Focus sur un cinéma espagnol audacieux et singulier avec le 7e Festival Différent

Posté par MpM, le 18 juin 2014

different 2014Tout au long de l'année, l'association Espagnolas en Paris met à l'honneur le cinéma espagnol en proposant des films inédits ou en avant-première et des rencontres entre le public et les professionnels. Depuis 2008, le festival Différent ! permet de compléter cette programmation au long cours par une véritable fête du cinéma ibérique qui fait la part belle aux films indépendants, singuliers et tout simplement "différents".

Au programme, 16 films (longs et courts métrages, fictions, documentaires) réunis pour la première fois en un lieu unique, le très beau cinéma Louxor, mais aussi un hommage (à l'acteur catalan Eduard Fernández), une exposition (Fronteras, qui réunit des photographies d'Alain Coiffier et des poèmes en prose d'Inès Montés), deux rendez-vous professionnels et la venue de 26 invités au total.

C'est l'excellent documentaire Con la pata quebrada de Diego Galan qui ouvre le bal dès ce soir à 19h. Ce film de montage explore le cinéma espagnol des années 30 à nos jours pour en tirer une réflexion passionnante sur  l'évolution de la place de la femme dans la société espagnole au cours du XXe siècle. Il sera précédé d'un extrait présenté en avant-première mondiale du film collectif Yo decido / El tren de la libertad dans lequel une soixantaine de cinéastes espagnoles s'expriment autour du mouvement de protestation contre la reforme restrictive de la loi sur l'avortement. Suivra ensuite La herida de Fernando Franco, récompensé à San Sebastian et Cinespana en 2013, et qui a valu un Goya de la meilleure actrice à Marian Álvarez.

Une première soirée extrêmement riche, à l'image du reste du festival, qui présentera notamment Canibal de Manuel Martín Cuenca, également récompensé à San Sebastian, En ningún lugar, Don Luis Buñuel de Laurence Garret, le regard très personnel et poétique d’une jeune cinéaste française sur Luis Bunuel et son imaginaire, ou encore Hermosa juventud de Jaime Rosales, sélectionné dans la section Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes.

La convivialité sera également au rendez-vous avec des dégustations de produits espagnols, des rencontres avec les différentes équipes de films et une soirée spéciale "Fête de la musique" le 21 juin.

Dans un paysage européen morose où le cinéma espagnol s'est imposé ces dernières années comme l'un des plus singuliers et audacieux, en perpétuelle évolution, il est donc chaudement recommandé aux cinéphiles et aux curieux de profiter de cette nouvelle édition de Différent ! pour faire le plein d'un autre cinéma, comme une salutaire bouffée d'oxygène cinématographique.

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Différent !
Du 18 au 24 juin 2014
Cinéma Le Louxor
170 Boulevard de Magenta
75010 Paris

Informations et programme sur le site de la manifestation

MK2 double de taille pour ses 40 ans

Posté par cynthia, le 10 juin 2014

Le groupe de cinéma indépendant MK2 a acquis Cinesur, un réseau regroupant 11 complexes cinématographiques et 120 salles en Espagne pour un total de 20 000 fauteuils. Avec près de 4 millions de spectateurs par an, le circuit représente 6,5% des entrées en Espagne.

"MK2 annonce ce soir l'acquisition d'un réseau de salles en Espagne, Cinesur, la plus importante chaîne de cinémas du sud de l'Espagne et premier circuit de salles en Andalousie, fondé par la dynastie Sanchez-Ramade en 1932", écrit dans un communiqué le groupe qui fête cette année ses 40 ans.

"L'ambition est celle de mettre en place des synergies entre les deux groupes, notamment en termes de programmation et d'animation culturelle, et d'exporter quelques concepts qui ont fait le succès des salles MK2 à Paris (programmation de films en VO, séances de ciné-philo, ateliers pour enfants, événements dans les salles et dans des lieux d'exception...)", explique le groupe MK2 fondé par Marin Karmitz.

Cinesur possède des salles à Badajoz, Cadix, Cordoue, Séville, Tolède, Marbella et surtout plusieurs complexes à Malaga.

C'est la première incursion en dehors de Paris pour l'exploitant de salles. C'est aussi un pari risqué : le box office espagnol a perdu 46% de ses entrées en dix ans, baisse aggravée par la hausse de la TVA sur le billet de cinéma (de 8 à 21%) en 2012.

Avec cette acquisition étrangère, le groupe MK2 double la taille de son réseau. Il possède 12 cinémas à Paris (65 écrans) qui attirent 5,5 millions de spectateurs par an.

Bilan 2013 : année noire pour le cinéma en Europe

Posté par vincy, le 18 février 2014

fréquentation des salles en europe

La fréquentation des cinémas en Europe a reculé de 4,1% entre 2012 et 2013. L'Observatoire européen de l'audiovisuel, qui a publié ses premières estimations de l'année passée lors du Festival international de Berlin (les chiffres définitifs seront révélés à Cannes), a constaté que 908 millions de billets ont été vendus en 2013, soit 39 millions de moins qu'en 2012. Il s'agit du deuxième niveau de fréquentation le plus bas dans l'Union européenne (UE) depuis le début du XXIè siècle.

Les pays émergents européens à la fête

La fréquentation n'a augmenté que dans 8 des 26 pays de l'UE dont les données sont disponibles. Ainsi quatre des cinq principaux marchés de l'UE -  Espagne (-15,2 millions ; -16 %), France (-10,8 millions ; -5,3 %), Royaume-Uni (-7 millions ; -4 %) et Allemagne (-5,4 millions ; -4 %) - accusent une forte baisse de fréquentation. L'Espagne a souffert notamment de la forte hausse de la TVA sur les billets de cinéma. La France subit le contre-coup d'une année 2012 record. Seule l'Italie a résisté avec une progression estimée à 6,6 %, soit 106,7 millions de billets vendus, confortant sa 5e position, devant l'Espagne, dans la hiérarchie européenne.

C'est l'Europe de l'Est qui limite la casse :  la Bulgarie (+16,7 %), la Roumanie (+13,8 %) et la Lituanie (+6,8 %) ont connu une croissance largement supérieure à 1 %. Et comme souvent ces dernières années, ce sont les pays hors UE qui ont enregistré une croissance significative. Ainsi la Fédération de Russie est désormais le deuxième plus grand marché européen en termes d'entrées, devant le Royaume-Uni, avec une progression de la fréquentation supérieure à 10,5 %, soit 173,5 millions de billets vendus en 2013. Le marché Russe est juste derrière le marché français, toujours leader.

En Turquie, la fréquentation a augmenté de plus de 14,8 % avec 50,4 millions d'entrées, son niveau le plus haut des dernières décennies. Le pays confirme sa 7e place dans la hiérarchie européenne, loin devant la Pologne et les Pays-Bas.

Seulement 4 pays européens avec des parts de marché de films nationaux supérieures à 30%

La part de marché des films nationaux a augmenté dans 13 pays et diminué dans 10 marchés de l'UE pour lesquels des données sont disponibles. Par ailleurs, la part de marché des films américains a augmenté dans 11 des 13 marchés pour lesquels des données provisoires sont disponibles, passant de 63 % à 68 % en moyenne.

Bien qu'elle ait atteint son plus bas niveau depuis des années, la France reste le marché de l'UE où la part de marché des films nationaux est la plus élevée, avec 33 % du total des entrées (contre 40 % en 2012), suivie par l'Italie (31 %), le Danemark (30 %) et l'Allemagne (26 %). Dans 10 pays, les films nationaux totalisent moins de 10% de parts de marché.

Parmi les pays hors UE, la Turquie reste le premier pays européen en termes de part de marché des films nationaux, les films turcs représentant 58 % du total des entrées en 2013, niveau record au plan national et inégalé par les autres marchés européens au cours des dernières décennies.

fréquentation des cinémas par pays européens

Les Goyas espagnols font triompher un film qui évoque les Beatles

Posté par vincy, le 10 février 2014

javier camara vivir es facil con los ojos cerrados

David Trueba sort vainqueur de la 28e édition des prix Goya, les Césars espagnols. Il a remporté six récompenses (sur sept nominations) parmi lesquelles celles du meilleur film et du meilleur réalisateur. Le petit frère du cinéaste Fernando Trueba a conquis les professionnels espagnols avec Vivir es facil con los ojos cerrados (Il est facile de vivre avec les yeux fermés), qui avait été présenté en avant-première mondiale au dernier Festival de San Sebastian (d'où il était reparti sans aucun prix). Trueba avait été remarqué en 1996 avec La buena vida, puis en 2003 avec son film Soldados de Salamina. Madrid, 1987 avait été sélectionné à Sundance en 2011.

Inspiré de faits réels, le film est l'histoire d'Antonio San Roman, professeur d'anglais pendant la dictature franquiste dans les années soixante, qui donnait ses cours en utilisant des chansons des Beatles. De là, le personnage s'embarque dans un voyage surréaliste afin de rencontrer John Lennon à Almeria, dans le sud de l'Espagne où le chanteur tourne un film de Richard Lester, How I won the War. Le personnage est interprété par Javier Camara (Parle avec elle, Les amants passagers), dont c'était la sixième nomination (et enfin la bonne puisqu'il a obtenu pour ce rôle le Goya du meilleur acteur).

Le film n'a pas de distributeur en France pour l'instant.

Azul y no tan rosa du vénézuélien Miguel Ferrari a reçu le Goya du meilleur film latino-américain et Amour, de  Michael Haneke, Palme d'or 2012, a été élu meilleur film européen.

La cérémonie a été marquée par l'absence du ministre de la Culture, José Ignacio Wert. Dans son combat contre le pouvoir espagnol, qui a augmenté la TVA sur les billets de cinéma et critiqué les aides aux films art et essai, le Président de l'Académie du cinéma espagnol, Enrique González Macho n'a pas manqué de rappeler les effets dévastateurs de la crise qui touche la profession : salles de cinéma qui ferment, production en baisse, fréquentation des salles en chute libre, une désaffection du public pour les films nationaux.

Meilleur film: Vivir es fácil con los ojos cerrados de David Trueba.

Meilleur film européen: Amour de Michael Haneke.

Meilleur film ibéro-américain: Azul y no tan rosa de Miguel Ferrari.

Meilleur scénario original: David Trueba pour Vivir es facil con los ojos cerrados.

Meilleur réalisateur: David Trueba pour Vivir es facil con los ojos cerrados.

Meilleur acteur: Javier Cámara dans Vivir es fácil con los ojos cerrados.

Meilleure actrice: Marian Alvarez pour La herida

Almodovar accuse (encore) le gouvernement espagnol

Posté par vincy, le 14 octobre 2013

Pedro Almodovar attaque une fois de plus le gouvernement espagnol dans une tribune parue sur le site InfoLibre.es. Il accuse même le ministre du budge Cristobal Montoro d'ignorant. Celui-ci a déclaré la semaine dernière que "les problèmes du cinéma ne sont pas seulement liés aux subventions, mais aussi à la qualité des films qui se font, à leur commercialisation et à beaucoup d'autres choses." Almodovar y voit un complot organisé : "Le gouvernement a établit un plan parfaitement tracé pour asphyxier lentement le cinéma espagnol".

La colère du cinéaste n'est pas neuve (lire : La crise espagnole va faire mal au cinéma, qui se rebelle), mais les arguments font toujours aussi mal. Il rappelle ainsi que 4 des 10 films les plus vus la semaine dernière étaient espagnols. On pourrait ajouter que le cinéma espagnol a récolté 16 nominations aux Oscars depuis 1970 et plus de 30 prix à Cannes, Berlin et Venise depuis 1960, que la part de marché du cinéma national est supérieure à 20% en 2012, soit le meilleur résultat en 27 ans, et que l'industrie a généré l'an dernier un total de 151 millions d'euros de recettes à l'étranger, soit bien plus que dans son propre pays (lire aussi : 40 films pour défier la crise du cinéma espagnol).

La colère d'Almodovar provient de l'annonce du budget 2014 pour la culture qui va enregistrer une baisse de 12,4%, après une forte baisse l'an dernier de près de 23% dans le budget 2013. L'opposition socialiste dénonce une chute de 58 % du budget public destiné depuis 2011 au cinéma.

Dénonçant la hausse brutale du taux de la TVA sur le billet de cinéma (de 8 à 21%), le cinéaste constate que les entrées ont chuté (141 millions de spectateurs en 2002, 94 millions dix ans plus tard) et que les salles de cinéma ont fermé (1223 en 2002 et seulement 841 l'an dernier). "Le problème n'est pas que les spectateurs ne vont pas voir le cinéma de leur pays, mais bien qu'ils ont arrêté d'aller au cinéma" explique-t-il. "Pour la majorité des jeunes il n'est pas vital d'aller au cinéma, ils possèdent une multitude d'appareils avec lesquels s'amuser et qui sont reliés entre eux ; mais je connais quelques jeunes touchés par la maladie terrible de la cinéphilie. Pour tous et plusieurs autres des générations adultes, tous aussi cinéphiles, ces mesures ont non seulement abaissé son économie mais ils accentuent leur désespoir."

Pour Almodovar, l'explication est simple et n'a qu'un objectif, l'extermination du cinéma espagnol : "Toutes les prédictions faites à l'époque de cette hausse de la TVA, (que le public arrêterait d'aller au cinéma, que beaucoup de salles fermeraient), se sont vérifiées, sauf celles du gouvernement qui pensait augmenter ainsi ses recettes, écrit-il. Si le résultat est contraire à leurs prévisions : pourquoi les ministres du secteur et le gouvernement en général se montrent-ils aussi euphoriques ? Il ne peut y avoir qu'une seule réponse : parce qu'ils punissent le cinéma espagnol jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Parce que tout cela suit un rigoureux plan d'extermination."

Pour lui le gouvernement de droite ne veut que prendre sa revanche : "Depuis notre 'Non à la guerre' [d'Irak, ndlr], le cinéma espagnol est devenue la bête noire des gouvernements du PP (Parti populaire). Les coupes et le mépris actuels résultent de ce 'Non', dont je ne pourrais jamais me repentir même s'il ne devait plus rester un cinéma ouvert"

À vendre : l’aéroport des Amants Passagers de Pedro Almodovar

Posté par vincy, le 10 août 2013

pedro almodovar les amants passagers
En faillite, l’aéroport privé de Ciudad Real de La Mancha à 200 kilomètres au sud de Madrid est à vendre pour 100 millions d'euros.

Il y a un an, c'est ici que Pedro Almodovar avait installé ses caméras pour filmer les scènes d'aéroport de son dernier film, Les Amants passagers. Il avait profité de ce lieu complètement disponible - le dernier vol a décollé en décembre 2011. Vers la fin de la comédie espagnole, le cinéaste en profite d'ailleurs pour filmer l'aérogare aussi vaste que déserte. Almodovar avait surtout écrit une histoire qui lui permettait de faire de cet aéroport le symbole du gaspillage de l'argent public espagnol.

Cet aéroport avait en effet coûté 1,1 milliards d'euros à construire. Autant dire qu'il se brade en étant vendu pour onze fois moins que son prix initial. L'aéroport n'a été ouvert que de 2008 à 2010. En 2009 et 2010, il a attiré 65 000 passagers alors qu'il était prévu pour accueillir 4 millions de passagers par an).

Madrid de Cine 2013 : 40 films pour défier la crise du cinéma espagnol

Posté par vincy, le 23 juin 2013

logo madrid de cine 2013La 8e édition de Madrid de Cine, l'équivalent des rendez-vous d'Unifrance pour le cinéma espagnol, avait lieu la semaine dernière, du 17 au 19 juin, dans la capitale des Ibères. L'occasion pour la presse internationale et plus de 400 professionnels de découvrir 40 films locaux prêts à être exportés.

Carmina o revienta de Paco Leon (3 fois nommé aux Goyas), Encierro 3D : Bull Running in Pamplona, documentaire de Olivier van der Zee, Alpha de Joan Cutrina, Esto no es una cita de Guillermo Fernández Groizard, The extraordinary tale of the times table de Jose F. Ortuño, Ali de Paco R. Baños, avec Veronica Forque, Somos Gente Honrada de Alejandro Marzoa et Una pistola en cada mano ont été parmi les films les plus vus durant ces journées d'après l'organisation.

Ainsi la comédie de Cesc Gay, Una pistola en cada mano, sortie fin 2012, portée par un casting alléchant - Ricardo Darín, Luis Tosar, Javier Cámara, Eduardo Noriega, Cayetana Guillén et Candela Pena, qui a remporté un Goya du meilleur second-rôle féminin pour ce film - a trouvé un distributeur en France. On a aussi appris que le duo de Cellule 211, Daniel Monzon et Luis Tosar, tourne un autre polar, El niño ; ou que L'orphelinat, le film phénomène de Juan Antoni Bayona, va faire l'objet d'un remake aux USA.

Pendant 3 jours, acheteurs de 29 pays, producteurs, journalistes (35 médias) se sont croisés dans un lieu unique pour rencontrer réalisateurs et comédiens des films participants.

Box office en chute libre

Ce succès croissant de Madrid de Cine a consolé une industrie cinématographique déprimée. Le box office est en chute libre depuis le début de l'année, après une année 2012 déjà désastreuse. Depuis 2009, le cinéma en Espagne est passé de 110 millions de spectateurs à 94 millions l'an dernier! En cause : la hausse de la TVA sur les billets de cinéma qui rend le ticket hors de prix (voir notre actualité du 4 octobre 2012). Le plus gros succès de l'année, The Croods, a rapporté 18 millions de $ quand l'an dernier déjà deux films avaient dépassé les 20 millions de $. Côté espagnol, le film le plus populaire cette année, à l'exception de Mama, reste le Pedro Almodovar, Les amants passagers, avec 6,5 millions de $ de recettes et une modeste 10e place dans le classement annuel.

Le nombre de tournage s'effondre avec seulement 43 productions lancées entre janvier et début juin, soit 25% de moins qu'en 2012 et 56% de moins qu'en 2011. Les mois à venir risquent de ne pas être plus réconfortants. Les budgets moyens par films sont eux aussi en forte baisse : 3 millions d'euros en 2010, à peine 1,8 million d'euros en ce début d'année.

Un cinéma tiré par ses recettes internationales

Cependant, la part de marché des films espagnols augmente (de 11,5% pour les six premiers mois de 2012 à 17,9% pour le premier semestre 2013). Cela confirme la tendance enregistrée l'année dernière, où le cinéma espagnol avait battu son record de 27 ans avec une part de marché de 19,3%. The Impossible a même été le plus gros succès de l'année avec 5,86 millions d'entrées.

Et l'exportation des films espagnols n'a jamais été aussi dynamique - ce qui renforce la nécessité d'un rendez-vous comme Madrid de Cine. En 2012, les recettes internationales ont rapporté 150 millions d'euros à l'industrie du cinéma espagnol, soit largement plus que les recettes du cinéma espagnol dans le pays (110 millions d'euros); au total, 141 films ont été vendus en 2012 pour des marchés étrangers (soit une trentaine de plus qu'en 2011) alors que le nombre de films produits diminue.

Cultiver la singularité du cinéma espagnol avec la 6e édition du festival Différent !

Posté par MpM, le 13 juin 2013

Différent 6Voilà déjà la sixième année que "l'autre cinéma espagnol" investit les écrans parisiens le temps d'un festival coloré, singulier et convivial qui met en valeur la créativité et l'originalité de la péninsule ibérique.

Cette année, les festivaliers se régaleront dès l'ouverture avec le Grand Prix du Festival de Cinéma espagnol de Nantes, Una pistola en cada mano de Cesc Gay, qui réunit un casting de rêve, d'Eduardo Noriega à Ricardo Darin, en passant par Javier Cámara et Luis Tosar.

Le reste de la semaine sera du même acabit, avec le grand retour de Maribel Verdu dans 15 años y un día de Gracia Querejeta (Grand Prix du Festival de Malaga 2013) dans laquelle elle est la mère d'un jeune adolescent qui lui en fait voir de toutes les couleurs ; Carta a Eva, le nouveau film d'Agustí Villaronga (dont Pa negro avait connu un succès retentissant) présenté en présence de ses deux interprètes principales, Ana Torrent et Carmen Maura ou encore un hommage rendu au grand documentariste José María Berzosa (Pinochet y sus tres generales).

La fantaisie et la singularité seront également au rendez-vous à travers des oeuvres atypiques et originales. Les spectateurs auront notamment la chance de découvrir Con la pata quebrada (Retourne à tes fourneaux) de Diego Galán, un film de montage sur la femme vue par le cinéma espagnol, composé de plus de 180 extraits de films et sélectionné au Festival de Cannes 2013.

En tout, une vingtaine de films, tous formats confondus, seront ainsi présentés entre le 14 et le 21 juin et, histoire de ne pas rompre avec les bonnes habitudes, un grand concert avec de nombreux invités-surprise clôturera la manifestation le soir de la fête de la musique.

A noter que pour la première fois, un prix sera décerné non à un film en compétition, mais à l'un des spectateurs présents durant le festival ! En effet, Espagnolas en París (qui organise l'événement) s'est associé à la compagnie aérienne Vueling pour offrir un voyage à Barcelone pour deux personnes (comprenant les vols et deux nuits d'hôtel) à un heureux festivalier tiré au sort. Une manière élégante de récompenser la fidélité du public de Différent !, souvent fourni et chaleureux, et qui fait depuis cinq ans le succès de la manifestation.

Générosité, bonne humeur et qualité cinématographique, trois bonnes raisons supplémentaires d'aller à la rencontre du cinéma espagnol et de sa différence...

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6e Festival Différent !
Du 14 au 21 juin 2013
Programme et renseignements sur le site de la manifestation

Haneke, Prince des Asturies

Posté par vincy, le 10 mai 2013

Michael Haneke a reçu hier, jeudi 9 mai, le prestigieux prix Prince des Asturies des Arts.

Double Palme d'or, oscarisé et césarisé cette année avec Amour, le cinéaste autrichien a été préféré au chorégraphe cubain Carlos Acosta Quesada, à l'artiste serbe Marina Abramovic, au peintre et vidéaste américain Brice Nauman et au compositeur estonien Arvo Pärt.

Haneke succède à l'architecte espagnol Rafael Moneo. Depuis sa création en 1981, peu d'étrangers ont reçu cette récompense : l'architecte brésilien Oscar Niemeyer, le comédien italien Vittorio Gassmann, la cantatrice américaine Barbara Hendricks, le cinéaste américain Woody Allen, le chanteur américain Bob Dylan... Pedro Almodovar a reçu le prix en 2006.

Le prix Prince des Asturies est composé de 8 catégories (sport, littérature, humanités, ...). Il est géré par la Fondation Prince des Asturies en vue de promouvoir les valeurs universelles dans les domaines culturels, scientifiques et humanistes.

BIFFF 2013 : le fantastique cinéma espagnol

Posté par kristofy, le 11 avril 2013

the endEn 2012, la fin du monde prévue par les mayas était aussi au cinéma (de Take Shelter à 4h44 Dernier jour sur Terre…), et également  en Espagne avec le titre le plus simple : The end (Fin) (photo) réalisé par Jorge Torregrossa. Une homme engage une escort-girl pour lui faire jouer le rôle de sa petite amie lors d’un week-end de retrouvailles entre plusieurs couples d’amis dans une maison isolée. Après un étrange bang dans le ciel la nuit, il n’y a plus du tout d’électricité, pas même dans les batteries des téléphones et des voitures inutilisables, et un des amis a disparu... Film d’apocalypse et de mystère avec très peu d’effets spéciaux, l’histoire repose sur un groupe d’acteur et différents paysages vides, dont Maribel Verdu également présente au BIFFF avec Blancanieves de Pablo Berger.

Le BIFFF démontre la vivacité du cinéma espagnol lié au fantastique, qu’il s’agisse de la fin du monde donc ou de fantômes dans une école avec Ghost Graduation (qui aura un remake américain), et d’autres encore. Pourtant l’Espagne connaît une période de grave crise économique, crise qui touche bien entendu la culture avec une baisse terrible du nombre de films produits et aussi du nombre de spectateurs en salles. Invité à présenter son film Afterparty (photo ci-dessous), le réalisateur Miguel Larraya confirme que seul Pedro Almodovar arrive à réunir le budget qu’il veut pour ses films, les autres cinéastes ont plus de difficultés.

Le ‘cinéma de genre’ espagnol fonctionne  souvent à l’international dans d’autres pays, et Miguel Larraya a réussi à avoir des fonds en voulant faire « un film avec  du sang, du sexe, et de la drogue », en fait un slasher en huis-clos. Une vedette de la télévision est entraînée dans une fête dans une grande villa, au réveil le lendemain matin toutes les issues sont verrouillées et plus de moyens de communication vers l’extérieur : il est enfermé avec quatre autres personnes de la fête. Un mystérieux tueur masqué commence à tuer… Les personnages sont toujours en train de se séparer dans le labyrinthe de la maison, le temps de deviner l’identité de qui tue il n’y aura presque plus personne de vivant.

L’Histoire espagnole est aussi un élément souvent exploité dans leurs films fantastiques (L’échine du diable puis Le labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro, Balada triste de trompeta de Alex de la Iglesia, Insensibles de Juan Carlos Medina…), et le BIFFF a fait découvrir un point de vue plus controversé.

Le réalisateur Oscar Aibar est venu défendre son film The Forest (El Bosque) (photo ci-dessous) : l’héroïne est la femme d’un sympathisant fasciste, et ce sont les communistes qui ont le mauvais rôle de persécuteurs…

the forestL’histoire se déroule sur plusieurs années avec les ‘rouges’ qui décident de gérer la nourriture avec des bons distribués, la présence de militaires américains qui portent d’ailleurs l’étoile rouge et qui sont là pour combattre avec eux, plus tard la déroute des ‘rouges’ et l’arrivée de militaires ‘maures’.

Ce sont ainsi plusieurs périodes de la guerre d’Espagne qui sont ravivées dans le film centré autour de la grande maison de l’héroïne dont tout le monde recherche le mari. Celui-ci pour ne pas se faire capturer a décidé de pénétrer dans la mystérieuse lumière verte qui apparaît deux fois par an sur leur terrain, et deux fois par an le mari revient un moment avant de repartir vers un ‘ailleurs’…

Il s’agit de l’adaptation d’un roman de Albert Sanchez Pinol, le film évoque la guerre avec un microcosme de quelques personnages (qui parlent d’ailleurs le matarrani, dialecte espagnol en voie de disparition) et un élément fantastique extraordinaire. Pour Oscar Aibar « chaque réalisateur espagnol se doit de faire un film avec en toile de fond la guerre civile. En ce moment avec la crise en Espagne c’est miraculeux de produire un film, la culture c’est un luxe ».

C’est tout de même étrange que tant de films espagnols si variés, avec des scénarios ambitieux et peu de moyens, voient le jour, quand en France l’argent sert à réunir une multitude de stars sur la même affiche avec un scénario inconsistant...