Premières images de Docteur Strange avec Benedict Cumberwatch et de Planetarium avec Natalie Portman

Posté par cynthia, le 5 janvier 2016

benedict cumberbatch docteur strange

Cette semaine le magazine américain Entertainment Weekly a révélé les premières images de la prochaine production des studios Marvel, Docteur Strange. C'est un classe, badass et limite sexy Benedict Cumberbatch qui joue de ses mains dans le célèbre costume du super-héro.

Si le très attendu Captain America Civil War est la figure de proue de l'année pour le studio, il ne faut pas oublier que Docteur Strange sort également sur nos écrans en 2016. Le tournage a déjà commencé au Népal et les premières images de Benedict Cumberbatch dans le costume du héros sont convaincantes. Le film a aussi recruté Chiwetel Ejiofor, Rachel McAdams, Tilda Swinston et Mads Mikkelsen.

Docteur Strange suit l'histoire d'un neurochirurgien qui, a la suite d'un accident, découvre le monde caché de la magie noire et des dimensions alternatives. Sortie en Octobre 2016...

natalie portman planetariumNatalie Portman vient d'achever le tournage du film Planetarium aux côtés de Lily-Rose Depp. L'actrice oscarisée pour Black Swan en 2011 et qui sera bientôt à l'affiche de Jane Got a Gun, vient tout juste de terminer le tournage en France du nouveau film de Rebecca Zlotowski (Grand Central, Belle Épine).

Elle y incarne le rôle de Laura, adepte de spiritisme qui, accompagnée de sa petite sœur, fait la connaissance d'un producteur français controversé. 22 ans après Leon de Luc Besson, Natalie Portman revient montrer son talent d'actrice face à une caméra française. On espère voir le film au prochain Festival de Cannes.

Amy Berg: « Janis Joplin est devenue autant un symbole féministe qu’une légende musicale. »

Posté par kristofy, le 5 janvier 2016

Janis, documentaire d'Amy Berg, est le portrait de l’une des artistes les plus impressionnantes et une des plus mythiques chanteuses de rock et de blues du XXe siècle. Mais elle était bien plus que cela : au-delà de son personnage de rock-star, de sa voix extraordinaire et de la légende, c'était une femme sensible, vulnérable et puissante. Le documentaire est l’histoire d’une vie courte, mouvementée et passionnante qui changea la musique.

Ecran Noir : Une des premières question du film à Janis Joplin est ‘pourquoi est-ce que tu chantes’, de la même façon pourquoi ce documentaire à propos de Janis Joplin ?
Amy Berg : En fait, je voulais faire ce documentaire depuis longtemps, depuis 8 ans environ. Je pense que Janis Joplin est l’une des femmes les plus inspirantes de notre temps. Je me sens profondément connectée à sa musique, elle chante d’une façon très particulière qui semble unique. J’ai toujours pensé que l’histoire de sa vie et des ses luttes serait un film très intéressant à faire au regard de la Femme d’aujourd’hui. Il y a aussi cette sorte de mythologie du ’club des 27’ avec ces musiciens morts à 27 ans comme Jim Morrison, Jimi Hendrix, Kurt Cobain, Amy Winehouse… Je crois qu'il y a un héritage différent selon les chanteurs ou chanteuses. On se souvient de ces chanteurs davantage pour leur talents de musiciens, pour leur groupe, pour ce qu’ils ont apporté de nouveaux ou de différents à la musique. Pour ces chanteuses je crois qu’on a d'abord en tête la cause de leur mort par overdose dans une chambre. Une autre raison de faire ce film était justement de ne pas relier Janis Joplin à l’usage de drogue. Janis a eu des expériences très fortes avec le fait d’être sur scène, avec le fait d’être célèbre et d’avoir des fans. Janis a eu beaucoup d’expériences heureuses dans sa vie autant en amour qu'en musique, et il faut que ça soit tout ça dont les gens doivent se souvenir.

EN : On découvre les débuts de Janis qui va s’imposer comme la leader de son groupe de musique composé d’hommes…
Amy Berg : Janis a voulu évoluer aussi vite que possible dans l’industrie musicale, qui est un univers dominé par les hommes et qui l’était encore plus durant les années 60. Très vite Janis a su attirer et captiver un public qui venait que pour elle, de fait les autres musiciens se sont retrouvés relégués à un second plan : le groupe disparaissait presque derrière ses performances à elle. Janis chantait avec son cœur de telle manière qu’il n’y ait plus de barrière entre elle et le public, il y avait presque communion. Elle est devenue quasiment la première femme star du rock.

EN : Le film semble progresser à la façon de chapitres rythmés par la lecture d’extraits de lettres de Janis Joplin, d’où viennent ces lettres ?
Amy Berg : Janis avaient écrit beaucoup de lettres à sa famille, surtout aux débuts de sa carrière. En préparant ce film j’ai pu voir ces lettres, Janis y raconte beaucoup de choses sur elle-même que personne ne savait. C’était important pour moi de montrer qu’elle avait aussi une personnalité douce et vulnérable en dehors de la scène, alors qu’elle s’impose puissante sur scène. J’ai retenu en particulier de ses lettres le rapport de Janis avec la célébrité. J’ai demandé à la chanteuse Cat Power de lire des extraits de lettres en voix-off, la tonalité de sa voix à elle correspondait la vulnérabilité des écrits de Janis. Les lettres qu’elle a écrites à ses copais Peter puis David ont d’ailleurs une part importante dans le montage. Elle avait rencontré Peter lors de son premier voyage à San Francisco, il était devenu son fournisseur de drogue puis il y a eu leur projet de mariage, mais il n’est jamais venu à la cérémonie. Ce genre d’évènement qui fait un cœur brisé a aussi fait de Janis une chanteuse de blues, sa vie personnelle est liée sa vie de chanteuse. Il y a en particulier l’histoire de ce télégramme de David qu’elle n’a pas reçu et qui je crois aurait pu éviter sa mort prématurée.

EN : Pourquoi avoir choisi de réaliser ce film avec la forme d’un documentaire plutôt qu’une fiction façon biopic ?
Amy Berg : La problématique du documentaire est de se baser sur des archives, quelle qu’en soit la qualité ou la quantité, d’ailleurs pour une certaine partie de l’histoire à raconter c’était un challenge car on n’avait pas de représentation visuelle de ces moments. Par exemple la rupture qu’on vient d’évoquer entre Janis et Peter, il n'y a que une seule image de lui que j’utilise d’ailleurs à un deuxième moment. J’ai contacté la fille de ce Peter qui m’a dit qu’elle n’avait pas plus d'images à cause d’un incendie. On doit faire face à ce genre de chose, à un certain manque de ressources pour raconter un moment de l’histoire en y étant tout de même le plus fidèle possible. Quand on fait un biopic il est bien entendu possible de tout recréer avec des décors et des acteurs. La chose impossible avec un biopic c’est de remplacer la vraie Janis par quelqu’un d’autre, une actrice aurait pu l’imiter un peu mais pas sa voix et ça n’aurait pas du tout été la Janis Joplin. Il y a par exemple ce projet de film sur Nina Simone et c’est pareil : il fallait montrer des images de la vraie chanteuse et pas une actrice (ndr : What Happened, Miss Simone? au festival de Berlin 2015, visible sur Netflix). Janis Joplin était une telle nature et une telle voix unique qu’il était impossible pour moi d’envisager une actrice.

EN : En quoi la vie de Janis des années 60 est-elle exemplaire pour le spectateur d’aujourd’hui ?
Amy Berg : Il y a eu des comparaisons entre mon film et le documentaire sur Amy Winehouse (ndr : Amy au festival de Cannes 2015, en salles le 8 juillet dernier, favori pour l'Oscar du meilleur documentaire) parce qu’il s’agit de deux femmes chanteuses très populaires et mortes à peu près de la même façon au même âge. C’est très différent pour Amy Winehouse qui a eu un rapport terrible avec la célébrité, elle détestait la façon d’être traquée par les médias, et elle a foiré plein de concerts. Pour Janis Joplin c’est très différent, elle aimait vraiment chanter en concert, la scène c’était communiquer avec ses fans, elle appréciait les choses bénéfiques de la célébrité. Janis c’était une tout autre génération où ce qui était souhaitable pour une femme à cette époque était par exemple de devenir une institutrice, une femme au foyer, fonder une famille, mais pas du tout chanteuse. En fait la célébrité et devenir une star était un moyen de faire accepter ce choix de vie dans la musique. A l’époque de Janis la célébrité était presque une nécessité, comme pour obtenir confirmation de son talent. A notre époque une célébrité surexposée comme Amy c’est plutôt un fardeau. Depuis les années 60 c’est Janis Joplin qui a planté un drapeau dans le monde de la musique pour les femmes. Elle a ouvert la porte pour d’autres chanteuses fortes et indépendantes qui allaient arriver après : Pink, Courtney Love, Linda Perry, Juliette Lewis, Amy Winehouse, Lana Del Rey… Janis Joplin est devenue autant un symbole féministe qu’une légende musicale.

Trois souvenirs de ma jeunesse et Mustang en tête des nominations des Prix Lumières 2016

Posté par vincy, le 4 janvier 2016

La 21e cérémonie des prix Lumières, les prix de la presse étrangère, aura lieu le 8 février prochain. En attendant, les nominations viennent de tomber. Peu de surprise, même si les catégories meilleur film et meilleur réalisateur ne coïncident pas vraiment. On regrettera quelques gros absents comme Le grand jeu ou Fatima, tous deux primés par le Delluc, des snobés comme Je suis un soldat ou L'affaire SK1. on peut aussi s'étonner de la présence dans 5 catégories de La belle saison ou se réjouir de la belle performance des premiers films dans différentes catégories. On est ravis de croiser Bébé tigre, Vincent n'a pas d'écailles, Les bêtises, Ni le ciel ni la terre, Trois souvenirs de ma jeunesse, ... Le Desplechin et Mustang dominent avec 6 nominations.

MEILLEUR FILM

La belle saison, de Catherine Corsini
Dheepan, de Jacques Audiard
L’hermine, de Christian Vincent
Marguerite, de Xavier Giannoli
Mustang, de Deniz Gamze Ergüven
Trois souvenirs de ma jeunesse, de Arnaud Desplechin

MEILLEUR REALISATEUR
Jacques Audiard (Dheepan)
Catherine Corsini (La belle saison)
Arnaud Desplechin (Trois souvenirs de ma jeunesse)
Philippe Garrel (L’ombre des femmes)
Xavier Giannoli (Marguerite)
Maïwenn (Mon roi)

ACTRICE
Emmanuelle Bercot (Mon roi)
Clotilde Courau (L’ombre des femmes)
Catherine Frot (Marguerite)
Izïa Higelin (La belle saison)
Isabelle Huppert (Valley of Love)
Elsa Zylberstein (Un + une)

ACTEUR
Gérard Depardieu (Valley of Love)
André Dussollier (21 nuits avec Pattie)
Vincent Lindon (La loi du marché et Journal d’une femme de chambre)
Fabrice Luchini (L’hermine)
Vincent Macaigne (Les deux amis)
Jérémie Renier (Ni le ciel ni la terre)

REVELATION FEMININE
Golshifteh Farahani (Les deux amis)
Sara Giraudeau (Les bêtises)
Baya Medhaffar (À peine j’ouvre les yeux)
Lou Roy-Lecollinet (Trois souvenirs de ma jeunesse)
Sophie Verbeeck (À trois on y va)
Günes? Nezihe S?ensoy, Dog?a Zeynep Dog?us?lu, Elit Is?can, Tug?ba Sungurog?lu et Ilayda Akdog?an (Mustang)

REVELATION MASCULINE
Stany Coppet (La vie pure)
Quentin Dolmaire (Trois souvenirs de ma jeunesse)
Alban Lenoir (Un Français)
Félix Moati (À trois on y va)
Harmandeep Palminder (Bébé tigre)
Rod Paradot (La tête haute)

PRIX HEIKE HURST DU PREMIER FILM
Bébé tigre, de Cyprien Vial
Les deux amis, de Louis Garrel
Mustang, de Deniz Gamze Ergüven
Ni le ciel ni la terre, de Clément Cogitore
La vie pure, de Jérémy Banster
Vincent n’a pas d’écailles, de Thomas Salvador

FILM FRANCOPHONE
À peine j’ouvre les yeux, de Leyla Bouzid (Tunisie, Belgique, France)
L’année prochaine, de Vania Leturcq (Belgique, France)
Much Loved, de Nabil Ayouch (France, Maroc)
Les Terrasses, de Merzak Allouache (France, Algérie)
Le tout nouveau testament, de Jaco van Dormael (France, Belgique, Luxembourg)
La vanité, de Lionel Baier (Suisse, France)

IMAGE
David Chizallet (Mustang, Les Anarchistes, Je suis un soldat)
Matias Boucard (L'affaire SK1)
Irina Lubtchansky (Trois souvenirs de ma jeunesse)
Claire Mathon (Le dernier coup de marteau, Mon roi et Les deux amis)
Arnaud Potier (Les Cowboys)
Sylvain Verdet (Ni le ciel ni la terre)

SCENARIO
Catherine Corsini et Laurette Polmanss (La belle saison)
Arnaud Desplechin et Julie Peyr (Trois souvenirs de ma jeunesse)
Philippe Faucon (Fatima)
Deniz Gamze Ergüven et Alice Winocour (Mustang)
Xavier Giannoli (Marguerite)
Arnaud et Jean-Marie Larrieu (21 nuits avec Pattie)

MUSIQUE
Bruno Coulais (Journal d’une femme de chambre)
Warren Ellis (Mustang)
Grégoire Hetzel (La belle saison et Trois souvenirs de ma jeunesse)
Mike Lévy, alias Gesaffelstein (Maryland)
Béatrice Thiriet (L’astragale)
Jean-Claude Vannier (Microbe et Gasoil)

DOCUMENTAIRE
Le bouton de nacre, de Patricio Guzmán
Demain, de Cyril Dion et Mélanie Laurent
Human, de Yann Arthus-Bertrand
Sud Eau Nord Déplacer, de Antoine Boutet
L’image manquante, de Rithy Pan
Nous venons en amis, de Hubert Sauper

Michel Galabru, monstre des planches et géant des écrans, est mort (1924-2016)

Posté par vincy, le 4 janvier 2016

A 93 ans, Michel Galabru a eu la plus douce des morts: dans son sommeil. Il a tourné 250 films et téléfilms, de 1948 à aujourd'hui. Une oeuvre prolifique, qui n' a pas toujours été à la hauteur de son talent. Il tournait pour l'argent, par paresse, ne cherchait jamais à dessiner un plan de carrière. "Je suis resté sans travail pendant huit mois. On attend que le téléphone sonne comme les putes! C'est une mort lente. Je tourne en ce moment pour le cinéma mais ça fait six ans que je n'avais rien" expliquait-il en 2007. A cette époque, conscient de sa carrière erratique, il avait rendu "hommage" à "tous les mauvais textes" qui lui avaient permis "de vivre". "J'ai eu quand même quelques beaux textes au cinéma, parmi beaucoup de navets, pour manger et échapper au fisc". Il était difficile de ne pas l'aimer tant il était généreux et tendre, timide aussi. Même ses colères semblaient être feintes. Dernier gendarme de Saint-Tropez, dernier membre de la Cage aux folles, voilà une époque qui disparaît.

Comedia dell'arte

Pour beaucoup de spectateurs, Galabru c'est avant tout un comédien populaire. De ceux qui font rire dans des navets ou des films cultes, souvent en seconds-rôles. A commencer par la série des "Gendarme" avec Louis de Funès en irrésistible adjudant Gerber. Mais on le voit aussi dans La guerre des boutons d'Yves Robert, Tartarin de Tarascon de Francis Blanche, La cuisine au beurre de Gilles Grangier, Le petit baigneur de Roger Dhéry, Jo de Jean Girault, Elle cause plus... elle flingue de Michel Audiard ou encore chez Claude Zidi, Jean-Pierre Mocky, Georges Lautner (souvent en souffre-douleur de Belmondo), Philippe Clair, Pierre Tchernia... Le grand public, il l'a fait rire que ce soit dans La cage aux folles ou L'avare, Les sous-doués ou Le guignolo, Papy fait de la résistance ou Astérix et Obélix contre César, Bienvenue chez les Ch'tis ou Le Petit Nicolas. Il avait cette grosse voix, son accent du sud quand il le voulait, ce physique bonhomme et imposant, loin d'un corps de jeune premier. Et puis ce jeu, ample, imposant, charismatique. Il suffisait d'aller le voir au théâtre pour comprendre dès son entrée qu'il était le roi, celui qui focalise l'attention, d'un geste, d'une parole.

Après une enfance au Maroc puis dans les environs de Montpellier, rêvant de football, viré de sept écoles, avant d'être enrôlé par le STO dans un camp de travail pendant la guerre, il entre au Conservatoire national d'art dramatique où il obtient le premier prix. Il est engagé à la Comédie Française en 1950 et y restera sept ans. La scène restera sa grande passion. Il créa même une école, véritable pépinière de talents.

Le choix du drame

Cependant il ne faudrait pas réduire Galabru à ses rôles de farceurs, de maladroits, de bras cassé ou de con malgré lui. Car le cinéma n'a pas été avare avec lui en grands rôles. Il a même eu quelques belles aventures dramatiques, tournant avec Luigi Comencini, Denys Granier-Deferre, André Cayatte...  En 1974, Costa Gavras lui fait incarner un magistrat dans Section spéciale. Et deux ans plus tard, Bertrand Tavernier lui offre son plus grand rôle, celui d'un sergent qui assassine sa fiancée dans Le juge et l'assassin. Complètement habité, au bord de la folie. Il reçoit le César du meilleur acteur pour cette prestation qui le révèle sous un autre jour. Il ne s'arrêtera pas là, même s'il a du attendre pour qu'on lui propose d'autres personnages plus noirs. Commissaire dans Le choix des armes d'Alain Corneau, infirme dans L'été meurtrier de Jean Becker, de nouveau commissaire dans Subway de Luc Besson... il devient progressivement, avec l'âge, un de ces monstres sacrés, cultes, qu'on peut engager pour une comédie de sous zone, une grande production (La révolution française de Robert Enrico) ou un polar. Il faisait du Galabru, à l'instar d'un Simon ou d'un Jouvet. Capable d'aller chez Godard en amiral dans Soigne ta droite, et, la même année d'accepter le désastreux Poule et frites de Luis Rego. Génial aussi car il lui suffisait d'une scène bien dialoguée pour voler la vedette à tout un film (on se rappelle sa description des misères du nord de la France dans les Ch'tis).

A partir des années 1990, préférant les planches, il se fait rare sur les plateaux. Claude Berri en fait le roi du marché noir dans Uranus, film sur l'Occupation. Bertrand Blier l'engage comme client d'Anouk Grinberg, prostituée, dans Mon homme (et lui fera jouer son rôle dans Les acteurs), Fernando Trueba le choisit pour Belle époque tandis qu'Arthur Joffé en fait un Dieu dans Que la lumière soit. Flic, juge, Dieu ou pape, il était souvent notable, pas forcément sympathique, ne faisait qu'un petit tour dans un film, accolant son nom prestigieux à un générique. Récemment, on l'a surtout remarqué dans Un poison violent de Katell Quillévéré et il sera à l'affiche de L'Origine de la violence d'Elie Chouraqui, son dernier film.

Bourgeois gentilhomme ou boulanger provençal

Galabru tourna aussi des courts métrages, fit des doublages de voix (La prophétie des grenouilles, Le manège enchanté, Hôtel Transylvanie 2) et fut au casting de nombreux téléfilms et sitcoms (Scènes de ménage; Bref, Nos chers voisins). Côté scène, ce fut évidemment l'un des grands interprètes de Molière et de Pagnol. Mais pas seulement: Pirandello, Feydeau, Shakespeare, Labiche, Courteline, Goldoni, Simon, Giraudoux, Ionesco, Anouilh, Dubillard, .... ou même Daniel Colas grâce à qui il reçu un Molière du meilleure acteur pour "Les chaussettes opus 124" en 2008. on venait voir Galabru pour lui plus que pour le texte, si bien clamé, toujours. Car sa diction était parfaite. Au point d'enregistrer de nombreux livres audios. Il a écrit aussi plusieurs livres, notamment sur ses "maîtres", Marcel Pagnol et Sacha Guitry, mais aussi sur le rire. Cet amoureux du silence, il va pouvoir en profiter lui qui narguait la mort ainsi: "Tout le monde a peur de la mort, et pourtant tout le monde meurt. Ca ne doit pas être si difficile que ça de mourir parce que finalement tout le monde y arrive, et avec beaucoup plus de simplicité qu'on ne se l'imaginait." En ajoutant: "La mort ne tient pas toujours compte de l'âge, alors il faut être prêt!". Il aura quand même donné 65 ans de son existence à son art: jouer. Jusqu'au dernier souffle.

Le chef opérateur Vilmos Zsigmond éteint la lumière (1930-2016)

Posté par vincy, le 4 janvier 2016

Vilmos Zsigmond

Né en Hongrie le 16 juin 1930, le chef opérateur Vilmos Zsigmond est décédé le 1er janvier 2016 à l'âge de 85 ans. Il fut oscarisé pour son travail sur Rencontres du Troisième Type de Steven Spielberg et trois fois nommé pour la statuette (Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino, La Rivière de Mark Rydell et Le Dahlia noir de Brian de Palma). Pour lui, le cinéma était un art et devait le rester.

Durant près de cinq décennies, son immense talent a servi quelques uns des plus grands cinéastes américains et contribua à des films cultes voire exceptionnels: Robert Altman (John McCabe, Le privé), John Boorman (Délivrance), Jerry Schatzberg (L'épouvantail, Vol à la tire), Steven Spielberg (Sugarland Express), Brian de Palma (Obsession, Blow Out, Le bûcher des vanités), Martin Scorsese (La dernière Valse), Mark Rydell (The Rose), Michael Cimino (Les Portes du Paradis), George Miller (Les sorcières d'Eastwick), Jack Nicholson (The Two Jakes), Rochard Donner (Maverick), Sean Penn (Crossing Guard) ou Woody Allen (Melinda et Melinda, Le rêve de Cassandre, Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu).

Travail de l'image

Autant dire qu'aucun de ses films ne se ressemblait vraiment. Considéré comme l'un des dix plus grands chefs opérateurs de son époque, il savait manier les contrastes, éclairer les visages, renforcer l'intrigue par son immense talent. Son point de vue, selon lui, devait uniquement servir le scénario. Capable de désaturer une image pour la rendre mélancolique ou au contraire, d'exacerber les couleurs pour renforcer les antagonismes, il n'a cessé de se renouveler au fil des ans, en s'adaptant aux styles des cinéastes qui l'enrôlaient. Il a aussi abondamment utilisé la technique du « flashage » qui donne un aspect laiteux à l'image, réduisant les contrastes. "Sur The Black Dahlia, de Brian de Palma, on a filmé en pellicule, et ensuite on a fait la post-production en numérique. Ce qui m'a permis d'atténuer la couleur et de donner une impression de noir et blanc, J'aime le numérique pour « manipuler » le film : la couleur avec moins de couleur ! J'aime le noir et blanc, quand les ombres s'accentuent" prenait-il comme exemple pour démontrer l'évolution de son métier tout en conservant ses principes et sa vision artistiques.

"Je pense qu'un film ce sont des images. Le cinéma a besoin de bonnes images. Je pense que si vous n'avez pas de bonnes images, vous n'aurez pas un bon film. Tout film devrait être réellement visuel" expliquait-il.

L'image du travail

Ayant fuit la Hongrie juste après l'invasion russe en 1956, il avait commencé par des films à petits budgets jusqu'à sa rencontre avec Robert Altman. En collaborant ensuite sur les premiers films de Spielberg et De Palma, il était devenu très rapidement l'un de ceux qui comptaient dans la profession. Avec Spielberg, il ne s'est jamais vraiment senti à sa place. Il confia plus tard qu'il était, durant le tournage de Rencontres du Troisième type, sur un siège éjectable en permanence. Il a éprouvé en revanche de plus grandes satisfactions avec Michael Cimino et Mark Rydell, assez fier de l'aspect documentaire de The Rose ou de ses collaborations avec Michael Cimino, même si le tournage ruineux et compliqué des Portes du Paradis a empêché les deux hommes de se retrouver sur un plateau de cinéma. Il se souvient aussi du tournage heureux de The Sugarland Express, avec Spielberg: "On ne parlait pas de millions, il y avait de la joie dans le travail. Un petit budget mais de grandes stars ! Puis les choses ont commencé à changer avec Star Wars, ou encore avec Rencontres du troisième type de Spielberg."

C'était sans doute là son génie: capable de mettre en lumière un film noir, une comédie, un polar ou un drame avec des ambiances froides ou glamour, un style réaliste ou hollywoodien. Du documentaire à la télévision, il a également exploré d'autres formats, réalisant même un film, The Long Shadow, avec Liv Ullmann et Michael York (1992).

La National Society of Film Critics récompense Spotlight, Carol et Timbuktu

Posté par vincy, le 3 janvier 2016

Pas de favoris du côté de la National Society of Film Critics. Mais un bon indicateur en pleine période "électorale" des Oscars. Spotlight et Carol se disputent toujours les meilleures places. Charlotte Rampling dans un film anglais et Kristen Stewart dans un film français prennent l'ascendant côté actrices. Même si Timbuktu a déjà été nommé aux Oscars en février dernier, il remporte un prix supplémentaire en bout de course, avec le prix du meilleur film en langue étrangère.

Spotlight a gagné le prix du meilleur film et celui du meilleur scénario tandis que Carol a décroché ceux du meilleur réalisateur (pour Todd Haynes) et de la meilleure photo. Mark Rylance (dans Le pont des espions) et Kristen Stewart (dans Sils Maria, d'Olivier Assayas) ont été distingués dans la catégorie meilleurs seconds-rôles masculin/féminin. Michael B. Jordan (dans Creed) et Charlotte Rampling (dans 45 Years) ont été récompensés dans la catégorie meilleur acteur/actrice.

Jean-Louis Trintignant et Isabelle Huppert retrouvent Michael Haneke à Calais

Posté par vincy, le 2 janvier 2016

Après Christopher Nolan à Dunkerque, c'est Michael Haneke qui débarque quelques dizaines de kilomètres plus à l'ouest, à Calais. Le cinéaste autrichien va y tourner Happy End, au printemps prochain. Il retrouve pour l'occasion Jean-Louis Trintignant (Amour) et Isabelle Huppert (La Pianiste) pour un récit autour des migrants. C'est la quatrième fois qu'Huppert tourne avec le cinéaste autrichien.

Après des repérages cet automne dans la région, Michael Haneke a présenté fin novembre son projet au comité de lecture de Pictanovo, l'organisme de soutien aux productions audiovisuelles de la région, qui a décidé de verser une aide de 150 000 euros environ.

"C'est un film d'Haneke, donc forcément sur la famille, on retrouve son univers avec des personnages excessifs", a rapporté la représentante de l'agence, qui précise que la thématique migratoire "n'est pas le sujet du film", même si elle est "évoquée, intégrée dans la problématique du film".

En octobre, Michael Haneke avait signé avec 5 500 autres professionnels du cinéma un appel à l'Europe pour qu'elle respecte "ses devoirs" en matière d'accueil des réfugiés, dans le cadre de l'opération "For a 1.000 lives: Be Human".

En juin, le réalisateur, double Palme d'or pour Le ruban blanc et Amour, avait abandonné son projet Flashmob, où devait également jouer Isabelle Huppert.

6 films que l’on a hâte de voir en 2016

Posté par vincy, le 1 janvier 2016

Midnight Special de Jeff Nichols - MPM

"Le film que j’attends le plus en 2016 ? C’est un film dont je n’ai pas encore entendu parler, dont je n’attends rien, et que je reconnaîtrai le cœur battant en le voyant, parce qu’il me bousculera et me donnera la sensation que le cinéma a encore tout à dire et à inventer. S’il faut absolument citer un titre, ça pourrait être Midnight special de Jeff Nichols, parce qu’il a les capacités pour provoquer ce genre d’émotions."

Batman v Superman de Zach Snyder - Wyzman

"S'il y a bien un film que l'on est en droit d'attendre avec impatience, c'est sans conteste Batman v Superman : L'Aube de la Justice. Le film le plus cher de toute l'histoire réunira en effet les deux plus grands héros de bande dessinée qui soient, ou du moins mes préférés. Réalisé par Zack Snyder (le papa de 300 et Watchmen), ce Batman v Superman devrait être son Réveil de la Force… Ou ne sera pas !"

Carol de Todd Haynes - Cynthia

"Le cru 2016 semble alléchant et devant ces mets cinématographiques qui donnent l'eau à la bouche, mon choix s'est porté sur Carol de Todd Haynes. Comment ne pas être impatient face à un film qui met en scène l'iconique Cate Blanchett et l'étoile montante Rooney Mara et sa légèreté qui lui est propre dans des tenues sublimes des années 50. Ajoutons à cela une histoire d'amour qui fait triompher la différence dans un monde cruellement fermé d'esprit et cela donne un cocktail sulfureux que j'ai hâte de dévorer au cinéma en 2016."

The Neon Demon de Nicolas Winding Refn - Kristofy

"Nicolas Winding Refn a su imposer sa marque (NWR) et son style (l'art est un acte de violence). Après Drive, Only God Forgives et Bronson et la reconnaissance de ses pairs dans le circuit des festivals même si l’adhésion du public n’est pas toujours au rendez-vous, on attend vraiment The Neon Demon avec Elle Fanning, Keanu Reeves, Christina Hendricks, Jena Malone : une jeune mannequin qui sera l'objet de désirs d’autres femmes prêtes à tout pour 'prendre' sa beauté et sa vitalité... Comment sera racontée ce genre d'histoire dans le Los Angeles d'aujourd'hui avec le goût de Nicolas Winding Refn pour une sophistication très graphique ? The Neon Demon sera aussi son premier film où des femmes seront les personnages principaux. Grosse attente pour cette année 2016, avec une présence probable au prochain Festival de Cannes..."

Jodorowsky's Dune d'Alejandro Jodorowsky - Geoffroy

"Puisqu'il est si difficile de ne citer qu'un seul film pour nommer le plus attendu de l'année 2016, celui qui m'inspire le plus, en dehors des quelques événements ciné incontournables, est un film qui ne s'est jamais fait. Ce paradoxe, non rédhibitoire, est l'occasion de visionner sous la forme documentaire la préparation de l'adaptation avortée du roman Dune de Frank Herbert par le réalisateur Chilien Alejandro Jodorowsky. Jodorowsky's Dune relate, bien avant le long-métrage culte de David Lynch, l'incroyable projet - fou dira t-on par la suite - aussi pharaonique que don quichottesque d'un artiste au service de son art."

Julieta de Pedro Almodovar - Vincy

"Trois ans que Pedro Almodovar n'a rien sorti. Après une série d'oeuvres majeures (et dramatiques) au début des années 2000, le cinéaste espagnol a moins convaincu avec successivement un film passionnel et tragique, un thriller glaçant et tendu et une comédie loufoque mais un peu ratée. C'est dire si l'attente est grande avec ce Julieta (anciennement Silencio) qui naviguera entre les années 80, qui lui furent si inspirantes, et aujourd'hui. En allant chercher de nouvelles têtes (muses), en retrouvant un récit mélodramatique et une histoire de femmes (ses deux marottes), on espère forcément voir un grand Almodovar sur les écrans, et sans doute sur les marches à Cannes. Le plus surprenant sera sans doute le style qu'il nous promet plus intime, plus sombre, moins drôle. Le rouge ferait place au vert et au brun. C'est tout ce qu'on souhaite d'un maître du cinéma: qu'il nous étonne encore et toujours."

Les actus, les films et les stars les plus lus en 2015 sur EcranNoir.fr

Posté par vincy, le 31 décembre 2015

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  2. Taxi Téhéran
  3. Marguerite
  4. Dear White People
  5. Fast & Furious 7
  6. Sea Fog: les clandestins
  7. Shaun le mouton
  8. A trois on y va
  9. Suite française
  10. Un pigeon perché sur une branche...
  11. Cake
  12. Le tournoi
  13. La promesse d'une vie
  14. Un homme idéal
  15. Connasse, princesse des coeurs

Les portraits de stars les plus lus cette année:

  1. François Truffaut
  2. Brigitte Bardot
  3. Johnny Depp
  4. Brad Pitt
  5. Sophie Marceau
  6. Leonardo DiCaprio
  7. Keanu Reeves
  8. Monica Bellucci
  9. Gaspard Ulliel
  10. Cécile de France

Mon film de l’année 2015: The Lobster de Yorgos Lanthimos

Posté par vincy, le 30 décembre 2015

2015 restera sans doute comme une année sombre pour les Français. De Charlie Hebdo au Bataclan, les attentats ont marqué l'année et les esprits. Aussi, quand il a fallu choisir un film, parmi les trois cents vus cette année, mon choix aurait pu être un divertissement intelligent (Vice-Versa, Shaun le mouton), une oeuvre formelle sidérante ou séduisante (Le fils de Saul, Tangerine), une fresque politique qui en dit long sur le délitement de la société (Au-delà des montagnes), une comédie de résistance (Taxi Téhéran) ou un drame lucide de rébellion (Much Loved), une oeuvre absurde et poétique (Un pigeon perché sur une branche..., Vincent n'a pas d'écailles), un polar nostalgique (Phantom Boy, Avril et le mondre truqué), un drame dénonciateur (El Club), un film binational bouleversant (Mustang), un poème romantique (Hill of Freedom), un délire jouissif (Les nouveaux sauvages, The Voices) ou même l'un des films cités par les autres rédacteurs d'Ecran Noir. Du contemplatif Apitchapong Weerasethakul au saignant Alberto Rodriguez en passant par le clinique Ruben Östlund, les cinéastes d'ici ou d'ailleurs ont rendu l'année cinéma riche et variée, même si, souvent, les sujets étaient aussi sombres que l'actualité.

Et c'est bien parce que 2015 fut peu joyeuse que je voulais choisir un film qui évoque l'amour. Après tout, c'est encore le seul sentiment qui peut nous faire oublier l'horreur économique ou les peurs de notre époque. Carol aurait été le candidat évident. Mais il ne sort que le 13 janvier. Dans le film de Todd Haynes, l'amour est dévastateur, irrésistible, passionnel et donc irrationnel. Il fait fi de la censure, des carcans, du conservatisme et s'impose comme le seul remède pour s'affranchir, s'émanciper, bref, être libre. Il nous coupe le souffle et nous tire les larmes quand on devine que l'étreinte brisée pourrait se réparer par un simple baiser.

Ce qui peut faire écho à l'autre grand film de l'année, celui qui sera donc mon coup de coeur, The Lobster. Le film de Yorgos Lanthimos est aussi un film romantique, à sa façon. Le cadre est tout aussi autoritaire. Si, dans Carol, la société rejette un amour homosexuel, dénie le droit de vivre hors des conventions, dans The Lobster, la Loi oblige à être en couple. Le cinéaste grec imagine alors une fable parfois surréaliste, parfois allégorique, toujours plus réaliste qu'on ne le croit, sur un vivre-ensemble liberticide. Dans ce monde étrange, un célibataire peut devenir un animal s'il ne trouve pas de partenaire. Il n'a pas le droit de se masturber. Il doit s'obliger à trouver un(e) alter-ego quitte à modifier son comportement ou mentir pour séduire. Question de survie. Avec un humour décalé, quelques situations cocasses, The Lobster dessine la noirceur de notre temps, où le mariage semble un aboutissement évident, où vivre seul est toujours considéré comme une tare. Le célibataire serait un handicapé, bon à revenir à l'état bestial.

Fascinant, le film bascule ensuite dans le camps de ceux qui se révoltent. Les rebelles ont pris le maquis. Mais, par posture, par idéologie, par esprit de contradiction, eux refusent toute idée du couple. Le solitaire est roi dès lors qu'il n'y a aucun "solitaire" (diamant) en jeu. Yorgos Lanthimos réussit à montrer à quel point il est absurde de vouloir dicter les sentiments, de décider à leur place ce qui est bien, au nom du collectif. Mais, comme dans Carol, le film est un hymne à la liberté amoureuse, à cet amour plus fort que tout, à cette émotion si intense qu'on en devient aveugle ou fou, prêt à laisser tomber toute sa vie d'avant. L'amour nous projette dans un avenir qu'on imagine heureux, joyeux, immortel. Cela vaut tous les sacrifices. La satire est acide. La symétrie parfaite. La dialectique habile. La farce cruelle. La fantaisie pessimiste.  Au passage, il égratigne le consumérisme, le repli sur soi, l'idéologie sectaire et donc exclusive. Esthétique, glaçant et glacé, morbide, c'est orwellien, frigide et grinçant.

Sans doute parce que l'oeuvre est plus terrifiante que romanesque, il s'agit non pas d'une simple critique de notre monde mais d'un appel à refuser la norme. La normalité est aliénante, qu'elle soit conservatrice ou extrêmiste. Refuser l'autre sous prétexte qu'il est différent, détruire l'autre sous prétexte qu'il ne rentre pas dans les cases de sa grille (intellectuelle, sociétale, politique, idéologique). Sous ses allures intrigantes et audacieuses, The Lobster est davantage le portrait de notre désenchantement et de notre impuissance qu'un drame romantique, même si les élans du coeur font pousser des ailes à ceux qui ont trouvé l'amour, le vrai. La seule emprise capable de faire oublier le déclin de nos empires.