Hollywood: Les 10 espoirs féminins de l’année

Posté par kristofy, le 31 décembre 2014

stacy martin

L’industrie cinématographique est toujours largement dominée par les hommes, aussi bien devant que derrière la caméra et dans les bureaux des studios. Une minorité de femmes se fait visible de part son influence, en fait quelques célébrités déjà bien connues depuis plusieurs années. Où sont les (autres) femmes ? Cette année 2014 a vu le succès de plusieurs nouveaux noms relativement méconnus encore l’année dernière, des noms dont on va entendre encore plus l’année prochaine.

Le top du box-office américain montre que les actrices stars déjà bien reconnues sont une nouvelle fois performantes en terme de ventes de tickets de cinéma. Jennifer Lawrence a été à l’affiche de deux franchises lucratives X-Men:Days of future Past et surtout Hunger Games: La révolte - 1ère partie (et people de l’année avec ses photos intimes piratées); Scarlett Johansson était dans la suite Captain America:Le soldat de l'hiver et surtout dans Lucy de Luc Besson qui fait un carton mondial jusqu’en Chine, sans oublier l'excellent Under the Skin; Cameron Diaz reste une valeur relativement sûre de la comédie sexy avec Triple alliance et Sex Tape; la benjamine Emma Stone a été dans The Amazing Spider-Man:Le destin d'un héros, Magic in the Moonlight et Birdman; et Angelina Jolie assure autant comme actrice dans Maléfique que comme réalisatrice de Invincible. Aux USA on a remarqué Ava DuVernay comme première femme réalisatrice afro-américaine qui peut prétendre à un prix prestigieux (Golden Globe) pour son film Selma (à propos des droits civiques). L’actrice de l’année que tout le monde adore aura été Jessica Chastain qui a multiplié les projets ambitieux et applaudis : The Disappearance of Eleanor Rigby:Them, Mademoiselle Julie, Interstellar, et A Most Violent Year.

Voici 10 femmes qui ont pris le pouvoir à Hollywood cette année, 10 nouvelles femmes qui vont faire entendre leurs voix à l’avenir.

Gia Coppola: elle représente la troisième génération des Coppola à réaliser des films, après Roman et Sofia Coppola (dont elle est la nièce) et son illustre grand-père Francis Ford Coppola. Comme Sofia qui avait adapté un roman d’adolescence pour son premier film Virgin Suicides, Gia suit le même chemin avec Palo Alto, recueil de nouvelles écrites par James Franco sur son adolescence. Son film Palo Alto porte une certaine influence de sa tante, mais surtout il montre que Gia s’est fait un prénom derrière la caméra et s’est déjà affirmée comme une nouvelle réalisatrice à suivre. On attend son second long-métrage…

Mackenzie Davis: elle a été révélée surtout avec ses cheveux courts et son attitude punk de programmatrice informatique prodige dans la série Halt and Catch Fire (diffusée en juin aux USA puis en novembre en France). Au cinéma elle joue presque toujours la bonne copine d’un personnage principal, comme dans le romantique Breathe de Drake Doremus (au festival américain de Deauville 2013, mais resté inédit). En 2014 elle a été dans Et (beaucoup) plus si affinités (sorti le 29 octobre) l’amoureuse de Adam Driver, avec Daniel Radcliffe et Zoe Kazan; et dans That Awkward Moment l’amoureuse de Miles Teller, avec Zac Efron et Michael B. Jordan. Pour 2015 elle a déjà un petit rôle dans The Martian de Ridley Scott au milieu de Matt Damon  Jessica Chastain, Jeff Daniels, Sean Bean, Kristen Wiig, Chiwetel Ejiofor... Elle sera surtout en haut de l’affiche du drame A Country Called Home avec Imogen Poots (déjà ensemble dans That Awkward Moment) et du film de zombies et vampires The Kitchen Sink avec Vanessa Hudgens. Mackenzie Davis s’affirmera comme la nouvelle actrice multi-facette qui compte.

Brie Larson: elle figure dans le radar du cinéma américain depuis longtemps avec des petits rôles dans Scott Pilgrim, Greenberg, 21 Jump Street, The Spectacular Now, Don Jon… C’est son rôle principal dans States of Grace (sorti en avril) qui la rend incontournable. Ainsi en 2015 elle sera dans Trainwreckv de Judd Apatow, The Gambler avec Mark Wahlberg, Brooklyn Bridge avec Daniel Radcliffe.

Charlotte Le Bon: la pétillante canadienne adoptée en France (Astérix et Obélix:Au service de sa Majesté, L'Écume des jours, La Marche…) voit sa carrière d’actrice prendre un tremplin international. Cette année elle est dans le Yves Saint Laurent de Jalil Lespert (sorti en janvier, et cet été aux USA) mais surtout dans Les Recettes du bonheur de Lasse Hallström (sorti en septembre) coproduit par Steven Spielberg. Prochainement elle sera dans Bastille Day de James Watkins avec Richard Madden et Idris Elba, et dans The Walk de Robert Zemeckis avec Joseph Gordon-Levitt et Ben Kingsley. Dans ces trois films américains elle représente encore des personnages de jeune et jolie gentille, mais un producteur pourrait avoir la bonne idée d’en faire une méchante dans un film d'action...

Stacy Martin : c’est elle la jeune nymphe de Nymphomaniac de Lars Von Trier, ce qui la propulse comme la new-girl de l’année. Elle a été appelée pour plusieurs films prestigieux européens qui vont rythmer les festivals de 2015. A venir donc le britannique High Rise de Ben Wheatley (avec Tom Hiddleston, Sienna Miller, Jeremy Irons..) et l’italien Il racconto dei racconti de Matteo Garrone (avec Salma Hayek, John C. Reilly, Vincent Cassel,..). Le cinéma français aussi craque pour elle avec La Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil de Joann Sfar et aussi Taj Mahal de Nicolas Saada. Les Américains sont déjà séduits. On la verra dans The Childhood of a Leader avec Robert Pattinson et Tim Roth.

Nicole Perlman : elle a écrit un scénario (sur la navette Challenger) pas encore porté à l’écran mais qui lui a permis de travailler sur différents scripts pour différents studios. Pour Marvel elle cherche dans leurs comics publiés ce qui pourrait inspiré un film, et elle travaille sur une bande de personnages bizarres (un râton-laveur, un arbre) dans l’espace… Son scénario est tellement bon qu’il est passé au réalisateur James Gunn, et cela est devenu le film le plus populaire de l’année aux USA: Les gardiens de la galaxie ! Elle est la première femme a avoir scénarisé un film estampillé Marvel, et comme le studio a pour stratégie de sortir un blockbuster chaque année, c’est elle qui travaille sur le script de leur premier film avec une super-héroïne en tant que personnage principal : Black Widow avec Scarlett Johansson.

Emily Ratajkowski : elle était un mannequin très peu habillée sur les pages glacées des magazines de mode, et elle a chauffé internet en dansant nue dans un célèbre clip. Cette bombe anatomique a été bien évidement repérée pour le cinéma. Elle a été adoubée actrice cette année par David Fincher qui lui a confié un rôle dans Gone girl aux côtés de Ben Affleck. Avec cette ligne prestigieuse sur son CV de comédienne, nul ne doute qu’on va la revoir de plus en plus onduler sur grand-écran. Déjà en 2015, elle sera à l’affiche de We Are Your Friends avec Zac Efron.

Gillian Robespierre : elle a écrit et réalisé un court-métrage qui lui a inspiré son premier long-métrage ensuite : son film Obvious Child (sorti cet été aux USA, et en septembre en France) n’a pas été programmé dans beaucoup de salles mais a fait beaucoup parlé de lui. Avec un thème sensible - l’avortement - elle signe une comédie à la fois pertinente et impertinente. Alors que Hollywood souffre de trop peu de femmes de talents pour initier des films de comédie (Diablo Cody, Lynn Shelton, Kristen Wiig, Jennifer Westfeldt...), cette Gillian Robespierre est arrivée comme une tornade rafraichissante.

Jess Weixler: Cette année, elle était la soeur de Jessica Chastain dans The Disappearance of Eleanor Rigby:Them (à Cannes et à Deauville), et la fille de Annette Bening dans The Face of Love (sorti en juillet), et on se souvenait d’elle adolescente dans le mordant Teeth… On va la revoir en 2015 dans Listen Up Philip de Alex Ross Perry (avec Jason Schwartzman), et aussi dans Trouble Dolls qu'elle a d’ailleurs co-écrit et co-réalisé en compagnie de Jennifer Prediger.

Shailene Woodley: 2014 c’est aussi l’année Shailene Woodley, avec successivement The Spectacular now (janvier), Divergente (avril), Nos Etoiles contraires (août), White Bird (octobre). Elle est annoncée dans un prochain film de Oliver Stone (avec Joseph Gordon-Levitt) et évidement dans la très lucrative franchise Divergente 2 et ses suites. La nouvelle Jennifer Lawrence?

Nos coups de coeur de l’année : la poésie de Still the Water de Naomi Kawase

Posté par Morgane, le 30 décembre 2014

En réfléchissant à mon coup de cœur 2014, je réalise que cette année cinématographique a été plutôt riche en belles surprises.

Diverses, elles ont pourtant toutes en commun ce côté surprenant qui fait qu'un film, une image, une histoire réussit à nous transporter, nous prendre aux tripes. On sort alors d'une salle obscure un peu différemment qu'en y entrant. Et quand ce petit phénomène se produit c'est que la magie du 7e Art opère…

Pour ma part cette magie a opéré plusieurs fois cette année. Grâce à la comédie policière loufoque et décalée The Grand Budapest Hotel, aux dialogues superbes du huis-clos enneigé Winter Sleep, à la découverte de Wake in the fright lors du festival Lumière, à la grande claque que m'a mise Mommy, au long fleuve de la vie sublimé par Boyhood et à la photo à couper le souffle de Timbuktu.

Mais comme un coup de cœur, il ne faut en garder qu'un, alors ce serait Still the water. Intriguée par les belles critiques que le film avait reçu à Cannes, je l'ai quand même loupé à sa sortie. Heureusement pour moi, les CNP lyonnais l'ont programmé lors de leur week-end de clôture mi-décembre (avant fermeture pour travaux) reprenant alors les films qui ont marqué 2014. J'ai alors eu le grand plaisir de découvrir ce film sublime, entre force et douceur.

La caméra de Naomi Kawase est au plus près de ses personnages mais ne les étouffe jamais. Elle les suit lentement, les regarde évoluer et laisse peu à peu la mer devenir le reflet de leurs sentiments, tour à tour déchaînée puis calme et reposée. L'amour et la mort s'y mêlent étrangement à merveille et toutes les générations confondues sont amenées à fusionner dans cet environnement qui les entoure. Les corps filmés sont beaux, pleins de vie, et même les corps qui meurent sont magnifiés et envoutés (nous avec) par des chants chamaniques au caractère magique.

La réalité du quotidien (un amour adolescent, une mère mourante, etc.) se mêle à l'envoutement de la nature, tout comme c'était déjà le cas dans La forêt de Mogari. La nature, amicale mais également très violente, est le pivot central de ce film qui place le mot "FIN" sur ce très beau plan des deux adolescents nageant nus dans l'océan. Une très belle manière de clore ce film à mi-chemin entre réalisme et fable poétique.

Laura Wade (The Riot Club): « Pour cette élite, les femmes sont une autre espèce, qu’ils ne comprennent pas vraiment »

Posté par kristofy, le 30 décembre 2014

laura wade Lone Scherfig

Ecran Noir a rencontré l'équipe de The Riot Club récemment à Paris. Un trio aux voix concordantes: la cinéaste Lone Scherfig et les deux jeunes acteurs principaux Sam Clafin (Hunger Games) et Max Irons (fils de Jeremy).
Il y a trois mois au Festival du cinéma britannique de Dinard, nous avions déjà pu nous entretenir avec l'auteure de la pièce Posh et scénariste de l'adaptation qui a donné The Riot Club.

EcranNoir : L’existence et les règles d’un club tel que The Riot Club sont plutôt secrètes, comment avez-vous connaissance de leur fonctionnement ?
Laura Wade :
C’est plutôt difficile, parce que les gens membres d’un tel club ne doivent pas en parler en effet où ne veulent pas en parler. Il faut rencontrer quelqu’un de proche, par exemple une fille dont le petit ami à l’université est dans un club et qu’elle parle des choses de son point de vue à elle, ou par exemple une personne qui a été invitée à faire partie d’un club mais qui a décliner l’invitation. En fait il y a plusieurs clubs différents et similaires en même temps. Pour moi il s’agissait surtout d’écrire à propos d’un club de fiction pour la pièce de théâtre et ensuite pour le film. Donc j’ai dû faire quelques recherches sur des vrais clubs et ensuite utiliser mon imagination pour en créer un nouveau.

EN : Entre votre pièce Posh et le scénario du film quels ont été les changements ?
Laura Wade :
La pièce se déroule principalement dans un seul lieu, là où se passe le dîner. Pour le film l’histoire devait respirer un peu plus et il fallait faire mieux connaissance avec les personnages. J’ai donc rajouté des séquences de rentrée universitaire où chacun se rencontre, et aussi d’autres choses à propos des conséquences du dîner par exemple au poste de police. C’est plutôt amusant de re-écrire mon texte en y ajoutant des choses auxquelles j’avais pu penser mais qui ne pouvaient alors pas figurer dans une pièce de théâtre, comme par exemple une séquence où ils font le tour de la ville la nuit en voiture.

EN : Comment les gens passés par l’université de Oxford ont pu réagir au film ?
Laura Wade :
Certains ont bien reconnus les personnages qui pouvaient ressembler à des élèves qu’ils ont côtoyés. D’autres déclarent qu’ils n’ont pas vécu ce genre d’expériences durant leurs années d’université à Oxford. Ma réponse est qu’il s’agit d’une histoire à propos de ce petit groupe d’étudiants à Oxford qui forment ce Club, ils se considèrent comme un top 10 de l’élite dans une communauté de plusieurs milliers d' étudiants. Le comportement des jeunes du film ne prétend pas représenter celui de ceux qui sont à Oxford. Le film montre un microcosme.

EN : Ce film The Riot Club a été écrit par une femme et réalisé par une femme alors qu’il s’agit d’un club réservé aux hommes, cela aurait été différent par un homme ?
Laura Wade :
En tant que femme je crois qu’on a peut-être un œil plus détaché sur ce sujet, on peut le regarder presque de manière anthropologique. Dans la longue scène de dîner des membres du Club les hommes veulent profiter des quelques femmes qui arrivent de plusieurs manières, il y a là un regard critique sur le genre masculin. En fait ce n’est pas tant un rapport homme/femme qu’un rapport de classe entre riche/pas riche.  Les membres du Club ont des expériences que l’on n’imagine pas comme derrière une porte secrète, raconter cette histoire c’est permettre aux spectateurs de découvrir ce qui se passe derrière cette porte. Avec l’écriture je veux explorer des domaines que je ne connais pas. Je n’aime pas faire des généralisations comme les hommes c’est comme ci et les femmes c’est comme ça, les choses sont plus complexes. Ceci dit les personnages masculins du film veulent dominer le monde, les autres, les femmes. En fait ils n’ont pas beaucoup d’expériences d’amitié ou d’amour avec des filles, et ces garçons se sentent plus dans une zone de confort entre eux. Ceux qui sortent de cette prestigieuse université peuvent se retrouver dans la banque ou dans la politique ou le droit, qui sont encore des univers dominés par les hommes. Pour eux les femmes sont une autre espèce, qu’ils ne comprennent pas vraiment…

Le Festival de Rome rêve de devenir le Toronto européen

Posté par vincy, le 30 décembre 2014

Le Festival international du film de Rome a décidé de changer de stratégie. L'échec médiatique de sa compétition et la baisse de fréquentation l'ont poussé à abandonner sa guerre frontale avec le Festival de Venise.

Dorénavant, le Festival de Rome arrête la compétition. Le prestige restera à Venise, la cinéphilie à Turin. Rome ambitionne de devenir le Toronto de l'Europe. Le Festival de Toronto, le plus important marché du film après Cannes et le premier festival d'Amérique du nord, ne décerne aucun prix majeur hormis celui du public et des prix thématiques sponsorisés.

Il faut dire que le ministère de la Culture en avait assez de financer un événement qui lui coûtait 1,4 million d'euros (20% du budget) sans aucune retombées réelles. Les billets ne se vendaient plus. Les stars ne venaient plus. Seules les accréditations professionnelles se maintenaient.

Conséquence: le ministère veut bien maintenir sa part dans le budget, mais le festival doit changer. Il investira essentiellement dans un marché mondial du film, qui fait cruellement défaut en Europe à cette période de l'année, hormis celui de Londres, peu flamboyant. Le Festival de Rome, parallèlement, lancera une section consacrée aux nouvelles formes de cinéma.

Rome s'est également engagé à créé les conditions nécessaires à un partenariat avec la Mostra de Venise.

Enfin, en annonçant que la compétition serait remplacée par un prix du public, sur le modèle de Toronto, Rome pourrait devenir une rampe pour les avant-premières européennes de films qui refusent la compétition dans les grands festivals. Londres et New York s'en inspirent aussi pour leurs festivals d'octobre. Mais cela ne peut fonctionner que si le public romain est au rendez-vous.

Le Festival de Rome complètera sa mue avec un nouveau nom, un nouveau directeur et une nouvelle date dans le calendrier.

David O. Russell tournera Joy en février

Posté par vincy, le 29 décembre 2014

jennifer lawrence edgar rapirez

David O. Russell a finalisé le casting de son prochain film, dont le tournage débutera en février. Jennifer Lawrence, sa muse depuis Happiness Therapy, sera mariée à Edgar Ramirez dans Joy, biopic autour du personnage de Joy Mangano, inventrice d'objets quotidiens utilisés dans le monde entier et qui a déposé plus 100 brevets.

Jennifer Lawrence incarne l'inventrice devenue riche grâce à une balais-serpillère. Outre Ramirez (qu'on retrouvera l'an prochain dans le remake de Point Break) qui jouera l'époux, on retrouvera Robert de Niro dans le rôle du père du personnage de Lawrence.

David O. Russell vient de terminer le tournage de Nailed, une comédie romantique avec Jake Gyllenhaal, Jessica Biel, James Marsden et Catherine Keener.

The Interview récolte 1,8M$ aux Etats-Unis

Posté par vincy, le 28 décembre 2014

Il faudra attendre les chiffres des plateformes web pour connaître les véritables résultats de The Interview (L'Interview qui tue). Mais le box office de son premier week-end, réduit à 331 salles aux Etats-Unis au lieu des 2000-3000 prévues avant les menaces qui planaient sur le film (lire notre actualité du 23 décembre), a parlé: en 5 jours, la comédien a récolté 1,8 million de $ soit 5471$ par écran. Un résultat très honorable. En moyenne par écran, ses recettes sont supérieures à celui du nouveau film de Tim Burton, du dernier Mark Wahlberg, et même que des films déjà sortis comme Exodus, Wild, Annie ou La nuit au musée 3.

On peut s'interroger sur la stratégie de Sony (pourquoi ne pas faire une sortie mondiale et globale?, pourquoi une diffusion numérique qui a conduit le film a être massivement piraté?). Mais, malgré des critiques parfois un peu rudes, une déception propagée par les réseaux sociaux, le buzz a fait du bon boulot et la défense de la liberté d'expression a motivé les spectateurs.

Rappelons quand même que le film a coûté un peu plus de 80M$ avec les coûts marketings, même s'ils ont été réduits à la dernière minute.

Rappelons que le film est visible uniquement aux Etats-Unis sur les plateformes suivantes:

Google Play: http://play.google.com/
YouTube Movies: http://youtube.com/movies
Xbox: http://video.xbox.com/
Kernel: http://SeeTheInterview.com/

Nos coups de coeur de l’année: la sublime banalité dans Boyhood de Richard Linklater

Posté par vincy, le 28 décembre 2014

boyhood

Une année de cinéma c'est quasiment un film par jour, sur grand ou petit écran. On peut y ajouter les rencontres chaleureuses d'artistes pour des interviews, les disparitions marquantes de comédiens que nous ne verrons plus, de cinéastes qui ne filmeront plus, les souvenirs plus personnels où des images de fiction se mêlent à nos vies. Ainsi, on se surprend à être submergé d'émotions avec un chant japonais autour d'une femme en train de mourir (Still the Water de Naomi Kawase), sans que l'on sache si l'on est davantage touchés que d'autres confrères par cette scène parce que nous sommes nipponophiles. Idem face à cette scène toute québécoise où un trio d'acteurs chante du Céline Dion, pas forcément notre tasse de thé, pour communier ensemble (Mommy de Xavier Dolan), sans que l'on sache vraiment si d'avoir vécu dans la Belle province nous influence.

C'est toute la force du cinéma: nous faire aimer Scarlett Johansson en alien vampire ou la classe de la Cour de Babel, un plan séquence de '71 ou une scène de foot de Timbuktu, nous faire vibrer avec un histoire simple comme Party Girl ou nous amuser avec une comédie policière à la Agatha Christie au Grand Budapest Hotel.

Mais si je devais retenir un coup de coeur, ce serait Boyhood. C'était à Berlin, un jeudi matin. L'hiver est clément: pas de neige, du soleil, un froid sec. La projection est matinale dans la grande salle du Berlinale Palast. On ne sait quasiment rien du film. Il a été présenté à Sundance trois semaines avant, mais la presse américaine n'en a pas fait l'événement à l'époque. Richard Linklater est connu, mais pas forcément pour une oeuvre dont le pitch tient en deux lignes. Le casting n'est pas de catégorie A et la durée de 2h45 a tendance à nous inquiéter plus qu'à nous emballer.

Et donc près de trois heures plus tard, on ressort étourdi, épaté, bluffé même. Douze années d'une vie, avec les mêmes acteurs que l'on voit grandir (les enfants) et vieillir (les adultes). Pourtant ce n'est pas ce tour de force du projet (filmé durant douze ans) qui nous impressionne. Si Boyhood reste parmi les grands souvenirs de cinéma de l'année c'est parce qu'il ne raconte rien de spécial, hormis la vie d'une famille américaine typique, qu'il ne surdramatise rien, qu'il fait de la routine et du quotidien de chacun un élément de l'évolution. Il est le reflet de notre vie, renvoyant l'image d'une société banale, d'une famille normale. On éprouve une empathie immense pour les personnages. On lâche prise. La mise en scène réussit à relier la douzaine de chapitres sans accros. Cette fluidité, non exempte de beauté, nous emporte dans le tourbillon de la vie.

Et c'est finalement là que le cinéma est un art sublime. Peu importe le voyage, l'ivresse est toujours là. Mais lorsqu'il pointe sa caméra sur l'amour et la vie, que ce soit au Japon, au Québec ou en Lorraine, il nous rappelle à quel point tout est affaire d'auteur, de point de vue, de récit. Boyhood est un très grand récit universel, donnant raison à Jean-Paul Sartre qui rappelait: « Pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu'on se mette à le raconter.»

Nos coups de cœur de l’année: Mommy de Xavier Dolan, ou la métaphore du cinéma

Posté par MpM, le 27 décembre 2014

mommy anne dorval

L'image qui me restera de 2014, c'est celle d'un cadre qui, par la magie du cinéma, s'élargit tout à coup, passant d'un format carré au cinémascope, pour donner de l'ampleur et de l'oxygène aux personnages du film.

Cette simple idée de Xavier Dolan dans Mommy, c'est un peu une métaphore du cinéma, ou tout au moins de ce qu'il fait à nos esprits et nos vies: les ouvrir, les élargir, les étendre. Jour après jour, l'année 2014 aura ainsi été transcendée par les images qui s'y seront succédé.

En vrac, un couple immobile plongé dans la contemplation d'une fresque invisible aux yeux du spectateur (Les chiens errants de Tsai Ming-Liang), la vie qui s'écoule sans heurts sous nos yeux (Boyhood de Richard Linklater), une réflexion ambiguë sur l'humanité perçue à travers le regard froid d'une extra-terrestre mangeuse d'hommes (Under the skin de Jonathan Glazer), un couple de vampires au charme radical et à l'élégance folle (Only lovers left alive de Jim Jarmusch, que nous avions vu en 2013 sur la Croisette), un labyrinthe effréné et vertigineux où chaque porte et chaque mur dissimulent un secret enfoui (L'étrange couleur des larmes de ton corps d'Hélène Cattet et Bruno Forzani), un conte surnaturel sur le degré de conscience des intelligences artificielles (Computer chess d'Andrew Bujalski), un homme qui va à la mort (Near death experience de Benoît Delépine et Gustave Kervern), et même le paradis (Le paradis d'Alain Cavalier).

Des histoires et des personnages, des gestes, des dialogues et des regards, des mouvements de caméra, des plans et des ellipses qui auront tous concouru à leur manière à faire de nous ce que nous sommes à la veille de cette nouvelle année. Prêts à enchaîner sur les films de l'année 2015 ?!

Nos coups de coeur de l’année: les enragés de Goal of the Dead de Benjamin Rocher et Thierry Poiraud…

Posté par kristofy, le 26 décembre 2014

goal of the dead

Fin d'année oblige, faire un top 10 donne le vertige, forcément on transige, mais on y arrive. Un top 10 des meilleurs films de l’année forcément subjectif (et aussi très éclectique et même cosmopolite avec des films venus d’Indonésie, d’Espagne, du Danemark, d’Inde…). Tout comme certains jurés de festival déclarent qu’ils auraient voulu récompenser plusieurs films mais qu’ils ne peuvent donner qu’un seul prix, un «coup de coeur de l'année» est donc attribué à un film français pas comme les autres. A la fois plus amusant, plus féroce, plus inventif, plus sensationnel, plus original, la bonne surprise est totale et aussi de tout les instants : Goal of the Dead !

Il s'agit en fait d'un diptyque, Goal of the Dead - Première mi-temps réalisé par Benjamin Rocher et Goal of the Dead – Seconde mi-temps réalisé par Thierry Poiraud. Chaque réalisateur ayant un œil sur l’ensemble. Le film Goal of the Dead se découvre pendant 2h20, sans aucun temps mort pour le spectateur, qui est embarqué progressivement vers un match de foot qui dégénère en lutte contre des zombies (et des morts, il y en aura, pour le meilleur et pour le rire).  L'équipe de football de l’Olympique de Paris va disputer un match contre l'équipe du village de Capelongue... mais une infection semblable à la rage va se propager, et transformer les spectateurs du stade et certains joueurs en créatures ultra-violentes et contagieuses! Le pitch est à la hauteur du résultat.

A noter que le film n’a pas connu une distribution classique. Malgré une date de sortie nationale, il était plutôt promis à devenir invisible la semaine suivante, remplacé par une autre nouveauté, sachant que les différents multiplexes rechignent à programmer ‘les films de genres en français’ (d’autant plus ceux d'une durée de 2h20). La diffusion du film a été organisée de manière évènementielle (avec des courts-métrages en bonus), accompagné par l’équipe du film allant de ville en ville durant quatre mois. Goal of the Dead est en fait un double-programme avec deux films pour le prix d’un: tout comme Quentin Tarantino et Robert Rodriguez avaient remis au goût du jour le Grindhouse (avec Boulevard de la mort et Planète Terreur), Benjamin Rocher et Thierry Poiraud proposent une variante française très réussie.

Goal of the dead oppose donc footeux et zombies (enragés), l’idée est bonne mais le film ne risquait-il pas de souffrir d’un pas assez ‘à la française’ (pas assez de budget, pas assez de temps…)? La très bonne surprise est que ces deux parties vont bien au-delà de son concept ‘du foot et des zombies’ et se révèlent une comédie horrifique très détonante. « L'idée première était d'en faire une série télé mais on n'a pas eu le budget adéquat ni le débouché, le côté violence gore ça ne passe pas à 20h50. Il y avait beaucoup de personnages et leurs histoires, et le scénario a été retravaillé pour le film» explique Benjamin Rocher. L’histoire avait été développée sur une longue durée en plusieurs épisodes et le meilleur a été concentré en un bloc. C’est sans doute pour cela que le film est jouissif. Les acteurs sont épatants, les effets spéciaux impressionnants, c’est drôle, c’est violent, c’est spectaculaire.

Pour ma part, il me reste surtout les souvenirs de la projection de Goal of the dead: le film était sélectionné au BIFFF (le festival fantastique de Bruxelles) en avril, bien que déjà visible en France. Dans la salle l’ambiance est particulièrement festive avec beaucoup de gens déguisés et maquillés (l’après-midi même il y avait eu une zombie walk) et il s’agissait du premier film programmé pour une nuit spéciale qui en comportait quatre. A l’inverse du silence qui s’installe ailleurs, il est de tradition au BIFFF que le public participe bruyamment pendant les projections. Ici plusieurs ‘allez Jeannot’ et coups de sifflets applaudissaient un combat. Le réalisateur Benjamin Rocher présent a d’ailleurs dit « une sélection au BIFFF, c'est la coupe du monde des projections festives, c'est l'ambiance dont on rêvait. »

Il y a quelques jours à la radio (sur France Inter) Jordan Mintzer, critique du Hollywood Reporter, a conforté mon coups de coeur: "pour moi, le film français de l'année reste Goal of the Dead". Pas mieux.

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Nos coups de coeur de l’année: Miles Teller et l’énergie généreuse de Whiplash

Posté par cynthia, le 25 décembre 2014

miles teller whiplashIl y a des questions qui se posent sans cesse et exigent des réponses complexes. En fin d'année, on vous demande de faire le bilan, vos top 10, etc...«Quel est ton film préféré?» est la plus répandue quand on passe son temps dans les salles de cinéma et les festivals. Et à chaque fois c'est la même chose: je me lançait dans des tirades interminables et hésitantes. Jusqu'à ce jour ensoleillé du 3 septembre 2014, date à laquelle un film a enfin, et déjà, emporté le titre si convoité de «coup de coeur de l'année».

Whiplash de Damien Chazelle. De battre mon cœur s'est arrêté. Quand j'ai découvert le film, j'en ignorais tout, hormis la présence du prometteur Miles Teller. J'avais apprécié ses prestations dans Rabbit Hole et The Spectacular Now. Je suis entrée dans la salle. Un petit coup d'œil sur le dossier presse. Passionnée de batterie depuis toujours (j'aurai rêvé prendre des cours), le sujet m'intrigue.

Damien Chazelle ouvre le bal dans un tourbillon de batterie, Miles Teller qui incarne un jeune batteur de jazz en quête de reconnaissance donne tout son talent (sans doublure) et joue de ses baguettes, J.K Simmons s'ajoute au prologue. En quelques phrases, on devine une comédie "musicale", et pourtant tout bascule après quelques baffes rendant l'atmosphère sado-maso. Tout comme l'élève, on reçoit une claque en pleine face. J'ai commencé le film avec un martèlement cardiaque puis par l'arrêt total de mon cœur dans un soupir, disons-le, orgasmique.

Criblé de références - Full Metal Jacket (la scène de son premier cours), Black Swan (le renfermement de soi, les mains en sang après un entraînement intense et la rivalité omniprésente dans le milieu), Rocky (les mains plongées dans la glace afin de ne plus ressentir la douleur physique) - Whiplash rappelle par ailleurs combien musique et cinéma n'ont cessé de se nourrir mutuellement, tout au long d'un roulement de tambour d'innovations esthétiques, techniques et commerciales.

Pourquoi un film sur la dépossession de soi m'-a-t-il autant marqué? Le personnage d'Andrew? Certes il fait fortement penser à celui de Nina dans Black Swan. Il ne manquait plus qu'une scène sensuelle de masturbation et un échange homosexuel avec son rival rouquin et incroyablement sexy et on y était. Petit gentil de service, timide qui n'ose même pas s'approcher d'une caissière de cinéma qui lui plaît ni rétorquer aux vannes puériles de ses camarades musiciens, le jeune homme se sacrifie au point de prendre des pop-corn aux raisins secs pendant sa séance de cinéma mensuelle d'avec son père, alors qu'il n'aime pas ça. Puis il rencontre ce professeur et tout bascule. En quelques humiliations le voilà réduit à s'endurcir, à se noircir. Il devient entreprenant puis solitaire, préfèrant s'enfermer des jours et des nuits dans son petit mètre carré et jouer de la batterie jusqu'à avoir les phalanges en sang, pour finir par devenir vulgaire envers toutes les personnes qui se mettent en travers de son chemin.

La beauté du film réside principalement dans le talent de Damien Chazelle et la prestation exceptionnelle de Miles Teller. Un duo de choc. Passant de l'ange adorable au psychotique aveuglé par le succès, Miles, avec ses airs de Marlon Brando, décharge une énergie sexuelle. Il suffit de le voir tâter de sa batterie avec violence lors de son dernier solo en est presque sexuel. Accentué par le regard apeuré de son père qui prend conscience que son fils a perdu son âme, j'y ai laissé bien plus que des plumes sur mon siège.

Whiplash n'est donc pas seulement mon coup de cœur 2014, il est un de ceux qui a marqué ma vie de cinéphile.

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