La production de films français connaît sa pire année depuis 2010

Posté par vincy, le 15 novembre 2014

La tendance s'est confirmée. Avec 678 millions d'euros, les investissements dans les films français ont reculé de 22,7% sur les 9 premiers mois de l'année. Un trou d'air inquiétant. Le nombre de films a lui aussi chuté durant la même période: 177 ont été produits depuis janvier contre 193 l'an dernier, à la même époque. Il faut revenir à 2010 pour trouver un chiffre aussi bas. Le devis moyen est ainsi de 4,09 millions d'euros pour les films d'initiatives françaises, soit là aussi le niveau le plus bas depuis 2010.

Les chiffres du Centre national du cinéma et de l'image animé (CNC) publiés hier placent un gros nuages noirs dans un ciel pourtant très clair: la fréquentation en salles est en hausse (+11,4% de janvier à octobre, comparé à 2013) et la part de marché des films français a progressé nettement par rapport à 2013 (passant de 32,5% à 44,7%).

Trois causes ont été identifiées: le recul du chiffre d'affaires des chaînes de télévision (qui financent une grande part de la production), la baisse des moyens des partenaires étrangers et les choix plus exigeants et sélectifs des distributeurs en France.

Cette année, seuls deux films avec un devis supérieur à 15 M€ ont été initiés, contre 7 en 2013, 10 en 2012 et 5 en 2011. Mais la dépression du cinéma français touche tous les segments, à l'exception des films compris entre 10 et 15 M€ (11 contre 6 en 2013, 12 en 2012, 13 en 2011 et 11 en 2010) et ceux entre 2 et 4 M€ (40, un record). Ainsi les films du milieu (entre 4 et 10 M€) n'ont été que 25 a être initiés, soit 14 de moins que l'an dernier ou 27 de moins qu'en 2010! Les devis inférieurs à 2 M€ n'ont pas été plus à la fête: 53 depuis le début de l'année, soit 8 de moins que l'an dernier.

Pas étonnant alors que le devis médian accuse son plus bas niveau avec 2,57 millions d'euros (la moitié des films sont produits au dessus de ce chiffre). Depuis 2010, chaque année, le devis médian baisse avec constance.

11 chiffres à retenir sur le Cinéma à la télévision

Posté par vincy, le 4 novembre 2014

publicité canal +plus avatarSelon le CNC, l’offre de cinéma progresse à la télévision. Alors que Canal +, partenaire incontournable du cinéma célèbre ses 30 ans aujourd'hui, le CNC a publié les chiffres de 2013 (Le document dans son intégralité) concernant l’offre de films sur les chaînes nationales françaises gratuites.

Grâce à la TNT, le 7ème art a connu une renaissance sur le petit écran.

3,7 millions de spectateurs en moyenne sur les chaînes nationales (France 2, France 3, TF1, M6). Cette diminution par rapport à 2012 (231 000 spectateurs perdus) touche avant tout les films français. On est surtout très loin de la moyenne des années 2004-2007 (4,8 millions de téléspectateurs). Mais n'empêche pas le cinéma de redevenir une valeur sûre dans un PAF très fragmenté. De plus, les films inédits enregistrent une audience moyenne supérieure aux autres (4,2 millions de téléspectateurs), même si, là aussi, on constate un déclin par rapport aux années 2004-2007 (5,4 millions de téléspectateurs). Quatre films ont dépassé les 8 millions de téléspectateurs en 2013 (tous sur TF1, lire notre actualité du 30 décembre 2013).

+ 15,9%: 2 129 œuvres cinématographiques différentes ont été diffusées contre 1 837 en 2012. Dont 44,6% sur les chaînes nationales publiques (France Télévisions, Arte et LCP-AN) qui ont diffusé 950 œuvres, soit 65 films de plus qu’en 2012. France 3 et France 4 ont cependant réduit leur offre (respectivement de 26 et 9 films). Les chaînes nationales privées gratuites (TF1, qui revient au niveau de 2010 avec 13 films de plus mais reste très loin de 2005 avec 43 films de moins, M6, stable mais très en dessous de son record de 2005 avec une perte de 68 films, et les chaînes privées gratuites de la TNT) ont programmé 1 219 films en 2013 (+227 films par rapport à 2012).

429 films diffusés sur Arte, la fenêtre la plus cinéphile du PAF (et un record historique pour la chaîne). 51 titres de plus en 2013. Double exploit: Arte diffuse des films art et essai et des films du patrimoine, tout en réussissant à fédérer des audiences qui dépassent souvent le million de téléspectateurs. Arte se distingue en diffusant avant tout des films européens (179) et français (123), loin devant des films américains (101). Et contrairement aux préjugés, Arte diffuse majoritairement des films de moins de 10 ans (58,5%) et une grosse partie d'inédits (46,9%).

1 061 œuvres cinématographiques différentes (dont seulement 96 inédits) pour un total de 2 007 diffusions ont trouvé leur place sur les chaînes de la TNT privée gratuite. C'est une hausse de 243 films (+29,7%). En 2008, l'offre ne représentait que 630 films. Notons que certaines de ses chaînes diffusent davantage de films que des chaînes comme France 3 ou M6. D8 (154 films), TMC (153 films), NT1 (151 films, dont 45,7% déjà diffusés en 2012), HD1 (141 films) et W9 (131 films dont 51,1% de films déjà diffusés en 2012) sont ainsi de gros pourvoyeurs de films sur le petit écran, et souvent avec succès . Le cinéma américain est dominant avec 46,1% des films diffusés. Par ailleurs, Gulli, HD1 et NT1 sont celles qui ont proposé le plus de films inédits.

377 films et 1936 diffusions pour Canal +. Une légère hausse (+6 titres) mais elle est trompeuse. En 2006, la chaîne cryptée proposait 462 films! et 2079 diffusions. Parmi les films diffusés 50,9% sont français, 36,1% sont américains, un écart qui s'est réduit de près de 9 points! Autre particularité, Canal + diffuse 97,9% de films de moins de 10 ans et 89,7% d'inédits.

34,7% des films programmés par les chaînes nationales gratuites en 2013 ont déjà diffusés en 2012. En 2006, cette proportion n'était que de 9,6%!

11,4% des films ont été diffusés sur deux ou trois chaînes différentes à quelques mois d’intervalle en 2013. Cette pratique est également en hausse.

12,1% . C'est la part de films inédits programmés sur les chaînes nationales gratuites, soit un total 483 films, le niveau le plus haut de la décennie.

1 963 diffusions en première partie de soirée. Merci la TNT privée gratuite et les chaînes HD.

412. C'est le nombre de films européens diffusés en 2013. C'est un record depuis 2005! 59 films n'étaient ni français, ni européens, ni américains (loin du record de 2010 avec 75 films). Le cinéma français continue de dominer légèrement le cinéma américain avec 845 oeuvres cinématographiques nationales contre 813 venues des USA. L'écart se réduit au fil des années cependant. En 2005, les films français représentaient 49,1% de l'offre (31,2% étaient américains, 16,7% européens). En 2013, les films français n'occupaient que 39,7% des diffusions (38,2% de films américains, 19,4% européens).

58% des films diffusés l'an dernier étaient vieux de plus de 10 ans. Ainsi les films datant de la période 1983-2003 étaient quasiment aussi nombreux que ceux de la période 2003-2003.

Polémique sur la lutte contre le Piratage. Un faux débat, en 5 réponses.

Posté par kristofy, le 24 août 2014

Ecrire une tribune un peu énervée dans la presse va devenir un nouveau moyen de se battre plutôt que de débattre. Après le producteur Vincent Maraval (Wild Bunch) qui s'était plaint (maladroitement mais utilement) des trop gros salaires de quelques acteurs, entraînant une flopée de réactions 2013, c’est au tour du respectable distributeur Jean Labadie (Le Pacte) qui s’adresse dans une tribune parue dans Libération à Madame la ministre de la Culture et de la Communication pour alerter les pouvoirs publics de l'effet néfaste du piratage de film: «L’impunité dont jouissent les pirates est totalement liée à l’inertie totale des pouvoirs publics. La gratuité est entrée dans les mœurs». Ce n'est pas nouveau. Et cette tribune intervient au moment où le film Expandables 3 a été piraté et téléchargé 2,2 millions de fois dans le monde ces trois dernières semaines. Le box office nord-américain en aurait-il souffert (deux fois moins de recettes que le précédent opus de la franchise)? Pas forcément, puisque ce serait plutôt sa classification (PG-13 plutôt que R, autrement dit trop familial) qui aurait impacté sur la fréquentation. Et sans doute l'intérêt même du film, puisque même en France, mercredi, Expandables 3 a enregistré moins d'entrées que le 2.

Plusieurs réponses au "coup de gueule" de Labadie ont donc lancé le débat. Pour la ministre Aurélie Filippetti «il faut tenir compte de la volonté du public à disposer plus rapidement des œuvres : c’est en particulier le sens de ma proposition d’avancer les fenêtres Télévision, d’allonger la période d’exposition des œuvres en VOD»; pour le distributeur Manuel Chiche (The Jokers) «la difficulté, aujourd’hui, c’est que personne ne sait de façon certaine ce qu’il faut faire exactement. Tout ceci dénote surtout une mauvaise appréhension de la complexité du piratage en tant que phénomène et des mesures prises pour lutter contre.»

On remarque dans l’intégralité de chaque tribune des approximations. La première a été écrite influencée par les résultats plus faibles qu’espérés de la fréquentation en salles du film The Raid 2, distribué en France par Jean Labadie et Manuel Chiche: «The Raid 2 fera moins bien que le premier alors que nous espérions au moins 100 000 entrées en première semaine.» Mais le piratage en est-il la seule et valable cause?

C’est l’occasion de faire le point pour mieux comprendre la complexité de la lutte contre le piratage, avec 5 questions posées ici ou là et des réponses simples ici.

1. Jean Labadie: «Nous combattons la piraterie mais ne pouvons que constater notre impuissance ! Les fichiers détruits réapparaissent en toute impunité!»

Pour ce qui est de la disponibilité d’un film sur internet avant même sa sortie en salles, les distributeurs doivent mieux planifier en amont leurs calendriers de sorties pour les titres les plus attendus : The Raid 2 a été sorti en France trop tard (plusieurs mois après les autres pays: forcément cela facilite le piratage). Le distributeur se doit de veiller à la sécurité de ses œuvres avec ses différents prestataires : Expendables 3 est apparu sur internet un mois avant sa sortie dans les salles américaines… Des films nominés aux Oscars mais qui ne sont pas encore sortis dans les salles européennes sont disponibles des semaines avant sur les réseaux, avec sous-titres.

2. Jean Labadie: «Hadopi coûte 7 millions d’euros par an. Soit on les économise en supprimant cette institution devenue inutile, soit on les emploie à identifier les sites illégaux pour les sanctionner financièrement ET pénalement. Pourquoi ne pas confier cet organisme au CNC, très motivé pour défendre notre cinéma, plutôt qu’au CSA, dont le président ne veut pas devenir le gendarme d’Internet!»

Le Rapport Lescure a déjà préconisé la fin de Hadopi et une réorganisation de ses missions par le CSA. Le piratage touche les films mais aussi de manière plus général l’ensemble des produits culturels (musique, livres, logiciels…), la lutte contre le piratage ne revient logiquement pas au CNC. Il y a la préconisation de mettre en place un code de bonne conduite pour forcer les moteurs de recherche à exclure des sites faisant partie d'une liste noire. Par exemple aux Etats-Unis, si un site fait l’objet d’une plainte dans le cadre du US Digital Millennium Copyright Act alors ce n’est plus une référence qui apparaît dans Google…

3. Manuel Chiche «Quand sanctionnerez-vous les plateformes qui offrent, contre une somme forfaitaire et mensuelle assez faible, tous ces films en même temps, voire parfois avant leur sortie en salles ? Quand sanctionnerez-vous ceux qui, sur les réseaux sociaux, mettent à disposition des liens de streaming ou de téléchargement?»

Il existe déjà différentes procédures juridiques pour porter plainte, des éventuelles sanctions ne sont pas du ressort direct du ministère de la Culture et de la Communication. Il serait souhaitable de voir une action concertée et commune au niveau des différents Etats de l'Union Européenne (pour mémoire le site Megaupload et d’autres ont déjà été fermés par les autorités américaines). A noter qu'en France, avant l'Hadopi, il existait l 'ALPA (Association de Lutte contre la Piraterie Audiovisuelle) créée en 1985, mais dont le faible rayon d'action est flou. Certains sites qui sourcent des contenus illégaux génèrent des revenus issus de bannières publicitaires d’entreprises françaises… La contrefaçon est du ressors du Ministère de l'économie et de celui de la justice.

4. Manuel Chiche : «Ne doit-on pas plutôt rendre plus flexible cette désormais fameuse chronologie des médias?»

Le Rapport Lescure est déjà favorable à plus de flexibilité. La chronologie des médias prévoit qu'après la sortie d'un film en salles, il faut patienter 4 mois avant de le retrouver en DVD ou en VOD (réduire à 3mois ?), puis 12 mois pour Canal+ puis 30 mois pour une chaîne gratuite, et enfin 36 mois pour une diffusion en SVOD par abonnement (réduire à 18 mois ?). A l’étude des dérogations, comme un principe de fenêtres glissantes pour les films tirés sur moins de 100 copies. Avec l'arrivée de Netflix, Aurélie Filippetti a déjà décidé de révolutionner la chronologie des médias : encore faut-il que toutes les parties concernées soient d'accord. (lire notre notre actualité du 21 juillet).

5. Jean Labadie : «Aujourd’hui, nous pouvons tous affirmer que la piraterie a pour ainsi dire exécuté le marché vidéo et empêche également le marché de la VOD de démarrer.»

Le marché vidéo est en recul, la vidéo à la demande est au ralenti, la location de films est en voie de disparition. Le piratage à une influence néfaste, mais qu’il faut pondérer par deux variables. Tout d’abord la majorité de ceux qui téléchargent illégalement n’ont ni l’intention (ni les moyens) de payer pour l’ensemble des films qu’ils regardent de cette façon, qu’importe la diversité de l’offre légale payante. D’autre part les distributeurs ont de plus en plus délaissé la qualité et le contenu éditorial du support DVD: la plupart des gros films ne sont plus accompagnés de bonus de qualité (making-of et autre complément documentaire) et sans cette valeur ajoutée, il est difficile de défendre un prix trop élevé (sans compter les coffrets ‘combo dvd+bluray+copie digitale’ qui brouillent la notion de prix normal). Dans les points de vente, la taille des rayons vidéo et le nombre de références se réduisent de plus en plus (fermeture de Virgin, difficultés de la Fnac, disparition de la vidéo dans beaucoup d’hypermarchés), alors que le choix est vaste sur internet. Autrement dit, la piraterie ne représente que trop peu de clients potentiels, tandis que les éditeurs vidéo perdent leurs clients habituels… A cela s'ajoute une crise économique qui contracte la consommation des produits culturels (si les entrées de cinéma, de musées et de concerts résistent, le théâtre, la vente de livres, la vente de disques souffrent énormément). Et enfin les usages ont évolué : la dématérialisation entraîne des mutations. De moins en moins de consommateurs cherchent à posséder physiquement des produits et l'investissement se fait principalement sur le support (plus que sur le contenu).

Ces différentes interrogations sont tendues par une question principale qui est celle-ci : le piratage de films pendant leur exploitation en salles de cinéma est-il la cause d’un manque à gagner pour leurs producteurs et distributeurs ? Le piratage ce n’est pas le problème. Le piratage n'est en fait qu’une problématique parmi beaucoup d’autres dans un contexte très concurrentiel. Il touche principalement des films de genre et des blockbusters déjà très prospères. Les comédies françaises se portent bien en salles comme en vidéo à la demande. Avec une moyenne de 200 millions d'entrées par an en France, on ne peut pas dire que le numérique ait porté un coup fatal à la fréquentation des salles, contrairement à ce que la musique a subit.

Le problème est ailleurs.

Le rapport Bonnell a déjà répondu avec une étude statistique. Il sort en moyenne 12 nouveaux films chaque semaine (parfois 15 à 18 films) de toutes nationalités, en plus des autres films déjà sortis. Ils resteront à l’affiche pour certains une seule semaine quand d’autres seront exploités durant 8 semaines (souvent 2 nouveautés captent la moitié des tickets vendus sur 7 jours !).
La rentabilité est aléatoire. Plus le film est cher et plus il faut de recettes à partager entre les différents partenaires du financement. Il y a de nombreux cas où le producteur principal se paye à l’avance sur le budget de fabrication du film, ce qui gonfle artificiellement les coûts des films. Plusieurs films ont été budgétés le double où le triple de ce qu’ils auraient dû coûter, soit autant d’échecs gravement déficitaires : Eyjafjallajökull, Turf, Des gens qui s'embrassent, 100% cachemire, Les reines du ring, Hôtel Normandy, Cookie, Denis, Les salauds…
Le taux de mortalité commerciale des films (films à la carrière brève) est selon les semaines de l’ordre de 80 à 90 %. Il y a une forte concentration des résultats sur un petit nombre de films. Les 20 films français les plus performants attirent 55 % des entrées alors que ce sont plus de 270 films qui sont produits. Environ 40% de ces films feront moins de 20 000 entrées. Le nombre d’échecs est dix fois plus important que celui des succès.

Le vrai débat devrait plutôt de s'interroger, non pas sur le volume de la production (la diversité est essentielle) mais comment assurer une exploitation digne de ce nom à certains films à très faible impact commercial ? La réponse passe justement et paradoxalement par les petits écrans et par les festivals. On ne doit pas empêcher un film de se voir dans une salle, en public. Mais comme l'a fait Vincent Maraval avec le dernier film d'Abel Ferrara, et avec un certain succès, il faut savoir choisir son écran et son modèle économique dans un environnement où nos regards sont constamment sollicités par des appareils multimédias.

Un tiers des internautes français télécharge un film ou une série illégalement

Posté par cynthia, le 8 juillet 2014

Entre les prix des places de cinéma que supportent mal des portefeuilles en crise et les spoilers sur les séries que veulent éviter les fans, le visionnage pirate de films et de séries a bondi en 2013. C'est ce que révèle une étude publiée mercredi 2 juillet par l'Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA).

Près d'un tiers des internautes (28,7%) a consulté au moins une fois par mois un site de piratage de séries ou de films en 2013 et leur nombre a atteint un niveau record depuis 2009.

Au total, en 2013, 13,2 millions d'internautes ont consulté chaque mois au moins un site dédié à la contrefaçon audiovisuelle, soit 15,8% de plus qu'en 2009, selon cette étude qui exclut YouTube et DailyMotion.

Leur nombre, qui avait un peu régressé en 2011-2012 à environ 12,4 millions d'internautes, a nettement augmenté en 2013.

Les pirates assouvissent leur soif de visionnage de plusieurs façons.
Ils utilisent :
- soit le téléchargement en P2P (entre internautes), pour 29% des pages vues,
- soit le téléchargement par DDL (depuis un serveur), pour 33%,
- soit le streaming (38%). qui nécessite un flux internet haut débit. Il ne cesse de gagner du terrain depuis 2009 où il ne représentait que 16% des pages vues.

Le téléchargement en P2P pour les cinéphiles

Pour les films, les internautes préfèrent utiliser le téléchargement, pour avoir une meilleure qualité d'image. Il est clair que voir le dernier Hunger Games en flouté, ça enlève le glamour (car toutes les études le montrent : on pirate surtout les plus gros hits). Reste que, pour l'instant, le piratage de films n'a pas beaucoup d'influence sur le box office en France ni sur la vidéo à la demande. La fréquentation en salles se porte plutôt bien. Les 8 films les plus piratés dans le monde en 2013  (Le Hobbit : un voyage inattendu, Django Unchained, Fast & Furious 6, Iron Man 3, Happiness Therapy, Star Trek Into Darkness, Gangster Squad, Insaisissables) n'ont pas été vraiment desservis pour encaisser d'énormes recettes mondiales.

Par rapport aux internautes moyens, ceux qui ont recours au téléchargement de fichiers sont en majorité des hommes (58%) et un peu plus jeunes que la moyenne des internautes.

Le streaming pour les "sériephages"

En revanche, pour les séries, ils favorisent le streaming, dont les audiences fluctuent au gré des sorties. C'est sans doute l'une des raisons pour laquelle le nombre de vidéos vues en streaming a atteint entre 10 et 35 millions par mois en 2013. Double avantage : on n'attend plus des mois avant de voir la nouvelle saison d'une série et surtout on ne subit plus les mélanges anachroniques des épisodes.

Certes, les chaînes de TV font des efforts et accélèrent le temps de délai entre la diffusion dans le pays original et la France. C'est notamment le cas avec J-One, spécialisée dans les mangas, et qui diffusent les séries nippones avec seulement 24h d'écart. Idem pour Game of Thrones, dont le premier épisode de la saison 4 a été diffusée sur HBO le 6 avril et sur OCS en France le 7 avril. Mais OCS n'est ni TF1, ni M6...

Le streaming attire des pirates très différents: il s'agit majoritairement de femmes (55%), la part des jeunes est nettement plus importantes (près d'un tiers des utilisateurs ont entre 15 et 24 ans) et la part des étudiants (17%) y est deux fois plus importante que chez l'ensemble des internautes.

En 2013, 2 à 3 millions de personnes par mois ont regardé une série en streaming, et 1,4 à 1,8 million par mois ont vu un film en streaming.

L'arrêt de l'Hadopi n'a pas modifié les comportements

Toutes méthodes de "piratage" confondues, les plus de 50 ans sont des sous-utilisateurs, ne constituant que 15 à 21% des sites pirates alors qu'ils représentent 34% des internautes (et qu'ils passent plus de temps sur la Toile que les jeunes). Ce qui explique pourquoi ce public reste aussi le plus assidu en salles et le plus fidèles aux séries diffusées sur les chaînes TV.

L'étude relève que lorsque l'Hadopi avait lancé des actions de "riposte graduée" en 2011, avec des courriels d'avertissement aux internautes qui partageaient illégalement des fichiers, le nombre de mises à disposition des 10 films les plus populaires sur les réseaux P2P en 2011 avait été divisé par trois. Depuis, leur nombre reste stable, entre 1,2 et 2 millions de fichiers mis à disposition par mois en P2P. Comme quoi, la suppression de l'Hadopi n'a pas d'impact, et la lutte contre les sites P2P (aux Etats-Unis comme en Europe) semble assez vaine face à la contrefaçon .

Cette étude, réalisée par Médiamétrie en partenariat avec le Centre national du Cinéma te de l'Image animée et l'institut TMG, a mesuré l'utilisation de 281 sites dédiées au piratage audiovisuel, hors téléphones mobiles et tablettes. Cela promet si on ajoute les autres plateformes pour le calcul de l'année 2014.

Cri d’alarme de 194 professionnels du cinéma français

Posté par vincy, le 19 juin 2014

92 auteurs (dont Pascale Ferran, Cédric Klapisch, Sébastien Lifshitz, Michel Ocelot, Rithy Panh, Bertrand Tavernier...), 20 distributeurs (Le Pacte, Memento, Diaphana...), 26 exploitants, 33 producteurs, 16 politiques et parlementaires (presque tous à gauche et plutôt à la gauche du gouvernement), 7 professionnels et personnalités (dont Gilles Jacob et Pierre Lescure) estiment que le financement des films est aujourd’hui en danger. À l’approche des arbitrages budgétaires qui pourraient se traduire par de nouvelles ponctions sur le budget du CNC, ils ont signé un cri d'alarme collectif dans le Huffington Post.

Politiquement, le plus amusant est qu'on y retrouve de nombreux soutiens à François Hollande, et même des proches de membres du gouvernement actuel. Leur appel surgit au bon moment puisque les derniers chiffres sur le nombre de tournages en France est en chute libre depuis janvier : 51 longs métrages ont été recensés entre janvier et mai contre 72 à la même période l'an dernier. La baisse est de 32%. Elle est pire si on prend en compte le volume des budgets : -33%. Certains accusent déjà la nouvelle convention collective qui a alourdi les coûts du travail et d'autres s'inquiètent de la nouvelle convention chômage pour les intermittents.

"On ne le sait pas assez mais de 2011 à aujourd'hui, ce ne sont pas moins de 310 millions d'euros qui ont été soustraits au financement du cinéma et de l'audiovisuel" expliquent-ils en préambule. Car tout a commencé en 2011 avec 20M€ en moins, aggravé en 2012 avec 50M€, empiré en 2013 avec 150M€ et un peu calmé cette année avec "seulement" 90 M€.

Les "194" rappellent que "les secteurs aidés par le CNC représentent plus de 16 milliards d'euros en valeur ajoutée et plus de 340 000 emplois."

"Avec le détournement programmé d'une partie du produit des taxes pour combler le budget de l'État, notre pays s'engagerait résolument dans la voie d'une politique dangereuse, déstabilisante et illégitime" considèrent les signataires, qui pensent que cette voie est un "pacte d'irresponsabilité". Au nom de l'exception et de la diversité culturelle, ils demandent que l'Etat ne désarme pas le CNC et les ambitions audiovisuelles du seul pays européen encore capable de résister à l'hégémonie américaine.

Ces 194 personnalités du cinéma signent un appel dont voici l'intégralité du texte.

Trop, c'est trop!

Depuis plusieurs années, notre pays s'est engagé dans un effort sans précédent de réduction de la dette et des déficits publics. Comme beaucoup d'autres, la politique de l'audiovisuel, du cinéma et le Centre National du Cinéma (CNC) ont été mis à contribution.

On ne le sait pas assez mais de 2011 à aujourd'hui, ce ne sont pas moins de 310 millions d'euros qui ont été soustraits au financement du cinéma et de l'audiovisuel.

L'effort était important, il participait d'une démarche de solidarité nationale contre laquelle personne ne s'est élevé en cette période de crise. Mais, il doit désormais aussi trouver une limite : la justice et l'efficacité.

Or, à l'heure des arbitrages pour la loi de finances pour 2015, nous poussons un cri d'alarme.

Nul autre pays en Europe n'a su développer une politique du cinéma et de l'audiovisuel aussi efficace que la France. Qu'on en juge : une fréquentation inégalée en salles de 200 millions de spectateurs chaque année, une création cinématographique supérieure à 200 films par an, une part de marché moyenne des films français de l'ordre de 40% (28% en Italie, 22% en Allemagne), une production audiovisuelle de plus de 5 000 heures par an et exportée à travers le monde entier (+14,8% en 2012), avec notamment une filière animation qui fait de la France le leader européen et la troisième puissance mondiale... Et l'impact économique est également important : les secteurs aidés par le CNC représentent plus de 16 milliards d'euros en valeur ajoutée et plus de 340.000 emplois.

Ces résultats reposent sur un financement public original pesant non pas sur le budget de l'État mais sur des taxes prélevées sur les recettes de tous les diffuseurs du cinéma et de l'audiovisuel. Affectées au CNC, et mutualisées au profit de la création française et européenne, ces taxes sont l'oxygène de la politique cinématographique et audiovisuelle.

L'an dernier, le gouvernement s'était engagé à ne plus ponctionner à l'avenir les ressources du CNC. Ces promesses sont en passe de s'envoler : avec le détournement programmé d'une partie du produit des taxes pour combler le budget de l'État, notre pays s'engagerait résolument dans la voie d'une politique dangereuse, déstabilisante et illégitime.

  • Dangereuse, l'initiative le serait assurément après déjà trois années de ponction conséquente des ressources du CNC. Les réserves, destinées à garantir les créances, ont progressivement disparu et le risque est maintenant réel de mettre en péril le soutien au cinéma et à l'audiovisuel.
  • Déstabilisante aussi car elle autoriserait chaque année l'État à fixer le niveau de ressources qui pourrait être soustrait au CNC, faisant planer de lourdes incertitudes sur une politique du cinéma et de l'audiovisuel, transformée en une simple trésorerie dans laquelle puiser.
  • Illégitime et confiscatoire même : comment justifier que des entreprises mises à contribution pour financer la création audiovisuelle et cinématographique voient finalement ces taxes utilisées pour boucher les trous du budget général ? Ce serait non seulement nier le principe d'affectation de ces taxes mais aussi instiller l'idée destructrice qu'il existe une sur-fiscalité culturelle.

Nous ne voulons pas croire que ce véritable pacte d'irresponsabilité pour notre cinéma et notre audiovisuel puisse dessiner demain les contours d'une politique. À l'heure de la multiplication des écrans et des canaux de diffusion et alors que le besoin d'images, d'œuvres cinématographiques et audiovisuelles continue de croître de façon exponentielle, ce serait un suicide politique et culturel que de désarmer le CNC et de mettre un terme à 70 ans d'ambitions pour le cinéma et l'audiovisuel avec des résultats uniques en Europe et dans le monde.

Nous n'oublions pas qu'il y a un an, notre pays, réuni et rassemblé, défendait l'exception culturelle. Il le faisait avec vigueur et efficacité en obtenant l'exclusion de l'audiovisuel et du cinéma des négociations commerciales entre l'Europe et les États-Unis.

Nul ne comprendrait que la France renonce aujourd'hui à ce qu'elle a défendu avec tant de force et de justesse auprès de ses partenaires européens : sa conviction en une politique ambitieuse en faveur de la diversité culturelle, du cinéma et de l'audiovisuel.
Nul ne le comprendrait car ce serait proprement incompréhensible.

Au cinéma, la reprise est déjà là

Posté par vincy, le 4 avril 2014

supercondriaqueSelon les estimations du CNC, les chiffres de la fréquentation du mois de mars confirme la tendance amorcée en décembre dernier : la reprise est déjà là.

En passant le cap des 21 millions d'entrées au mois de mars, le box office a enregistré une hausse de 14,1% par rapport au mois de mars 2013.

Pour les trois premiers mois de l'année, cette progression est de 18,6%, avec 56,27 millions d'entrées (contre 47,45 l'an dernier). Rappelons qu'en 2012, le premier trimestre n'avait été sauvé que par le mois de mars.

Sur 12 mois, d'avril 2013 à mars 2014, la tendance positive se confirme avec une évolution de 0,8% contre seulement 0,1% en février. En janvier, la courbe était toujours négative sur 12 mois malgré la reprise constatée en décembre 2013 et janvier 2014. En décembre 2013, le nombre d'entrées avait en effet bondit de 19,4% (par rapport à décembre 2012), après un automne désastreux.

Autre motif de satisfaction, la part de marché des films français. Au premier trimestre les films français ont attiré 46,7% des entrées (contre 40,5% l'an dernier à la même époque). Les films américains  sont en forte baisse, passant de 48,3% en 2013 à 40,2% en 2014. Les films d'autres nationalités sont aussi en progression, avec 13% cette année contre 11,2% l'an dernier.

20 hits cet hiver

Avec près de 5 millions d'entrées, Supercondriaque a été la locomotive de ses deux derniers mois. Depuis les fêtes de fin d'année, le cinéma français a pu compter sur des films populaires comme Belle et Sébastien (2,9 millions d'entrées), Les Trois frères : le retour (2,2 millions d'entrées), La belle et la bête (1,8 million d'entrées), Yves Saint Laurent et Fiston (1,6 million d'entrées), Minuscule (1,4 million d'entrées) et Le crocodile du Botswanga (1,2 million d'entrées) ou encore la continuation de Les garçons et Guillaume, à table! (qui cumule à 2,8 millions d'entrées).

Le cinéma américain a été plus à la peine, essentiellement porté par des auteurs davantage que des blockbusters. Bien sur La Reine des neiges a continué son parcours triomphal commencé en novembre. Mais seuls Le Hobbit : la désolation de Smaug (4,7 millions d'entrées) et Le loup de Wall Street (3 millions d'entrées), sortis pendant les fêtes, ont réellement cartonné au début du trimestre. Le plus gros succès américain de ce début 2014 est le film qui a reçu l'Oscar : 12 Years a Slave (1,7 million d'entrées). Il devance 300 : La naissance d'un empire (1,5 million d'entrées), La grande aventure Lego (1,4 million d'entrées), M. Peabody (1,3 million d'entrées), Non-Stop et The Grand Budapest Hotel (1,2 million d'entrées) et Monuments Men (1,1 million d'entrées).

Enfin le cinéma en provenance des autres pays a pu compter sur quelques hits comme Le manoir magique (1 million d'entrées), sorti en décembre, Le vent se lève (750 000 entrées), Albator (725 000 entrées), Philomena (700 000 entrées), ou Ida (500 000 entrées).

L’industrie cinématographique se demande toujours où sont les femmes

Posté par MpM, le 1 avril 2014

femmesLa question de la place des femmes dans l'industrie cinématographique semble revenir sur le devant de la scène avec la même régularité (et la même constance sournoise) que les allergies saisonnières. En mai 2012 déjà, l'absence de femmes dans les sélections cannoises faisait grincer les dents. En mai 2013, alors que des critiques virulentes s'étaient élevées face à la sélection d'une seule réalisatrice (Valéria Bruni-Tedeschi) en compétition officielle cannoise, la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti avait commandé une étude sur le sujet au Centre national du cinéma.

A quelques semaines de l'annonce de la sélection du Festival de Cannes 2014,  les premières conclusions de l'enquête viennent de sortir. Sans surprise, on apprend qu'en 2012, seulement 23% des réalisateurs de longs métrages de cinéma français étaient des femmes et que moins d'un quart des films agréés cette année-là ont été réalisés par des femmes.

Des chiffres à mettre en perspective d'une part avec ceux d'il y a seulement quelques années (18,4% de réalisatrices en 2008) et d'autre part avec ceux d'autres pays européens (18,4% à l'échelle européenne, 11,4% au Royaume Uni), pour mieux en appréhender la portée. Car si la situation française est franchement déséquilibrée, elle semble s'améliorer sensiblement au fil des ans et pouvoir, à terme, tendre vers une plus grande égalité entre réalisateurs et réalisatrices. Par ailleurs, en comparaison avec le cinéma européen dans sa globalité (et par extension le cinéma mondial), la France aurait plutôt tendance à montrer l'exemple.

Inégalités et clichés

Ce qui n'empêche nullement les remises en question, surtout au vu du reste de l'étude : femmes majoritairement présentes dans les métiers du cinéma traditionnellement considérés comme féminins (coiffeur-maquilleur à 76,6%, costumier-habilleur à 87,2% et  scriptes à 98,1%), films moins chers (devis moyen de 3,45 millions d'euros contre 5,66 pour les longs métrages réalisés par des hommes), rémunérations inférieures à celles des hommes (31,5% de moins pour une réalisatrice et rémunération horaire moyenne inférieure de 35,8%), etc.

Il paraît indéniable que le temps n'est désormais plus au constat, mais bien à l'action, en commençant par une évolution des mentalités. Dans une société où il n'est pas évident pour tout le monde de lutter contre les stéréotypes de genre, faire comprendre aux futurs professionnels qu'une femme peut être machiniste ou opératrice de prise de son ne semble pas complétement gagné, mais on part de si loin (4,3% de femmes machinistes, 3,1% d'électriciens...) que toute tentative est bonne à prendre.

De nombreux points restent par ailleurs à étudier pour comprendre la meilleure stratégie à adopter : l'enquête du CNC relève par exemple que le métier le plus mixte du cinéma est celui d'assistant réalisateur, avec 49,2% d'hommes et 50,8% de femmes. Mais quel pourcentage de chaque sexe passe lui-même à la réalisation et au bout de combien d'années ? Par ailleurs, si les budgets de films réalisés par des femmes sont inférieurs à ceux des films réalisés par des hommes, est-ce parce qu'elles parviennent moins facilement à les compléter, ou parce qu'elles travaillent sur des projets d'emblée moins coûteux ? Enfin, au-delà du pourcentage symbolique de femmes cinéastes, il serait intéressant de savoir quel pourcentage des femmes désirant tenter l'aventure y parviennent au final, et de le comparer à celui des hommes réalisateurs.

Des jurys au féminin à Cannes

En attendant, on est impatient de découvrir la sélection cannoise qui, quelle qu'elle soit, ne manquera pas de relancer le débat. Pour le moment, les femmes réalisatrices semblent devoir y être à l'honneur avec Jane Campion présidente du jury officiel, Noémie Lvovsky et Daniela Thomas dans le jury de la Cinéfondation et Andrea Arnold présidente du jury Nespresso de la Semaine de la Critique.

A suivre, donc. Mais une chose est d'ores et déjà certaine : il faut arrêter de blâmer le faible nombre de femmes réalisatrices pour justifier leur absence en compétition officielle. Même en prenant des hypothèses basses, il y a plus de 5% de films réalisés par des femmes de par le monde (ce qui correspondrait au 1 sur 20 de l'an passé). De plus, il serait  intéressant de considérer la sélection cannoise dans sa globalité avant de crier au scandale. En 2013, Valeria Bruni-Tedeschi était un peu l'arbre qui cachait la forêt (certes modestes) des 15 autres réalisatrices de longs métrages sélectionnées, toutes sections confondues.

L’opération 4€ pour les moins de 14 ans démarre bien

Posté par vincy, le 24 février 2014

janvier 2014 : part de marché des 3-14 ans au cinéma

La mise en place de l'opération 4€ pour les spectateurs de moins de 14 ans semble porter ses fruits, au moins en termes de fréquentation. 21,6% des spectateurs en janvier 2014 étaient issus de la catégorie d'âge 3-14 ans selon PubliXiné - Harris Interactive. C'est la plus forte proportion depuis janvier 2005, battant le record de janvier 2010 (21%).

L'offre à destination des jeunes n'y est pas étrangère : La reine des neiges, Le vent se lève, Minuscule, Belle et Sébastien ou encore Le manoir magique. Il y avait de quoi combler un public familial.

La réduction de tarifs a sans aucun doute eu un effet dynamique sur les entrées. La fréquentation globale en janvier est en hausse de 22,8% par rapport à janvier 2013, selon les chiffres communiqués par le CNC.

Reste à modérer cet excellent chiffre : d'une part, il s'agit d'une étude basée sur une enquête et non sur des statistiques de sorties de caisse. D'autre part, si les entrées sont en hausse et contribue au boom de fréquentation du début de l'année, les recettes ne vont pas connaître la même hausse puisque le prix moyen du ticket diminue.

Si l'indicateur est positif, il faudra attendre quelques mois avant de faire un bilan réel de cette opération, et notamment ses répercutions financières chez les distributeurs.

Bilan 2013 : moins de gros budgets mais toujours autant de films français

Posté par vincy, le 27 janvier 2014

lea seydouxLes premières estimations du CNC concernant la production de films français en 2013 ont été publiées mercredi dernier. Le bilan est mitigé : le nombre de films produits est toujours élevé (sans doute trop de l'avis général) et les budgets sont, en moyenne, en baisse. Le nombre de jours de tournage stagne (mais les tournages sont relocalisés en France).

270 films produits en 2013, c'est seulement 9 de moins qu'en 2012. Ce sont d'ailleurs les films européens et les coproductions internationales qui diminuent alors que l'heure est à la coopération et à l'exportation. Au total, 209 films sont d'initiative française, le même chiffre qu'en 2012. Cela représente 5 sorties par semaine. On comprend mieux pourquoi les 2/3 d'entre eux ne trouvent pas leur public.

Cependant, les devis des films d'initiative française sont en baisse de 4%. L'investissement dans les films s'élève à 1,02 milliard d'euros. 45,5 millions d'euros de moins, soit deux gros budgets ou dix films "du milieu". La chute est évidemment plus spectaculaire si l'on prend en compte l'ensemble des productions françaises, incluant les participations minoritaires : 96,5 millions d'euros en moins, soit 7,2% de baisse par rapport à 2012 (pour un investissement total de 1,24 milliard d'euros).

La crise est passée par là. En 2013, un devis moyen est désormais inférieur à 5 millions d'euros, le plus bas niveau en 10 ans. La moitié des films sont produits pour moins de 2,5 millions d'euros, là encore un triste record en dix ans.

Le cinéma français investit moins dans les productions supérieures à 10 millions d'euros : seulement 19 en 2013, contre 33 en 2012. C'est la première fois que le cinéma français produit moins de 20 gros films sur une année. La volonté de ne pas prendre de risque? l'absence d'audace? La résignation à un modèle économique plus raisonnable? Il semblerait que les producteurs préfèrent miser sur le volume de films que sur le volume d'euros dépensés. Une manière de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier et d'espérer que l'un d'entre eux deviendra une poule aux oeufs d'or.

© CNC 2004 2008 2012 2013
Nombre de films agréés 167 196 209 209
Dont 100% français 130 145 150 154
Investissements totaux (en millions d’euros) 1048,8 1490,4 1342,3 1245,8
Films > 15 millions d’euros 9 18 18 12
Films > 10 millions d’euros 15 17 15 7
Films de 4 à 10 millions d’euros 58 53 47 57
Films de 1 à 4 millions d’euros 65 74 71 79
Films > 1 million d’euros 20 44 58 54

Serge Toubiana, nouveau Président de l’Avance sur recettes

Posté par vincy, le 24 décembre 2013

Frédérique Bredin, présidente du CNC a nommé, en accord avec la ministre de la culture et de la communication, Aurélie Filippetti, Serge Toubiana à la présidence de la commission d’avance sur recettes, pour une durée d’un an (renouvelable une fois) à compter du 1er janvier 2014.

Il remplace l'éditeur Paul Otchakovski-Laurens dont le mandat commencé en 2011 arrivait à échéance. Dans son communiqué, Frédérique Bredin "se réjouit que Serge Toubiana ait accepté de lui succéder et d’assumer désormais cette responsabilité à un moment crucial pour l’avenir du cinéma français."

Serge Toubiana a été le rédacteur en chef de la revue Les Cahiers du cinéma avant de devenir le directeur de la Cinémathèque française en 2003.

Dans une tribune publiée dans Le Monde aujourd'hui, Paul Otchakovski-Laurens rappelle les vertus de l'Avance sur recettes alors qu'elle semble critiquée par des professionnels comme par des élus ou haut-fonctionnaires : "nous choisissons, et donc excluons par la force des choses, ce qui explique bien des amertumes, c'est dans la plus grande transparence et avec le souci jamais démenti de l'ouverture et de la diversité de nos choix. Curieusement, cette diversité et cette ouverture sont également critiquées. Un film à gros budget est-il soutenu, nous sommes accusés de voler au secours du succès. Un film d'auteur, comme on dit étrangement ? On nous reproche alors de ne pas tenir compte des goûts supposés du public. Mais il faut savoir que des films ne se feraient pas sans l'Avance sur recettes. Et s'il arrive qu'elle soutienne des films qui se feraient sans elle c'est avec cette conviction qu'ils se feront mieux avec elle."

La commission d’avance sur recettes est composée de trois collèges siégeant séparément, de trois vice-présidents et de 25 membres titulaires. Le président est commun aux trois collèges. Le premier collège examine les demandes d’avance avant réalisation présentées pour une première œuvre cinématographique de longue durée d’un réalisateur. Le deuxième collège étudie les demandes d’avance avant réalisation pour des œuvres de réalisateurs ayant réalisé déjà au moins un long métrage. Le troisième collège est compétent pour examiner les demandes d’avance après réalisation.

Cinéaste, scénariste, producteur, danseur, écrivain, éditeur, techniciens du cinéma plasticien, critique, vidéaste : les collèges fédèrent des passionnés de cinéma venus de tous les horizons. Dans cette commission 2014, on retrouve Marie Darrieussecq, Delphine Gleize, Alain Attal, Olivier Assayas, Jérémie Elkaïm, Hervé de Luze, Xavier Leherpeur ou encore Rebecca Zlotowski.

L’avance sur recettes sur scénario (avant réalisation) a soutenu en 2013, 55 projets de long métrage, sur 647 demandes.