Festroia 2013 : The Broken Circle Breakdown (Alabama Monroe) met tout le monde d’accord

Posté par MpM, le 19 juin 2013

alabama monroeTriplé gagnant pour The broken circle breakdown de Felix van Groeningen, qui sortira en France le 28 août prochain sous le titre Alabama Monroe. Cette émouvante histoire d'amour et de deuil rythmée par la musique Bluegrass country a en effet séduit trois jurys lors du 29e festival Festroia et repart avec le Dauphin d'or du meilleur film, le prix Signis et le prix Fipresci.

Ces récompenses font suite aux deux récoltées à Berlin (Label Europa Cinéma du meilleur film européen et Prix du Public) alors que le film était sélectionné dans la section Panorama.

Trois autres films en compétition à Festroia ont réussi le doublé : Baby Blues de Kasia Roslaniec (ours de cristal du meilleur film dans la section  Generation à Berlin en 2013) qui a reçu le prix CICAE et la mention spéciale du jury Signis ; La passion de Michelangelo d'Esteban Larrain qui cumule prix spécial du jury et meilleur scénario ; Circles de Srdan Golubovic qui remporte le prix du meilleur réalisateur et celui de la meilleure photographie.

Si le choix est logique dans le premier cas (Baby blues est une œuvre non conventionnelle et bourrée d'énergie qui se distingue par son style et son ton décalé), il l'est moins pour La passion de Michelangelo, film poussif et à la fin complétement ratée, et surtout pour Circles, énième variation sur le thème de la guerre en ex-Yougoslavie, avec des personnages caricaturaux, un scénario formaté et une mise en scène académique.

Halima’s Path d'Arsen Anton Ostojic et Road North de Mika Kaurismäki, qui ne pouvaient guère prétendre à un grand prix, récoltent quant à eux des prix d'interprétation plus justifiés : Alma Prica et Olga Pakalovic incarnent à la perfection des femmes touchées par l'horreur de la guerre tandis que Vesa-Matti Loiri compose un personnage de père envahissant et directif à la fois attachant et drôle.

A noter que le cinéma belge est le grand vainqueur du festival, toutes sections confondues, avec pas moins de six prix sur les quinze distribués.

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Le palmarès complet

Dauphin d'or du meilleur film
The broken circle breakdown de Felix van Groeningen

Prix spécial du jury
La passion de Michelangelo d'Esteban Larrain

Meilleur réalisateur
Srdan Golubovic pour Circles

Meilleure actrice
Alma Prica et Olga Pakalovic pour Halima’s Path d'Arsen Anton Ostojic

Meilleur acteur
Vesa-Matti Loiri pour Road North de Mika Kaurismäki

Meilleur scénario
Esteban Larrain pour La passion de Michelangelo

Meilleure photographie
Alexsander Ilic pour Circles

Meilleur premier film
Offline de Peter Monsaert

Prix dans la section L'homme et son environnement
The Journey de Nadim Güç

Mention spéciale dans la section L'homme et son environnement
Kinshasa Kids de Marc-Henri Wajnberg

Prix CICAE
Baby Blues de Kasia Roslaniec

Prix SIGNIS
The Broken Circle Breakdown de Felix van Groeningen

Mention spéciale SIGNIS
Baby Blues de Kasia Roslaniec

Prix Mário Ventura du meilleur court métrage
Dura Lex d'Anke Blondé

Prix du public
Brasserie Romantique de Joël Vabhoebrouck

Les sorties cinéma du 19 juin 2013

Posté par vincy, le 19 juin 2013

fanny ardant les beaux jours affiche- Les Beaux jours *** de Marion Vernoux (France, 1H34) avec Fanny Ardant, Laurent Lafitte, Patrick Chesnais. Festival de Cabourg 2013.

- Bambi *** de Sébastien Lifshitz (France, 58 minutes, documentaire). Teddy Award du meilleur documentaire au Festival de Berlin 2013.

- A Very Englishman *** de Michael Winterbottom (Grande-Bretagne, 1H41, Interdit aux moins de 12 ans) avec Steve Coogan, Anna Friel, Imogen Poots. Festival de Berlin 2013.

- People Mountain People Sea *** de Shangjun Cai (Chine/Hong-Kong, 1H31) avec Jian Bin Chen, Xiubo Wu. Lion d'argent de la mise en scène à Venise 2011.

- Man of Steel ** de Zack Snyder (USA/Canada/Grande-Bretagne, 2H20) avec Henry Cavill, Amy Adams, Michael Shannon.

- Room 237 ** de Rodney Ascher (USA, 1H42, documentaire) avec Jay Weidner, Buffy Visick, Scatman Crothers.

- Joséphine ** d'Agnès Obadia (France, 1H28) avec Marilou Berry, Mehdi Nebbou, Berengère Krief.

- Belle du seigneur * de Glenio Bonder (France/Belgique/Luxembourg, 1H34) avec Jonathan Rhys Meyers, Natalia Vodianova, Marianne Faithfull. Premier film inspiré du roman d'Albert Cohen.

Ressortie :
- Les Parapluies de Cherbourg ***** de Jacques Demy (France, 1H31, version restaurée et numérisée, son Dolby, Palme d'or 1964) avec Catherine Deneuve, Nino Castelnuovo, Anne Vernon.

Et aussi :

- Né quelque part de Mohamed Hamidi (France, 1H27) avec Jamel Debbouze, Tewfik Jallab, Malik Bentalha - Farid, 26 ans, étudiant en droit, doit se rendre en Algérie pour sauver la maison de son père. Il va découvrir ce pays qu'il ne connaît pas et rencontrer des personnages hauts en couleur, parmi lesquels son cousin un peu magouilleur qui porte le même nom que lui et rêve de venir en France. Mais Farid va se faire voler ses papiers par son cousin et se retrouve bloqué en Algérie, où il apprend à connaître l'histoire de sa famille.

- Struck de Brian Dannelly (USA, 1H20) avec Chris Colfer, Rebel Wilson, Allison Janney plus - Carson, lycéen geek, malin et sarcastique, rêve de devenir un talentueux journaliste. La conseillère pédagogique de son lycée lui suggère de créer un club littéraire pour sortir du lot. Mais comment motiver des lycéens plus intéressés par le foot, la drague, les bimbos et la fête ? Sa seule amie, Malerie, lui propose une méthode imbattable pour convertir les irréductibles à la littérature.

- The Bay de Barry Levinson (USA, 1H28, film d'épouvante interdit aux moins de douze ans) avec Kristen Connolly, Christopher Denham, Nansi Aluka - Dans la baie du Maryland, une bactérie non identifiée contamine le lac et ceux qui s'en approchent.

- My Movie Project de Steven Brill, Peter Farrelly et Steve Carr (USA, 1H30, film interdit aux moins de douze ans) - Un célèbre acteur d'Hollywood approche un grand studio de cinéma avec une idée de scénario qui, selon lui, a le potentiel de devenir le film le plus rentable au monde.

- Eat Sleep Die de Gabriela Pichler (Suède, 1H44) avec Nermina Lukac, Milan Dragisi, Jonathan Lampinen - Rasa, une jeune immigrante d'Europe de l'Est devenue ouvrière en Suède, se retrouve licenciée malgré son dévouement et sa rigueur. Elle doit alors faire face à un système qui ne lui convient pas, celui du chômage.

- 5 Danses de Alan Brown (USA, 1H23) avec Ryan Steele, Reed Luplau, Catherine Miller - Chip est danseur et n'a qu'un seul but dans la vie : réussir à vivre de sa passion. Fraîchement débarqué à New York, il intègre une troupe de danse moderne à Soho et est vite confronté aux rites de passage d'un danseur à New York rythmés par la discipline, le travail acharné, la camaraderie, la compétitivité, la peur de ne pas être à la hauteur et la satisfaction personnelle. Durant sa dure initiation, il va trouver réconfort auprès de Théo, un autre danseur.

- Offline de Peter Monsaert (Belgique, 1H55) avec Wim Willaert, Anemone Valcke, Patricia Goemaere - Après une longue peine de prison, Rudy a en vue un objectif bien précis : retrouver du travail et, plus important, se rapprocher de la famille qu'il a laissée derrière lui. Malgré le soutien de Denise, une coiffeuse à la retraite, et de son ami Rachid, aucun de ces projets ne rencontre un franc succès. Juste au moment où des retrouvailles semblent tout de même se profiler à l'horizon, le passé reprend le dessus.

- Mammas de Isabella Rossellini (France, documentaire) avec Isabella Rossellini - A travers des portraits ludiques de plusieurs espèces, Isabella Rossellini aborde les idées reçues sur la maternité en général.

Room 237 : un hommage gonflé à The Shining

Posté par geoffroy, le 18 juin 2013

room 237 the shiningL'histoire : En 1980, Stanley Kubrick signe Shining, qui deviendra un classique du cinéma d'horreur. A la fois admiré et vilipendé, le film est considéré comme une oeuvre marquante du genre par de nombreux experts, tandis que d'autres estiment qu'il est le résultat du travail bâclé d'un cinéaste de légende se fourvoyant totalement. Entre ces deux extrêmes, on trouve cependant les théories du complot de fans acharnés du film, convaincus d'avoir décrypté les messages secrets de Shining.
Room 237 mêle les faits et la fiction à travers les interviews des fans et des experts qui adhèrent à ce type de théories, et propose sa relecture du film grâce à un montage très personnel. Room 237 ne parle pas seulement de fans d'un film mythique – il évoque les intentions de départ du réalisateur, l'analyse et la critique du film.

Notre avis : Le principe inhérent à Room 237 est remarquable mais dangereux. Unique, même, dans le monde balisé du documentaire. Car il ne s’agit pas pour Rodney Ascher, réalisateur du film, de décortiquer les raisons qui font de Shining un film culte, référence du genre (épouvante), souvent copié, presque jamais égalé. Tout part d’une trituration excessive, mais amoureuse, pour le film et son univers, ses multiples interprétations et réinterprétations, entre réalité et fantasme. Le tout au détour d’angles d’analyse variés, souvent farfelus, un brin exagérés, parfois saisissants. La forme, osée, restructure l’œuvre de Kubrick dans une suite de superposition d’images issues du film, d’autres films du cinéaste américain ou encore de quelques films étrangers à l’univers du réalisateur.

Rodney Ascher, qu’il ait raison ou pas, enchaîne dans un flot continu parfois harassant, les hypothèses sur le/les sens à donner au film quitte à le désacraliser. Mais rien, jamais, n’est tranché. Tout juste suggéré sous la forme d’une analyse proche de l’hypotético-déduction. Chaque intervenant, au nombre de cinq – et que l’on ne verra jamais –, avance une hypothèse afin d’expliquer, non pas le film lui-même, mais la démarche intellectuelle de Kubrick qui n'aurait pas hésiter à truffer son film de références autour du génocide des Indiens, de la Shoah ou encore de la mission Apollo 11… Tout y passe, et plus encore, sans hiérarchisation précise faisant de Room 237 un documentaire patchwork aussi gonflé que ridicule, aussi visionnaire que surfait, aussi dérangeant que longuet.

S’il est vrai qu’il existera toujours des thèmes sous-jacents aux grandes œuvres cinématographiques, échappant ainsi au contrôle des cinéastes eux-mêmes, les avis de nos commentateurs, que l’on soit d’accord ou pas sur ce qu’ils développent, ne traitent que d’une seule chose : la puissance implicite de l’image dans ce qu’elle révèle en dehors de ce qu’elle tend à montrer initialement. Sauf qu'ici on y "plaque" ses fantasmes et autres lubies pour peu que cela tienne.

Les différentes approches abordées, parfois de façon hasardeuse comme ces problèmes de raccords se transformant en actes conscients ou messages subliminaux, sont égales dans leur démonstration. Ce qui discrédite la démarche visant à rendre un hommage au génie visuel qu’était Kubrick dans sa véritable complexité. Si rien n’est vraiment étayé à la manière d’un journaliste d’investigation recoupant ses sources, l’exemple par l’image s’affiche devant nous au cours d’un montage original, immersif mais aussi assez répétitif, véritable soutien aux propos tenus. La hardiesse du cinéaste est notable, jamais tape à l’œil, toujours concentré sur le leitmotiv de départ et qui consiste à laisser parler quelques « spécialistes » sur les intentions d’un cinéaste trop talentueux pour s’arrêter au livre de Stephen King.

Accéléré, ralenti, superposition… Tout est réuni pour nous faire découvrir les supposés desseins d’un film qui n’en a pas besoin puisqu’il aura su redéfinir, sous la forme d’un diamant brut, l’essence même du fantastique moderne. Là réside sans doute l’inutilité d’une démarche que l'on considèrera honnête, n’hésitant pas à s’aventurer au-delà du cadre purement informatif qu’impose, normalement, le format du documentaire.

Si, en fin de compte, Room 237 n’apporte pas grand-chose à Shining, il donne indiscutablement envie de le revoir. Et d’y découvrir, on ne sait jamais, un degré d’interprétation encore insoupçonné.

Exception culturelle : réactions en chaîne après la sortie de piste de la Commission européenne

Posté par vincy, le 18 juin 2013

josé manuel barroso Vendredi, après de longues discussions, la Culture, y compris le secteur audiovisuel, est sortie du mandat donné à la Commission européenne pour négocier un Traité de libre-échange avec les USA. Toujours critiquée par les défenseurs du libéralisme (au nom d'une lutte contre un soi-disant déclin), l'exception culturelle est sauvée.

La France était prête à imposer son véto si l'Europe incluait ces secteurs dans les négociations. La ministre de la culture et de la communication Aurélie Filippetti était parvenue à rallier 14 pays à la cause. Le parlement européen avait voté l'exclusion de la culture du mandat. Des cinéastes européens avaient signé une pétition pour soutenir la France dans son combat.

Réactionnaires

Cela n'a pas plu à José Manuel Barroso, président de la Commission européenne. A un an de la fin de son mandat, alors qu'il vise un poste prestigieux international - on parle de l'ONU - qui nécessite l'appui des Américains, Barroso mise gros. Sa réaction ne fut pas très diplomatique : "Cela fait partie d'un agenda antimondialisation que je considère comme complètement réactionnaire", a dit José Manuel Barroso dans une interview publiée lundi par l'International Herald Tribune. "Certains se disent de gauche mais en réalité, ils sont extrêmement réactionnaires" a-t-il ajouté.

Dès le week-end le torchon avait brûlé avec les propos incendiaires  du commissaire européen en charge de la négociation, le très libéral Karel De Gucht. Le commissaire au Commerce a affirmé qu'il discutera du secteur audiovisuel (y compris Internet) avec les Etats-Unis malgré le mandat donné à la Commission par les ministres européens. Pour lui, le compromis voté par les Etats membres n'est que "provisoire". Une sortie de piste peu appréciée (et illégitime).

Chiffon rouge

Or, dans les faits, s'il devait discuter du secteur audiovisuel avec les USA, il devrait demander de nouveau l'autorisation aux Etats membres, et la proposition ne pourrait être votée qu'à l'unanimité. Le Président de la république François Hollande a immédiatement répliqué : "L'exception culturelle est un principe qui a toujours été évoqué et à chaque fois écarté des négociations commerciales" conduites par l'Union européenne ces dernières décennies. Or, tant que la France reste ferme sur ses positions, il n'a aucune chance de pouvoir le faire. Et pour l'instant, les Américains ne demandent pas que la culture et l'audiovisuel soient inclus dans ce futur hypothétique Traité. Au dernier Festival de Cannes, des producteurs comme Harvey Weinstein et des cinéastes comme Steven Spielberg ont clairement défendu l'exception culturelle (autrement dit la préservation des éco-systèmes financiers pour défendre la diversité culturelle). Alors, beaucoup de bruit pour rien?

Cependant, l'état d'esprit de la Commission en dit long : les Etats l'empêchent de réaliser son grand projet de libéralisation totale du marché. Qu'on soit pour ou contre,  elle méprise toute contestation, prête à jouer les marchands de tapis (la Commission rêve d'ouvrir le secteur audiovisuel en échange de l'ouverture du secteur des télécoms aux USA). Mais le mal est fait, et a obligé le porte-parole de Barroso, Olivier Bailly, de rassurer les responsables français. Selon lui, le terme "réactionnaire" ne visait pas la France. "Le président Barroso a toujours affirmé son attachement à l'exception culturelle". Il ajoute qu'"il n'y a aucune divergence sur le fond entre la Commission et le gouvernement français sur ce point".

Barroso, dangereux et cynique?

Car, dans ce jeu politique assez logique, les réactions n'ont pas tardé. Entre consternation et incompréhension, indignation et colère, politiques, artistes et sociétés d'auteurs ont taclé la Commission européenne, coupable à leurs yeux de déni démocratique (et institutionnel).

Si l'on en croit Bailly, Barroso a réagit aux attaques des artistes : "M. Barroso est un homme dangereux pour la culture européenne" avait dit Costa-Gavras. Et la lettre des cinéastes européens (Almodovar, Oliveira, Frears...) l'accusait d'être "un homme cynique, malhonnête, méprisant qui nuit aux intérêts européens".

A cela s'ajoute la pétition lancée par Bérénice Bejo, Lucas Belvaux, Luc et Jean-Pierre Dardenne, Jacques Fansten, Costa Gavras, Michel Hazanavicius, Laurent Heynemann, Pierre Jolivet, Daniele Luchetti, Radu Mihaileanu et Bertrand Tavernier, qui n'attaque personne mais vise clairement la vision de la Commission : "Notre combat n'est pas une revendication corporative, c'est l'affirmation que ce qui est l?âme des peuples ne peut pas se monnayer dans des négociations commerciale. Chaque peuple doit pouvoir soutenir et protéger sa culture : nous l'avions affirmé, c'est "un facteur d'échange et de compréhension mutuelle", c'est encore plus vital en des temps de crise. Le droit à la diversité culturelle est un droit de l'homme." Les auteurs de cette pétition se défendent d'être conservateurs : "Au contraire, nous voulons considérer que c'est un nouveau départ pour construire ensemble l'avenir, et notamment élaborer une économie durable et équitable de la Culture, à laquelle devront aussi contribuer nécessairement les géants numériques, aujourd'hui exemptés de toute responsabilité vis à vis de ce qui fait leur fortune."

Position moderne, combat d'avenir

La ministre Aurélie Filippetti y a vu "une attaque en règle contre tous ceux qui ont suivi la position française", soit "les artistes, les créateurs, et puis évidemment les peuples" en évoquant le Parlement européen. "Certains nous ont traité de réactionnaires. Ceux qui ont traité la France de réactionnaire devraient se souvenir que la France n'était pas seule dans ce combat", a-t-elle ajouté. Le Commissaire européen français Michel Barnier, malgré les contradictions de son communiqué, ménageant la chèvre et le chou a abondé en ce sens : "Quand on défend la diversité culturelle, on n'est pas réactionnaire, on est dans un combat d'avenir".

Filippetti a insisté lors de sa conférence de presse de dernière minute, hier : "Notre position, elle n'est pas défensive, elle n'est pas conservatrice et encore moins réactionnaire, c'est une position résolument moderne parce que sans exception culturelle, nous ne pourrons pas remplir le défi qui s'ouvre à nous, à savoir la transition de nos outils de régulation du secteur économique de la culture à l'ère du numérique".

Dans un an, tout sera oublié?

De son côté Eric Garandeau, président du CNC, a déploré la sortie de route de la Commission : "Si être réactionnaire, c'est de réagir à des idéologies douteuses qui ont fait tant de dégâts en Europe et dans le monde, réagir est un devoir et on veut bien être réactionnaires".

La ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq, qui est responsable du dossier en France, a relativisé tout cela : "Si jamais on y revenait (sur l'exception culturelle), parce que les Américains nous le demandaient, ce qu'ils n'ont pas fait officiellement aujourd'hui, il faudrait revenir vers les Etats pour modifier le projet de mandat et ce serait la même règle c'est-à-dire l'unanimité, et la France dira encore une fois non".

Elle rappelle que ce Traité ne se signera pas dans dans ans. "Avec le Canada ça fait cinq ans que l'on négocie et nous n'avons toujours pas trouvé l'accord". Et elle renvoie le Commissaire dans le fossé : "Nous savons que nous avons beaucoup de sujets à régler mais en tout cas nous n'avons pas à discuter de l'exception culturelle, elle est sortie du mandat".

Et une chose est sûre, Barroso ne devrait pas être reconduit l'an prochain. Il est fort probable que les élections européennes prévues en 2014 renforce même le poids des "conservateurs" et des "réactionnaires" à la politique menée par cette Commission, de plus en plus critiquée et même défiée par les peuples éuropéens.

Cabourg craque pour Catherine Deneuve, Grand Central et les Reines du Ring

Posté par kristofy, le 17 juin 2013

tahar rahim lea seydoux grand central

Le 27ème Festival du Film de Cabourg avait programmé plus d’une quarantaine de films (longs-métrages et courts-métrages confondus) d’horizons très divers.

Le premier constat est que les producteurs français viennent de plus en plus chercher par la main le public des seniors, celui qui fait le triomphe de films comme Intouchables et Paulette. Il y a les personnages qui sont dans leur soixantaine, à la retraite, et qui retrouvent les frissons de l’aventure sentimentale comme Fanny Ardant dans Les beaux jours de Marion Vernoux, François Berléand et Patrick Chesnais dans 12 ans d’âge de Frédéric Proust ou encore celui de Catherine Deneuve pour Elle s’en va de Emmanuelle Bercot ; et les personnages dans leur quarantaine en crise sentimentale tirant déjà un bilan du passé comme Noémie Lvovsky dans Chez nous c’est trois de Claude Duty ou Philippe Torreton dans La pièce manquante de Nicolas Birkenstock.

Le deuxième constat va presque à l’opposé de cette tendance. Tout d’abord le Prix du Public, qui a plébiscité une comédie, a distingué Les reines du ring ; les comédies n’étaient pas si nombreuses. Ensuite le Jury Jeunesse composé de lycéens s’est montré plus pointu que le grand jury, puisqu'ils ont préféré My sweet pepper land de Hiner Saleem tourné au Kurdistan avec l’actrice iranienne Golshifteh Farahani, sélectionné à Un certain regard. Le jury a été séduit par un autre film de la section cannoise, le français Grand Central.

Enfin Cabourg a très judicieusement sélectionné deux films flamands, Brasserie Romantique de Joël Vanhoebrouck et Alabama Monroe de Félix Van Groeningen qui a été particulièrement apprécié en sélection ‘amour de la musique’. Trop peu de films flamands sortent en salles en France, le plus récent étant Bullhead avec Matthias Schoenaerts. Des films de nos voisins belges comme Hotel swooni, Little black spiders, Weekend aan zee, Lena ne circulent malheureusement pas chez nous (mais Offline sera en salles le 19 juin).

Voici le palmarès des Swann d'Or du Festival du Film de Cabourg 2013 :

- Grand Prix du Festival de Cabourg 2012: Grand Central de Rebecca Zlotowski
- Prix de la Jeunesse: My sweet pepper land de Hiner Saleem
- Prix du public: Les reines du ring de Jean-Marc Rudnicki
- Swann d’Or du meilleur réalisateur: Jérôme Bonnell pour Le temps de l’aventure
- Swann d’Or de la meilleure actrice: Emmanuelle Devos dans Le temps de l’aventure de Jérôme Bonnell
- Swann d’Or du meilleur acteur: Pierre Niney dans 20 ans d’écart de David Moreau (l’année dernière Pierre Niney avait reçu le Swann d’Or de la Révélation masculine pour J’aime regarder les filles de Frédéric Louf)
- Swann d’Or de la Révélation féminine : Lola Créton dans Après mai de Olivier Assayas
- Swann d’Or de la Révélation masculine : Félix Moati dans Télé Gaucho de Michel Leclerc
- Swann d’Or Coup de cœur : Catherine Deneuve pour Elle s’en va de Emmanuelle Bercot
-Meilleur court-métrage : On the beach de Marie-Elsa Sgualdo
-Meilleure actrice court-métrage : Joanne Nussbaum pour On the beach de Marie-Elsa Sgualdo
-Meilleur acteur court-métrage : Olivier Duval pour L’amour bègue de Jan Czarlewski

Par ailleurs les Prix Premiers Rendez-Vous qui récompense les débuts à l’écran d’une actrice et d’un acteur dans un  premier grand rôle ont été donné à François Civil dans Macadam Baby de Patrick Bossard et à Victoire Bélézy dans Fanny réalisé par Daniel Auteuil qui sera sur les écrans le 10 juillet.

Durant la cérémonie de clôture c’est une standing ovation qui a accueilli Catherine Deneuve. Sur le tapis rouge les habitants de Cabourg ont pu avoir des autographes de personnalités comme Marilou Berry, Benoït Magimel, Astrid Bergès-Frisbey, Patrick Chesnais, Elodie Bouchez, Xavier Beauvois, Kristin Scott-Thomas, Marie de Villepin, Natalia Vodianova ou Jonathan Rhys-Meyers…

Annecy consacre l’animation brésilienne

Posté par vincy, le 16 juin 2013

uma historia de amor e furiaC'est une première : le 37e Festival du film d'animation d'Annecy a couronné avec un prix Cristal un film brésilien, Uma Historia de Amor et Furia (Une histoire d'amour et de fureur), de Luiz Bolognesi. C'était la première fois qu'un film brésilien était en compétition à Annecy. Il s'agit aussi du premier long métrage de fiction de Bolognesi.

Le film suit l'histoire du Brésil durant quatre grandes périodes sur 600 ans (jusqu'en 2096). C'est aussi le récit d'un homme, apparemment immortel, qui tente de retrouver un amour perdu. Le film est sorti en avril au Brésil et n'y a pas rencontré un grand succès (à peine 130 000$ au box office).

Les autres prix ont récompensé des oeuvres des 4 coins du Commonwealth : le canadien Chris Landreth pour Jeu de l'inconscient (Cristal du court métrage), la production britannique En route ! dit la sorcière de Jean Lachaeur et Max Lang (Cristal du meilleur film pour la télévision) et l'australien Julian Frost pour Dumb Ways to Die (Cristal du meilleur film de commande).

Par ailleurs, une mention spéciale a également été décernée à Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill et un prix spécial du jury est allé au court-métrage russe Obida.

De son coté le public a récompensé le long métrage espagnol O Apostolo (L'Apôtre) (de Fernando Cortizo Rodriguez), déjà nommé aux derniers prix Goyas, et le court métrage français Lettres de femmes.

Un Macbeth avec Michael Fassbender et Natalie Portman

Posté par vincy, le 16 juin 2013

Michael Fassbender et Natalie Portman vont être réunis dans une nouvelle version de Macbeth, la pièce de William Shakespeare. Le film sera réalisé par Justin Kurzel (Les crimes de Snowtown, mention spéciale à la Semaine de la critique en 2011, meilleur film australien en 2012) qui prépare actuellement Our Kind of Traitor, d'après le roman de John Le Carré.

Le tournage ne débutera qu'en 2014. Les plannings des uns et des autres étant surchargés d'ici là.

Macbeth est une tragédie en cinq actes écrite en 1606. Elle a inspiré de nombreux films : celui d'Orson Welles en 1948 est le plus célèbre, mais Akira Kurosawa (Le Château de l'araignée), Roman Polanski, Béla Tarr ont réalisé leur propre version. La dernière, transposée de nos jours, remonte à 2006, signée de Geoffrey Wright, avec Sam Worthington dans le rôle principal.

Quadrophenia, en version restaurée, enfin classée tous publics

Posté par vincy, le 15 juin 2013

quadropheniaQuadrophenia est projeté ce soir au Festival du film romantique de Cabourg. Ce film, qui date de 1979, est présenté dans la sélection "Par amour de la musique". Cameron Crowe l'a souvent cité comme son film favori.

A l'époque, le film de Franc Roddam avait été interdit aux moins de 16 ans. Restauré en version numérique - il ressort dans une cinquantaine de salles le 26 juin - il a été reclassé "tous publics". Autres temps, autres moeurs.

Quadrophenia est l'adaptation de l'album éponyme du groupe The Who. Dans le swinging London des années 60, on suit les péripéties de Jimmy : il déteste sa vie, ses parents et son job sans avenir. Un avant goût de Trainspotting. Après un échec amoureux, il va s'enfoncer dans l'autodestruction. Ses virées dans Londres à scooter avec ses amis "Mods" en écoutant les « Who » sont la seule solution pour échapper à son morne quotidien. Sous l'influence de la drogue, il se rend à Brighton pour participer aux combats entre Mods et rockers, éternels ennemis. La fin diffère un peu de l'album en étant un brin plus optimiste.

Le film réunit Phils Daniels, Leslie Ash, Philip Davis, Mark Wingett, le jeune Sting et la chanteuse Toyah Willcox. On y aperçoit aussi Timothy Spall dans son premier rôle.

Pour les fans des Who, sachez enfin que le groupe passe à Paris Bercy le 3 juillet (unique date en France) avec leur tournée Quadrophenia Tour.

Le Jour le plus court sera aussi québécois (et canadien) le 21 décembre 2013

Posté par vincy, le 14 juin 2013

Le jour le plus Court fêtera sa troisième édition le 21 décembre prochain. Chaque année, l'édition initiée par le CNC s'internationalise un peu plus. avec douze pays participants en décembre 2012. En 2013, il faudra ajouter le Québec et même le Canada dans son ensemble.

La SODEC, l'ONF, Téléfilm Canada vont s'associer pour l'occasion.

"Des programmes variés de courts métrages réalisés par des cinéastes du Québec, du Canada et de France seront offerts pour une diffusion gratuite à l'échelle du pays" explique le communiqué.

Déjà, cinq salles de projection québécoises ont accepté de participer à l'aventure : Ciné-Centre de Baie-Comeau, Ciné-Centre de Sept-Îles, Cinéma Paramount Rouyn-Noranda, La Maison du cinéma de Sherbrooke et le Cinéma Le Tapis rouge de Trois-Rivières.

Cultiver la singularité du cinéma espagnol avec la 6e édition du festival Différent !

Posté par MpM, le 13 juin 2013

Différent 6Voilà déjà la sixième année que "l'autre cinéma espagnol" investit les écrans parisiens le temps d'un festival coloré, singulier et convivial qui met en valeur la créativité et l'originalité de la péninsule ibérique.

Cette année, les festivaliers se régaleront dès l'ouverture avec le Grand Prix du Festival de Cinéma espagnol de Nantes, Una pistola en cada mano de Cesc Gay, qui réunit un casting de rêve, d'Eduardo Noriega à Ricardo Darin, en passant par Javier Cámara et Luis Tosar.

Le reste de la semaine sera du même acabit, avec le grand retour de Maribel Verdu dans 15 años y un día de Gracia Querejeta (Grand Prix du Festival de Malaga 2013) dans laquelle elle est la mère d'un jeune adolescent qui lui en fait voir de toutes les couleurs ; Carta a Eva, le nouveau film d'Agustí Villaronga (dont Pa negro avait connu un succès retentissant) présenté en présence de ses deux interprètes principales, Ana Torrent et Carmen Maura ou encore un hommage rendu au grand documentariste José María Berzosa (Pinochet y sus tres generales).

La fantaisie et la singularité seront également au rendez-vous à travers des oeuvres atypiques et originales. Les spectateurs auront notamment la chance de découvrir Con la pata quebrada (Retourne à tes fourneaux) de Diego Galán, un film de montage sur la femme vue par le cinéma espagnol, composé de plus de 180 extraits de films et sélectionné au Festival de Cannes 2013.

En tout, une vingtaine de films, tous formats confondus, seront ainsi présentés entre le 14 et le 21 juin et, histoire de ne pas rompre avec les bonnes habitudes, un grand concert avec de nombreux invités-surprise clôturera la manifestation le soir de la fête de la musique.

A noter que pour la première fois, un prix sera décerné non à un film en compétition, mais à l'un des spectateurs présents durant le festival ! En effet, Espagnolas en París (qui organise l'événement) s'est associé à la compagnie aérienne Vueling pour offrir un voyage à Barcelone pour deux personnes (comprenant les vols et deux nuits d'hôtel) à un heureux festivalier tiré au sort. Une manière élégante de récompenser la fidélité du public de Différent !, souvent fourni et chaleureux, et qui fait depuis cinq ans le succès de la manifestation.

Générosité, bonne humeur et qualité cinématographique, trois bonnes raisons supplémentaires d'aller à la rencontre du cinéma espagnol et de sa différence...

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6e Festival Différent !
Du 14 au 21 juin 2013
Programme et renseignements sur le site de la manifestation