Posté par vincy, le 24 juin 2008
Projections de fin d’année à la Femis. C’est rafraîchissant en ce début d’été. Des courts métrages (avec une économie de courts métrages) par des étudiants, cela peut donner un avant-goût du cinéma de demain. Ce lundi 23 juin, nous étions entassés dans une salle pour voir Forbach.
Le film de Claire Burger s’inspire d’une histoire vraie autour d’un jeune comédien, Samuel Theis - naturel, troublant et éblouissant -, sa ville d’origine, sa famille. Un frère paumé, presque dépressif, encaissant le destin, aspirant à être consolé. Une mère en pleine déchéance, fusionnelle et autodestructrice, se noyant dans l’alcool pour ne pas finir seule. Le jeune comédien est «une star » dans cette ville reculée et abandonnée à cause de la mondialisation. Il y revient pour faire un peu de pédagogie, recevoir une médaille, profiter de sa famille. La célébrité semble faire briller les yeux des autres, le place dans la lumière, alors que tout est sombre autour, tout s’effondre. Si chacun l’admire, veut y voir la preuve que la fatalité n’existe pas, le réel le rend normal, impuissant, enchaîné à ce passé sordide.
Pourtant il n’y a rien de glauque. La caméra de Claire Burger est pudique, ne s’impose jamais, préfère l’angle sensible et familier à l’esbroufe du pathos. Par petites touches, où le bonheur illusoire n’est jamais loin du drame si peu spectaculaire, elle propose un portrait d’une famille, qui n’a rien de bourgeois ou de précaire. Ni Le Quesnoy, ni Groseille. Dans un décor grisâtre de béton et de bitume, avec une musique volontairement ringarde, Forbach impose une histoire brute et humaine, profonde et tendre, qui bouleversera lors de son final sobre et amer. Un film poignant qui rappelle les cinémas de Pialat et Zonca. En espérant que cela lui fasse pousser des ailes pour un premier long métrage…
Sous le soleil du Festival de Cannes, cet essai s’est joliment transformé en roman, puisqu’il a reçu le 2e prix de la Cinéfondation...
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Posté par vincy, le 24 juin 2008
La cinquième édition de Films sous les étoiles se tiendra au Parc de Saint-Cloud du 26 au 28 juin. Dédiée à l'automobile "star de cinéma", il est d'ailleurs plus facile de rejoindre les lieux en voiture qu'à pied ou en transports en commun...
Au programme Miss Daisy et son chauffeur, Les choses de la vie, Un homme et une femme, Duel, Voyage surprise, Taxi Driver, Thelma et Louise, Speed, Cars, La dernière cavale, Fast and Furious, Godlfinger, Christine, Jours de tonnerre. De course ou amphibie, parlante ou rockeuse, objet de désir ou révélateur d'égo, cercueil ou championne, la bagnole a toujours été une vedette idéale pour l'art du mouvement. Mais quid d'un film muet avec les premières Ford T, de la poursuite légendaire de Bullitt ou des 24 heures du Mans avec Steve McQueen, de cette merveilleuse Coccinelle et ses courses improbables, de La fureur de vivre ou de La plus grande course autour du monde, de Voyage à deux ou du Fanfaron, du Grand embouteillage ou du récent Speed Racer?
La programmation permet, malgré tout, de revoir ou découvrir de grands classiques signés Spielberg, Carpenter ou Scorsese. Et d'oublier, le temps d'une projection, que tout cela consomme beaucoup d'essence et pompe bien les portefeuilles. Comme la cigarette, l'automobile risque un jour d'être un objet fétichiste et nostalgique du 7e art.
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Posté par vincy, le 24 juin 2008
Créées en 1996, Les aventures du Capitaine Alatriste, Diego de son prénom, ont fasciné des millions de lecteurs dans le monde. Arturo Pérez-Reverte a imagine une série de romans digne des plus grands personnages littéraires. Six romans ont déjà été publiés, quelques autres sont prévus.
Agustin Diaz Yanes (Sans nouvelles de Dieu) a séduit 3 millions de spectateurs espagnols avec l’adaptation cinématographique qui a reçu 15 nominations aux Goyas. Incarné avec fougue et vigueur par Viggo Mortensen (Le seigneur des anneaux), le Capitaine Alatriste conquiert les écrans français le 25 juin.
Ecran Noir vous fait gagner 10 places de cinéma pour vous immerger dans l’Espagne impériale du XVIIe siècle.
Il suffit de répondre à cette question : quel autre célèbre roman de Perez-Reverte a été adapté par Roman Polanski au cinéma ?
Répondez par e-mail avec votre nom, votre email, votre adresse postale.
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Posté par geoffroy, le 24 juin 2008
Synopsis: Tom Ludlow est le meilleur détective de l'Ad Vice, unité spécialisée de la Police de Los Angeles. Son supérieur, le capitaine Wander, ferme les yeux sur ses procédés souvent "hors normes" et le protège lors de l'enquête interne menée par le capitaine Biggs. Accusé à tort du meurtre d'un collègue, Ludlow doit lutter seul contre le système corrompu pour prouver son innocence.
Notre avis: La caution d’un grand nom au scénario – James Ellroy en l’occurrence – n’est pas toujours synonyme de qualité et encore moins de réussite. Référence avouée à la situation des flics de Los Angeles peu après les émeutes de 1992 qui firent 32 morts, Au bout de la nuit actualise une réalité sociale toujours aussi tendue et tente vainement d’investir des thématiques fortes comme la corruption policière, le fonctionnement du LAPD (Los Angeles Police Departement) et ses unités d’élite, le maintien de l’ordre et les tensions entre flics. Louable dans l’intention, inexistant à l’image.
Le réalisateur David Ayer (antérieurement scénariste de polars cyniques) est incapable de structurer un polar subtil faisant l’état des lieux d’une police à bout de souffle dépassée par des évènements extérieurs de plus en plus violents. Pire, il ne creuse pour ainsi dire jamais dans cette quête jusqu’au-boutiste d’un flic, Tom Ludlow (Keanu Reeves, plutôt bon), détruit aux méthodes expéditives. Polar noir gonflé à la mauvaise testostérone, Street Kings – titre anglais bien plus révélateur – survole tous ses enjeux pour devenir une vulgaire démonstration de force où l’épate se veut le fondement cinématographique d’une narration poussive. En clair, David Ayer en met plein la vue mais oublie en cours de route d’ancrer ses personnages dans une fonction et une psychologie qui auraient apporté ce brin de substance qui fait cruellement défaut au film. C’est un peu comme s’il suffisait de flinguer, de corrompre, de boire ou sniffer pour réaliser un film tendu et fort sur les violences urbaines, la corruption des institutions et les différentes formes de dépendances. Un peu plus de sinuosité n’aurait pas fait de mal à cet archétype mal dégrossi de film noir trop linéaire dans son traitement et son regard critique.
Cette direction scénaristique enferme l’immersion de Tom Ludlow dans la caricature et lisse jusqu’à l’os des axes de lecture pourtant pertinents. Rapports hiérarchiques, relation à la rue, démêlé avec les "bœufs carottes" made in USA ne sont ni magnifiés, ni développés, ni en interaction. Le film ne nous apprend rien sur l’institution que l’on ne sache déjà, tout en verrouillant son récit sur le mode esbroufe et révélations sans consistance. Il suffit de voir la psychologie du personnage interprété par Forest Whitaker pour en être assuré. L’emphase est telle qu’il frise à chaque plan le ridicule. A force de persévérance, il fini par le trouver à la fin du métrage dans un climax aussi absurde que grossier. Ne parlons pas de ce dernier plan saugrenu digne d’un film de super héros à la "Spider-Man" (sic).
David Ayer accouche sans nul doute d’un film basique assez bien photographié où le anti-héros devient un peu vengeur, un peu sauveur, un peu manipulé, mais seule réponse aux problèmes de corruption et de violences urbaines. La déraison l’emporte sur la cohérence et la violence engendrant la violence, la police de Los Angeles se voit dans l’obligation d’y répondre par la violence. Le monde est ainsi fait et Keanu Reeves étant Keanu Reeves, il aura le dernier mot et l’honneur sauf. Un conseil. Si vous voulez voir – ou revoir – un vrai grand film sur la corruption policière, faites un détour chez Mister Serpico.
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Posté par vincy, le 24 juin 2008
Quand l’American Film Institute a lancé ses classements (les cent meilleurs films, les cent meilleures répliques, les cent meilleurs héros & vilains…) afin de valoriser son patrimoine cinématographique et de mettre en perspective un art qui évolue en permanence, il ne se doutait pas du succès de l’opération marketing…
L’AFI a donc lancé le classement « ultime », les dix meilleurs films dans leur genre. Ecran Noir reviendra donc sur chacun des dix classements. Globalement, le plus ancien film date de 1924 (Le voleur de Bagdad, fantastique) et le plus récent est sorti en 2003 (Le monde de Nemo, animation). Un écart de près de 80 ans…
Le classement permet surtout de faire apparaître des films cités dans de nombreux classements précédents. Ainsi Le magicien d’Oz (fantastique, 1er), Le train sifflera trois fois (western, 2e) et Autant en emporte le vent (épique, 4e) ont été cités neuf fois dans les différentes listes de l’AFI depuis 1998.
Et si on note la domination de Disney dans l’animation et de Hitchcock dans le suspens, il est surtout intéressant de voir que peu de cinéastes ont convaincu de manière brillante dans différents genres. Martin Scorsese (gangster, sport), Steven Spielberg (science fiction, épique), James Cameron (science fiction, épique) et ( !) Harold Ramis (fantastique, sport) font parti des rares privilégiés.
Et si les choix sont contestables, l’exercice l’exige, notons quand même les présences réconfortantes de David Lynch, Stanley Kubrick et Quentin Tarantino, compensant ainsi les absences de Soderbergh, De Palma, Donen, Pollack…
Et cette liste a au moins le mérite de faire apparaître seize films qui n’avaient jamais eu les honneurs des classements annuels de l’AFI.
Prochain épisode : l’animation trustée par Disney / Pixar.
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