Saint-Jean de Luz 2012 : trois questions à Patrick Ridremont (Dead Man Talking)

Posté par redaction, le 20 octobre 2012

Après avoir totalement bluffé le public du Festival des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz la veille de notre entretien, Patrick Ridremont nous a raconté le laborieux travail qu’a été Dead Man Talking, son premier long métrage en compétition, qui a reçu le prix du public . L'acteur et réalisateur belge, encore fatigué de la soirée, a pourtant trouvé le moyen d’égayer avec finesse et humour décalé cet échange convivial.

Ecran Noir : C’est votre première venue au festival et aussi votre premier long métrage. Anxieux ?
Patrick Ridremont : Oui ! Hier c’était la première fois que le film était confronté à un public français, alors que le film est déjà sorti en Belgique. Mon humour, mon second degré, ma cruauté correspondent à quelque chose que les belges connaissent. Mais le côté un peu plus anglo-saxon qu’il y a dans le film, le décalage, je ne savais pas si le public français allait être réceptif. C’est un public un peu plus pointu sur certaines choses. Donc il y avait en effet une grosse angoisse, mais aujourd’hui je suis rassuré.

EN : Pour une première expérience sur grand écran, pourquoi avoir choisi ce sujet [NDLR : le récit d'un condamné à mort avant son exécution] ?
PR : Par mon métier de comédien, je me pose beaucoup de question sur cette chose bizarre qui pousse quelqu’un à vouloir rentrer dans la lumière et plaire aux gens. Je vis dans mon fond de commerce. Et sans vouloir en faire une question de métaphysique, ça peut créer des angoisses, en tout cas des questions existentielles chez moi. Et partant de là, je m’interroge aussi sur la vie de tout le monde. Je suis absolument athée, mais je suis un profond humaniste. C’est très simple : je ne m’interroge pas sur : « y a-t-il une vie après la mort » mais « y a-t-il une vie avant la mort ». Et mon film parle un peu de ça : d’un homme mort-né, de personnes non-existantes. Et il y a des personnes autour de nous qui donnent le sentiment de ne pas vraiment vivre, qui ne vivent pas, et c’est ça qui m’intéressait. C’est une fable existentielle.


EN : On devine très bien votre expérience théâtrale passée dans le film. Cela n’a pas été difficile de départager théâtre et cinéma ?

PR : C’est un travail très compliqué mais il ne faut pas être honteux du théâtre. Personnellement, le cinéma qui m’insupporte le plus, c’est celui qui essaie d’être trop naturel, où le texte se prononce du bout des lèvres. J’aime quand tout est construit, quand les lumières sont étudiées, quand les couleurs sont théâtrales. Je préfère un cinéma qui ressemble plus à un roman graphique qu’à un simple documentaire. Ce qui a été difficile, ça a été de convaincre les autres que je pouvais faire ça, que c’était une bonne idée d’aller dans l’extra-théâtralité. Je n’ai pas eu peur de cette théâtralité, je revendique une certaine forme de représentation. Représenter les choses, au lieu de les montrer, réinventer le temps et le lieu, chose que le théâtre fait tout le temps. Mettre une musique dans un film sur un passage triste, c’est l’extra-théâtralité et ça ne correspond à rien dans la vie : on n’entend pas de musique autour de soi à un enterrement. Il n’y a qu’au cinéma que l’on fait ça, c’est pour ça que je le trouve théâtral. Ce travail a pris douze ans. C’est un travail de longue haleine, un travail terrible. J’ai l’impression d’avoir fait mon requiem, c’est comme un testament. Et si je devais m’arrêter à un film, je serai fier de m’arrêter avec celui-là.

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Propos recueillis par Yanne Yager

L’instant Court : James Bond…au service de la publicité

Posté par kristofy, le 19 octobre 2012

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le clip Charmer de la chanteuse Aimée Mann, voici l’instant Court n° 88.

La semaine prochaine arrive le tant attendu nouveau James Bond : c’est le 23e film (50 ans après la sortie du premier), c’est le 3e joué par Daniel Craig qui est le 6e acteur de ce personnage… James Bond est un évènement entouré de chiffres, à commencer par son matricule d’agent secret 007. Mais James Bond c’est aussi d’autres chiffres avec plein de zéros : les millions des publicités.

Dans la franchise James Bond, le placement-produit est intégré au maximum dans les films et les plus grandes marques s’intéressent au personnage pour faire leur publicité. Par exemple le champagne Bollinger est partenaire depuis 1973 dans Vivre ou laisser mourir avec Roger Moore, mais la voiture de 007 n’est pas toujours une Aston Martin. BMW fut la voiture de James Bond dans trois films entre 1995 et 1999 ; l’image BMW apparaît17 minutes dans Demain ne meurt jamais, soit 15% de la durée du film !

Ce nouveau film Skyfall contient donc des pubs pour les voitures Aston Martin et les avions Virgin Atlantic, le champagne Bollinger, le soda Coca Cola zero, la bière Heineken, les costumes Tom Ford, les bijoux Swarovski… Le film est distribué par Sony Pictures Releasing et les diverses filiales de Sony y sont beaucoup représentées avec les ordinateurs Sony Electronics, les téléphones Sony Mobile, et aussi le générique chanté par Adèle dont les disques sont distribués par Sony Music Entertainment. Ces sponsors apparaissent dans le film contre un chèque d’environ 10 millions de dollars. Ces différents placements de produits ont apporté environ 150 millions de dollars pour Meurs un autre jour

La grande nouveauté de Skyfall qui va faire hurler les puristes de James Bond est sa boisson, c’en est fini de sa célèbre "vodka-martini au shaker, pas à la cuillère" (et du cocktail "vesper" dans Casino Royale car désormais il préfère boire une bière Heineken ! On pourra considérer James Bond comme un porte-manteau vendu au marketing, mais ce n’est pas nouveau. En réalité la marque Heineken est partenaire de 007 depuis GoldenEye en 1995, mais sa présence s’est fait de plus en plus imposante. Dans les spots publicitaires de la bière, on voyait jouer les personnages annexes comme John Cleese (Q) lors de la sortie de Meurs un autre jour (alors qu'il faisait la promotion de Schweppes pour Permis de tuer), ou les Bond girls Eva Green pour la sortie de Casino Royale et Olga Kurylenko pour celle de Quantum of Solace. L’image du héros James Bond était en quelque sorte protégée, mais ce n’est plus le cas. Cette année le montant du chèque a été augmenté pour que désormais 007 Daniel Craig joue dans une publicité Heineken et que aussi en plus il boive une bière dans le film Skyfall…

Voici donc une publicité pour Coca Cola, un exemple de film publicitaire qui joue avec les codes de James Bond et notamment la narration qui reprend les clichés d’une poursuite typique de 007 :

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Coke 007.

Saint-Jean de Luz 2012 : trois questions à Thierry Neuvic

Posté par redaction, le 19 octobre 2012

Après avoir tourné avec Clint Eastwood (Au-delà) et Guy Ritchie (Sherlock Holmes : jeux d'ombre), le comédien Thierry Neuvic est annoncé dans le projet d'adaptation de la bande dessinée Tanguy et Laverdure (dans le rôle de Tanguy). Actualité chargée pour le comédien qui avait malgré tout pris le temps de venir au Festival international des Jeunes réalisateurs de Saint-Jean de Luz pour participer au jury présidé par Audrey Fleurot. L'occasion pour une rencontre informelle sur une terrasse ensoleillée, quelques heures seulement avant la cérémonie de clôture et l'annonce du palmarès...

EN : Comment avez-vous réagi lorsque l’on vous a demandé d’être membre du jury ? Aviez-vous des craintes, des appréhensions ?
Thierry Neuvic : J’ai un peu hésité, car je trouve toujours difficile de porter un regard sur le film des autres. C’est quelque chose de subjectif. Et ça pouvait aussi être intéressant de regarder ces films avec un groupe de gens qui font ce métier-là, qui ont un regard plus aiguisé sur les choses. Même si c’était un exercice difficile, je ne l’avais jamais fait et toute expérience est bonne. Une appréhension ? Ne pas pouvoir expliquer ce que l’on a pensé ou vu, de ne pas avoir les arguments qu’il faut. Mais il n’y a pas vraiment de crainte. La vraie crainte, c’est d’affronter les réalisateurs ou les acteurs qui lorsqu’ils figurent dans un film sont demandeurs d’un avis. C’est une position qui n’était pas évidente, mais tout s’est finalement bien passé.

EN : Quelles sont vos impressions sur le festival ?
TN : Je ne connaissais pas ce festival ni cette région, et j’ai toujours fortement appréhendé la foule, lors de festival plus lourds, où règne une certaine hystérie. Ici j’étais ravi, c’est un festival à taille humaine, familial, où les films en compétition restent le seul enjeu. De plus j’aime beaucoup cette région, on y ressent une certaine nostalgie et un climat très amical. Je pense que tous les festivals devraient ressembler à celui-là.

EN : Par rapport à la thématique du festival, et de ses jeunes réalisateurs, qu’est-ce qui vous attire dans ce nouveau cinéma, aussi bien français qu’étranger ?
TN : Il y a eu pas mal de films légers, contrairement aux films plutôt dramatiques livrés habituellement. « Jeunes réalisateurs » ne veut donc pas forcément dire « drame ». Pourtant ça connote quelque chose, si toute une génération est autant ancrée dans le drame, c’est que ça dépeint un univers en particulier.  Il y a un constat du monde qui n’est pas très coloré. C’est cela que les films représentent, et c’est bien que ce soit exprimé, car ça dénote un peu l’humeur des temps.

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Propos recueillis par Yanne Yager

Lumière 2012, Jour 3. Voyage d’Angleterre en Italie en passant par Paris

Posté par Morgane, le 19 octobre 2012

Aujourd'hui au programme du Festival Lumière à Lyon, Cléo de 5 à 7, Kes et Sciuscia. France, Angleterre et Italie. 1962, 1969, 1946. Voyages dans le temps autour de l'Europe. On peut tout de même trouver un point commun à ses trois films : ils font partie des premières réalisations de trois grands cinéastes : Vittorio De Sica, Agnès Varda ou bien encore Kenneth (qui ne signe pas encore Ken) Loach.

Sciuscia (1946) de Vittorio De Sica est un film poignant contant la vie de deux jeunes garçons, dans la Rome de la seconde guerre mondiale, injustement envoyés en prison. À travers ce film, Vittorio De Sica dénonce les conditions de détention affreuses, la justice arbitraire, l'instrumentalisation des enfants et les difficultés lourdes de cette époque qui pèsent sur chaque famille. À travers ce prisme, le cinéaste pointe tout de même le doigt et l'attention du spectateur vers l'amitié entre deux jeunes garçons (cireurs de chaussures) qui, pour s'en sortir, doivent se serrer les coudes, mais...

Vittorio De Sica et ce film appartiennent au mouvement cinématographique du néoréalisme italien (dont Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini est l'un des plus connus) qui nait après la seconde guerre mondiale. "L’expérience de la guerre fut déterminante pour nous, raconte De Sica. Nous ressentions le besoin de planter la caméra au milieu de la vie réelle, au milieu de tout ce qui frappait nos yeux atterrés. Nous cherchions à nous libérer du poids de nos fautes, nous voulions nous regarder en face, et nous dire la vérité, découvrir ce que nous étions réellement, et chercher le salut." Mais De Sica ne veut pas uniquement dresser un portrait, un constat terrible, il cherche à faire réagir les Italiens en leur tendant un miroir en face duquel ils ne pourront se dérober, celui de leur conscience. Car au-delà du constat, le cinéaste accuse l'Italie d'injustices et de traitements quasi inhumains que le pays a infligé à une grande partie de la population et principalement aux enfants.

Grande oeuvre de Vittorio De Sica, Sciuscia annonce déjà le grand chef d'oeuvre du réalisateur deux ans plus tard, Le voleur de bicyclette.

Restons dans le monde de l'enfance avec Kes (1969) de Ken Loach. Le film est présenté par Jean-Pierre Darroussin (photo) avec flegme et nonchalance. Pour lui, c'est un film d'après mai. "En France, on a vécu mai 68, en Angleterre beaucoup moins, mais ils ont vécu une révolution culturelle. Mai 68 n'a pas eu lieu en Angleterre mais c'est une époque de mouvement. 1989, chute du Mur de Berlin et 1969, dissolution des Beattles". Kes est le troisième long-métrage de Ken Loach et c'est "une source fondatrice. C'est dans ce film que son talent se révèle. Film très sensoriel, on le ressent au niveau de l'inconscient. Dans ce film, Ken Loach parle de lui. En tant que fils d'ouvrier, il sent que le monde ne lui appartient pas, qu'il faut le conquérir." Ici, c'est la famille qui est oppressante, voire aliénante. Plus tard dans sa filmographie, c'est la société qui tiendra ce rôle.

Kes est l'histoire d'un jeune garçon, Billy Casper, souffre-douleur de son frère, délaissé par sa mère et peu entouré à l'école. Dans un monde qui ne lui correspond pas, Billy trouve un échappatoire en apprenant à dresser un jeune faucon. Comme l'a dit à juste titre Jean-Pierre Darroussin, Kes est un film qui relève énormément du ressenti. L'histoire parmi tant d'autres d'un gamin malmené par la vie dans l'Angleterre de cette époque. Pourtant, Ken Loach nous touche profondément avec cette figure de gosse paumé qui ne demande qu'à se sentir un peu aimé et soutenu. Billy et son faucon c'est un grand cri de désespoir d'une jeunesse délaissée au bord du chemin. David Bradley (l'interprète de Billy que l'on ne verra malheureusement plus sur grand écran ensuite) est impressionnant par sa justesse mêlant à merveille cette timidité de l'enfant qui ne veut pas déranger mais cherche une petite place pour lui et ce petit côté voyou qu'il a endossé pour pouvoir survivre. Une interprétation sans fausse note aucune et un film majeur de la filmographie de Ken Loach.

Un pas de géant nous transporte dans l'univers de Cléo de 5 à 7 (1962) d'Agnès Varda, à deux pas de la Nouvelle Vague. C'est Thierry Frémaux qui prend le micro pour nous présenter ce film restauré cette année même par le CNC et Agnès Varda. Il en profite pour nous rappeler qu'Agnès Varda n'appartient pas officiellement à la Nouvelle Vague mais qu'elle a beaucoup travaillé autour de la bande de Truffaut, Godard, Rohmer, Chabrol et Rivette... et ça se voit à travers ses images.

Corinne Marchand endosse le rôle d'une jeune chanteuse qui attend des résultats d'analyse et s'angoisse, persuadée d'avoir une maladie grave et d'en mourir bientôt. On suit littéralement (90 minutes de film pour 90 minutes dans la vie de Cléo, de 5 à 6h30 et non de 5 à 7) Cléo pas à pas déambulant dans les rues de Paris, torturée par cette attente. C'est tour à tour auprès de sa gouvernante, de son amant, de son musicien, de son amie puis d'un soldat rencontré au hasard d'un chemin qu'elle s'épanche, ouvre son coeur et laisse sortir sa peur. Tous tentent de la rassurer, de lui ouvrir les yeux.

Mais Cléo de 5 à 7, c'est avant tout une fable sur le temps qui passe, l'histoire d'une femme admirée pour sa beauté qui réalise petit à petit que celle-ci s'envole avec les années et ouvre alors les yeux sur le monde qui l'entoure, réalisant ainsi que la vie peut être toute autre. Film d'une femme (peu nombreuses à être réalisatrices à cette époque, pas beaucoup plus nombreuses aujourd'hui non plus malheureusement) sur une femme. Film qui sent étrangement bon les années 60 et nous transporte dans un Paris d'un autre temps.

Sylvia Kristel (1952-2012) : Histoire d’E. (comme Emmanuelle)

Posté par vincy, le 18 octobre 2012

sylvia kristelUne icône. Nue, les seins généreux offerts à nos yeux, assise sur un fauteuil en rotin. Telle est l'image qu'on gardera de Sylvia Kristel, éternelle Emmanuelle. Il ne reste sans doute, de tous les films érotiques et pornos des années 60-80, que deux personnages dans l'inconscient mémoriel : O et son histoire, et Emmanuelle, fantasme de l'érotisme chic.

L'actrice néerlandaise est morte à 60 ans dans la nuit de mercredi à jeudi. Elle souffrait d'un cancer de la gorge et se faisait soignée pour des métastases au foie. Une attaque cérébrale l'avait conduite à l'hôpital débit juillet.

Un triomphe empoisonné

Née le 28 septembre 1952 à Utrecht aux Pays-Bas, elle devient l'objet de désir de dizaines de millions de spectateurs/voyeurs dans le monde grâce au film de Just Jaeckin, adaptation d'un best-seller érotique BCBG d'une épouse de diplomate français, Emmanuelle Arsan. Le réalisateur la voyait comme une femme merveilleuse, très naïve et reconnait que le film n'a pas eu que des conséquences heureuses.

Le succès est là, phénoménal. Véritable poison pour l'actrice qui déclare que cette Emmanuelle n'est rien. Echappant à la censure, le film est vu par 9 millions de français dans les salles (il reste d'ailleurs 553  semaines à l'affiche d'un cinéma des Champs-Élysées). Et on ne compte pas les diffusions TV, les ventes de vidéos ou encore le piratage depuis qu'Internet existe. Emmanuelle est culte. Aussi ingénue qu'allumeuse,sexy qu'élégante. Lolita plus mature, jamais vulgaire.

Mocky, Vadim, Chabrol...

"J'étais une actrice muette, un corps. J'appartenais aux rêves, à ceux que l'on ne peut pas briser", écrivait-elle sur la quatrième de couverture de son autobiographie, Nue (Le cherche midi), sortie en 2006. Elle y relate son parcours à Hollywood, sa rencontre avec des stars telles qu'Alain Delon, Gérard Depardieu, Roger Vadim, ou encore Warren Beatty,. mais aussi sa lutte contre la maladie, l'abus sexuel dont elle a été victime à 9 ans, son passage atroce dans un pensionnat religieux.

Ex Miss TV Europe, cette bourgeoise pudique ne parviendra pas à sortir de ce rôle qu'elle reprendra dans quatre autres suites, de 1975 à 1993. Elle tournera cependant quelques films comme Un linceul n'a pas de poches (Jean-Pierre Mocky, 1974), Le jeu avec le feu (Alain Robbe-Grillet, 1975), Une femme fidèle (Roger Vadim, 1976), Alice ou la dernière fugue (Claude Chabrol, 1977), René la canne (Francis Girod, 1977), Airport '79 (avec Delon, 1979), L'amant de Lady Chatterley (Just Jaeckin, 1981). Entre temps, l'alcool, la drogue ont causé quelques dégâts. La prison dorée du succès l'a empêchée de s'envoler... Après cela, l'actrice fut cantonnée dans des navets ou des petits rôles.

En 2004, elle réalise un court métrage d'animation, Topor et moi, remarqué au Festival de Tribeca. Elle peignait également.

L'AFP rapporte, dans une interview au quotidien De Volkskrant donnée en 2005, qu'elle déclarait : "Quand je pense à la fin de ma vie, je pense surtout : je ne suis pas restée sans rien faire mais j'aurais pu faire plus".

Koji Wakamatsu (1936-2012) : sa vie était un roman

Posté par vincy, le 18 octobre 2012

Il y a un an, Angelopoulos était mort après avoir été renversé par un motard (voir actualité du 25 janvier 2012). Le réalisateur japonais Koji Wakamatsu est décédé mercredi soir, renversé par un taxi. A 76 ans, le producteur de l'Empire des sens venait de remporter le prix du Réalisateur asiatique de l'année. au 17e Festival international du film de Busan (BIFF), en Corée du sud.

En mai dernier, il avait présenté Le jour où Mishima a choisi son destin à Cannes (Un certain regard), "biopic" peu consensuel sur l'écrivain et ses aspirations nationalistes qui l'ont conduit à une fin tragique. En septembre, Venise avait projeté son dernier film, The Millennial Rapture, adaptation du roman de Kenji Nakagami, Mille ans de plaisir.

Wakamatsu a vécu un destin peu commun : emprisonné durant sa jeunesse bagarreuse, il rejoint les Yakuza. Pour leur compte, il surveille les plateaux de tournage de cinéma. Tendance extrême-gauche (autant dire révolutionnaire au Japon, le réalisateur était engagé dans une vision du monde plutôt opposée à la ligne officielle de son pays. Il commence sa carrière avec des films érotiques. Prince du pinku eiga, il se tournera ensuite vers des films plus sociaux et politiques.

Produisant à bas-coût tous ses films, là encore en marge du système japonais, il conservera une grande liberté tout au long de sa carrière. Artiste rebelle, il n'en a pas moins été reconnu et consacré, primé à Berlin et à Tokyo pour United Ted Army. Il a également aidé de nombreux cinéastes à leurs débuts, comme Banmei Takahashi, Genji Nakamura et Kan Mukai.

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voir aussi notre portrait publié lors du Festival de Cannes 2012

Lumière 2012, Jour 2. Bob Dylan s’expose et Loulou s’exhibe

Posté par Morgane, le 18 octobre 2012

Le Festival Lumière, ce sont des films certes, mais pas uniquement. C'est aussi l'occasion de masterclass, de dédicaces et d'expositions. Parmi ces dernières, il y a celles qui se trouvnte au Village Lumière dans les jardins de l'Institut et qui présente le travail de Pierre Collier, affichiste depuis 25 ans, et une autre sur Bob Dylan vu par l'oeil aiguisé de Jerry Schatzberg.

Car avant d'être le réalisateur que l'on sait, Jerry Schatzberg (voir aussi notre actualité) était photographe. Il a notamment fait le portrait de nombreuses personnalités telles que Andy Warhol, Catherine Deneuve, Roman Polanski, Steve McQueen,  les Rolling Stones et Bob Dylan. Musicien culte son dernier album, peintre mais aussi acteur (Pat Garrett et Billy le Kid de Sam Peckinpah, La dernière valse de Martin Scorsese, I'm not there de Todd Haynes), Robert Allen Zimmerman a influencé des dizaines d'artistes depuis ses débuts à la fin des années 50.

C'est sa série de portraits concernant Bob Dylan (réalisés entre 1965 et 1967, majoritairement en noir et blanc) que l'Institut Lumière a choisi pour inaugurer sa nouvelle galerie qui se situe à deux pas de l'Opéra de Lyon. Une scénographie très épurée mais les clichés parlent d'eux-mêmes. Des portraits forts (certains très connus) d'un personnage emblématique, véritable icône du rock. Jerry Schatzberg a donc bien plus d'une corde à son arc.

Preuve aussi, s'il en fallait, que le Festival Lumière permet de voyager dans de nombreux univers, de Bob Dylan on passe à Loulou (en français le film s'intitulait aussi la boîte de Pandore) de Georg Wilhelm Pabst en ciné-concert à l'Auditorium. Une très belle copie restaurée (qui a demandé un travail de titan) accompagnée par une musique composée spécialement pour l'occasion par Arielle Besson et Yonnel Diaz (également musiciens - trompette et saxophone) et interprétée par l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Timothy Brock.

Loulou, femme fatale, libre et libérée, fait tourner la tête de tous les hommes réveillant aussi en eux leurs instincts primaires. Tour à tour adulée mais à la fois condamnée, Loulou se perdra dans des amours trop violents qui auront raison d'elle. Louise Brooks réussit parfaitement à donner vie à ce personnage de femme trop libre pour son époque, mêlant étrangement naturel et minauderie pour le plus grand plaisir des hommes mais aussi leur plus grand désarroi. Comme Dylan, Loulou aura traversé les décennies grâce son look évidemment mais aussi par l'image de la femme émancipée avant l'heure qu'elle symbolise.

La musique, sur un air jazzy mélancolique, accompagne à merveille ce film muet de 1929 qui, considéré trop immoral lors de sa sortie, ne suscitera pas l'intérêt du public et sera même désapprouvé par une grande partie des critiques. Peu à peu le film va regagner ses lettres de noblesse et après la soirée d'hier, on comprend bien pourquoi.

La 11e édition de la fête du cinéma d’animation aux couleurs de la Croatie

Posté par cynthia, le 18 octobre 2012

Pour la onzième édition de la fête du cinéma d'animation, "la Croatie s'anime"! C'est d'ailleurs en présence de Marko Mestrovic et Veljko Popovic, venus spécialement de Croatie, et de la réalisatrice française Emilie Mercier, Marraine de la 11e Fête que le festival ouvre ses portes.

Cette année, dans le cadre de Croatie, la Voici !, Festival croate en France, la Fête célèbre le cinéma d’animation croate et met un coup de projecteur sur une nouvelle génération de réalisateurs innovants et talentueux. Une dizaine de court-métrage sont présentés révélant la diversité des sujets mais également le désarroi que ce pays a connu: la guerre, la perte d'un proche ou la peur étaient au rendez-vous.

En collaboration avec l’Agence du court métrage, le programme circule dans plus d’une vingtaine de lieux sur tout le territoire métropolitain, à la Réunion et au Portugal. Cette programmation se poursuivra jusqu’en décembre.

Plus d'infos: www.croatielavoici.com

La 11e édition de la fête du cinéma d'animation se déroule du 20 au 31 octobre.

Lumière 2012, Jour 1. D’Ophüls à Renoir…

Posté par Morgane, le 17 octobre 2012

Pour cette première journée de festival, j'ai mêlé le noir et blanc de Max Ophüls aux couleurs de Jean Renoir.

À cette occasion, c'est Nicolas Saada, critique de cinéma mais aussi scénariste et réalisateur, qui présente Les Désemparés (The Reckless Moment, 1949) de Max Ophüls. Saada revient sur les nombreuses carrières du cinéaste qui, après avoir été acteur puis metteur en scène de théâtre, devient réalisateur, tout d'abord en Allemagne. Obtenant ensuite la nationalité française pour fuir le nazisme, il tourne en Italie et en Hollande mais s'exile finalement aux États-Unis où il tournera, entre autres, l'adaptation du roman de Stefan Sweig, Lettre d'une inconnue, avec James Mason, que l'on retrouve également dans Les Désemparés. Après cet exil "forcé", il revient alors en France où il tourne quatre de ses plus grands films : La Ronde, Le Plaisir, Madame de... et Lola Montès.

Les Désemparés, drame et mélodrame, représente, selon Nicolas Saada, "tout l'art d'Ophüls dans un film". Et en effet, Les Désemparés, c'est du grand art. Chaque plan est calculé, cadré au millimètre, donnant ainsi toute sa tension au film. Les décors (principalement la maison des Harper) jouent également un grand rôle tout comme le noir et blanc qui accentue le côté mélodramatique de ce film à mi-chemin entre "un film d'Hitchcock et une chronique de la vie quotidienne", toujours selon Nicolas Saada. Joan Bennett dégage une force incroyable en femme chef de famille qui doit tout mener de front... et plus encore. Quant à James Mason, il joue parfaitement le maître-chanteur au grand coeur.

Avec Jean Renoir et son Carrosse d'or (1954), énième version du Périchole, c'est un tout autre univers qui s'offre à nous. C'est dans les couleurs vives du Nouveau Monde que Renoir nous entraîne en plein XVIIIe siècle, dans les pas d'une troupe de théâtre italienne débarquée ici pour faire fortune. Mais leur arrivée est bien loin de ressembler à ce dont ils avaient rêvé.

Camilla (Anna Magnani), Colombine sur les planches, se retrouve très rapidement dans le coeur de trois hommes que tout oppose : son compagnon de voyage, le toréador star locale et le vice-roi en personne. L'ordre établi est bien vite ébranlé mais Jean Renoir préfère garder le ton de la comédie faisant de son film une sorte de vaudeville amoureux dans lequel le coeur de la belle reste à prendre.

Retour sur le Festival de Saint-Jean de Luz : une 17e édition et de jeunes réalisateurs plus que prometteurs

Posté par redaction, le 17 octobre 2012

C’est sous des températures encore quasi estivales que s’est déroulé du 9 au 13 octobre dernier le Festival international des jeunes réalisateurs de Saint-Jean de Luz. A l’heure où les férus du 7e art de la côte basque s’affairaient autour du cinéma le Select pour la cérémonie d’ouverture, les organisateurs pouvaient déjà prédire le franc succès que serait cette 17e édition. Et pour sûr, avec un jury pareil, la ville balnéaire était l’endroit où il fallait être la semaine dernière. C’est ainsi que Thierry Neuvic, Mickael Cohen, Julien Courbey, Pauline Etienne, Elodie Navarre et Cyril Mennegun se retrouvaient au sein d’un jury de choix présidé par Audrey Fleurot, personnalité grimpante du petit écran, comme du grand (notamment remarquée pour ses rôles de dame du lac dans la série Kaamelot ou aux côtés d’Omar Sy dans Intouchables.).

Mardi s’ouvrait donc solennellement le festival avec comme première projection le deuxième long métrage d’Idit Cébula Rue Mandar. La réalisatrice, autrefois comédienne (Comme t’y es Belle, Nos jour heureux) présentait en exclusivité un film délicieusement piquant et touchant servi par un casting des plus efficaces, composé de Richard Berry, Sandrine Kiberlain et Emmanuelle Devos. Déjà récompensée à ce même festival en 2007 pour Deux vies plus une, Idith Cébula confiera quelques jours plus tard revenir avec grand plaisir à cet événement qui promeut à grande échelle les réalisateurs de demain.

Loin de s’essouffler, la cadence n'a fait que s’accroitre les jours suivants. Le festival a atteint un record d'affluence pour les films en compétition, et ce fut la ruée tous les soirs autour des personnalités présentes. Eric Elmosnino est venu présenter aux côtés de son réalisateur Yann Coridian un Ouf qui par son originalité et sa fraicheur, sort largement du lot.

Jeudi soir, c’est Virginie Efira et l’équipe de Patrick Ridremont qui ont subjugué littéralement les spectateurs avec Dead Man Talking, qui a d'ailleurs reçu le prix du public (voir tout le palmarès). Un film bouleversant et totalement édifiant du réalisateur belge qui livrait en exclusivité au public français un premier long métrage mûri durant douze années. Et les bonnes surprises ne se sont pas arrêtées là : Sandrine Bonnaire en compagnie de son jeune acteur Jalil Mehenni venait dès le lendemain présenter J’enrage de son absence avec Alexandra Lamy et William Hurt (récompensé du prix d’interprétation masculine).

Autant de films et de réalisateurs qui assuraient de donner du fil à retordre à l’équipe d’Audrey Fleurot au moment de décerner les prix... A la sortie des projections des courts métrages samedi matin, les membres du jury rencontraient les journalistes pour quelques questions. C’est ainsi que la présidente du jury nous confiait : «C’est ma première participation à un jury. J’étais à la fois flattée et stressée ; c’est une grosse responsabilité mais aussi l’opportunité de réfléchir sur le cinéma, de se confronter aux points de vue des autres au sein d’une superbe équipe. ».

Thierry Neuvic, pour sa part, est revenu sur un festival placé sous le signe des retrouvailles, comme l’avait annoncé Patrick Fabre, délégué artistique : « Ici je suis ravi. C’est un festival à taille humaine, familial, où les films en compétition restent le seul enjeu. De plus j’aime beaucoup cette région, on y ressent une certaine nostalgie et un climat très amical. Je pense que tous les festivals devraient ressembler à celui-là. » . Des retrouvailles malheureusement manquées pour Georges Lautner, venu rendre hommage à Claude Pinoteau, avec qui il couvrait depuis toujours le festival. Cette 17e édition était d’ailleurs dédiée à la mémoire du réalisateur de la Boum 1 et 2 et de la Gifle, ami fidèle des amateurs du 7e art, des jeunes cinéastes et des luziens bien sûr.

Enfin samedi soir, Audrey Fleurot rejoignait Kad Merad et Olivier Baroux pour présenter Mais qui a re-tué Pamela Rose. Avec une cérémonie de clôture aussi grandiose, la 17e édition résonnait déjà comme l’une des plus mémorables de Saint Jean de Luz. Et le phénomène ne saurait s’estomper. C’est avec un réel engouement que le public cette année était venu en masse pour assister à l’émergence de réalisateurs hors normes et talentueux. En somme, un festival qui permettait au public luzien et venu d’ailleurs, d’être le premier spectateur des débuts de cinéastes plus que prometteurs.

Yanne Yager