Locarno 2013 : une ouverture islandaise et une clôture française

Posté par vincy, le 24 juin 2013

2 guns Sur le chemin de l'école Locarno 2013Le Festival de Locarno a dévoilé ce matin son film d'ouverture et son film de clôture pour sa 66e édition.

Le 7 août le cinéaste islandais Baltasar Kormákur lancera les festivités avec 2 Guns, comédie d'action avec Mark Wahlberg et Denzel Washington. Le film est l'adaptation du roman graphique de Steven Grant et Mat Santocoulo (qui sera publié en France chez Delcourt fin août). 2 Guns sera dans les salles américaines le 2 août et dans les salles françaises le 18 septembre. Baltasar Kormákur avait reçu le prix du jury jeune à Locarno en 2000 avec 101 Reykjavik.

Le 17 août, le Festival s'achèvera avec la projection du documentaire français Sur le chemin de l'école de Pascal Plisson. Le réalisateur de Massai - les guerriers de la pluie et scénariste de Safari continue son exploration de l'Afrique et du monde avec cette histoire de quatre enfants, des savanes du Kenya aux sentiers de montagnes de l'Atlas au Maroc, de l’Inde du Sud aux plateaux de Patagonie. Le documentaire les suit sur leur trajet du domicile familial à leur école. Le film sort le 25 septembre dans les salles françaises.

Nymphomaniac continue son buzz viral avec de nouvelles annonces

Posté par vincy, le 1 juin 2013

casting nymphomaniac lars von trier

Depuis l'annonce du projet Nymphomaniac, Lars von Trier distille habilement (peut-être un peu trop d'ailleurs) les informations sur son prochain film. On a très vite su qu'il comporterait des scènes sexuelles de nature pornographique, puis ce fut la révélation du casting (Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgård, Stacy Martin, Shia LaBeouf, Jamie Bell, Christian Slater, Uma Thurman, Willem Dafoe, Connie Nielsen, Udo Kier, Jean-Marc Barr, Caroline Goodall et Saskia Reeves), et enfin au dernier festival de Berlin la mise en avant des premières images (très sages).

A Cannes, où il est désormais persona non grata, Von Trier a continué son saupoudrage : une photo diffusée sur le site du film, avec l'ensemble des comédiens et Von Trier lui-même (contraint de se taire, avec un adhésif scotché sur la bouche) dans un style très David LaChapelle. La productrice Louise Vesth, chargée de vendre le film ou de rassurer les acheteurs, a apporté quelques précisions : les stars sont doublées par des acteurs porno dès que les plans sont en dessous de la ceinture. "Les comédiens ont fait semblant de faire l'amour. Puis nous avons filmé des doublures qui, elles, font vraiment l'amour. Enfin, nous avons fusionné ces deux éléments avec l'aide du numérique. Au final, au-dessus de la ceinture, ce sera la star, et en-dessous, la doublure."

Dernière nouvelle : le cinéaste informe que son films, divisé en deux parties, sera composée de 8 chapitres.
- Chapitre 1 : Le parfait pêcheur à la ligne
- Chapitre 2 : Jerôme
- Chapitre 3 : Mrs. H
- Chapitre 4 : Delirium
- Chapitre 5 : La petite école d'orgue
- Chapitre 6 : L'église d'orient et d'occident (le canard silencieux)
- Chapitre 7 : Le miroir
- Chapitre 8 : Le pistolet

Tout le question est de savoir comment va s'orchestrer le plan de sortie du film. Nymphomaniac est prévu dans les salles françaises le 30 octobre pour la première partie et le 6 novembre pour la seconde. Est-ce que ce calendrier tient toujours sachant que la productrice de Zentropa a affirmé que l'avant-première mondiale se ferait à Copenhague, où le film ne sort que pour les fêtes ? Le Festival de Venise obtiendra-t-il le film avant? Pour l'instant, la production a signalé que des bribes de ces huit chapitres seraient dévoilés sur www.nymphomaniacthemovie.com au fil des prochains mois, comme s'il s'agissait d'un compte-à-rebours avant le lancement d'une fusée.
Devenu expert en marketing et en buzz, Von Trier continue d'attiser le désir pour rendre son film incontournable, même sans une sélection à Cannes ou des propos polémiques.

Cannes 2013 : Thomas Vinterberg, prix Media de l’Union européenne

Posté par vincy, le 13 mai 2013

thomas vinterberg

Après Asghar Farhadi l'an dernier, c'est le cinéaste danois Thomas Vinterberg qui recevra le prix Media de l'Union européenne dimanche 16 mai à 11h30 au Café des Palmes lors du Festival de Cannes. Ce prix récompense le meilleur nouveau projet cinématographique avec un fort potentiel de succès, susceptible de bénéficier d'un soutien au titre du programme européen MEDIA pour le cinéma. Cela a porté chance à Farhadi (Une séparation) qui avait bénéficié du généreux chèque de 60 000 € pour finaliser le développement de son film Le Passé (lire notre actualité), cette année en compétition à Cannes.

Vinterberg avait été révélé sur la Croisette en 1998 avec Festen, prix du jury. L'an dernier il était en compétition avec La chasse, prix du jury eucuménique et qui permit à Mads Mikkelsen de recevoir le prix d'interprétation masculine. Président du jury des Courts métrages en 1999, le cinéaste danois est cette année président du jury Un certain regard.

Le réalisateur recevra son prix des mains d'Androulla Vassiliou, Commissaire chargé de l’éducation, de la culture, du multilinguisme et de la jeunesse. Un beau cadeau d'anniversaire puisqu'il célèbrera ses 44 ans ce jour là.

Thomas Vinterberg, son co-auteur Tobias Lindholm et sa productrice Sisse Graum (Zentropa) ont été choisis pour leur film Kollektivet (The Commune) : l'histoire retrace la vie dans une commune danoise dans les années 70.

«Le développement est une étape tellement essentielle et une partie éminemment créative du processus de création cinématographique. Quelle chance de pouvoir compter sur une institution telle que le programme MEDIA de l'Union européenne, qui reconnaît et soutient la création cinématographique à son stade le plus délicat!», a déclaré Thomas Vinterberg.

«Les films de Thomas ne sont jamais banals: ils stimulent toujours la réflexion et sont toujours magnifiquement écrits et interprétés. Il n'a pas peur de prendre des risques et, après le succès mondial de son chef-d’œuvre La Chasse, nous sommes impatients de découvrir son prochain film », a déclaré Mme Vassiliou.

Purge de Sofi Oksanen, un best-seller aux Oscars?

Posté par vincy, le 20 septembre 2012

Purge, le best-seller de Sofi Oksanen traduit dans 38 langues, vendu à près de 300 000 exemplaires en France (Prix du roman Fnac 2010, Prix Femina étranger 2010, Prix du livre européen 2010), a été adapté au cinéma par Antti Jokinen (La locataire avec Hilary Swank). Le film vient d'être sélectionné par la Finlande pour représenter le pays à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.

Ce livre à l'écriture sèche et au style âpre se déroule en 1992, quand l'Union soviétique s'effondre et que la population estonienne fête le départ des Russes. La vieille Aliide, terrée dans sa maison au fin fond de la campagne, fait la connaissance de Zara, venue de l'autre bout de la Russie. Un lourd secret de famille est révélé, en lien avec l'occupation soviétique et l'ancien amour d'Aliide pour Hans, un résistant. Entre la seconde guerre mondiale et la mafia estonienne des années 90, les deux femmes partagent leurs peurs et leurs déceptions.

Au casting, on retrouve Laura Birn, Liisi Tandefelt (qui jouent Aliide respectivement jeune et vieille), Amanda Pilke (Zara) et Peter Franzen. Le film vient de sortir en Finlande. Il est au sommet du box office et a déjà rapporté 1 million de $ en quinze jours (environ  100 000 spectateurs). Il va bientôt dépasser des films comme Men in Black III, Blanche neige et le chasseur, après avoir fait la nique à Dark Shadows, Rebelle et Spider-Man.

Le film a été sélectionné par le prochain Festival de Pusan en Corée du sud.

La Rochelle 2012 : Teuvo Tulio, le mélodrame finlandais

Posté par Martin, le 7 juillet 2012

« Ne vous en faites pas, ce n’est que la vie. »

« J’ai voulu me libérer de moi-même mais je suis plus faible que mon destin. »

(Dans C’est ainsi que tu me voulais)

A l’honneur au Festival de La Rochelle cette année, Teuvo Tulio est un cinéaste méconnu, mais remarquable, qui, de 1936 à 1972, aura réalisé 13 films, tous des mélodrames. Selon la légende, Theodor Tugai, d’origine lettone, est né dans un train qui menait sa mère à Saint-Pétersbourg. Il passe son enfance à la campagne avec ses grands-parents et, à 10 ans, rejoint sa mère à Helsinki, mais ce n’est que lorsqu’il commence à réaliser des films qu’il prend le nom de Teuvo Tulio – pour faire plus Finlandais. Son histoire familiale est en soi un mélodrame fait d’exil, de père inconnu et de mère absente. Peu étonnant qu’il y puise la matière d’une œuvre qui magnifie la femme et décrive avec lyrisme les tourments de la vie en Finlande.

Si ses premiers films – les trois premiers sont perdus – se déroulent entièrement à la campagne, à partir de 1944 et de C’est ainsi que tu me voulais, Tulio tisse une même intrigue très simple : une jeune fille heureuse à la campagne rencontre un homme qui l’emmène à la ville et cause sa perte. La campagne devient un paradis idyllique, magnifié par la caméra. Le Chant de la fleur écarlate (1938) multiplie les images sur la rivière, lieu où se joue un beau morceau de bravoure quand le personnage principal, Olavi, flotteur sur bois, marche sur l’eau de tronc en tronc avant de descendre les rapides sur une branche. La nature est aussi le lieu d’une sensualité audacieuse : Olavi fait se déshabiller la jeune femme qu’il aime pour qu’elle traverse le fleuve sans mouiller ses vêtements puis il fait de même ; à travers les branchages, les corps des personnages se cherchent et se trouvent – nombre de films de Tulio ont d’ailleurs subi des coupes de la censure. La nature foisonnante permet aussi des rituels. Dans une sorte de danse, des jeunes gens courent pour attraper des jeunes filles, et Olavi, séduit par le regard de l’une d’entre elles, l’entraîne en dehors du groupe dans une nature sauvage. Séducteur, le personnage trouve ainsi avec chaque nouvelle femme rencontrée et séduite un nouvel espace, un nouvel élément naturel : l’amour entre les arbres succède à l’amour dans les foins et précède l’amour au bord de la rivière. L’instinct libertin de l’homme est inséparable d’un paysage qui le dépasse. Dans La Croix de l’amour (1946), c’est sur une île que commence l’histoire : les vagues heurtent le phare comme pour dire l’éternelle recommencement de la passion de l’héroïne. Et dans Le Rêve de la hutte bergère (1940), c’est une brebis égarée qui fait office de métaphore. Le moment où la pure héroïne risque sa vie en descendant une falaise pour la retrouver impressionne tant par son suspense que par sa poésie.

Cette nature semble indifférente aux malheurs humains, regardant de loin des hommes perdre des femmes. Car c’est avant tout un parcours moral et religieux que livrent les films de Tulio. Olavi, dans Le Chant de la fleur écarlate, n’est pas mauvais en soi, mais commet une faute en promettant le mariage à plusieurs femmes, faute dont il ne comprend la terrible portée que quand l’une d’entre elles revient vers lui et dit : « C’est ainsi que tu me voulais », titre d’un des films suivants. La phrase est sans ambigüité : le désir de l’homme transforme les femmes en prostituées. Dans les films suivants, les personnages masculins ne seront plus des inconscients mais des êtres sombres, jouissant de la déchéance qu’ils provoquent. Ce désir de l’homme s’inscrit dans une histoire contemporaine ; le regard sur l’époque est sans concession et l’œuvre s’assombrit après la guerre. Dans un de ses derniers films, Tulio montre comment l’alcool devient un véritable poison social : Tu es entré dans mon sang (1956) raconte la déchéance d’une femme qui sombre dans les bras du mauvais homme, mais c’est surtout dans ceux de l’alcool qu’elle se perd. Il faut voir la scène où l’incroyable Regina Linnanheimo (actrice de nombreux films de Tulio) parle à son verre dans un champ contrechamp d’une terrible cruauté.

Si chacun des films suit la même trame vers une possible rédemption – pas toujours effective –, la religion prend une place autant narrative que visuelle dans l’œuvre. En effet, Le Rêve de la hutte bergère s’achève sur des retrouvailles dans une église, et la fameuse Croix de l’amour n’est autre qu’un tableau représentant l’héroïne crucifiée. Dans C’est ainsi que tu me voulais, l’héroïne est trahie par son amant qui nie devant son père avoir passé la nuit avec elle : c’est la trahison du Christ par Pierre qui est rejouée ici. Visuellement, le cinéaste transcende cette religiosité, puisant dans une iconographie orthodoxe ; l’influence du cinéma soviétique est patente – on pense parfois à Eisenstein devant des contreplongées sublimant les corps devant un ciel. Si le corps masculin est idéalisé, c’est le visage de la femme d’où naît la lumière. Le jeu des ombres très marquées fait peu à peu disparaître l’arrière-fond pour que dans La Croix de l’amour, l’héroïne se retrouve seule se prostituant devant un bateau de pacotille. Elle n’est plus alors qu’un pur visage devant du noir, ou plutôt ce qu’il en reste – l’ombre dévorant ses yeux, elle n’est plus qu’une bouche difforme qui dit à une jeune fille de fuir. L’abstraction remplace la nature ; ne reste plus que le masque d’actrices qui crient leur artifice avec leur maquillage outrancier.

Si les trouvailles visuelles sont omniprésentes, les images sont toujours liées à la musique. Comme chez Eisenstein là encore, le montage est fonction de la musique, un poème symphonique qui semble entrainer les héroïnes dans leur chute. Les génériques de début et de fin, composés d’un long noir et de musique, encadrent le film comme l’ouverture et le final d’un opéra. C’est d’ailleurs le sens du mot « mélodrame » (drame musical) dont Tulio sublime les codes : passions exacerbées, déchéance, prostitution, enfant abandonné, héroïne injustement emprisonnée, personnage aveugle (Le sang sans repos, 1946)… A voir ces films, on comprend ce que le cinéma du plus grand cinéaste finlandais d’aujourd’hui doit à ce cinéaste : place centrale de la musique, jeu sur la lumière, inscription dans un social mis à distance, héroïnes courageuses, rôle de l’alcool, personnages secondaires, coiffures des actrices et moustaches des acteurs… Oui, on pense beaucoup à Kaurismaki : son film muet, Juha (1999), magnifie tout autant la nature que les films de Tulio – la scène d’amour a lieu au bord d’une rivière – tandis que La Fille aux allumettes (1990) sur la déchéance d’une femme en milieu urbain est quasiment un remake de deux films de Tulio. Mais Kaurismaki réécrit le mélodrame en le mettant à distance par l’humour et l’ironie, là où Tulio, près de 60 ans plus tôt, dépasse le genre en l’exacerbant. Il faut voir le héros du Rêve de la hutte bergère porter une jeune fille qui fait couler le pot de lait qu’elle tient à la main ; la caméra descend sur la tache de lait que vient lécher une brebis ; le plan d’après montre un nuage, faisant transition sur l’idée du blanc ; entretemps, la jeune fille aura perdu sa virginité. En poussant le lieu commun dans ses retranchements, Tulio invente une émotion esthétique unique et donne à chaque image la beauté d’une première fois.

Cannes 2012 : Qui est Mads Mikkelsen ?

Posté par MpM, le 20 mai 2012

Avec son visage anguleux et son regard impénétrable, Mads Mikkelsen semble être de ces comédiens capables de tout jouer sans effort. Compositeur post-romantique révolutionnaire, guerrier sauvage ou directeur d’un orphelinat indien, il entre dans la peau de chacun de ses personnages avec une aisance qui le rend systématiquement crédible, et souvent remarquable. Peut-être parce qu’il a commencé sa carrière au théâtre, brûlant les planches de son Danemark natal pendant une dizaine d’années avant de faire une entrée fracassante dans le monde du cinéma avec Pusher de son compatriote Nicolas Winding Refn, le premier volet d’une trilogie noire et violente sur le milieu du crime à Copenhague.

Très vite, les rôles s’enchaînent. Avant d’obtenir son premier grand rôle dans Pusher 2 en 2004, il joue ainsi notamment dans un autre polar signé Anders Thomas Jensen (Lumières dansantes), puis dans la comédie grinçante du même réalisateur, Les bouchers verts, et débute également sa collaboration avec la cinéaste Suzanne Bier (Open hearts), avec laquelle il tournera After the Wedding, nommé à l’Oscar du meilleur film étranger, en 2007.

Tout en poursuivant son travail à domicile, Mads Mikkelsen entame une carrière internationale en 2004 avec Le roi Arthur d’Antoine Fuqua, incarnant Tristan, l’un des chevaliers de la table ronde. Le film ne laisse pas un souvenir impérissable, mais le comédien danois a désormais un pied à Hollywood. Il devient le chiffre, le méchant charismatique de Casino royale, aux côtés de Daniel Craig. C’est un succès à la fois critique et public, qui ouvre à Mikkelsen des horizons insoupçonnés.

Continuant de partager son temps de travail entre cinéma danois et superproductions internationales, l’acteur est Igor Stravinski dans Coco et Igor de Jan Kounen, le sauvage One-Eye dans Le guerrier silencieux de Nicolas Winding Refn, le chef des gardes royaux d’Argos dans Le choc des titans de Louis Leterrier, le comte de Rochefort dans Les trois mousquetaires de Paul W.S. Anderson et le physicien royal allemand Johann Friedrich Struensee, conseiller du Roi Christian VII du Danemark, dans Une affaire royale de Nikolaj Arcel.

Aussi convaincant en costume d’époque avec perruque qu’en homme d’action abonné à la 3D, Mads Mikkelsen donne l’impression ces dernières années d’avoir surtout privilégié ce second type de rôle. Avec The Hunt (La chasse) du Danois Thomas Vinterberg, en lice pour la palme d’or, il renoue avec un cinéma plus auteuriste sans doute moins spectaculaire, mais peut-être plus payant pour accéder au rêve de tout acteur : un prix d’interprétation dans un grand festival international.

Charlotte Gainsbourg, point G de Lars von Trier

Posté par matthieu, le 27 avril 2012

Et de trois ! Revenue de sa tourmente démoniaque dans Antichrist puis de sa crainte de l'apocalypse dans Mélancholia, Charlotte Gainsbourg a décidé de replonger (voir notre actualité du 13 décembre 2011) avec le trublion du 7e art, Lars von Trier. Le nouveau film qui se prépare et qui sera tourné cet été en Allemagne, sobrement nommé The nymphomaniac, racontera l'histoire d'une adepte du sexe de sa jeunesse à la cinquantaine et contiendra des scènes explicitement pornographiques. Dans la continuité d'Antichrist, qui avait valu à l'actrice français un prix d'interprétation à Cannes. Elle partagera la réplique avec Stellan Skarsgård.

Il est dit que The Nymphomaniac pourrait être réalisé en deux versions, l'une soft et l'autre pornographique, la seconde dépendant certainement de la façon dont pourra être distribué le film, le X réduisant l'exploitation de celui-ci à un cercle très, très limité. D'un autre côté, on ne peut lui enlever de vouloir coller à la réalité de son récit sans l'hypocrisie de scènes suggérées. Il avait d'ailleurs expliqué il y a de ça quelques mois : « Comme je suis radical, je ne peux pas faire un film sur l’évolution sexuelle d’une femme sans montrer de pénétration. Ça n’en fera pas forcément un film porno pour autant, plutôt un film avec beaucoup de sexe et beaucoup de philosophie ».

Charlotte Gainsbourg y sera doublée par une hardeuse mais cache pour l'instant son enthousiasme pour cette nouvelle expérience déroutante : "Je sais qu'il veut utiliser des acteurs X en tant que doublure. Comme dans Antichrist, il y a certaines choses qui ont été faites par des doublures. Je ne sais pas quelles sont exactement mes limites, mais je sais que j'en ai. J'en ai eu pour Antichrist. Il m'avait demandé de masturber l'acteur porno qui doublait Willem Dafoe et j'ai refusé".

Quant à une présence probable à Cannes en 2013, Lars Von Trier aura fort à faire pour se faire pardonner, et ce n'est pas son film annoncé comme le plus controversé qui va aider.

Charlotte Gainsbourg pour la troisième fois chez Lars von Trier ?

Posté par vincy, le 13 décembre 2011

Les Films du Losange persévère dans leur fidélité à Lars von Trier. Le distributeur français, qui diffuse les films du cinéaste danois depuis Breaking the Waves en 1996, sortira The Nymphomaniac en France.

Von Trier, récemment récompensé aux European Film Awards pour Melancholia (meilleur film), continue d'écrire le scénario de son nouveau film. Le tournage devrait débuter durant l'été ou l'automne 2012. Il sera divisé en 8 chapitres, et sortira en deux versions : une non censurée et une comportant des scènes de sexe explicites, vraisemblablement classée X.

Charlotte Gainsbourg est en pourparlers pour interpréter le rôle principal du film. Ce serait sa troisième collaboration (successive qui plus est) avec le réalisateur, réputé intraitable avec ses comédiens. On l'a vue dans Melancholia face à Kirsten Dunst et dans Antichrist qui lui avait valu le prix d'interprétation féminine à Cannes.

Lars von Trier voudrait aussi enrôler le partenaire de Gainsbourg dans Antichrist, Willem Dafoe. Pour l'instant, seul Stellan Skarsgard a confirmé sa présence au générique. Ce serait leur cinquième film ensemble.

The Nymphomaniac est l'histoire de la découverte de l'érotisme d'une femme et traite de pornographie, prostitution et mutilation génitale (voir aussi notre actualité du 1er août).

Lars Von Trier n’a aucune sympathie pour le tueur d’Utoeya

Posté par vincy, le 1 août 2011

Il avait enflammé la Croisette avec une polémique sur Israël. Le Festival de Cannes l'avait chassé de ses terres (voir actualité du 19 mai). Lars Von Trier avait provoqué maladroitement, une fois de plus, une fois de trop. Son film, Melancholia, qui sort en salles la semaine prochaine en France, avait, malgré tout, récolté le prix d'interprétation féminine (pour Kirsten Dunst).

Ce coup-ci, il ne s'est pas laissé piéger. Quand Anders Behring Breivik, le tueur norvégien qui  a ouvert le feu le 22 juillet sur un rassemblement de 600 jeunes faisant 69 morts, a révélé que Dogville, oeuvre conceptuelle et fascinante de Von Trier sur l'état de la démocratie, était sa référence cinématographique, le cinéaste a réagit.

Vendredi soir sur le site du quotidien danois Politiken, dans un entretien, le cinéaste a confié que ça le rendait " follement malade" que "Dogville", pour lui son meilleur film, "aurait pu servir d'une sorte de script pour lui. C'est horrible". Dans le film de LVT, la population se faisait trucidée d'un coup. Sur son profil Facebook le tueur avait classé le film Dogville comme son 3e film favori (après Gladiator et 300).

Pour le cinéaste, le grand responsable du massacre reste l'extrême droite danoise (troisième force politique du pays). "Il y a depuis des années une forte tradition danoise d'avoir peur de l'Islam. Ils (le PPD) ont commis des atrocités en utilisant la législation pour embêter cette minorité et ils ont eu une ligne politique qui correspond à celle prônée par Breivik". Manière de rappeler qu'il était dans le camp des progressistes malgré ses attaques contre la politique israéliennes.

"Vous me demandez si je suis triste d'avoir fait ce film ? Oui, s'il est prouvé qu'il l'a inspiré, je suis désolé de l'avoir fait", poursuit-il. Lui qui voulait "éduquer" avec cette oeuvre reconnaît l'échec à lutter contre les idées nauséabondes qui se sont propagées dans les pays nordiques. "Ce racisme, dit-il, s'est étendu aux autres pays nordiques et il s'est installé dans la conscience de Breivik et sans doute lui a donné la justification dont il avait besoin".

En attendant, Von Trier a confirmé qu'il tournerait Nymphomaniac l'été prochain (voir aussi actualité du 31 mai). Un traité cinématographique sur la vie érotique d'une femme, de sa naissance à la ménopause. Le producteur Peter Aalbaek Jensen annonce déjà qu'il y aura peut-être des problèmes de censure à cause de représentations de la sexualité d'une jeune fille et d'images (très) explicites.

Trois outsiders dans les finalistes du prix Lux du parlement européen

Posté par vincy, le 26 juillet 2011

Aujourd'hui, à Rome, le parlement européen a fait connaître ses trois finalistes pour le prix LUX 2011. Les grands noms - Wenders, Ruiz, Moretti, Kaurismaki ... (voir les sélectionnés) - n'ont pas été retenus.

Les trois finalistes sont Attenberg de Athina Rachel Tsangari (Grèce), primé à Venise (meilleure actrice) et à Thessalonique (prix spécial du jury), Les neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian (France), sélectionné à Un certain regard à Cannes cette année et Play de Ruben Östlund (Suède, France, Danemark), sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes cette année.

Les films sélectionnés seront diffusés lors des Journées des Auteurs de Venise du 31 août au 10 septembre 2011. Puis entre le 4 et 11 octobre 2011, les films en compétition seront projetés au Parlement européen et le vote des députés interviendra à l'issue de la projection.

Enfin, les 15 et 16 novembre 2011, le lauréat du Prix LUX 2011 sera annoncé lors d'une cérémonie officielle à Strasbourg.

Il succédera à L'étrangère (Autriche), Welcome (France), Le silence de Lorna (Belgique) et De l'autre côté (Allemagne).