Un film disparu de Méliès réapparait à Prague

Posté par vincy, le 11 octobre 2016

Un film de Georges Méliès, Match de prestidigitation, sorti en 1904 et depuis considéré comme irrémédiablement perdu a été retrouvé! Un sacré tour de magie 112 ans après. Les chercheurs des Archives Nationales du Film (NFA) à Prague ont découvert une bobine, qui comprenait trois petits films, offerte par un collectionneur tchèque anonyme, intitulée Les Transmutations imperceptibles, titre d'une autre œuvre de Méliès. En voyant le film, un spécialiste a immédiatement su qu'il ne s'agissait pas des Transmutations.

"Sur la base d'une analyse détaillée et des recherches effectuées, entre autres, à la Bibliothèque nationale de France, nous pouvons dire avec certitude qu'il s'agit du Match de prestidigitation jusqu'ici considéré comme perdu", a expliqué Mme Ulipova, porte-parole de la NFA.

"Il s’agit d’un petit film de Georges Méliès. Il manque en fait le début mais nous avons les deux tiers d’un petit film qui s’appelle ‘Match de prestidigitation’. Nous n’avons pas trouvé d’autres traces de ce film dans le monde. Il est réputé comme perdu et l’était déjà dans les années 1980 quand on a effectué une grosse recherche sur les films perdus. C’est donc un film que l’on n’a pas vu très probablement depuis une centaine d’années" précise restauratrice française Jeanne Pommeau, à l'origine de la découverte.

D'une durée d'environ deux minutes, le film montre un magicien qui se dédouble. Les deux magiciens, chacun d'un côté, rivalisent ensuite de tours amusants puis ils se réconcilient et se fondent en un seul homme.

"Nous comptons projeter prochainement ce film dans les cinémas, dans le cadre d'un ensemble d’œuvres de Méliès", ajoute la porte-parole de la NFA.

La NFA possède 22 films tournés par Méliès. Il a tourné quelque 500 films dont quelques grands classiques, fondateurs des films de divertissement comme le Voyage dans la Lune. Environ 40% de l'ensemble de son œuvre a été conservé.

Festival Lumière: Carné et sa gueule d’atmosphère, Deneuve et son Cake d’amour, Tarantino et sa Love Story

Posté par Morgane, le 11 octobre 2016

En trois jours, le Festival Lumière a déjà offert un nombre impressionnant de films et d'échanges!

Carné et son Hôtel du Nord ouvrent le bal

Samedi 8 octobre à 11h avait lieu la toute première séance de cette 8ème édition à l'Institut Lumière en présence de Thierry Frémaux et Bertrand Tavernier qui, n'ayant pu être là l'année dernière pour raisons de santé, fait son retour au Festival Lumière, notamment en présentant son documentaire Voyage à travers le cinéma français (3h12 d'anecdotes et d'extraits de films... notamment le film de Carné)

Véritable puits de science cinéphile, Tavernier a bien évidemment plusieurs anecdotes au sujet d'Hôtel du Nord qu'il se fait un plaisir de partager avec nous... Pour lui c'est certes un film célèbre mais qui n'a pas toujours été apprécié à sa juste valeur. Dans l'imaginaire commun (et même de ceux qui ne l'ont pas vu), Hôtel du Nord c'est en premier lieu sa fameuse réplique "Atmosphère, atmosphère mais est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère?" Il faut savoir que cette réplique est née d'un coup de sang de Henri Jeanson, co-scénariste du film avec Jean Aurenche, envers Marcel Carné. Tavernier la raconte très bien dans son documentaire. En effet, Jeanson était dans un état d'énervement contre Carné qui, au sujet des acteurs, lui disait toujours "fais-les marcher sur les pavés mouillés, ce sera bon pour l'atmosphère", "fais-leur faire ceci, ce sera bon pour l'atmosphère" etc... Comme quoi, une réplique devenue culte, ça ne tient pas à grand chose!
Bertrand Tavernier nous parle aussi d'Annabella (Renée dans le film) qui "a une grâce, une légèreté et une véritable façon de ne pas jouer qui est très moderne", la comparant finalement à Isabelle Huppert.
Et le cinéaste nous rappelle également que c'est un des rares films de l'époque (Hôtel du Nord dâte de 1938) qui évoque la guerre d'Espagne. Jeanson avait lui-même couvert la guerre d'Espagne avec Saint-Exupéry et était un homme engagé politiquement, condamné à plusieurs reprises pour anticolonialisme, incitation au meurtre, pacifisme et autre... C'est aussi Jeanson qui s'est battu pour imposer Arletty (Raymonde) et Louis Jouvet (M. Edmond), acteurs de théâtre, auprès de Marcel Carné, qui ne choisissait que des comédiens de cinéma. Enfin, Bertrand Tavernier termine ainsi: "Le travail de Carné est d'une force et d'une invention (17 jours de tournage seulement). Chaque plan est pensé, le découpage est d'une grande fluidité. Il ne savait peut-être pas travailler sur les scénarios mais il savait incarner le film dans la mise en scène!"

Les multiples facettes de Catherine Deneuve

Ce week-end j'ai également eu l'occasion de voir Catherine Deneuve, Prix Lumière 2016, dans deux rôles très différents: en vampire chez Tony Scott et en princesse chez Jacques Demy.
Les Prédateurs, film de 1983, plante le récit d'un couple de vampires interprétés par Catherine Deneuve et David Bowie. Elle, Miriam, est immortelle, mais son ami John est brutalement frappé de vieillissement accéléré. Roman de Whitley Strieber, Tony Scott en tire son premier long métrage qui sera présenté hors compétition à Cannes. Film très marqué eighties, Tony Scott vient du monde de la publicité et ça se voit. L'esthétique est très léchée et les costumes de Catherine Deneuve, dessinés spécialement par Yves Saint-Laurent, sont sublimes. La caméra flotte au gré des rideaux de cette immense maison qui semble hors de son temps et donne un caractère onirique au film dont on ne sait plus parfois s'il est un film ou un video-clip d'1h36. Les thèmes sont nombreux. Il y a bien sur celui du temps qui passe, de la quête éternelle de jeunesse, cette peur de vieillir et de mourir. Mais en filigrane c'est aussi un véritable film de son époque avec l'apparition du sida, cette médecine qui ne peut rien contre, et puis l'homosexualité féminine qui est assez peu représentée sur grand écran. Si ce film n'a pas reçu un bel accueil à sa sortie, il est finalement devenu un film emblématique de son temps, une sorte de référence ancrée dans son époque.

On change de registre avec Peau d'âne (1970). Sept ans après Les Parapluies de Cherbourg et trois ans après Les demoiselles de Rochefort, Catherine Deneuve signe de nouveau avec Jacques Demy pour leur troisième comédie musicale. Poétique, coloré (on voit du bleu Klein - des chevaux aux visages des serviteurs - dans tout le royaume), féérique, anachronique etc... les adjectifs sont fort nombreux et s'emmêlent pour décrire ce film atypique et hors du commun qui, 45 ans après, réussit encore à parler à tous. La magie opère aussi bien chez les bambins que chez les adultes chez qui il réveille leur âme d'enfant. Les décors et les costumes son splendides et d'une inventivité qui fait rêver tout un chacun. Gitt Magrini a ici réalisé un véritable travail de fée, notamment pour les trois robes couleur du Temps, de la Lune et du Soleil (celle couleur du Temps a été confectionnée dans une toile sur laquelle on projette, en 16mm, l’image mouvante d’un ciel bleu). Et que dire des chansons composées par Michel Legrand et écrites par Jacques Demy? Que ce soit celle du cake d'amour ou celle de la marraine la fée, elles nous trottent fort longtemps dans la tête. De ce film on retiendra un seul mot, MAGIE. Et il est certain que celle-ci opère dans cette belle adaptation du conte de Perrault.

Quand Tarantino vient nous parler de Love Story

Quentin Tarantino a donc proposé un cycle de ses films préférés de l'année 1970. Puis il a décidé d'établir ses quartiers à Lyon pour quelques jours pour notre plus grand plaisir. Et chaque jour c'est la petite surprise de savoir à quelle séance il sera. Dimanche il a présenté Hollywood Vixens de Russ Meyer et lundi soir il était à l'Institut Lumière pour la projection de Love Story d'Arthur Hiller. Jamais avare en discours, Tarantino nous parle du Nouvel Hollywood, du cinéma de genre qui a beaucoup influencé le reste du cinéma, du cinéma européen très populaire aux États-Unis en 1970-71-72. Puis vient la question de Thierry Frémaux, pourquoi Love Story? Car venant du réalisateur de Reservoir Dogs, Kill Bill, Boulevard de la mort, le choix peut sembler étonnant... "La réponse est simple, parce que j'aime ce film!". Mais on se doute bien que Tarantino ne va pas en rester là. Il nous explique alors qu'en 1970 c'était LE film le plus populaire et de loin! Son succès est basé sur quelque chose d'un peu particulier. "Erich Segal écrit le scenario puis fait un livre à partir du film. Étrangement la sortie du livre précède la sortie du film alors que le film a été réalisé avant l'écriture du roman. Toujours est-il que le roman est un succès phénoménal! Toutes les nanas entre 15 et 25 ans ont lu ce livre. Donc quand le film est sorti, toutes ces filles-là ont été le voir et ont emmené leurs fiancés avec elles d'où l'énorme succès du film..."

"Le cinéma de 1970 doit, certainement inconsciemment, s'affirmer pour passer d'une époque à une autre. 1970, c'est l'année où 3 films sur 4 se passent dans un campus et parlent de radicalisation politique. Alors certes Love Story se passe pour la moitié sur un campus mais c'est intéressant de voir à quel point ce film NE parle PAS de politique. Il est par cela totalement en dehors de l'esprit de l'époque."

Tarantino aime ce film également car "Ali McGraw (Jennifer Cavalleri), qui n'est certes pas une grande actrice, et Ryan O'Neal (Oliver Barret), qui n'est certes pas un grand acteur, ont ici une alchimie parfaite qui est une des raisons du succès de ce film. Arthur Hiller (le réalisateur) a compris cela très vite et les a filmés à l'européenne avec de grandes focales, peu de coupes et la technique du plan-séquence (ce que l'on retrouve dans Le Boucher de Claude Chabrol". Et justement le Charbol fait partie des films choisis par Tarantino pour sa rétrospective seventies.

Cinespana 2016 : Jonas Trueba triomphe avec La reconquista

Posté par MpM, le 10 octobre 2016

La reconquista

Trois ans après avoir dominé la 18e édition du festival Cinespana avec son film Los Ilusos, Jonas Trueba triomphe à nouveau cette année avec son nouvel opus, La reconquista, qui a remporté trois des prix remis par le jury de Serge Avedikian, dont le plus prestigieux, la Violette d'or du meilleur film.

Il s'agit du cinquième long métrage du cinéaste, qui raconte comment deux adultes, Manuela et Olmo, se retrouvent comme ils se l’étaient promis quinze ans après avoir vécu leur premier amour d’adolescents. Le temps d’une soirée, ils revivent leur histoire et s'interrogent sur le passage du temps.

Le reste du palmarès répartit récompenses et mentions entre les six autres films en compétition, avec notamment un double prix pour La decisión de Julia de Norberto López Amado : meilleur musique et meilleure photographie, et le prix du public pour A puerta abierta de Marina Seresesky.

A noter également que c'est No cow on the ice, parcours initiatique en Suède d'Eloy Domínguez Serén, qui est sacré meilleur documentaire tandis que Jota Aronak repart avec le prix Meilleur nouveau réalisateur pour son premier long métrage Ira qui interroge les notions de justice et de sanctions.

 

Le palmarès complet

Violette d'or du meilleur film
La reconquista de Jonas Trueba

Meilleur réalisateur
Jonas Trueba pour La reconquista

Prix d'interprétation féminine
Marta Lado pour Sicixia de Ignacio Vilar
Mention spéciale
Aura Garrido pour La reconquista de Jonás Trueba

Prix d'interprétation masculine
Francesc Garrido pour La adopción de Daniela Fejerman
Mention spéciale
Àlex Monner pour La propera pell de Isaki Lacuesta et Isa Campo

Meilleur scénario
Carles Torras et Martín Bacigalupo pour Callback de Carles Torras

Meilleure photographie
Juan Molina Temboury pour La decisión de Julia de Norberto López Amado

Meilleure musique
Pedro Navarete pour La decisión de Julia de Norberto López Amado

Prix du public
A puerta abierta de Marina Seresesky

Prix du meilleur documentaire
No cow on the ice d'Eloy Domínguez Serén

Prix Nouveau réalisateur
Jota Aronak pour Ira

Meilleur court métrage
Bus story de Jorge Yúdice
Mention spéciale
I said I would never talk about politics de Aitor Oñederra

La dernière charge d’Andrzej Wajda (1926-2016)

Posté par vincy, le 10 octobre 2016

Le réalisateur polonais Andrzej Wajda est mort dimanche 9 octobre dans la soirée à Varsovie à l'âge de 90 ans des suites d'une insuffisance pulmonaire. Oscar pour l'ensemble de sa carrière en 2000, Ours d'or d'honneur en 2006 et Ours d'argent pour sa contribution au cinéma en 1996 à Berlin, Palme d'or en 1981 pour L'homme de fer et prix spécial du jury en 1957 pour Ils aimaient la vie à Cannes, Lion d'or d'honneur en 1998 à Venise, César d'honneur en 1982 et César du meilleur réalisateur pour Danton en 1983, Prix Louis Delluc pour Danton en 1982 et BAFTA du meilleur film étranger pour Danton en 1984, le cinéaste était l'une des grandes figures du cinéma européen de la seconde moitié du XXe siècle.

Il a accompagné l'histoire de la Pologne depuis l'après guerre jusqu'en 2014.  Né le 6 mars 1926 à Suwalki , Andrzej Wajda a d'abord voulu être, comme son père, militaire de carrière. Sans succès. Son pays est alors envahi par l'Allemagne nazie. Il commence alors des cours de peinture, et, après un passage à l'Académie des Beaux-Arts de Cracovie, il intègre la célèbre école de cinéma à Lodz.

Figure de proue de l'Ecole de cinéma de Lodz

Sa filmographie, prolifique, suivra la respiration de la Pologne. Après la guerre, il réalise quelques courts métrages avant de filmer son premier long en 1955, Une fille a parlé (Génération), qui suit des jeunes de Varsovie pendant l'Occupation nazie. Avec Ils aimaient la vie (Kanal), œuvre sur l'insurrection de Varsovie, il signe son premier film reconnu dans un grand Festival international, tandis que Jerzy Kawalerowicz et Roman Polanski émergent en parallèle.

L'expérience douloureuse de la guerre et la résistance contre les nazis croisent ainsi l'héroïsme et le romantisme polonais. Il aime les révolutionnaires, les résistants, les combats qui bousculent l'Histoire. Wajda devient très rapidement un grand nom du cinéma. Mais avant tout, contrairement à Polanski, lui décide de rester dans son pays. Hormis trois films dans les années 1980, il préfère accompagner l'évolution d'une Pologne déchirée ou explorer son passé mouvementé. Wajda c'était la mémoire vivante de l’histoire de la Pologne, dans ce qu'elle a de meilleur et dans ce qu'elle a vécu de pire. Lui même résistant contre les Nazis quand il était adolescent, il en a fait un film sublime, Cendres et diamant (Popiól i diament, 1958, photo). La seconde guerre mondiale est encore présente dans La dernière charge (Lotna, 1959), Samson (1961) ou Landscape after Battle sur les Camps de concentration (1970). Il remonte le temps avec Cendres (Popioly, 1965) avec les guerres napoléoniennes.

Une Palme d'or qui le sauve

Il puise même dans le patrimoine littéraire polonais avec Le bois de bouleaux (Brzezina, 1970), Les Noces (Wesele, 1972), La Terre de la grande promesse (Ziemia obiecana, 1974), Pan Tadeusz, quand Napoléon traversait le Niemen (1999), La Vengeance (2002). Il adapte aussi Joseph Conrad avec La ligne d'ombre (1976) et l'auteur polonais contemporain Tadeusz Konwicki avec Chronique des événements amoureux (1986). Car Wajda aimait aussi le romanesque et s'essayait à d'autres genres, de la fresque historique à la comédie romantique en passant par le mélo et le musical (Les innocents charmeurs en 1960, La croisade maudite en 1968, Tout est à vendre, Polowanie na muchy en 1969, Les demoiselles de Wilko en 1979, Le chef d'orchestre en 1980, avec l'immense John Gieguld).

Le grand virage s'opère en 1977 avec un premier film réellement ancré dans son époque, L'Homme de marbre, critique de la Pologne communiste. Le titre en lui-même évoque une statue déchue d'un prolétariat opprimé. Trois ans plus tard plus tard, il signe une suite avec L'Homme de fer (photo), racontant pratiquement en temps réel l'épopée de Solidarité, le premier syndicat libre du monde communiste, emmené par un certain Lech Walesa, qui deviendra président de la Pologne quelques années plus tard. Le film emporte la Palme d'or.

"Le jour de la Palme a été très important dans ma vie, bien sûr. Mais j'étais conscient que ce prix n'était pas uniquement pour moi. C'était aussi un prix pour le syndicat Solidarité", avait-t-il expliqué. C'est aussi cette Palme d'or qui le sauve de la prison alors que de nombreux amis du cinéaste sont incarcérés lors du coup de force du général Wojciech Jaruzelski contre Solidarnosc en décembre 1981.

Exils artistiques

C'est aussi à cause de son opposition au régime de Jaruzelski qu'il décide de réaliser des films à l'étranger, avec la participation d'Agnieszka Holland à chacun de ces scénarios: Danton (1983) avec Gérard Depardieu, Un amour en Allemagne (1986) avec Hanna Schygulla, ou Les Possédés (1988) avec Isabelle Huppert, coécrit avec Jean-Claude Carrère d'après le classique Dostoïevski. Il reviendra à l'auteur russe dans un téléfilm en 1992, Crime et châtiment et dans un long métrage, Nastazja (d'après un chapitre de L'idiot) en 1994.

Après la chute du communisme en 1989, Andrzej Wajda revient à l'Histoire avec notamment la seconde guerre mondiale et les Juifs dans Korczak (1990), le patriotisme polonais dans L'Anneau de crin (1993) ou le ghetto de Varsovie dans La Semaine Sainte (1995), coécrit avec Jerzy Andrzejewski .

Andrzej Wajda a aussi mis en scène une quarantaine de pièces de théâtre. Par ailleurs, ce grand passionné de la culture japonaise a créé en 1994 à Cracovie un centre de civilisation japonaise, Manggha. Et en 2002, il avait lancé sa propre école de cinéma et d'écriture de scénarios.

De son cinéma, on retiendra une intensité jamais démentie, des séquences parfois baroques ou tourbillonnantes, des transes flamboyantes avec des acteurs en sueur, des héros insolents tandis qu'il n'a jamais été frontalement dissident. Finalement, Wajda luttait contre l'amnésie, aimait profondément les martyrs et son cinéma transposait les destins avec des grands angles, des images fortes visuellement, comme un peintre (les Beaux-Arts, ça marque) jetait son sujet dans un grand tableau rempli de multiples détails.

Candidat à l'Oscar en 2017

Après quelques téléfilms et documentaires, ainsi qu'une comédie transposée d'une pièce de théâtre, Zemsta en 2002, où Roman Polanski tient l'un des rôles principaux, il revient par la grande porte en 2007 avec Katyn (photo). En rétablissant la véritable version des faits, il y raconte l'histoire tragique de son propre père, Jakub Wajda, qui fut l'un des 22500 officiers polonais massacrés par les Soviétiques en 1940, notamment à Katyn. Mais Wajda reste ouvert à toutes formes de récit, comme en témoigne Tatarak, où une femme d'un certain âge, malheureuse dans son couple, retrouve une jeunesse en fréquentant un beau jeune homme (2009). Il retrouve Lech Walesa pour un biopic, L'homme du peuple (2013). Enfin, son dernier film, Powidoki (Après-image, 2016, le film doit sortir en janvier 2017 en Pologne), a a été présenté en avant-première il y a quelques semaines aux Festivals de Venise et de Toronto et a été choisi comme candidat polonais à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Le film suit les dernières années de la vie du peintre avant-gardiste, Wladyslaw Strzeminski, qui s'est battu contre l'idée dogmatique de l'art que voulait imposer Staline. Très critique à l'égard du pouvoir ultra-conservateur actuellement à la tête de la Pologne, les critiques y ont vu une métaphore critique à l'égard du régime de son pays. Wajda a toujours été à la fois une conscience morale et un cinéaste qui réveillait les Mémoires.

Lors de la rétrospective qui lui était consacrée à la cinémathèque française, le dossier de présentation rappelait: "Rares sont les cinéastes en effet qui se vouent si fidèlement à l’histoire et à la culture de leur pays. Il le fit, lui, avec une détermination jamais démentie. Avec vocation, pourrait-on dire, au risque que cela le desserve sur le plan international. Plus polonais que Bergman était suédois, Fellini italien, Buñuel espagnol ou Welles américain, Wajda a parfois pâti du caractère national de ses films. Il le dit fièrement : « Mes films sont polonais, faits par un Polonais, pour un public polonais »."

Mon premier festival 2016 : avant-premières, ciné-concerts et hommage à Charlie Chaplin pour les (tout) jeunes cinéphiles

Posté par MpM, le 9 octobre 2016

Mon premier festival 2016

C'est un de nos rendez-vous préféré de l'automne ! Chaque année pendant les vacances de la Toussaint, Mon premier festival invite les (très) jeunes cinéphiles parisiens et franciliens à se plonger comme des grands dans l'inimitable ambiance d'un festival de cinéma. Coïncidant souvent avec la première vraie séance de cinéma en salle (certains films sont accessibles dès deux ans, et les bébés sont même les bienvenus dans quelques séances destinées aux plus grands), la manifestation, qui propose plus de deux cent films et animations autour du 7e art, mêle compétition, avant-premières, focus thématiques, hommages, ciné-concerts, ateliers et rencontres pour éveiller, cultiver et nourrir la cinéphilie des enfants et adolescents.

Cette année, c'est l'acteur et réalisateur Cédric Klapisch qui endosse le rôle du "parrain", chargé de partager ses coups de cœur avec les festivaliers. Pour ce faire, il a choisi Chantons sous la pluie de Stanley Donen et Gene Kelly, Frankenstein junior de Mel Brooks, Toy Story de John Lasseter, Les temps modernes et  La ruée vers l'or de Charlie Chaplin. "Le cinéma, c’était magique, explique-t-il dans le dossier de presse du festival. Je me souviens, quand j’étais en voiture avec ma grand-mère, j’attendais de passer par les Champs-Élysées pour regarder les devantures des cinémas et chaque affiche me faisait rêver."

Côté avant-premières, il y en a pour tous les âges. Les plus petits se régaleront des Nouvelles aventures de Ferda la fourmi, féerie de l'animation tchèque signée Hermina Tyrlova, ou du retour de Wallace et Gromit (Les inventuriers), tandis que les autres auront l'embarras du choix entre le très beau film d'animation de Sébastien Laudenbach, La jeune fille sans mains, la comédie Jamais contente d'Emilie Deleuze ou le documentaire Swagger d'Olivier Babinet. A l'issue de la compétition, un prix sera remis par le jury composé d'enfants de 8 à 11 ans et le prix du public sera lui décerné par l'ensemble des spectateurs ayant voté à l'issue des séances.

Pour accompagner ce programme déjà alléchant, on se penchera sur la thématique "films cultes" (quatre films incontournables à transmettre de toute urgence aux nouvelles générations, dont Peau d'âne de Jacques Demy), sur la programmation "A vos jeux" qui fait écho à la candidature de Paris aux jeux olympiques et paralympiques de 2024, sur la sélection spéciale "cinéma américain" (une vingtaine d’œuvres balayant tous les genres et toutes les époques, du Magicien d'oz de Victor Fleming à Soyez sympas, rembobinez de Michel Gondry) et sur l'hommage à Charlie Chaplin, sans oublier les ciné-concerts (dont deux créations spéciales pour le festival : La moufle et Le renard minuscule) et les nombreuses animations.

Mon premier festival propose en effet une multitude d’ateliers liés au cinéma, afin d’initier les petits festivaliers aux techniques d'animation comme le stop motion et le dessin sur pellicule ou leur permettre de découvrir des figures du cinéma burlesque tels que Jacques Tati et Buster Keaton. Parce qu'il n'est jamais trop tôt pour créer des vocations, éduquer le regard, et offrir un large panorama de ce que peut être le cinéma. Ainsi, c'est sûr, les meilleures vacances de l'année s'annoncent ! Sauf pour ceux qui n'auront pas la chance de participer...

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Mon premier festival 2016
Du 19 au 25 octobre
Informations et réservations sur le site de la manifestation

Pierre Tchernia, éternel Monsieur Cinéma, est mort

Posté par vincy, le 8 octobre 2016

Homme de télévision, de cinéma et même croqué par Uderzo dans plusieurs albums d'Astérix, Pierre Tchernia, de son vrai nom Pierre Tcherniakowski, est décédé à l'âge de 88 ans cette nuit, samedi 8 octobre.

"La disparition de Monsieur Cinéma met en tristesse la cinéphilie", a déclaré à l'AFP Gilles Jacob, ajoutant: "Son physique tout en rondeur cachait en réalité un metteur en scène lucide, comme dans son film Le Viager où il mettait en évidence les spéculations sur la mort."

Ne le 21 janvier 1928, il avait fait des études dans cet art nouveau qu'était l'image: à l’Ecole technique des métiers du cinéma et de la photographie puis à l'IDHEC où il était en promotion avec Claude Sautet. Ce pionnier du petit écran avait participé à la création du  premier journal télévisé en 1949 avant de devenir en 1955 animateur d'émissions de variétés telles "La piste aux étoiles" ou d'actualités comme "Cinq colonnes à la Une". C'est avec "La boîte à sel" quu'il fit découvrir aux Français des talents comme Jean Poiret, Michel Serrault, son ami, Raymond Devos et Philippe Noiret.

Magique cinéma

A partir de 1966 et jusqu'en 1988, il avait présenté "Monsieur Cinéma", "Jeudi cinéma" et "Mardi cinéma", émissions cultes sur le 7e art, mais aussi émissions de résistances à leur manière quand les Français préféraient la télévision aux salles de cinéma. 60 ans de télévision, cela en fait, en effet, un complice de beaucoup de téléspectateurs, un "ami public n°1". On lui doit aussi les émissions spéciales autour de l'animation américaine, de Walt Disney à Tex Avery. Il avait un savoir-faire inégalable dans sa façon de partager son amour pour les films. Il a  aussi présenté le Festival de Cannes et la cérémonie des Césars pendant plusieurs années.

Parallèlement, il a aussi été réalisateur : adaptations d'oeuvres de Marcel Aymé ou documentaire sur Jean Carmet pour la télévision, films pour le cinéma (Le Viager, Les gaspards, Bonjour l'angoisse, La gueule de l'autre). Il a aussi été scénariste pour deux co-réalisations avec Robert Dhéry (La belle Américaine, Allez France!) et de longs métrages d'animation (plusieurs Astérix, où il prêtait sa voix en tant que narrateur, mais aussi un Dalton). Il avait eu le coup de foudre pour le grand écran avec La Chevauchée fantastique de John Ford.

Fantastique télévision?

Frédérique Bredin, présidente du CNC, rappelle que ce "passionné de cinéma" avait consacré "une grande partie de sa vie à transmettre son amour pour le 7e art au public, qui avait trouvé en lui un passeur érudit et bienveillant. Sa voix et sa silhouette étaient connues de tous."

"J’appartiens à cette génération qui a fait de la télévision parce que le cinéma ne nous ouvrait pas ses portes. Et en faisant de la télévision, nous ne savions pas que nous allions faire du mal à ce cinéma que nous aimions tant" a raconté Pierre Tchernia en 1987. "La télévision ne nous a jamais dispensé toutes les joies à la fois, mais il semble que nous avons connu une époque où, entre le public et nous, existait un état de grâce” avait-il également expliqué.

"Magic Tchernia" revint à son métier d’acteur en interprétant le rôle du centurion et narrateur Caius Gaspachoandalus dans Astérix et Obélix, mission Cléopâtre d’Alain Chabat.

Festival Lumière 2016: Quelques heures avant la première séance

Posté par Morgane, le 8 octobre 2016

Alors que le Village du Festival était inauguré vendredi 7 octobre dans la soirée, la première projection a eu lieu ce matin à 11h avec Hôtel du Nord de Marcel Carné, de quoi mettre de l'atmosphère , le Festival débutera officiellement ce soir avec sa cérémonie d'ouverture qui, comme chaque année, aura lieu à la Halle Tony Garnier.

En 7 éditions, Thierry Fremaux et Bertrand Tavernier ont réussi à revêtir ce jeune festival du 7ème Art d'une magnifique étoffe. La programmation est toujours aussi passionnante et éclectique (des classiques de Marcel Carné et Julien Duvivier aux films de genre de Park Chan-wook, la palette est large).

Les salles sont parties pour être combles pendant 10 jours (de nombreuses séances sont déjà complètes avant l'ouverture) et les invités sont de plus en plus nombreux.

Certains sont même devenus des habitués comme Mister Quentin Tarantino qui, après avoir reçu le Prix Lumière en 2013, a proposé une rétrospective de ses films préférés réalisés uniquement durant... l'année 1970. La liste était semble-t-il bien longue et les organisateurs ont dû la réduire à 14 titres!

Mais cela ne suffisait pas au cinéphile hors pair qu'est Tarantino qui nous fait la surprise de revenir au festival. Il sera présent dès la cérémonie d'ouverture durant laquelle sera projeté Butch Cassidy et le Kid de Georges Roy Hill, un de ces films préférés, et animera également une master class le mercredi 12 octobre suivie de la projection de la Palme d'or M*A*S*H. Vu son appétit cinéphile boulimique, il sera certainement présent lors d'autres projections du festival et sera la cerise sur la gâteau pour certains spectateurs chanceux. On peut d'ailleurs imaginer qu'il soit là pour le sacre de Catherine Deneuve, prix Lumière 2016, qui était co-présidente du jury au Festival de Cannes quand il a reçu la Palme d'or pour Pulp Fiction.

Ils sont cette année encore fort nombreux à venir présenter des films (certains pour la première fois, d'autres en habitués du festival) et animer des master class: Gong Li, Walter Hill, Jean-Loup Dabadie, Gaspard Noé, Vincent Lindon, Park Chan-wook et donc, la grande Catherine Deneuve qui animera une master class vendredi 14 octobre au théâtre des Célestins et se verra remettre le Prix Lumière de cette 8eme édition! C'est la première femme à recevoir cet honneur.

Dans quelques heures le clap d'ouverture retentira pour cette 8eme édition d'un festival qui ne cesse de grandir et reste malgré tout un festival pour les spectateurs avant tout... Bon festival à tous!

Tous les nuages et les images de Jafar Panahi au Centre Pompidou

Posté par vincy, le 7 octobre 2016

jafar panahi

A partir d'aujourd'hui, vendredi 7 octobre, et jusqu'au 13 novembre, les cinémas du Centre Pompidou proposent une rétrospective intégrale et une exposition autour du cinéaste iranien Jafar Panahi. La rétrospective passera par Bruxelles et Genève cet automne. L'événement est réellement exceptionnel.

Condamné à résidence depuis 2010, avec interdiction de filmer durant vingt ans, pour avoir participé à de nombreuses manifestations suite à la victoire controversée de Mahmoud Ahmadinejad aux élections présidentielles et pour avoir assisté à une cérémonie organisée à la mémoire d'une jeune manifestante tuée, le réalisateur a traversé une période de dépression avant de renaître par l'image (et obtenir en 2015 un Ours d'or pour Taxi Téhéran). " Je n’ai pas tout de suite compris l’ampleur de la condamnation, ce que ces interdictions signifiaient pour moi. Heureusement, les caméras numériques et les autres facilités offertes par la technologie permettent de filmer sans avoir besoin de demander des autorisations, de manière discrète et bon marché. J’ai pu me remettre à filmer."

L'exposition Nuages est une série de 26 photographies inédites. Jafar Panahi a commencé photographier des nuages, de la fenêtre de son appartement puis à l'occasion de ses déplacements en Iran. C'est la première fois que ses photographies sont exposées: 19 d'entre elles rejoindront les collections du musée. "Je dispose donc de beaucoup de temps libre. Un jour où je tournais en rond, j’ai regardé par la fenêtre de mon appartement et j’ai vu les nuages. […] J’ai pris mon appareil et j’ai commencé à les photographier. J’ai aimé le résultat et j’ai continué" explique-t-il à Jean-Michel Frodon.

Le moment fort sera sans aucun doute la rencontre virtuelle le 22 octobre (à 17 heures) entre Jafar Panahi et Jean-Michel Frodon, coauteur du livre (avec Clément Chéroux), Jafar Panahi, images / nuages. Le cinéaste offre également au Centre Pompidou un court-métrage en forme d'autoportrait, en exclusivité, qui rejoint la collection "Où en êtes-vous?" du musée. Il sera projeté durant la soirée d'ouverture, en présence de sa fille Solmaz Panahi et de son collaborateur Pooya Abbasian.

Mais assurément, le cadeau du Centre Pompidou est de proposer la filmographie intégrale du cinéaste - Le ballon blanc, Ceci n'est pas un film, Le cercle, Hors-jeu, Le miroir, Pardé, Sang et or, Taxi Téhéran - y compris les courts et moyens métrages (souvent inédits) - L'accordéon, L'ami, Le dernier examen, Deuxième regard, Les têtes blessées, Untying the Knot.

Festival International du Film Francophone 2016 : Le palmarès complet

Posté par wyzman, le 6 octobre 2016

Malgré le fait que le FIFF doit actuellement faire face à des difficultés financières, organisateurs et jurés ont fait leur maximum pour faire honneur au cinéma francophone cette année encore. Cinéphiles ou simples curieux, tous les festivaliers de cette 31ème édition ont ainsi pu apprécier la sympathique sélection proposée. Et une fois n'est pas coutume, certains films sont clairement sortis du lot. On pense notamment à Orpheline d'Arnaud des Pallières qui est reparti avec deux prix (Meilleur film et Meilleure comédienne). De son côté, Illégitime d'Adrian Sitaru s'est également vu attribuer deux récompenses (Meilleur scénario et et Meilleur comédien). Et parce que jamais 2 sans 3, Une jeune fille de 90 ans a également réalisé un doublé. Mais l'on retiendra sans aucun doute le Bayard de la meilleure photographie amplement mérité de Ma Vie de Courgette de Claude Barras et le Prix du Jury Junior qui n'est pas passé à côté de 1:54, un premier long métrage puissant et dur signé Yan England !

Jury longs métrages

Bayard d'Or du meilleur film : Orpheline d’Arnaud des Pallières

Prix spécial du jury : Une jeune fille de 90 ans de Valeria Bruni Tedeschi et Yann Coridian

Bayard du meilleur scénario :  Alina Grigore & Adrian Sitaru pour Illégitime

Bayard de la meilleure photographie : David Toutevoix pour Ma Vie de Courgette de Claude Barras

Bayard de la meilleure comédienne : Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Véga Cuzytek, Solène Rigot pour Orpheline d’Arnaud des Pallières

Bayard du meilleur comédien : Adrian Titieni pour Illégitime d’Adrian Sitaru

Mention Spéciale : Le Voyage au Groënland de Sébastien Betbeder

Jury Emile Cantillon

Bayard de la meilleure 1ère oeuvre de fiction : Diamond Island de Davy Chou

Prix découverte : Tramontane de Vatche Boulghourjian

Jury courts métrages - compétition internationale

Bayard du meilleur court métrage : Que Vive l'Empereur d’Aude Léa Rapin

Prix spécial du jury : Villeperdue de Julien Gaspar-Oliveri

Mention : Oh What A Wonderful Feeling de François Jaros

Jury courts métrages - compétition nationale - Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB)

Prix du meilleur court métrage : Angelika de Léopold Legrand

Prix spécial du jury : La Saison du silence de Tizian Büchi

Prix de la meilleure photographie : Camille Sultan pour La Saison du silence de Tizian Büchi

Prix d'interprétation : Hajar Koutaine pour A l'arraché d’Emmanuelle Nicot

Jury officiel courts métrages

Prix du meilleur clip : Drifted de Dent De Cuir

Jury junior

Prix du jury junior : 1:54 de Yan England

Prix du public

Long métrage fiction : Il a déjà tes yeux de Lucien Jean-Baptiste

Documentaire : Une jeune fille de 90 ans de Valeria Bruni Tedeschi & Yann Coridian

Court métrage : Villeperdue de Julien Gaspar-Oliveri

Prix Off

Prix Cinevox - long métrage belge : Noces de Stephan Streker

Prix de la critique - long métrage belge : Even Lovers Get the Blues de Laurent Micheli

Prix BeTV - 1ère oeuvre de fiction : Orpheline d’Arnaud des Pallières

Prix Arte - court métrage belge : Les Dauphines de Juliette Klinke

Prix Format court : Une nuit à Tokoriki de Roxana Stroe

Prix RTBF  - court métrage belge : Les Dauphines de Juliette Klinke

Prix BeTV - court métrage belge : Lulu de Michiel Blanchart et Louise Dendraën

Edito: Retour vers le futur….

Posté par redaction, le 6 octobre 2016

En un dessin diffusé sur son compte twitter, Marc Dubuisson a résumé l'angoisse du moment. Nous vivons dans un monde qui semble répéter ses erreurs les plus terribles. Un retour vers le passé qui nous amène dans le futur, sans la voiture du Doc. C'était d'ailleurs flagrant en voyant les films britanniques au Festival de Dinard la semaine dernière. La jeunesse était inquiète, prête à larguer les amarres vers une vie nouvelle, mais angoissée à l'idée d'être piégée par sa condition sociale, ses peurs ou même une société qui ne pousse pas à l'audace. Toujours à Dinard, les professionnels étaient également angoissés par le Brexit. Dans Le Film français, Ken Loach craint même que le cinéma britannique ne se fasse coloniser par les studios américains : "Ils imposeront leur vision du cinéma, leur vision du monde et nous perdrons notre identité".

On ne peut pas lui donner complètement tort tant le cinéma anglais dépend déjà de ses coproductions américaines. La liste des films nommés aux Baftas ressemblent davantage à une liste hollywoodienne qu'on retrouve quelques semaines plus tard aux Oscars. Harry Potter a un ADN 100% british, tout comme James Bond, mais c'est la puissance marketing américaine qui envahit les salles du monde entier. Et que dire cette semaine avec d'un côté un Tim Burton qui a les apparences d'un univers britannique et d'un Bridget Jones dont la forme est davantage celle d'une rom-com made in USA.

L'inquiétude de voir son identité se dissoudre, de ne plus pouvoir défendre sa culture reste un enjeu majeur de ce début de siècle, socialement, politiquement, culturellement. Bien sûr cette identité n'est pas figée, elle se métisse, elle brasse différentes influences, elle s'ouvre à d'autres cultures. Il est d'autant plus important alors de défendre, préserver, promouvoir des films comme Le cancre, Poesia sin fin ou Aquarius, qui s'attachent à conserver leur singularité et à oser des narrations plus complexes, moins formatées.

Cinéma, littérature, musique, art: rien n'empêche le citoyen d'aller voir un "produit" culturel destiné aux masses et d'apprécier un "objet" culturel épanouissant ou dérangeant. On peut douter d'un monde meilleur à venir. Mais justement, la culture est là aussi pour nous éclairer et nous faire voire la lumière au bout du tunnel. Certains films, livres, chansons ou tableaux peuvent nous aider à faire le grand saut pour vivre nos rêves. Ne soyons pas fatalistes. Ne nous résignons pas. Le ciel attendra. Et espérons que d'ici là, Miss Peregrine et Doc parviennent à tordre le temps et remettre le présent dans le bon ordre.