L’instant Glam’: des bouts de chair et des kilomètres de tissu

Posté par cynthia, le 18 mai 2015

Sixième jour du Festival de Cannes, et malgré la fatigue naissante de tous les accrédités le gratin du septième art n'est pas perturbé. Décolleté noyant, fesse apparente... la chair était à l'honneur en ce début de semaine.

Des traînes, des fesses et de l'amouuuuur

Sous le célèbre Alexandrie, Alexandra de feu Claude François, Virginie Ledoyen est arrivée sur la Croisette toute en rouge: sans ses cheveux, nous aurions pu croire qu'il s'agissait d'un prolongement du tapis. Nous nous attendions même à un accident avec sa longue traîne. Par exemple un membre du jury en retard qui marche en plein dedans, se vautre et se retrouve à fusionner avec le sol. Mais pour l'instant aucun accident grave à cause d'une traîne. A croire que la loi de Newton a disparu avec la chaleur. Ce qui a disparu aussi, c'est la culotte de Paris Hilton. La demoiselle (sans emploi mais plus riche que vous et moi) est arrivée avec une robe (enfin si on peut ainsi nommer ce filet de pêche doré) transparente sur le côté des fesses. Commé prévu, la blonde a laissé son minou prendre l'air. Et bien oui les filles, la "pussy" c'est comme les chiens, il faut les sortir. Entre quelques traînes sur le tapis (c'est officiel c'est le dress code de cette année... si vous venez en jupe courte vous serez marginalisée) et de nombreuses femmes enceintes, nous avons pu voir Clovis Cornillac littéralement décoiffé mais toujours sexy. Ce dernier était en compagnie de sa femme qu'il embrassait à pleine bouche! Ah que c'est beau l'amour un peu, beaucoup, aveuglément!

Vice-Versa: l'équipe vf et vo (enfin presque)

L'événement de cette soirée était l'avant-première du nouveau Pixar: Vice-Versa. Toute l'équipe vocale, française et américaine, était présente. Et puisque l'on était en France, les caméras ont légèrement ignoré l'équipe VO que nous avons à peine aperçue. Côté VF, nous avons remarqué Gilles Lellouche et Pierre Niney lookés comme dans Men In Black à qui one ne la fait pas (les hommes sont désespérément banals), mais aussi Mélanie Laurent en plein remake de la petite sirène avec une robe couverte de strass jusqu'au bout des seins, Charlotte Le Bon, magnifique en robe virginale blanche (c'est aussi une tendance), et Marilou Berry qui nous a décrochés la mâchoire en style années 50.

Côté vo: Mindy Kaling est arrivée en robe rose et violette façon Bollywood et ce fut raté! Nous avons plus eu envie de la rhabiller que de lui offrir un poulet tandoori. À l'instar de sa collègue Amy Poehler, pourtant radieuse en noir, Mindy n'a pas marqué notre subconscient. Mais après tout c'était sa première montée, c'est excusable.

Cannes 2015 : lettre à Tarzan et Arab Nasser

Posté par MpM, le 18 mai 2015

dégradé

Chers Tarzan & Arab Nasser,

Dans Dégradé, sélectionné à la Semaine de la Critique, vous avez choisi de raconter Gaza à travers le huis clos d'un salon de beauté où une douzaine de femmes se retrouvent prisonnières malgré elles. Plutôt que l'horreur et le sang, vous faites le portraits de femmes diverses, de tous âges, milieux sociaux et origines, qui essayent simplement de continuer à avancer dans une ville en proie aux luttes intestines (le film se situe avant la nouvelle guerre avec Israël entamée en 2014).

Au fil des conversations, on découvre la personnalité de chacune ainsi que des détails sur la vie quotidienne : électricité un jour sur deux, pénurie d'essence, absurdités liées à la rivalité entre Hamas et Fatah, affrontements armés... Vous utilisez un ton souvent léger ainsi que le prétexte de bavardages sans conséquence pour ne pas transformer prématurément le film en tragédie. Pourtant, on sent la lassitude des protagonistes ainsi que leur résignation.

Immaquablement, Dégradé évoque deux films qui, comme lui, utilisaient le lieu confiné d'un salon de beauté pour décortiquer la réalité des rapports sociaux et de la condition féminine en France (Vénus beauté (Institut) de Tonie Marschall) et au Liban (Caramel de Nadine Labaki). A la différence près que votre premier long métrage est forcément plus grave et plus désespéré. Il va plus loin dans l'analyse sans fard d'une situation rendue absurde par les privations et les luttes internes de pouvoir. On comprend entre les lignes que pour la plupart des clientes du salon de beauté gazaoui, venir se faire coiffer, maquiller ou épiler n'a pas la même signification qu'en Europe.

Pour ces femmes, c'est avant tout un défi au monde qui les entoure : monde masculin qui leur intime de se cacher, monde religieux où la futilité n'est pas de mise, monde social avec son cortège de misère... Pour elles, le salon de beauté devient comme le seul havre de paix qui leur soit accessible, et s'y faire coiffer revient alors à résister à l"oppression et à la peur. Quand tout semble insurmontable, chacun lutte avec les armes à sa disposition. Se "faire belle" est aussi une manière de cultiver un certain espoir en la vie et de continuer à croire qu'il reste malgré tout de belles choses à vivre. C'est d'ailleurs ce qui émeut peut-être le plus dans Dégradé : constater qu'en des temps aussi troublés, il est encore possible d'être amoureux.

Cannes 2015: Carte postale d’Italie

Posté par vincy, le 18 mai 2015

cinecitta

Avec la France et les Etats-Unis, l'Italie est le pays qui compte le plus important nombre de films primés sur Croisette. L'Italie est à moins d'une heure de voiture de Cannes, mais ceci n'explique pas cela. Le Festival de Cannes a construit une grande partie de sa renommée mondiale sur la Riviera française avec 11 palme d'or, 10 Grand prix, 3 prix du jury, 2 prix du scénario, un prix de la mise en scène. N'en jetez plus: de Fellini à Begnini, de Scola à Rohrwacher, de Visconti à Sorrentino, d'Antonioni à Moretti, malgré les crises du 7e art italien, il a toujours été présent au fil des décennies.

Né en 1896, le cinéma "italiano" a vécu plusieurs vies, dont certaines ont influencé le cinéma mondial, à commencer par le néoréalisme, dont le plus illustre représentant, Roberto Rossellini, époux d'Ingrid Bergman et père d'Isabella, a été honoré d'un Grand prix cannois (ancienne Palme d'or) en 1946 avec Rome ville ouverte.

Car Rome est bien la cousine de Cannes: de La Dolce Vita à La Grande Bellezza, la ville éternelle est l'une de celles qu'on connaît le mieux dans le Palais des Festivals.

On a longtemps cru que ce 7e art italien allait mourir, avec l'omniprésence de la télévision, la chute de la fréquentation en salles, l'emprise de Berlusconi sur la culture et les médias. Pourtant il a résisté. Il s'est même renouvelé, du film noir à Gomorra, de la comédie sociale à Nos meilleures années.

Mais on ne peut pas parler de renouveau. Certes, il s'est produit plus de 200 films l'an dernier, soit bien plus que les années précédentes. mais les entrées en salles sont en baisse, les budgets moyens par film aussi et la part de marché des films italiens est loin de ses scores d'antan. Cannes apparaît alors comme un refuge pour un cinéma qui refuse de disparaître alors qu'on annonce sa mort depuis si longtemps. La preuve encore cette année avec trois films en compétition.

Cannes 2015 – les télex du marché: Todd Haynes foudroyé, Miles Teller en boxeur, Nicloux en Indochine et Cotillard face à Garrel

Posté par vincy, le 18 mai 2015

marché du film - cannes

Alors que la presse internationale lui a décerné la meilleure moyenne parmi les films en compétition pour Carol, le réalisateur Todd Haynes, cinéaste rare, a déjà annoncé son prochain film. Il adaptera le roman jeunesse Après la foudre (Wonderstruck) de Brian Selznick (auteur de L'invention d'Hugo Cabret, transposé par Martin Scorsese). Après la foudre est l'histoire de Ben et Rose qui auraient préféré que leurs vies soient différentes. Ben regrette de ne pas connaître son père, Rose est obsédée par la vie d'une actrice mystérieuse. Les deux enfants vont finalement vouloir trouver ce qui leur manque. Les deux histoires se déroulent avec 50 années d'écart, en 1977 et en 1927.

Miles Teller sera le boxeur Vinny Paz dans Bleed for this. Le tournage est achevé. La vie du champion de boxe va donc être dans les mois qui viennent un biopic sur les grands écrans. Le champion de boxe avait fait un retour triomphant sur le ring après avoir été victime d'un accident de voiture en 1991, alors qu'il était au sommet de sa carrière. Contre l'avis des médecins, il a repris l'entraînement et a gagné d'autres titres par la suite. Martin Scorsese est parmi les producteurs de ce film réalisé par Ben Younger.

En compétition à Cannes cette année avec Valley of Love, Guillaume Nicloux a déjà son prochain film en tête. Les confins du monde sera un drame historique, se déroulant pendant la Guerre d'Indochine, et inspiré du récit du journaliste et ancien parachutiste Erwan Bergot, Commandant Vandenberghe: Le pirate du Delta, publié en 1973. Scénarisé par Jérôme Beaujour (qui avait déjà collaboré avec Nicloux sur La Religieuse), le film explore la vie d'un commandant dans l'Indochine des années 40, entre premiers conflits rebelles et romance avec une vietnamienne. Gérard Depardieu serait en négociations pour le rôle. Le tournage est prévu au Cambodge au printemps 2015.

Et enfin, un petit post-scriptum: Louis Garrel sera le partenaire de Marion Cotillard dans l'adaptation du roman Mal de Pierres de Milena Agus (lire notre article du 12 juillet 2014) et réalisée par Nicole Garcia.

Cannes 2015: Qui est Valérie Donzelli ?

Posté par vincy, le 18 mai 2015

valerie donzelliC'est une habituée de la Croisette. Il y a quatorze ans déjà, Valérie Donzelli est révélée à la Quinzaine des réalisateurs avec son rôle dans Martha... Martha de Sandrine Veysset. Elle revient à la Quinzaine sept ans plus tard, en 2008, avec son deuxième court métrage, Il fait beau dans la plus belle ville du monde. Mais c'est en 2011 que l'actrice-scénariste-réalisatrice fait l'événement sur la Croisette, du côté de la Semaine de la critique avec La Guerre est déclarée. Inspiré par la vie du couple à l'écran et à la ville qu'elle forme avec Jérémie Elkaïm, le film insuffle son style rafraîchissant et vif à une histoire bouleversante, mais sans pathos. Le film est un succès en salles (plus de 800000 entrées) et récolte de nombreux prix dans les Festivals et six nominations aux César.

Nous voici en 2015 et Valérie Donzelli est en compétition, dans la cour des grands, avec Marguerite et Julien. On est très loin de ses précédentes réalisations puisqu'il s'agit d'un film historique (et romantique).

En plein XVIe siècle, Julien (Jérémie Elkaïm) et Marguerite (Anaïs Demoustier) de Ravalet, progénitures du seigneur de Tourlaville, s’aiment d’un amour tendre depuis leur enfance, qui, avec le temps, se transformer en passion incestueuse dévorante. Scandale. Ils doivent fuir… Mais la société ne l'entend pas ainsi: ils sont jugés pour adultère et inceste, accusations qu'ils nient, et sont condamnés à la décapitation.

Donzelli et Elkaïm ont adapté un scénario écrit dans les années 70 à l’origine par Jean Gruault pour François Truffaut, dont elle est fan. A 42 ans, l'ancienne vendeuse vosgienne de chez Ladurée a réussi à s'imposer avec un style singulier. Dès son premier film en tant que réalisatrice, La Reine des pommes (2009), elle séduit et obtient le prix du public au Festival Premiers Plans d'Angers. En 2012, avec Main dans la main (et Valérie Lemercier en vedette), elle prend quelques risques formels et propose une comédie presque musicale où la danse fait figure d'allégorie. On doit aussi ajouter à sa filmographie le téléfilm Que d'amour!, adaptation du Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux avec les comédiens de la Comédie-Française, pour Arte.

Car s'il y a bien un fil conducteur dans ses films, c'est le couple et sa capacité à résister sur la durée, cette passion romanesque qui peut se confronter aux obstacles du quotidien ou de la société. Burlesque ou tragi-comique, le style allège toujours les drames qui couvent. Donzelli l'avoue régulièrement: le désir est essentiel, et l'amour est fusionnel: "Je ne suis pas très intelligente, pas analytique, je raisonne comme une casserole, je suis foutraque..." Elle est aussi gourmande, "de rencontres, de vie, d’amour". D'Albator à Marilyn, ses héros reflètent sa génération touche-à-tout, insatiable, contradictoire, capable de passer des Fragments d’un discours amoureux, de Roland Barthes à King Kong Théorie de Virginie Despentes, de Lolita de Stanley Kubrick à Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock

On retrouve cet éclectisme dans ses choix de comédienne. En tant qu'actrice, Donzelli a surtout été un second-rôle: Cette femme-là de Guillaume Nicloux, Qui a tué Bambi ? de Gilles Marchand, Le plus beau jour de ma vie de Julie Lipinski, Voici venu le temps d'Alain Guiraudie, L'Intouchable de Benoît Jacquot, Pourquoi tu pleures ? de Katia Lewkowicz, Les Grandes Ondes (à l'ouest) de Lionel Baier, Opium d'Arielle Dombasle, Saint Laurent de Bertrand Bonello, Les Chevaliers blancs de Joachim Lafosse...

La seule chose qui pourrait nous inquiéter c'est son rapport au jeu. En lice pour la Palme d'or, cette mauvaise joueuse acceptera-t-elle de perdre? "Je suis même prête à tout pour gagner" avoue-t-elle... Elle a la carte dans le cinéma français, mais pour le coup, à Cannes, ce n'est pas elle qui a les cartes en mains.