[Lumière 2019] Bong Joon-ho, son cinéma et son « tempérament bizarre »

Posté par Morgane, le 21 octobre 2019

Après avoir reçu la Palme d'Or au dernier Festival de Cannes avec Parasite (qui a attiré 20000 spectateurs depuis sa sortie rien qu'au cinéma Comoedia de Lyon, soit un record hors-Paris), Bong Joon-ho a été l'un des invités d'honneur de cette édition du Festival Lumière. C'est l'occasion de découvrir toute sa filmographie - dont le splendide Memories of Murder, rattrapé par l'actualité le mois dernier - ainsi que les films coréens qu'il nous propose via sa carte blanche.

Et en ce jour pluvieux, rien de mieux que d'aller écouter ce grand monsieur du 7e art, souvent drôle, toujours humble, et même assez modeste. Pour cette masterclass à la Comédie Odéon mister Bong Joon-ho est accompagné de sa traductrice (qui fait ici un excellent travail!), de Didier Allouche et de Bertrand Tavernier qui a tenu à être présent pour "dire publiquement son amour à Bong Joon-ho, car les hommages posthumes c'est pas si bien que ça."

Les screen quotas
"Ce système des screen quota mettait en place le nombre de jours où les cinémas devaient montrer des films coréens. Mais cela a posé des problèmes lors des accords de libre-échange avec les États-Unis. A la fin des années 90, quand je préparais Barking dog, il y avait des mouvements pour protéger ces quotas. Mais aujourd'hui les screen quotas ont disparu et pourtant le cinéma coréen a réussi à trouver sa place. En Corée du sud, je dirai que c'est du 50-50 entre le cinéma national et le cinéma américain."

Et Bertrand Tavernier d'ajouter "qu'aujourd'hui tout film gagne à être coréen!"

L'image des forces de l'ordre
Dans The Host et Memories of murder, les forces de l'ordre ne sont pas à leur avantage. "Oui, ce sont des policiers des années 80 qui travaillaient pendant la dictature militaire. Mais c'est assez réaliste." Le tueur de Memories of murder a d'ailleurs été arrêté il y a un peu moins d'un mois. Bertrand Tavernier demande alors si ça change son rapport au film. "C'était une affaire non classée qui restait entourée de mystères. Le film est sorti en 2003 sur ce fait qui s'est déroulé dans les années 80. Lorsque le tueur a été arrêté, j'avais des sentiments très troubles, complexes. Maintenant les spectateurs verront la scène finale différemment je pense. Mais j'aimerais garder le film tel qu'il est. Ce serait comme une sorte d'archive de l'époque. Concernant l'image du criminel, pendant l'écriture du scénario, j'avais l'impression de devenir fou. J'avais rencontré des policiers, des proches des victimes, des journalistes, mais celui que je voulais rencontrer c'était le meurtrier et je ne pouvais que l'imaginer. Je me suis donc inspiré et appuyé sur certains films pour cela."

Parti-pris visuels très forts
Bertrand Tavernier: "Vous devez avoir rudement confiance en vous pour tenir ces parti-pris (dans Memories of murder notamment) ou alors vous êtes extrêmement audacieux!"

"Merci pour le compliment mais je crois que c'est dû à mon tempérament bizarre. J'ai un comportement qui part dans tous les sens. Quand on regarde les archives des années 80, c'est une vraie comédie noire. Bien sûr les crimes sont terribles, mais quand on prend de la distance et qu'on regarde les policiers, on a de suite l'image d'une comédie noire. Ils veulent absolument capturer ce criminel, mais n'y arrivent pas. Ils en deviennent complètement fous. Ils vont même jusqu'à consulter un chaman. C'est donc à la fois drôle, car ils sont gauches, mais aussi triste car ils sont réellement désespérés. L'horreur, le désespoir et la comédie étaient déjà assemblés."

Chaque film contre le précédent
" Vous avez vu juste. Quand j'écris le scénario, ce n'est pas intentionnel. Pourtant quand je prends un peu de recul; je réalise que j'écris en effet que chaque film est en réaction avec le précédent."

Clivages sociaux
"Je n'ai pas forcément de message politique ou social. Mon obsession c'est l'intérêt que je porte aux gens qui m'entourent. Quand on creuse et qu'on parle d'une société, on parle de toutes façons de la Société et de l'Histoire. Et surtout en Corée où il est impossible de dissocier la Société de l'Individu." Le cas particulier de The Host est très intéressant. Sans forcément vouloir passer de message force est de constater que les membres de la famille sont méprisés car de classe populaire. "Les personnages principaux dirigent un petit snack et font partie du peuple. Ils se demandent s'ils peuvent vraiment être protégés par le pouvoir. C'est à partir de là donc qu'on a à la fois une comédie et des éléments dramatiques."

Cellule familiale
Pourquoi une telle importance de la cellule familiale? "En effet, pourquoi? Je ne m'en rendais pas forcément compte. Mais ce sont toutes des familles qui ont des failles (dans Mother la mère est seule avec son fils, dans The Host la mère n'est plus là). Finalement c'est la première fois dans Parasite que je montre des familles traditionnelles avec un père, une mère et leurs enfants."

Dans tout succès réside une part de mystère
Comment expliquer le triomphe "global" de Parasite? "Pour être honnête, lors de la production, on espérait juste pouvoir rentrer dans nos frais car on trouvait l'histoire bizarre et on était donc assez inquiet. Je n'étais pas du tout sur de moi. Alors c'est moi qui vous retourne la question, comment expliquez-vous ce succès?"

« Les misérables » candidat de la France aux Oscars

Posté par vincy, le 20 septembre 2019

Ce ne sera pas une réalisatrice. Céline Sciamma avec Portrait de la jeune fille en feu et Alice Winocour avec Proxima n'ont pas été retenus pas la commission chargée de désigner le film qui représentera la France aux prochains Oscars. Les Misérables de Ladj Ly, produit par SRAB Films, tentera donc sa chance pour être le 9 février prochain à Los Angeles.

Prix du jury à Cannes, vendu dans une vingtaine de territoires dans le monde, le film sortira aux USA le 10 janvier 2020, avec le distributeur Amazon Studios. En France, il est prévu dans les salles le 20 novembre. Il a déjà fait le tour de festivals comme Sydney, Shanghai, Durban et Toronto...

L'objectif réaliste sera d'être finaliste, ce qui n'est pas arrivé depuis 2016 (avec Mustang), à défaut d'être lauréat. Parasite, Palme d'or à Cannes, de Bong Joon-ho part largement favori et devrait offrir le premier Oscar du film international (nouvelle dénomination) à la Corée du sud. Aussi surprenant que cela paraisse aucun film sud-coréen n'a jamais été nommé dans cette catégorie!

Parmi les autres poids lourds attendus, on retrouve Douleur et gloire de Pedro Almodovar, La vie invisible d’Euridice Gusmão de Karim Aïnouz, It Must Be Heaven d'Elia Suleiman, Et puis nous danserons de Levan Akin, Les siffleurs de Corneliu Porumboiu  et le film d'animayion de Makoto Shinkai Weathering with You. Plusieurs pays n'ont pas encore fait leur choix tels le Canada, la Chine, l'Italie, Israël ou la Russie.

Toronto 2019: Deux films avec Scarlett Johansson plébiscités par le public

Posté par vincy, le 16 septembre 2019

A Toronto, c'est le public qui choisit. Le People's Choice Award est d'autant plus convoité que les lauréats ont souvent fini aux Oscars, voire remporter l'Oscar du meilleur film. Ce fut le cas l'an dernier avec Green Book ou en 2013 avec Twelve Years a Slave. Depuis 2012, ce sont d'ailleurs des films nord-américains qui dominent le palmarès avec, en plus des deux précédemment cités, Happiness Therapy, The Imitation Game, Room, La La Land et Three Billboards.

C'est encore le cas cette année avec Jojo Rabbit, le film décalé de Taika Waititi, qui, du coup, se retrouve parmi les oscarisables inattendus. Distribué par Fox Searchlight, cette comédie noire sur l'Allemagne nazie met en scène Scarlett Johansson, Sam Rockwell, Rebel Wilson, et le réalisateur, dans le rôle d'un Hitler bouffon et imaginaire. Cette "satire anti-haine" sera dans les salles en janvier 2020.

Scarlett Johansson a décidément du flair. Entre deux Marvel, soucieuse de revenir à des films d'auteur et des personnages plus riches, elle est à l'affiche de Marriage Story, film Netflix de Noah Baumbach en compétition à Venise, qui se retrouve deuxième du classement. Là encore, quelques nominations aux Oscars sont à prévoir.

Ces deux films surclassent la Palme d'or Parasite (qui vise aussi les Oscars dans plusieurs catégories).

Dans la section Midnight Madness, c'est The Platform, thriller dystopique de Galder Gaztelu-Urrutia, qui a remporté les suffrages du public, devant The Vast of Night de Andrew Patterson, un film Amazon, et Blood Quantum de Jeff Barnaby, un film Apple. Et pour le prix du public dans la catégorie documentaire, le vainqueur est The Cave de Fera Fayyad, devançant I am not alone de Garin Hovannisian et Dads de Bryce Dallas Howards..

De multiples prix sont remis au TIFF, certains récompensant des films vus en avant-première mondiale ou internationale, d'autres déjà récompensés à Cannes ou à Venise.

Prix Mary Pickford pour un talent féminin: Mati Diop (Atlantique)

Section Platform
Meilleur film: Martin Eden de Pietro Marcello
Mentions spéciales: Anne at 13000 ft de Kazik Radwanski et Proxima d'Alice Winocour

Meilleur film canadien: Antigone de Sophie Deraspe.
Meilleur premier film canadien: The Twentieth Century de Matthew Rankin
Mention spéciale: The Body Remembers When the World Broke Open de Elle-Maija Tailfeathers et Kathleen Hepburn

Netpac Award (meilleur film d'Asie-Pacifique): 1982 de Oualid Mouaness

Prix Fipresci
Section Discovery: Murmur d'Heather Young
Section présentations spéciales: How to Build a Girl de Coky Giedroyc

Parasite bientôt en version doublée en français dans les multiplexes

Posté par vincy, le 11 juillet 2019

"Il y a quelques mois, Bong Joon Ho essayait de nous expliquer pourquoi #Parasite n’avait aucun potentiel en dehors de Corée. Merci au million de spectateurs français qui lui ont prouvé le contraire." Relayant ce message de Bong Joon ho sur twitter, le distributeur de Parasite, Palme d'or 2019, peut se réjouir.

Avec 1,11 million d'entrées mardi soir, le film de Bong Joon Ho est devenu le plus grand succès coréen en France (et le premier millionnaire en entrées). Il faut même remonter à 2005 pour trouver un tel succès pour un film venu d'Extrême-Orient. C'est aussi la Palme d'or la plus populaire depuis Entre les murs en 2008.

Logiquement The Jokers a annoncé qu'il travaillait actuellement une version doublée en français, chose très rare pour un film non anglophone. La sortie est calée pour début août, et qui va permettre au film, toujours dans le top 10 des entrées, de conquérir un public plus large, notamment dans les territoires où la vost est rarement diffusée. En ciblant les multiplexes, Parasite en VF pourrait viser les 2 millions de spectateurs.

En Corée du sud, Parasite a déjà récolté 71M$, et se classe déjà 3e du box office annuel.

Parasite: Song Kang-ho et Bong Joon-ho à Locarno

Posté par vincy, le 21 juin 2019

L’acteur sud-coréen Song Kang-ho recevra un Excellence Award au prochain Festival de Locarno (7-17 août),  et il sera convié à une conversation avec le public au Spazio Cinema, en compagnie du réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho, Palme d’or avec Parasite. Le Directeur général d’Arte France Cinéma et ancien Directeur artistique du Locarno Film Festival, Olivier Père, animera les débats.

Fidèle du cinéaste, Song Kang-ho, le père de la famille pauvre dans Parasite, a été le malheureux détective provincial de Memories of Murder (2003), le restaurateur qui doit affronter un monstre dans The Host (2006), et a fait partie de l'aventure de Snowpiercer - Le Transperceneige, au milieu d'un casting international

L’hommage à l’acteur sud-coréen sera également accompagné de la projection de Banchikwang (The Foul King, 2000) de Kim Jee-woon, Boksuneun naui geot (Sympathy for Mr. Vengeance, 2002), premier volet de la trilogie de la vengeance de Park Chan-wook et Memories of Murder, qui sera présenté sur la Piazza Grande pour la Crazy Midnight du 12 août.

Song Kang-ho a été un acteur loyal à Lee Chang-dong (Green fish, Secret Sunshine), Kim Jee-woon (The Quiet Family, Le Bon la brute et le cinglé, The Age of Shadows) et Park Chan-woo (JSA, Lady Vengeance, Thirst ceci est mon sang). Il a reçu deux prix d'interprétation au Festival de Busan et trois prix du meilleur acteur aux Grand Bell Awards (les Oscars sud-coréens).

Parasite a déjà attiré 608000 spectateurs en France depuis sa sortie, ce qui va en faire le plus gros succès pour un film sud-coréen, détrônant Snowpiercer du même réalisateur (678000 entrées en 2013). Le film est toujours en tête du box office en Corée du sud, avec un cumul de 51M$ de recettes après 2 semaines d'exploitation.

Cannes 2019 : La diversité se taille une place de choix

Posté par wyzman, le 2 juin 2019

Cette année plus que jamais, le Festival de Cannes semble s’être entièrement réconcilié avec la diversité. Qu’il s’agisse de diversité raciale, sexuelle ou religieuse, les différentes sections et sélections n’ont jamais été aussi ouvertes et représentatives du monde qui nous entoure.

Des films arc-en-ciel

Après les succès de 120 battements par minute et Plaire, aimer et courir vite, la communauté LGBT était dans les starting-blocks. Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma nous a offert une jolie leçon d’amour lesbien tandis que Roubaix, une lumière d'Arnaud Desplechin a brillé par son couple de femmes en tête d’affiche (Léa Seydoux et Sara Forestier). Malgré les polémiques liées au nombre de fesses visibles et à son cunnilingus non-simulé de 13 minutes, Mektoub, my love : intermezzo a brillé par son jeu sur la sensualité de ses héroïnes.

Présenté dans la section Un Certain regard, Nina Wu de Midi Z s’est offert une héroïne lesbienne comme on en voit peu. Port Authority de Danielle Lessovitz s’est fait remarquer par la présence de sa toute première femme transsexuelle et de couleur en tête d’affiche à Cannes (Leyna Bloom). Le film, centré sur l’histoire d’amour compliquée entre un homme cisgenre et une femme transsexuelle, fait la part belles aux personnes transgenres ainsi qu’aux homosexuels.

Et les homosexuels étaient loin des placards cette année à Cannes. Du Rocketman de Dexter Fletcher à Douleur et Gloire de Pedro Almodovar en passant par Matthias et Maxime de Xavier Dolan, la sélection officielle nous a offert une belle galerie d’hommes gays ou bisexuels aux sensibilités et attitudes différentes. Du côté de la Quinzaine des Réalisateurs, ce sont les héros de And then We Danced de Levan Akin et Tlamess d’Ala Eddine Slim qui nous ont émus.

Des sélections métisses

Trop longtemps perçu comme « blanc », Cannes s’est paré de mille couleurs continuer à être le plus grand festival de cinéma au monde. Si personne n’a été surpris par les personnages asiatiques de Parasite de Bong Joon-ho et Le Lac aux oies sauvages de Diao Yi’nan, les distributions de Bacurau de Juliano Dornelles et Keleber Mendonça Filho et Atlantique de Mati Diop ont été remarqués. Le premier, une fable futuriste mais réaliste, s’est illustré par sa grande représentativité et diversité ethniques quand le second, hommage aux Sénégalais qui rêvent d’un avenir meilleur mais continuent de se noyer dans l’océan Atlantique, s’est démarqué par son panel de femmes fortes.

Bien visibles dans Port Authority, les Noirs n'ont pas souffert d'une représentation erronée voire honteuse avec Les Misérables de Ladj Ly — à l’instar des Maghrébins et des musulmans de France. Malgré un résultat vain, Le Jeune Ahmed des frères Dardenne avait au moins le mérite de proposer une plongée inédite (à leur niveau) dans l'Islam radical, à quelques mètres des clichés. Même son de cloche dans Mektoub, my love : intermezzo où les protagonistes d’origine tunisienne n’ont jamais souffert de leur couleur de peau. Il en va de même pour Frankie d’Ira Sachs : la couleur de peau de la belle-fille fictive d’Isabelle Huppert, de son époux et de leur fille n’a jamais été mentionnée !

A la Quinzaine des Réalisateurs, Alice et le Maire de Nicolas Pariser et Give Me Liberty de Kirill Mikhanovsky ont amené avec eux des personnages féminins forts, joués par des actrices de couleur (Léonie Simaga et Lauren ‘Lolo’ Spencer). La trame autour du vaudou haïtien a permis à des acteurs noirs (Juan Paiva, Wislanda Louimat) de se greffer au casting de Sick, Sick, Sick d’Alice Furtado et Zombi Child de Bertrand Bonello. Impossible de ne pas mentionner les deux femmes d’origine maghrébine qui ont revitalisé la Quinzaine, j’ai nommé Zahia Dehar et Mina Farid, sublimes héroïnes d’Une Fille facile de Rebecca Zlotowski. Enfin, une mention spéciale mérite d’être attribuée à Kiki Layne pour sa belle interprétation de fantôme en Valentino dans The Staggering Girl de Luca Guadagnino !

Les 12 révélations de Cannes 2019

Posté par vincy, le 1 juin 2019

Gabriel d’Almeida Freitas (Matthias et Maxime)
Sexy en diable, il est Matthias, straight et rangé, qui tombe en amour de Maxime, son meilleur ami, incarné par Xavier Dolan. Et il est assez bluffant quand il perd pied et s'avoue troublé par ce désir impromptu. Humoriste qui mélangeant le mime et l'absurde, créateur de spectacles et de programmes télévisés, scénariste, acteur, il est depuis 8 ans sur le circuit. Il trouve à 28 ans son premier grand rôle au cinéma. Il est attendu dans la nouvelle série de Radio Canada à l'automne, Toute la Vie, aux cotés de Roy Dupuis.

Ke-xi wu (Nina Wu)
Elle est l'égérie du cinéaste Midi-Z. Nina Wu est leur troisième collaboration ensemble, après Ice Poison et Adieu Mandalay, mais la première où l'actrice est aussi scénariste. Après une décennie au théâtre, la comédienne s'est lancée à l'assaut du petit et du grand écran taïwainais. Polyglotte (anglais, turc, birman, thaïlandais, mandarin), elle se livre corps et âmes, et à travers toutes sortes d'émotions, à son personnage d'actrice abusée et maltraitée par son producteur et son réalisateur. Post-#MeToo, cette histoire est celle de centaines d'actrices humiliées par un milieu sexiste.

Chris Galust (Give Me Liberty)
Acteur non-professionnel et pourtant il a tout d'un grand. C'est son premier film et il a déjà un beau parcours depuis Sundance. Kirill Mikhanovsky l'a choisit pour être ce personnage attachant, un jeune Américain d’origine russe malchanceux qui conduit un minibus pour personnes handicapées. Il est tour à tour un petit-fils attentionné, un travailleur social impliqué et un petit frère protecteur. Ses intentions sont toujours louables et nous permettent d'avoir une profonde empathie pour les laissés pour compte qu'il croise.

So-Dam Park et Woo-sik Choi (Parasite)
Elle, 27 ans, et lui, 29 ans, jouent le frère et la sœur malins et très liés dans la famille d'exclus imaginée par Bong Joon-ho. Elle s'est faite remarquée dans The Silenced de Lee Hae-young et The Priests de Jang Jae-hyun, tous deux en 2015. Star du petit écran, déjà vu dans Okja et Train to Busan (tous deux à Cannes), il a explosé en 2014 dans Set me Free de Kim Tae-yong.

Mina Farid (Une Fille facile)
Tout le monde a parlé de Zahia Dehar dans ce film de Rebecca Zlotowski. Il ne faudrait pas oublier le rôle primordial de sa partenaire de jeu, qui incarne sa cousine. Deux femmes qui n'ont rien à voir. Mina Farid incarne avec légèreté et simplicité une fille modeste, qui préfère traîner avec son copain homo, et s'avère plus que convaincante: elle parvient à être lumineuse et charismatique face à la "vedette" influenceuse qui a capté tous les médias sur la Croisette. Une jeune comédienne - c'est son premier film - à suivre.

Fionn Whitehead (Port Authority)
C'est sans doute l'acteur britannique à suivre. Bien exposé dans Dunkerque, épatant en gamin qui tient tête et tombe amoureux d'Emma Thompson dans My Lady, le jeune comédien de 22 ans révèle un jeu subtil avec son rôle de mec un peu paumé tombant amoureux d'une femme transsexuelle (Leyna Bloom). Avec Port Authority, il démontre qu'il sait porter un film entier sur ses épaules, déchiré entre trois familles, et devant choisir son destin.

Catrinel Marlon (Les siffleurs)
A 33 ans, avec ses faux-airs d'Angelina Jolie, la comédienne roumaine a crevé l'écran en femme fatale et ambiguë dans Les siffleurs, capable de séduire autant que de tuer. Vue dans les experts, égérie Chopard, elle était déjà venue à cannes pour Tale of Tales. Ex-mannequin, elle parle quatre langues : le roumain, l'italien, l'anglais et le français. De quoi être définitivement amoureux d'elle.

Levan Gelbakhiani (And Then We Danced)
Talentueux, il vit à l'écran ce parcours initiatique d’un danseur désirant son rival. Avec subtilité et panache, il nous transporte dans cette romance gay géorgienne. Danseur de formation, il trouve là son premier rôle au cinéma. Conscient de l'homophobie régnante dans son pays et aux alentours, il espère que le film, Billy Elliot au pays des Soviets, fera évoluer les consciences dans une culture qui rejette l'homosexualité. Le jeune homme a été cité parmi les révélations du Festival de Cannes par le magazine W.

Carol Duarte et Julia Stockler (La vie invisible d'Euridice Gusmao)
Les deux actrices brésiliennes ne se ressemblent pas physiquement mais viennent toutes deux du théâtre et n'avaient jamais porté un film sur leurs épaules. Carol Duarte, 26 ans, de Sao Paulo, en couple avec Aline Klein, trouve ici son premier grand rôle de cinéma en interprétant la sœur cadette, réservée et obstinée du mélo de Karim Aïnouz. Au Brésil, tout le monde la connaît pour son rôle de transsexuel dans la télénovela A Força do Querer, qui lui a valu trois prix d'interprétation. Julia Stockler, 30 ans, incarne la sœur aînée, bannie et combattive. Née à Rio de Janeiro, elle a jouée dans deux séries populaires - Duas Caras et Só Garotas - et une comédie queer, Gaydar. Elle trouve là aussi son premier grand rôle.

Michael Angelo Covino (The Climb)
Réalisateur, co-scénariste, acteur principal de son film, ce multi-talent américain a montré qu'il y a avait toujours ce goût dans le cinéma US pour le psychodrame familial et amical avec un formalisme issu de la comédie italienne, des dialogues "new yorkais" et une influence française (Rohmer, Sautet) séduisante. Après avoir révélé ses talents d'écriture avec Keep in Touch (2015), et de nombreux courts métrages parfois récompensés, il endosse toutes les responsabilités avec brio.

Cannes 2019: les 15 films à ne pas manquer

Posté par redaction, le 30 mai 2019

Voici 15 films projetés au Festival de Cannes que nous vous recommandons fortement. 15 rendez)vous cinématographiques aussi éclectiques qu'incontournables. Certains sont en salles ou s'apprêtent à débarquer dans les cinéma. Pour d'autres, il faudra attendre. En attendant, vous pouvez découvrir les films cannois lors des reprises:
- Un Certain regard: jusqu’au 4 juin, le réseau de salles d’art et d’essai « Ecrans de Paris » – l’Arlequin (6e), l’Escurial (13e), le Majestic Bastille (11e), le Majestic Passy (16e) et le Reflet Médicis (5e)
- La Quinzaine des Réalisateurs: à Paris, au Forum des images, du 30 mai au 9 juin ; à Marseille, le cinéma Alhambra du 28 mai au 9 juin ; à Bruxelles, à la Cinematek, du 1er au 7 juillet.
- La Semaine de la Critique: à la Cinémathèque française, les 10 courts et 10 longs-métrages du 5 au 12 juin.

Douleur et Gloire de Pedro Almodovar (Pathé - 17 mai 2019)
Depuis Volver, Pedro Almodovar n'avait plus conquis unanimement le public et les critiques. Hormis La Piel que Habito, il semblait ne plus pouvoir se renouveler formellement. Avec cette autofiction, le cinéaste espagnol transcende son cinéma pour l'amener vers une épopée de l'intime d'un homme vieillissant tout autant que l'immerger dans un portrait crépusculaire de l'artiste. Antonio Banderas incarne ainsi son mentor, en trouvant là le plus grand rôle de sa carrière. En offrant un cinéma généreux autour d'un récit mélancolique, Almodovar parvient surtout à réconcilier le passé et le présent pour surmonter le noir et tendre vers la lumière.

Parasite de Bong Joon-ho (Les Bookmakers / The Jokers - 5 juin 2019)
Première Palme d'or sud-coréenne, le film de Bong Joon-ho fait écho à la Palme japonaise de l'an dernier, Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda. Tous deux filment une population exclue, survivant dans la misère en captant des miettes de la prospérité libérale. Mais ici, le cinéaste en fait un film de genre, le "Home Invasion", où la redistribution des richesses va finir en carnage. Une lutte des classes intense et violente, où le mépris des uns se mêle aux envies des autres. On en ressort enthousiasmé, jubilant d'avoir vécu un "roller-coster" divertissant et intelligent, imprévisible et irrésistible.

Être vivant et le savoir d'Alain Cavalier (Pathé - 5 juin 2019)
Un écran de cinéma pour conjurer la mort, quelle plus belle idée pourrait-on trouver ? Alain Cavalier rend hommage à son amie Emmanuèle Bernheim à travers des extraits de son journal filmé, des passages de son journal écrit, des réflexions en voix-off et des mises en scène de statues, de pigeons et de courges parfois en décomposition. Il convoque en filigrane le film qu'ils n'auront jamais pu faire ensemble, et sa propre mort, qui flotte sur le film comme une présence familière.

Le Daim de Quentin Dupieux (Diaphana - 19 juin 2019)
Pour son huitième long-métrage, Quentin Dupieux s’intéresse à la folie d’un homme (Jean Dujardin) qui plaque tout et décide sur un coup de tête et un coup de cœur de s’acheter le blouson 100% daim de ses rêves. Sur son passage, il croise la route de Denise (Adèle Haenel), une barmaid aussi barrée que lui. Un quiproquos va les amener à travailler ensemble, sans se douter que l'aliénation n'est pas loin.Ensemble, ils donnent lieu à la comédie existentielle la plus loufoque de l’année.

Give Me Liberty de Kirill Mikhanovsky (Wild Bunch - 24 juillet 2019)
Grâce à un héros complètement dépassé (un jeune conducteur de bus pour personnes handicapées), Kirill Mikhanovsky se lance dans un portrait-charge de l’administration Trump qui ne soutient pas davantage les minorités que les gouvernements précédents. Drôle, touchant et cacophonique, Give Me Liberty est le grand film choral et social dont nous avons besoin.

Bacurau de Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho (SBS distribution - 25 septembre 2019)
C'est un peu le village d'Astérix contre l'Empire suprémaciste et ultra)libéral mondialisé. Le film brésilien est un film de genre où rien n'est vraiment attendu, jusqu'au final digne d'un western à l'ancienne. Dans ce proche avenir aussi terrifiant que glaçant - un monde autoritaire aux élus corrompus -, ce safari où de simples citoyens sont les proies, s'amuse à jouer avec nos nerfs tout en livrant un puissant message d'entraide et de solidarité. Il n'y a pas de banquet à la fin mais c'est tout comme.

Atlantique de Mati Diop (Ad Vitam - 2 octobre 2019)
Avec son premier long métrage, Mati Diop propose un singulier récit de l'exil, raconté du point de vue de ceux qui restent. Mêlant observation sociologique, polar et fantastique, la réalisatrice parvient ainsi à donner un visage et une histoire aux milliers de réfugiés qui reposent dans les fonds sous-marins, sans sépulture et sans oraison funèbre. Ce faisant, elle propose une œuvre puissante et ultra-contemporaine qui interroge frontalement la notion de responsabilité collective.

Alice et le maire de Nicolas Pariser (Bac films - 2 octobre 2019)
Avec son second long-métrage, Nicolas Pariser signe un constat cinglant du paysage politique français actuel : le PS est mort par manque d’ambition. Un constat qui lui est permis par le biais du maire socialiste et fictif de Lyon, en proie à une panne d’idées. Il a besoin d’une philosophe à ses côtés pour se rassurer. Une comédie piquante et actuelle portée avec brio par le duo Fabrice Luchini-Anaïs Demoustier.

Chambre 212 de Christophe Honoré (Memento films - 9 octobre 2019)
Avec une fable presque surréaliste à la Blier et une variation sur le couple pris dans le piège de l'individualité et de l'infidélité, Christophe Honoré réussit son film le plus drôle et le plus juste. L'auteur-metteur en scène-cinéaste continu ainsi d'explorer le désir, l'amour et la fuite à travers une femme qui assume l'évolution de ses plaisirs tout en craignant son propre vieillissement. Sous ses airs de marivaudage, le film est avant tout une illustration inspirée des contradictions humaines dans une société conservatrice et hédoniste.

Papicha de Mounia Meddour (Jour2fête - 9 octobre 2019)
Des étudiantes ont des rêves d'avenir dans l'Algérie des années 90, au moment où des intégristes veulent imposer de nouvelles restrictions par la menace. Sans doute à cause d'un contexte lourd, on est sensible à l'énergie vibrante et féministe de cette bande de filles qui résiste et ne se soumettent pas à faire des concessions contre leur liberté. Au premier plan, on découvre la révélation Lyna Khoudri, épatante.

J’ai perdu mon corps de Jeremy Clapin (Rezo films - 6 novembre 2019)
Une main, séparée de son corps, part à sa recherche. Il règne dans le premier long métrage de Jérémy Clapin une mélancolie profonde, faite de souvenirs et de regrets. Le récit ténu oscille ainsi entre les moments suspendus de nostalgie, les tranches de vie simple d'un personnage en quête d'une place dans le monde, et de véritables scènes d'action initiatiques. On est frappé par la précision et la virtuosité de la mise en scène qui offre tout à tour un souffle épique et une justesse absolue dans le registre de l'intime.

Les misérables de Ladj Ly (Le Pacte - 20 novembre 2019)
Ce n'est pas un énième film sur la banlieue, mais plutôt le tableau d'une société en plein chaos. Si tout le film tend vers un final violent et intense que n'aurait pas renié John Carpenter tant il est suffocant, il s'agit avant tout d'une parfaite représentation d'une France éclatée, où les communautés comme les générations sont incapables de s'écouter et a fortiori de se respecter. Ici, rien n'est binaire. Les Misérables est tout autant humain que désespérant. C'est avant tout épatant, puisque nous nous attachons à chacun des protagonistes, peu importe leur camp.

It must be heaven d'Elia Suleiman (Le Pacte - 4 décembre 2019)
Avec peu de dialogues mais un sens aigüe de l'observation et un génie de la situation, le cinéaste palestinien nous emmène à Paris et à New York pour un état des lieux du monde pas forcément réjouissant. Et pourtant on rit devant ses facéties, sa tête de Droopy impassible, ses petites mésaventures et ce burlesque qui s'invite jamais où on l'attend. Malgré sa légèreté apparente, cet elixir de bonheur, exquis de bout en bout, ne manque pas de profondeur. Manifeste politique, engagé même, la comédie est douce-amère et même festive. Une pépite.

La vie invisible d'Euridice Gusmao de Karim Aïnouz (ARP Sélection - 25 décembre 2019)
Alors que les feuilletons français de début de soirée cartonnent sur le petit écran, rendons aux Brésiliens l'art de la télénovela. Karim Aïnouz la projette sur grand écran avec une belle et grande fresque aussi émouvante que déchirante sur deux sœurs que le destin sépare. Ode à l'émancipation féminine et critique du pouvoir patriarcal, le film traverse une décennie (et un peu plus) pour nous embarquer dans un double récit passionnant. On ressort conquis par les deux actrices et séduit par cette histoire dramatique. Mais loin d'être superficiel et léger, ce mélo est aussi très beau.

And then We Danced (Et puis nous danserons) de Levan Akin (ARP Sélection - date de sortie encore non communiquée)
Dans la lignée de Call Me by Your Name et Moonlight, le film de Levan Akin s’intéresse aux premiers émois amoureux (et sexuels) d’un jeune danseur en quête d’identité. Doublé d’une chronique de la Géorgie toujours aussi peu tolérante - c'est un euphémisme - envers les LGBT, And then We Danced finira sans l’ombre d’un doute au panthéon des films gays.

Cannes 2019: la Palme d’or pour Parasite de Bong Joon-ho

Posté par vincy, le 25 mai 2019

"Les récompenses d'aujourd'hui ne reflèteront que l'opinion de neuf personnes dans le monde" - Alejandro González Iñárritu

C'était impossible en effet de satisfaire tout le monde. la presse a hué le prix pour les Dardenne, modérément apprécié celui pour Emily Beecham. On peut regretter que Almodovar, Sciamma, et surtout Suleiman (qui hérite d'une nouveauté, la mention spéciale, comme si la Palestine n'avait pas vraiment le droit d'exister au Palmarès) soient sous-estimés dans la hiérarchie. Mais on peut aussi se féliciter que deux premiers films de jeunes cinéastes soient primés, contrastant avec la seule grosse erreur du palmarès, le prix de la mise en scène pour les indéboulonnables Dardenne, plutôt que de le donner à Almodovar, Sciamma, Suleiman, Mendonça Filho, Malick ou Tarantino.

Le cinéma français en tout cas repart flamboyant, contrairement à l'année dernière, tandis que le cinéma nord-américain a été snobé. La diversité aussi a été gagnante. Cela fait plaisir de voir une telle variété de cinéastes aux parcours si différents, du Sénégal à la Palestine en passant par le 9-3 et la Corée du sud. C'est réjouissant de voir le cinéma brésilien, que l'actuel de gouvernement menace par des coupes dans le financement, couronné hier à Un certain regard (A lire ici: Tous les prix remis à Cannes) et ce soir par un prix du jury. A travers le double prix du jury pour Les Misérables et Bacurau, présentés le même jour, ce sont ces deux films de résistance et de chaos social et citoyen qui ont été distingués.

Ce fut un grand moment, aussi, de partager le sacre d'un Antonio Banderas, qui a le droit à une ovation pour son plus grand rôle en 40 ans, dédiant sa récompense à son mentor, Pedro Almodovar, qui manque une fois de plus la Palme d'or, mais peut se consoler avec le succès public de son film et les excellentes critiques reçues.

Le jury d'Alejandro González Iñárritu a du faire des choix dans cette sélection "incroyable", avec une mix de "réalisateurs iconiques, des nouvelles voix du monde entier dans différents genres".

Cette diversité des genres, avec des thrillers, des films fantastiques, et souvent un cinéma engagé qui évoque les luttes de classes, a été récompensée. C'est en cela où Parasite, grand film populaire admirablement maîtrisé, parfaite synthèse de ce que le Festival a montré, en insufflant du politique dans le suspens, de l'intelligence dans le divertissement, mérite sa Palme. A l'unanimité. Il pouvait remporter chacun des prix du jury tant le résultat est magistral. Un an après un drame familial social japonais (Une affaire de famille de Kore-eda), c'est un autre drame familial social, mais coréen, qui l'emporte. Comme deux faces d'une même pièce, chacun dans leur style et leur sensibilité.

C'est enfin la première fois que le cinéma sud-coréen remporte la prestigieuse récompense du Festival de Cannes. Il était temps.

Palme d'or: Parasite de Bong Joon-ho (à l'unanimité)

Grand prix du jury: Atlantique de Mati Diop

Prix du jury ex-aequo: Les Misérables de Ladj Ly et Bacurau de Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho

Prix de la mise en scène: Jean-Pierre et Luc Dardenne (Le jeune Ahmed)

Prix d'interprétation masculine: Antonio Banderas (Douleur et gloire)

Prix d'interprétation féminine: Emily Beecham (Little Joe)

Prix du scénario: Céline Sciamma pour Portrait de la jeune fille en feu

Mention spéciale: It Must Be Heaven d'Elia Suleiman

Caméra d'or: Nuestras madres de César Diaz (Prix Sacd à la Semaine de la Critique)

Palme d'or du court-métrage: La distance entre nous et le ciel de Vasilis Kekatos (Queer Palm du court-métrage)
Mention spéciale: Monstre Dieu de Agustina San Martin

[Notre palmarès] Cannes 2019: Pedro Almodovar, Elia Suleiman, ou Bong Joon-ho pour la Palme?

Posté par redaction, le 25 mai 2019

Difficile de deviner ce que le jury cannois décidera pour ce soir. La compétition était d'un très haut niveau. Au point qu'il est difficile de faire notre traditionnel anti-palmarès. Selon nous, seuls trois ou quatre films ne mériteraient pas les honneurs d'être présents ce soir. Pour le reste, on trouve des grandes qualités à chacun. On prédit ainsi un arrachage de cheveux sur le prix de la mise en scène. Tout comme certains films pourraient truster plusieurs catégories.

Quant à la Palme, selon les étoiles de la presse française et étrangère, cela se jouerait entre quatre ou cinq films, avec Douleur et Gloire de Pedro Almodovar et Parasite de Bong Joon-ho en tête des favoris, sans oublier l'excellent It Must be Heaven d'Elia Suleiman qui pourrait créer la surprise.

Au jury - si éclectique dans ses goûts - de savoir quelle tonalité donner à ce palmarès avec une sélection si relevée: engagement politique, vision cinématographique, adhésion à un cinéma populaire intelligent ou au contraire défense d'un cinéma plus radical, loin des conventions. La facilité ou l'audace. Ou un mix des deux. C'est tout le problème des grands années... Il y aura forcément des déceptions. Réponse ce soir, avec sur scène Catherine Deneuve, Sylvester Stallone, Michael Moore, Zhang Ziyi, Valeria Bruni Tedeschi, Gael Garcia Bernal, Reda Kateb et Viggo Mortensen.

MPM

Palme d'or - It Must Be heaven d'Elia Suleiman
Grand Prix du jury - Parasite de Bong Joon-ho
Mise en scène - Terrence Malick (Une vie cachée)
Actrice - Emily Beecham (Little Joe)
Acteur - Leonardo DiCaprio et Brad Pitt (Once Upon a Time in Hollywood)
Scénario - Giordano Gederlini, Ladj Ly, Alexis Manenti pour Les Misérables
Prix du jury - Atlantique de Mati Diop
Caméra d'or : J'ai perdu mon corps de Jeremy Clapin
Palme d'or du court-métrage: L'heure de l'ours d'Agnès Patron

Vincy

Palme d'or - Douleur et gloire de Pedro Almodovar
Grand Prix du jury - Parasite de Bong Joon-ho
Mise en scène - Diao Yinan (Le lac des oies sauvages)
Actrice - Noémie Merlant et Adèle Haenel (Portrait de la jeune fille en feu)
Acteur - Pierfrancesco Favino (Le traître)
Scénario - Elia Suleiman pour It Must Be heaven
Prix du jury ex-aequo - Bacurau de Kleber Mendonça Filho et Julian Dornelles et Une vie cachée de Terrence Malick
Caméra d'or - Les Misérables de Ladj Ly