Avengers 4 : Chris Evans fait ses adieux à Captain America

Posté par wyzman, le 6 octobre 2018

A l'heure où le public se remet à peine des morts et des disparitions d'Avengers : Infinity War (oups spoiler !), Chris Evans a officiellement dit au revoir au personnage qu'il campe sur grand écran depuis 2011.

Un message qui en dit long

Jeudi soir, l'acteur de 37 ans s'est tourné vers le seul réseau social qu'il utilise assidûment (Twitter) pour annoncer à ses 9,74 millions de followers que l'aventure Marvel est erminée en ce qui le concerne. "Officiellement terminé [le tournage, NDLR] d'Avengers 4. C’était pour le moins une journée chargée d’émotions. Jouer ce rôle au cours des 8 dernières années a été un honneur. À tous ceux qui sont devant la caméra, derrière la caméra et dans le public, merci pour les souvenirs ! Je suis éternellement reconnaissant." a-t-il tweeté.

Bien évidemment, pour les fans de l'univers développé par Disney/Marvel, ce tweet a un goût amer. Sans doute parce que, sans le faire exprès, Chris Evans vient de confirmer ce que de nombreux fans redoutaient : Captain America devrait périr dans le dernier volet des Avengers tels qu'on les connaît et qui est toujours prévu pour le 24 avril 2019. Après avoir teasé le sort de Captain America de manière régulière au cours des deux dernières années, Chris Evans avait dit les choses assez clairement en mars derniers dans les colonnes du New York Times : "Vous voulez sortir du train avant qu'ils ne vous poussent."

Quelle suite pour les Avengers ?

Bien évidemment, les fans de Marvel tentent depuis avril dernier d'anticiper la suite des péripéties de Captain America et toute la bande. Et si de nombreuses théories et hypothèses ont émergé et nous ont plu, l'une d'entre elles ne cesse de revenir. Les personnages qui se sont désintégrés dans Avengers : Infinity War seront ramenés à la vie une fois que Doctor Strange (ou Captain Marvel) aura remis (ou mis) la main sur la Pierre du Temps. Un petit retour dans le temps permettrait de ramener Black Panther, Spider-Man, Doctor Strange, Bucky, Falcon, Scarlet Witch, Star-Lord, Groot, Drax, Mantis, Nick Fury et Mariah Hill.

Et le message de Chris Evans pourrait bien aller dans ce sens : si les personnes désintégrées réapparaissent, il y a de fortes chances pour que cela se fasse au prix de quelques vies. Et force est de reconnaître qu'à l'heure où les frères Russo ont reconnu qu'Avengers 4 marque la fin de la Phase 3 du MCU, de nombreux personnages "historiques" sont encore en vie à la fin d'Avengers : Infinity War. A savoir Captain American, Iron Man, Thor, Black Widow, Hulk, War Machine, Rocket, Nebula, Okoye et M'Baku.

Parmi ces derniers, certains sont essentiels aux intrigues leur saga respective (Rocket, Nebula, Okoye, M'Baku) tandis que d'autres ont peu de chance de mourir puisqu'ils pourraient être très utiles à la suite du MCU (Thor, Black Widow, Hulk). Le cas de War Machine est complexe mais ne mérite pas encore de développement. Ce qui nous laisse donc avec Captain America et Iron Man. Au moment de lancer la Phase 4, il ne fait aucun doute que Marvel va prendre des risques. Les faire raccrocher leurs crampons ? Peu crédible. Les faire mourir pour le symbole ? Carrément crédible !

Un titre déjà connu ?

Mais en attendant d'en savoir davantage, il se pourrait bien que le titre du volet soit Avengers : Annihilation. Le mois dernier, les frères Russo ont invité les fans de la saga à trouver le titre de leur prochain bébé. Comme nous, le geek de génie Jeremy Conrad est arrivé à la même conclusion, Avengers : Assemble ne pouvant pas être utilisé en raison du marketing du premier film au Royaume-Uni, le second "A" que l'on voit sur la photo doit certainement signifier Annihilation ! Affaire à suivre...

Le prestigieux Korean Cinema Award décerné à Martine et Jean Marc Thérouanne, cofondateurs du FICA de Vesoul

Posté par MpM, le 6 octobre 2018

Martine et Jean-Marc Thérouanne à Busan

Le 23e Korean Cinema Award, qui honore chaque année une personnalité du monde du cinéma (tels que Gilles Jacob, Thierry Frémaux, Charles Tesson ou encore Dieter Kosslick), a été remis à Martine et Jean-Marc Thérouanne, Directrice et Délégué Général, cofondateurs du Festival International des Cinémas d'Asie (FICA) de Vesoul, jeudi 4 octobre lors de la cérémonie d'ouverture du Festival de Busan. Le prix vient couronner une vie dédiée à la connaissance et au partage des cinémas d’Asie, et plus particulièrement du cinéma coréen.

Le FICA de Vesoul, qui fêtera en 2019 son 25e anniversaire, est en effet un rendez-vous incontournable pour les amateurs de cinéma asiatique comme pour les professionnels. Il a accueilli en moins d'un quart de siècle des réalisateurs de premier plan comme Brillante Mendoza, Hou Hsiao-Hsien, Kore-Eda Hirokazu ou encore Im sang-soo, et a permis aux 600 000 spectateurs cumulés depuis ses débuts de découvrir des centaines de films inédits ou rares. Ecran Noir, qui couvre le FICA depuis sa 14e édition en 2008, est particulièrement heureux et fier de voir ainsi honorés les fondateurs et organisateurs d'un festival qu'il suit et soutient depuis plus de dix ans.

Martine et Jean-Marc Thérouanne racontent le moment où ils sont montés sur scène devant plus de 4000 professionnels du monde entier pour recevoir leur prix : "Nous fûmes invités à monter sur scène par Lee Yong-Kwan, directeur en chef du Festival de Busan. Des mannequins Artistry nous ont alors remis deux statuettes à nos noms ainsi que deux bouquets de fleurs. Nous avons alors pris la parole, chacun à notre tour, avant de rejoindre nos places, sous un tonnerre d’applaudissements."

Ce qui a le plus ému le couple, c'est "le fait que ce prix, totalement inattendu, nous ait été remis conjointement à tous les deux. Les directeurs du Festival de Busan ont bien compris que l’on ne peut pas dissocier Martine de Jean-Marc. Ils ont regardé la qualité de notre travail sans préjuger du lieu où il était réalisé. Notre portrait sensible, brossés par les deux directeurs, en toute simplicité et en toute vérité, montrait leur sens de l’observation de l’âme humaine. On ne vit cela qu’une fois dans sa vie."

Après avoir vécu ce moment d'une rare intensité, Martine et Jean-Marc Thérouanne vont désormais profiter de Busan pour continuer les préparatifs du prochain FICA. Celui-ci se tiendra du 5 au 12 février 2019. On sait déjà qu'il proposera, en plus des habituelles compétitions, une section thématique autour des "couples d'Asie", un hommage à la comédienne et réalisatrice Hiam Abbass, un focus sur les films japonais ayant marqué le cinéma français et une carte blanche spéciale 25e anniversaire composée des coups de cœur très personnels de l'équipe du FICA. Ecran Noir, bien entendu, vous fera vivre en direct cette édition exceptionnelle.

Pippo Delbono en rétrospective au Centre Pompidou

Posté par vincy, le 5 octobre 2018

Du 5 octobre au 5 novembre, les Cinémas du Centre Pompidou mettront en lumière l'œuvre de Pippo Delbono, à travers une installation ("L'esprit qui ment"), une rétrospective et des performances. Il s'agit de la première rétrospective intégrale en France pour le comédien, réalisateur et metteur en scène italien.

Artiste pluridisciplinaire, créateur de sa propre compagnie au milieu des années 1980, Pippo Delbono a commencé avec des captations au Centre Pompidou dans le cadre de la manifestation Vidéodanse. Depuis 2003, il réalise également des films, qui relèvent autant du journal filmé que de la fiction. Guerra, son premier long métrage, est sélectionné à la 60ème Mostra de Venise et reçoit le prix David di Donatello (César italien) du meilleur documentaire. En 2006, il signe un film biographique, Grido. En 2009, le festival de Locarno rend un hommage important à Pippo Delbono et présente tous ses films, dont La Paura, filmé avec un téléphone portable, et Questo buio feroce, réalisés la même année. Amore Carne, en 2011, sélectionné à la 68ème Mostra et au Festival de Nyon – Visions du réel, puis Sangue, en 2013, sélectionné à DocLisboa et primé à Locarno, poursuivent son introspection itinérante, entre fiction et journal personnel. Son dernier film, Vangelo, en 2016, a été présenté à Venise dans la sélection Venice Days.

Encore largement méconnu, le cinéma de Pippo est un cinéma indépendant, intime, humaniste, iconoclaste. Il a aussi été comédien pour Bernardo Bertolucci (Moi & Toi), Peter Greenaway (Goltzius et la Compagnie du Pélican<.a>), Valeria Bruni-Tedeschi (Un château en Italie) ou encore Yolande Moreau (Henri). En parallèle Pippo Delbono proposera d'ailleurs cinq performances autour du travail avec le texte, la voix, la musique et enfin le corps en étant rejoint par les acteurs qu’il aime et avec lesquels il travaille depuis de nombreuses années, mais aussi des invités inédits tels Valeria Bruni-Tedeschi, Yolande Moreau ou encore Sophie Calle.

On l'a aussi vu dans A Tramway in Jerusalem d'Amos Gitai, sélectionné à Venise cette année, Rendez-vous à Atlit de Shirel Amitay, United Passions de Frédéric Auburtin, et Amore de Luca Guadagnino.

C'est l'intégrale cinématographique qui sera présentée à Beaubourg. Et comme pour chaque rétrospective, Pippo Delbono a également réalisé un nouveau court métrage inédit dans la cadre de la série "Où en êtes-vous?".

https://www.youtube.com/embed/n4fjPTYt3Lw

L’animation en fête pendant tout le mois d’octobre

Posté par MpM, le 5 octobre 2018

C'est avec la projection en avant-première du très sensible Funan de Denis Do (le film, dont nous vous parlions à l'occasion du festival d'Annecy, sort le 13 mars 2019) que s'est ouverte la 17e Fête du cinéma d'animation organisée depuis 2002 par l'Association française du cinéma d'animation (AFCA). Une manifestation qui se poursuit tout au long du mois d'octobre avec plus de 1000 initiatives en France et à travers le monde.

Il fallait bien un événement d'une telle ampleur pour rappeler l'importance du cinéma "image par image" et en valoriser à la fois les œuvres et les auteurs. Cette grande et belle fête atteindra son apogée le 28 octobre avec la Journée mondiale du film d’animation, célébrée en souvenir de la première projection publique de bandes animées par le pionnier de l'animation Émile Reynaud en 1892.

Un prix portant son nom est d'ailleurs remis depuis 1977 à un court métrage d’animation français. Parmi les lauréats, on retrouve Michel Ocelot (Le prince et la princesse), Serge Elissalde (Le balayeur, La Vie secrète d’Emile Frout), Florence Miaïhle (Hammam, Au premier dimanche d'août), Vergine Keaton (Je criais contre la vie. Ou pour elle), Sébastien Laudenbach (avec Sylvain Derosne pour Daphnée ou la belle plante) ou encore Céline Deveaux (Le Repas dominical). Parmi les courts métrages en lice cette année, on retrouve notamment plusieurs films qui étaient à l'honneur cet été dans notre série de "rencontres animées" comme La chute de Boris Labbé, Etreintes de Justine Vuylsteker, Guaxuma de Nara Normande ou encore Le tigre de Tasmanie de Vergine Keaton. Le lauréat sera annoncé le 26 octobre au cours d'une soirée exceptionnelle au Carreau du temple.

Côté programmation, la fête proposera des courts et des longs métrages, ainsi que des programmes exclusifs et inédits articulés autour de quatre thématiques : place à l'artiste ; la petite histoire dans la grande histoire ; nos voisins fantastiques ; en chantant. L'occasion de (re)découvrir par exemple Le Tableau de Jean-François Laguionie, Le Garçon et la Bête de Mamoru Hosoda, Sita chante le blues de Nina Paley, Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet ou Le Chant de la mer de Tomm Moore.

Par ailleurs, cinq réalisateurs se déplaceront dans toute la France afin de rencontrer le public et présenter leurs films : Amélie Harrault avec Mademoiselle Kiki et les Montparnos, Joris Clerté avec La Nuit américaine d’Angélique, Olesya Shchukina avec Le Vélo de l’éléphant, Laurent Boileau avec Couleur de peau : miel, Izù Troin avec Le Bûcheron des mots. Enfin, en plus de ces nombreuses projections et rencontres, des ateliers, expositions, ciné-concerts et masterclasses seront également organisés pendant tout le mois d'octobre.

On ne saurait trop vous conseiller de profiter de la manifestation pour prendre à bras le corps les préjugés contre le cinéma d'animation et faire le plein de films passionnants et merveilleux, indispensables aux cinéphiles avertis comme aux amateurs éclairés.

Les films en lice pour le prix Emile Reynaud 2018

1 mètre/ heure de Nicolas Deveaux (Cube Créative)
La Chute de Boris Labbé (Sacrebleu productions)
Etreintes de Justine Vuylsteker (Offshore)
Guaxuma de Nara Normande (Les Valseurs)
Je sors acheter des cigarettes d'Osman Cerfon (Miyu productions)
La Nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel (Kazak productions)
Raymonde ou l'évasion verticale de Sarah Van Den Boom (Papy3D productions, JPL films)
Le Tigre de Tasmanie de Vergine Keaton (Sacrebleu productions)

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17e Fête du cinéma d'animation
Jusqu'au 31 octobre 2018
Informations et programme sur le site de la manifestation

En Pologne, le film « Kler » bat des records au box office et se transforme en polémique politique

Posté par vincy, le 5 octobre 2018

935000 spectateurs le week-end dernier pour Kler (Clergé en français) au box office polonais. Le film de sorti le 28 septembre réalisé par Wojciech Smarzowski a battu tous les records locaux depuis 30 ans, surclassant Cinquante nuances de Grey, Star Wars et n'importe quel film polonais. Cold War, primé à Cannes et représentant du pays pour les Oscars, n'a ainsi attiré "que" 755000 spectateurs au cours de sa carrière. Un phénomène d'autant plus marquant que ce drame aborde un sujet brûlant : les prêtres et la pédophilie, dans un pays encore très catholique.

Il reste encore de la marge pour battre le record de recettes historique dans le pays (Avatar, seul film à avoir dépassé les 20M$ aux box office). Mais ce devrait être le plus gros succès polonais dans le pays, record détenu par Lejdis, comédie sortie en 2008.

Le film dénonce pourtant les méthodes et les affaires d'une église omniprésente dans le champ politique polonais et à laquelle le peuple reste très attaché 40% des Polonais croient encore aux lois de l'Eglise et un peu plus vont régulièrement à la messe). Dans les débats, l'Eglise encaisse et compte sur ses relais.

Le chef du parti ultraconservateur et nationaliste (au pouvoir), Jaroslaw Kaczynski, a même parlé d'un "coup porté contre la Pologne", le chef du bureau de sécurité nationale Pawel Soloch hurle au "film de propagande odieux". Le film attise les passions dans un pays où la religion catholique est encore enseignée à l'école et où l'Eglise intervient intensément dans la politique (l'avortement est toujours interdit, le blasphème est un délit pénal).

"Tous ceux qui portent la Patrie dans leur coeur, qui aiment Dieu et la Pologne, doivent dire clairement aujourd'hui "non" à la destruction de nos valeurs nationales", a affirmé une association de journalistes catholiques, appelant au retrait d'un film profondément "anticlérical, anticatholique et antipolonais" qui "fausse" l'image de l'Eglise, rapporte l'AFP.

La vérité sur une Eglise intouchable

En s'attaquant aux crimes pédophiles des prêtres, Kler tombe à pic. Des scandales de ce genre, il y en a chaque semaine qui sont révélés du Chili aux Etats-Unis, d'Irlande à l'Allemagne, du Canada à la France. Il y a déjà eu des films sur le sujet (Sleepers, Spotlight) et le prochain Ozon, Grâce à Dieu, sera sur ce thème.

En montrant les coulisses de l'institution cléricale, le réalisateur Wojciech Smarzowski, qui a du tourner une partie de son film en République tchèque, met en lumière ce que pensent les Polonais sur la sacro-sainte Eglise. Nombreux sont ceux qui avouent que le pays a besoin de voir son Eglise en face, de comprendre cette vérité.

Le film raconte l'histoire de trois prêtres. L'un d'eux est accusé (à tort) d'actes pédophiles tandis qu'un autre utilise tout son pouvoir pour masquer ses propres "écarts". Victimes ou témoins de tels crimes dès leur enfance, c'est en fait un combat pour que le mensonge gagne sur la vérité. C'est aussi un film qui expose la corruption, l'hypocrisie, l'abus de bien social, l'alcoolisme et l'homosexualité des élites religieuses. Le cinéaste a fait relire son scénario à des membres du clergé, qui ont authentifié chacune des déviances racontées.

"Aucun réalisateur n'a jamais osé présenter une vision aussi critique de l'Eglise catholique en Pologne. Kler s'attaque ouvertement à l'Eglise et dénonce tous ses péchés cardinaux allant de cas de pédophilie, au versement d'argent par les fidèles pour accéder aux sacrements, aux appels d'offres truqués et à la démoralisation généralisée de la hiérarchie", explique Janusz Wroblewski, critique de cinéma.

Controversé, dérangeant, le film a remporté six prix au Polish Film festival dont celui du public.

Popstars au cinéma: bon plan ou fausse bonne idée ?

Posté par wyzman, le 4 octobre 2018

A l'occasion de la sortie d'A Star Is Born, le premier film de et avec Bradley Cooper et Lady Gaga, voici un petit retour sur les artistes qui sont parvenus à se faire une place sur le grand écran. Bonnes ou mauvaises, ces performances sont restées dans les annales.

Les bons plans

Britney Spears dans Crossroads (2002). Lorsque début 2001, l'interprète de "I'm a Slave 4 U" affirme être prête à faire ses débuts au cinéma, personne n'y croit vraiment. La jeune femme vend sans doute des millions de disques mais elle est loin d'être réputée pour ses talents d'actrice. Ce n'est pas un problème ! Elle se tourne vers Shonda Rhimes, la femme à qui l'on devra plus tard les hits Grey's Anatomy, Scandal et How to Get Away with Murder, afin d'écrire le scénario d'un film racontant le road trip de trois lycéennes. Le film se fait descendre par la critique à l'époque mais demeure aujourd'hui comme un monument de la pop culture qui a tout de même rapporté 61 millions de dollars dans le monde pour un budget 5 fois inférieur !

David Bowie dans Zoolander (2002). On l'oublie trop souvent mais l'interprète de "Space Oddity" a fait de nombreux passages au cinéma. L'un de ses plus mémorables est bien évidemment son cameo de juré dans le film de Ben Stiller qui se pose en satire maladroite et critiquable de l'industrie de la mode. David Bowie fait alors partie d'une longue liste de stars à apparaître dans le film (Lance Bass, Stephen Dorff, Gwen Stefani, Christian Slater, Lenny Kravitz, Heidi Klum, Karl Lagerfeld, Natalie Portman) mais il est le seul à décrocher une nomination aux MTV Movie Awards dans la catégorie meilleur caméo !

Elton John dans Kingsman : Le Cercle d'or (2017). A 70 ans, l'interprète de "I'm Still Standing" nous a prouvé qu'il en avait encore sous le capot. Eh oui, en interprétant son propre rôle et en se mettant au service de la comédie d'action de Matthew Vaughn, le Britannique a ébloui le public. Complètement décalé et affreusement vulgaire, son "personnage" était l'un des temps forts du second volet de la saga. A tel point que pour certains, il a carrément éclipsé ses co-stars Colin Firth, Julianne Moore, Taron Egerton, Mark Strong, Halle Berry ou encore Channing Tatum. Si vous l'avez manqué, une séance de rattrapage s'impose !

Eminem dans 8 Mile (2003). Voilà un film qui est sorti au bon moment ! Au sommet de sa carrière après les albums The Marshall Mathers LP (32 millions d'exemplaires vendus dans le monde) et The Eminem Show (27 millions), le rappeur aujourd'hui âgé de 45 ans enchaîne directement avec un film autobiographique. Sans surprise donc, celui-ci raconte l'incroyable ascension d'un rappeur blanc de Détroit dans un milieu presque entièrement noir. Plus vrai que nature, Eminem crève l'écran tandis que ses co-stars Mekhi Phifer, Brittany Murphy, Kim Basinger et Taryn Manning s'en sortent avec les honneurs. Le film fait un carton (242 millions de dollars de recettes dans le monde) et Eminem entre au panthéon des popstars qui ont réussi leur reconversion, aux côtés de Beyoncé (Austin Powers in Goldmember) et Whitney Houston (Bodyguard).

Madonna dans Evita (1997). Bien qu'il lui ait offert son meilleur rôle au cinéma, le film d'Alan Parker est loin d'être le premier projet de l'interprète de "Like A Virgin". Ici, elle incarne néanmoins Eva Duarte, une femme ambitieuse qui rêve de conquérir Buenos Aires. Après sa rencontre avec Juan Peron, elle devient la Première dame d'Argentine. Mais son mode de vie luxueux ne plaît pas à la population tandis que l'aristocratie en place ne supporte pas son ascension. Dans ce rôle taillé sur-mesure d'anti-héroïne, Madonna excelle. Aux côtés d'Antonio Banderas et Jonathan Pryce, elle décroche le golden Globe 1997 de la meilleure actrice dans un film musical ou une comédie tout en battant le record d'Elizabeth Taylor (Cléopâtre) du plus grand nombre de costumes changés dans un film (85) !

Michael Jackson dans This Is It (2009). Bien qu'il ne s'agisse pas d'un film de fiction, le documentaire de Kenny Ortega (Hocus Pocus, High School Musical) retraçant les semaines de préparation de la dernière série de concerts du King Of Pop a toute sa place dans cette liste. Minutieux et pragmatique, This Is It dévoile les coulisses des répétitions et permet au spectateur de découvrir une dernière fois une facette inédite de celui que l'on considère encore comme le plus grand artiste de tous les temps. Le film, qui n'a pas été soutenu par la famille du chanteur, a tout de même le mérite de rappeler que le plus grand rôle qu'ait eu l'interprète de "Bad" et "Billie Jean" est celui d'un perfectionniste qui a fait rêver des millions de personnes.

Prince dans Purple Rain (1985). Les films quasi-autobiographiques font un malheur. A l'image de cette adaptation particulièrement fidèle de la vie du chanteur décédé le 21 avril 2016 à l'âge de 57 ans. Dans le film d'Albert Magnoli, Prince incarne ainsi son propre rôle, celui d'un enfant particulièrement doué pour la musique mais issu d'une famille violente et abusive. Outre ses problèmes familiaux, il doit gérer une notoriété grandissante et un rival qui n'hésite pas à courir après celle qu'il aime. Malgré un budget modeste (7,2 millions de dollars), le film rapporte 11 fois plus dans le monde.

Les fausses bonnes idées

Mariah Carey dans Glitter (2002). Voilà ce que l'on appelle un naufrage. Cinq avant sa sortie française, Mariah Carey se met à plancher sur un projet de film dont elle veut gérer le scénario et la bande originale. Persuadée qu'elle est en mesure d'écrire une histoire intéressante en sélectionnant quelques éléments autobiographiques, l'interprète de "We Belong Together" doit tout de même faire face à des contretemps : son label veut qu'elle sorte une compilation à l'approche des fêtes de fin d'année puis qu'elle se concentre sur son prochain album, Rainbow. Résultat: le projet est décalé de plusieurs années et la scénariste Kate Lanier est engagée en urgence pour réécrire une bonne partie de l'histoire. Malheureusement, le film sort aux Etats-Unis une dizaine de jours après le 11 septembre et dire que le public américain s'en moque est un euphémisme. Malgré une promotion pleinement assurée et la présence de Terrence Howard au casting, le film fait un four phénoménal et ne rapporte que 5,2 millions de dollars dans le monde, soit 4 fois moins que son budget de production !

Beyoncé dans Dreamgirls (2007). Largement inspiré par le destin des Supremes, le film de Bill Condon raconte l'ascension d'un trio de chanteuses dans les années 1960 et 1970. Entre magouilles pour passer à la radio, lutte raciale et jalousie, le film amasse 154 millions de dollars de recettes dans le monde. Un score décevant lorsque l'on sait que Dreamgirls disposait d'un budget de 80 millions de dollars, faisant de lui l'un des films avec un casting majoritairement noir les plus chers de l'histoire. Et comme si cela ne suffisait pas, Beyoncé a beau être la star du film (désolé Jamie Foxx et Eddie Murphy), c'est finalement sur Jennifer Hudson que l'attention des médias s'est portée. La jeune femme qui avait débuté dans American Idol (l'équivalent de notre Nouvelle Star) a été récompensée d'un Oscar, d'un Golden Globe, d'un BAFTA et d'un BET Award de la meilleure actrice dans un second rôle !

Jennifer Lopez dans Coup de foudre à Manhattan (2003). Sur le papier, le film de Wayne Wang avait tout pour plaire. Prenez l'une des plus grandes popstars du moment, mettez-la dans une comédie romantique aux côtés d'un acteur aussi incontournable que Ralph Fiennes. Ajoutez-y d'excellentes cautions annexes (Stanley Tucci et Tyler Posey) et une sympathique bande originale (Paul Simon, Kelly Rowland, Norah Jones). Malheureusement, la sauce n'a pas particulièrement pris. Peut-être parce que le rôle de Jennifer Lopez était à l'origine destiné à Hilary Swank et que cette version moderne de Cendrillon avec une Hispanique en femme de chambre courant après un politicien blanc est loin d'avoir fait l'unanimité. Résultat : le film ne fait pas un flop (154 millions de dollars de recettes dans le monde) mais est descendu par la critique (Time, Empire et Variety en tête) ainsi que le public. Et malgré 5 nominations à des cérémonies différentes, Jennifer Lopez repart à chaque fois bredouille !

Rihanna dans Ocean's 8 (2018). Après l'avoir vue dans Battleship, This Is the End et En route !, nous nous demandions encore comment l'interprète de "Diamonds" pouvait nous surprendre. Cela n'a pas loupé avec le film "all-female" de Gary Ross (Hunger Games). Dans celui-ci, Rihanna incarne une talentueuse hackeuse qui va mettre ses talents au service de Sandra Bullock et Cate Blanchett. Malgré un joli score au box-office mondial (296 millions de dollars de recettes), le film est largement critiqué et perçu comme une simple copie de la saga introduite par Steven Soderbergh. Et malgré de nombreux plans sur la chanteuse, cette dernière manque cruellement de répliques mémorables et s'avère être simplement le meilleur argument marketing du film !

Fan Bingbing doit 129M$ au fisc chinois

Posté par redaction, le 3 octobre 2018

Une semaine après les inquiétudes parues dans la presse internationale sur l'étrange disparition de l'a star chinoise Fan Bingbing, celle-ci est réapparue. Ce mercredi 3 octobre l'actrice a présenté ses excuses à ses fans comme au Parti communiste. On sait très bien comme ce genre d'acte de contrition est piloté par les autorités politiques. Un mélange de confessions sous contraintes et de propagande téléguidée, diffusé sur le réseau Weibo, implorant ses fans de lui pardonner ses erreur: "Sans les bonnes politiques du Parti et du pays, sans l'attention pleine d'amour des masses, il n'y aurait pas de Fan Bingbing". A côté les excuses publiques de Hugh Grant ou George Michael quand ils ont été surpris dans des relations sexuelles clandestines paraissent bien mièvres.

On apprend ainsi que le fisc chinois lui réclame 112 millions d'euros d'impôts, amendes et pénalités. Cette somme serait liée à la politique du double contrat (un officiel pas trop imposé et un officieux où elle est rémunérée de manière bien plus importante). Elle peut éviter les poursuites si elle règle la note dans le délai imparti. Ce qui n'empêchera pas certaines arrestations.

En révélant le litige réel entre le pouvoir chinois et l'actrice, le fisc dissipe le mystère autour de la disparition de la star, alors que les rumeurs s'emballaient. L'agence officielle Chine nouvelle a servi de relais et a confirmé qu'une personne a déjà été arrêtée dans le cadre de cette enquête pour dissimulation et destruction de documents comptables.

Depuis l'enquête sur Fan Bingbing, le fisc a décidé de procéder à une grande investigation dans les industries du spectacle.  Rappelons que l'actrice n'a jamais été citée nommément: ce sont les entreprises qu'elle possède qui étaient dans le viseur. Les intermédiaires (comptables, avocats, ...) seraient tous inquiétés actuellement.

Mise à jour le 4 octobre: L'actrice Fan Bingbing a été libérée aujourd'hui selon le South China Morning Post de Hong Kong. Ce qui prouve bien qu'elle était en détention, a priori dans une résidence de luxe près de Wuxi.

Alain Chabat en Corée du sud

Posté par vincy, le 3 octobre 2018

Le tournage du nouveau film d'Eric Lartigau a commencé en début de semaine. Annoncé par Le Film Français, #jesuislà sera le 6e long métrage du cinéaste, et son premier depuis La famille Bélier, il y a quatre ans. Le tournage se déroulera en deux temps: cet automne puis au printemps prochain.

Pour ce nouveau film, il retrouve Alain Chabat, sa vedette de Prête-moi ta main (2006). Chabat, qui anime avec succès "Burger King" le mercredi sur TMC, a réalisé et interprété Santa et Cie l'an dernier (un semi-échec). Mais en tant qu'acteur, il n'a pas été tête d'affiche depuis 2014 (Réalité de Quentin Dupieux).

#jesuislà est coécrit par Laritgau et son partenaire de La famille Bélier Thomas Bidegain, scénariste de Jacques Audiard, mais aussi de Joachim Lafosse et Bertrand Bonello. Chabat incarne un homme tranquille, Stéphane, qui a repris le restaurant de son père et une vie normale: une ex-femme, deux fils adultes... Il tombe amoureux d'une sud-coréenne rencontrée sur Instagram. Et décide soudainement de lui rendre visite à Séoul. Encore faut-il la trouver. Et si, finalement, la découverte était ailleurs?

Soo sera interprétée par Doona Bae, comédienne, chanteuse et photographe. On a notamment pu la voir dans Sympathy for Mr. Vengeance de Park Chan-wook (2002), The Host de Bong Joon-Ho (2006), Air Doll de Hirokazu Koreeda (2009), Tunnel de Seong-hun Kim (2016), mais aussi chez les sœurs Wachowski dans leur film Cloud Atlas (2013), et dans leur sérieSense8.<

Oscars, quotas européens, expansion internationale: Netflix mise sur le « glocal »

Posté par vincy, le 2 octobre 2018

De global, Netflix devient "glocal". La compagnie californienne continue de s'étendre. Tout d'abord à Paris. La société a annoncé la semaine dernière la réouverture d'une antenne parisienne (deux ans après sa fermeture). Cela va commencer avec trois nouvelles séries françaises, quatre films "originaux" et un documentaire. Jusque là, Netflix a produit la série en deux saisons Marseille, et développe avec Capa Drama la série Osmosis, avec Hugo becker et Agathe Bonitzer, et la sitcom Plan cœur, réalisée par Noémie Saglio (Connasse, princesse des cœurs) et Renaud Bertrand, et interprétée par Zita Hanrot, Sabrina Ouazani et Joséphine Draï.

De nouveaux projets

Netflix, qui avait promis de développer son offre française il y a quelques mois, a confirmé ses projets: la sitcom Family Business de Igor Gotesman (Five), sur l'ouverture d'un premier coffee shop en France, la série horrifique Marianne, coécrite par Samuel Bodin et Quoc Dang Tran (Dix Pour Cent, Nox) et la série Vampires, d'après le livre de Thierry Jonquet.

A cela s'ajoute quatre films: Banlieusards de Kery James et Leila Sy, avec Bakary Diombera, Jammeh Diangana et Kery James ; La Grande Classe, de Rémy Four et Julien War avec Jérôme Niel ; la romance Paris et une fête d'Elisabeth Vogler, avec Noémie Schmidt, Grégoire Isvarine et Lou Castel ; le docu Solidarité, de Stéphane de Freitas (À voix haute).

Sans oublier, la nouvelle version d'Arsène Lupin, avec Omar Sy dans le rôle du gentleman cambrioleur dans une série qui vise un public mondial.

Un ancrage local

Déjà installée à Londres et Amsterdam, Netflix va donc revenir à Paris, pour mieux se rapprocher de ses 3,5 millions d'abonnés (la plateforme en comptabilise 130 millions dans le monde). Après l'annonce d'une base de production à Madrid il y a trois mois, portée par le carton mondial de La Casa del Papel et par l'ambition d'inonder l'Amérique latine de productions hispanophones, Netflix a également révélé le 1er octobre qu'un quatrième bureau en Europe serait ouvert dans la capitale espagnole. Là encore il s'agit de se rapprocher de ses abonnés en leur offrant un contenu local, et exportable. La Casa del Papel est la série non-anglophone la plus vue de l'histoire de la plateforme dans le monde, au point de commander une troisième saison, exclusivement pour Netflix.

La bonne nouvelle c'est que la compagnie va reverser une part de ses revenus au système de production français et espagnol (2% en France), comme tous les diffuseurs.

Une grosse vague de concurrents

Cette stratégie anticipe sans doute le déferlement de concurrents (Salto pour les Français France Télévisions-TF1-M6, Disney et Hulu, Nordic 12 par les TV publiques scandinaves, etc...). D'autant que France Télévisions a récemment déclaré qu'elle ne cèderait plus les droits de ses programmes à Netflix (actuellement on peut y voir Dix pour Cent par exemple). Les fournisseurs de contenus de Netflix deviennent ses concurrents. Autant produire soi-même ses contenus dans ce cas. Car, en plus de cela, la législation européenne veut imposer un quota de 30% de programmes européens pour les plates-formes de streaming (et en cas de Brexit dur, est-ce que ça comprendra les productions britanniques?).

Mais Netflix est confronté à un autre problème. La guerre avec le Festival de Cannes, qui ne veut plus mettre en compétition des films qui ne seront pas projetés en salles, et la polémique avec le Festival de Venise, où Roma d'Alfonso Cuaron a remporté le Lion d'or alors qu'il ne sera peut-être pas diffusé au cinéma, montrent les crispations du secteur contre la plateforme. Avec ou sans chronologie des médias, les exploitants de plusieurs pays voient en Netflix un ennemi. La plateforme l'a bien compris, tout comme elle a saisi que les Oscars ne changeraient pas leur règlement, obligeant un film qui veut concourir à être projeté à New York et Los Angeles avant le 31 décembre.

Des films Netflix en salles (sauf en France)

Netflix met donc de l'eau dans son vin. Déjà avec Okja, la Corée du sud avait réussi à imposer une sortie en salles. Ce sera aussi le cas de Wolf Brigade. Le film 22 July, de Paul Greengrass, en compétition à Venise et prévu pour le 10 octobre sur Netflix, sera finalement lancé dans une centaine de salles dans le monde, notamment dans les grandes villes américaines, malgré le refus des réseaux AMC et Regal. Il sortira aussi dans les pays scandinaves le 4 octobre pour une semaine d'exploitation, mais également à Toronto, au Royaume Uni, en Allemagne, en Espagne, en Italie, au Benelux et en Pologne.

Même procédé avec le nouveau film de Tamara Jenkins, Private Life, qui sera distribué dans une vingtaines de salles (New York, Los Angeles, Londres, Toronto...). Le nouveau film des frères Coen, The Ballad of Buster Scruggs, le film achevé d'Orson Welles, The Other Side of the Wind, et le film de David Mackenzie, Outlaw king, pourraient bénéficier de la même stratégie. Tout comme Roma afin qu'il puisse être nominable aux Oscars.

Cela ne changera rien pour la France. Hormis les festivals qui peuvent diffuser les films Netflix - ce sera le cas de Lumière à Lyon qui proposera le Orson Welles comme le Alfonso Cuaron -, la chronologie des médias, y compris celle qui est actuellement en discussion, empêche des sorties simultanées en salles et SVàD. Avec une victime: le cinéphile.

Le formidable Charles Aznavour prend le chemin de l’éternité (1924-2018)

Posté par vincy, le 1 octobre 2018

Les légendes ont fait leur temps. Charles Aznavour était de ces icônes qui ont traversé les décennies, toujours en haut de l'affiche pour des concerts, souvent honoré un peu partout, jamais avare de s'emparer d'une cause humanitaire. Désormais il est "là haut" comme le titre de son dernier film où il était la voix francophone de Carl Fredricksen, le vieillard du Pixar.

Chanteur, écrivain (une dizaine de livres autobiographiques), compositeur, auteur, acteur: il a su allier, comme Yves Montand en son temps, les arts avec ses performances a priori humbles. Un micro lui suffisait. Un tomber de rideau le ravissait.

Charles Aznavour était en fait la seule star mondiale française dans la chanson depuis la disparition d'Edith Piaf. Il était considéré aux Etats-Unis comme le plus grand chanteur du XXe siècle, toutes nationalités confondues. Il faisait des tours du monde, chantant en plusieurs langues. Ses tubes étaient évidemment célèbres: La bohème, La Mamma, J'me voyais déjà, Comme ils disent (la première grande chanson populaire sur l'homosexualité), Hier encore, Emmenez-moi, Ils sont tombés, Mourir d'aimer (qui lui valu un Lion d'or exceptionnel au Festival de Venise), et bien sûr For me ... Formidable qu'on a si souvent entendu dans les films américains (d'Ocean's 8 à Eyes Wide Shut) tout comme la mythique She, composé pour une série tv britannique à l'origine (et N°1 des ventes au Royaume Uni). Sans oublier les chansons qu'il a écrites pour les autres ou qui ont été reprises par les autres (Edith Piaf, Eddie Constantine, Eddy Mitchell, Serge Gainsbourg, Maurice Chevalier, Juliette Gréco, Johnny Hallyday, Nina Simone, Frank Sinatra, Liza Minelli, Elton John,  etc..).

César d'honneur et Victoire du meilleur chanteur en 1997, Charles Aznavour a été honoré partout dans le monde, du Canada aux Japon en passant par l'Egypte. Il a son étoile au Hollywood Walk of Fame, il a été ambassadeur d'Arménie, et héros natioanal de son pays, citoyen d'honneur de Montréal et de Cannes, intronisé au Songwriters Hall of Fame en 1996 (un seul autre français, Michel Legrand, y est). Il a même son musée en Arménie. Mais, même en étant résident fiscal en Suisse, il s'affirmait Français: "Je suis devenu Français d'abord, dans ma tête, dans mon cœur, dans ma manière d'être, dans ma langue… J'ai abandonné une grande partie de mon arménité pour être Français…"

Même en chantant, c'était un comédien. Sans doute pour cela qu'il passait de la scène aux plateaux avec une si déconcertante facilité. Sa filmographie débute après la guerre. C'est en 1958 qu'il obtient son véritable premier grand rôle avec La tête contre les murs de Georges Franju. Après un film avec Jean-Pierre Mocky (Les dragueurs, avec Anouk Aimée), il enchaîne ses trois plus grands films en 1959 et 1960.

Jean Cocteau l'enrôle pour un second-rôle dans Le testament d'Orphée. Puis c'est François Truffaut qui lui offre son plus beau personnage dans Tirez sur le pianiste. "Ce film de François Truffaut m'a beaucoup aidé. Il a notamment lancé ma carrière aux Etats-Unis. Quand je suis venu donner un concert au Carnegie Hall, les Américains ne m'avaient vu que chez Truffaut. Ils attendaient un pianiste de jazz, ils ont eu un chanteur !" Enfin, il rejoint Lion Ventura, Hardy Krüger et Maurice Biraud dans Un taxi pour Tobrouk, réalisé par Denys de La Patellière, dialogué par Michel Audiard. " C'est le script qui me détermine. Comme disait Jean Gabin, dans un film il y a trois choses importantes, l'histoire, l'histoire et l'histoire. Avec certains réalisateurs, j'ai noué des liens d'amitié. Avec Truffaut, par exemple. La première fois qu'il est venu me voir, nous ne nous sommes presque rien dit. Il était timide, moi aussi. C'était un bon début" expliquait-il.

Il alterne alors ses tours de chant et les tournages: Le passage du Rhin d'André Cayatte, Les lions sont lâchés d'Henri Verneuil, Paris au mois d'août de Pierre Granier-Deferre, Le temps des loups de Sergio Gobbi, ... Sa carrière n'a pas de frontières. Il tourne aussi bien avec Lewis Gilbert (Les derniers aventuriers) qu'avec Claude Chabrol (Folies bourgeoises), des films de guerre (Intervention Delta de Douglas Hickox) que des comédies (Caroline Chérie), avec des stars comme Ryan O'Neal ou Robert Hossein. Aznavour déteste les étiquettes. Il est l'un des Dix petits nègres du film international de 1974. Mais on le voit aussi chez Claude Lelouch (Edith et Marcel, Viva la vie) ou Elie Chouraqui (Qu'est-ce qui fait courir David). D'apparence discrète, il jouait ainsi les séducteurs, les taciturnes, les introvertis, les tendres, les artisans ou les artistes.

Il aimait le cinéma. Dans Libération, il confiait: "J'aime les méchants. Ce sont les Américains qui ont su nous donner les plus beaux : James Cagney, John Garfield... ou Humphrey Bogart dans la Forêt pétrifiée, ce film sublime. Le film noir apportait une ambiance encore jamais vue au cinéma."

Il expliquait aussi sa façon d'appréhender un rôle: "J'ai toujours dit que quand je mettais la paire de chaussures qu'on m'avait destinée pour le rôle, j'avais gagné 50 % du personnage. Depuis les Dragueurs, avant chaque rôle, j'écris sur un bout de papier le passé de mon personnage. Et je suis tranquille avec lui : je sais quels seront ses tics, ce qu'il aime manger, ce qu'il aime boire, s'il a aimé sa mère ou non. Je dois connaître son passé pour le continuer."

Dans sa filmographie, trois autres films se dénotent. Les fantômes du Chapelier en 1982, avec Claude Serrault. Chabrol adapte Simenon dans cette sombre histoire criminelle. Dans Ararat d'Atom Egoyan, en sélection officielle à Cannes en 2002, il incarne un metteur en scène dans un récit où le génocide arménien hante les destins. Et bien évidemment, même s'il y tient un petit rôle, il y a Le tambour de Volker Schlöndorff, d'après le roman de Günter Grass, histoire qui se déroule de l'Allemagne nazie à la mort de Staline. Le film a reçu une Palme d'or et un Oscar.

Mais il avouait volontiers: "Je suis un bon comédien, d’accord, mais quand même meilleur chanteur. Il faut voir les choses en face." La semaine dernière encore, il alternait les maquettes de son futur album et les déjeuners avec son ami Jean-Paul Belmondo. Timide et curieux, vif et drôle, il reste aussi dans les mémoires comme un artiste impliqué dans l'actualité, lui, dont les chansons semblent atemporelles, si familières, comme autant de morceaux de vies qu'il nous racontait.

Combattant aussi bien le piratage numérique que toutes formes de discriminations, Aznavour était impliqué, engagé, mettant à profit sa popularité pour les grandes causes. Cela conduisait parfois à des polémiques, des paroles mal comprises ou trop vite dites.

On retiendra que cet "immigré" qui symbolise tant l'élégance et la culture française avait aussi de l'humour et une certaine lucidité: "Si j'avais été blond aux yeux bleus ,grand et élégant avec une voix pure ,je n'aurais pas fait la même carrière" disait-il. Il se rêvait centenaire, et même devenir l'homme le plus vieux du monde, tout en redoutant: "Je n'ai pas peur de la mort. Je redoute de ne plus vivre."