Timbuktu déprogrammé à Villiers-sur-Marne

Posté par MpM, le 16 janvier 2015

Comme si l'actualité n'était pas suffisamment consternante ces jours-ci, on a appris aujourd'hui que Jacques-Alain Bénisti, maire UMP de Villiers sur Marne (d'où est originaire Hayat Boumeddiene, la compagne d'Amédy Coulibaly, l'un des responsables des récents attentats en France), a annulé la programmation de Timbuktu qui devait être diffusé dans le cinéma de sa ville. « J'ai peur que ce film ne fasse l'apologie du terrorisme » a-t-il expliqué. "Les origines villiéraines d’Hayat Boumeddiene suscitent chez certains jeunes Villiérains une sorte de mimétisme qui leur aurait fait perdre le sens premier du film", a expliqué le maire pour se justifier. Vraisemblablement, il n'a pas vu le film.

Ce ne serait pas la première fois qu'un élu parle d'une œuvre (voire la censure) sans l'avoir vue au préalable. Mais touchant le très beau film d'Abderrahmane Sissako, qui met en scène un village malien terrorisé par des djihadistes, il y a de quoi se sentir particulièrement en colère. Non seulement le film ne fait en rien l'apologie du terrorisme ou de la violence, mais il propose au contraire une dénonciation sans appel (quoi que jamais didactique) de l’intolérance sous toutes ses formes.

La crainte d'une "interprétation abusive du film", telle qu'alléguée par le cabinet du maire, est la marque d'une auto-censure regrettable, immédiatement condamnée par le Syndicat français de la critique qui parle d'une "dérive inquiétante pour la liberté artistique".

Abderrahmane Sissako, que l'on a vu totalement bouleversé suite à l'attaque contre Charlie Hebdo, n'avait vraiment pas besoin de ces nouvelles émotions, véritable contresens sur ses intentions évidemment pacifistes. Ironie du sort, le film figure dans la liste des nommés pour l'Oscar du meilleur film étranger qui a été annoncée hier à Hollywood.

Le film sorti le 10 décembre dernier en France, et en compétition au dernier festival de Cannes, a déjà attiré plus de 550000 spectateurs, soit un record pour un film africain au box office français. Il devait être programmé à Villiers de mercredi à dimanche. Il pourrait être reprogrammé d'ici une quinzaine de jours, suivi d'un débat.

En compétition à Cannes, ils ont cartonné dans leurs pays

Posté par vincy, le 14 janvier 2015


Les nouveaux sauvages (Relatos Salvajes) débarque sur les écrans français ce mercredi 14 janvier. En compétition à Cannes, le film a cartonné dans son pays. Et pas seulement aux Premios Sur, les Oscars argentins remis début décembre, où il a récolté 15 prix sur 21 nominations. Les nouveaux sauvages a surtout attiré 3,4 millions de spectateurs, ce qui en fait le plus gros succès argentin de l'Histoire. Il a tenu deux mois au top du box office, et a battu tous les blockbusters hollywoodiens cette année. En 2009, dernière année où un film argentin a dominé le box office local, Dans ses yeux avait séduit moitié moins de spectateurs.

Mais ce n'est pas le seul film cannois à avoir cartonné dans son pays. Ainsi la Palme d'Or Winter Sleep, avec 1,7M$ de recettes se classe 35e dans le top annuel, ce qui est exceptionnel pour un film d'auteur de cette durée. Mr Turner de Mike Leigh est le plus gros succès du réalisateur au Royaume Uni avec 9,4M$ de recettes et une honorable place dans le Top 50 (là encore malgré sa durée). Mommy de Xavier Dolan est aussi le plus gros succès du jeune cinéaste dans son Québec. Avec 355 000 entrées, il est même le film québécois le plus populaire de l'année.

Par ailleurs, des films comme Deux jours une nuit ou Leviathan sont de loin les champions nationaux à l'étranger.

Mais il y a toujours une exception à la règle. Malgré un Grand prix du jury à Cannes, Les merveilles a subit une grosse déconvenue en Italie, ne récoltant même 1 million d'euros de recettes.

14 événements marquants de l’année cinéma 2014

Posté par vincy, le 4 janvier 2015

scarlett johansson under the skin

L'année cinéma ne fut pas de tous repos. Hormis ce qui compte le plus, les films, l'industrie a connu de fortes turbulences et parfois même quelques séismes faisant bouger les plaques tectoniques les plus solides. Le cinéma reste un art fragile, mué par une industrie qui cherche en vain des formules, recettes, et autres martingales rassurant les investisseurs.

La preuve la plus spectaculaire est évidemment l'énorme opération de piratage qui a ébranlé le géant Sony Pictures. Alors que le studio lançait en fanfare le tournage du nouveau James Bond, Spectre, ses ordinateurs étaient "hackés". Et les "Gardiens de la Paix", qui revendiquent l'acte de "vandalisme" pour reprendre le mot de Barack Obama, se sont délectés: révélation des salaires des dirigeants, des contrats pour les films, des courriels (parfois très politiquement incorrects) entre les dirigeants, diffusion de films en ligne et, en point d'orgue, menace d'attentats pour quiconque projetterait le film The Interview. Ce dernier fait marquant a créé un dangereux précédent: Sony a d'abord annulé la sortie du film, avant de négocier avec quelques 300 salles et une plateforme en ligne. En capitulant devant des terroristes, en censurant une comédie satirique, Sony s'est mis Hollywood et une grande partie de la classe politique à dos...

Mais l'année 2014 ce n'était pas que ça. A Hollywood, les mines sont peu enjouées: le box office est en retrait, les suites produites n'ont pas été les cartons annoncés. Seuls les super-héros et franchises pour la jeunesse ont vraiment cartonné (les deux films les plus populaires de l'année sont finalement un Hunger Games). Pas étonnant alors que tous les studios se soient lancés dans un programme ambitieux de sagas, avec en tête une guerre déclarée entre Disney-Marvel-Star Wars et Warner Bros-DC Comis-Harry Potter. Les plannings sont prêts jusqu'en 2020. Un véritable travail à la chaîne.

Mais Hollywood a les yeux rivés au-delà. Du financement à la distribution, désormais c'est du côté de la Chine que ça se passe. L'Empire du milieu, déjà 2e marché cinéphile du monde, va devenir rapidement la plus grosse réserve de spectateurs. Certains films américains y font un box office presque supérieur à celui qu'ils réalisent en Amérique du nord. Partenariat, coopération, joint-venture: tout le monde veut sa place là bas. C'est le nouvel eldorado.

Même les Français s'y investissent. Ironiquement d'ailleurs, c'est un remake chinois d'un film français réalisé par un cinéaste français qui représentait la Chine aux Oscars. Tout un symbole d'ouverture. Tandis que dans l'Hexagone, on joue à Jean-qui-rit/Jean-qui-pleure. La fréquentation des salles est à un excellent niveau. La part de marché des films français a rarement été aussi bonne.  Trop tôt pour dire si l'opération 4€ pour les moins de 14 ans a joué un effet déclencheur sur les films familiaux. Mais avec deux symboles, le carton à 12 millions d'entrées de Qu'est-ce-qu'on a fait au Bon Dieu? et le triomphe international de Lucy, le cinéma français continue de séduire (y compris à la télévision puisqu'Intouchables s'est offert une audience de coupe du monde avec 13 millions de téléspectateurs). Mais, dans le même temps, la production française connaît une crise sans précédent avec une réduction drastique des tournages et des budgets. A cela s'ajoute une véritable vulnérabilité du modèle économique et des tensions sociales toujours d'actualité.

Le cinéma est une économie périlleuse. Des studios Ghibli au Japon qui décident de fermer temporairement leur département long métrage aux festivals (Film asiatique de Deauville, Paris Cinéma) qui mettent la clef sous le rideau, la crise touche tout le monde, même des valeurs qu'on croyaient sûres. Cela oblige de nombreux acteurs de l'industrie de modifier leurs stratégies. L'événement le plus flagrant fut sans doute la mise en ligne par Wild Bunch, en Vidéo à la demande, de Welcome to New York, d'Abel Ferrara, avec Gérard Depardieu, sans passer par la case salles. Evénement qui a parasité Cannes et qui sera de plus en plus courant. Dans le même temps Wild Bunch a d'ailleurs créé une société de e-distribution et s'est marié avec un groupe allemand.

Le numérique est de plus en plus présent dans toutes les strates du cinéma: tournage, diffusion, et même marketing et promotion. Un selfie aux Oscars fait davantage de bruit et d'impact qu'une campagne de publicité massive. Même si la tendance du selfie peut agacer (sur les marches de Cannes), tous les distributeurs profitent désormais des réseaux sociaux pour promouvoir leurs films. Les stars aussi. James Franco en a même un peu abusé...

Évidemment, d'autres faits ont marqué cette année 2014. A commencer par les disparitions de personnalités qui nous manqueront devant ou derrière l'écran. L'émotion mondiale a été à son comble avec l'overdose de Philip Seymour Hoffman et le suicide de Robin Williams, deux immenses acteurs américains. De l'émotion, il y en a eu cette année. Nous resterons marqués par les adieux discrets et humbles, mais ô combien touchants, de Gilles Jacob sur la scène du Palais des Festivals à Cannes, après avoir remis la Caméra d'or, qu'il a créé, à un premier film français revigorant (Party Girl).

Mais finalement, 2014 n'est-ce-pas Scarlett Johansson qui l'incarne le mieux, en étant, paradoxalement, l'actrice la plus désincarnée de l'année? Voix virtuelle et numérique dans Her, super-héroïne se muant en clé USB dans Lucy, girl next door irrésistible en second-rôle dans Chef et personnage de BD en tête d'affiche dans Captain America : Le soldat de l'hiver, elle est toutes les femmes sans en être une seule. Elle est à la fois la belle et la bête. Elle incarne le vide existentiel de notre époque, reflète nos fantasmes, nous renvoie l'image d'une star caméléon, jusqu'à se désintégrer pour bien nous prouver qu'elle n'est pas réelle dans Under the Skin. En cela, en alien-vampire s'humanisant au contact des hommes qu'elle piège, créature hybride mise à nue par la souffrance de notre monde, Scarlett Johansson illustre numériquement et charnellement (antagonismes?) ce que le cinéma cherche encore et toujours: la restitution de la réalité à travers un imaginaire de plus en plus technologique.

2014: les 10 actualités les plus consultées de l’année

Posté par vincy, le 3 janvier 2015

kristin scott thomas

Voilà dix actualités qui ont intrigué plus que les autres. La variété des sujets fait plaisir. A Ecran Noir, on n'aime pas les étiquettes. Politique ou économique, people ou cinéphilique, on note quand même chez vous, lecteurs, un goût prononcé pour ce qui peut révolter et passionner. On reste suspendu à la décision de Kristin Scott Thomas, attentif à l'avenir des studios de Bry-sur-Marne, inquiet de la disparition de festivals, observateurs des nouveaux équilibres mondiaux du cinéma, et mobilisé pour défendre tous ceux qui sont victimes de régimes oppresseurs.

  1. Kristin Scott Thomas change de vie: "Je me suis dit tout d'un coup que ne pouvais pas faire face à un autre film"
  2. Cannes 2014, les prétendants: Les trop nombreux espoirs du cinéma français
  3. Des propositions pour promouvoir le cinéma en Afrique francophone
  4. Benjamin Biolay et Olivia Ruiz sur la Croisette
  5. Le festival du film asiatique de Deauville annulé en 2015
  6. Trois films pour redécouvrir Bo Widerberg
  7. Les studios de Bry sur Marne victimes de la spéculation immobilière
  8. Les relations ambivalentes entre la Chine et Hollywood
  9. Mobilisation pour la réalisatrice iranienne Mahnaz Mohammadi
  10. Trop de films français? Le point de vue de 5 personnalités

Nos coups de coeur de l’année : la poésie de Still the Water de Naomi Kawase

Posté par Morgane, le 30 décembre 2014

En réfléchissant à mon coup de cœur 2014, je réalise que cette année cinématographique a été plutôt riche en belles surprises.

Diverses, elles ont pourtant toutes en commun ce côté surprenant qui fait qu'un film, une image, une histoire réussit à nous transporter, nous prendre aux tripes. On sort alors d'une salle obscure un peu différemment qu'en y entrant. Et quand ce petit phénomène se produit c'est que la magie du 7e Art opère…

Pour ma part cette magie a opéré plusieurs fois cette année. Grâce à la comédie policière loufoque et décalée The Grand Budapest Hotel, aux dialogues superbes du huis-clos enneigé Winter Sleep, à la découverte de Wake in the fright lors du festival Lumière, à la grande claque que m'a mise Mommy, au long fleuve de la vie sublimé par Boyhood et à la photo à couper le souffle de Timbuktu.

Mais comme un coup de cœur, il ne faut en garder qu'un, alors ce serait Still the water. Intriguée par les belles critiques que le film avait reçu à Cannes, je l'ai quand même loupé à sa sortie. Heureusement pour moi, les CNP lyonnais l'ont programmé lors de leur week-end de clôture mi-décembre (avant fermeture pour travaux) reprenant alors les films qui ont marqué 2014. J'ai alors eu le grand plaisir de découvrir ce film sublime, entre force et douceur.

La caméra de Naomi Kawase est au plus près de ses personnages mais ne les étouffe jamais. Elle les suit lentement, les regarde évoluer et laisse peu à peu la mer devenir le reflet de leurs sentiments, tour à tour déchaînée puis calme et reposée. L'amour et la mort s'y mêlent étrangement à merveille et toutes les générations confondues sont amenées à fusionner dans cet environnement qui les entoure. Les corps filmés sont beaux, pleins de vie, et même les corps qui meurent sont magnifiés et envoutés (nous avec) par des chants chamaniques au caractère magique.

La réalité du quotidien (un amour adolescent, une mère mourante, etc.) se mêle à l'envoutement de la nature, tout comme c'était déjà le cas dans La forêt de Mogari. La nature, amicale mais également très violente, est le pivot central de ce film qui place le mot "FIN" sur ce très beau plan des deux adolescents nageant nus dans l'océan. Une très belle manière de clore ce film à mi-chemin entre réalisme et fable poétique.

Nos coups de cœur de l’année: Mommy de Xavier Dolan, ou la métaphore du cinéma

Posté par MpM, le 27 décembre 2014

mommy anne dorval

L'image qui me restera de 2014, c'est celle d'un cadre qui, par la magie du cinéma, s'élargit tout à coup, passant d'un format carré au cinémascope, pour donner de l'ampleur et de l'oxygène aux personnages du film.

Cette simple idée de Xavier Dolan dans Mommy, c'est un peu une métaphore du cinéma, ou tout au moins de ce qu'il fait à nos esprits et nos vies: les ouvrir, les élargir, les étendre. Jour après jour, l'année 2014 aura ainsi été transcendée par les images qui s'y seront succédé.

En vrac, un couple immobile plongé dans la contemplation d'une fresque invisible aux yeux du spectateur (Les chiens errants de Tsai Ming-Liang), la vie qui s'écoule sans heurts sous nos yeux (Boyhood de Richard Linklater), une réflexion ambiguë sur l'humanité perçue à travers le regard froid d'une extra-terrestre mangeuse d'hommes (Under the skin de Jonathan Glazer), un couple de vampires au charme radical et à l'élégance folle (Only lovers left alive de Jim Jarmusch, que nous avions vu en 2013 sur la Croisette), un labyrinthe effréné et vertigineux où chaque porte et chaque mur dissimulent un secret enfoui (L'étrange couleur des larmes de ton corps d'Hélène Cattet et Bruno Forzani), un conte surnaturel sur le degré de conscience des intelligences artificielles (Computer chess d'Andrew Bujalski), un homme qui va à la mort (Near death experience de Benoît Delépine et Gustave Kervern), et même le paradis (Le paradis d'Alain Cavalier).

Des histoires et des personnages, des gestes, des dialogues et des regards, des mouvements de caméra, des plans et des ellipses qui auront tous concouru à leur manière à faire de nous ce que nous sommes à la veille de cette nouvelle année. Prêts à enchaîner sur les films de l'année 2015 ?!

Timbuktu, Leviathan, Ida et Les nouveaux sauvages en 1/2 finale des Oscars

Posté par vincy, le 19 décembre 2014

9 films sur les 83 présentés ont été retenu en vue des nominations aux Oscars, qui seront révélées le 15 janvier prochain.

La France, la Belgique et le Québec sont déjà éliminés: ni Saint-Laurent, ni Deux jours une nuit, ni Mommy n'ont été retenus. Le Bonello et le Dolan ont été peu vus aux Etats-Unis. Le Dardenne est davantage une suprise sachant que Cotillard est dans les oscarisables.

Autre surprise, Winter Sleep, la Palme d'or n'a pas été sélectionnée non plus. Mais quatre films cannois sont dans la liste, Timbuktu, Leviathan, Les nouveaux sauvages (compétition) et Force majeure (Un certain regard). The Liberator et Ida ont fait leurs avant-premières mondiale à Toronto, Tangerines à Varsovie (Prix du public), Corn Island à Karlovy Vary (où il a récolté le Grand prix) et Accused sort de nulle part.

Autant dire que l'Académie va encore faire l'objet de critiques sur cette catégorie, décidément obsolète et peu représentative de la cinématographie mondiale. Les règles du jeu doivent changer.

Argentine, Les nouveaux sauvages - Damián Szifrón
Estonie, Tangerines - Zaza Urushadze
Géorgie, Corn Island (La terre éphémère) - George Ovashvili
Mauritanie, Timbuktu - Abderrahmane Sissako
Pays-Bas, Accused - Paula van der Oest
Pologne, Ida - Pawel Pawlikowski
Russie, Leviathan - Andrey Zvyagintsev
Suède, Force Majeure (Snow Therapy) - Ruben Östlund
Venezuela, The Liberator - Alberto Arvelo

La Semaine de la Critique soutient ses réalisateurs de courts à passer au long

Posté par vincy, le 16 décembre 2014

affiche semaine de la critique cannes 2014La Semaine de la Critique créé un nouveau programme baptisé Next Step, afin d'aider les réalisateurs de sa compétition courts métrages à passer à la réalisation de leur premier long métrage.

Les réalisateurs des courts métrages montrés à Cannes en mai dernier participent depuis hier et jusqu'à vendredi à un atelier, qui se déroulera au Moulin d'Andé, résidence d'artistes à une heure de Paris en Normandie.

L'atelier, conçu en collaboration avec le TorinoFilmLab en Italie, permet aux cinéastes de confronter "leur choix de premier long métrage avec la réalité du marché" et de recevoir des conseils "au sujet de leurs scénarios".

Le programme s'achève avec la projection des 6 courts métrages de la compétition de la Semaine de la Critique au Cinéma des Cinéastes vendredi 19 décembre, coïncidant avec le lancement du Jour le Plus Court.

Les réalisateurs de ce premier Next Step sont Jona Carpignano (A Ciambria, Italie), Carlos Conceiçao (Bonne nuit Cendrillon, Portugal), Gaëlle Denis (Crocodile, Royaume Uni), Un Gunjak (The Chicken, Bosnie), Gerardo Herrero (Safari, Espagne), Laurie Lassalle (Les fleuves m'ont laissée descendre où je voulais, France), Rémi Saint-Michel (Petit frère, Canada), Gitanjali Rao (TrueLoveStory, Inde) et Tomas Siwinski (Une chambre bleue, Pologne).

Les huit consultants sont Marie Amachoukeli, scénariste et co-réalisatrice de Party Girl (Caméra d'or cette année), Julien Lilti, co-scénariste de Hippocrate, Antonio Piazza et Fabio Grassadonia, scénaristes et réalisateurs de Salvo, Ewa Puszczynska, productrice de Ida de Pawel Pawlikowski, Matthieu Taponier, scénariste et consultant scénario, Nadja Dumouchel, consultante en développement de projets chez ARTE Allemagne, et Fabien Gaffez, Coordinateur du comité court métrage de la Semaine de la Critique.

Le Prix Louis Delluc 2014 pour Sils Maria

Posté par vincy, le 15 décembre 2014

juliette binocheLe prix Louis Delluc revient cette année à Olivier Assayas pour son film Sils Maria, mise en abîme plutôt drôle du métier d'actrice et du temps qui passe. C'est la première fois qu'Assayas remporte ce prix, après 35 ans de carrière.

On s'attendait plutôt au sacre d'un cinéaste africain comme Abderrahmane Sissako (Timbuktu) ou la consécration du style de Bertrand Bonello (Saint Laurent). Mais c'est un vétéran qui l'emporte face à Ferran, Jacquot et Godard (qui l'ont déjà eu) ou Campillon et Drexel (voir la sélection complète).

Toujours est-il qu'Olivier Assayas, souvent nominé pour le Delluc est l'un des cinéastes français les moins récompensés. Quatre films en compétition à Cannes repartis bredouilles, seulement deux nomination aux Césars. Il a reçu le prix Jean Vigo en 1992 et deux prix à Venise en 2012. Sils Maria, avec Juliette Binoche et Kristen Stewart, était en compétition à Cannes. Depuis 2009, c'ets le quatrième film cannois qui gagne le Delluc.

Olivier Assayas avait un projet américain avec Robert de Niro. Il semble que le tournage soit annulé. Voilà de quoi le consoler.

Le prix Louis Delluc du premier film a été décerné au film de Thomas Cailley, Les combattants, qui avait fait sensation à la Quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes.

Mike Leigh: « Je pense que la révolution digitale rend possible l’arrivée des jeunes réalisateurs »

Posté par cynthia, le 7 décembre 2014

mike leigh sur le tournage de Turner

Mr. Turner réalise un joli succès en salles en France depuis sa sortie mercredi dernier. Au Royaume Uni, le film de Mike Leigh est déjà le plus grand succès public du cinéaste en son pays, entrant dans le Top 40 de l'année. C'est même son premier film à franchir le cap des 10M$ de recettes.

La renommée du cinéaste, la popularité du peintre Turner, l'excellence de l'acteur Timothy Spall, prix d'interprétation à Cannes, et la qualité de l'oeuvre ont produit l'alchimie toujours imprévisible qui conduit une longue fresque à rencontrer son public.

Dans son entretien avec Ecran Noir, le cinéaste a, notamment, évoqué la fascination de Turner pour la photographie, nouveauté technologique de l'époque, ce qui conduit inévitablement à la question du rapport entre un réalisateur et l'outil numérique, mutation des temps modernes.

Écran Noir: Turner était inquiet mais fasciné par l'arrivée de la photographie, êtres-vous inquiet par le numérique, la 3D...?
Mike Leigh: Non pas du tout. D'ailleurs j'ai fait ce film avec une caméra numérique. Et c'était vraiment super. Je pense que la révolution digitale rend possible l'arrivée des jeunes réalisateurs dans le septième art. Je pense même que c'est le futur du cinéma. Tout cela est très positif.
Concernant Turner et la photographie, oui, il en était fasciné et je pense que dans un certain sens, il considérait cela comme un nouvel art. D'ailleurs, comme nous tournions avec une caméra numérique, à chaque prise on se demandait ce que Turner aurait pu dire. Je pense que c'est une excellente dédicace pour lui, il aurait aimé.

Écran Noir: Est-ce que c'est la caméra numérique qui transpose si fidèlement la magnifique lumière de ses tableaux?
Mike Leigh: Et bien nous avons passé beaucoup beaucoup de temps à regarder le travail de Turner. Je voulais que l'on ressente Turner, qu'on regarde Turner. Parfois on a vraiment l'impression de regarder sa peinture avec les couleurs. C'est en quelque sorte une expérience visuelle.

L'intégralité de l'entretien avec Mike Leigh