19 grands noms du cinéma européen se mobilisent pour un cinéaste Ukrainien

Posté par vincy, le 12 juin 2014

oleg sentsov19 réalisateurs, acteurs et producteurs européens ont signé hier, mercredi 11 juin, une lettre adressée au président russe Vladimir Poutine pour s'inquiéter du sort du cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, détenu en Russie et soupçonné de projets terroristes en Crimée. Parmi eux, de nombreux grands noms du cinéma polonais, ce qui n'a rien d'étonnant puisque la Pologne est aux avant-postes géographique, politique et diplomatique dans la crise qui oppose la Russie et l'Ukraine.

"Selon les informations disponibles actuellement, le réalisateur ukrainien Oleg Sentsov a été arrêté par les services secrets russes (FSB) dans sa maison de Simferopol le 11 mai et transporté à Moscou où il est détenu dans l'attente d'un procès", explique la lettre publiée sur le site de l'Académie européenne du film. Agustin et Pedro Almodovar, Stephen Daldry, Mike Downey, Agnieszka Holland, Aki Kaurismäki, Mike Leigh, Ken Loach, Wojciech Marczewski, Rebecca O'Brien, Daniel Olbrychski, Antonio Saura, Volker Schlöndorff, Jerzy Stuhr, Béla Tarr, Bertrand Tavernier, Andrzej Wajda, Wim Wenders et Krzysztof Zanussi se disent "profondément inquiets" et ne peuvent "s'empêcher de se demander comment il va et ce que sera son avenir".

"A la lumière de ces faits, nous vous demandons respectueusement de vous assurer de la sécurité d'Oleg Sentsov, de révéler publiquement où il se trouve, de formuler une accusation précise à l'encontre du détenu ou de le libérer, d'engager une enquête complète, rapide et impartiale sur cette arrestation apparemment arbitraire faite par le FSB, afin que tous les responsables en répondent" expliquent-ils.

Le 30 mai, le FSB avait annoncé son intention d'inculper prochainement Oleg Sentsov et trois autres personnes pour "terrorisme", "organisation d'un groupe terroriste" et "trafic d'armes", qui sont passibles de  20 ans de prison.

Le FSB soupçonne ces quatre personnes d'appartenir à des groupuscules paramilitaires d'extrême droite et de projeter la destructions de lignes à haute-tension, d'un pont ferroviaire et d'un mémorial de la Deuxième guerre mondiale selon l'AFP.

Oleg Sentsov, 37 ans, était une figure du mouvement de la place Maïdan qui a contraint le président ukrainien Viktor Ianoukovitch à quitter le pouvoir. En 2012, Sentsov avait présenté son premier long métrage Gaamer au festival du film de Rotterdam et à celui de Sao Paulo. Le film, sorti en 2011 en Ukraine, raconte l'histoire d'un adolescent obsédé par les jeux vidéos.

Cannes 2014 : qui est Andrei Zvyagintsev ?

Posté par MpM, le 23 mai 2014

andrei zvyagintsev

SOVIET SUPRÊME

L’ascension fulgurante d’Andrei Zvyagintsev est d’autant plus exceptionnelle que le cinéaste russe le plus respecté des années 2000 ne se destinait pas du tout à la réalisation, mais au métier d’acteur. Diplômé de l'institut de théâtre de Novossibirsk dans les années 80, il joue d’abord dans des théâtres provinciaux avant de monter à Moscou au début des années 90, avec l’espoir de faire du cinéma. Pendant presque dix ans, il galère en tant que rôle secondaire, voire figurant, dans des séries télévisées ou des longs métrages. Rien ne semble lui réussir.

C’est alors qu’un de ses amis lui propose de passer derrière la caméra pour réaliser plusieurs épisodes d’une série à succès pour la société de production REN-TV, rôle dans lequel il s’avère tout simplement excellent. Impressionnés par son sens de la mise en scène, les producteurs lui proposent de travailler sur un long métrage. Ce sera Le retour, énorme succès international, qui reçoit à la fois le Lion d’or et le Prix Luigi-De-Laurentis du premier film à la Mostra de Venise 2003.

Le film pose le style de Zvyagintsev : sujet intime, beauté formelle, minimalisme étudié. Un cinéaste est né, adulé dans son pays qui en fait un héros : aucun film russe n’avait gagné la récompense suprême à Venise depuis le temps de l’Union soviétique (Urga de Nikita Mikhalkov en 1991). On imagine la pression ressentie par Andrei Zvyagintsev. Mais l’ancien comédien ne se démonte pas, et enchaîne avec un deuxième long métrage qui lui ouvre les portes de la compétition officielle de Cannes. Le bannissement n’obtient pas la Palme d’or, mais un prix d’interprétation pour l’acteur Konstantin Lavronenko. Cette fois, tout semble réussir à Andrei Zvyagintsev.

Cette histoire de couple et de famille, qui dérive sur les rapports à l’enfance, les enfants eux-mêmes, les amis…, est toutefois moins convaincante que son coup d’essai, malgré une écriture soignée et une grande recherche esthétique. Si on sent l’influence d’Antonioni et de Bergman dans sa manière de concevoir le plan (il cite les deux auteurs parmi ses réalisateurs préférés), il lui manque encore une finesse d’écriture suffisante pour nous faire saisir naturellement les non dits et les motivations inconscientes des personnages.

Peut-être Andrei Zvyagintsev manque-t-il tout simplement d’un sujet qui soit à la hauteur de son sens esthétique. Ce sera le cas d’Elena, présenté à Un Certain regard en 2011, synthèse de la fibre intimiste du cinéaste et de son désir de films plus sociaux. Son personnage principal (magnifique Nadezhda Markina) est confronté à un conflit de loyauté (entre son mari et son fils) qui a tout du dilemme universel. Le fort sentiment d’injustice d’une femme qui incarne une Russie pauvre face à une Russie aisée et indifférente, le contexte de la crise économique, le glissement des valeurs transforment un drame familial feutré en leçon de morale âpre et sombre. La virtuosité de la mise en scène et la maîtrise formelle du cinéaste (qui utilise avec intelligence la musique presque lyrique d’un Philip Glass plus qu’inspiré) apportent la preuve que Le retour ne fut pas un coup de chance. Au passage, le film reçoit un prix spécial du jury et confirme que Zvyagintsev est l'un des cinéastes russes les plus intéressants de ces quinze dernières années.

De retour en compétition officielle avec Léviathan, le réalisateur n’a donc en théorie plus rien à prouver. En revanche, il se verrait sûrement ajouter une Palme à son tableau de chasse.

Bilan 2013 : année noire pour le cinéma en Europe

Posté par vincy, le 18 février 2014

fréquentation des salles en europe

La fréquentation des cinémas en Europe a reculé de 4,1% entre 2012 et 2013. L'Observatoire européen de l'audiovisuel, qui a publié ses premières estimations de l'année passée lors du Festival international de Berlin (les chiffres définitifs seront révélés à Cannes), a constaté que 908 millions de billets ont été vendus en 2013, soit 39 millions de moins qu'en 2012. Il s'agit du deuxième niveau de fréquentation le plus bas dans l'Union européenne (UE) depuis le début du XXIè siècle.

Les pays émergents européens à la fête

La fréquentation n'a augmenté que dans 8 des 26 pays de l'UE dont les données sont disponibles. Ainsi quatre des cinq principaux marchés de l'UE -  Espagne (-15,2 millions ; -16 %), France (-10,8 millions ; -5,3 %), Royaume-Uni (-7 millions ; -4 %) et Allemagne (-5,4 millions ; -4 %) - accusent une forte baisse de fréquentation. L'Espagne a souffert notamment de la forte hausse de la TVA sur les billets de cinéma. La France subit le contre-coup d'une année 2012 record. Seule l'Italie a résisté avec une progression estimée à 6,6 %, soit 106,7 millions de billets vendus, confortant sa 5e position, devant l'Espagne, dans la hiérarchie européenne.

C'est l'Europe de l'Est qui limite la casse :  la Bulgarie (+16,7 %), la Roumanie (+13,8 %) et la Lituanie (+6,8 %) ont connu une croissance largement supérieure à 1 %. Et comme souvent ces dernières années, ce sont les pays hors UE qui ont enregistré une croissance significative. Ainsi la Fédération de Russie est désormais le deuxième plus grand marché européen en termes d'entrées, devant le Royaume-Uni, avec une progression de la fréquentation supérieure à 10,5 %, soit 173,5 millions de billets vendus en 2013. Le marché Russe est juste derrière le marché français, toujours leader.

En Turquie, la fréquentation a augmenté de plus de 14,8 % avec 50,4 millions d'entrées, son niveau le plus haut des dernières décennies. Le pays confirme sa 7e place dans la hiérarchie européenne, loin devant la Pologne et les Pays-Bas.

Seulement 4 pays européens avec des parts de marché de films nationaux supérieures à 30%

La part de marché des films nationaux a augmenté dans 13 pays et diminué dans 10 marchés de l'UE pour lesquels des données sont disponibles. Par ailleurs, la part de marché des films américains a augmenté dans 11 des 13 marchés pour lesquels des données provisoires sont disponibles, passant de 63 % à 68 % en moyenne.

Bien qu'elle ait atteint son plus bas niveau depuis des années, la France reste le marché de l'UE où la part de marché des films nationaux est la plus élevée, avec 33 % du total des entrées (contre 40 % en 2012), suivie par l'Italie (31 %), le Danemark (30 %) et l'Allemagne (26 %). Dans 10 pays, les films nationaux totalisent moins de 10% de parts de marché.

Parmi les pays hors UE, la Turquie reste le premier pays européen en termes de part de marché des films nationaux, les films turcs représentant 58 % du total des entrées en 2013, niveau record au plan national et inégalé par les autres marchés européens au cours des dernières décennies.

fréquentation des cinémas par pays européens

Russie : régime à deux vitesses pour les films exposant « des relations sexuelles non traditionnelles »?

Posté par vincy, le 20 septembre 2013

Manifestation anti homophobieLa Russie est un pays complexe. D'un côté on apprend, avec un certain soulagement, que La vie d'Adèle, Palme d'or, d'Abdellatif Kechiche, devrait sortir "normalement" le 7 novembre prochain dans le pays. L'AFP rapporte les propos du directeur général de Wild Bunch, producteur du film, Brahim Chioua : "La demande de visa, pour un film interdit aux moins de 18 ans, vient d'être déposée et le distributeur attend la réponse. Il est plutôt confiant quant à son obtention". En étant interdit aux moins de 18 ans, le film, qui raconte une histoire d'amour entre deux femmes, avec quelques scènes très explicites, respecte ainsi la nouvelle loi russe qui "vise la protection des mineurs" (lire aussi notre article du 11 août dernier qui précise les contours de cette Loi).

De l'autre côté, la chaîne TV de cinéma Evrokino a reçu un avertissement pour avoir diffusé Les chansons d'amour, de Christophe Honoré, considérant que le film fait la propagande de relation sexuelle non traditionnelle devant mineurs. Le film est l'histoire d'un ménage à trois où la bisexualité est banalisée. D'après le Hollywood Reporter, "c'est la première fois qu'une chaîne russe se voit recevoir un avertissement pour avoir montré des relations entre personnes du même sexe" depuis l'entrée en vigueur fin juin en Russie de cette loi, considérée comme homophobe.

"Je crains que s'il s'obstine à effacer de leurs écrans tout film montrant 'des relations sexuelles non traditionnelles', le régime russe risque de priver sa population de tout un pan de la production cinématographique mondiale", comment Christophe Honoré à l'AFP.

Des acteurs britanniques mobilisés contre la loi anti homosexuels russe

Posté par vincy, le 11 août 2013

tilda swinton russie moscou lgbt gay

Tilda Swinton, Sir Ian McKellen puis Stephen Fry ont alerté, chacun à leur manière, les citoyens et les dirigeants politiques à propos du climat homophobe, et de ses conséquences, qui règne en Russie.

Au départ, il y a une Loi votée en Russie, le 11 juin dernier. cette Loi criminalise la «propagande auprès des mineurs» des «relations sexuelles non traditionnelles». En creux, la Russie bannie toute visibilité des relations sexuelles homosexuelles. Face à une Europe de plus en plus "gay-friendly", le président Vladimir Poutine flatte ainsi une population majoritairement homophobe. Cela a rapidement entraîné une chasse aux homos, avec passages à tabac et autres violences impunies, de la part d'une frange de la population ultra-nationaliste. Des associations ne peuvent plus faire leur travail. Quant aux artistes, même les plus célèbres, ils peuvent vivre leur sexualité, à condition qu'ils la cachent.

Cette atteinte aux libertés fondamentales (orientation sexuelle, liberté d'expression) a entrainé au fil des semaines des réactions, des manifestations (à Anvers hier, à Londres), des pétitions et beaucoup d'émotion sur les réseaux sociaux. Le phénomène prend de l'ampleur : avec l'organisation des Mondiaux d'Athlétisme (en ce moment même) et celle des Jeux Olympiques d'hiver début 2014, la Russie est sous les feux des projecteurs. Selon la Loi, les sportifs homosexuels ne sont pas les bienvenus. Or cette Loi va à l'encontre des valeurs du Comité International Olympique (CIO), bien embarrassé quand on lit les communiqués et déclarations contradictoires de son Président, Jacques Rogge. Des appels au boycott (JO, biens et services russes...) qui circulent attirent des dizaines de milliers de signatures. Désormais ce sont les athlètes qui sont interpellés pour qu'ils soutiennent les droits des homosexuels d'une manière ou d'une autre.

Tout a commencé avec Tilda Swinton, de passage à Moscou, qui a brandit un drapeau arc-en-ciel, symbole des populations LGBT, sur la Place Rouge. La photo, postée par son agent Christian Hodell sur Twitter, était accompagnée d'un message sans équivoque : "En solidarité. Bons baisers de Russie."

Et puis le 6 août, c'est le blogueur et activiste américain Michael Petrelis à l'occasion d'une représentation de No Man's Land, la pièce d'Harold Pinter, au Berkeley Repertory Theatre en Californie, qui a demandé à Sir Ian McKellen, éternel Gandalf et Magneto, d'être pris en photo avec une pancarte indiquant "Solidarité avec les homos russes". Gay lui-même, défenseur actif des droits des homosexuels depuis 25 ans, McKellen a accepté. La photo a été postée sur le blog de Michael Petrelis.

Enfin, le lendemain, Stephen Fry a publié un courrier (la version intégrale suit après l'article) destiné au Premier ministre britannique, David Cameron, au patron du CIO, Rogge, et aux membres de ce même CIO. "Passages à tabac, meurtres et humiliations sont ignorés par la police. Défendre ou discuter sainement de l'homosexualité est contraire à la loi. Dire, par exemple, que Tchaïkovsky était gay et que son oeuvre et sa vie reflètent sa sexualité et ont inspiré d'autres artistes gay serait sanctionné par une peine d'emprisonnement"" écrit-il. Stephen Fry est en colère face à "la banalité du mal" chère à Hannah Arendt qu'il voit dans les yeux des dirigeants russes. Il demande "une interdiction absolue des Jeux olympiques d'hiver 2014 en Russie à Sochi est tout bonnement essentielle." Et propose de les installer ailleurs, "dans l'Utah, à Lillehammer, où vous voulez [certains ont évoqué Vancouver également, ndlr]." Il ajoute qu'il "faut à tout prix que Poutine ne puisse pas avoir l'approbation du monde civilisé."

Faudra-t-il appeler au boycott d'autres manifestations, comme le Festival du film de Moscou?

David Cameron a répondu hier au comédien, par Twitter : "Merci de votre message @stephenfry. Je partage votre profonde inquiétude sur les mauvais traitements dont font l'objet les homos en Russie. Néanmoins, je crois qu'il vaut mieux combattre les préjugés en participant, plutôt que boycotter les Jeux d'hiver."

En France, c'est le néant politique. Aucun artiste, aucun grand élu n'a (ré)agit. C'est d'autant plus désolant que Merkel et Obama se sont émus publiquement de cette Loi. Dans l'Hexagone, les cinéastes continuent de débattre de leur convention collective, de l'insuccès des comédies ou encore de l'exception culturelle, noble en cause en soi. Les comédiens se revendiquent apolitiques. Et un Depardieu sert même d'ambassadeur à la politique de Poutine. Elle est loin cette époque où ces artistes "éclairés" étaient prompts à défendre les grandes causes internationales. Dorénavant, ce sont les Britanniques qui donnent une leçon de démocratie et de liberté.

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Le cinéaste russe Garri Bardine a ouvert le 21e festival Ciné Junior

Posté par MpM, le 1 février 2011

ciné juniorLa 21e édition du festival Ciné Junior du val de Marne s'est ouverte en présence d'un grand maître de l'animation russe, le trop rare Garri Bardine (La nounou, A nous deux), venu présenter son dernier film, Le vilain petit canard.

Un long métrage de 70 minutes qui lui a pris six années de sa vie... "J'ai été moi-même surpris de ma propre patience" a-t-il confié à une salle comble, venue frémir en chœur aux malheurs de ce petit canard jugé trop différent par ses congénères.

Le film, inspiré du conte de Hans Christian Andersen, va au-delà de la simple parabole pour évoquer non sans humour la Russie actuelle mais aussi tous les endroits où le repli sur soi et la peur de ce qui est différent sclérosent les peuples. "Sous les plumes, nous sommes tous pareils", souligne Garri Bardine (notre photo), en référence au final du film qui montre qu'en réalité, tous les habitants de la basse-cour sont de "vilains petits canards" potentiels.

Cet hymne à la tolérance et à la fraternité est représentatif des types de films sélectionnés par Ciné Junior : à la fois facilement compréhensible pour le public le plus jeune et absolument captivant pour leurs aînés, parents ou grands-parents.

Les choix artistiques du réalisateur (notamment l'animation manuelle des quelque 400 marionnettes qui apparaissent dans le film) et sa virtuosité garri bardinetechnique donnent en effet à l'histoire une force dramatique décuplée. Si l'on peut émettre des réserves sur l'aspect "comédie musicale" de l'ensemble (surtout lorsque c'est le vilain petit canard qui chante), l'adéquation entre la musique de Tchaïkovski (le lac des cygnes) et la profonde mélancolie des situations crée une émotion intense. Par contraste, le chant quasi militaire des animaux de basse-cour permet d'alléger le récit en tournant en ridicule ces bons petits soldats du productivisme. Savoureux.

Un film à ne vraiment pas rater... et ça tombe bien puisqu'il est diffusé au moins une fois par jour jusqu'au 6 février dans le cadre du festival. Lui et de nombreux autres, à toutes les heures et dans 16 villes du Val-de-Marne, pour le plus grand plaisir de tous.

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Horaires et informations sur le site internet de la manifestation.

Bilan 2010 – Polanski en tête des films exportés

Posté par vincy, le 24 janvier 2011

Malgré de très belles performances, le cinéma français (qui inclue les coproductions internationales entrées totales dans ce bilan) qui représentent 15% des ) est en recul sur les marchés internationaux. On pourrait se réjouir, malgré tout, que les films "made in France" aient attiré 57,2 millions d'entrées dans le monde (67, 2 millions l'an dernier) et rapporté plus de 330 millions d'euros (20 millions d'euros en moins par rapport à 2009). Cela signifie que près de 130 millions de spectateurs ont vu un film français cette année. Pas si mal, mais encore une fois, la baisse (-17,9% pour les entrées, -6% pour les recettes) est inquiétante. D'autant qu'il y avait quelques poids lourds (Polanski, Besson), des films cités dans différents palmarès locaux, des adaptations de best-sellers internationaux...

Seul rayon de lumière : les films en langue française représentent pour la première fois en dix ans plus de la moitié des entrées (soit 55,2%).

Des marchés dynamiques et des contre-performances

Les films français ont particulièrement été séduisant en Italie (+142%), aux USA pour les films en français (+36%) - même si dans ces deux pays on est loin des niveaux d'antan - en Russie (+42%), en Espagne (+30%), au Royaume Uni (+79%), aux Pays-Bas (+51%) et au Japon (+25%). Gros bémol en Allemagne (-30%) et en Chine (-43%). Aux USA, la chute des films français, toutes langues confondues, est de 45%, ce qui est imputé à l'énorme succès de Taken en 2009.

Géographiquement, l'Europe occidentale reste la locomotive de l'exportation des films français avec 38,9% des entrées, devant l'Amérique du Nord (27,5%), l'Asie (15%), l'Europe Centrale et Orientale (8,1%), l'Amérique Latine (6,3%), l'Océanie (2,2%) et l'Afrique (2%). Côté pays, les USA demeure toujours le marché leader avec 13,07 millions d'entrées, devant l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, le Japon, la Russie, le Royaume Uni, la Chine et la Belgique.

Polanski, Besson, Perrin affichent de bons chiffres partout dans le monde

3 leaders incontestables ont dominé les entrées en salles à l'international. The Ghost-Writer (6,57 millions d'entrées dans 27 pays), Luc Besson (6,56 millions d'entrées pour From Paris With Love et 3,19 millions d'entrées pour Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec) et le documentaire Océans (6,52 millions d'entrées dans seulement 14 territoires).

Loin derrière, on peut souligner les succès de certains films très différents : Le concert (1,8 million), Solomon Kane (1,7 million), Le Petit Nicolas (1,2 million et un total sur deux ans de 2 millions), le documentaire Bébés (1,1 million), Arthur et la vengeance de Malthazard, Un prophète (qui a fait autant en France que dans le monde avec 1,1 million de spectateurs internationaux sur deux ans), L'immortel, Le Hérisson, L'Arnacoeur (750 000 entrées dans le monde), Micmacs à tire-larigot, Des hommes et des Dieux (600 000 entrées dans le monde).

Elle s'appelait Sarah bat un record aux Pays-Bas

On remarque aussi la belle continuité du Ruban Blanc (917 000 entrées, soit 1,46 million de spectateurs en dehors de la France depuis sa Palme d'or). Et surtout la belle performance d'Elle s'appelait Sarah avec 487 000 entrées sur 3 territoires, dont 425 000 fans rien qu'aux Pays-Bas, soit un record historique puisque le film a battu le premier Astérix et Amélie Poulain. Au pays des tulipes, Tatiana de Rosnay, auteure du livre homonyme, est l'écrivain étrangère la plus vendue en librairie.

On peut aussi se féliciter des 420 000 entrées pour Gainsbourg (vie héroïque), des 282 000 entrées pour Copie conforme et du bon débit de la carrière internationale de Potiche avec déjà 320 000 entrées dans 6 pays.

Créer un star-système pérenne et persévérer dans la diversification de l'offre

Le cinéma français est le cinéma européen qui s'exporte le mieux, devant le cinéma espagnol, si l'on excepte le cinéma britannique, souvent aidé par les studios américains. Mais pour conserver sa place, il doit persévérer dans cet équilibre entre productions internationales en langue anglaise et films d'auteurs destinés aux grands festivals. Il est intéressant de voir que la littérature est devenue un vecteur de succès : un best-seller (L'élégance du Hérisson, Elle s'appelait Sarah, Le petit Nicolas) transforme souvent l'essai au cinéma.

Alors qu'Unifrance, l'organisme chargé de la promotion du cinéma français dans le monde, va changer de Président, les enjeux et défis ne manquent pas dans un monde cinéphile en mutation : le cinéma français doit moins dépendre des gros marchés occidentaux et continuer d'offrir un panel varié alliant du thriller à l'animation en passant par la comédie romantique, tout en continuant à miser sur ses vedettes internationales ou son patrimoine universel.

Bilan 2010 – Croissance à deux chiffres pour les B.O. Chinois et Russes

Posté par vincy, le 13 janvier 2011

Voilà deux puissances émergentes dans la planète cinéma. La Chine a franchit le cap des 10 milliards de Yuan (1 milliard d'euros) de recettes en 2010, grâce à des films nationaux très performants, soit 60% de croissance par 2009. Les autorités chinoises espèrent doubler les recettes en 2012.

Parmi les clés du succès, les triomphes des 24 films étrangers autorisés qui représentent 1/3 du B.O. total, avec en tête Avatar (50% de part de marché parmi les films étrangers, 15% tous films confondus), Inception et Harry Potter 7, qui ont tous dépassé les 50 millions de $..

Les films chinois s'en sortent aussi très bien, avec en tête Let the Bullets Fly, If You are the One 2, Sacrifice (le nouveau Chen Kaige) et surtout Aftershock (100 millions de $, plus gros succès de l'année pour un film chinois, mais deux fois moins qu'Avatar). La Chine a décidé de poursuivre son soutien à l'industrie cinématographique en investissant lourdement sur des productions à gros budgets et surtout, exportables.

Du côté du voisin russe, la progression du B.O. n'est "que" de 43%. Mais avec un Box office total de 804 millions d'euros, il s'agit d'un record historique. La Russie passe ainsi devant l'Australie et se classe sixième mondialement. Là encore Avatar, mais aussi les films en 3D, ont déclenché la dynamique. En revanche, le désinvestissement public dans le cinéma a porté atteinte aux productions nationales dont la part de marché chute de 24% en 2009 à 15% en 2009.

Avatar a quand même rapporté 117 millions de $ (soit environ 10% du B.O. total), devant Shrek 4 (52 millions de $) et Alice au pays des merveilles (43 millions de $).

Retour sur Cabourg : les talents de demain

Posté par kristofy, le 18 juin 2010

La 24ème édition du festival de Cabourg vient de récompenser films et comédiens les plus romantiques de l’année (Christophe Lambert, Marina Hands, Eric Elmosnino, L’arnacoeur…)  tout en présentant une large sélection de films en avant-première. Mais Cabourg est aussi un festival qui veut soutenir les jeunes talents cinématographiques.

Mehdi Dehbi & Alice de Lencquesaing Le Prix du Premier Rendez-vous récompense ainsi  la première apparition dans un film d’un acteur et d’une actrice, pour distinguer un(e) débutant(e) et l’encourager à continuer dans ce métier. Cette année, c’est Mehdi Dehbi qui a été choisi pour son rôle de jeune travesti musulman qui séduit Antoine De Caunes dans La folle histoire d’amour de Simon Eskenazy réalisé par Jean-Jacques Zilbermann. Pour l’actrice, il s’agit de Alice de Lencquesaing (notre photo, avec Mehdi Dehbi) qui a été remarquée dans le film de Mia Hansen-Love Le père de mes enfants (elle figurait déjà au générique de quelques autres films).

Regards sur le court métrage

Les courts-métrages étaient également à l'honneur de ces "journées romantiques" : ceux de l’ADAMI,  qui valorisent 22 comédiens (parmi lesquels Julien Sitbon, jeune premier dont on reparlera), ont été montrés à Cabourg après avoir été dévoilés à Cannes.Une douzaine d'autres étaient en compétition.

Parmi ceux-ci ont été très applaudis Quator de Jérôme Bonnell, où Marc Citti joue de tous les instruments possibles pour servir d’alibi à son ami qui trompe sa femme dans une autre pièce, Le naufragé de Guillaume Blanc où un cycliste au vélo crevé rencontre un inconnu particulièrement envahissant, Julie et ses jules de Fanny Jean-Noel où une jeune femme dresse la liste de ses amants dans des décors de carton-pâte… Ou encore Deux de Nicolas Anthomé, avec les retrouvailles houleuses d’un couple qui n’en est plus un, soutenu par la présence à Cabourg de son duo d’acteurs Caroline Ducey et de Xavier Beauvois (primé à Cannes en tant que réalisateur pour Des hommes et des dieux).

Le jury présidé par Maria de Medeiros (avec notamment Julie Ferrier et Serge Rezvani) ne s’est pas trompé en distinguant comme Maria de Medeiros et Amal Katebmeilleur acteur Joseph Malerba pour Le cygne de Emma Perret et comme meilleure actrice Yelle pour Une pute et un poussin de Clément Michel. Quant au Swan d’or du meilleur court-métrage,  attribué à On ne mourra pas de la réalisatrice Amal Kateb (notre photo, avec Maria de Medeiros), il montre qu’en Algérie boire une bouteille de vin et même s’aimer peut être dangereux. Une histoire de résistance qui a remporté l’ensemble des suffrages.

De la Russie... à Paris

Enfin, à l’Est il y a du nouveau aussi, avec la découverte de Court-circuit qui réunit 5 courts-métrages russes sur le thème "un homme et une femme", avec surtout Urgent repair du réalisateur Piotr Bouslov, où un cordonnier fantasme sur une inconnue en réparant ses chaussures.

Et pour continuer de se convaincre qu’un court peut être parfois bien meilleur qu’un long-métrage, les festivaliers ont pu assister à une séance spéciale (après celle de Cannes) du Petit tailleur de Louis Garrel qui réussit ici ce que son père avait raté avec La frontière de l’aube : pendant une quarantaine de minutes dans un Paris idéalisé en noir et blanc qui sublime Léa Seydoux, on est les témoins de tribulations sentimentales tour à tour tragiques et cocasses.

Cabourg se fait donc le porte-parole des réalisateurs et comédiens de demain, en leur donnant une chance d'être  découvert par le grand public et reconnu par leurs pairs. Car quoi de plus romantique que de regarder fleurir les jeunes talents ?

Crédit photo : Christophe Maulavé

Regards de Russie : une semaine pour découvrir le cinéma russe contemporain

Posté par MpM, le 23 octobre 2009

Regards de RussiePour la 7e année consécutive, la Russie fait son cinéma à Paris le temps d’une semaine riche en événements et rencontres.

Du 28 octobre au 3 novembre 2009, on pourra ainsi découvrir une dizaine de longs métrages inédits parmi lesquels Le tsar de Pavel Lounguine, Le miracle d’Alexandre Prochkine (prix spécial du jury au dernier Festival international du film de Moscou) et Oxygène de Ivan Vyrypaev.

Sans oublier, en ouverture, Les Zazous de Valeri Todorovski, véritable star de l’Académie du cinéma "Nika" qui l’a couvert de prix en 2008 : "meilleur film", "meilleur son", "meilleur décor" et "meilleurs costumes".

L’occasion également de rencontrer les équipes de films présentes et de s’offrir un bon aperçu d’une cinématographie qui a encore trop de mal à s’imposer sur nos écrans.
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Regards de Russie
Du 28 octobre au 03 novembre 2009
Cinéma L’Arlequin (75006)
Renseignements : 01 45 44 28 80
www.lesecransdeparis.fr