Posté par MpM, le 25 mai 2013
Roman Polanski a fait le grand écart le dernier jour du festival en proposant un film revendiqué comme une "satire du sexisme" (la Vénus à la fourrure) tout en tenant des propos eux-mêmes tendancieux lors de la conférence de presse du film.
"Je pense que cette tendance à vouloir mettre les hommes et les femmes à égalité est purement idiote. Je pense que c'est le résultat (...) des progrès de la médecine. La pilule a beaucoup changé les femmes de notre temps, en les masculinisant", a-t-il déclaré.
Sans doute est-ce pour cela que, dans la Vénus à la fourrure, les deux personnages ont des rôles sexués bien définis qui, s'ils évoluent au fil de l'histoire, restent toujours dans une certaine vision des rapports hommes/femmes.
D'abord, Vanda est une actrice vulgaire et Thomas un metteur en scène brillant. Puis elle devient le personnage de la pièce, distinguée et pure, avilie par les désirs coupables de l'homme qu'elle rencontre. Ensuite, elle est une dominatrice cruelle qui profite de celui qui l'adule ; avant de se transformer en victime soumise au bon vouloir de son amant. Pour finir, elle sera une déesse vengeresse intraitable. Autrement dit : une succession de stéréotypes manichéens qui cantonnent la femme à un petit panel de rôles archétypaux.
Et autant de clichés au nom de quoi ? Du romantisme. "Je pense que tout cela [la pilule et la recherche de l'égalité] chasse le romantisme de nos vies, et c'est bien dommage", a en effet précisé le cinéaste. Des propos surréalistes qui ressemblent à une mauvaise blague.
Si vraiment Roman Polanski pense ce qu'il dit, on l'invite à aller voir comment ça se passe dans les régions du monde où hommes et femmes ne sont pas placés sur un pied d'égalité et où la pilule ne fait pas de "ravages" sur la féminité. On serait curieux de savoir ce qu'il trouve le plus romantique : les femmes traitées comme d'éternelles mineures par leurs frères, pères et maris, celles qui enchaînent les grossesses sans l'avoir désiré ou encore celles qui meurent sous le coup de leurs compagnons si virils.
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Posté par MpM, le 25 mai 2013
Cher Jafar,
Tu étais le grand absent de ce festival 2013, et pourtant tu n'as pas été oublié. En recevant le grand prix Un Certain Regard pour son magnifique film L'image manquante, le cinéaste Rithy Panh te l'a dédié, dans un geste d'une élégance folle.
Si Asghar Farhadi reçoit lui aussi un prix pour le Passé, aura-t-il à son tour une pensée pour toi ? Jusqu'à présent, il n'a guère mentionné ton nom, mais avoue que ça aurait de la gueule en plein théâtre lumière, devant les médias du monde entier...
Ton autre compatriote Mohammad Rassoulof, qui a reçu le prix Fipresci pour Les manuscrits ne brûlent pas, a quant à lui rendu hommage à tous ceux qui ont pris le risque de travailler avec lui. En accord avec les membres de l'équipe restés en Iran, il n'a cité aucun nom. Toutefois, on a senti que cela lui pesait de récolter seul tous les honneurs pour un film qui, plus que tout autre, n'aurait pu se faire sans l'engagement, l'abnégation et la loyauté d'un groupe soudé de personnes prêtes à prendre tous les risques pour qu'il existe.
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Posté par vincy, le 25 mai 2013
Le jury de Thomas Vinterberg a été conquis, comme nous, par l'excellent documentaire, aussi inventif que juste de Rithy Panh, L'image manquante. Le film reçoit le prix Un certain regard, la plus haute distinction dans cette sélection. Le cinéaste, dans son discours, n'a pas manqué de dédier son film à un autre habitué cannois, l'invité manquant Jafar Panahi.
Durant la cérémonie, bouclée en 40 minutes, Thierry Frémaux a fait applaudir l'ensemble du personnel de la sélection, Ludivine Sagnier a servi de traductrice anglas-français, Alain Guiraudie a failli oublier de remercier ses comédiens et Thomas Vinterberg a fait la synthèse : "L’une des plus belles choses de notre métier est de créer des moments inoubliables - des moments qui demeurent en nous et dans la mémoire collective, ce miroir commun de notre existence. Figurines d’argile, beauté extrême, violence, fellations homosexuelles, humiliation systématique de la nature humaine, jambes de Léa Seydoux, formidables imitations de Brando sont les images uniques qui vont nous poursuivre pendant longtemps. Cette sélection était férocement non sentimentale mais toutefois poétique. Elle était politique, hautement originale, parfois déroutante, variée, mais avant tout inoubliable" a-t-il expliqué en guise d'introduction à la soirée.
Et le jury de récompenser un documentaire qui cherche à combler l'absence d'archives visuelles par une petite invention de cinéma, un film où des mecs niquent en pleine nature, le Grand prix de Sundance sur l'histoire vraie d'une victime d'un abus policier... La variété était au rendez-vous. Un Certain regard continue de défendre les films fragiles, et, contrairement à la Quinzaine, prime ceux qui en ont le plus besoin.
Prix Un Certain Regard : L'image manquante de Rithy Panh (dédié à Jafar Panahi)
Prix du jury : Omar de Hany Abu-Assad
Prix de la mise en scène : Alain Guiraudie pour L'inconnu du Lac
Prix Un talent certain : pour l'ensemble des comédiens de La jaula de oro de Diego Quemada-Diez
Prix de l'avenir : Fruitvale station de Ryan Coogler
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Posté par vincy, le 25 mai 2013
La petite trentaine, le visage anguleux et charmeur qui en aurait fait le parfait chevalier dans un cape et d'épée ou le merveilleux traître. L'ambivalence parfaite. Tom Hiddleston, britannique élégant, sait manier la dérision comme seul un anglais sait le faire.
Grand, charismatique (il a un sourire aussi large que celui de Julia Roberts et un regard bleu vert inoubliable), appréciant les personnages provocateurs, il est devenu en une dizaine d'années le comédien anglais le plus sexy et la personnalité préférée des anglais selon les derniers recensements. Son compte twitter est suivi par 520 000 fans.
De téléfilms (Nicholas Nickleby) en pièces de théâtre (Othello), de séries TV populaires (Wallander) en documentaires (il incarnait Charles Darwin dans Galapagos) et émissions radiophoniques (il a joué Christian dans Cyrano), il construit patiemment son chemin et récolte des honneurs : le prix Laurence Olivier du meilleur nouveau talent (théâtre) ou encore le prix ITV3 Crime Thriller du meilleur second rôle masculin (télévision).
Il peut être glaçant, hilare, dur, chaleureux (et lyrique dans les interviews). Hiddleston est protéiforme. Pourtant sa carrière cinématographique met du temps à décoller. Deux films anglais de Joanna Hoog. Et enfin, en 2011, un blockbuster américain. Il s'impose en frère maudit de Thor : ambitieux, arriviste, sombre, machiavélique... génialissime. Il habite son personnage et vole presque la vedette au héros. Mais Hiddleston est à l'opposé de son personnage : pour lui la haine ne peut jamais vaincre, il croit en la vie, aux énergies positives...
Et sa bonne étoile prend de l'intensité. Il enchaîne avec un Woody Allen sélectionné à Cannes, Minuit à Paris, où il a l'immense privilège d'interpréter l'écrivain F. Scott Fitzegarld, l'auteur de Gatsby le Magnifique... Puis, la même année, il tourne avec Spielberg dans le beau Cheval de guerre, où il campe un capitaine noble de coeur et digne dans la mort.
The Avengers apportera le triomphe mondial. Sa cote explose au point qu'Hollywood songe à lui confier le rôle principal du remake de The Crow. Lui se sert de sa notoriété pour des campagnes caritatives (Unicef, lutte contre l'homophobie...). Mais c'est dans le nouveau Jim Jarmusch, Only Lovers Left Alive, en vampire transi d'amour pour la grande Tilda Swinton, qu'il est attendu sur les marches du Palais des festival de Cannes.
"Ne jamais s'arrêter. Ne jamais s'arrêter de se battre. ne jamais s'arrêter de rêver" avouait-il dans une interview. cela pourrait être sa devise.
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Posté par kristofy, le 25 mai 2013
Dans la sélection officielle, neuf films concouraient pour la palme d’or du meilleur court métrage et dix-huit dans le cadre de la Cinéfonadtion. Le jury de cette compétition était présidé par la réalisatrice Jane Campion qui a reçu à la fois la palme d'or du court-métrage (Peel en 1986) et celle du long métrage (La leçon de Piano en 1993).
La Cinéfondation met en lumière de nouveaux talents issus de différentes écoles de cinéma et cette année encore la mission est remplie à plus d’un titre. La Cinéfondation semble apparaître comme une compétition bis de courts mais il n’en est rien : elle est présidée par Gilles Jacob, le jury est le même que celui chargé de remettre la Palme d'or, et il y a le double de films sélectionnés.
Ce sont 1515 films qui ont été vus en amont pour une sélection de 18 cinéastes dont la plupart des films dépassent la vingtaine de minutes, et 4 séances de projections. Le jury de Jane Campion était composé de Nandita Das, Maji-Da Abdi, Nicoletta Braschi et Semih Kaplanoglu.
Certains noms qui n’ont pas été récompensés pourraient résonner à l’avenir comme ceux de Camila Luna Toledo (Asuncion où une jeune fille dans une
résidence catholique au Chili va provoquer de son désir le gardien qui n’y succombera pas…), Navid Danesh (Duet où une femme rencontre l’ex-compagne de son mari, coproduit en Iran avec le workshop de Asghar Farhadi) ou encore Joey Izzo (Stepsister où, à SanFrancisco, une jeune fille se montre particulièrement désagréable avec la nouvelle fiancée de son frère). D'ailleurs, le premier long-métrage de Joey Izzo est déjà en préparation.
Le jury devait remettre 3 prix et a choisi un 3e prix ex-aequo, ce qui permet de récompenser aussi un court d’animation.
Le palmarès est le suivant :
-1er prix : Needle réalisé par Anahita Ghazvinizadeh (originaire d’Iran, elle est depuis deux ans aux Etats-Unis à l’école Art Institute de Chicago) : une jeune fille est emmenée par sa mère obnubilée par une possible infection dans un hôpital pour se faire percer les oreilles, mais une querelle l’emmène ailleurs…
-2e prix : En attendant le dégel réalisé par Sarah Hirtt (originaire de Belgique, de l’école INSAS) : trois frères et sœur conduise un camion de déménagement, mais celui-ci tombe en panne sur une route déserte avec de la neige, les téléphones ne captent rien et il n’y a personne à la ronde…
- 3e prix ex-aequo : Pandy (animation) réalisé par Matus Vizar (originaire de République Tchèque, de l’école FAMU) : des expériences sur des pandas…
- 3e prix ex-aequo : In Acvariu (Dans l’acquarium) réalisé par Tudor Cristian Jurgiu (originaire de Roumanie) : un couple se dispute et se réconcilie et se redispute et se rapproche….
Pour En attendant le dégel, la réalisatrice Sarah Hirtt (en photo avec Jane Campion et son acteur Jean-Jacques Rausin) avait le désir d’explorer la complexité des relations fraternelles : "quand on a des frères et sœurs on vit avec des gens que l’on ne choisit pas et avec qui on partage des secrets et aussi des querelles". L’un des trois acteurs est Jean-Jacques Rausin dont un précédent court métrage avait déjà été récompensé lors du dernier BIFFF.
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