Viola Davis dans le prochain film de Steve McQueen

Posté par vincy, le 16 octobre 2016

Un sacré trio en perspective. La romancière et scénariste de Gone Girl, le réalisateur de 12 Years a Slave et la star de la série How to Get Away With Murder. Widows est l'adaptation de la minisérie britannique des années 1980 (2 saisons de six épisodes) où des épouses de cambrioleurs se retrouvent veuves après un braquage qui a mal tourné. Elles décident alors de continuer le business. En 2002, un remake américain avait déjà été fait, avec Brooke Shields et Rosie Perez.

Gillian Flynn devrait être en charge du script de ce thriller, aux côtés du réalisateur Steve McQueen. Selon Variety, Jennifer Lawrence a été approchée pour jouer l'une des quatre veuves mais son emploi du temps trop chargé l'a conduite à passer son tour. En revanche, Viola Davis est en négociations finales.
L'actrice sera l'une des oscarisables de l'année avec son rôle dans Fences de et avec Denzel Washington, adaptation d'une pièce de théâtre pour laquelle elle a gagné le Tony Award de la meilleure actrice en 2010. Vue récemment dans Suicide Squad, elle est entrée dans l'histoire en étant la première à remporter le Screen Actors Guild Award de la meilleure actrice dans une série télévisée dramatique l'an dernier (exploit réédité cette année). Viola Davis a aussi été nommée à l'Oscar de la meilleure actrice pour La Couleur des sentiments en 2012.

Festival Lumière: le choix de Jerry Schatzberg, la folie de Deneuve, le Buster de Keaton et le pape de Sorrentino

Posté par Morgane, le 16 octobre 2016

Ce qui caractérise le Festival Lumière c'est son éclectisme. On peut, en une semaine, passer d'un film de Marcel Carné à Very Bad Trip ou Les Bronzés font du ski (La Nuit bande de potes), d'Ettore Scola à Jacques Demy, de Catherine Deneuve à Gong Li, des amours de Tarantino à ceux de Tavernier, de Buster Keaton à Jerry Schatzberg, de Park Chan-wook à Dracula... En neuf jours on réalise donc de véritables grands écarts cinématographiques à vous donner le tournis.

Jerry Schatzberg sème la Panique à Needle Park

Panique à Needle Park (second film de Jerry Schatzberg après Portrait d'une enfant déchue et avant L'épouvantail, Palme d'or en 1973) est qualifié par Thierry Frémaux comme "l'un des plus grands surgissements à la fois à l'intérieur et à l'extérieur du Nouvel Hollywood!". Il était ici présenté en version restaurée.

Jerry Schatzberg, présent pour l'occasion, nous raconte une anecdote sur le choix de son acteur. "Quatre ans avant de réaliser mon premier film, j'ai vu, avec mon manager, Al Pacino à Broadway et je me suis dit que je voulais un jour travailler avec lui. Cinq ans après, j'avais donc tourné mon premier film mais j'étais très énervé car le laboratoire avait bousillé les six dernières minutes de mon film (Portrait d'une enfant déchue). Mon agent m'envoie à ce moment-là le script de Panique à Needle Park. Mais j'étais tellement en colère que je l'ai lu en diagonale et je l'ai refusé. Mon manager me parle aussi de ce script en me disant que Al Pacino voulait le faire. Je l'ai donc relu en imaginant Al Pacino dans le rôle principal. Je me suis excusé auprès du studio et j'ai dit que je voulais le faire avec Al. Mais la Fox ne veut pas de Al Pacino car elle le trouve trop vieux (31 ans à l'époque). On fait donc un casting, des essais. On était alors à New York et Robert de Niro se pointe au casting. Il était fantastique! mais pour moi il jouait le rôle, alors que Al était le rôle. Quelques jours après les essais, on me tape sur l'épaule. C'est Robert de Niro qui me dit: "Alors, on le fait ce film!?" Pris au dépourvu je lui ai donc dit la vérité. Il s'est alors retourné et est parti sans rien dire. Depuis on se croise de temps en temps, on se dit bonjour poliment mais c'est tout..." Voici donc la genèse du rôle qui a vraiment lancé la carrière de Al Pacino.

Panique à Needle Park, adaptation du roman de James Mills, est un film merveilleusement tragique qui se déroule à "Needle Park" (le parc des seringues). Plaque tournante new-yorkaise de la drogue, le film dépeint cette fin des années 60 où une pénurie d'héroïne crée un véritable vent de panique chez les toxicos. Acteurs professionnels et non professionnels se côtoient et donnent au film tout son réalisme, de l'achat au manque en passant par les injections et tout ce dont ils sont capables pour avoir une dose. Cette destruction semble inévitable pour tous ceux qui évoluent dans cet univers et c'est dans celui-ci que prend place l'histoire d'amour entre Bobby (Al Pacino), jeune héroïnomane adorable, et Helen (Kitty Winn) qui, errant dans les rues, retrouve goût à la vie grâce à Bobby. Mais entre la vie et la seringue, qui pèse le plus lourd?

Catherine Deneuve, malmenée par Polanski et abandonnée par Dupeyron

Parmi les 13 films de la filmographie, il y avait Repulsion (1965) de Roman Polanski. Régis Wargnier (avec qui elle a tourné Indochine) est présent pour nous dire quelques mots sur le film et son actrice. "Révélée dans les Parapluies de Cherbourg deux ans auparavant (1963) c'est déjà une audace d'avoir tourné une comédie musicale à même pas 20 ans. C'en est une autre également de tourner Repulsion à 22 ans et Belle de jour à 24. Elle est en réalité audacieuse dès son plus jeune âge! Polanski, dont c'est ici le troisième film, a passé son enfance dans le ghetto de Varsovie. Il a connu la guerre, les privations et c'est un être particulier qui traite souvent des maladies mentales. C'est courageux de la part de Catherine Deneuve qui, à 22 ans, se retrouve avec un homme très abîmé, Roman Polanski, enfermée dans un appartement londonien." Roman Polanski qui a dit d'elle: "Tourner avec Catherine Deneuve c'est comme danser le tango avec une cavalière farouche."

Carole partage un appartement à Londres avec sa soeur. Cette dernière part en vacances avec son amant et Carole se retrouve seule. C'est alors qu'elle a des hallucinations et sombre dans la folie.  Introvertie Carole ne supporte pas la présence des hommes. Attirée et à la fois dégoutée par le sexe, sa solitude se transforme en véritable scène d'horreur. La caméra de Polanski filme cette folie au plus près. Les sons sont stridents et obsédants (la sonnerie du téléphone, les gouttes d'eau), les gros plans sont nombreux, déformants et déformés afin d'introduire le spectateur dans le cerveau malade de Carole. Le lapin en décomposition, les pommes de terre qui pourrissent rajoutent à cette atmosphère de dégout qui entoure ce personnage si étrange. La folie monte peu à peu pour atteindre son paroxysme où plans et sons perturbants se mélangent sans répit, sans pause, sans souffle... Catherine Deneuve est ici hallucinante de justesse dans cette folie, n'en faisant jamais trop mais juste ce qu'il faut.

La séance d'après on a pu découvrir une toute autre Catherine Deneuve devant la caméra de François Dupeyron dans Drôle d'endroit pour une rencontre (1988), son premier long métrage. Elle campe ici une femme bourgeoise que son mari abandonne en pleine nuit sur une aire d'autoroute après une violente dispute. La voilà paumée, géographiquement perdue, mentalement déboussolée. Elle fait alors la rencontre de Charles (superbe et très touchant Gérard Depardieu) qui est occupé à démonter et remonter le moteur de sa voiture et veut à tout prix rester seul, même si au final c'est lui qui parle le plus... Drôle de rencontre, drôle de film que cette histoire qui se déroule entièrement entre deux aires d'autoroute. Sorte de huis clos nocturne à ciel ouvert, où les personnages alentour ne font finalement que passer, Deneuve et Depardieu dansent ici une valse qui ne se fait qu'à deux. On s'éloigne tout en se rapprochant peu à peu pour mieux s'éloigner ensuite... Les aires d'autoroute où l'on ne fait normalement que passer deviennent ici le décor qui accueille cette histoire d'amour naissante, ce jeu du "je veux, moi non plus" qui s'installe entre les deux personnages. Film au décor improbable et aux dialogues percutants, Drôle d'endroit pour une rencontre est une très belle découverte. Un des films préférés de Deneuve. Mais aussi un souvenir douloureux puisque le tournage fut assez éprouvant et l'ambiance plutôt tendue.

Buster Keaton et un piano

Le Festival Lumière c'est aussi une rétrospective Buster Keaton avec un ciné-concert à l'auditorium joué par l'orchestre national de Lyon, des projections et des programmes de courts-métrages accompagnés superbement au piano par Romain Camiolo, pianiste lyonnais.
Buster Keaton est né la même année que le cinématographe. Et son nom vient d'une chute qu'il a fait dans les escaliers à l'âge de 6 ans après laquelle le grand magicien Houdini s'était écrié "what a buster!" (quelle chute!). Tout le destinait donc...
Tous les films projetés durant le festival sont présentés dans leur version restaurée par les laboratoires de Bologne grâce au Keaton Project mené par la cinémathèque de Bologne et Cohen Films. Une très belle occasion de revoir, découvrir ou faire découvrir cet "homme qui ne riait jamais", son univers et pourquoi pas de partager cela avec petits et grands.

Sorrentino passe sur petit écran

Le Festival Lumière cette année ce n'est pas que du cinéma, c'est aussi une série. Celle réalisée par Paolo Sorrentino (Les Conséquences de l'amour, Il Divo, Le grande bellezza), The Young Pope, présentée en avant première mondiale à Venise, et qui sera diffusée sur Canal Plus à partir du 24 octobre.

Sorrentino présent pour l'occasion nous en dit quelques mots: "C'est un sujet qui me tenait à coeur depuis quelque temps. J'ai recueilli beaucoup de matériel mais trop important pour un seul film, donc on en a fait une série." La différence entre l'écriture cinéma/série, selon lui, est que "l'une est l'opposée de l'autre. Dans le cinéma on se concentre sur l'essentiel. Dans la série on joue la dilatation du temps, l'extension du sujet. Mais mon histoire vient du cinéma alors j'ai essayé de greffer à la série des concepts propres au cinéma. Dans les séries par exemple, ce qui fait défaut, ce sont les scènes cruciales qu'on n'oubliera jamais. j'ai essayé de les intégrer ici."

Les deux premiers épisodes projetés en avant-première sont visuellement sublimes. Chaque plan est pensé, chaque mouvement est voulu, chaque parole est pesée. L'histoire de ce jeune pape (Jude Law) pas vraiment comme les autres, qui fume, boit du cherry coke au petit déjeuner et veut imposer une idée bien précise de ce que sera son pontificat est assez attrayante et intrigante. Néanmoins il ne faudrait pas que la dilatation du temps et l'extension du sujet soient telles qu'elles perdent le spectateur. Toujours est-il que la fin du deuxième épisode est assez fracassante pour qu'on ait hâte de voir le troisième!

Quant à son prochain film, "j'espère le tourner l'année prochaine mais je n'arrive pas encore à comprendre quoi!"

Les Animaux Fantastiques, nouvelle poule aux œufs d’or pour J.K. Rowling

Posté par cynthia, le 15 octobre 2016

Cette semaine d'octobre est d'ailleurs en or pour les fans de la saga du petit sorcier. Alors que L'enfant maudit, huitième tome (version théâtre) d'Harry Potter vient de sortir en librairie, J.K Rowling veut désormais faire des Animaux Fantastiques une saga et non plus une trilogie. Vous avez la cicatrice qui vous brûle vous aussi?

Le buzz qui monte n'en finit pas (au point peut-être de lasser, même si les fans sont toujours mordus). Profitant de chaque événement (nouvelle bande annonce, comic-con, lancement de la pièce de théâtre, parc d'attraction...) concernant l'univers Harry Potter, J.K Rowling, la plus talentueuse des moldus, a décidé de faire dans la surenchère. Mieux, elle créé l'événement pour faire monter la sauce (ebooks inédits sur Pottermore par exemple, lancés en septembre pour remettre un jeton dans la machine).

"Nous l'avons su dès le début..."

L'auteure-scénariste-productrice a finalement révélé que Les Animaux Fantastiques (prequel de la saga Harry Potter) aura quatre suites et non plus deux, comme elle l'avait annoncé cet été. Harry Potter est éternel et une source de revenus inépuisable. A n'en pas douter ces quatre nouveaux films seront en plus déclinés en livres. Le tout donnera lieu à des coffrets vidéo, des collectors et autres goodies.

"Nous avons fait des sessions scénaristiques l'autre jour, et nous avons toujours su qu'il y aurait plus d'un film", a expliqué l'auteure devenue scénariste avec ce prequel très attendu."Nous l'avons su dès le début. Nous avons pris le terme "trilogie" comme marqueur car nous savions qu'il y aurait plus d'un film. Je pense que nous pouvons annoncer maintenant que j'ai correctement développé l'intrigue, et que nous sommes assez certains, qu'il y aura cinq films." (*hurlements et malaises*)

La série de cinq films annoncés par l’écrivaine britannique concerne les aventures de Norbert Dragonneau (Eddie Redmayne) à New York dans les années 1920, donc bien avant la naissance du jeune sorcier. Néanmoins si tout ce passe comme pour Harry Potter, le deuxième épisode des Animaux Fantastiques verra le jour en Novembre 2018 (un film par an). Rappelons que le premier opus sera dans nos salles le 16 novembre prochain.

Bob Dylan, prix Nobel de littérature, objet de fascination au cinéma

Posté par vincy, le 15 octobre 2016

Prix Nobel de littérature, qui aurait pu le croire? Bob Dylan, musicien légendaire, chanteur iconique, poète indéniable, a donc fait entrer la chason folk dans le cercle littéraire. L'art mineur de Serge Gainsbourg s'invite dans les arts majeurs.

Mais Bob Dylan c'est aussi du cinéma. Si on croit la base IMDB, plus de 600 films (Forrest Gump, American Beauty, The Big Lebowsky, Jerry Maguire, Snake Eyes, Las Vegas Parano, Outsider entre autres), téléfilms et séries (évidemment les Simpsons mais aussi True Detective, How I met Your Mother, Deux flics à Miami ou Glee) ont utilisé ses chansons. Il en a d'ailleurs composé une pour My Own Love Song d'Olivier Dahan. Et avec une chanson écrite pour Wonder Boys de Curtis Hanson, il a remporté un Oscar et un Golden Globe.

On le sait moins mais Bob Dylan a aussi été acteur. Dans Pat Garrett et Billy le Kid de Sam Peckinpah (le seul qui vaille le détour), Hearts of Fire de Richard Marquand, Catchfire de Dennis Hopper, Paradise Cove de Robert Clapsadle et Masked and Anonymous de Larry Charles, sur un scénario qu'il a coécrit sous le nom de Sergei Petrov.

Il également écrit (avec Sam Shepard), interprété ET réalisé un film, Renaldo and Clara en 1978 (notons que si Bob joue dans cette fiction, c'est Ronnie Hawkins qui incarne Dylan), cinq ans après avoir écrit et réalisé le documentaire Eat the Document, qui racontait la tournée anglaise de 1966 appelée "Judas".

On ne peut pas éviter de mentionner La dernière valse, ultime concert de The Band, filmé par Martin Scorsese et où apparaît, entre autres, le chanteur. Scorsese, avec le documentaire No Direction Home, en 2005, se concentre sur Dylan et présente les débuts de sa carrière et des concerts et des tournées aux USA et en Europe.

Et puis, last but nos least, Dylan a été mythifié par le 7e art sans mentionner I'm not there, réalisé par Todd Haynes en 2007. La musique de Dylan y est omniprésente. Et pour cause: Bob Dylan y est incarné par six acteurs différents, pour chaque période de sa vie , avec un personnage reflétant une facette de sa vie, de ses influences ou de sa personnalité (Marcus Carl Franklin, Ben Whishaw, Heath Ledger, Christian Bale, Richard Gere et Cate Blanchett). Un biopic puzzle entre faits et fiction. C'est peut-être là qu'il faut chercher les origines de ce Nobel étrange. Dylan est un caméléon, qui fait de la poésie des chansons, de sa vie un matériau littéraire ou cinématographique, de sa vie une introspection métaphysique qui vire à l'universel.

Ultime soupir qui ne fait pas rire: Pierre Etaix est mort (1928-2016)

Posté par vincy, le 14 octobre 2016

Pierre Etaix est mort, a annoncé sa famille ce vendredi 14 octobre. Acteur, clown, cinéaste, affichiste, dramaturge et dessinateur, il avait 87 ans. Adorateur de Georges Méliès, ami de Jacques Tati, ex-époux d'Annie Fratellini, il était un héritier des Buster Keaton, Harold Lloyd et Charlie Chaplin.

Il avait commencé sa carrière en jouant les comiques dans les cabarets et les music-halls. En 1954, il rencontre Jacques Tati, avec qui il collabore en tant qu'assistant réalisateur sur le tournage de Mon Oncle, en plus de dessiner l'affiche. Logiquement, il passe derrière la caméra, avec Rupture, coréalisé avec Jean-Claude Carrière. Leur deuxième court, Heureux anniversaire, obtient l'Oscar du meilleur court métrage en 1963. Cette année là, il signe son premier long, Le soupirant, Prix Louis-Delluc.

La critique et la cinéphilie l'auront longtemps abandonné sans doute, soyons indulgents, par malentendu. Lors de sa grande traversée du désert, suite à l'échec de Pays de cocagne en 1969, il fonde, en 1973, l'Ecole nationale du cirque. Inventeur perpétuel, il se frottera au théâtre, aux images de synthèse, au feuilleton télévision et même au format Omnimax pour la Géode.

Son génie est davantage apprécié de l'autre côté de l'Atlantique. Son sens du comique, sa maîtrise du gag. Il y a 7 ans, grâce au festival Lumière, les Français redécouvre son immense talent avec la restauration de son œuvre. Longtemp impossible ce travail de restauration n'a pu être fait qu'après la décision d'un tribunal lui rendant les droits de ses films, détenus frauduleusement par Gavroche productions (lire notre actualité du 30 juin 2009).

Côté cinéma, il n'a réalisé que six films (dont le dernier en 1989, J'écris dans l'Espace. Sa carrière a été plus fournie en tant que comédien. On l'a notamment vu récemment dans les films d'Otar Iosseliani (Chantrapas), chez Jean-Pierre Jeunet en inventeur d''histoires drôles (Micmacs à tire-larigot), chez Philippe Kaufman (Henry et June) et enfin en docteur dans Le Havre d'Aki Kaurismäki.

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Lire notre portrait

Disney lance les versions en prises de vues réelles de trois classiques animés

Posté par vincy, le 14 octobre 2016

Les 101 Dalmatiens, Alice au pays des merveilles, Maléfique, Cendrillon, Le Livre de la jungle, et bientôt La Belle et la Bête, Dumbo, Pinocchio et Winnie l'Ourson: Disney continue d'adapter ses classiques animés en films avec prises de vues réelles.

En moins de deux semaines, ce sont trois projets qui ont été confirmés.

Mulan tout d'abord. Le casting d'une actrice chinoise est en cours. Le film sortira le 2 novembre 2018, vingt ans après le dessin animé. Avec Mulan, Disney compte faire de grosses recettes en Chine, nouvel eldorado du box office. Le scénario sera écrit par Rick Jaffa et Amanda Silver, les auteurs de Jurassic World. Reste à engager un réalisateur. Mulan, version animée, avait récolté plus de 300 millions de $ dans le monde.

Le Roi Lion ensuite. Le 3e plus gros succès de l'histoire du studio et la comédie musicale la plus vue dans le monde va donc connaître une nouvelle vie avec une version que Disney promet très réaliste grâce aux images de synthèse (oxymore?). Jon Favreau (Le Livre de la jungle) réalisera ce film qui n'a pas encore de date de sortie. Le scénariste Jeff Nathanson (Catch me if you Can et le prochain Pirates des Caraïbes) vient d'être engagé. Une chose est sûre, Disney promet que les versions d'Elton John et Tim Rice seront intégrées au scénario. La BOF du film animé avait récolté deux Oscars, deux Grammy et reste la plus vendue dans le monde (15 millions d'exemplaires) parmi les musiques de films animés.

Enfin la version "live-action" d'Aladdin a désormais son réalisateur. Guy Ritchie (Sherlock Holmes) a été enrôlé cette semaine. Le scénario sera écrit par John August (Big Fish). Avec 500M$ de recettes dans le monde, le film animé de 1992 avait été le champion du box office cette année-là et avait gagné deux Oscars l'année suivante. Pas encore de date de sortie pour ce projet.

Festival Lumière : Les grandes projections, chefs d’œuvre en série

Posté par Morgane, le 14 octobre 2016

Comme chaque année le Festival Lumière propose un cycle appelé grandes projections, défini comme "Le rendez-vous traditionnel des amateurs de grands films sur grand écran". Pour cette 8e édition étaient donc projetés Full Metal Jacket de Stanley Kubrick, Nous nous sommes tant aimés d'Ettore Scola, Le Parrain de Francis Ford Coppola, Lawrence d'Arabie de David Lean, La Mélodie du Bonheur de Robert Wise, Manhattan de Woody Allen, La Porte du Paradis du récemment disparu Michael Cimino et Légendes d'automne d'Edward Zwick.

Un vrai bonheur de voir ou revoir ces films sur grand écran et dans de telles conditions! Coup de projecteur sur deux chefs d'œuvre qui évoquent la désillusion et le désenchantement, la perte d'idéal.

La grande fresque d'Ettore Scola

Eric Lartigau (réalisateur entre autres de La Famille Bélier) est ambassadeur de Lumière 2016 et nous présente Nous nous sommes tant aimé d'Ettore Scola, réalisateur qu'il qualifie de "grand amoureux des êtres".
Fresque italienne qui nous fait voyager dans le temps (durant presque 30 ans) aux côtés de trois amis, Antonio (le superbe Nino Manfredi), Gianni (le très émouvant Vittorio Gassman) et Nicola (Stefano Satta Flores), et de leur grand amour Luciana Zanon (Stefania Sandrelli). On suit alors le quotidien de ces trois hommes dont l'amitié remonte à la seconde guerre mondiale et à leur résistance face au nazisme. Tous trois sont de fervents défenseurs d'une société de gauche et ont un grand dégout pour la bourgeoisie, source de tous les problèmes du prolétariat. Ettore Scola se penche alors sur l'évolution de ces trois hommes si semblables au début dont les chemins divergent au fil de la vie. Constat amer d'une société qui s'est trouvé embourbée dans un après-guerre où la social-démocratie chrétienne a finalement pris les rênes. Teinté de mélancolie le film d'Ettore Scola met en avant ce temps qui passe, les illusions perdues, les grands idéaux qui s'effilochent et une amitié qui, malgré (ou à cause de) l'amour et l'engagement, ne trouve pas forcément la force de perdurer dans le temps... Comme le dit le personnage de Nicola à la fin du film, "on voulait changer la société mais c'est la société qui nous a changé".

Le réquisitoire contre la guerre de Stanley Kubrick

Autre style mais toujours présenté par Eric Lartigau, Full Metal Jacket (1987) de Stanley Kubrick.
Eric Lartigau dit de Stanley Kubrick "c'était un véritable perfectionniste. Il s'occupait de tout lors de ses premiers films (scenario, lumière, cadrage etc.) et au fur et à mesure, il devient encore plus perfectionniste. Du coup il met parfois jusqu'à 8 ans avant de présenter son film."
Plusieurs films sur la guerre du Vietnam sont déjà sortis, Apocalypse Now de Coppola (1979), Voyage au bout de l'enfer de Cimino (également 1979) et Platoon d'Oliver Stone sort quelques semaines avant Full Metal Jacket. "Mais ici Kubrick prend le contre-pied des films de guerre. Ils ne s'intéresse pas au grandiose de la guerre mais à l'humain. Le décor est alors presque secondaire."
Le film se découpe en deux parties, la première sur le sol américain avec l'entraînement des futures recrues des Marines et la seconde sur le terrain. Et en effet on voit dès la première partie que l'humain est le centre d'intérêt de ce film et non la guerre, les avancées de chaque camp, les victoires et les défaites. Par le biais d'une patrouille de jeunes recrues entraînée par le sergent Hartman (l'incroyable Lee Ermey), Stanley Kubrick s'attache à montrer l'impact d'une telle folie. Les vies brisées, les hommes transformés en véritables machines de guerre, machines à tuer. La déshumanisation à son paroxysme. L'effet est flagrant sur tous les membres de la patrouille même si il ne se manifeste pas de la même manière... Puis, le réalisateur nous transporte sur le terrain de la guerre bien réelle, cette guerre où les balles sont vraies, où la mort n'est pas un jeu et où chaque soldat est là pour tuer. Mais pour défendre quoi? Aucun ne semble réellement bien le savoir mais qu'importe, ils ont été formés pour...

Nul doute que ce film a fait grand bruit et a été très rapidement taxé d'anti-américanisme. On y voit la désinformation en marche, cette brutalité bestiale (la scène du soldat dans l'hélicoptère comptant le nombre de "Viets" qu'il a tués en est un exemple flagrant) qui enlève toute humanité. Mais chez Kubrick, les personnages sont toujours ambivalents, jamais tout blanc ou tout noir, et il en fait la preuve ici une fois encore, idée illustrée notamment par son personnage Joker qui a inscrit sur son casque "Born to kill" et porte sur la poitrine un badge peace and love.

Edito: Belles de jour comme de nuit

Posté par vincy, le 13 octobre 2016

Puisque, pour la première fois, une femme va recevoir le prestigieux Prix Lumière du festival du même nom qui se déroule à Lyon en ce moment, mettons-les à l'honneur. Car la femme n'est pas forcément gâtée par le cinéma. On le voit d'ailleurs très bien dans le documentaire de Bertrand Tavernier, président de l'Institut Lumière, Voyage à travers le cinéma français. Arletty ou Jeanne Moreau en filles légères mais délaissées; Brigitte Bardot en diablesse allumeuse; Blanchette Brunoy étranglée; Simone Signoret l'honneur bafoué; Emmanuelle Riva frustrée; Romy Schneider désœuvrée; Martine Carol qui se prend une claque... Franchement, qu'ont-elles fait pour mériter ça?

Bien sûr, avec le temps, l'émancipation des femmes, mais aussi la plus forte proportion de femmes dans la réalisation, le scénario et la production, les rôles ont évolué. On peut toujours caricaturer Adjani en folle ou Huppert en névrosée, les personnages sont bien plus variés et plus nuancés. Les femmes héritent même de rôles traditionnellement donnés à un mec y compris dans des blockbusters. Mais le phénomène est assez récent. On peut constater que la femme, aujourd'hui, a un statut social plus égalitaire (La fille inconnue, Aquarius, Toni Erdmann, Victoria, Bridget Jones) même si elle doit encore lutter contre le machisme ou la phallocratie. On peut observer qu'elle se défend bien toute seule (Divines, La taularde, Miss Peregrine ou Polina). La pute n'est plus le rôle à statuette comme l'était le boxeur du côté mâle.

Les femmes ne sont plus des potiches, des belles de jour, des belle-maman ou des Sirènes du Mississipi ou d'ailleurs. En 60 ans de carrière, Catherine Deneuve a d'ailleurs été toutes les femmes: la chieuse comme la fatale, la soumise comme la vampire, la dure comme la vulnérable, la maîtresse comme l'impératrice. Une partenaire de jeu qui a su rendre fragiles ses partenaires masculins. Une femme qui a toujours eu la parole assez cash. Un symbole d'un cinéma éclectique, des comédies aux drames, du film intimiste d'auteur aux productions à gros budgets. On l'a vue vieillir, passant de la douce demoiselle des Parapluies de Cherbourg à la grand-mère libre d'Elle s'en va. Retraitée ou royale, s'amourachant d'un gorille ou marié à un homme "enceint", elle a été capable de toutes les audaces. Deneuve a accompagné la libération de la femme, à sa façon, et pas seulement en signant le manifeste des 343.

La beauté de Deneuve fut à son sommet dans Le dernier métro, à la fin de sa trentaine, et dans Indochine, douze plus tard. Qu'y a-t-il de surprenant finalement? Dans ces deux rôles emblématiques d'une filmographie interminable et impressionnante, elle est farouchement indépendante, patronne dans un milieu d'hommes, résistante au chaos du monde, indifférente en apparence aux sentiments, capable de passions périlleuses. Elle est une femme comme on les aimera toujours, régnante et romantique, affirmant sa supériorité avec un charisme irrésistible et une séduction éclatante. Attirant ainsi toute la lumière...

Your Name, phénomène du box office japonais, en France le 28 décembre

Posté par vincy, le 12 octobre 2016

Le film d'animation de Makoto Shinkai, Your Name, domine insolemment le box office japonais depuis sa sortie le 27 août dernier. Sept semaines qu'il est au top. En 47 jours d'exploitation il a cumulé 140 millions de $ de recettes, soit le plus gros succès de l'année au Japon avec 10,5 millions de spectateurs. Cette semaine, il réalisera l'exploit de rentrer dans le Top 10 des plus grosses recettes dans l'histoire nippone, battant Ponyo sur la falaise mais aussi Avatar. Il deviendra aussi le 5e plus important succès japonais, derrière l'inamovible champion Le Voyage de Chihiro, Le Château ambulant, Princesse Mononoke et Bayside Shakedown 2. A ce rythme, il pourrait finir dans le Top 5 historique derrière Chihiro, Titanic, La Reine des neiges et le premier Harry Potter.

En France, Eurozoom sortira le film le 28 décembre, a priori dans une centaine de salles en VF comme en VOST. Un bon créneau puisque de Albator aux Myiazaki, la période fin décembre/fin janvier a toujours bien profité à l'animation japonaise.

Le film raconte l'histoire de Mitsuha, lycéenne qui réside dans une petite ville située dans les montagnes. Elle vit aux côtés de sa petite sœur, sa grand-mère ainsi que son père, bien que ce dernier ne soit jamais à la maison à cause de son travail de maire. En réalité, sa vie ne lui convient pas et souhaite pouvoir vivre à Tokyo. De son côté, Taki est un lycéen qui habite à Tokyo et qui adore l'architecture et l'art. Il vit une vie normale d'étudiant entouré d'amis et travaille même dans un petit restaurant italien. Mais un jour, il fait un rêve dans lequel il est dans la peau d'une jeune fille qui vit dans une ville en montagne. Mitsuha, quant à elle, fait également un rêve dans lequel elle est dans un corps d'un garçon tokyoïte.

Sélectionné par deux fois au Festival d'Annecy, Makoto Shinkai a déjà réalisé La tour au-delà des nuages, The Garden of Words et Voyage vers Agartha.

Voyage à travers le cinéma français, une épopée cinéphilique envoûtante

Posté par vincy, le 12 octobre 2016

A priori un documentaire de trois heures et dix minutes, cela peut faire peur. Pourtant ce Voyage à travers le cinéma français que propose Bertrand Tavernier est époustouflant et mérite qu'on s'y attarde.

Leçons érudites

En tout premier lieu parce qu'il s'agit de véritables leçons de cinéma. Un décryptage érudit de la mise en scène (il faut voir comment on nous explique la manière dont Melville faisait ses champs contre-champs), de l'écriture, du jeu d'acteur (Gabin, sa lenteur et sa maîtrise) mais aussi de la manière dont se fabrique ce 7e art si collectif et si égomaniaque. Et ce jusqu'au défuntes salles de cinéma de quartier qui ressuscitent en citant Luc Moullet. Tavernier nous explique pourquoi telle scène est réussie et comment telle séquence a été concoctée. Le réalisateur joue le rôle d'un professeur qui veut divertir son auditoire, avec des anecdotes (comment est née la gueule d'atmosphère d'Arletty, comment un décorateur transforme Un jour se lève) ou des courriers lus en voix off (Aragon louant l'esthétique de Godard).

Le tout est illustré par des dizaines d'extraits plus ou moins longs, de films classiques ou méconnus. Une odyssée inestimable ponctuée d'interviews et d'archives (dont cette engueulade mémorable entre Belmondo et Melville). "Imaginez que vous êtes au cinéma" annonce Bertrand Tavernier en préambule. Et en effet c'est un film sur le cinéma qui se déroule devant nos yeux. Mais pas seulement.

Les souvenirs personnels de Tavernier et ses choix sélectifs

Et c'est là tout le risque de ce documentaire, présenté en avant-première mondiale au dernier festival de Cannes. Car il faut expliquer sur quel axe le film, presque trop riche, tient en équilibre: d'un côté les souvenirs personnels de Tavernier, qui servent de fil conducteur. L'enfance au sanatorium (dépucelage cinématographique), l'adolescence au pensionnat (frénésie cinématographique), jeunesse active, d'attaché de presse à assistant réalisateur en passant par la défense de Henri Langlois (prise de conscience où cinéma et politique s'entremêlent). De ce point de vue, on pourrait être frustrés. Tavernier ne se dévoile pas tant que ça, et à quelques exceptions, il ne partage que des faits assez neutres qui ne sont que les étapes de sa vie.

De l'autre côté, ce voyage dans le temps n'a rien d'exhaustif, ce qui peut également être frustrant. Si la liste des cinéastes cités est longue, le film se concentre sur quelques personnalités et un certain style de cinéma. On peut imaginer plusieurs "voyages", similairement thématiques. Il le faudrait tant on reste parfois sur sa faim quand il fait d'abondantes références à Bresson, quand il flirte avec Autant-Lara, quand il éclipse des Clouzot, Verneuil ou Clément.

Fantômes et légendes

Une fois le cadre et le scénario posés, et le parti-pris assumé, le documentaire enchaîne les chapitres. Chacun est suffisamment long pour ne pas être superficiels: Jacques Becker, Jean Renoir, Jean Gabin, la musique de film (Jaubert, Kosma), Eddie Constantine, les productions de Beauregard, la bande Truffaut-Chabrol-Godard-Varda, Edmond Gréville, Jean-Pierre Melville, et Claude Sautet. Tavernier ne masque pas ses émotions: il admire sans pudeur et avec sincérité. Il est tombé dedans quand il était petit. Le cinéma qu'il fait renaître a un air de famille, avec Belmondo, Ventura, Piccoli... Il y a quelques femmes: Bardot, Moreau, Schneider, qui achève ce marathon cinéphile en s'en allant vers un hiver incertain.

Il réunit ainsi les fantômes et les légendes. Convoque les génies (qui peuvent aussi être indignes). Car il ne cache pas les zones d'ombres, ceux qui ont eut des comportements dégueulasses, les sales caractères d'êtres jamais mythiques, égratigne le scénariste Melville et le lâche Renoir. Voyage à travers le cinéma français est une aventure aussi humaine qu'humaniste. Tavernier propose un panorama d'un certain cinéma français, classique, même si toujours moderne, et assez masculin, mais il s'agit avant tout d'une série de portraits de ceux qui ont marqué le 7e art mondial, ces ambassadeurs de l'exception française.

Point de vue et images d'un monde

Car, finalement, ce que l'on retient est ailleurs. A l'image, par les films et les cinéastes/comédiens choisis, Bertrand Tavernier nous "enferme" dans une période, des années 1930 aux années 1970. Le noir et blanc domine. C'est Hôtel du nord, La grande illusion, Casque d'or, Le doulos, La bête humaine, Le jour se lève, Les 400 coups, Cléo de 5 à 7, Classe tous risques... Ça n'est ni une compilation, ni une anthologie, c'est un point de vue subjectif, amoureux, enthousiasmant d'un passionné de l'art cinématographique dans toute sa "variété", que ce soit des combats à mains nues de Constantine ou du regard de Signoret.

Or, ce voyage étourdissant est avant tout un voyage dans le temps. Un tableau de la France, celle du Front populaire, de l'Occupation, de l'après-guerre, des trente glorieuses. On voit évoluer, de Becker à Sautet, un pays, sa société, son peuple et ses métiers. Pas surprenant alors de constater que ce sont des films éminemment français qui ont été sélectionnés dans ce portfolio de prestige. On y parle de camembert, on y chante la Marseillaise, les putes sont belles et romantiques, ... Un voyage romanesque, plus balzacien que flaubertien. On y plonge comme dans un feuilleton social mais jamais vraiment dramatique..

Finalement, à l'instar des films de Melville, tout semble irréel et atemporel. Une déclaration d'amour teintée de nostalgie. Un cinéma français qui est capable de mettre "les larmes aux yeux".