[69, année érotique] Cannes 2016: Happy Together et East Palace, West Palace en 1997

Posté par vincy, le 18 mai 2016

Lors de notre premier festival de Cannes, deux films asiatiques ont retenu l'attention des festivaliers, pour des raisons à la fois similaires et différentes. Similaires parce que ces deux films "chinois" montraient une histoire d'amour homosexuelle et masculine. Différente parce que les deux n'ont pas eu le même destin.

Commençons avec Happy Together. Wong Kar-wai, qui remportera le Prix de la mise en scène cette année là, se délocalise à Buenos Aires en Argentine, pour raconter l'histoire d'une rupture et de mal du pays. Il n'y a qu'une séquence proprement gay dans le film, mais elle est en ouverture. Le cinéaste s'expliquait ainsi à l'époque: il fallait planter le cadre de l'histoire d'amour tout en se débarrassant de la sexualité des personnages. La scène est sensuelle plus que sexuelle et les corps des deux stars hong kongaises de l'époque, Leslie Cheung et Tony Leung Chiu-wai, s'entrelacent, nus dans une chambre.

On est loin de la sexualité d'East Palace, West Palace (Derrière la cité interdite), de Zhang Yuan, présenté à Un Certain regard. Film indépendant chinois, il est le premier à traiter de l'homosexualité dans le cinéma de son pays. La coproduction française a permis de faire passer le film, très vite censuré par le gouvernement chinois, qui arrêta finalement le réalisateur, lui retira son passeport, avant qu'il ne parte sur la Croisette.  Il n'a d'ailleurs pas été trop inquiété puisqu'il a continué de tourné depuis. La Chine a demandé à Cannes, en vain, de retirer le film de la sélection officielle, alors qu'il avait tourné à Pékin en toute légalité.

Cependant, East Palace, West Palace a une atmosphère sulfureuse, loin de la tradition du travestissement évoqué dans Adieu ma concubine, quatre ans plus tôt et Palme d'or. Ici, la police chinoise fait des raids sur les homosexuels, qui flirtent et baisent dans un parc, la nuit. L'un d'eux, un jeune écrivain gay, se fait - avec un certain consentement - prisonnier du policier de garde et entraîne un jeu un peu masochiste et assez pervers où les intentions réelles du flic sont troubles.

Des urinoirs du parc à la salle de garde à vue, le film est surtout le portrait d'hommes qui assument ou luttent contre leur sexualité. Entre érotisme et torture, le jeu de séduction est filmé avec ambiguïté mais aucune ambivalence. Le réalisateur voulait montrer une réalité qui existe mais qui est étouffée par le régime, et a puisé dans des articles sur l'homosexualité dans le journal Life news, au début des années 90. "Un des articles concernait les efforts d'un institut de recherche sur le SIDA qui tentaient de trouver des hommes gays à Beijing" expliquait-il à l'époque.

Cannes 2016 : Nos retrouvailles avec Paul Vecchiali

Posté par MpM, le 18 mai 2016

Le moins qu'on puisse dire est que Paul Vecchiali est un bel exemple de longévité patiente, puisque c’est son 50e film que l’on s’apprête à découvrir cette année à Cannes. Le cancre, présenté en séance spéciale, réunit Catherine Deneuve, Mathieu Amalric, Pascal Cervo, Françoise Lebrun, Annie Cordy, Françoise Arnoul et Edith Scob. Rien que ça.

Un casting quatre étoiles pour cet ancien critique (aux Cahiers du cinéma et à la Revue du cinéma) qui n’était plus revenu sur la Croisette depuis A vot’ bon cœur en 2004 (Quinzaine des réalisateurs). Un film dans lequel il brocardait d’ailleurs avec beaucoup d’humour le processus opaque de l’avance sur recettes du CNC, inspiré par sa propre expérience face aux nombreux refus de la commission : 47 projets refusés d’affilée, et une soixantaine de films qui ne se sont jamais faits. Pourtant, cela n’a jamais découragé cet esprit libre et débrouillard qui, à plus de 80 ans, tourne avec un Canon 5D et un iPhone.

Celui qui fut l’ami de Jacques Demy et le producteur des premiers films de Jean Eustache a réalisé son premier film en 1961. Les petits drames, un long métrage muet avec Danielle Darrieux (aujourd’hui perdu) attire immédiatement l’attention de François Truffaut qui voit en Vecchiali "le seul héritier de Jean Renoir".

"Indépendant, libre et rebelle"

Au fil des années, le cinéaste travaille en parallèle pour la télévision, le cinéma et le théâtre. Il produit, écrit (scénarios et romans), monte et réalise dans une sorte d’économie parallèle qui ne l’empêche pas de créer une œuvre solide et cohérente. Il finance lui-même son travail (il fondera même deux maisons de production, Diagonale puis Dialectique), tourne souvent dans sa propre maison (d’abord au Kremlin-Bicêtre puis au Plan-de-La-Tour), se forme une troupe fidèle de techniciens et de comédiens : Hélène Surgère, Sonia Savange, Jean-Christophe Bouvet, Nicolas Silberg… Et surtout, il tourne vite (mais bien), prépare tout en amont et garde intacte sa passion. "Faire du cinéma, c'est un métier, une responsabilité, un engagement" explique-t-il à Télérama en 2015.

De fait, Paul Vecchiali est devenu une sorte de contre-modèle qui inspire la jeune génération. "Indépendant, libre et rebelle", certes, électron libre du circuit traditionnel de production, bien sûr, mais pas non plus complètement hors système. "Je suis pratiquement le seul cinéaste français à avoir trouvé un fonctionnement comme ça, un pied dans le système et un pied dehors" explique-t-il à Télérama.

Ses films, eux, sont bien ancrés dans l’époque. Il aborde les thèmes du sida (Once more, Les larmes du SIDA), de la sexualité (Corps à cœur), de la peine de mort (La machine)… Et d’amour, bien sûr, comme dans ses derniers opus Nuits blanches sur la jetée (2015) ou C’est l’amour (2016). Avec Le cancre, il aborde en prime ce moment de la vie où l’on commence à faire le bilan de son existence. Une œuvre testamentaire alors que l’on célèbre seulement ses retrouvailles avec le Festival de Cannes ? Difficile à croire tant cet éternel jeune homme a de projets, de curiosité et d’envie en réserve.

Cannes 2016 – Télex du marché: Scorsese, Paradis, Demoustier, Cassel, et un célèbre chat

Posté par vincy, le 18 mai 2016

- Le vieux projet de Martin Scorsese, The Irishman, pourrait renaître puisque STX Entertainment a racheté les droits internationaux à Paramount, qui conserve la distribution américaine éventuelle du film. Cette adaptation du livre de Charles Brandt (inédit en France) tourne autour du gangster Frank Sheeran, dit l'Irlandais, et notamment son rôle dans la disparitionn de Jimmy Hoffa (qui avait fait l'objet d'un film avec Jack Nicholson). Scénarisé par Steve Zaillian, le projet est censé être réservé à Robert De Niro, 20 ans après Casino. Le tournage pourrait commencer en janvier prochain.

- Vanessa Paradis, membre du jury, a plusieurs projets en cours. Elle a accepté d'être à l'affiche du prochain film de Yann Gonzalez. Et elle sera aux côtés de JoeyStarr et Isabelle Carré dans L'angle mort, drame fantastique de Pierre Trividic et Patrick Mario-Bernard, où il s'agit d'un homme invisible (ou visible, c'est selon ses caprices).

- Anaïs Demoustier a aussi plusieurs projets sur le feu puisqu'elle sera à l'affiche du prochain film de Robert Guédiguian, La villa, réinterprétation de La cerisaie version Marseille, avec les fidèles Darroussin, Meylan, Ascaride et Robinson Stévenin. Juste avant ce tournage en novembre, elle sera aussi dans le premier long de Yann Le Quellec, Cornelius le meunier hurlant, aux côtés de Gustave Kervern et Denis Lavant.

- Vincent Cassel, en compétition avec le film de Xavier Dolan, Juste la fin du monde, partagera le générique avec Romain Duris et Sandrine Kiberlain, dans le prochain drame d'Erick Zonka (La vie rêvée des anges), Fleuve noir. Cassel incarnera un flic sans illusions qui commence à enquêter sur la mort d'un enfant quand son fils, délinquant, revient dans sa vie.

- Enfin, Joann Sfar, qui a déjà confirmé il y a quelques jours qu'il allait réalisé un film d'animation adapté de sa BD Petit Vampire, a annoncé qu'il écrivait et réaliserait une nouvelle adaptation du Chat du Rabbin (César du meilleur film d'animation en 2012). Mais cette fois-ci le film sera tourné en prises de vues réelles. Le film sera, comme sa version animée, écrit et réalisé par Joann Sfar.

[20 ans de festival] Cannes 2016 : 2009 – 2012 – Michael Haneke couvert d’or

Posté par MpM, le 18 mai 2016

A trois année d’intervalle, ce sont deux Palmes d’or que s’offre le cinéaste autrichien Michael Haneke, déjà Grand prix en 2001 avec La pianiste et prix de la Mise en scène en 2005 avec Caché. Curieusement, pourtant, ces deux récompenses prestigieuses n’ont au vu des deux éditions pas du tout le même sens.

En 2009, Le ruban blanc fait un peu l’effet du film compromis qui met le jury d’accord face à une sélection pas enthousiasmante. Non pas qu’il soit raté, c’est au contraire une œuvre glaçante montrant un monde en décomposition sur le point d’imploser avec l’arrivée de la première guerre mondiale, et terreau fertile de l’avènement du nazisme. Mais sa froideur esthétique, son absence de concession scénaristique, et même son sujet n’en font pas d’emblée le favori de la compétition.

Face à lui, Jacques Audiard propose avec Un prophète un autre style d’esthétisme, avec au fond la même froideur de ton. Le film a ses défenseurs (le cinéaste lui-même semble ne s’être toujours pas remis de ne pas avoir eu la Palme cette année-là, comme si elle lui était due…), mais ne parvient pas à s’imposer avec évidence. Il repartira quand même avec le Grand Prix.

De toute façon, c’est l’année des déceptions : Alain Resnais nous perd avec ses Herbes folles trop abstraites, Quentin Tarantino (Inglorious basterds) est un cran en dessous de ce que l’on attendait, Lars von Trier (Antichrist) bascule dans le ridicule en voulant se lancer dans une énième expérience radicale, Park Chan-wook trébuche dans le grand guignol boursoufflé avec son film de vampire christique (Thirst)…

Ce sont finalement deux comédies qui sauvent cette 62e édition de la routine : Looking for Eric, la merveilleuse fable sociale de Ken Loach, avec un Eric Cantona formidable en coach personnel azimuté, et Taking Woodstock d’Ang Lee, feel good movie coloré, libre et joyeux sur une époque où tout semblait possible. Mais comme il est de tradition à Cannes, la comédie est un "genre mineur" qui ne mérite pas d’être récompensé.

En 2012, l’enthousiasme est revenu, avec des films potentiellement populaires, des œuvres audacieuses marquantes et des histoires singulières, loin de tout formatage. Amour de Michael Haneke fait très vite figure de favori, proposant un regard universel et lumineux sur la vie. Le cinéma plutôt froid du réalisateur se teinte d’une sensibilité nouvelle et attachante, et son duo d’acteurs emporte tout. Nouvelle Palme presque évidente, donc, face à des concurrents qui avaient pourtant mis la barre très haut.

Cette 65e édition cannoise aligne en effet les films forts et les propositions esthétiques audacieuses : La chasse de Thomas Vinterberg, Holy motors de Denis Lavant, Moonrise kingdom de Wes Anderson, Dans la brume de Sergei Loznitsa, Mud de Jeff Nichols, Cogan, la mort en douce d’Andrew Dominik, La part des anges de Ken Loach, Sur la route de Walter Salles… Le tout en une dizaine de jours. Qui dit mieux ? Cette année-là, le jury cannois aurait presque pu palmer la moitié des films en compétition. S’il a choisi Michael Haneke, ce n’était cette fois ni par compromis, ni pour saluer sa carrière. Mais bien parce qu’il était le meilleur à ses yeux.

Cannes 2016 : Qui est Alex Brendemühl ?

Posté par MpM, le 18 mai 2016

Alex Brendemühl est de ces acteurs dont on se souvient plus facilement du visage que du nom, et qui, de film en film, finit par être étrangement familier. Né d’une mère espagnole et d’un père allemand, il est sans surprise cosmopolite, tournant sans distinction en Espagne et en Allemagne, mais aussi en France ou en Argentine, et depuis ses débuts en 1995, on l’a ainsi aperçu dans pas moins d’une soixantaine de films et de séries.

Son premier grand rôle au cinéma lui est offert par Agustí Vila en 1998 dans Un banco en el parque, mais c’est Las horas del dia de Jaime Rosales, présenté à Cannes en 2003, qui le révèle sur la scène internationale. Il y incarne Abel, l’inquiétant personnage principal, un homme en apparence affable et à l’existence anodine qui s’avérera être un serial killer. Le film reçoit le prix Fipresci à la Quinzaine des Réalisateurs et vaut deux Goya à son réalisateur. Alex Brendemühl enchaîne dès lors les projets, comme En la Ciudad (Cesc Gay, 2002), Inconscientes (Joaquín Oristrell, 2004), Remake (Roger Gual, 2005), 53 días de invierno (Judith Colell, 2006) ou encore Le silence avant Bach (Pere Portabella, 2007).

En 2007, il révèle une autre facette de son talent avec Yo de Rafa Cortes qu’il coécrit, et dans lequel il tient le premier rôle masculin. Le film, qui remporte le prix de la critique internationale à Rotterdam, est présenté comme "révélation de l’année" à la Semaine de la Critique et permet à Brendemühl de remporter le prix du meilleur acteur espagnol (Premio Sant Jordi) en 2008. L’acteur s’essaye alors à la réalisation avec Worstward Ho (Mal barré), un court métrage qui aura les honneurs de la compétition officielle cannoise en 2009.

Par la suite, Alex Brendemühl se concentre sur sa carrière d’acteur et tourne tout azimut des films de styles variés comme El cónsul de Sodoma de Sigfrid Monleón (2009), L’enfant loup de Gerardo Olivares (2010), Insensibles de Juan Carlos Medina (2012)… Une certaine fidélité le lie également aux cinéastes avec lesquels il travaille puisqu’il renoue en 2010 avec Agustí Vila pour La Mosquitera, où il propose à nouveau une composition à la frontière de la folie, et avec Jaime Rosales, avec lequel il doit tourner Petra courant 2016. Il multiplie également les apparitions chez Cesc Gay : les courts métrages conceptuels Alex et Brendemühl, le succès Truman

On le voit également en Argentine pour Le médecin de famille de Lucia Puenzo (Un certain regard 2013), dans lequel il est l’ancien criminel nazi Joseph Mengele (il avoue lui-même une certaine ressemblance physique avec le personnage) et Il Papa della Gente de Daniele Luchetti où il incarne Franz Jalics, prêtre jésuite hongrois et écrivain de renom qui fut l'un des rares survivants des escadrons de la mort de la dictature argentine.

La France fait elle-aussi appel à lui pour le téléfilm Le Sanctuaire d’Olivier Masset-Depasse (2014), le long métrage Parisiennes (Slony Sow) ou encore Mal de Pierres de Nicole Garcia, aux côtés de Marion Cotillard et Louis Garrel, qui lui ouvre les portes de la compétition cannoise. On le retrouvera par ailleurs prochainement dans Django Melodies d’Etienne Comar, un biopic du jazzman Django Reinhardt (incarné par Reda Kateb) dans lequel il sera cette fois un officier allemand. Caméléon, toujours.

[L'instant Glam'] Cannes 2016 – Jours 6 et 7: du glam aux larmes

Posté par cynthia, le 17 mai 2016

Oyé oyé cinéphiles... et oui deux jours en un, car les journalistes aussi tombent malade. Nous ne sommes pas des stars nous... On ne peut pas se pavaner sur la Croisette en petite tenue et résister à une s****** d'angine! La maladie touche les journalistes tandis que la loi de la gravité frappe nos stars.

Première chute cette année pour (non, ce n'est pas Jennifer Lawrence) le mannequin tchèque Petra Nemcova qui s'est mangé le sol avec classe, puisque cette dernière s'est relevée en se recoiffant et en faisant comme si de rien était. Tiens, je vais suivre son délire et la prochaine fois que je rends mon déjeuner je m’essuie la bouche, me recoiffe et continue mon chemin comme si de rien était *chouette idée de glam*.

Sinon côté célébrité qui sait marcher, autant vous dire que l'actrice brésilienne Sonia Braga reflétait parfaitement l'ambiance de ces deux jours avec sa robe terne marron-bordeaux trop triste! Ce ne sera plus L'instant Glam mais L'instant larme... On ne comprend pas : Sonia est si belle, si sexy. En même temps, nos regards étaient surtout posés sur le reste du casting du film Aquarius, qui a brandi des pancartes (c'est toujours plus digne que les bras et doigts d'honneur de l'équipe de Captain Fantastic à Un certain regard) dénonçant le "coup d'Etat" par voie judiciaire et politique au Brésil.

Bien qu'il ait eu Usher et Robert De Niro sur la croisette (le baromètre de la classe était à son apogée), on ne peut pas dire que les stars nous éblouissent en ce milieu de 69e festival de Cannes. Depuis Ryan SEXling notre bassin a arrêté de faire des ronds! Nos yeux par contre tournent en rond!

Rappelons tout de même que Robert De Niro a reçu un hommage pour l'ensemble de sa carrière (sauf pour ses collaborations laborieuses avec David O'Russell et son duo débile et pas drôle avec Zach Efron)!

Frédéric Bel, dont le métier est d'amuser Facebook, est arrivée toute transparente dans une robe coquelicot... heureusement qu'il y avait les coquelicots en fleurs, sinon on était partis pour le festival du genre où on défleure les filles. Serais-ce parce que c'est la 69e édition que les stars se lâchent de la sorte? Le chiffre 69 doit pas mal titiller nos stars du red carpet! En effet, même Lady Victoria Harvey était sans soutif! (N.B: si je tente de faire ça, je crois que mes seins raclent le sol telle une truelle sur un chantier!)

Niveau nudité, Michelle Yeoh a choisi également la transparence dans une sublime robe noire en dentelle tandis que Marthe Villalonga est venue en pyjama, juste au cas où le film serait soporifique. Donc... pour résumer à Cannes, soit on en a envie de tirer son coup, soit on en a envie de se taper un roupillon... En parlant de tirer son coup Kim KardaCHIANTE est arrivée à Cannes vêtue de soie... Mais comme on s'en fout comme du premier verre de Gérard Depardieu, on ne va pas s'éterniser sur le sujet!

George Miller, quant à lui, reste classe tout en portant les mêmes lunettes depuis le début du festival. Ce n'est pas parce qu'on est président du jury qu'on doit faire des caprices de stars. Jean-Paul Gaultier portait une étrange cravate avec une lame de rasoir au bout. Vu les tonnes de fashion faux pas présent(e)s sur la Croisette, on comprend que le créateur de mode ait envie de mettre fin à ses jours... On n'a pas compris non plus Valérie Damidot sur la croisette en basket... Peut-être qu'elle voulait refaire la déco du Palais, qui sait? En tout cas si elle a besoin de maçon elle peut toujours faire appel à Agnès B qui a déboulé en combinaison de chantier. On se serait cru dans le clip Work from Home des Fifth Harmony ou plus anciennement celui des Village People.

Oh Cannes mon Cannes rend nous nos stars et notre glam...

[69, année érotique] Cannes 2016: The Brown Bunny en 2003

Posté par vincy, le 17 mai 2016

Plus les années avancent, et plus le public semble anesthésié à Cannes. Il y a bien quelques huées à la fin de certains films. Quelques accrédités qui quittent la salle. Mais les scandales sont devenus très rares. Quand Vincent Gallo est sélectionné en compétition au Festival en 2003, il ne se doute pas encore que son film sera rejeté par les festivaliers.

Il faut dire que The Brown Bunny n'était pas terminé. Certains l'ont quand même assassiné en lui décernant le titre de pire film de l'année. Depuis Gallo est devenu rare sur les grands écrans. Mais son actrice, Chloë Sevigny, est encore sur la Croisette cette année. Pourtant elle a pris cher. Elle aura offert à nos regards (forcément voyeurs) la pie inattendue de l'année avec un réalisateur-acteur exhib et bien monté. Certains voudront défendre cette scène pornographique en clamant que ce n'est qu'une prothèse pénienne. Mais Gallo et Sevigny ont démenti, toujours. Ceci est bien une vraie pipe.

Summum de la scène, la jeune fille avale bruyamment le sperme de son partenaire. Rien que pour son ça, l'actrice fut virée par son agent.

Le plus désolant dans cette histoire fut sans doute que le film n'était pas prêt et que le cinéaste a du refaire son montage. Les critiques furent meilleures, mais l'échec retentissant. Une fellation même non simulée ça n'est pas un argument de vente.

Cannes 2016: Nos retrouvailles avec Sonia Braga

Posté par vincy, le 17 mai 2016

Pour ceux qui n'étaient pas nés, Sonia Braga, 65 ans, a été révélée au public français dans un soap brésilien, Dancin' Days, diffusé aux débuts de Canal +, au milieu des années 80. Lorsque l'actrice a tourné ce feuilleton, elle avait déjà dix bonnes années de carrière cathodique. Son nom s'était déjà imposée parmi les vedettes latino-américaines après la telenovela Gabriela (1975). Le cinéma s'était alors très vite intéressé à cette jeune femme, longiligne, aux allures de divas, et très talentueuse. Ainsi, en 1976, elle est l'héroïne de Dona Flor et ses deux maris, de Bruno Barreto. Film érotique censuré, ce fut un énorme succès au Brésil. Mais c'est en 1985 que Sonia Braga va se faire connaître d'un public international avec Le baiser de la femme araignée d'Hector Babenco. Film politique sulfureux, ce Baiser est en compétition au Festival de Cannes et vaut à Sonia Braga une nomination aux Golden Globes américains. L'année suivante elle est même invitée à être membre du jury du festival de Cannes. Femme fatale, elle séduit Hollywood (jusqu'à faire la couverture de Playboy tout de même) et devient l'une des rares actrices de son pays à exporter son talent chez les Gringos.

Ainsi on la retrouve dans Milagro de Robert Redford, Pleine lune sur Parador de Paul Mazursky (et deuxième nomination aux Golden Globes), La Relève de Clint Eastwood, et même quelques téléfilms pour la télévision américaine (dont The Burning Season de John Frankenheimer, qui lui vaut une nouvelle nomination aux Golden Globes). Durant presque dix ans, Sonia Braga ne tourne plus qu'aux Etats-Unis.

Hélas, au début des années 2000, elle se perd et nous la perdons de vue. On peut bien la croiser dans un épisode de Sex and the City, de Law and Order, des Experts: Miami ou d'Alias, le début de millénaire est fait d'apparitions, de seconds rôles, de séries B ou de films oubliés. Après une carrière flamboyante, la Braga s'éteint à petits feux. Elle commence à être honorée pour sa carrière, qui est loin derrière elle désormais. Sa volupté et sa séduction s'étiolent et n'attirent plus les cinéastes. Pourtant, elle-même l'avoue, sa beauté n'a jamais été un argument. Elle était "la moche" du cinéma brésilien" selon elle. Capable de perdre dix kilos pour obtenir le rôle de Titea do Agreste de Carlos Diegues (qu'elle a produit). Car, avouons-le, Sonia Braga est restée sexy, ne lui en déplaise. Et la revoir sur la Croisette, en compétition, avec le deuxième long métrage, Aquarius, d'un réalisateur de la nouvelle génération du cinéma brésilien, Kleber Mendonça Filho - nous ravit. Un rôle "moderne", réaliste, loin de l'image qu'elle a véhiculé tout au long de ses années.

[20 ans de festival] Cannes 2016 : 2008 – Palme in extremis

Posté par MpM, le 17 mai 2016

Il aura fallu attendre le dernier samedi du festival, lors de cette ultime séance de 8h30 qui en fin de festival commence à faire mal aux yeux et à la tête, pour découvrir enfin l’indiscutable pépite de cette édition 2008. Presque miraculeusement, Entre les murs de Laurent Cantet met tout le monde d’accord, à commencer par le jury présidé par Sean Penn et notre rédaction, qui tous saluent "un film engagé intelligent et fort" à la portée éminemment universelle.

Avec un mélange réussi d’humour et d’émotion, le réalisateur fait de la salle de classe un formidable révélateur des maux et des enjeux de nos sociétés contemporaines, où se posent en permanence des questions existentielles fondamentales liées à la quête de soi et au vivre ensemble. Le portrait drôle, grave, intelligent et  percutant à la fois d’une classe de collège filmée dans son intimité et dans ses inimités.

Un "choc" qui balaye in extremis ses concurrents, du plutôt prétentieux Gomorra (grand prix tout de même, hélas) à l’ésotérique Les trois singes (prix de la mise en scène) en passant par le énième Dardenne mou (Le silence de Lorna, prix du scénario) et le classique Echange de Clint Eastwood (prix spécial). On retiendra malgré tout le très réussi Conte de Noël d’Arnaud Desplechin, la fresque historique Che de Soderbergh, le documentaire animé Valse avec Bashir d’Ari Folman, le détonnant Serbis de brillante Mendoza…

Et, surtout, on est bluffé par l’impressionnant Il divo qui confirme le talent de metteur en scène de Paolo Sorrentino, et à qui on aurait bien donné un grand prix tant il réinvente le film noir politique. Son complice Toni Servillo excelle en "inoxydable" homme politique retors et brillant. Une leçon d’histoire, de politique et de cinéma à la fois. Finalement, 2008 n’est pas une si mauvaise année. D’autant qu’elle voit également les débuts du réalisateur Steve MacQueen, caméra d’or avec Hunger.

Cannes 2016: Qui sont Anders Danielson Lie & Lars Eidinger?

Posté par vincy, le 17 mai 2016

Anders Danielsen Lie et Lars Eidinger sont tous les deux à l'affiche de Personal Shopper, le nouveau film d'Oliver Assayas, en compétition au festival de Cannes.

Les deux acteurs n'ont absolument rien en commun. Le premier est norvégien et n'est comédien que par intermittence. 37 ans, 1m80, blond, aux yeux bleus beau gosse, Anders Danielsen Lie a été révélé par Joachim Trier dans Nouvelle Donne, en jeune écrivain tourmenté, avant de le retrouver cinq ans plus tard dans Oslo, 31 août, sélectionné à Un  Certain regard. On l'a aussi vu dans Fidelio et Ce sentiment de l'été. Pourtant ses débuts datent de 1990. Il a 11 ans quand il joue le rôle principal dans Herman. Fils d'un psychiatre et de l'actrice Tonie Danielson, il aurait d'ailleurs pu être un enfant de la balle comme les autres.

Mais Anders Danielsen Lie a préféré être médecin. Son job à mi-temps. Acteur, c'est juste pendant ses pauses. En plus d'ausculter ses patients, de lire des pavés intellectuels, et de jouer devant les caméras une fois par an. Pianiste, il a également écrit, chanté, composé, produit un album, This is autism, inspiré de son enfance. Il tape sur la batterie aussi dans le groupe Virgo.

Faisant toujours plus jeune que son âge, il s'abonne aux personnages mélancoliques et sensibles, souvent frappé par le drame ou confronté à la mort. Lui rejette toute appétence pour la tragédie et la noirceur. Père de deux enfants, marié à un top-model, la célébrité l'angoisse. Après le succès précoce de Hermann, il n'avait plus envie d'être acteur. "Je n'ai jamais rêvé de jouer" explique-t-il, se définissant plutôt comme "un touriste dans l'industrie du cinéma", industrie pour laquelle il n'a pas beaucoup de respect.

Le comédien Lars Eidinger préfère largement le théâtre aux plateaux de cinéma. Né en 1976 à Berlin, 1m90, blond aux yeux bleus, l'acteur allemand, qui fut membre du jury du dernier Festival de Berlin, est aussi metteur en scène et compositeur. La musique est sans aucun doute leur seul point commun. Car Lars Eidinger est avant tout un passionné du jeu. Si au cinéma, on ne l'a découvert qu'en 2009 dans Alle Anderen de Maren Ade (en compétition cette année à Cannes avec Toni Erdmann), au théâtre, il arpente les scènes depuis 2000. Ibsen, Shakespeare, Sarah Kane, Tennessee Williams, Molière: tous les registres lui vont. Hamlet ou Tartuffe. Il travaille avec Ivo van Hove, Rodrigo Garcia, l'immense Thomas Ostermeier (près d'une dizaine de fois), dont un Richard III impressionnant qui fit le tour du monde. Lui même met en scène Roméo et Juliette il y a trois ans, qui ne fut pas une bonne expérience. Habitué d'Avignon, le voici désormais sur la Croisette.

Pour les écrans, il tourne d'abord pour la télévision avant d'être repéré par le cinéma. On l'aperçoit ainsi chez Peter Greenaway (Goltzius et la compagnie du Pélican), chez Olivier Assayas (déjà, dans Sils Maria), Die Blumen von Gestern (avec Adèle Haenel), et ce mois-ci dans L'Origine de la violence d'Elie Chouraqui. A la télévision, il est un rôle récurrent de Tatort. "Je veux que le public me voie faire l’acteur. Devenir le personnage ne m’intéresse pas" affirme-t-il pour justifier son jeu.  Ambitieux, vaniteux, orgueilleux? Il ne dément pas. Il aime interpeller le public, et même le provoquer. Il règne sur la troupe de la Schaubühne comme on s'impose sur un trône. Il est l'homme qui aime jouer, qui veut jouer, qui se laisse happer par le jeu. Il dévore ses personnages, tel un ogre bestial et recrache avec génie la moindre nuance de leur puissance.

L'un est acteur par défaut, l'autre par envie.