Les neiges du Kilimandjaro, prix Lux 2011 du Parlement européen

Posté par vincy, le 16 novembre 2011

Les neiges du Kilimandjaro, de Robert Guédiguian, a reçu aujourd'hui le prix Lux 2011 du Parlement européen récompensant le meilleur film européen de l'année. Le film sort aujourd'hui dans les salles françaises. Il avait été projeté en avant-première mondiale au dernier Festival de Cannes, dans la sélection Un Certain regard.

Le prix a été remis au producteur du film, Marc Bordure, au sein même du Parlement à Strasbourg. Il est doté de 87 000 euros, permettant de sous-titrer le film dans 23 langues officielles de l'Union européenne et de l'adapter aux personnes atteintes d'un handicap visuel ou auditif. Le prix permet aussi de produire une copie pour chacun des membres de l'Union.

Le Prix Lux récompense un film dont les valeurs européennes, la diversité culturelle et le processus de construction continentale sont particulièrement illustrées.

Marc Bordure a rappelé, lors de la cérémonie, que "les valeurs de l'Europe sont liés à l'idée de République, cette République que Jean Jaurès appelait république sociale. République sociale: liberté, égalité, fraternité sont les qualités qu'elle se doit de défendre. Nous avons je crois trop longtemps oublié ces trois piliers de la République, ces trois piliers de l'Europe. Ils ne signifient pas, ces mots-là, concurrence, compétition et individualisme. Ils signifient épanouissement, entraide et communauté. C'est le message de mon film et vous l'avez récompensé".

Les neiges du Kilimandjaro était en concurrence avec le film grec Attenberg et le film suédois Play.

C'est la deuxième fois qu'un film français emporte ce prix, après Welcome de Philippe Lioret en 2009. Les autres récipiendaires ont été De l'autre côté de Fatih Akin (2007), Le silence de Lorna des frères Dardenne (2008) et L'étrangère de Feo Aladag (2010).

Sleeping Beauty définitivement interdit aux moins de 16 ans

Posté par vincy, le 15 novembre 2011

Frédéric Mitterrand sera resté sourd, ou aveugle, selon. Le ministre de la Culture et de la communication a confirmé l'avis de la commission de classification concernant Sleeping Beauty (voir notre actualité du 31 octobre). le premier film de Julia Leigh sera donc bel et bien interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie en salles demain.

On reste légèrement perplexe devant cette décision. Comme on l'a déjà exprimé sur ce blog, le film ne mérite vraiment pas les qualificatifs qui ont causé cette interdiction, et aucune image du film ne pourrait être comparable à des films précédemment interdits aux moins d e16 ans.

Le distributeur, ARP Sélection, a changé son affiche. Du bandeau rouge avec le mot "Censuré" (voir notre actualité du 4 novembre), on passe au même bandeau rouge siglé "A vous de juger".

Le film ne s'attendait sans doute pas à autant de publicité. Mais l'ordre conservateur et la morale déplacée ont gagné la première manche. Il ne reste plus qu'au public pour faire oublier cette sombre défaite.

Les films cannois squattent les nominations des European Film Awards

Posté par vincy, le 13 novembre 2011

Les 24e European Film Awards ont rendu leur verdict : les nominations. 2500 votants vont désormais choisir le gagnant de chaque catégorie en vue de la remise de prix qui aura lieu à Berlin le 3 décembre.

On est étonné de la prépondérance des films cannois dans la sélection, qui cumulent 26 citations!. Géographiquement, le cinéma nordique sort grand vainqueur de cette sélection grâce à Lars von Trier, Aki Kaurismäki et Susanne Bier.

Nous vous livrons les nominations par films plutôt que par catégories.

8 nominations

Melancholia : film, réalisateur (Lars von Trier), actrices (Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg), scénario, image, montage, décor

4 nominations

The Artist : film, acteur (Jean Dujardin), image, musique

Le gamin au vélo : film, réalisateur (Jean-Pierre et Luc Dardenne), actrice (Cécile de France), scénario

In a better World : film, réalisateur (Susanne Bier), acteur (Mikael Persbrandt), scénario

Le discours d'un Roi : film, acteur (Colin Firth), montage, musique

Le Havre : film, réalisateur (Aki Kaurismäki), acteur (André Wilms), scénario

3 nominations

Le cheval de Turin : réalisateur (Bela Tarr), image, musique

2 nominations

Habemus Papam : acteur (Michel Piccoli), décor

La piel que habito : décor, musique

1 nomination

Elena : actrice (Nadezhda Markina)

We need to talk about Kevin : actrice (Tilda Swinton)

Essential Killing : image

Drei (Trois) : montage

Rencontres Henri Langlois : The artist fait sa leçon de cinéma

Posté par Benjamin, le 5 novembre 2011

Les Rencontres Henri Langlois de Poitiers ne manquent jamais de nous réserver de bonnes surprises et parviennent toujours à se placer dans la mouvance actuelle.

Après avoir pris au vol le succès de Tournée de Mathieu Amalric, et du "new burlesque", en confiant la soirée d'ouverture 2010 aux plantureuses girls du film, le festival invite en décembre prochain un cinéaste qui fait parler de lui et un film, tout comme Tournée, remarqué à Cannes : The Artist.

En effet, cette année, la traditionnelle leçon de cinéma sera donnée par le compositeur Ludovic Bource et le réalisateur Michel Hazanavicius sur le thème de la musique de films. Ils succèdent à la leçon sur la mise en scène de Nicolas Saada qui lui, avait organisé le tournage d'un court métrage avec Grégoire Leprince-Ringet.

La venue des deux hommes dans la capitale poitevine est particulièrement judicieuse pour ce festival dédié à la recherche entre passé et futur du cinéma. Avec The Artist, ils ont redonné un léger souffle à la grande époque du cinéma muet (et séduit plus d'un million de spectateurs depuis sa sortie en salles), et ils ont essayé d'offrir une réflexion sur le son au cinéma et plus largement sur le cinéma d'aujourd'hui (une mise en miroir avec le muet).

Cette leçon peut donc avoir plusieurs points d'approches, différents angles d'interrogation : quel a été le challenge musicalement parlant de The Artist ? Quelle sera la forme de cette leçon de cinéma ? La musique était souvent le personnage principal des films muets : elle pouvait être une "voix" à part entière. En tout cas, son usage et sa fonction sont très éloignés des B.O.F. actuelles .

Bource et Hazanavicius ont également collaboré sur les deux OSS 117 : la question de la musique de genre peut aussi être posée. Car le grand point fort de cette leçon est de convier un réalisateur (et son compositeur) qui ne cesse de sortir des sentiers battus du cinéma français. Cela ne peut que convenir au festival qui est toujours partisan de l'originalité et qui possède lui-même son brin de folie.

Rendez-vous donc le mardi 6 décembre pour un voyage dans le temps qui risque d'être passionnant. Ecran Noir sera bien entendu de la partie pour cette soirée d'ors et déjà très attendue.

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bande annonce du Festival

Sleepin Beauty censuré ? ARP Selection réagit !

Posté par redaction, le 4 novembre 2011

sleeping beauty censuréARP Selection, distributeur du film Sleeping Beauty de Julia Leigh, menacé d'une interdiction pour les moins de 16 ans (voir notre actualité du 31 octobre), lance une campagne publicitaire ce week-end dans Le Monde et Libération. L'objectif est de mobiliser le public afin qu'il se fasse son propre avis, lors de la sortie en salles le 16 novembre. L'interdiction reste suspendue à la décision du Ministre de la culture et de la communication. ARP a fait appel de l'avis de la Commission de classification des oeuvres cinématographiques.

Encore une fois, puisque nous avons vu le film au Festival de Cannes, cette censure nous semble complètement décalée pour ne pas dire inappropriée au film. Tandis que la liberté d'expression (et de création) est attaquée par plusieurs formes d'intégrisme (cf les locaux de Charlie Hebdo brulés, les manifestations agressives de l'extrême droite traditionnelle contre une pièce de Roberto Castellucci au Théâtre de la Ville à Paris, les menaces qui pèsent sur les représentations d'une autre pièce, celle de Rodrigo Garcia au Théâtre Garonne à Toulouse), il nous paraît primordial d'envoyer un message clair à l'intention des censeurs officiels, embrigadés ou manipulés : Sleeping beauty ne doit pas être considéré comme Romance, interdit aux moins de 16 ans lui aussi, qui comportait des images "pornographiques". Le film de Julia Leigh n'en comporte aucune. Quant au climat malsain et pervers, il faudra en définir les exacts contours. Dans Drive, un homme fait justice tout seul et explose la tête d'un salaud : n'est-ce pas aussi malsain et pervers?

Dans son communiqué, le distributeur relaie les arguments de la réalisatrice (et écrivaine) : « Sleeping Beauty se réfère au conte du même nom, mais aussi aux œuvres de Yasunari Kawabata et Gabriel Garcia Marquez, qui ont tous deux reçu le Prix Nobel de littérature, et qui ont abordé cette thématique des hommes âgés dormant avec des filles bien plus jeunes. Et même dans la Bible, le Roi David cherche à passer la nuit aux côtés de jeunes vierges. » On pourrait ajouter que de nombreux reportages télévisés dans des émissions respectés relatent des faits similaires sur la prostitution des jeunes afin de "boucler leurs fins de mois". L'interdiction est généralement limitée aux moins de 12 ans.

Terrence Malick serait-il devenu boulimique ?

Posté par vincy, le 3 novembre 2011

De 1973 à 2011, Terrence Malick, Palme d'or 2011 pour The Tree of Life, n'a réalisé que cinq longs métrages, avec un vide absolu de 1978 à 1998. Un film tous les cinq-six ans en période d'activité... On était donc surpris de le voir enchaîner dès l'an dernier avec un nouveau film, prévu (à mettre avec énormément de conditionnel) pour 2012. Le voici qui se lance dans la pré-production d'un autre film, pour 2013 et qu'il annonce deux nouveaux projets. On aurait presque du mal à le suivre. 5 films en en moins de 5 ans, c'est autant qu'en 28 ans... Et à voir les castings de ses différents films, on constate que le tout-Hollywood se précipite sur ses tournages.

- Projet sans titre (photo), avec Rachel McAdams, Ben Affleck, Rachel Weisz, Michael Scheen, Javier Bardem, Jessica Chastain, Olga Kurylenko, Amanda Peet et Barry Pepper. Une histoire d'amour dont on ne sait pas grand chose. Le film est actuellement en post-production. Sortie hypothétique en 2012.

- Voyage of Time, avec la voix de Brad Pitt. Extension des séquences métaphysiques de The Tree of Life (la naissance et la mort de l'univers). Pré-production en cours pour une sortie possible vers 2013.

- Lawless, avec Ryan Gosling, Christian Bale, Cate Blanchett, Rooney Mara et Haley Bennett.
- Knights of Cup, avec là aussi Christian Bale et Cate Blanchett, ainsi qu'Isabel Lucas.
Ces deux nouveaux projets seront tournés l'un après l'autre l'an prochain, selon Variety. Il s'agit de deux histoires qui n'ont aucun lien.

The Tree of Life vient de sortir en format vidéo. La Palme d'or a attiré 855 000 spectateurs dans les salles françaises. Au total, dans le monde, a rapporté 54 millions de $ (dont 13 millions en Amérique du nord). Son budget de 32 millions de $ a donc été amorti. C'est le plus gros succès en Amérique du nord depuis Fahrenheit 9/11 en 2004. En revanche, en France, le film se situe dans le bas du tableau, entre Rosetta en 1999 et Dancing in the Dark en 2000.

Sleeping Beauty, interdit aux moins de 16 ans pour « incitation à la prostitution, climat malsain et pervers »

Posté par vincy, le 31 octobre 2011

On n'a pas du voir le même film.

Premier long métrage en compétition projeté à Cannes, le premier film de Julia Leigh, Sleeping Beauty, pourrait être interdit aux moins de 16 ans en France. Le film australien, qui sort le 16 novembre dans les salles françaises, se voit accuser par l'avis de la Commission de classification des films "d'incitation à la prostitution, climat malsain et pervers". "En raison de la peinture de personnages à la dérive dans des situations difficilement compréhensibles par un public jeune et susceptible de heurter ce dernier", le couperet est tombé sévèrement.

On n'a pas du voir le même film car Sleeping beauty joue davantage avec l'onirisme et le mal être de sa jeune héroïne qu'avec des actes sexuels filmés de manière pornographiques. La prostitution, un sujet parmi d'autres, est avant tout un rituel sophistiqué et très critiqué dans le film. Certes, des scènes peuvent déstabiliser, l'érotisme masochiste n'est pas très loin dans certains plans, mais si cela dérange un spectateur de 15 ans, l'effet peut être similaire sur un adulte de 45 ans.

La distributrice, Michèle Halberstadt (ARP Sélection) a immédiatement décidé de faire appel de cette décision auprès du Ministre de la culture et de la communication. "J'espère que le ministre va peut-être soit trancher, s'il a vu le film, soit demander à la commission de reconsidérer sa position". Elle affirme qu'il n'y a rien de justifier dans cette interdiction lourde (qui tue le film dès sa sortie). D'autant que le distributeur aurait accepté une interdiction aux moins de 12 ans avec avertissement. "Le film est passé à Cannes à 19H30, ce qui prouve qu'il n'y avait aucune ambiguïté dans la tête des sélectionneurs, sinon ils l'auraient mis à 22H30", rappelle Halberstadt.

Bien sûr il ne s'agit que d'un avis consultatif. C'est le Ministre qui décide. Mais cette affaire en dit long sur l'Américanisation de notre regard sur la culture. Le puritanisme revient-il en force? Alors que le Théâtre de la Ville est assailli par des catholiques intégristes à cause d'un spectacle de Romeo Castellucci, on s'interroge sur la vision conservatrice qui reprend le dessus dans le débat culturel, pas franchement soutenu par une télévision de plus en plus conformiste. "Une oeuvre d'art n'est jamais immorale. L'obscénité commence où l'art fini" écrivait Raymond Poincaré. Ce serait bien qu'on se le rappelle, ad minima au nom de la liberté d'expression.

Pour Sleeping Beauty, un avertissement aurait du suffire. Le film avait peu de chance de séduire un public jeune et il est stupide de refuser l'entrer à des ados éventuellement accompagnés d'adultes avec qui ils peuvent débattre après la projection. Dans Le Skylab, les parents de la jeune héroïne interprétés par Julie Delpy et Eric Elmosnino expliquent qu'ils l'ont emmenée voir Apocalypse Now et Le Tambour alors qu'elle n'a même pas 12 ans... Ce ne serait plus possible?

Il y a encore 1/5e des films qui sont frappés d'un avertissement ou d'une interdiction.

Sleeping Beauty raconte l'histoire d'une étudiante fauchée qui multiplie les petits boulots et qui accepte, finalement, de dormir nue sous somnifère pendant que des hommes âgés viennent partager sa nuit, en ignorant tout de ce qui se passe. Le film n'avait suscité aucune controverse, aucune polémique à Cannes.

Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes, est lui aussi etonné "face à une telle mesure qui frappe un film de la compétition, programmé à 19h, qui ne nous semble à aucun moment faire l'apologie de quoi que ce soit".

La réalisatrice Julia Leigh rappelle que son film "se réfère au conte du même nom, mais aussi aux œuvres de Yasunari Kawabata et Gabriel Garcia Marquez, qui ont tous deux reçus le Prix Nobel de littérature, et qui ont abordés cette thématique des hommes âgés dormant avec des filles bien plus jeunes. Et même dans la Bible, le Roi David cherche à passer la nuit aux cotés de jeunes vierges endormies". Elle ajoute avec panache et provocation que "le vrai film à interdire, c'était Pretty Woman, car voir cette fille se prostituer, et gagner à la fin et le mec et l'argent, était bien plus incitatif à la prostitution! Dans Sleeping Beauty, l'héroïne hurle d'effroi en comprenant que, même s'il n'y a pas pénétration, offrir son corps endormi n'est pas anodin..."

Quoique décide Frédéric Mitterrand, le film n'attendait pas autant de publicité : ce ne sera pas un mal face à une effroyable concurrence le 16 novembre. Mais c'est aussi une fausse publicité : le film n'a rien du caractère sulfureux dont on l'accuse.

Deux films de la Semaine de la Critique continuent de rafler les prix

Posté par vincy, le 2 octobre 2011

Depuis leurs présentations à la Semaine Internationale de la Critique 2011, Take Shelter et Les Acacias courent les festivals du monde entier et remportent à chaque fois un prix. Ce week-end le premier a été récompensé à Zurich, le second à Biarritz.

Take Shelter, le drame de Jeff Nichols qui devrait sortir en salles le 4 janvier prochain, vient de récolter l'Oeil d'or du Festival du Film de Zurich. Grand prix de la Semaine internationale de la Critique, en plus du prix SACD et du prix FIPRESCI de la SIC à Cannes, le film, en compétition à Sundance où il avait fait son avant-première mondiale, avait aussi gagné le Grand prix du jury du Festival du cinéma américain de Deauville. Comme nous l'écrivions à Cannes, ce succès est amplement mérité : "Jeff Nichols exploite la veine du thriller paranoïaque avec un film anxiogène qui place le spectateur dans la position de douter en permanence de ce qu'il voit à l'écran."

Les Acacias doit sortir lui aussi le 4 janvier 2012. On se permettra de conseiller à l'un des deux distributeurs de changer sa date de sortie. Le film vient de recevoir l'Abrazo du meilleur film lors de la 20e édition du festival Biarritz Amérique latine. A Cannes, il avait déjà fait sensations en étant récompensé de la Caméra d'or (meilleur premier film toutes sélections confondues), en plus du prix de la Jeune critique et du prix ACID. Le film argentin avait aussi été primé à San Sabestian il y a une semaine avec le prix Horizontes latinos et à Toronto avec le prix de la Critique internationale - "Découvertes".

Une pétition pour soutenir les cinéastes iraniens emprisonnés

Posté par MpM, le 1 octobre 2011

Un communiqué conjoint du Festival de Cannes, de la Cinémathèque française, de la SRF, de la SACD et de France Culture dénonce les exactions commises par le gouvernement iranien sur les six artistes emprisonnés depuis le 18 septembre (voir notre actualité du 20 septembre) et propose de signer une pétition intitulée "Manifestons notre soutien aux cinéastes iraniens emprisonnés".

Ces derniers, Mojtaba Mirtahmasb (voir aussi notre actualité du 7 septembre), Nasser Saffarian, Hadi Afarideh, Mohsen Shahrnazdar, Marzieh Vafamehr et la productrice Katayoun Shahabi sont accusés d'espionnage par les ministres de l'Information, de la Police secrète et de la Culture, mais également par les médias gouvernementaux, d'autres réalisateurs proches du régime et des associations d'étudiants islamiques.

"Selon nos informations, le gouvernement iranien a l'intention de museler tous les organismes et artistes indépendants", accusent les auteurs du texte. Le régime ne semble en effet pas prêt à en rester là puisque le communiqué révèle qu'un autre artiste iranien, le caméraman Touraj Aslani, a été arrêté "alors qu'il se trouvait dans un avion en partance pour la Turquie". Par ailleurs, toujours selon le texte, la Maison du Cinéma en Iran, qui s'était prononcée pour la libération des cinéastes emprisonnés, a été "accusée d'être un parti politique en contact avec l'étranger" et privée de reconnaissance officielle.

Les détenus ne peuvent recevoir la visite de leurs proches, à qui il a d'ailleurs été interdit d'évoquer publiquement leur situation. Il est presque impossible de réaliser pleinement la violence d'un tel verrouillage de la liberté d'expression. Toutefois, on en a eu un aperçu frappant lors de l'avant-première de Ceci n'est pas un film de Jafar Panahi et Mojtaba Mirtamasb à la cinémathèque française. Le cinéaste Mohammad Rasoulof, lui-aussi en attente d'une décision de justice, avait en effet préféré garder le silence face au public qui l'acclamait, plutôt que de prendre le risque d'une seule parole "déplacée". Dans la guerre symbolique livrée par Téhéran à ses artistes et intellectuels, la chape de silence, qui écrase efficacement toute tentative d'ouverture ou de révolte, s'avère une arme aussi cruelle qu'efficace.

A défaut d'obtenir la libération des cinéastes poursuivis, le public international se doit de briser ce silence insoutenable. Pour cela, deux moyens d'action : signer la pétition proposée par les représentants du cinéma français, mais surtout aller voir les films des cinéastes inquiétés par le régime comme Au revoir ou Ceci n'est pas un film, actuellement en salles, afin de  prouver que leur parole n'est pas encore complétement étouffée.

En Espagne, La Piel que habito séduit plus qu’Etreintes brisées

Posté par vincy, le 30 septembre 2011

La piel que habito ne sera certainement pas le plus grand succès de Pedro Almodovar en France. Avec près de 700 000 aficionados en 6 semaines, le film n'atteindra peut-être pas le score de son précédent opus, Etreintes brisées (924 000 spectateurs). Il fait cependant mieux que Kika (607 000 spectateurs), Femmes au bord de la crise de nerfs (600 000 spectateurs) et La fleur de mon secret (485 000 spectateurs). Mais beaucoup moins bien que La mauvaise éducation (1,1 million d'entrées), Talons aiguilles (1,49 million d'entrées) et surtout ses 3 plus gros succès Tout sur ma mère (2 millions d'entrée), Parle avec elle (2,2 millions d'entrées) et Volver.

En Espagne, le film, en un mois, a quand même dépassé les 580 000 spectateurs. Dans son pays, La piel que habito fera donc mieux qu'Etreintes brisées (690 000 entrées)  mais pas aussi bien que La mauvaise éducation (1,2 millions d'entrées). Il restera en dessous de Parle avec elle (1,4 million d'entrées), Volver (1,9 million d'entrées) et surtout loin de son plus gros succès, Tout sur ma mère (2,6 millions d'entrées).

La piel que habito est déjà sorti dans 8 pays, dont le Royaume Uni où il fait une carrière sur la longueur, puisqu'il a multiplié par cinq son box office de sa première semaine. Au total, à date, le film d'Almodovar a rapporté 13 millions de $ de recettes dans le monde. C'est déjà plus qu'Etreintes brisées, mais très loin de son record de Volver (86 millions de $).