Bellocchio censuré par Berlusconi ?

Posté par vincy, le 18 janvier 2011

La censure a de multiples visages. En Italie, elle peut être effectuée par de simples pressions financières ou politiques. Silvio Berlusconi n'en rate pas une : rachat d'un des derniers cinémas romains d'art et essai, pour en faire un magasin Benetton, baisse des crédits d'impôts pour la production cinématographique, retrait des livres des écrivains soutenant l'ancien activiste Cesare Battisti dans les bibliothèques vénitiennes...

Et on apprend dans le Corriere della Sera du 11 janvier que Marco Bellocchio a du abandonner son prochain film, faute de financement. L'article est intitulé ainsi :  "??Nessuno vuole produrre il mio film sull' Italia di oggi" (personne ne veut produire mon film sur l'Italie d'aujourd'hui). Bellocchio ce n'est pas rien : trois prix à Berlin, six sélections à Cannes, prix de la critique aux European Film Awards, un Donatello du meilleur réalisateur, deux prix à Locarno, six au Festival de Venise...

Italia Mia etait un projet qu'il devait enchaîner après son nouveau film, Lacrime (anciennement La Monaca di Bobbio), qui pourrait être à Cannes ou à Venise cette année. Il s'agissait d'une satire politique inspirée par les années Berlusconi. L'histoire suit une jeune fille mêlée à un certains nombre d'affaires publiques et médiatisées et s'achève dans une villa luxueuse et insulaire où des événements choquants ont laissé leur trace. Cela rappelle en effet l'actualité récente de Berlusconi.

Bellocchio s'est toujours intéressé à l'histoire de son pays, de Mussolini (Vincere) aux années de plomb (Buongiorno, Notte) en passant par le Vatican (Le sourire de ma mère).

Mais comment financer un tel film quand le Président du conseil des ministres italien est malmené dans les sondages, par son camp politique, et par la justice? Il risque en effet une mise en examen pour l'affaire Ruby en étant soupçonné d'incitation à la prostitution de mineure et abus de fonction. Son groupe Mediaset possède trois chaînes de télévision majeures, Medusa Cinema, Medusa Film, Cinecitta Digital Factroy, Ares Film, et les multiplexes The Space Cinemas... Sans oublier que les chaînes de télévision publiques sont assujetties à son pouvoir. Autant dire qu'il contrôle toute la chaîne.

Italia Mia a été refusé par une dizaine d'investisseurs, malgré son budget modeste (moins de 7 millions d'euros, soit un devis inférieur à celui de Vincere). Bellocchio n'avait jamais connu pareille situation. Il pourrait en faire un film, tant les dysfonctionnements de son pays l'inspirent.
"Bien sûr je ne voulais pas mettre en scène une comédie. Je voulais parler de l’Italie d’aujourd’hui, il n’y a donc pas de quoi rire. Je n’avais pas pour autant l’intention de suivre les journaux à la lettre, ou de donner dans le pamphlet."

Il ne reste plus qu'à des producteurs étrangers d'avoir le courage de le financer.

Prix BAFTA : 14 nominations pour Le discours d’un Roi en vue d’un couronnement

Posté par vincy, le 18 janvier 2011

Le discours d'un roi s'offre 14 royales nominations aux BAFTA (les Oscars britanniques) qui seront remis le 13 février prochain. Black Swan sera son concurrent le féroce (12 nominations). Mais on voit mal les Anglais passer à côté du film sur le bègue Georges VI.
Inception (9 nominations), 127 heures et True Grit (8 nominations) et The Social Network (6 nominations) sont les autres potentiels multiples gagnants.

Reconnaissons que la catégorie meilleur film a de la gueule : de la danse (Black Swan), de la science fiction (Inception), de l'esprit (Le discours d'un roi), du drame juridique (The Social Network) et du western (True Grit).

Côté acteurs, Colin Firth apparaît le grand favori face à Jeff bridges, James Franco, Jesse Eisenberg et l'intrus hispanique, Javier Bardem (Biutiful). Côté actrice, Natalie Portman devra affronter les deux mères de The Kids are all right (Annette Bening et Julianne Moore), la suédoise Noomi Rapace et la jeune Hailee Steinfeld.

Les BAFTA ont aussi nommé dans la catégorie meilleur film britannique : The Arbor, Exit Through the Gift Shop, Four Lions, Monsters et Skeletons. Pour les films étrangers, cela se partage entre deux continents, l'Europe et l'Amérique latine avec Biutiful (Mexique/Espagne), le film Millénium (Suède/Danemark), Amore (Italie), Des Hommes et des Dieux (France), Dans ses yeux (Argentine).

Park Chan-Wook a tourné le 1er film de cinéma avec un iPhone

Posté par MpM, le 17 janvier 2011

Si les termes "cinéma" et "iPhone" peuvent sembler antinomiques, le réalisateur sud-coréen Park Chan-Wook (Old Boy) a pourtant réalisé un moyen-métrage de 30 minutes avec le célèbre smartphone d'Apple. Night fishing (Pêche de nuit) a été tourné en dix jours, pour un budget de 102 734 euros, et avec une équipe de 80 personnes. Selon le cinéaste, "il possède la même résolution d'image qu'un film tourné avec des caméras traditionnelles".

"Les nouvelles technologies sont souvent sources de merveilles et de fonctions utiles. Les essayer fait partie du jeu, a déclaré Park Chan-Wook lors de la première du film qui sera diffusé dans dix salles sud-coréennes à partir du 27 janvier. "C'était une expérience très différente que de tourner un film traditionnel, méticuleusement préparé. Mais même des scènes tournées simplement et de manière spontanée révélaient des surprises".

Concrètement, chaque scène a été tournée avec deux iPhone afin d'obtenir des angles différents. Les personnes présentes sur le plateau pouvaient également filmer avec leur propre téléphone et proposer ensuite leurs plans au réalisateur.

On a hâte de voir le résultat pour juger de l'avenir de l'iPhone en tant que caméra "professionnelle"... et s'assurer que Park Chan-Wook n'a pas tout simplement cédé à l'envie d'un bon coup de pub. Heureusement, le réalisateur a tempéré l'importance de l'objet par rapport au film lui-même : "Tourner un film avec un téléphone multifonction peut susciter de l'intérêt sur le moment, mais au final, ce sont l'histoire et les acteurs sur l'écran qui sont les plus importants", a-t-il assuré.

En attendant de découvrir Night fishing, on peut se consoler en allant jeter un oeil à la sélection officielle des 50 films en compétition pour le Mobile Film Festival 2011. 50 films d'une minute tournés eux-aussi avec un téléphone portable.

Patrice Leconte ne compte pas prendre sa retraite cette année

Posté par Claire Fayau, le 17 janvier 2011


Le samedi 8 janvier, Patrice Leconte était le Grand témoin de l'Université populaire du Musée du Quai Branly. Le cinéaste s'est fort gentiment prêté au jeu des questions et réponses lors d'une rencontre animée par Hubert Prolongeau.

Celui qui se définit comme "vulgairement , une bonne gagneuse", fringant sexagénaire, nous a raconté son parcours, ses passions, et ses projets. En attendant de pouvoir lire l'intégralité des deux heures d'entretien sur le site de l'université du Quai Branly, Ecran Noir vous propose quelques morceaux choisis de cet entretien.

Patrice Leconte va-t-il prendre sa retraite?

Cette année, Leconte sera partout : d'abord il signe un livre d'entretiens J'arrête le cinéma qui paraîtra au printemps, et un mois après, il sort son dernier film, Voir  La Mer (il a aussi écrit le scénario). Rassurons- nous : le livre se termine sur "son envie de continuer le cinéma".

"Un petit film, Voir la mer, m'a redonné le goût du cinéma ". Le casting réunit Clément Sibony, Nicolas Giraud et Pauline Lefèvre (la présentatrice météo du Grand Journal qui a coupé ses cheveux pour l'occasion). Il s'attaque aussi à l'animation, avec  son adaptation du best-seller de Jean Teulé , Le  magasin des suicides. Et  un autre roman signé Leconte devrait  se trouver dans toutes les bonnes librairies : Riva Bella (Albin Michel). "J'aime l'idée d'être productif " : la retraite , ce n'est donc pas pour tout de suite !

Leconte l'éclectique

Des Bronzés à La Fille sur le pont, de Dogora à  La veuve de Saint -Pierre en passant par Ridicule, la diversité de ses films lui convient, mais il affirme que "(son) éclectisme lui a joué des tours". Mais la bande dessinée (certaines de ses planches sont actuellement présentées au Musée de la Bande dessinée d'Angoulême dans l'exposition "Parodies"), c'est une page tournée. Il n'en fera plus. À propos de son  film d'animation, Le  magasin des suicides,  il livre  à l'auditoire un "scoop" : "le film ne sera pas en  3D , mais en  2D relief", un procédé unique.

Les bons mots de Monsieur Leconte

- "Si le cinéaste ronronne, le public s'endort !"

- "J'adore entreprendre des choses avec incertitude."

- " Tous les films que j'ai fait, j'y ai toujours cru."

- "Je ne picole pas , je ne me drogue pas."

- À propos de l'IDHEC: "je  m'y suis ennuyé comme un rat."

- "Je suis Scorpion, mais je suis surtout caméléon."

- "Il faut que les films coûtent ce qu'ils doivent coûter."

- À propos de Jean Rochefort : "Il a ce goût du déraisonnable. il a conservé un grain de folie."

- À propos du public : "Le public se trompe rarement. Non , le public n'a jamais tort... un Film qui ne touche pas les gens n'est pas réussi. "




Les Golden Globes, entre vannes et vernis

Posté par Sarah, le 17 janvier 2011

La 68ème cérémonie des Golden Globes s'est déroulée dans la nuit de dimanche 16 au lundi 17 janvier (heure française) au Hilton de Los Angeles, en Californie. L'humoriste britannique Ricky Gervais a présenté la cérémonie. Par intermittence, car il fut absent durant presqu'une heure suite à une blague sur les scientologues lors d'une présentation d'I Love you Philip Morris : "un film dans lequel deux acteurs hétérosexuels font semblant d'être gays. C'est tout le contraire de certains scientologues connus", avant d'ajouter que ses avocats l'avaient aidé à formuler cette phrase. Autre moment de bravoure de l'humoriste : il a regretté que Sex and the City 2 n'ait pas été nommé dans la catégorie meilleurs effets spéciaux pour... avoir photoshoppé l'affiche du film !

La salle était pleine, les robes de soirée plutôt sages (avec la palme du mauvais goût pour Helena Bonham Carter) et tout le gratin du cinéma hollywoodien était présent malgré les accusations de corruption qui entachent les électeurs du prix (voir actualité du 15 janvier). Il faut dire que la cérémonie est télédiffusée et assure un maximum de publicité aux stars : Steven Spielberg, Jane Fonda, Annette Bening, Warren Beatty, Johnny Depp, Angelina Jolie, Brad Pitt, Nicole Kidman... ils étaient tous là. Même la jeune génération= Andrew Garfield, Robert Pattinson, Jesse Eisenberg, Mila Kunis, . Et un intrus : Justin Bieber, qui, malgré sa blessure sur le tournage d'un épisode de la série Les Experts, à réussi à venir sain et sauf, mèche impeccable. de quoi lancer la promo de son film-concert en 3D.

Mais le moment le plus hollywoodien était sans doute le come-back de Michael Douglas, pour sa première apparition publique depuis son combat - couronné de succès - contre un cancer de la gorge. "Je suis tellement heureux de pouvoir sortir. C'est mon premier événement public depuis ma maladie et c'est un moment très spécial pour moi", a-t-il déclaré. Il a aussi pointé avec une pointe d'ironie qu'il n'était pas sûr que la standing ovation était dédiée simplement à son talent...

Le film qui a reçu le plus de récompenses reste sans conteste The Social Network de David Fincher, qui a reçu 4 Golden Globes, dont celui du meilleur film dramatique et du meilleur réalisateur. Natalie Portman a marqué avec son rire un peu crétin.Elle est apparue très émue et, enceinte de plusieurs mois, elle a aussi remercié son compagnon (et futur papa), qui est l'auteur de la chorégraphie de Black Swan.

Un prix qui était aussi annoncé est celui que Robert De Niro a reçu pour l'ensemble de sa carrière, le prix Cecil DeMille. Il l'a accepté avec émotion de la part de Matt Damon (l'acteur a joué chez Scorsese, comme De Niro mais surtout pour le réalisateur De Niro dans Raisons d'Etat) : "Je sais qu'il ne se passera pas beaucoup de temps avant que Matt Damon ne reçoive son propre prix Cecil B. DeMille". Rappelons que l'an dernier aux Golden Globes, De Niro, futur président du jury du festival de Cannes, remettait ce même prix au grand réalisateur Martin Scorsese.

L'équipe de Carlos a reçu le prix du meilleur téléfilm. Olivier Assayas, le réalisateur, était entouré de toute son équipe, et était visiblement très content d'être là. "Pendant très longtemps on a eu un peu peur de montrer les années 70 à l'écran. C'était une décennie de passions, de violence, qui semblait extrémiste", observait le producteur Daniel Leconte. "Mais aujourd'hui, la perspective du temps fait qu'on peut l'aborder de façon libre, sans préjugés" a-t-il ajouté.

Mais que valent les Golden Globes finalement. En 1999 Sharon Stone a envoyé une montre de luxe et gagna pour son rôle dans La Muse, en 1981 à l'actrice Pia Zadora, après une invitation de son riche mari producteur à Las Vegas (le scandale poussa la chaîne CBS à rompre son contrat de diffusion), fut nommée. Cette année, c'est la nomination de Johnny Depp et d'Angelina Jolie pour leurs performances dans The Tourist, échec critique et commercial, qui a surpris.

Laissons à Ricky Gervais le mot de la fin : "Je voudrais anéantir cette rumeur ridicule selon laquelle la seule raison pour laquelle l'Association de la Presse étrangère d'Hollywood a nommé The Tourist est pour passer du temps avec Johnny Depp et Angelina Jolie. C'est n'importe quoi. Ce n'est pas la seule raison. Ils ont aussi reçu des pots de vin", a ainsi plaisanté l'acteur.

Tribeca a dix ans : dix dates qui en ont fait l’un des festivals majeurs nord-américain

Posté par vincy, le 16 janvier 2011

Redford avait créé Sundance. De Niro aura créé Tribeca. Prix Cecil B. De Mille à la Cérémonie des Golden Globes ce dimanche, futur président du jury du festival de Cannes. Et notamment pour son rôle actif à défendre un cinéma indépendant.

2002 - Fondation du Tribeca Film Festival avec Jane Rosenthal et Craig Hatkoff à la suite des attentats du 11 septembre 2001. L'objectif est de restaurer l'image de New York et d'accompagner les transformations sociologiques et urbanistiques du quartier Tribeca. Le festival se prépare en quatre mois avec 1 300 volontaires. Roger Dodger, de Dylan Kidd, reçoit le premier prix du meilleur film. Star Wars Episode II fait son avant-première mondiale au festival.

2003 - 300 000 spectateurs fréquentent le festival. La programmation s'étend à l'international et à des projections en plein air sur le bord de l'Hudson River. À la fin de l'année, Robert De Niro acquiert un cinéma rebaptisé Tribeca Cinema. Blind Shaft, de Li Yang, reçoit le prix du meilleur film. Mais c'est la franco-italienne Valeria Bruni Tedeschi qui retient l'attention avec deux prix (meilleur nouveau talent, meilleure actrice) pour son premier film, Il est plus facile pour un chameau....

2004 - L'actrice mythique brésilienne Fernanda Montenegro reçoit le prix de la meilleure actrice.

2005 - Felicity Huffman ("Desperate Housewives") fait sensation en transsexuelle et obtient le prix de la meilleure actrice dans Transamerica

2006 - Marwan Hamed est primé pour L'immeuble Yacoubian, à titre de meilleur nouveau talent.

2007 - Gucci colle sa marque au Tribeca Documentary Fund pour soutenir les documentaires aux enjeux humanistes et sociaux. Marina Hands meilleure actrice dans Lady Chatterley.

2008 - Le festival s'associe à la chaîne de sport ESPN et propose le Tribeca / ESPN Film Festival avec des documentaires et des archives de films sportifs. Le film culte Morse, de Tomas Alfredson, reçoit le prix du meilleur film.

2009 - Avant que le Tribeca Film Festival ne soit filialisé dans Tribeca Entreprises, les co-fondateurs sont classés 14e de la liste des 25 plus grands philanthropes de la planète pour leur rôle dans la reconstruction de New York. About Elly d'Asghar Farhadi reçoit le prix du meilleur film. Mais surtout, Tribeca ouvre un Festival à Doha (Qatar), le Doha Tribeca Film Festival. La première édition accueille 35 000 visiteurs.

2010 - Le Tribeca Film Institue s'associe à la chaîne HBO pour créer un nouveau fonds de financement pour les documentaires, soit 100 000 $. Au total le TFI distribue 500 000 $ pour différents soutiens à la production grâce à six programmes (Tribecca All Access, TFI Latin America Media Arts Fund, Robert De Niro Sr. Prize...) .  La valeur totale des prix décernés est de 185 000 $. Le français Kim Chapiron (Dog Pound) reçoit le prix du meilleur nouveau talent. Au total, 410 000 spectateurs sont venus à un événement du Festival qui présentait 146 films (dont 91 longs métrages). 1 100 volontaires venus de 13 pays ont collaboré à la manifestation.

2011 - La 10e édition se tiendra du 20 avril au 1er mai 2011. En 9 éditions Tribeca a rapporté 600  millions de $ à l'économie de New York.

16ème cérémonie des Prix Lumières : à l’ombre des événements tunisiens

Posté par Claire Fayau, le 15 janvier 2011

Le palmarès :

Meilleur Film et prix CST (image) : Des hommes et des dieux ; Réalisateur et scénario : Roman Polanski ; Acteur: Michael Lonsdale (Des hommes et des dieux)  ; Actrice : Kristin Scott-Thomas (Elle s'appelait Sarah) ; Film francophone : Un homme qui crie ; prix TV5 monde : Illégal ; Espoir masculin : Antonin Chalon (No et moi) ; Espoir féminin : Yahima Torres(Vénus Noire) - toutes les nominations

Des absents, des présents à l'esprit ailleurs, et Polanski :

Certains lauréats n'étaient pas présents, comme Kristin Scott-Thomas, retenue en Grande-Bretagne, qui devrait décerner le trophée spécial à Roman Polanski. Par conséquent, ce fut Irène Jacob qui eut l'honneur de remettre sa Panthère (le prix des Lumières)  au cinéaste franco-polonais. Quant au Maire de Paris, Bertrand Delanoë, il n'a pas pu ouvrir la cérémonie, étant invité par France 2 à s'exprimer sur la Tunisie, où il est né et réside chaque été. Quant aux présents ils avaient pour certains l'esprit ailleurs. Michel Reilhac, directeur du cinéma à ARTE, lance un premier tweet : "Maintenant on regarde "Deux hommes et une armoire", court metrage primitif (il avait 19 ans, ndlr) de Roman Polanski pendant que Ben Ali est emmene en orbite #bizarre." Ecran Noir lui demande si l'on parle de la Tunise durant cette soirée. Il nous répond : "Je viens de proposer a la maitresse de cérémonie qu'on fasse une déclaration et un point info a la fin de la cérémonie."

Dans la salle, on projette un hommage en images à Roman Polanski, grâce au musée du cinéma de Lodz. Ce dernier est resté discret, disant qu'il ne méritait pas tous ces honneurs. Il a glissé que ces prix comptaient beaucoup pour lui, surtout parce qu'ils venaient des journalistes qui n'ont pas toujours été ses "meilleurs amis".

Michael Lonsdale, 79 ans, semblait très heureux de recevoir le prix du meilleur acteur, d'autant plus qu'il n'avait jamais été primé auparavant. L'acteur nous a parlé de grâce, et de quelqu'un tout "là -haut", ajoutant une touche de spiritualité aux paillettes.

Autre moment de poésie nous détachant un peu plus du réel, le court -métrage d'animation offert par Michel Ocelot (créateur de  Kirikou) : Le Garçon qui ne mentait jamais.


"Dès que nous oublions l’objet grave d’une solennité ou d’une cérémonie, ceux qui y prennent part nous font l’effet de s’y mouvoir comme des marionnettes." - Henri Bergson

Le président de cérémonie, François Berléand, a fait rire l'assistance avec son " Et maintenant, le moment que vous attendez tous : mon discours".

Mais la palme du jeu de mots revient à Xavier Beauvois : "Merci les lumières. Merci les frères. Merci les frères Lumière !". Beauvois, dans sa joie, n'a pas oublié  l'actualité et, en parlant d'ombre succédant à la lumière,  a évoqué le sort de Jafar Panahi. Car au-delà de la Tunisie, les artistes et des citoyens doivent encore lutter dans de nombreux pays, de la Chine au Vietnam en passant par l'Iran ou le Vénézuéla.

Les Golden Globes corrompus?

Posté par vincy, le 15 janvier 2011

Les journalistes de l'Association de la presse étrangère à Hollywood (HFPA), soit 81 membres actifs, en charge de l'organisation des Golden Globes, est poursuivie en justice par leurs anciens chargés de relations publiques. Ceux-ci accusent ses membres d'accorder leurs prix en échange de cadeaux et d'avantages. Vilain, pas nouveau, et hélas sûrement un peu vrai. Selon la plainte,  ils "abusent de leurs positions et se prêtent à des arrangements peu éthiques et potentiellement illégaux" alors qu'il s'agit d'une association à but non lucratif.  Ils réclament au moins 2 millions de dollars de dommages et intérêts.

Des voyages et des cadeaux seraient donc reçus  de la part des studios, des producteurs et des distributeurs de films, en échange de leur soutien actif.

À partir d'une supposée rupture abusive de contrat, la société remerciée l'an dernier en dépit d'une promesse verbale de reconduction a décidé de faire mal. Ils avaient d'ailleurs été engagé pour améliorer l'image peu vertueuse de l'association, dans  les années 90.

L'association se défend : "Les allégations de Michael Russell et Steve Locascio n'ont aucun fondement". C'est la nouvelle société de relations publiques qui l'affirme :  "Ce n'est rien d'autre qu'un exemple de consultant mécontent dont le contrat n'a pas été renouvelé et qui essaie encore de tirer profit de la résonance internationale des Golden Globes".

Certes, mais en regardant de près la piètre qualité de certaines nominations, on s'interroge. Les Golden Globes sont régulièrement critiqués par une partie de l'industrie hollywoodienne. Avec des votants peu représentatifs, le collège est susceptible d'être facilement influencé. Pire, ils faisaient figure de rampe de lancement pour les Oscars, ce qui est de moins en moins le cas ces dernières années. Il est également souvent reproché aux Golden Globes d'accorder ses nominations pour s'attirer la bienveillance des stars, nombreuses à la cérémonie, davantage que pour la qualité de leurs prestations. Les nominations de 2011 n'échappent pas à la règle.

Pourtant, de plus en plus de médias couvrent l'événement, et le retransmettent. L'impact international n'est pas celui des Oscars ou de Cannes, mais reste bien supérieur à celui de la plupart des cérémonies de prix.

L’instant Court : the Green Hornet réalisé par Aurélien Poitrimoult

Posté par kristofy, le 14 janvier 2011

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après Electrobank réalisé par Spike Jonze, avec Sofia Coppola, voici l’instant Court n° 15.

Alors qu’Hollywood ne cesse d’exploiter sans vergogne les super-héros (plusieurs versions de Superman, Batman, Hulk…), il y en avait un dont le projet d’adaptation au cinéma était dans les cartons depuis plusieurs années : le Frelon vert.

Tout d'abord créé sous forme de feuilleton radiophonique, The Green Hornet est devenu par la suiteune série télévisée avec Van Williams et Bruce Lee en justiciers masqués, diffusée en 1966-1967 aux Etats-Unis et en 1986 en France. Le film est enfin arrivé dans nos salles de cinéma cette semaine, avec aux manettes le français Michel Gondry.

Dans l’ombre, un autre Français avait déjà travaillé sur ces héros qu’il voulait voir sur écran…

Voila donc le court-métrage The Green Hornet réalisé par Aurélien Poitrimoult. Ce film est à la fois un court et un pilote, il a en apparence une dynamique à l’américaine alors qu’il a été réalisé à Paris avec peu de moyens et beaucoup de motivation.

Le réalisateur Aurélien Poitrimoult nous raconte cette expérience :

Ecran Noir : Votre expérience est surtout celle d’assistant-réalisateur, quelles sont les particularités de ce poste méconnu ?

the green hornetAurélien Poitrimoult : J'ai travaillé pendant huit ans comme 1er assistant surtout auprès de Jean-Luc Godard. C'est un métier qui pourrait être comparé à la courroie de transmission dans un moteur. Le 1er assistant doit transmettre les volontés du réalisateur au reste de l'équipe. Ce sont sur des tournages que j'ai rencontré les personnes qui m'aidèrent par la suite à faire le Frelon Vert. J'ai travaillé sur des films aussi différents que : La chambre des officiers, Ronin ou les Godard. Comme j'avais des amis dans le domaine de la cascade, on a décidé de travailler ensemble sur un court métrage d'action. Ce fut le point de départ du Frelon.

EN : Avant de préparer votre court-métrage sur The Green Hornet, que connaissiez-vous de la série originale ? Pourquoi avoir choisi de privilégier surtout des scènes d’action plutôt qu’une intrigue plus fouillée avec d’avantage de dialogues ?

AP : J'ai découvert le Frelon Vert avec sa diffusion tardive en France à la fin des années 80. Je m'y suis intéressé car il y avait Bruce Lee dans cette série et que je suis un grand admirateur de son travail. Ce personnage fut créé pour une dramatique radio puis devint un héros de sérials dans les années 40 et enfin fut transformé en série télé par William Dozier qui produisait a cette époque le show Batman et qui voulait faire une série dans la même veine, mais destinée aux adultes. J'aimais le coté polar urbain de la série et le fait que le Frelon et Kato entretenaient le mystère quand à leur relation avec la pègre. Quand j'ai décidé de l'adapter en court métrage, j'ai voulu privilégier l'action car je voulais filmer l'action, c'était mon but principal en faisant ce court. J'ai mis au point une petit intrigue qui reprenait le doute qu'ont les médias sur l'honnêteté du Frelon et j'ai mis au point avec Manu Lanzi et Patrick Vo une grosse scène d'action avec un découpage précis. Nous aimions beaucoup le travail des Hongkongais dans ce domaine et un peu moins celui des Américains qui ont tendance à sur-découper l'action. Alors j'ai décidé que nous ne sur-découperions pas.

EN : Quelles ont été les principales étapes pour obtenir au final ce rendu presque ‘hollywoodien’ ?

AP : Lorsque j'ai tourné Le Frelon Vert, j'avais peu d'argent (1500 euros) et les caméras HD  n'étaient pas encore sur le marché. Je voulais tout de même obtenir un rendu cinégénique. J'avais à ma disposition une sony PD150 une caméra 3CCD. Alors comme nous n'avions pas les moyens mais le luxe du temps, j'ai fait refaire toutes les profondeurs de champ en post production. Ce travail consistait a flouter les fonds artificiellement. J'ai eu recours aussi aux "matte-paintings" qui sont des décors numériques pour compléter mon cadre. Nous avons aussi créé une nuit américaine car tout le film fut tourné de jour. Enfin j'ai dégradé l'image en rajoutant du grain pour ne pas avoir cet effet de netteté propre à la vidéo. Toujours dans un souci d'obtenir un rendu crédible, j'ai décidé de faire doubler les acteurs par des acteurs américains car je ne crois pas à des super héros qui parleraient en français. Et nous avons entièrement refait le son en post-production pour pouvoir maitriser le moindre bruitage.

EN : Racontez-nous ce qui s'est passé ensuite pour la diffusion de ce court-métrage ?

AP : Lorsque j'ai mis le film sur internet, les ayants-droit n'ont pas tardé à se manifester à travers leur avocat pour m'interdire la diffusion. Au début, j'ai cru qu'il s'agissait d'une blague mais en fait ils étaient très sérieux et avaient pensé dans un premier temps que je préparais un long-métrage sans les avertir. Je leur ai expliqué qu'il s'agissait d'un court à but non lucratif (notion qu'ils comprirent mal) et que nous pourrions peut-être trouver un terrain d'entente. Au final ils me laissèrent le diffuser sur internet et dans les festivals avec une mention légale à la fin. Le film fut beaucoup sélectionné en Amérique (Fantasia, festival du film d'action, etc..) et jamais en France. J'ai gagné à Los Angeles le prix de la meilleure séquence d'action. Le film fut aussi très bien accueilli sur le net par les fans. J'ai eu de gentils messages de Van Williams (l'acteur qui joua le Frelon dans la série télé) et de Burt Ward (Robin dans la série télé Batman), j'ai pu aussi remettre en main propre le film à Linda Lee et Shannon Lee, un grand moment. C'est grâce au Frelon Vert qu'aujourd'hui je suis réalisateur car c'est ce court métrage qui me fit connaitre auprès des professionnels. Le film continue d'ailleurs sa vie et redevient d'actualité grâce au long de Michel Gondry.

EN : Le film the Green Hornet vient enfin de sortir, adapté par Seth Rogen et Michel Gondry,  qui eux ont pris clairement le parti humoristique et de l’auto-dérision presque parodique, qu’en pensez-vous ?

AP : Je vais aller le voir évidement même si je ne m'attends pas à retrouver sur grand écran ce que j'aime chez ce personnage. Mais Hollywood ne cherche pas à satisfaire la communauté des fans qui reste une niche. Ils préfèrent cibler le public qui fait le succès d'un film, à savoir les 15-20 ans qui eux ne connaissent absolument pas ce personnage. Donc je comprends leur stratégie, bien que je trouve que ce personnage se prêterait mieux à une histoire plus adulte.

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film the Green Hornet.

Les Prix Lumières 2010: Polanski et Berléand en têtes d’affiche

Posté par Claire Fayau, le 14 janvier 2011

L'équivalent des Golden Globes américains, les Prix Lumières de la critique internationale sont attribués chaque année aux meilleurs films du cinéma français (ou francophone) par des représentants de la presse internationale en poste à Paris.

Ce soir seront également attribués le Prix du Public de TV5 Monde et le Prix CST pour le Chef Opérateur le plus remarqué de l’année 2010. Une répétition générale avant les Césars...

François Berléand présidera la cérémonie à l'Hôtel de Ville. Logique que Bertrand Delanoë, maire de la Capitale, ouvre la soirée. Mais le moment fort ce sera évidemment le Trophée d'honneur remis à Roman Polanski par Kristin Scott-Thomas (qui fut son actrice dans Lunes de Fiel).

MEILLEUR FILM
Carlos, le film d’Olivier Assayas
Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois
Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar
The Ghost Writer de Roman Polanski
L’Illusionniste de Sylvain Chomet

MEILLEUR REALISATEUR
Mathieu Amalric pour Tournée
Olivier Assayas pour Carlos
Xavier Beauvois pour Des hommes et des dieux
Roman Polanski pour The Ghost Writer
Joann Sfar pour Gainsbourg (vie héroïque)

MEILLEUR SCENARIO
Julie Bertuccelli pour L’Arbre
Olivier Lorelle, Rachid Bouchareb pour Hors-la-loi
Robert Harris, Roman Polanski pour The Ghost Writer
Michel Leclerc, Baya Kasmi pour Le Nom des gens
Géraldine Nakache, Hervé Mimran pour Tout ce qui brille

MEILLEURE ACTRICE
Juliette Binoche pour Copie conforme d’Abbas Kiarostami
Isabelle Carré pour Les Emotifs anonymes de Jean-Pierre Améris
Catherine Deneuve pour Potiche de François Ozon
Ludivine Sagnier pour Pieds nus sur les limaces de Fabienne Berthaud
Kristin Scott Thomas pour Elle s’appelait Sarah de Gilles Paquet-Brenner

MEILLEUR ACTEUR
Romain Duris pour L’Arnacoeur de Pascal Chaumeil et L’Homme qui voulait vivre sa vie d’Eric Lartigau
Eric Elmosnino pour Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar
Michael Lonsdale pour Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois
Édgar Ramírez pour Carlos de Olivier Assayas
Lambert Wilson pour Des Hommes et des Dieux de Xavier Beauvois et La
Princesse de Montpensier
de Bertrand Tavernier

MEILLEUR ESPOIR FEMININ
Lolita Chammah pour Copacabana de Marc Fitoussi
Linda Doudaeva pour Les Mains en l’air de Romain Goupil
Marie Féret pour Nannerl, la soeur de Mozart de René Féret
Nina Rodriguez pour No et moi de Zabou Breitman
Yahima Torres pour Vénus Noire d’Abdellatif Kechiche

MEILLEUR ESPOIR MASCULIN
Emile Berling pour Le Bruit des glaçons de Bertrand Blier
Nahuel Perez Biscayart pour Au fond des bois de Benoît Jacquot
Antonin Chalon pour No et moi de Zabou Breitman
Jules Pelissier pour Simon Werner a disparu de Fabrice Gobert
Aymen Saïdi pour Dernier étage, gauche, gauche d’Angelo Clanci

MEILLEUR FILM FRANCOPHONE (hors France)
Amer d’Hélène Cattet, Bruno Forzani (Belgique, France)
Les Amours imaginaires de Xavier Dolan (Québec)
Un Homme qui crie de Mahamat Saleh Haroun (France, Belgique, Tchad)
Illégal d’Olivier Masset-Depasse (Belgique, Luxembourg, France)
Orly d’Angela Schanelec (Allemagne, France)