailleurs le décor de Rien à déclarer."  Il reste aussi à savoir ce que vont devenir les milliers d'accessoires de tournages en cas de fermeture définitive.

Forte mobilisation de la profession

La pétition a déjà recueilli plus de 3 500 signatures (dont celles de François Ozon, Jean-Pierre Jeunet, Pierre Salvadori, Michel Hazanavicius, Chantal Akerman, Patrice Leconte, Christophe Gans, Pascale Ferran, Caroline Champetier, Jean-Pierre Améris ...). C'est davantage que la lettre lancée au début de l'année qui avait recueilli 2300 signatures (Josiane Balasko, François Ozon, Gérard Jugnot, Jean-Pierre Jeunet, Claire Denis) envoyée à Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication de l'époque, pour "sauver un patrimoine important du cinéma français".

Sur France Inter, Jean-Pierre Jeunet racontait récemment: "J'ai tourné à Bry-sur-Marne Un long dimanche de fiançailles et Micmacs à tirelarigot. Ces studios ont un look années 80 mais gardent de très beaux plateaux et sont très fonctionnels. Le problème en France, c'est que quand on crée de nouveaux studios, on en ferme d'autres. La Cité du Cinéma de Luc Besson est un endroit magnifique aux portes de Paris, mais pourquoi ne pas garder les deux ? À Londres ou à Prague, ils les additionnent. A Paris, on a déjà perdu Joinville et Arpajon. On revend nos studios à des promoteurs qui font du profit sur le dos d'un secteur fragile. Il faudrait que le gouvernement nous aide davantage à maintenir les tournages en France."

Les studios de Bry-sur-Marne sont situés à 10 kilomètres de Paris, juste à côté de l'INA (ce qui en fait un pôle audiovisuel majeur) et s'étendent sur 12,5 hectares. Construits en 1978, ils disposent de 8 plateaux ainsi que 1500 m² de décors extérieurs.
Euro Media possède d'autres studios en France, à Paris et à Nice, et notamment l'ultra-moderne Cité du cinéma à Saint-Denis, qui peine à remplir son carnet de tournages. A l'inverse, les studios de Bry tournent avec un taux de remplissage de 70 %.

La production de films français connaît sa pire année depuis 2010

Posté par vincy, le 15 novembre 2014

La tendance s'est confirmée. Avec 678 millions d'euros, les investissements dans les films français ont reculé de 22,7% sur les 9 premiers mois de l'année. Un trou d'air inquiétant. Le nombre de films a lui aussi chuté durant la même période: 177 ont été produits depuis janvier contre 193 l'an dernier, à la même époque. Il faut revenir à 2010 pour trouver un chiffre aussi bas. Le devis moyen est ainsi de 4,09 millions d'euros pour les films d'initiatives françaises, soit là aussi le niveau le plus bas depuis 2010.

Les chiffres du Centre national du cinéma et de l'image animé (CNC) publiés hier placent un gros nuages noirs dans un ciel pourtant très clair: la fréquentation en salles est en hausse (+11,4% de janvier à octobre, comparé à 2013) et la part de marché des films français a progressé nettement par rapport à 2013 (passant de 32,5% à 44,7%).

Trois causes ont été identifiées: le recul du chiffre d'affaires des chaînes de télévision (qui financent une grande part de la production), la baisse des moyens des partenaires étrangers et les choix plus exigeants et sélectifs des distributeurs en France.

Cette année, seuls deux films avec un devis supérieur à 15 M€ ont été initiés, contre 7 en 2013, 10 en 2012 et 5 en 2011. Mais la dépression du cinéma français touche tous les segments, à l'exception des films compris entre 10 et 15 M€ (11 contre 6 en 2013, 12 en 2012, 13 en 2011 et 11 en 2010) et ceux entre 2 et 4 M€ (40, un record). Ainsi les films du milieu (entre 4 et 10 M€) n'ont été que 25 a être initiés, soit 14 de moins que l'an dernier ou 27 de moins qu'en 2010! Les devis inférieurs à 2 M€ n'ont pas été plus à la fête: 53 depuis le début de l'année, soit 8 de moins que l'an dernier.

Pas étonnant alors que le devis médian accuse son plus bas niveau avec 2,57 millions d'euros (la moitié des films sont produits au dessus de ce chiffre). Depuis 2010, chaque année, le devis médian baisse avec constance.

Quels seront les vainqueurs du box office nord-américain d’ici la fin de l’année?

Posté par geoffroy, le 14 novembre 2014

Après avoir décerné à l’outsider Les Gardiens de la galaxie la première marche d’un été US décevant en termes de fréquentation (avec 4,045 milliards de dollars de recettes, l’été 2014 réalise le plus mauvais score de la période depuis 2006 et ses 3,732milliards de dollars), place aux pronostics de fin d’année. Sous le signe de la famille entre comédies loufoques (La nuit au musée : le secret des Pharaons, Dumb & Dumber De avec le duo d’origine Jim Carrey et Jeff Daniels), films d’animation (Les nouveaux héros, Les pingouins de Madagascar), films épiques (Exodus de Ridley Scott et l’épisode final du Hobbit de Jackson), saga adolescente (Hunger Games partie 3) ou trip spatial (Interstellar de Nolan), cette fin d’année risque bien de livrer, comme en 2009 (Avatar) et 2013 (Hunger Games 2) le vainqueur de l’année. Il suffit, pour cela, de faire mieux que les 330 millions de $ des Gardiens de la Galaxie.

5 novembre

Interstellar. Nolan/McConaughey

Comment ne pas être intrigué par le nouveau film de Christopher Nolan, méga trip écolo-futuriste incarné, entre autres, par l’oscarisé Matthew McConaughey ? Si vous en avez marre des distractions décérébrées d’un Hollywood proprement vulgaire, le voyage intersidéral du père des Batman semble osciller entre 2001, l’Odyssée de l’espace, Tree Of Life, Solaris ou encore Contact. Rien que cela ! Alors ? Pétard mouillé mégalo ou nouvelle référence philosophico-dramatique d’une SF adulte ? Deux ans après le pompeux The Dark Knight Rise, Nolan a l’occasion de rectifier le tire de façon indiscutable. De toute façon, la curiosité autour d’une expérience filmique exclusive – même si bancale – ne laisse que peu de suspense quant au potentiel en salles du nouveau Nolan, bien parti pour terminer sa course entre Gravity et Inception, en tout cas au niveau international. Aux Etats-Unis, le démarrage ce week-end a été légèrement décevant et rien de dit qu'il ira au de-là des 200 millions de $.

Pronostics : 215M$

7 novembre

Big Hero 6 (Les nouveaux héros). Disney/Animation

Disney ne veut pas se laisser enfermer dans le conte pour enfants malgré l’incroyable succès de la Reine des neiges. À la bonne heure! Le studio, qui a racheté la Marvel Entertainment en 2009 pour 4 milliards de dollars, se lance dans sa toute première adaptation de Comics avec ces Nouveaux héros et son univers high-tech décoiffant. La cible, plus adolescente puisque moins familiale, peut néanmoins faire mouche même si le score de la Reine des neiges nous semble inatteignable. La nouvelle crédibilité du studio; ainsi que l’absence de concurrence jusqu’au spin off de Dreamworks les Pingouins de Madagascar, devraient lui assurer le succès. Et avec un très bon premier week-end, surclassant le Nolan, Disney pourrait signer son quatrième gros hit de l'année.

Pronostics : 230M$

14 novembre.

Dumb and Dumber To. Frères Farelly/Jim Carrey & Jeff Daniels

Le duo de D & D des frères Farelly se reforme donc vingt ans après le délire très 90’S d’un premier film devenu culte. On se dit, de prime abord, pourquoi pas ? Et puis, après réflexion, on se dit aussi que le projet laisse quand même songeur. Car revoir nos deux acolytes de 52 et 59 ans faire les pitres n’est peut-être pas la meilleure idée qui soit. S’ils savent mettre en boîte leurs comédies, les Farelly brothers arriveront-ils à se renouveler ou, tout au moins, à retrouver le ton qui a fait, jadis, le succès de leurs comédies ? Une génération est passée par là. Pas sûr que l’actuelle, biberonnée aux réseaux sociaux, plébiscite un humour old school pour quarantenaires nostalgiques.

Pronostics : 100M$

21 novembre

Hunger Games la révolte : partie 1. Francis Lawrence/Jennifer Lawrence

Comme une habitude – mauvaise ? – depuis le dernier film des Harry Potter, l’épisode final des sagas à succès se trouve étrangement diviser en 2. On peut y voir une volonté d’approfondir la densité narrative du dénouement attendu ou, ne s’arrêter, que sur la question pécuniaire qu’un tel découpage engendre. Suite au succès incroyable des deux premiers épisodes, on ne voit pas comment celui-ci pourrait manquer son démarrage et, au final, son exploitation en salles. Néanmoins, l’avant-dernier film a toujours connu (que ce soit sur HP ou sur Twilight) une légère baisse de ses fréquentations avant de repartir à la hausse avec le dernier opus. Portée par la charismatique Jennifer Lawrence, Hunger Games, la révolte partie 1, sera assurément le carton de cette fin d’année et de l’année 2014.

Pronostics : 395M$

26 novembre

Comment tuer son boss 2. Sean Sanders/Jason Bateman

En 2011 la comédie Comment tuer son boss, porté par son casting de star (Jason Bateman, Jennifer Aniston, Kevin Spacey, Colin Farell, Jamie Foxx, Jason Sudeikis), avait réussi, malgré un mauvais goût affiché assez remarquable, à séduire un public nombreux. Trois ans ont passé et le couvert est remis pour cette suite réalisée par le réalisateur de la Famille Miller. Aucune inquiétude à l’horizon puisque la recette semble la même, jusqu’à l’appel de stars. Notons que la sortie de cette suite à été décalée en novembre (juillet pour le premier film), lui assurant ainsi une adversité moins rude mais plus ramassée dans le temps (il faudra compter sur D & D et le troisième film de la Nuit au musée). L’impertinence trash va-t-elle payer ?

Pronostics : 105M$

Les pingouins de Madagascar. Dreamworks/Animation

Dreamworks nous refait le coup. Après le spin off de Shrek, le Chat Potté, voici que débarquent, le temps d’un film, les fameux pingouins issus des trois films d’animation de la série Madagascar. Vraie bonne idée ou manque cruel d’imagination ? S’il est toujours aisé de parsemer un long-métrage de quelques scènes "rigolotes" via des personnages itou (on pense, notamment, au scrat dans l’Age de glace), en faire un film à part entière avec un univers propre l’est beaucoup moins. D'autant, que, de ce côté là, on attend davantage les Minions de Moi, Moche et Méchant. Bon, question box office, Dreamworks s’en était bien tiré avec son Chat Potté (149M$). Il nous semble que ces pingouins aussi barrés que futés peuvent faire aussi bien que le minou aux grandes bottes.

Pronostics : 135M$

12 décembre

Exodus. Ridley Scott/Christian Bale

Contrairement au Noé d’Aronosky, Ridley Scott s’est emparé d’une mythologie moins "casse-gueule" en réadaptant l’exode, hors d’Égypte, des Hébreux conduits par Moïse. Le péplum s’affiche dans de luxuriantes bandes annonces au souffle épique, ce qui n’est pas sans rappeler un certain Gladiator (le plus gros succès de Scott à ce jour). Si le film ne sort que cinq jours avant le dernier épisode du Hobbit – ce qui risque de le désavantager –, il devra également se défaire de l’ombre tutélaire du film de Cecil B. DeMille, Les dix Commandements, avec Charlton Heston dans le rôle de Moïse. L’universalité du livre de l’exode du dernier Testament devrait, de toute façon, assurer au long-métrage une belle carrière à l’international.

Pronostic : 130M$

17 décembre

Hobbit : la bataille des cinq armées. Peter Jackson/Tolkien

La boucle est désormais bouclée. Surtout pour celui qui ne voulait pas réaliser les aventures de Bilbon. La nouvelle trilogie, 13 ans après la sortie du Seigneur des anneaux, se clôt par l’espoir d’une bataille spectaculaire attendue de pied ferme par une horde de fans soulagée depuis la Désolation de Smaug. La tournure sombre que prend cette trilogie sonne comme une expression juste d’un temps trouble, bien loin du ton général d’une œuvre pour enfant. Jackson aurait donc fait le choix du lien entre deux Hobbits, Bilbon et Frodon, afin de proposer une seule et même saga étalée sur six films. Cette approche sera-t-elle suffisante pour permettre à ces cinq armées de côtoyer les cimes du B.O ? Sans doute même si la concurrence d’Exodus et de Promenons-nous dans les bois (Rob Marshall) peuvent entamer sa marche vers les 300 millions de dollars.

Pronostics : 270M$

19 décembre

La nuit au musée : le secret des Pharaons. Shawn Lévy/Ben Stiller & Robin Williams

Trois ans séparent le premier film du deuxième opus. Cinq et demi séparent le deuxième long-métrage à celui qui sort cette année pendant les fêtes. C’est beaucoup. Surtout pour un film familial. Encore plus pour un film familial au pitch aussi exclusif qui aura permis au premier film de remporter un grand succès. Le risque d’érosion, à l’instar de la trilogie Mon beau-père et moi (Ben Stiller encore), semble inévitable sans pour autant craindre le bide absolu. Seul espoir, la présence, pour son dernier rôle majeur au cinéma, du regretté et génial Robin Williams. À lui seul il peut booster une audience sans doute pas très convaincue de l’utilité d’explorer dans un troisième film un concept déjà fatigué en deux épisodes.

Pronostics : 115M$

25 décembre

Into the Woods (Promenons-nous dans les bois). Rob Marshall/Meryl Streep & Johnny Deep

Promenons-nous dans les bois est un conte horrifique en forme de comédie musicale produit par Disney qui fait se croiser plusieurs personnages de conte aussi différents que Cendrillon, le Petit Chaperon Rouge ou encore Raiponce. Disney, sans surprise, continue à tirer profit d’un filon juteux qui lui aura permis de triompher avec Oz, Maléfique, Alice au pays des merveilles et les deux films d’animation Raiponce et la Reine des neiges. Doté d’un casting prestigieux (Emily Blunt, Chris Pine, Anna Kendrick, Johnny Deep et Meryl Streep), le film de Rob Marshall a toutes les chances de surfer sur la vague des contes revisités – souvent pour le pire. Bon, la fin d’année, très saturée, ne le portera sans doute pas au-delà des 150M$. Mais nous le voyons très bien réaliser un score proche d’Enchanted, film Disney sortit en 2007 et qui cumula en fin de carrière à 127M$.

Pronostics : 140M$

Unbroken. Angelina Jolie/les frères Coen & Jack O'Connell.

Et si c'était la surprise de cette fin d'année? Un film réalisé par Angelina Jolie, écrit par les frères Coen et Richard LaGravenese, et une pléiade de beaux gosses en tête d'affiche, à commencer par Jack O'Connell et Garrett Hedlund. Unbroken est un biopic sur un homme, finaliste olympique, prisonnier de guerre au Japon et survivant à tous ses échecs. Pour peu que le film soit porté par un buzz pré-Oscars et le film pourrait marquer des points durant les fêtes. Cependant les récents films de guerre rapporte rarement plus de 100 millions de $ ces derniers temps.

Pronostics : 100M$

The Interview. Seth Rogen/James Franco.

Le retour du duo de This is The End. The Interview a déjà fait le buzz, avec la polémique diplomatiquement incorrecte opposant Rogen & Franco à Kim Jong-un, le dirigeant nord coréen. Pas loin de l'humour de Sacha Baron Cohen, le film sera l'objet de controverses, interdits aux enfants non accompagnés et la satire est toujours difficile à vendre. Mais Seth Rogen n'a jamais été aussi populaire et James Franco est une star. Durant les fêtes, les films excessifs ont toujours trouvé leur public.

Pronostics: 110M$

Arras 2014 : focus sur le « jeune cinéma français »

Posté par MpM, le 13 novembre 2014

terre battueDans le cadre de sa section "Découvertes européennes", le 15e Arras Film Festival propose un focus sur le jeune cinéma français à travers quatre premiers longs métrages qui offrent un aperçu éclectique de la jeune production hexagonale contemporaine.

S'il s'avère relativement artificiel de chercher à tout prix des points communs entre Bébé tigre de Cyprien Vial, Terre battue de Stéphane Demoustier, Fidelio, l'odyssée d'Alice de Lucie Borleteau ou encore Vincent n'a pas d'écailles de Thomas Salvador, on peut déceler dans chacun des films le désir de s'ancrer dans son époque ainsi qu'une dynamique d'écriture qui force l'intérêt.

Ainsi, Terre battue raconte le combat parallèle d'un homme au chômage qui essaye de monter sa propre entreprise et celui de son fils de onze ans pour accéder à son rêve : devenir joueur de tennis professionnel. Un conte moderne qui questionne l'obsession de la réussite et les mécanismes de transmission familiaux.

Dans un registre tout aussi social,  Bébé tigre suit le parcours d'un adolescent du Penjab qui essaye de travailler pour envoyer de l'argent à sa famille restée au pays tout en poursuivant une scolarité normale. Au-delà d'un destin particulier, c'est un système que décortique Cyprien Vial. Avec beaucoup de mesure, il montre la part d'ombre et de lumière de tous les protagonistes, à commencer par le passeur qui fournit de petits boulots au jeune homme, et amène le spectateur à comprendre la complexité d'une situation aux nombreuses ramifications.

A contrario, Fidelio, l'odyssée d'Alice, s'éloigne nettement des questions sociales pour aller vers un ton plus initiatique. L'héroïne y est second mécanicien sur un cargo. Seule femme dans un monde d'hommes, elle mène sa vie comme une barque, au gré des courants. Un très beau manifeste du désir féminin et du droit des femmes à assumer leur appétit sexuel, presque traité comme un huis clos tantôt oppressant, tantôt joyeux.

Enfin, Vincent n'a pas d'écailles Vincent n'a pas d'écaillesest de loin le film le plus étrange du quatuor. Une œuvre presque organique, avec très peu de dialogues, qui parle de la différence, de l'amour et de la nature sur fond de supers pouvoirs dignes des blockbusters américains. Quasiment un (anti ?) film de supers héros qui joue avec les codes du genre tout en suivant sa propre ligne directrice.

Recherche formelle et cinéma engagé

Si les deux premiers longs métrages sont formellement plus classiques, les autres proposent un cinéma plus sensoriel, assez découpé, qui prend le temps de saisir une ambiance ou une scène. Curieusement, des séquences aquatiques se font écho de l'un à l'autre, véhiculant un même bonheur simple de ne faire qu'un avec les éléments. Ils témoignent d'une véritable recherche formelle de la part de leurs auteurs ainsi que d'une envie de faire un cinéma plus personnel, et de ce fait plus singulier.

A rebours, Terre battue et Bébé tigre se veulent plus engagés, presque militants. Stéphane Demoustier fait le portrait d'une classe moyenne désorientée par la disparition de tout ce en quoi elle croyait et critique les nouvelles valeurs à la mode : la célébrité, l'argent facile, le succès à tout prix. Surtout, ne pas être un loser. Cyprien Vial dépeint lui une France telle qu'on aimerait la voir plus souvent dans l'actualité : celle d'une intégration réussie et d'une communauté humaine où personne ne sert de bouc émissaire pour expliquer les maux contemporains. Une France invincible parce qu'unie, mais dénuée de tout angélisme ou candeur.

Entre les quatre films, on peut avoir des inclinations ou au contraire des réticences.  Certains semblent plus aboutis, d'autres plus originaux. Mais les opposer serait improductif, tant le cinéma français a besoin de tous ses talents, quel que soit le stade de maturation où ils se trouvent actuellement. Dans ce focus, c'est une parcelle de l'avenir du cinéma national qui se joue. Et sans présager de cet avenir, on peut d'ores et déjà se réjouir pour cette parcelle-là.

Décès du cinéaste belge Jean-Jacques Rousseau: une sale affaire

Posté par vincy, le 13 novembre 2014

Le cinéaste belge Jean-Jacques Rousseau est mort à l'âge de 66 ans le 5 novembre dernier. Auteur d'une quarantaine de films aux titres imagés (L'Histoire du Cinéma 16, une auto-critique, La Revanche du Sacristain Cannibale, L’Etrange Histoire du Professeur Igor Yaboutich, L'amputeur Wallon, Le Diabolique Dr Flak, Le Poignard maudit, Wallonie 2084, etc...), notables pour leur style absurde, il avait été révélé au grand public dans le documentaire de Frédéric Sojcher, Cinéastes à tout prix (2004). Le film est projeté à Cannes, hors-compétition, et met ainsi à l'honneur son oeuvre.

Car Rousseau était un auteur marginal, un apôtre du surréalisme, un contestataire secret (il portait une cagoule), un autodidacte qui s'amusait avec le genre fantastique, l'horreur, l'histoire. Farouche combattant des puissants, cet insoumis avait acquis le surnom flatteur d'Ed Wood Wallon. "Le cinéma de l’Absurde, c’est un cinéma incompréhensible, surréaliste, un cinéma totalement hors norme. Nous vivons dans une époque de normalisation absolue. Il est bien évident qu’une fois que vous êtes dans l’absurde, on vous prend pour un dingue" expliquait-il.

Il avait débuté sa carrière comme exploitant de salles avant de passer derrière la caméra pour "fabriquer" des films avec des acteurs amateurs et des budgets ridiculement bas. "Le budget du film peut aller de 250 à 100 000 euros mais ça n’a jamais dépassé 100 000. Mais c’est déjà descendu en dessous de 250… J’ai surtout besoin d’argent pour pouvoir faire des films, pas pour moi. Il faut tout d’abord savoir que je suis bénévole dans mes films et que l’argent qui me vient maintenant provient de la Communauté Française, de mécènes, de gens qui aiment mon cinéma" explique-t-il sur son site.
"L’argent est nécessaire pour faire un film. Mais je dois dire que je suis totalement contre le fait que certains films français coûtent 10, 15, 20 millions d’euros. C’est énorme. On pourrait faire des films qui coûtent moins cher. L’acteur doit gagner moins" insiste l'artiste. Parmi ses mécènes, il y a Benoît Poelvoorde et Bouli Lanners.

Admirateur de Kubrick, fan de La Créature du Lac Noir, ce bricoleur d'images et résistant à l'industrialisation du cinéma n'a jamais pu sortir ses films autre part que dans son cinéma ou dans les festivals. Ironiquement, il est mort dans des circonstances dignes d'un mauvais polar. 40 ans après ses débuts, le clap de fin a sonné dès cet été. Une altercation entre deux hommes un soir de juillet, dans un café de Courcelles, Le Napoléon (ironique là aussi quand on sait que Rousseau a filmé la Bataille Waterloo dans son jardin). L'un des deux protagonistes monte dans sa voiture, énervé, fonce sur l'établissement et heurte trois personnes qui n'ont rien à voir dans l'affaire. Le jeune chauffard s'est livré à la police. Mais il a blessé légèrement une personne et très grièvement deux autres, dont Jean-Jacques Rousseau. Il sombre dans le coma. Ne s'en réveillera jamais, succombant à ses blessures près de 4 mois plus tard, un jour d'automne.

Sur la mort, il disait : "La mort est le résultat de la vie. Quand on naît, quand on voit le fœtus, l’embryon, le spermatozoïde, il est déjà condamné à mourir. Quand un spermatozoïde a été sélectionné parmi des centaines de milliers, celui-là mourra. Il mourra pourquoi ? Parce qu’il sera tout d’abord embryonnaire, il va y avoir une espèce de petit hippocampe qui va se développer dans le corps de la mère. Mais déjà là, le cœur commence à battre ; et déjà il va falloir lutter contre la mort. Et toute la vie est une lutte contre la mort : globules rouges contre globules blancs. Et la mort, ça veut dire que nous serons vaincus."

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site officiel du cinéaste

Arras 2014 : Michel Hazanavicius et Bérénice Béjo présentent The Search

Posté par MpM, le 12 novembre 2014

Hazanavicius et Bejo

Le réalisateur oscarisé Michel Hazanavicius (OSS 117, The artist) et l'actrice Bérénice Béjo (ici en compagnie de Nadia Paschetto, directrice du Festival et Eric Miot, délégué général) étaient de passage au Arras Film Festival ce mercredi pour présenter leur nouveau film, The Search, qui sortira en salles le 26 novembre prochain.

Le film, qui a été remonté et amputé d'un quart d'heure depuis sa présentation à Cannes en compétition officielle, s'inspire très librement du long métrage éponyme de Fred Zinnemann sorti en 1948 (Les anges marqués en français). Il aborde la seconde guerre en Tchétchénie à travers le destin de quatre personnages qui y sont directement confrontés : un soldat russe enrôlé de force, un jeune garçon tchétchène qui a perdu sa famille, sa sœur qui le cherche partout et une Française chargée de mission pour l'Union européenne.

Avant de rencontrer le public venu nombreux pour assister à la projection, le cinéaste nous a accordé un entretien dont voici un extrait :

"Ce qui m'a donné envie de faire ce film, c'est le rapport que j'ai pu avoir avec la Tchétchénie. J'ai ressenti à un moment le besoin de raconter cette histoire-là dont peu de gens ont parlé finalement. Le succès inattendu de The Artist a fait que je n'avais plus vraiment d'excuses pour ne pas le réaliser. Par rapport au film existant [The search de Fred Zinnemann], en fait, j'avais envie de parler de la Tchétchénie, mais je ne savais pas trop quoi faire, pour des questions de légitimité notamment. Jusque-là, j'ai fait du cinéma plutôt léger... Et puis je suis tombé sur ce film et j'ai trouvé que c'était une bonne approche. Et voilà, je m'en suis inspiré, et je me le suis réapproprié. Ce qui était important, c'était d'avoir une approche humaine. On ne peut pas faire l'économie de la violence quand on parle d'une guerre, notamment de celle-là, il fallait donc que j'aille voir aussi du côté des soldats russes, des bourreaux, des victimes, des observateurs étrangers. C'était aussi une manière de rester un peu à distance, de ne pas être dans une empathie hyper mélodramatique par rapport aux personnages. "

Photo : Marie-Pauline Mollaret

Mary, Queen of Scots : la face intime de l’Histoire

Posté par MpM, le 12 novembre 2014

Synopsis: La reine d'Ecosse Marie Stuart passe sa jeunesse en France. Elle est promise à la couronne de France, mais peu après son mariage, la maladie emporte son mari. La jeune veuve rentre seule dans une Ecosse dévastée par la guerre. Au même moment, Elisabeth est sacrée reine d'Angleterre. Pour Marie, elle est comme une soeur jumelle à qui elle peut se confier librement. Après s'être remariée, Marie donne naissance à un héritier du trône. Mais son nouveau mari, Lord Darnley, s'avère être un faible. Lorsque Marie rencontre l'amour de sa vie, le comte de Bothwell, elle fait assassiner Darnley et épouse Bothwell. Horrifiés par ce geste et par la passion aveugle qui l'a motivé, l'aristocratie et le peuple d'Ecosse se retournent contre elle. Pour éviter une bataille sanglante, Marie doit renoncer à son Bothwell bien-aimé. Désespérée, elle demande l'aide d'Elisabeth, mais celle-ci la fait jeter en prison. Après dix-neuf années passées dans une cage dorée, Elisabeth lui apporte la « délivrance » par le biais de l'échafaud.

Notre avis: L'histoire de Mary Stuart, Reine d'Ecosse, fut semée d'embûches. Libre à une époque où cela n'était possible ni à une femme, ni à une souveraine, elle paya de sa vie son désir d'aimer et de vivre à sa guise tout autant que ses choix politiques.

Avec Mary, Queen of Scots, adapté d'un roman de Stefan Zweig, le réalisateur suisse Thomas Imbach s'attaque à une page compliquée de l'histoire de France et surtout d'Angleterre. Mais plutôt que de noyer le spectateur sous les mentions historiques, il transforme le destin tragique de cette Reine malchanceuse en un portrait intime et minimaliste. Avec très peu d'explications, et encore moins de moyens, il expose ainsi les différentes facettes d'une personnalité complexe et contrariée, prise dans le feu contradictoire d'intérêts suprêmes la dépassant.

Une fois habitué au rythme elliptique et aux enjeux opaques du récit, on se laisse prendre à ses ruptures de ton, à ses scènes surréalistes, à ses paysages désolés et à ses émotions extrêmes. Il faut ainsi se laisser porter par l'ambiance qui se dégage de cette œuvre exigeante, moins pédagogique qu'intime, à l'intensité proportionnelle à l'épure.

La mise en scène, superbement mise en valeur par les lumières et les cadres, occupe peu à peu tout l'écran, ce qui est peut-être la limite du film, souvent incapable de reconnecter le spectateur avec l'intrigue. Chaque séquence est comme une fresque qui vaudrait par elle-même, mais qui, juxtaposée aux autres, finit par tourner à vide. On est pourtant envoûté, presque malgré soi, et on sort de la salle sans être réellement capables de réciter la généalogie des Stuart et des Tudor, mais persuadés d'avoir croisé la route d'un grand cinéaste.