Bilan 2015: un box office français toujours leader en Europe, sauvé par les films américains

Posté par vincy, le 23 janvier 2016

-1,4% d'entrées en salles en 2015. La fréquentation des cinémas reste toujours à un niveau très haut en France avec 206,06 millions de billets vendus, selon les chiffres publiés par le Centre national du cinéma (CNC). C'est même assez exceptionnel après une année 2014 qui était la deuxième meilleure année depuis 1967. La France reste donc, de loin, le plus gros marché européen.

Les salles de cinéma peuvent dire merci à Star Wars qui a littéralement boosté l'année.

Gros bémol cependant, la part de marché des films français a nettement baissé en 2015 avec 35,2% des entrées, contre 44,4% en 2014 (certes année exceptionnelle grâce à Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu?, Supercondriaque et Lucy, tous au dessus des 5 millions de spectateurs).

Par conséquent, les films américains se taillent la part du lion avec 112,24 millions d'entrées, leur plus haut niveau depuis 1958 (112,90 millions) et une part de marché de 54,5%, (contre 45,4% en 2014).

8 films du Top 10 made in USA

Côté box office, les Américains règnent en maître également avec 8 films dans le Top 10 dont trois au dessus des 5 millions d'entrées (Star Wars épisode VII, Les Minions et Jurassic World. Sur les 23 films au dessus des 2 millions de spectateurs, 17 sont américains. Kev Adams est le seul à résister à l'envahisseur avec ses deux films dans le Top 10: Les aventures d'Aladin (4,42 millions d'entrées) et Les Profs 2 (3,49 millions d'entrées).

La comédie française reste le genre préféré

La comédie française reste le genre le plus populaire puisque, outre les Kev Adams, les plus gros succès français (hors Taken 3) sont Papa ou maman, Pourquoi j'ai pas mangé mon père et Babysitting 2. Cela n'a pas empêché certains films d'auteurs d'attirer beaucoup de spectateurs, au point d'être très rentables tels Les souvenirs, Marguerite, La loi du marché, L'hermine, Lolo, Mon roi, La tête haute ou même Mustang.

A l'inverse, le cinéma français a connu de gros fiascos comme Chic!, Les Gorilles, En mai fais ce qu'il te plaît, Nos femmes, Premiers crus et Entre amis (qui ont en commun d'avoir tous coûté plus de 8 millions d'euros).

Une animation au top

Notons la belle performance de l'animation aussi avec 10 films au dessus du million de spectateurs (et soyons indulgent 11 avec Shaun le mouton qui a arrêté son compteur à 997000 spectateurs).

Les suites, reboots et autre spin-off ont également cartonné avec 22 films parmi les 44 millionnaires (Vice-Versa est le plus gros succès avec un scénario original).

5 succès ni américains ni français

Du côté des "films d'ailleurs" (hors coproductions anglo-américaines), peu de surprises. On pourrait compter Le dernier loup, surtout chinois, mais avec le label Annaud et ses 1,28 million d'entrées. Mais il y a eu quelques belles réussites comme l'allemand Maya l'abeille (1 million d'entrées), le britannique Shaun le mouton, le belge Le Tout nouveau testament (816 000 spectateurs) et l'iranien Taxi Téhéran (575 000 spectateurs).

Universal, Disney et la Fox sur le podium

Enfin, du côté des distributeurs, comme aux Etats-Unis, Universal Pictures domine le marché avec 14,8% des entrées (23 films dont 4 dans le Top 10, 28 millions d'entrées), devant Walt Disney avec 13% des entrées (13 films dont 3 dans le Top 10, 24,5 millions d'entrées) et la 20th Century Fox avec 9,5% des entrées (21 films dont 2 dans le Top 20, 17,9 millions d'entrées). Warner Bros est 4e (2 films dans le Top 20).

Côté français, Mars Distribution est leader, et 5e distributeur de l'année, avec 6,9% des entrées (24 films dont La famille Bélier sorti fin 2014). Pathé, 6e, a pu compter sur les succès d'Aladin, de Papa ou maman et de Pourquoi j'ai pas mangé mon père. SND (Divergente 2) et UGC (Les Profs 2) sont les deux autres distributeurs nationaux à se classer dans le Top 10, aux côtés des studios américains (Paramount, 7e, Sony, 8e, sauvé grâce à 007 Spectre qui a fait quasiment la moitié de ses entrées annuelles). Notons que Métropolitan (Hunger Games 4), Europacorp (Taken 3, Bis), Gaumont (Belle et Sébastien 2, Connasse princesse des coeurs), Studiocanal (Imitation Game), Wild Bunch (Une heure de tranquillité), Memento (Marguerite) et La Belle Company (Maya l'abeille) ont tous eu un film millionnaire cette année.

Du cinéma « hors-pistes » au Centre Pompidou ce week-end

Posté par vincy, le 22 janvier 2016

Durant le week-end du 22 janvier, les cinémas du centre Pompidou accueillent le cycle "Hors Pistes Productions". 13 films singuliers, courts et moyens métrages, produits ou co-produits par le festival Hors Pistes qui abordera pour sa 11e édition (22 avril-8 mai) l'art de la révolte.

Au programme ce vendredi 22 janvier : Les images parfaites de Béatrice Plumet et deux films de Gaëlle Boucand, JJA et Changement de décor, portrait d'un octogénaire exilé en Suisse et très solitaire. Samedi 23 janvier, seront diffusés Les lecteurs, Le jour du retour et La cartographie du voyage, films de Fabrice Reymond et François Nouguies, puis Spectographies de Dorothée Smith, road-movie sous forme de docu-fiction, et Spectacle sans objet de Louise Gevé et Chloé Maillet. Enfin, dimanche 24 janvier Agnès de Cayeux présentera Une jeune femme vue du ciel, avec et Maëlla-Mickaëlle M. comme actrice, qui elle accompagnera son premier film, Et si le monde. Joachim Olender avec sa vidéo postée sur Youtube sur le carnage d'Utoya, Gurwann Tran Van Gie avec Expérience septentrionale, étrange film sur des séances d'hypnose telluriques et Joao Vieira Torres avec Il me souvient complètent cette fin de festival. Olender et Torres sont notamment passés par Le Fresnoy.

Toujours fidèle à sa matière première — l’image en mouvement — "Hors Pistes" se veut le miroir d’une création en train de s’inventer.

Les nominations du Prix Jacques-Prévert 2016

Posté par cynthia, le 22 janvier 2016

© lux roux

La 8 ème édition du Prix Jacques Prévert du scénario, organisé par la Guilde française des scénaristes, aura lieu le 4 février prochain dans l'atmosphère de l'hôtel du Nord.

Deux catégories seront récompensées lors de cette soirée:

Meilleur scénario original dont les nommés sont Adama écrit par Julien Lilti ey Simon Rouby, Avril et le monde truqué écrit par Franck Ekinci et Benjamin Legran, Comme un avion écrit par Bruno Podalydès, La Loi du marché écrit par Stéphane Brizé et Olivier Gorce, La Tête haute écrit par Emmanuelle Bercot et Marcia Romano, et Trois souvenirs de ma jeunesse écrit par Arnaud Desplechin et Julie Peyr.

Meilleure adaptation dont les nommés sont Asphalte écrit par Samuel Benchetrit et Gabor Rassov, Fatima écrit par Philippe Faucon et L’affaire SK1 écrit par Frédéric Tellier et David Oelhoffen.

Le jury sera présidé par Eric Toledano et Olivier Nakache, scénariste et réalisateur de Samba et Intouchables.

Welcome, Les beaux gosses, Tomboy, Le chat du rabbin, Le Passé, Quai d'Orsay, Party Girl et Une nouvelle amie ont été les lauréats des quatre éditions précédentes.

Andrew Haigh et Chris Urch s’unissent pour un biopic sur Alexander McQueen

Posté par vincy, le 22 janvier 2016

Alors que 45 ans sort sur les écrans français mercredi prochain (et vaut à Charlotte Rampling sa première nomination aux Oscars, un an après son prix d'interprétation à Berlin), Andrew Haigh (Week-end) a annoncé qu'il réaliserait un film sur le styliste britannique Alexander McQueen.

Selon Deadline, le scénario de Lee sera écrit par Chris Urch (jeune auteur de 28 ans à qui l'on doit les pièces à succès Land of our Fathers et The Rolling Stone au théâtre). Il s'agit d'une adaptation libre de la biographie inédite en France, Blood Beneath The Skin, d’Andrew Wilson. Le scénariste s'aidera aussi de documents rassemblés lors de ses recherches.

Génie de la mode, Alexander McQueen, né Lee McQueen en mars 1969, est mort, pendu, le 11 février 2010, la veille des obsèques de sa mère, décédée une semaine avant. Surnommé "l'enfant terrible" dans son milieu, provocateur (parfois un peu gore, souvent baroque) et inventif, sa vie est digne d'un scénario hollywoodien avec son ascension et sa fin tragique. Il a commencé à travailler à 16 ans et lance sa première collection à à l'âge de 23 ans. En 1996, il remplace John Galliano chez Givenchy. et finalement, crée sa propre maison de couture (qui s'est déclinée en boutiques). Il a notamment conçu la robe de mariée de Kate Winslet en 1999. Le cinéma avait une forte influence sur ses créations.

Ouvertement homosexuel depuis l'âge de 6 ans, il s'est uni en 2000 à son compagnon, le documentariste George Forsyth. Il a aussi collaboré avec de nombreux artistes comme David Bowie, Rihana, Nicole Kidman, Pénélipe Kruz, Sarah Jessica Parker, Lady Gaga, Björk, ou Céline Dion mais aussi le Prince Charles. Pour le reste, il luttait contre son addiction à différentes drogues et contre une dépression de plus en plus profonde. Cela ne l'avait pas empêché de dessiner une dernière collection pour la Fashion Week de Paris, qui organise un défilé posthume un mois après son décès.

Le fantôme de l’Opéra va hanter le théâtre Mogador cet automne

Posté par cynthia, le 21 janvier 2016

Comédie musicale à succès, Le fantôme de l'Opéra sera au théâtre du Mogador à partir d'octobre 2016, succédant ainsi aux versions françaises de classiques comme Le Roi Lion (d'après le film), Cabaret (comme le film), Mamma Mia (qui donna un film), Sister Act (qui s'inspira du film), Le Bal des Vampires (transposition du film éponyme par son metteur en scène Roman Polanski) ou actuellement Cats (aucun lien avec le cinéma pour le coup).

Vu par plus de 140 millions de spectateurs, ce qui en fait le 2e spectacle musical le plus vu dans le monde, Le Fantôme de l'opéra, adaptation du roman de Gaston Leroux (Le mystère de la chambre jaune et Le parfum de la dame en noir, qui furent adaptés) arrive pour la première fois sur le sol Français avec une toute une nouvelle production.

Roman publié en 1910 d'après des rumeurs sur l'Opéra Garnier, il est devenu un des livres les plus vendus mais surtout l'un des plus déclinés dans le monde: bandes dessinées, comédies musicales ou encore adaptations cinématographiques, dont celle de Brian de Palma, Phantom of the Paradise, en 1974 et la version cinématographique de la comédie musicale réalisée par Joel Schumacher en 2004. Cinq autres films ont été réalisés à partir de cette histoire faustienne, dont celui de Terence Fisher pour la Hammer en 1962 et celui de Dario Argento en 1998.

Le Fantôme de l'Opéra n'est plus une histoire à présenter. La comédie musicale d'Andrew Lloyd Webber souffle son 30ème anniversaire cette année. Pour l'occasion, le théâtre Mogador ouvrira en octobre 2016 ses portes au fantôme le plus mystérieux du show-biz. Mais la billetterie sera ouverte dès le 14 février.

Edito: un début d’année particulier

Posté par redaction, le 21 janvier 2016

Voyons le verre à moitié plein: la fréquentation des salles ne se porte pas si mal. Malgré le froid soudain, malgré les tendances de fond qui favorisent quelques grosses sorties au détriment de nouveautés de qualité, le public répond présent.

Le cinéma reste un de ces grands divertissements populaires. Une sortie "réelle" qui continue de plaire. Pourtant, il y en a d'autres loisirs, d'autres manières de se divertir.

Et puis on voit aussi un peu le verre à moitié vide. A observer les vagues d'émotions, virtuelles et virales, qui suivent chacun des décès depuis le début de l'année, on voit bien qu'un vide se créé: celui d'un cinéma qui disparaît, qui se désincarne à force de ne plus être représenté. Galabru, Bowie, Scola... et tant d'autres que nous avons tant aimés, en littérature comme en musique.

Mais s'ils suscitent tant de "RIP", s'ils sont en TT sur Twitter, s'ils font ressurgir des extraits de films ou des citations, de belles photos ou de jolis souvenirs, c'est bien que le cinéma est un art qui se partage, qui se transmet, qui ne meurt jamais. Et d'ailleurs l'offre de films du patrimoine n'a jamais été aussi accessible.

Alors, remplissons le verre, acceptons l'ivresse et revoyons Le juge et l'assassin, Furyo, ou tous les Scola. Pas de regrets, juste de la nostalgie.

La guerre des multiplexes dans les Yvelines

Posté par vincy, le 20 janvier 2016

A l'Ouest, il y a du nouveau. Il y a même un risque de saturation dans les Yvelines côté multiplexes. Jusque là, les habitants de Trappes, Maurepas, Elancourt et Coignères, soit environ 80000 habitants, devaient se rendre à Versailles, dans le vieux Cyrano (qui va être complètement relifté) ou, plus proche, à Saint-Quentin en Yvelines, dans l'immense UGC Ciné Cité SQY Ouest, 7e cinéma de France par sa fréquentation avec 1 225 000 spectateurs en 2015.

Ils auront bientôt le choix entre deux nouveaux multiplexes. Le groupe C2L a été autorisé à créer un multiplexe à Coignières, avec 10 salles et 1230 fauteuils. Le cinéma se situera dans un nouveau quartier commercial et vise 350000 entrées annuelles à partir de 2017, date prévue de son ouverture. Le second est un multiplexe de 8 salles (mais 1700 fauteuils) géré par le réseau Ciné-Movida et serait implanté à Maurepas, à quelques kilomètres de distance. Le cinéma sera situé dans la zone "Village des Loisirs", au sein d'une immense zone commerciale et espère ouvrir d'ici la fin de l'année.

Le groupe C2L, dirigé par Marie-Laure Couderc, dispose de 60 écrans en France avec des cinémas dans des villes moyennes comme Roubaix, Tourcoing, Saint-Germain-en-Laye, Provins, Armentières, Poissy, Cambrai, Sartrouville et Mulhouse. Récemment, le réseau a acquis ceux de Conflans-Saint-Honorine, Vaucresson, Gif-sur-Yvette et Rambouillet (le Vox, situé à 15 kilomètres de Coignières).

Ciné-Movida possède 7 cinémas - L'épée de bois à Paris et sinon à Saint-Lô, Cholet, Frontignan, Sète et deux à Perpignan. Le groupe vient de fermer le Star à Cannes mais sera l'exploitant du futur complexe art-et-essai des Batignolles à Paris.

Une fois ces deux multiplexes ouverts, la région sera très bien équipée. Trop? Avec le Cyrano qui deviendra un CGR de 1400 fauteuils dans le centre de Versailles, un nouvel UGC à Versailles nord-Parly 2 (1700 fauteuils), le nouveau mastodonte UGC Ciné-Cité de Vélizy 2 fin 2017 (18 salles, 3800 fauteuils), qui remplacera l'actuel complexe un peu désuet du centre commercial, le sud des Yvelines risque la saturation. En tout cas, le cinéma qui l'aura mauvaise est bien celui d'Elancourt, à équidistance des futurs complexes de Maurepas et Coignières à l'ouest et de Saint-Quentin-en-Yvelines à l'est. Avec ses 3 salles en centre-ville, le Ciné 7, qui accueille environ 100 000 spectateurs par an, risque de ne pas résister à cette concurrence.

Ettore Scola (1931-2016), nous l’avons tant aimé

Posté par vincy, le 19 janvier 2016

Ettore Scola, né le 10 mai 1931 à Trevico, est mort le 19 janvier 2016 à l'âge de 84 ans. Gilles Jacob a twitté très vite: "La classe/l'élégance morale et vestimentaire/l'intelligence/le charme, l'accent délicieux/l'œil de velours/l'humour railleur." Voilà pour la personnalité.

Il avait commencé sa carrière dans une revue humoristique, en tant que dessinateur, comme Federico Fellini avant de devenir scénariste, notamment pour Dino Risi et l'acteur Toto. De là son humour, son goût du grotesque.

Le cinéaste fait ses premières armes avec Parlons femmes (Se permettete parliamo di donne) en 1964. Entre tragédie et comédie, il affine son style de fin observateur de la classe moyenne italienne. Avec Drame de la jalousie qui vaut un prix d'interprétation à Cannes à Marcello Mastroianni en 1970, il entre dans la cour des grands.

Quatre ans plus tard, Nous nous sommes tant aimés vaste fresque de la société italienne après la Seconde Guerre mondiale, est un succès international. De la satire à la comédie, du registre plus intime au drame historique, Scola aura touché à différents genres, soulignant l'hypocrisie humaine et la désillusion d'un monde meilleur. Il se moque ainsi ouvertement des élites ou des petits bourgeois. Notons parmi ses grands films, Une journée particulière, avec Sophia Loren et Marcello Mastroianni, histoire d'une brève rencontre entre deux voisins exclus du modèle fasciste, une femme au foyer, la Sophia, et un intellectuel homosexuel, il Marcello, alors que Mussolini accueille Hitler en 1938. La femme, cet éternel mystère qui hante tous ses films... Il y avait quelque chose de Claude Sautet dans son cinéma. Mais le cinéma d'Ettore Scola était plus convaincu, plus politique, avec un regard tendre sur les petites gens, mais aussi une absence de complaisance vis-à-vis de ses personnages, qui ne cesse de regretter leurs actes manqués.

40 films en une quarantaine d'années

Son style est ainsi celui d'un réaliste, issu de l'école De Sica, empreint de dérision et de psychologie à la manière d'un Woody Allen, où Rome remplacerait New York. L'ironie se mélange à la mélancolie, la farce à la désillusion. Toujours il s'interroge sur la place du peuple dans l'Histoire et des sociétés souvent oppressantes, à différentes époques, et différents âges de la vie. L'affrontement du temps et les tourments de chacun l'ont conduit à essayer différents genres, comme dans Le Bal qui retrace l'Histoire de France des années 30 aux années 70 à travers des couples et des genres musicaux, du jazz au disco. Ou comme ce documentaire présenté à Venise en 2013, Comme il est étrange de s'appeler Federico : Scola raconte Fellini. Il avait annoncé qu'il ne tournerait plus en 2011, ne se sentant plus appartenir au cinéma contemporain et encore moins à l'industrie telle qu'elle avait évolué.

Depuis 2000, il avait réalisé seulement 2 films, Concurrence déloyale, avec Gérard Depardieu, et Gente di Roma, film quasiment expérimental dans sa narration, avec une promenade dans la capitale italienne durant une journée, où l'on croise notamment Nanni Moretti. Dans tous ses films, la famille est au coeur du récit. Une famille recomposée, élargie, au sens globale du terme: un couple vivant l'amour impossible ou les habitants de sa ville, une communauté dans un bidonville ou les aristocrates français, le peuple de gauche ou les employés du cinéma Splendor. Tous ont des regrets. Car c'est là l'ADN de ses comédies dramatiques, de ces drôles de drames: le regret, émouvant plus que larmoyant, touchant davantage que bouleversant. Ce n'est pas pour rien que Nous nous sommes tant aimés, titre de son film le plus emblématique, pourrait s'accoler à chacune de ses oeuvres.

Cannes, Berlin, les César...

Fondateur du Festival du cinéma de Bari, il est aussi l'un des réalisateurs italiens les plus récompensés du monde. A Cannes, où il avait été président du jury en 1988, il a reçu le Prix de la mise en scène pour Affreux, sales et méchants et le Prix du scénario et des dialogues pour La Terrasse. En France, il reçoit plusieurs César: ceux du meilleur film étranger pour Nous nous sommes tant aimés et Une journée particulière, celui du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Le Bal. A Berlin, il est honoré d'un Ours d'argent du meilleur réalisateur pour Le Bal. Sans oublier quelques prix David di Donatello (les César italiens): meilleur film pour Le Bal et La famille, meilleur réalisateur pour Une journée particulière, Le Bal et La famille, meilleur scénario pour La nuit de Varennes et La Famille.

"J’ai sûrement fait des tas de choses horribles au cours de ma vie ! Mais le plus affreux, c’est probablement de n’avoir pas su faire de meilleurs films" disait-il il y a quelques années. Curieux et optimiste, vivant par l'esprit avec ses amis disparus, Ettore Scola, ce caricaturiste méconnu, était le dernier cinéaste italien à avoir été proche des monstres De Sica et Fellini, Gassman et Mastroianni. Tout en jouant sa propre petite musique. N'oublions pas qu'il clamait que le métier de réalisateur était "un travail de menteur"...

Vesoul 2016 : Im Sang-soo, Eran Riklis et Patrice Leconte célèbrent tous les cinémas asiatiques

Posté par MpM, le 19 janvier 2016

On ne présente plus le Festival des Cinémas d'Asie de Vesoul (FICA pour les habitués) qui proposera du 3 au 10 février prochain sa 22e édition, plus que jamais placée sous le signe de la découverte et de l'éclectisme.

Cette année, c'est le réalisateur coréen Im Sang-Soo (The housemaid, L'ivresse de l'argent, Le vieux jardin...) qui est l'invité d'honneur de la manifestation. Il sera notamment présent pour recevoir un Cyclo d'or d'honneur et présider le jury international, aux côtés de la réalisatrice et actrice Mania Akbari (Iran), de la productrice et réalisatrice indonésienne Nan Achnas et du réalisateur Euthana Mukdasanit (Thaïlande). Un hommage sera également rendu au cinéaste israélien Eran Riklis à qui une rétrospective est consacrée.

Outre les deux compétitions, qui réunissent 17 longs métrages venus du Banglasdesh, de Myanmar ou encore du Kazakhstan, l'édition 2016 consacre un focus au cinéma thaïlandais de 1940 aux années 2000 ainsi qu'une rétrospective "Corée : littérature et cinéma (1949 - 2015)" dans le cadre de l'année France-Corée. La traditionnelle section thématique confrontera quant à elle les points de vue de cinéastes occidentaux et orientaux sur les rapports Orient/Occident, en présence notamment du réalisateur Patrice Leconte pour son film tourné au Cambodge, Dogora, ouvrons les yeux.

Enfin, comme tous les ans, le festival sera agrémenté de soirées festives, rencontres, débats, tables rondes et séances spéciales pour faire vivre aux festivaliers une semaine 100% cinéma asiatique.


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22e Festival des Cinémas d'Asie de Vesoul
Du 3 au 10 février 2016
Informations pratiques sur le site de la manifestation

Le cinéma Utopia de Toulouse menacé

Posté par vincy, le 19 janvier 2016

Ce n'est ni la première fois, ni la dernière hélas, que nous annonçons la menace d'une fermeture de salle de cinéma art-et-essai. Mais celle-ci est emblématique. L'Utopia, un réseau de salles indépendantes art-et-essai, voit ses fondations vaciller à force de devoir s'adapter à son époque (normes de sécurité, d'accessibilité, loyers en hausse dans les centre-ville, concurrence des multiplexes...).

43 ans que ce réseau existe avec 7 millions de spectateurs cumulés. Avignon, base historique, Toulouse, Montpellier, Paris (l'ancien Quartier latin), Saint-Ouen, Bordeaux...

Mais voilà, celui de Toulouse est menacé, 22 ans après son ouverture. C'était l'un des cinémas les plus rentables de France, localisé dans une superbe salle appartenant à la paroisse Saint-Jérôme. Car, selon La Dépêche du midi, la paroisse souhaiterait augmenter le loyer. Comme pour le Star à Cannes. On passe d'une somme correcte pour un équipement culturel en centre-ville à une somme astronomique que seule un groupe international de vente de fringues, ou une marque de cosmétique, ou même un opérateur de téléphonie mobile peut se payer: 150 000 euros! Trois fois le loyer actuel.

Mais pire que ça, la paroisse déjà pas très charitable, demande au cinéma de respecter des critères moraux dans sa programmation. On imagine que des films comme La vie d'Adèle ou Bang Gang ou Carol ne sont pas forcément du goût des propriétaires...

Un déménagement comme solution idéale?

L'Utopia va se défendre avec un avocat, mais l'exemple récent de La Pagode à Paris incite à la prudence. Le réseau a cherché à acheter une ancienne salle de la ville rose, en vain. Mais quel intérêt de fragiliser un réseau qui soutient des films parfois difficiles et qui parvient à séduire 500000 spectateurs (si on inclut celui de Tournefeuille dans la banlieue ouest de la métropole)?

Dans La dépêche du midi, Anne-Marie Faucon, cofondatrice du réseau, explique sa vision des choses et semble se résigner: "Nous avons une grosse équipe, lourde à gérer, et nous sommes confrontés à la nécessité de nous mettre aux normes handicapés dans des locaux qui sont déjà inadaptés. Des travaux que l'on estime entre 400 000 et 500 000 euros". Aussi créer un nouveau lieu plus confortable et aux normes pourrait libérer le réseau de cette tutelle chrétienne encombrante: "On se demande si ce ne serait pas mieux ainsi, confirme-t-elle. Si on gardait le même système d'exploitation, on perdrait une soixantaine de places avec les nouvelles normes, ça fait beaucoup, même si nous nous en tirons bien en termes de spectateurs. Il faudrait en outre condamner l'entrée de gauche pour un ascenseur. Est-ce qu'il ne faut pas dans ces conditions envisager un nouvel outil ?" s'interroge-t-elle.

Si la voie de l'indépendance est celle qui sera choisie, il faudra se décider avant la fin de l'année 2016.

L'Utopia Toulouse comporte trois salles (avec une jauge de 441 places) et a reçu le Trophée de la salle art-et-essai du Film Français en 2001.